An tala anw ko Faso : Ante a bana bis ?

La 12 juin 2019, un nouveau mouvement, dénommé « An tala anw ko Faso » pour la « défense de la Constitution » a tenu sa première assemblée générale à la Pyramide du souvenir. Son objectif : se dresser contre le processus de révision de la Constitution du 25 février 92. Un souffle nouveau après le déclin supposé de la plateforme Ante a bana ?

Deux ans après le coup porté par la plateforme Ante a bana au projet de révision constitutionnelle, un nouveau front, réunissant des partis politiques de l’opposition et des associations de la société civile, s’empare de la question. La réforme est si importante qu’un ministère en charge des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile a été créé dans le nouveau « gouvernement de large ouverture ». Ironie du sort, ce département est dirigé par Amadou Thiam, ancien président de l’ADP Maliba, celui-là même qui était au-devant de toutes les manifestations contre le projet en 2017.

Face à la décomposition de la plateforme Ante a bana , le mouvement An tala anw ko Faso compte capitaliser les acquis et insuffler de l’énergie au combat, qu’il partage. « Nous nous sommes concertés et nous nous sommes dits qu’il était important qu’on prenne les devants sur nos ainés contre ce qui est en train de se préparer contre notre République. Nous ne sommes pas en antagonisme avec Ante a bana. Ils ont quelque chose qu’il faut capitaliser pour partir sur de nouvelles bases », explique, conciliant, Ibrahim  Nienta, membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie, l’un des initiateurs du nouveau mouvement.

Même s’il  reconnait la nécessité de réviser la Constitution, des préalables doivent, selon lui, être respectés avant tout processus. « La Constitution actuelle comporte beaucoup d’insuffisances, mais on veut la réviser uniquement à cause de la pression de la communauté internationale pour y mettre coûte que coûte certaines dispositions de l’Accord d’Alger. Un accord qui n’a fait l’objet d’aucune appropriation au niveau national », dénonce-t-il.

Nouveau souffle ?

Les récentes reconfigurations politiques et prises de positions de certains ténors de la Plateforme Ante a bana ont eu raison de la consistance du mouvement. Mais, malgré tout, certains de ses militants se disent prêts pour la remobilisation. « Nos intentions n’ont pas du tout changé, parce que ce que nous disions depuis 2017 continue et que la situation a même empiré. Nous ne pouvons dire hier non à la révision et dire aujourd’hui oui. L’armée et l’administration ne sont pas à Kidal.  Qui peut organiser aujourd’hui ce referendum dans les zones où l’État est absent ? », interroge Kibili Demba, le chargé de communication et des réseaux sociaux de la plateforme. Il reconnait les difficultés que traverse le mouvement. « Nous avons eu beaucoup de problèmes avec Ante a bana, car après avoir gagné la lutte certaines personnes ont rejoint le régime. Pour ne pas aller vers un cafouillage, le mieux était de créer un nouveau groupe », admet-il.

Pour le politologue Boubacar Bocoum « Ante a bana n’existe plus ». « Tous les ténors du mouvement, Amadou Thiam, Tiébilé Dramé et d’autres, sont partis. Tiébilé faisait partie de ceux qui étaient contre l’Accord d’Alger, mais aujourd’hui que dit-il ? ».

De son point de vue, le débat doit se baser sur le contenu du projet de révision constitutionnelle et non sur son rejet pur et simple. « Cette révision est une nécessité. Tout le monde est conscient que cette Constitution ne sert à rien.  Consulter le peuple est légal et normal », clarifie l’analyste politique. « Que les gens se mobilisent pour un oui ou pour un non est une posture républicaine, mais dire qu’on n’a pas le droit de faire une révision est autre chose », ajoute-t-il.

Lors de sa dernière conférence de presse, le FSD conditionnait la révision à la restauration de « l’intégrité du territoire, en libérant Kidal, en le faisant revenir dans le giron national ».

Le dialogue national inclusif en préparation pourrait aplanir les dissensions sur les grandes questions de la vie de la Nation. Et Bocoum de rappeler que « la Constitution n’est ni la Bible ni le Coran. À un moment donné, il faut que nous acceptions de définir dans quelle direction nous voulons aller ».

Que devient la plateforme An tè a bana ?

Affaiblie par le départ du chroniqueur Ras Bath, juste après « sa victoire » sur le projet de révision constitutionnelle, la plateforme An tè a bana, loin de s’en laisser conter, se fixe désormais de nouveaux objectifs

A l’issue d’une Assemblée générale, le 16 septembre 2017, le directoire de la plateforme An tè a bana a rendu sa démission. « Nous avions un objectif commun. Nous l’avons provisoirement atteint. L’assemblée générale a donc décidé qu’avec les nouvelles orientations, il fallait revoir le directoire » assure l’ex Présidente de la plateforme Mme Sy Kadiatou Sow. Une commission ad hoc a été mise en place pour définir les nouvelles orientations du mouvement, qui devrait désormais s’atteler à la veille citoyenne. « La plateforme va plancher sur de nouvelles questions. Une totale transparence lors des élections, un audit du fichier électoral, la fin de la rétention volontaire des cartes NINA, mais aussi que l’administration territoriale ne soit pas en charge de l’organisation des élections », énumère Souleymane Koné, membre de la commission ad hoc. Une réorganisation et une redéfinition des objectifs qui devraient favoriser l’adhésion de nouveaux membres. « Ce sont des questions qui intéressent tous les partis politiques, nous devrions donc enregistrer plusieurs adhésions » ajoute-t-il. Un manifeste a également été adopté et désormais chaque membre doit renouveler son engagement par une fiche d’adhésion. « Nous allons définir les clés de répartition entre les partis politiques et les associations de la société civile » précise Koné, cacique des Forces alternatives pour le renouveau (FARE-An ka Wuli). Une nouvelle Assemblée générale se tiendra le 25 septembre pour mettre en place un nouveau directoire pour mener à bien ces nouvelles missions.

Risques d’implosion ?

Des questions demeurent néanmoins. Comment faire cohabiter partis politiques et société civile à quelques mois d’échéances électorales importantes ? « Nous collaborons avec eux, mais nous ne les soutiendrons pas s’ils se portent candidats. Ce qui va sûrement causer des dissensions, car les politiques sont notre source de financement » affirme un membre du mouvement « Trop, c’est trop » qui a requis l’anonymat. « Sans ces sources de financement, la plateforme ne disparaitra certes pas, mais elle sera une coquille vide » ajoute-t-il. Nos efforts pour contacter ses principaux acteurs politiques sont restés sans suite. « Les différents partis politiques doivent faire très attention et comprendre qu’il y a des combats qu’ils ne peuvent gagner seuls. Nous avons besoin de consolider les acquis. Après, les partis seront libres de mener leurs campagnes » préconise Amadou Thiam, Président de l’ADP-Maliba.

« Monsieur le président, abandonnez votre projet de Constitution, la stabilité du Mali en dépend ! »

Alors qu’une plateforme de la société civile demande à Ibrahim Boubacar Keïta de rebrousser chemin avant mardi à minuit, Kamissa Camara, chercheuse à Harvard, interpelle le chef de l’Etat.

Monsieur Le Président,

Depuis plusieurs semaines, un projet de révision constitutionnelle crée la controverse au Mali et menace la stabilité politique, institutionnelle et sociale du pays. Le nouveau texte donne des pouvoirs additionnels au chef de l’Etat, ce qui, du fait d’un contexte politique fragile, noie d’autres mesures positives proposées par le projet de Constitution.

Malgré des manifestations pacifiques répétées et massives dans les grandes villes, la lettre ouverte d’un ancien groupe rebelle et vos rencontres avec les religieux, les familles fondatrices de Bamako et les sages, le projet semble suivre son cours. Maintenant que les tensions sont vives et que le pays est en alerte, aurez-vous la sagesse d’écouter votre peuple afin de sauver la fin de votre mandat, le Mali et, avec lui, la région du Sahel ?

La plateforme « Antè a Bana-Touche pas à ma Constitution » radicalise elle aussi sa position. Si vous refusez de rebrousser chemin et d’abandonner ce projet de révision constitutionnelle avant le mardi 15 août à minuit, la plateforme – composée des forces vives de la nation – « se réserve le droit d’exiger la démission immédiate et sans condition du président de la République ». Les mots sont tranchés, la démarche aussi.

