« Yes Africa can », les recettes du développement

l’ouvrage se penche sur ce qui a fonctionné et pourquoi, en s’appuyant sur 26 études de cas, dont 20 sont de portée nationale et six à  caractère régional. Les études de cas recoupent plusieurs thèmes, programmes et secteurs. Ces dernières années, les pays d’Afrique cherchent la voie vers une plus grande prospérité suite à  la crise financière internationale. La nouvelle publication de la Banque mondiale présente des exemples de solutions conçues localement et ayant fait leurs preuves, qui pourraient être une source d’inspiration pour plusieurs nations. Intitulé «Yes Africa Can: Success Stories from a Dynamic Continent» on y retrouve des cas de réussite bien connus, tels que les investissements visionnaires réalisés dans le capital humain et la diversification économique en àŽle Maurice et au Botswana ; mais aussi des cas moins connus, comme l’émergence discrète du Somaliland en tant que comptoir commercial fiable le long du golfe d’Aden. « Les deux dernières décennies ont été caractérisées par des progrès remarquables en Afrique subsaharienne ; nous avons donc voulu identifier les éléments déterminants de ces succès », selon Shanta Devarajan, Economiste en chef pour la région Afrique à  la Banque mondiale. « Notre objectif était non seulement d’aller au-delà  des grands titres habituels qui dressent un portrait monolithique de l’Afrique, mais également de nous assurer que les expériences réussies soient partagées et si possible répliquées ailleurs sur le continent », a-t-il ajouté. Le Mali, exemple dans le domaine de la promotion des investissements Les études de cas peuvent être classées sous quatre grandes catégories. La première concerne les réformes politiques qui sont à  l’origine des distorsions. Il y est question des situations o๠les gouvernements ont réussi à  réformer des politiques existantes qui étaient devenues un obstacle à  la croissance. Parmi les exemples dignes de mention, il y a la relance de l’industrie du cacao au Ghana après son quasi effondrement dans les années 80. On y parle également des efforts déployés par divers pays pour surmonter de mauvaises politiques dans le secteur de l’énergie ou encore les réformes agricole comme par exemple la fin de la surdépendance aux exportations de coton au Burkina Faso, les réformes économiques en profondeur en Tanzanie, etc. La deuxième catégorie « rebâtir un gouvernement» trois études de cas de reconstruction après conflit, à  savoir la réforme de la gouvernance économique au Liberia, la décentralisation en Sierra Leone et l’autonomisation des structures traditionnelles de dissuasion de conflit au Somaliland. La troisième met en évidence le rôle catalytique que l’à‰tat peut jouer en favorisant la croissance économique et la création d’emplois. Le livre examine la manière dont le Lesotho a capturé la part du lion du marché des exportations africaines de vêtements vers les à‰tats-Unis, les investissements tournés vers l’avenir qui ont fait exploser les exportations de mangues du Mali ou encore la maà®trise du paludisme dans l’ensemble de l’Afrique. La quatrième catégorie est intitulée « écouter les peuples ». Elle rapporte des exemples d’approches de participation de la base vers le haut qui se sont avérées efficaces dans le cadre de l’action gouvernementale. Un bon exemple est la manière dont l’à‰thiopie a eu recours à  un système de santé communautaire pour répondre à  une pénurie de médecins et d’infirmières afin de soigner sa population de 80 millions de personnes. Le document cite également le fait qu’une série de tentatives infructueuses pour produire une variété de riz à  haut rendement a récemment incité les scientifiques d’Afrique de l’Ouest à  externaliser leur recherche en faisant participer des exploitants agricoles ordinaires au processus de sélection. Cette méthode a donné lieu à  l’identification rapide de nouvelles variétés de riz hybride à  haut rendement qui sont désormais cultivées dans une trentaine de pays dont le Mali. Le développement fruit de la synergie gouvernement-population La dernière catégorie sus-citée a montré que la participation de la population aux actions de développement était un gage important de réussite. Les études de cas montrent en effet que le succès découle d’une action collective, généralement (mais pas toujours) initiée par le gouvernement, dans l’optique de surmonter ou d’éviter les erreurs faites par le passé. Selon Punam Chuhan-Pole, Economiste principale à  la Banque mondiale et principale rédactrice du livre, «même s’il est vrai que les circonstances exactes entourant la précédente lenteur de la croissance en Afrique varient d’un pays à  l’autre, il existe en règle générale deux causes principales : des défaillances au niveau des marchés et des politiques gouvernementales mal indiquées». «Les défaillances sur les marchés peuvent être corrigées en créant des mesures incitatives visant à  obtenir les résultats souhaités, mais le disfonctionnement du gouvernement est un problème difficile à  traiter parce qu’il est généralement plus délicat de contrecarrer les individus puissants à  qui profite le statut quo» a-t-elle ajouté.