Un à deux mois pour la paix en Côte d’Ivoire

Les principaux chefs des forces de sécurité jusque-là  restées fidèles à  son rival Laurent Gbagbo viennent de se rallier au nouveau président Alassane Ouattara. Ce dernier s’est donné « un à  deux mois » pour « pacifier » le pays. l’insécurité est encore grande et C’’est avec peur et angoisse que les ivoiriens voient l’avenir. Le pays est « dangereux » en dépit de l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo lundi et les Ivoiriens « extrêmement traumatisés » ont besoin d’une vaste opération humanitaire, selon des hauts responsables de l’ONU. « Les gens des deux camps sont armés. Voici pourquoi il est important que nous puissions continuer les patrouilles (des forces de l’ONU, Onuci) », a poursuivi M. Le Roy, responsable des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. « Nous avons demandé à  la police de M. Ouattara et aux gendarmes de patrouiller autant que possible ». « Les membres du Conseil de sécurité exhortent tous les Ivoiriens à  s’abstenir de toute mesure de représailles, de vengeance et de provocation, à  exercer la plus grande retenue et à  travailler ensemble pour promouvoir la réconciliation nationale et rétablir une paix durable par le dialogue et la consultation », ajoute la déclaration. La situation humanitaire est elle aussi très critique. Les stocks alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM) à  Abidjan, soit 3.000 tonnes de nourriture, ont été entièrement dérobés ces derniers jours par une « bande armée », conduisant à  un arrêt des distributions de nourriture sur place. Or, des milliers d’ivoiriens, qui ont fui leurs maisons pendant les combats des deux dernières semaines, sont sans vivres et ont besoin d’une aide d’urgence. La paix dans les prochains jours Depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, le ralliement des principaux chefs des forces de sécurité au nouveau président s’est accéléré, les derniers en date, hier mercredi, étant le chef d’une unité d’élite, le général Georges Guiai Bi Poin, et le général commandant les forces aériennes. Le chef des armées, le général Philippe Mangou, ceux de la gendarmerie, de la police et de la Marine, avaient fait allégeance au nouveau président mardi. Alassane Ouattara a annoncé qu’il s’installerait « dans les tous prochains jours » au palais présidentiel, après avoir été contraint pendant quatre mois de demeurer au Golf Hôtel d’Abidjan. Il a promis la « pacification totale » du pays d’ici « un à  deux mois », assurant que ses propres éléments seraient radiés immédiatement d’exactions ou de pillages, une activité largement répandue dans leurs rangs ces derniers jours. La polémique continue sur l’arrestationde Gbagbo Les avocats de Laurent Gbagbo en France interpellent le Secrétaire général des Nations unies sur les bases juridiques de son arrestation et sur le rôle de l’ONU, dénonçant tortures et meurtres de partisans de l’ex-président ivoirien. Ce dernier a été transféré mercredi dans le nord du pays. « A l’heure o๠je vous parle, M. Laurent Gbagbo n’est plus à  l’hôtel du Golf, il est en Côte d’Ivoire, bien sécurisé », a déclaré hier M. Ouattara, lors d’une conférence de presse. Les avocats, Mes Marcel Ceccaldi, Lucie Bourthoumieux et Jean-Charles Tchikaya, rappellent que Laurent Gbagbo avait été placé lundi « en état d’arrestation à  l’Hôtel du Golf », le QG d’Alassane Ouattara, un lieu dont l’Onuci « se charge d’assurer la sécurité ». Estimant qu’aucune disposition de la résolution 1975 (qui a permis à  l’ONU de détruire les armes lourdes en possession du camp Gbagbo, ndlr) « ne donne autorité à  l’Onuci pour prendre des mesures privatives de liberté » contre Laurent Gbagbo et ses proches, les avocats demandent des comptes à  Ban Ki-moon. « A quel titre et sur quel fondement juridique le président Laurent Gbagbo, son épouse, les membres de sa famille et ses collaborateurs sont en état d’arrestation? », « Quelle autorité » les retient et « à  quel titre? », « quelles sont les conditions de leur détention? », interrogent-ils. Evoquant le mandant de protection des civils de l’Onuci, les avocats évoquent des « informations » faisant état depuis lundi « d’atteintes aux droits humains » dont sont en particulier victimes « des sympathisants de M. Gbagbo ou présentés comme tels ». Ils affirment que les membres du gouvernement de l’ex-président « sont systématiquement torturés et blessés avec des machettes quand ils ne sont pas simplement assassinés ». Ils ajoutent qu’en cas de mauvais traitements infligés au président déchu, la « responsabilité personnelle » du Secrétaire général, mais aussi celle de l’ONU et de la France « seront engagées ».