Si la nouvelle Constitution était approuvée, le chef de l’Etat pourrait cumulativement nommer les présidents de la Cour constitutionnelle et celui de la Cour des comptes, ainsi qu’un tiers des futurs sénateurs. Le président de la Cour constitutionnelle était jusque-là élu par ses pairs et le président de la Cour des comptes nommé par le président. Le Sénat étant une nouvelle institution créée par la nouvelle Constitution, la prérogative de nomination d’un tiers de ses membres s’ajouterait à la majorité présidentielle qui siège déjà au Parlement.

« Le contrat de confiance est brisé »

Monsieur Le Président,

Les Maliens vous ont confié leur avenir avec un niveau de confiance qu’aucun président n’a eu dans le passé. Ce contrat qui nous lie vous interpelle-t-il aujourd’hui autant que le jour de votre élection ?

En 2013, en pleine crise sécuritaire et politique, les Maliens vous avaient plébiscité avec près de 80 % des voix… du jamais vu ! Toutefois, depuis votre élection, votre régime aura fait parler de lui, au Mali et à l’étranger, plus en mal qu’en bien. Problèmes sécuritaires, gouvernance financière douteuse, tentatives superficielles de réconciliation avec l’opposition et j’en passe. L’introduction d’un projet de révision, juste une année avant les présidentielles de 2018, est non seulement impopulaire, il ne fait qu’accroître les risques d’instabilité du pays et de toute la sous-région. Pire : celui-ci brise de fait le contrat de confiance qui vous liait tant bien que mal au peuple malien depuis 2013.

En poussant ce projet de Constitution, Monsieur le Président, vous touchez à la ligne rouge que les Maliens ont tracée pour vous et vous ont signifiée jusque-là pacifiquement. C’est cette même ligne rouge que le gouvernement malien avait clairement établie avec les groupes rebelles avant le début des négociations d’Alger, afin d’éviter toute discussion sur une division, même théorique, du territoire malien. Vous en souvenez-vous ? Par conséquent, même si le vote référendaire donne en principe une opportunité idéale aux Maliens pour se prononcer pour ou contre la nouvelle Constitution, la Constitution de 1992 reste forte dans son symbole car pour elle, les Maliens se sont littéralement sacrifiés. Pour les Maliens donc, les articles qui garantissent la démocratie et les pouvoirs du chef de l’Etat sont aussi intangibles que les frontières du Mali le sont pour vous et votre gouvernement.

En poussant ce projet de Constitution, Monsieur le Président, vous avez de fait inversé les rapports de forces. Ce sont les Maliens qui décideront désormais de votre sort car ils ont décidé que vous ne déciderez plus du leur. En effet, les Maliens vous ont perçu comme un président au grand cœur, visiblement très sensible aux compliments et surtout aux critiques. Malgré votre bonne volonté et votre statut de président démocratiquement élu, ce projet de Constitution vous donne l’air d’un président qui a soif de pouvoir. L’image que vos concitoyens ont de vous devrait vous permettre de mesurer l’impact de vos décisions. L’image que votre peuple vous renvoie devrait vous servir de boussole.

« La boîte de Pandore est ouverte »

En poussant ce projet de Constitution, Monsieur le Président, vous fragilisez l’accord de paix d’Alger. Paradoxalement, l’objet premier de la révision constitutionnelle était la prise en compte de la représentativité de toutes les régions du Mali dans les instances de prise de décision, telles que décrites et garanties dans l’accord de paix d’Alger. Hier seulement, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’est exprimée publiquement et pour la première fois sur le projet de Constitution, en demandant à ce que celui-ci inclue certaines dispositions contenues dans l’accord. La boîte de Pandore étant maintenant ouverte, attendez-vous à des revendications justifiées de toutes les parties prenantes aux négociations d’Alger.

Avec ce projet de Constitution, Monsieur le Président, le Mali continue d’être le maillon faible au Sahel. Dans une région aussi instable où les attaques terroristes font maintenant partie du quotidien, vous avez réussi à détourner l’attention du plus important : situation sécuritaire fragile, chômage endémique des jeunes. De ces sujets-là, on en fait quoi ?

Ce bras de fer laissera sans aucun doute des marques indélébiles dans vos relations avec vos citoyens. Le plus sage serait de surseoir à ce projet et de revenir dans quelques mois, si Allah vous l’accorde, avec un projet de texte qui porterait les fruits de plusieurs mois de dialogue avec les Maliennes et Maliens qui ne demandent en fait qu’à voir leur pays stable et prospère.

Les chefs traditionnels demandent au président de surseoir au projet de réforme constitutionnelle

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta a entamé une série de concertations avec les acteurs politiques et de la société civile sur le projet de révision constitutionnelle. S’ils reconnaissent la necessité de cette révision, les leaders religieux et traditionnels demandent au chef de l’Etat de surseoir au projet.

Après le report siné dié de la date du référendum constitutionnel initialement fixé au 9 juillet 2017, le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta, a entamé une série de concertations avec les différentes couches de la société. Il a donc reçu le 12 août 2017, les leaders religieux et les représentants des familles fondatrices de Bamako. Ces derniers ont demandé au président malien de surseoir au projet, en attendant de pouvoir réaliser un consensus autour du projet. « Nous sommes là pour calmer », a déclaré Dramane Niaré porte-parole de cette délégation et représentant des familles fondatrices de Bamako. « Nous ne demandons pas d’annuler mais de surseoir. Car c’est lui qui décide. Nous nous ne décidons rien, nous lui demandons. » Dramane Niaré, a ensuite rappelé, que cette révision est indispensable car « nous avons signé un accord international » qu’il faut mettre en œuvre.

Le président IBK qui poursuit ces concertations, doit recevoir les représentants de la plateforme « Antè Abana », opposé au projet. Ces derniers ont d’ailleurs lancé un ultimatum au chef de l’Etat lui demandant de retirer son projet au plus tard le 15 août à minuit, faute de quoi, ils appelleront à la désobéissance civile.

Révision constitutionnelle : Consultations décisives ?

Après que la Cour constitutionnelle ait émis des réserves sur le projet de réforme de la Constitution, le président de la République a entamé une série de rencontres avec la classe politique et la société civile.

Où vont mener les consultations pour le projet de la révision constitutionnelle ? Vont-elles à aboutir à une nouvelle date pour le référendum ou, au contraire, au retrait pur et simple du projet ? Ces questions restent pour l’heure sans réponse, mais les avis sont déjà tranchés quant à l’issue souhaitée. C’est le même discours qui revient au sein des opposants au projet de la loi référendaire. « Evidemment, nous demandons le retrait pur et simple de ce projet de révision constitutionnelle. Tant que cela ne sera pas le cas, les actions continueront » prévient le Président du parti ADP-Maliba, le député Amadou Thiam. « Pour ces consultations, ils ont tenté une division en ne recevant comme membre de l’opposition que Soumaila Cissé, mais il parle pour la plateforme. Nous sommes tous d’accord » ajoute-t-il. Le Président IBK l’a en effet reçu fin juillet pour un entretien à huis clos. « Le président s’est engagé à rencontrer la plateforme An tè A bana » soutient Abdrahamane Diarra, Président de la jeunesse URD. « C’était une promesse verbale. S’il le voulait vraiment, pourquoi prendre tout ce temps ? » s’interroge Thiam.

Dans l’ensemble, ils sont nombreux à saluer ces consultations, qui, ils espèrent, aboutiront au « juste » choix de la part du président. « Nous espérons que les échanges amèneront le président à retirer ce projet, qui divise dangereusement le peuple. L’engagement, la mobilisation et la détermination de la majorité de jeunesse et le refus de l’écrasante majorité du peuple malien doivent suffire à IBK pour retirer son projet » affirme Diarra. « Il en sortira grandi » souligne Thiam.

