L’Harmattan ou la saison des bronchites

Cette infection est considérée comme bénigne chez les individus sains, mais peut être grave chez les toxicomanes, les diabétiques et les malades du C’œur. Les médecins parlent d’une bronchite simple et aiguà«. La bronchite est une maladie, bénigne et endémique, causée en général par des virus ou des bactéries provenant de la pollution de l’air, selon le service pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) du Point-G de Bamako, l’un des plus grands hôpitaux publics du Mali, qui précise que pendant l’harmattan, la poussière et le vent sec fragilisent les voies respiratoires si les narines ne sont pas protégées. Infection aigue La bronchite aiguà« se manifeste par un épisode de rhume, par des petites douleurs au niveau de la poitrine, des fièvres et de la toux, expliquent les pneumologues de cet hôpital. «Â La personne atteinte de cette infection doit cracher dans un lavabo, sinon elle risque de contaminer rapidement des personnes de son entourage, surtout si elle jette n’ importe o๠les mouchoirs qu’elle a utilisé pour nettoyer la morve. Cette maladie se propage surtout dans un milieu o๠les gens vivent ensemble », explique Khadidia Ouattara, l’un des médecins, que nous avons rencontrés mardi dernier dans les locaux du CHU Point-G o๠cette jeune femme travaille depuis quelques années. Cette femme pneumologue, souriante, nous a reçus dans son bureau pour nous expliquer que la bronchite simple guérit spontanément dans une dizaine ou quinzaine de jours chez les adultes en bonne santé, mais elle devient grave et inquiétante quand le malade émet des crachats jaunâtres. A ce stade, «Â il faut recourir à  un médecin spécialiste afin de recevoir les soins adéquats », recommande-t-elle, en affirmant que les enfants de moins de 2 ans et les personnes de plus de 65 ans sont les plus vulnérables à Â la bronchite. Une maladie qui ne nécessite pas, le plus souvent, une hospitalisation, ajoute-elle. «Â Si des personnes de cette tranche d’âge développent la bronchite, ça se complique très rapidement, car les poumons des tout-petits ne sont pas développés et ceux des vieilles personnes sont affaiblis et ne fonctionnent pas correctement comme auparavant». Attention à  la contamination La personne atteinte de bronchite aiguà« risque de récupérer elle-même les germes de la maladie en se frottant les narines lorsqu’elle est enrhumée. En cas de surinfection, cette maladie est difficilement guérissable chez les diabétiques, les cardiaques et les toxicomanes, explique Khadidia Ouattara, pneumologue au CHU Point-G. « Le tabagisme agresse les voies respiratoires ; donc, on développe à  long terme des infections, au niveau des bronches et des poumons, qui peuvent aboutir à  une bronchite aiguà« », prévient-elle. La bronchite aiguà«, qui à  son tour, peut se développer, affirment les pneumologues du CHU Point-G, en une pneumonie bactérienne ou infectieuse, une maladie respiratoire dangereuse dont le traitement est très compliqué. Par exemple, de 2010 à  2011, 19% des malades hospitalisés, dans le service pneumologie de cet hôpital, souffraient de pneumonie. « Il est parfois très difficile de faire la distinction entre une bronchite chronique, chez les fumeurs, et la pneumonie. Nous faisons des examens et la radiographie pour identifier ces deux maladies », expliquent ces médecins spécialistes. Pollution de l’air C’’est la pollution atmosphérique qui entraine la bronchite, selon les spécialistes des infections respiratoires travaillant au CHU Point-G. Cette pollution est aujourd’hui inévitable compte tenu de l’augmentation ces dernières années du nombre de motos et de véhicules qui circulent actuellement à  Bamako. Une capitale particulièrement polluée par certains véhicules interdits de circuler dans les pays développés. Toutefois, « si on est atteint de la bronchite, on peut s’abstenir de tousser ou de fumer devant des personnes à  qui l’on parle », recommande le pneumologue Khadidia Ouattara, car cette maladie bénigne, dit-elle, se contamine rapidement à  travers les salives et la fumée de la cigarette ». Les infections respiratoires, notamment la bronchite, prévient cette femme, se multiplieront prochainement au cours de l’harmattan dans notre pays. Elle affirme que le seul moyen pour éviter la bronchite, par exemple, est de se couvrir les narines contre la poussière. « Pour ne pas contaminer les autres, il faut que les personnes atteintes arrêtent de jeter n’importe o๠les mouchoirs usagés. Les personnes qui toussent aussi ne doivent pas cracher n’importe o๠», recommande-t-elle, avant d’ajouter que la bronchite se propage rapidement, au Mali o๠beaucoup de personnes vivent en communauté.

Au Mali, les maladies respiratoires font fureur

Par ces temps d’Harmattan, les maladies liées à  la respiration fusent de partout. Au niveau des structures socio-sanitaires de Bamako, on enregistre des pathologies telles que la toux, le rhume, la grippe… Selon les pneumologues (médecins spécialistes de ces pathologies), la saison sèche est la période la plus propice à  l’éclosion des maladies respiratoires du fait que l’oxygène est exagérément infecté sous l’action de la pollution de l’air par la poussière, la fumée, les gaz d’échappement… Les maladies respiratoires sont de deux types : les chroniques et les aigues. Selon les spécialistes, toute maladie respiratoire dont la durée est comprise entre 1 et 15 jours est appelée maladie respiratoire aigue. Au delà , elle est qualifiée de chronique. Dans les deux cas, les cas les plus graves sont traités au niveau des structures spécialisées telles que les services ORL (CHU Gabriel Touré) et Pneumo (CHU Point G). Un facteur déclencheur d’autres maladies Les maladies respiratoires ont des répercussions énormes. Elles peuvent constituer un facteur déclencheur d’autres pathologies, et pis, cacher d’autres maladies. Par exemple, une infection du VIH ainsi qu’une hépatite peuvent s’accompagner d’une maladie respiratoire chronique. « Devant tout cas de maladie respiratoire chronique, il faut suspecter la tuberculose, le sida, ou l’hépatite » a indiqué le Dr. Harouna Sissoko, du Service Médecine générale du CHU Gabriel Touré. Approché par nos soins le Dr Guindo du Service ORL du CHU Gabriel Touré a signifié le cas de l’écoulement du nez. « Nous sommes à  une période ou les maladies respiratoires sévissent beaucoup. Mais toutefois, ce sont les cas d’écoulement du nez qui sont légion », a-t-il précisé. Des règles d’hygiène élémentaires à  respecter Pour se prémunir efficacement contre les maladies respiratoires, le maintien des systèmes élémentaires d’hygiène est essentiel. A commencer par le lavage des mains au savon, la protection du nez et de la bouche contre les infections grâce à  un masque, sont des pratiques à  suivre. En effet, si la vaccination permet de soigner certaines pathologies comme la tuberculose et la grippe AHN1, il n’existe pas de vaccin contre les maladies respiratoires. « Alors mieux vaut prévenir que guérir », a conclu le Dr Sissoko.