Lors de l’interview qu’il a accordé à l’ORTM le mardi 8 août, le Président IBK, campe toujours sur ses positions: «Dire qu’il n’y aura pas de révision constitutionnelle n’est pas républicain. Cela est anti national, en tout contraire au droit ». Cependant, au sein du RPM, les positions semblent dorénavant moins inflexibles. «C’est au président de décider. Il écoutera les Maliens et verra ce qu’il y a lieu de faire» concède le député Mamadou Diarrassouba, Secrétaire à l’organisation du RPM.

Ibrahim Boubacar Keïta : président mal aimé ou mal compris ?

Depuis des semaines, l’opposition politique et populaire au projet de révision de la constitution, semble avoir considérablement érodé la cote de popularité du président. Au fur et à mesure que la rue gronde au son des partisans du Non, la figure présidentielle semble en prendre un coup, et quand la riposte s’organise, les éléments de langage : « désamour », « haine » « attaque » et les propos agressifs de certains ministres, loin de susciter l’accalmie, clivent et divisent le population malienne sommée de prendre parti pour le Oui ou pour le Non, pour ou contre le président. Cette communication politique non-maîtrisée, autour d’un sujet aussi sensible, à un an de l’élection présidentielle, risque d’abîmer encore plus l’image du président, qui peine à faire imprimer durablement son action politique dans l’opinion publique.

« Aujourd’hui, il est clair qu’IBK est très impopulaire, vous avez sûrement appris que dans un quartier où il passait, il a été hué ? », interroge ce membre de la Plateforme An té A bana Touche pas à ma constitution, en marge de la grande marche des partisans du Non, le 15 juillet dernier. « Chez nous, Maliens, un chef d’État qui se fait huer c’est le summum de l’impopularité », ajoute-t-il.

Parmi les slogans scandés par les manifestants, demandant le retrait pur et simple du projet de constitution, on pouvait aussi en entendre d’autres, adressés directement au chef de l’État : « IBK démission ! IBK dégage ! », preuve que ces manifestations en faveur du Non à la révision constitutionnelle, sont devenus petit à petit un réceptacle de toutes les frustrations, un pot-pourri des mécontentements qui se sont agglomérés avec la loi référendaire. « Une réforme constitutionnelle a toujours soulevé partout dans le monde des partisans et des détracteurs. On l’a vu à Dakar, en Côte d’Ivoire, partout dans le monde », souligne le ministre Baber Gano, secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti au pouvoir, qui considère que cette réforme est nécessaire. « Ils ont inventé des arguments qui ne sont pas contenus dans la constitution. Il s’agit de rancoeur, de rancune et d’une haine envers le président. Mais IBK a su préserver son image, il a accepté toutes les critiques, souvent très extrémistes, voire injurieuses, il s’est comporté en vrai homme d’Etat. Quand tout ça se calmera, son travail de chef d’Etat continuera », assure le ministre des Transports.

Popularité en berne Il en avait suscité pourtant de l’amour ce candidat à la présidentielle. L’homme qui pouvait sauver le Mali, porté aux plus hautes fonctions par 77 % des suffrages, un score inédit dans le pays, qui a surpris tout le monde, à commencer par ceux qui ne l’avaient pas vu venir, ses adversaires, tous issus de la même génération politique, amis d’hier, et qui se pensaient favoris. « Est-ce que vous voyez le mal que cela a pu leur faire quand celui qui n’était pas dans leurs calculs est venu les gouverner ? Ils ne veulent pas attendre qu’il finisse son mandat, il faut le torpiller pour montrer qu’il est incapable », lance Badara Aliou Sidibé, chef de cabinet au Conseil économique et social, confortablement assis dans un fauteuil de son bureau à Koulouba.

C’est à Koulouba justement, au palais présidentiel, une bulle où les bruits du pays remontent difficilement, que le nouveau président va connaître un bref état de grâce en 2013, stoppé net par l’acquisition de l’avion présidentiel et l’affaire des marchés de l’armée. A Koulouba, sans des canaux fiables capables de remonter les humeurs du pays, la réalité du terrain s’estompe. « Il faut aussi reconnaître que le président IBK, c’est quelqu’un d’inaccessible, il l’a toujours été. C’est un chef, tout le monde n’a pas accès à lui. Il y a des ministres qui ne voient IBK que lors du Conseil des ministres. Au RPM, au bureau politique national, certains ne l’ont pas vu depuis très longtemps », explique ce collaborateur de la présidence de la République, sous couvert d’anonymat.

Aujourd’hui, cette image de président déconnecté du pays, dont les actions ne satisferaient que 46 % des Maliens, selon le sondage Mali-Mètre de mars dernier, et qui s’obstine dans un choix que beaucoup disent ne pas comprendre, lui colle à la peau. A l’international, le président suscite de plus en plus de réserves quant à sa capacité d’être à la hauteur des enjeux. « IBK ne voit pas le peuple dans cette opposition au référendum, il voit des adversaires qui veulent se comparer à lui, qui veulent montrer qu’ils sont les chefs : Tiébilé Dramé, Madame Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé, etc. Ce sont eux qu’il voit et pas le peuple malien, c’est pour cela qu’il est en déphasage », observe ce chroniqueur de la scène politique malienne.

Au RPM, les partisans du président se sont lancés avec zèle dans la bataille, reprenant en éléments de langage les paroles formulées par le président, au risque de desservir ce dernier. « C’est une communication élaborée et dirigée de manière maladroite. Quand vous entendez un membre du RPM dire que c’est « une haine » qui vise le président, ça créée un malaise. C’est une grosse erreur d’appréciation », commente ce spécialiste français en communication politique, qui considère que ce type de communication peut potentiellement amener à des situations de pure confrontation.

Objet communicant non-identifié Pointés du doigt, les communicants du président, qui ne maîtrisent pas vraiment ce domaine et n’ont pas réussi, depuis son accession au pouvoir, à élaborer une stratégie de communication politique efficace valorisant l’homme, ses idées et ses actions, abîmant par là-même son image. « La communication du président fait partie du problème. On sent un passage en force, on sent un mépris de tout ceux qui peuvent avoir une autre position. C’est nous le pouvoir, nous allons l’imposer. Ce sont des invectives, des menaces. Quand vous entendez le langage des dirigeants de ce pays sur les antennes nationales, c’est incroyable ! », s’exclame Soumana Kalapo, syndicaliste et membre de la Plateforme An té A bana. Pour ce chroniqueur politique, il y a aussi une certaine crainte à aborder le chef de l’État sur ses sujets. « Je ne connais pas un conseiller en communication qui ose taper à la porte du président. Je n’ai pas vu de gens autour de lui assez responsables pour aller lui dire « on est en train de foncer dans le mur, il faudrait vraiment faire une ouverture et voilà l’ouverture qu’on peut faire. Il faut une personnalité qui pourra lui parler, lui exposer sincèrement l’État de la situation ».

Reste que cette communication « artisanale » se traduit dans l’opinion par une perte de crédibilité évidente, une image dégradée auprès des Maliens et un manque de visibilité de son action. « Il y a tellement de choses qui sont passées inaperçues que finalement on peut se dire qu’il n’y a rien. Les militaires le disent, ce qu’il a fait pour l’armée, en 50 ans d’indépendance, aucun président ne l’a fait. Moi je sais que le tableau n’est pas totalement noir, même si le bilan n’est pas reluisant. Il a fait des choses mais ce n’est pas forcément perceptible ici à Bamako. À l’intérieur du pays, le peuple croit encore à IBK », affirme ce militant du RPM.

Le sursaut ? A un an jour pour jour de la prochaine élection présidentielle, le temps semble court pour le président candidat à sa succession, qui devra mettre les bouchées doubles pour inverser la vapeur. « Tout ce qui se passe créée des sympathies pour nous et diminue, à mon avis son électorat. Le régime doit faire attention et se souvenir que les Maliens qu’il menace et maltraite aujourd’hui sont des électeurs », assène Soumana Kalapo. Mais certains veulent y croire. « C’est un patriote, c’est indéniable. Il est vraiment attaché aux intérêts du pays, mais toutes ces erreurs de communication comme de casting ont fait que ça ne s’est pas manifesté comme il le voulait. Il est largement insatisfait », poursuit ce même militant.

Sortir par le haut, dire que ce projet de révision a manqué de concertation, montrer qu’il est capable d’écoute, afin d’enclencher la dynamique pour la présidentielle de l’année prochaine, c’est ce que certains pensent au sein même de sa famille politique. « S’il a l’habileté de retourner au dialogue, de dire « je vous ai compris », comme disait De Gaulle, l’un de ses modèles, dans ce cas je crois qu’il y aura les moyens de redresser sa popularité », souligne ce cadre du parti majoritaire. « Il y a quand même un fond légitimiste dans ce pays, surtout dans le pays profond, s’appuyant sur des valeurs culturelles où, quand le chef reconnaît qu’il a eu tort et qu’il veut sincèrement réparer, il y a une possibilité. De plus, il n’y a pas dans l’opposition une personnalité qui émerge de manière évidente, qui peut opérer un renversement de l’opinion nationale en sa faveur. Donc IBK reste, malgré tout, un candidat évident et incontournable », conclut-il.

 

Communauté Kel Ansar : « Quand on est républicain, on doit suivre les décisions de la cour constitutionnelle sans hésiter ! »

La Tribu Kel Ansar a annoncé, dimanche dernier, lors d’une conférence de presse à l’hotel Salam de Bamako, sous l’égide du chef de la tribu Abdoul Majid Ag Mohamed, son soutien au projet de référendum constitutionnel. Pour en savoir plus sur les raisons qui ont motivé ce soutien, le Journal du Mali s’est entretenu avec Mohamed Ag Ahmedou, personnalité de la tribu Kel Antessar.

Qu’est-ce qui a motivé le soutien de votre tribu au projet de révision constitutionnel ?

Ce qui nous a motivé tout d’abord, c’est notre volonté d’adapter les textes à l’environnement socio–politique et aux besoins du pays, c’est la première des choses. Notre constitution mérite d’être révisée. Il y a certains engagements très anciens de l’État, comme avec l’UEMOA, où il était question de créer une cour des comptes, chose qui n’est pas possible sans toucher à la constitution. Il y aussi le point relatif à la mise en œuvre de l’Accord. L’Accord prévoit la mise en place d’un Sénat or il est impossible de mettre en place ce Sénat sans toucher à la constitution. Donc, réviser la constitution est un passage obligé pour la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord. Pour nous, la mise en œuvre de l’Accord est cruciale pour l’avenir du Mali d’une manière générale. C’est pour cela que nous soutenons le projet de révision constitutionnel.

Est-ce que cette décision n’a pas été motivée par une possibilité que le chef de la tribu Kel Antessar intégre ce futur Sénat ?

Je ne pense pas du tout que ce soit lié à cela. C’est le président de la République qui choisira les chefs traditionnels qui rejoindront le Sénat. C’est à lui que revient cette décision. Je ne pense pas du tout que c’est un pré-positionnement pour être membre du Sénat, loin de là. Ce qui compte pour nous maintenant, c’est que cet Accord puisse avancer, le reste est secondaire.

Une partie de la population oppose comme arguments à la révision constitutionnel, l’insécurité, la menace sur l’intégrité territoriale, l’impossibilité de grarntir que tout les Maliens du territoire pourront s’exprimer. Qu’en dites vous ?

Nous pensons que dès que la cour constitutionnelle émet un avis c’est terminé. Quand on est républicain, on doit suivre les décisions de la cour constitutionnelle sans hésiter ! Cette cour a rendu un verdict clair sur la question en disant que la révision peut se faire. Si la cour constitutionnelle avait dit que l’environnement sécuritaire ne permet pas l’élection, naturellement on serait allé dans son sens parce que c’est à eux d’interdire où d’autoriser la révision. C’est notre position.

Beaucoup des gens disent que la révision de la constitution va favoriser les Touaregs, ils auront plus des droits. Une raison de plus pour vous d’avoir dit oui ?

Moi je ne vois pas comment la révision favorise une communauté par rapport à une autre. En réalité, la constitution ne s’impose que pour la deuxième chambre du parlement en ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord. Tout le reste, on peut le faire par la loi et les décrets. Si demain le Président de la République décide de nommer le tiers de sénateurs qui lui est réservé, il peut nommer des Touaregs tout comme il peut en nommer aucun. Il n’y a aucune disposition particulière qui favorise telle ou telle communauté, telle ou telle partie du territoire. C’est une révision qu’il faut faire, simplement parce que cela fait 25 ans que la constitution n’a pas été revue et qu’elle n’est plus en accord avec l’évolution du pays.

Le webactiviste Madou Kanté blessé par balles à Bamako

« Maréchal Madou », Madou Kanté de son vrai nom, un célèbre activiste et chroniqueur malien, a été victime dans la nuit de lundi à mardi d’une tentative d’assassinat à Bamako, a appris l’AFP auprès de ses proches et de sources hospitalières.

« Maréchal Madou était vers 01H00 du matin dans sa voiture lorsqu’un individu a tiré à bout portant sur lui à Bamako. Il a reçu des balles, notamment dans la poitrine. Il est hospitalisé », a déclaré à l’AFP un membre de sa famille.

« Maréchal Madou » est un youtouber connu pour dénoncer la corruption, le népotisme et les travers des dirigeants politiques maliens dans son « Madou Ka Journal » sur youtube et facebook.

Il était partisant du NON au nouveau projet de Constitution qui divise les Maliens et participait aux manifestations.

« Nous ne voulons pour le moment accuser personne sans preuves. Ces derniers temps, Maréchal Madou critiquait devant moi certains hommes de l’opposition », a déclaré à l’AFP un autre de ses proches, Oumar Diakité.

L’opposition réclame le retrait du projet de révision de la Constitution, sur laquelle la Cour constitutionnelle a demandé le 5 juillet des amendements, après le report sine die du référendum sur ce texte, initialement prévu pour le 9 juillet.

Cette révision, la première depuis 25 ans, vise notamment à mettre en oeuvre certains engagements de l’accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg du Nord et prévoit la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes. Mais ses détracteurs lui reprochent de conférer trop de pouvoirs au président.

 

Mobilisation massive pour le NON au projet de révision constitutionnelle

Vêtus en rouge et noir, accompagné des casquettes rouges, des milliers de personnes, voir un million selon les organisateurs, ont pris part à cette deuxième marche pacifique de protestation organisée par la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Parmi les marcheurs, on notait la présence de plusieurs leaders de la classe politique et de la société civile.

Après une grande marche pacifique de protestation effectuée le 17 juin dernier, un grand meeting tenu le 1er juillet dernier, la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! » qui regroupe plus de 100 associations de la société civile, des organisations syndicales et une quarantaine de partis politiques sont descendus dans la rue, samedi 15 juillet 2017 à Bamako, pour inviter le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à retirer la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992. Cette marche a débuté aux environs de 10 heures à la place de la liberté, en passant par la place de l’indépendance pour prendre fin aux environs de 12 heures à la bourse du travail. Selon les organisateurs, ladite marche était synchronisée avec celle de certaines localités de l’intérieur et de l’extérieur du pays comme Kayes, Mopti, Ségou, Koutiala, Dakar (Sénégal), les Etats Unis d’Amériques. Par trois fois, les organisateurs ont réussi le pari de la mobilisation qui, selon eux, est un « signal fort, un carton rouge au président de la République, au gouvernement et au Ministre de la Réforme de l’État qui sont allés chercher à l’étranger une constitution qu’ils voudraient substituer à celle adoptée par le peuple souverain du Mali ».

le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd), le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, les anciens Premiers ministres du Mali (Soumana Sako, Modibo Sidibé), Nouhoum Togo du Pdes, Daba Diawara du PIDS, Modibo Sangaré de l’UNPR, Mamadou Oumar Sidibé de PRVM Fasoko, Djibril Tangara du FCD, Pr Salikou Sanogo, Me Demba Traoré, Dr Madou Diallo, honorable Mody N’Diaye de l’URD, Souleymane Koné des Fare An Ka wuli, Me Amidou Diabaté et Djiguiba Keïta alias PPR du Parena, les honorables députés Amadou Thiam et Amadou Araba Doumbia du groupe parlementaire Adp-Maliba/ Sadi, le secrétaire général de la CSTM, Hammadou Amion Guindo, les leaders du Mouvement « Trop c’est Trop » comme Amara Sidibé , Amadou Beidi Daou et bien d’autres y étaient présent.

Les manifestants soulignent que leur attachement à la loi fondamentale de 1992 tient au fait qu’elle est l’émanation d’une lutte qui a été gagnée par le sang des martyrs.

En plus des griefs contre certaines dispositions du projet de Constitution, les opposants soutiennent que le contexte n’est pas propice à l’organisation d’un référendum au Mali.

Ils estiment que l’insécurité est plutôt grandissante dans le pays et rappellent l’absence de l’administration et de l’Armée dans certaines localités du nord et du centre du pays.

Rappelons que la Plateforme «AN Tè ABANA» est un regroupement d’associations et de partis politiques qui s’opposent au projet de révision de la Constitution. Elle est entrée en action après l’adoption du projet de loi constitutionnelle par l’Assemblée nationale le 2 juin dernier. Elle a déjà à son actif plusieurs manifestations demandant le retrait du projet.

 

Non au référendum ou au régime IBK ?

Stratégie de défense pour les uns ou véritable défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat, la contestation autour du projet de révision constitutionnelle, initié par le président de la République Ibrahim Boubacar KEÏTA, continue de susciter le débat entre ses défenseurs et ses opposants. Dernier en date, la conférence de presse, du Rassemblement pour le Mali (RPM) le parti du président, tenue ce 11 juillet 2017 au Centre National du Patronat du Mali (CNPM).

On peut dire que le ton est monté d’un cran lors de cette conférence de presse du parti au pouvoir, le Rassemblement pour la Mali (RPM). Revenant sur les raisons de cette révision constitutionnelle, le secrétaire général du parti Me Baber Gano, évoque entre autres la nécessité de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale ou encore celle de se conformer aux directives de l’UEMOA avec notamment la création de la cour des comptes. « Cette réforme s’inscrit dans la mise en œuvre des aspects institutionnels de cet accord, qui prévoit l’institution d’un sénat », précise Me Baber Gano, qui a dénoncé « les pratiques insurrectionnelles » des partisans du Non. Avant de prévenir qu’« aucune prime à l’impunité ne sera faites, l’autorité de l’Etat doit s’affirmer et s’affirmera ». Pour le secrétaire politique adjoint Abdrahamane Sylla, « ce n’est pas le texte constitutionnel qu’on conteste, c’est IBK qu’on n’aime pas et on va devoir l’accepter ».

Plutôt qu’un aveu du désamour entre le président de la République et une partie du peuple, certains observateurs mettent ces réactions dans le cadre d’une campagne de communication qui consiste pour chaque camp à démontrer ses arguments et surtout à « discréditer l’autre », selon Bréhima Touré, rédacteur en chef du journal l’Essor. « C’est un combat qui est engagé entre les 2 camps. » Les arguments utilisés par les responsables du RPM, « c’est pour discréditer l’opposition » « Nous sommes dans une démocratie, lorsque l’on présente quelqu’un comme étant contre cette démocratie, l’opinion peut vite prendre partie » poursuit Mr Touré.

S’opposer à ce référendum c’est refuser de reconnaître l’arrêt de la cour constitutionnelle, ce qui est inadmissible en démocratie selon Chahana Takiou directeur de publication du journal 22 septembre. Les opposants au référendum quittent donc « le terrain juridique et cela devient une question de personne. Car en s’inscrivant dans cette logique de contestation, ils refusent de reconnaître le droit constitutionnel du président et celui du peuple de s’exprimer à travers le référendum, ce qui constitue un déni de démocratie », ajoute Mr Takiou.

La bataille autour de ce projet de révision qui a été déclaré conforme à la constitution par la cour constitutionnelle sous réserves des rectifications matérielles, n’est pas encore à son épilogue.

Révision constitutionnelle : 3 questions à Me Mountaga TALL , président du CNID

 

Faut-il réviser la Constitution de 1992 ?

Le principe de la révision de la Constitution du 25 février 1992 n’est rejeté par personne. La Constitution elle-même prévoit les modalités de sa révision. Le débat porte sur les articles à modifier et sur les nouvelles dispositions à insérer. Je pense qu’il faut réviser mais après avoir recherché et obtenu le consensus le plus large et convenu du meilleur moment pour le faire.

La révision constitutionnelle fait débat. Quel en est l’impact sur la démocratie malienne ? 

Le débat en cours me rassure sur la vitalité de la démocratie malienne. L’exécutif, l’Assemblée nationale, l’opposition politique, la société civile, les médias et les réseaux sociaux jouent pleinement leur rôle. Il n’a pas été confisqué par l’élite et tous les Maliens se sentent concernés et interviennent. Le débat doit se poursuivre afin que la démocratie et le Mali soient gagnants.

Que devrait faire le gouvernement si le projet de loi n’était pas entériné par le référendum ?

Le peuple est souverain et sa volonté s’impose à tous. D’ailleurs cela a été clairement dit par les autorités. Pour moi le Oui dans les conditions actuelles diviserait encore plus le Mali alors même que l’objet du référendum est la consolidation de la paix et de la réconciliation. Et le Non va remettre en cause la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord. Il faut donc absolument trouver un compromis sur le contenu et la date du référendum. Et cela est possible.

 

Référendum constitutionnel : La cour constitutionnelle dit oui

Saisie par certains partis de l’opposition pour se prononcer sur la constitutionnalité du référendum pour la révision de la constitution initiée par le président de la République, la Cour Constitutionnelle du Mali a rendu sa décision ce 4 juillet. Si la requête de l’opposition est recevable dans la forme, la cour rejette sa demande tendant à déclarer inconstitutionnelle la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992.

En clair la Cour Constitutionnelle estime que le référendum peut se tenir après cependant une relecture de la loi.

La Cour Constitutionnelle rejette donc le principal argument de l’opposition qui s’appuyait sur l’article 118 de la constitution du 25 février 1992 pour déclarer inconstitutionnelle la tenue du référendum. La Cour estimant que malgré « l’insécurité résiduelle », les conditions de sécurité lors des élections en 2013 n’étaient pas meilleures.

Même si la Cour déclare « conforme à la constitution » la loi du 02 juin 2017 portant révision de la constitution du 25 février 1992, elle exige certaines corrections. Notamment sur la durée du mandat du 1/3 des sénateurs, qui seront désignés par le président de la République, qui n’est pas précisée. Ces corrections portent aussi sur une omission dans l’article 37 qui porte sur la formulation du serment du président de la République. En somme, la Cour exige la correction « d’erreurs matérielles » sur une dizaine d’articles du projet de loi portant révision constitutionnelle.

« Notre requête a abouti » et nous restons vigilants déclare Mody N’DIAYE, député de l’URD (Opposition) à l’Assemblée Nationale. La « Cour a déclaré que la mouture actuelle est à corriger », ajoutant que la Cour aurait dû déclarer tout simplement ce projet de loi inconstitutionnel. Le président du groupe VRD à l’Assemblée Nationale affirme que leurs actions futures seront déterminées par la suite donnée à l’arrêt de la Cour, c’est-à-dire la relecture annoncée du projet de loi.

« Le droit a été dit, c’est le Mali qui gagne », se réjouit le député Mamadou DIARASSOUBA, secrétaire à l’organisation du Rassemblement Pour le Mali RPM (Parti au pouvoir). Il estime qu’il faut tirer comme enseignement ce cet arrêt que tout le monde ait la même interprétation de l’article 118 de la constitution de 1992. Il ajoute que les « points soulevés par la Cour Constitutionnelle seront intégrés » et le projet examiné à l’Assemblée Nationale.

Révision constitutionnelle : que dit le Mali de l’intérieur ?

Depuis presqu’un mois le sujet de la révision constitutionnelle tient en haleine la société civile et les partis politiques à Bamako. Meetings et débats se succèdent, illustrant, si besoin en était, la passion soulevée par le sujet, qui cristallise les émotions, et ce même après le report à une date ultérieure du scrutin qui aurait dû se tenir ce dimanche 9 juillet 2017. A l’intérieur du pays cependant, il n’est que très peu, voire pas du tout, question de la révision constitutionnelle, pourtant d’intérêt national. Hormis dans les capitales et quelques grandes agglomérations régionales, la relecture de la Constitution semble donc bien loin des préoccupations des Maliens. L’intérieur se sent-il exclu de la grande discussion nationale autour de cette réforme ? Tour du Mali des opinions sur la question.

Mercredi 21 juin, les autorités locales de Tombouctou, avec à leur tête l’Honorable Aziza Ben Kattra, élue de la région, invitent les populations à une séance d’explication et d’information sur le projet de loi relatif à la révision constitutionnelle. Contre toute attente, les jeunes se mobilisent pour faire obstacle à la réunion. « C’est une première dans la région. Les jeunes montrent aujourd’hui publiquement qu’ils sont contre l’avis d’un élu local », explique Mohamed Salaha, porte-parole du collectif Yermatoun, qui signifie « Levons-nous ». Pour empêcher la tenue de la séance, les membres du collectif prennent d’assaut la salle du nouveau CEDRAB à Sankoré, munis d’écriteaux sur lesquels on peut lire : « Non à la monarchie », « Non au tripatouillage de la Constitution » ou encore « La démocratie, c’est le peuple ». La réunion se tiendra quand même et durera plusieurs heures. Les jeunes du collectif quittent la salle. Un camp du « Non » à la révision constitutionnelle est créé et entend se faire entendre par tous les moyens. Pendant ce temps, à Bamako, les manifestations, meetings et marches se multiplient.

Opération communication A l’intérieur du pays, la réalité diffère d’une région à une autre, avec des disparités notoires. Entre les risques d’attentats, les accrochages dans les régions du nord et les conflits communautaires entre éleveurs peuls et sédentaires au centre du pays, le sujet de la révision occupe peu les esprits. Les avis, quant à eux, sont mitigés. A Kayes, première région du pays, le sujet de la révision constitutionnelle ne passe pas inaperçu. Dans les grins, en famille et sur les lieux de travail, les discussions vives ne cessent pas, bien que les protagonistes ne comprennent pas véritablement le nouveau projet de texte. Boubacar Niane, journaliste, est convaincu que la majorité de la population ne sait pas grand chose du projet de loi. Et pour cause, « les députés de la région, qui ont entrepris des séances d’information et d’explication de la nouvelle Constitution, ne maîtrisent pas eux-mêmes tout le texte du projet. Il est donc difficile de convaincre les gens dans ces conditions », affirme-t-il. Un avis que partage Harouna Soumaré, entrepreneur. Selon lui, « les populations veulent en savoir davantage. Sinon, elles se contentent des rumeurs et finissent par rejoindre un camp, généralement celui du « Non ».

Alors qu’à Kayes, la société civile prépare une marche pacifique pour le samedi 8 juillet, afin de dire non à la révision constitutionnelle, à Gao, au nord du Mali, on multiplie les séances d’étude du texte afin de mieux l’expliquer à la population. Pour Moussa Yoro, membre de la société civile de Gao, « la révision constitutionnelle est nécessaire pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ».

Au centre du pays, notamment à Ségou et à Mopti, l’adhésion au projet de révision constitutionnelle est loin d’être unanime. La séance d’information entreprise par les députés de la région dans la ville de Ségou, le 21 juin dernier dans la salle du Gouvernorat, a pourtant porté ses fruits. C’est du moins l’avis de Koni Coulibaly, président du Mouvement de la jeunesse pour le développement. « Ils ont vraiment expliqué le texte, point par point. Les participants ont avoué être satisfaits à la fin de la séance. Tous ont finalement rejoint le camp du Oui ». Seydou Daou, président de la section locale de l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMA) et maître coranique, n’a pas le même point de vue. « Nous ne savons rien du projet. Nous n’avons pas participé à la séance parce que nous n’avons pas été informés de sa tenue. Nous attendons donc que l’on vienne nous expliquer le contenu du texte », tranche-t-il.

Un peu plus loin, dans le cercle de Djenné, région de Mopti, on estime que les populations n’ont pas été consultées à la base. Pour Samba Cissé, consultant, le discours des jeunes s’articule autour d’un seul argument, « Mopti a été oubliée dans la nouvelle Constitution ». Compte tenu de la situation sécuritaire dans cette région du pays, où des affrontements se multiplient sur les questions de foncier, les populations se sentent laissées pour compte et bien loin « des problèmes de Bamako. Nous ne faisons que survivre. Les débats de politiciens ne me regardent pas », s’insurge Ismaël Traoré, de Markala, à quelques centaines de kilomètres de Ségou. Les populations sont convaincues que seul Bamako compte pour le gouvernement. A Sikasso, le constat est le même. Selon Mamadou Tangara, ancien maire de la ville, les gens disent non parce qu’ils voient qu’à Bamako des manifestations du camp du « Non » ont lieu presque chaque semaine. C’est « une occasion pour eux de dire non à la gouvernance actuelle », déplore-t-il.

Un non-événement ? À Aguelhoc, dans le cercle de Tessalit, au nord de la région de Kidal, où les récentes élections municipales ne sont pas tenues pour des raisons de sécurité, les populations se préoccupent plutôt de leur survie. Pour Ag Abdallah, le maire, « le sujet de la révision constitutionnelle ne dit rien à personne ici. Ce qui nous préoccupe, c’est notre sécurité. A Ansongo, dans la région de Gao, où les populations vivent la peur au ventre parce que craignant chaque jour une attaque djihadiste, le sujet de la révision constitutionnelle est un non-événement. Selon Amadou Cissé, maire sortant, ni la société civile, ni les partis politiques ne s’intéressent à ce sujet. Selon une autre source, un grand risque d’affrontement communautaire plane. « On préfère s’occuper de ces problèmes que d’autres choses pour le moment », assène-t-il. Dans les villes de Tessalit et de Kidal, la révision constitutionnelle passe également inaperçue. « Vous ne verrez personne en parler ici. C’est un non-évènement pour les populations », explique une source kidaloise qui a requis l’anonymat. Selon Alkassim Ag Alhouchel, président des jeunes de la CMA, le sujet est  pourtant évoqué timidement dans la région. « Les populations en parleraient davantage si le gouvernement déléguait des autorités pour venir expliquer le contenu du projet de loi.

Le déficit de communication est le seul point qui fait l’unanimité dans les régions. Tous s’accordent en effet sur le fait que le contenu de la nouvelle Constitution est méconnu  du plus grand nombre.

A Bamako, le gouvernement pourrait rendre publique très bientôt la nouvelle date retenue pour le référendum constitutionnel, après l’avis de la Cour constitutionnelle sur la requête introduite par l’opposition. Si on ne votera pas dans certaines régions, d’autres en revanche seront appelées à exercer leur droit civique. Voteront-elles « Oui » ou « Non » ? S’abstiendront-elles ? La question demeure pour le moment sans réponse !

 

 

 

Plateforme contre plateforme : la campagne 2018 officieusement ouverte

La proposition du texte visant à réviser la constitution malienne a mis le feu au poudre de l’opinion publique, clivant la société autour du OUI « OuiAnsona » et du NON « AN TE, A BANNA! TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION! » L’offensive pour l’un et pour l’autre sur internet sévit. La violence des propos avec son lot d’invective fait rage. Une violence où les personnalités se découvrent. Est-ce dans une violente invective que l’on fait avancer un débat ? Où justement proposé peut s’avérer judicieux pour donner une dynamique positive à un blocage. Que faisons-nous de la mesure que les sagesses malinké, bambara, peul dogon, et songhoi nous convient ? Ne devons-nous pas ériger dans nos espaces de débat, cet hangar sacré dogon, la toguna, où, quand le corps agité par le bouillonnement intérieur se calme, une fois que la tête entre en contact avec la poutre. A défaut de toguna réelle, érigeons cet espace, peut être dans nos esprits.

En juin 2016 un comité d’expert est mis en place pour conduire un projet visant la révision de la constitution de 1992 (acte officiel de naissance de la démocratie au Mali). Cette constitution qui criait certaines insuffisances en matière de droits humains, prouve que cette tentative de révision, n’est pas in fine, une aberration. En juin 2017 le nouveau texte est proposé à l’assemblée et est voté par la majorité présidentielle de la constituante, donc approuvé. Comme on le dit par ici, le pompon sur la Garonne est bien sûr la création d’un sénat au Mali, qui en soi n’est pas une création d’institution de plus, par conséquent le remplacement d’une institution existante, le haut conseil des collectivités territoriales. Soit ! Cependant, le nouveau texte pêche par les amendements 13 et suite. Une fois le pavé lancé dans la marre, le politique s’en est emparé, comme d’habitude, la passion égocentrique du débat ne redescend pas. En revanche, il est question de l’état du Mali. Le Mali ne se porte pas bien. Et chaque malien est face à ses responsabilité encore plus sa jeunesse. Ce qui me fait répéter ici par conviction que le Mali « triomphera, mais à une condition : c’est que vous, moi, nous tous qui sommes ici, nous ne serons qu’une seule âme ; c’est que nous ne serons qu’un seul soldat et un seul citoyen, un seul citoyen pour l’aimer, un seul soldat pour le défendre » Je me permets de citer ici Victor Hugo, dont le texte résonne aujourd’hui dans le cas malien.

Renaître de ces cendres

L’un des principes fondamental des sciences sociales repose également sur la prise en considération, de la lecture médiane à apporter en toute circonstance. Dans ce débat il y a plusieurs positions. Pour ma part je me mets dans la médiane. Ma position est claire depuis mon article du 20 juin 2016, mon rôle de citoyenne me dicta la lecture de la constitution de 1992 et celle du texte proposé, d’en tirer personnellement ma conclusion. Être dans la médiane est-ce de la frilosité ? C’est la position de recul pour mieux appréhender. Elle est du côté du peuple, pour lequel tous nous nous targuons de défendre. Qu’en est il réellement ?

Et si le Mali par malheur venait à basculer, ceux-là même qui agitent les passions d’un côté ou de l’autre seront les premiers dans les avions avec leur famille pour les mettre aux abris. Qui mettra le jeune des quartiers populaires analphabète ou semi-analphabète qui une fois aura fait de cette question, une affaire personnelle sans en avoir appréhendé les tenants et aboutissants, les conséquences réelles ; qui prêt à mourir pour une cause qu’il aura fait sienne. Sa mort suscitera à nouveau l’indignation générale, tous nous l’aurons oublié dans quelques mois. Un événement chassant l’autre. Nous avons une lourde responsabilité devant cette jeunesse.

Ces positions médianes qui se lèvent à l’image du tweet de Mariam Diallo Dramé ce jour, dixit : « Si vous voulez le pouvoir battez campagne en 2018. Une chute précipitée du régime en place n’apportera que le chaos #Mali restons lucide », demandent à la mesure, appellent à l’écoute du Mali, du peuple malien, celui du bas. C’est celui-là qui en payera grosse tribu. Sont-ils d’un bord ? Pour ma part je suis d’un seul bord, le Mali, le malien de la rue des quartiers non résidentiels. Nous nous devons de grandir ce pays, de lui permettre de renaître avec fierté. Par ce que « si je savais quelque chose utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier » (Charles-Louis de Montesquieu). C’est à cette conviction, que ces mots venus du cœur en appellent à la jeunesse malienne.

Un débat pouvait être à la faveur de la patrie, il ne se mène pas à coup de grande manifestation, bien qu’elle soit démocratique, l’impulsion d’un débat démocratique pour la paix au Mali, d’une lutte nationale contre le terrorisme, avec tous enfants du Mali réuni.

Les fondamentaux pour les maliens

Nous ne nous lasserons jamais de rappeler les fondamentaux pour les maliens, à savoir, les droits à  : une éducation de qualité, une santé de qualité, l’eau potable, l’électricité, l’accès à une suffisance alimentaire. Tout gouvernant à devoir d’apporter cela et nous y veillerons. La tâche est tellement immense aujourd’hui qu’aucun gouvernant n’y arrivera seul si on lui tire dans les pattes. Le même cauchemar qu’en occident se profile, les uns et les autres jouant le rôle de l’opposant quand l’autre camp est au pouvoir, on le pourrit pour se placer, et le jeu de chaise peut continuer au détriment du peuple. Phénomène qui les a éloigné du peuple faisant le jeu de l’inculture et du populisme qui n’est que renfermement. Les parties oubliant superbement, pourquoi ils ont tous porté serment (le peuple) en s’engageant en politique. L’assaut des egos inassouvis aura raison de vous, si vous ne vous atteler pas à la tâche ensemble pour sortir ce pays de ce merdier.

Appel à la jeunesse malienne

Je n’accepte pas le texte à l’état pour cause de l’amendement 13 et les autres suivants, portant sur le choix d’un tiers des sénateurs par le Président de le République, le dire serait une bonne chose, mais le dire en corrigeant serait l’issue honorable pour tous. Le Mali mérite mieux, battons-nous pour donner ce mieux à ce pays dont on doit gratitude, avant de penser à demeurer et à nous servir. Battissions-le ensemble hors des clivages politiques, une fois la paix reconquise, les jeux de chaise entre opposition et gouvernement pourraient aisément continuer, toujours au détriment du peuple. Pour l’instant le luxe qu’on peut se payer est de maintenir la soupape au risque de nous brûler la main. Mais une fois la paix reconquise. Si Platon attestait que « les racines de l’instruction sont amères,… mais que les fruits en sont doux », les bamabaras ne disent-ils pas que la vérité vraie est plus amère que le jus de caïlcedrat. Plus de la moitié de la population malienne est illettrée, le devoir d’éclairer est nôtre. Le devoir d’expliquer vrai dénué de toute partisanerie, dans le but de diffuser un message véridique, clair, audible pour tous est grandement nôtre. Ces vérités qui soigneront notre jeune Pays vieux de plusieurs siècles d’histoire et d’érudition, qui le conduiront à l’unité fraternelle . Seule la fraternité nous rapprochera de la paix, puisqu’elle annihile tous les clivages avec leurs frontières néfastes. Pour s’y engager ainsi dirons-nous que c’est par « la fraternité qu’on sauve la liberté » (Victor Hugo). Sauvons ensemble notre liberté, notre paix, par la vérité. La vérité vraie.

 

Des centaines de jeunes disent Oui à la révision constitutionnelle

Des centaines de jeunes étudiants et des femmes ont pris d’assaut le palais des sports, mercredi 28 juin, pour prendre part au meeting organisé par la plateforme « An son a » visant à promouvoir le Oui au projet de révision constitutionnelle. Beaucoup ne savaient cependant pas la raison de leur venue.

Le meeting de la plateforme pour le OUI « An sona » qui signifie « Oui on accepte » s’est tenu ce mercredi 28 juin au palais des sports à l’ACI 2000. Ce premier rassemblement témoigne du soutien des jeunes sympathisants au Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta sur le sujet du projet de loi relatif à la révision constitutionnelle. Des centaines de jeunes, pour la majorité des étudiants et des garçons ont pris d’assaut l’enceinte du palais munis de tam-tam et de trompettes.

Un Dj avant le meeting assurait l’animation en faisant danser les jeunes. Une occasion pour ce dernier de questionner certains d’entre eux sur le motif de leur venue. Plusieurs ont affirmé ne pas savoir du tout la raison. « On nous a proposé de se retrouver ici qu’il y a une activité, c’est tout », déclare un jeune présent. L’intervention des organisateurs à coupé court aà nos questions

Une contre-attaque. Ce rassemblement des partisans du OUI vient une réponse à la vague de contestation qui s’est opérée à BAMAKO et dans les régions contre le référendum constitutionnel dont la date initiale du 9 juillet a été reporté sine die par le président de la République. Pour « An son a », les réactions de la plateforme adverse « An te à bana » relèvent plus de la politique politicienne qu’autres choses. Elle a donc appelé le chef de l’État à continuer les réformes engagées concernant la révision constitutionnelle. « Après ce lancement officiel, nous allons engager des actions de communication, de sensibilisation et d’information de proximité pour expliquer davantage la pertinence de ce projet de révision constitutionnelle », conclut Mamadou Ndiaye, porte-parole de la plateforme.

 

Révision constitutionnelle : ni oui, ni non

Après la grande marche du samedi 17 juin contre la révision constitutionnelle, les lignes semblent bouger. Ce projet qui suscite tant de remous pourrait finalement être reporté.

100 000 pour certains 500 000 pour d’autres, plus vraisemblablement 50 000 personnes ont battu le pavé dans la capitale malienne le samedi 17 juin pour exprimer leur rejet du projet de révision constitutionnelle, à l’appel d’une plateforme regroupant une quarantaine de partis politiques et plusieurs associations de la société civile. Ont-ils réussi à faire reculer le pouvoir ? À l’heure où nous bouclons ce numéro, les bruits de couloirs se font persistants sur un report du référendum tant contesté. La démonstration de force des partisans du « Non » semble donc avoir trouvé écho auprès du Président de la République. Ibrahim Boubacar Keïta a ainsi rencontré lundi 19, les présidents des institutions de la République pour échanger sur la suite à donner au référendum du 9 juillet prochain. « Il y a certaines choses qui peuvent, avec intelligence et dès lors que l’ensemble en aurait convenu, êtres différées dans le temps, mais nullement empêchées d’être », a déclaré le président, repris par le journaliste de RFI, Anthony Fouchard, sur son compte Twitter le mardi 20 juin. A l’issue du conseil de ministre d’hier, le président a décidé du report du referendum à une date ultérieure. « La constitution est la loi fondamentale du pays, il est donc normal qu’il y ait des discussions dessus. Rien n’est parfait. S’il y’a des choses à revoir, je serai d’avis de le faire dans une démarche démocratique », confie Bakary Issa Keïta, secrétaire aux finances du bureau politique national du Rassemblement pour le Mali (RPM). « C’est l’expression de la volonté populaire, il (le Président) a pu évaluer à travers la marche le niveau d’intérêt des Maliens pour leur constitution », s’est réjoui Cheick Oumar Diallo, porte-parole de la plateforme « An tè A bana ! ».

Les partisans du « Oui », continuent eux aussi de mobiliser leurs efforts et avaient annoncé une marche le samedi 24 juin, histoire de faire une « contre-démonstration », avant d’y renoncer. Menée par le député Moussa Timbiné, la plateforme « An ka ben » créée au lendemain de la signature des accords de paix en 2015, se donne une dynamique nouvelle en servant de contre-pouvoir au mouvement « An tè A bana ! ». « C’est dommage de mettre en place un front pour l’opposer à un autre. Il faut rassembler, et ce front ne ferait que diviser les Maliens. En l’état actuel, nous n’avons pas besoin de cela », regrette Diallo du camp du « Non ». Le report du scrutin va-t-il calmer les ardeurs ? « Nous réclamons le retrait pur et simple de ce projet qui divise le pays », martèle Tiébilé Dramé du PARENA.

 

 

Abdrahamane Diarra : « Les marches sont toujours maintenues pour le retrait de ce projet de réforme constitutionnel »

Après la démonstration de force de samedi, le président de la jeunesse URD Abdrahamane Diarra nous a accordé une interview dans laquelle il s’exprime sur les suites à donner au mouvement de contestation contre la révision.

Après la grande marche de samedi, observez-vous un changement auprès du gouvernement ?
Oui bien-sûr, après la marche historique du samedi 17 juin, le changement est évident du côté du pouvoir déjà avec la sortie du Président qui annonce le report du référendum qui ne se tiendra plus le 09 juillet, et ensuite la violence verbale  des représentants du pouvoir caractérisant l’insuffisance d’arguments de leur part (cas de Moussa Timbiné).

D’autres mouvements contre le referendum sont-ils à prévoir ?
Oui, ce mercredi 21 juin la plateforme  » ANTÈ ABANA NE TOUCHE PAS À MA CONSTITUTION » organise une conférence de presse pour s’exprimer sur la situation.
Aussi les marches prévues pour le 1er juillet qui se tiendront à Bamako, dans les capitales régionales et partout dans le monde où des relais de la plateforme ont vu le jour, sont toujours maintenues pour demander le retrait pur et simple de ce projet.

Avez-vous été contacté par le gouvernement pour trouver une solution à la problématique de la révision constitutionnelle ?

A ce jour le gouvernement n’a pas contacté la plateforme dans ce sens.

Il se murmure que le président du parti URD (Soumaila Cissé) aurait été interdit de parole samedi à la marche, que répondez-vous à cela ?

Non absolument pas, vous savez lors de telles manifestations, les participants sont les militants des partis et associations qui organisent l’événement, et ceux-ci viennent pour entendre les mots d’ordre venant de leurs leaders, donc au contraire sa prise de parole était attendue, d’ailleurs vous avez vu les interviews que le Chef de file a accordé aux différents Media qui ont donné une certaine envergure aux messages de la marche. L’objectif de cette marche vise à sauver le Mali donc il va au-delà des petites propagandes scandées par des individus hostiles aux intérêts du peuple.

 

Démonstration de force contre la révision constitutionnelle

Plusieurs milliers de personnes ont marché ce matin contre le referendum voulu par le gouvernement pour une révision de la constitution.

Vox populi, vox dei. C’est une véritable marée humaine qui a déferlé ce matin dans les rues de Bamako. A l’appel d’une quarantaine de partis politiques et de plusieurs associations, un nombre conséquent de personnes sont venus marcher pour dire non à la réforme constitutionnelle et au referendum du 9 juillet prochain. Des milliers de personnes brandissaient des affiches sur lesquels on pouvait notamment lire ‘’touche pas à ma constitution ‘’, ‘’non à la monarchie’ ’ou encore non à la ‘’partition du Mali’’. Tous scandaient en cœur ‘’IBK, carton rouge, on en a marre, dégage’’. « Il nous a déçu, on a eu confiance en lui, mais il nous prend pour des incultes » se lamente un marcheur. Un sentiment partagé par nombre de personnes présentes qui s’estiment trahis par le régime du président Ibrahim Boubacar Keita. Au milieu de la foule encore en ordre dispersée, le député Mamadou Hawa Gassama, toujours chaud bouillant, harangue ses partisans. Prévue pour 9h, la marche à pris du retard. En partie, selon les organisateurs, à cause du blocage du pont qui ne serait selon eux que l’œuvre du gouvernement. « Vous voyez qu’il y a déjà beaucoup de monde ici, il y en a encore plus de l’autre côté du fleuve, sûrement le double, qui cherche à nous joindre, nous les attendons un peu, l’objectif est de faire voir au gouvernement que notre détermination est sans faille » affirme Modibo Diakité de la plateforme An tè a bana.

Au milieu de la foule compacte, certaines personnalités de divers horizons se sont également jointes au mouvement contestataire. Parmi eux, le rappeur Mobjack, un temps célèbre auprès des maliens, le chanteur-entrepreneur Amkoulel ou encore l’humoriste Paracetamol. Le frère d’Oumar Mariko, également présent se faisait confondre avec le président du parti SADI, et n’échappait donc pas à des séances de selfies.

Vers 10h, le cortège formé par le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, Modibo Sidibé de FARE, le député Amadou Thiam, le populiste Ras Bath et le prêcheur Chouala Baya Haidara ont entamé le trajet qui les mènera de la place de la liberté à la bourse du travail.

Derrière le cortège, une sonorisation mobile joue le célèbre morceau du groupe Tata Pound ‘’Président T’jikan’’, une ode à la lutte contre les dérives et une marche à suivre pour la bonne santé du pays. Au milieu des manifestants, un homme se fait remarqué. L’habit mouillé par sa sueur, il invective à tous va, le président et sa famille, sous les applaudissements d’une partie de la manifestation. « Il veut (IBK) créer le sénat pour mettre à sa tête son fils, on l’accepte pas, on ne le fera jamais, le Mali c’est pour nous tous » disait-il notamment.

A la bourse du travail, une énorme foule était massée dans l’attente des différentes interventions.

Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, s’est exprimé en premier. Ne jouissant pas d’une grande popularité, sa parole n’a eu que peu d’échos auprès des personnes qui se posaient la question de savoir qui il était.

« Nous ne voulons pas de cette révision constitutionnelle, et nous saluons tous ceux qui sont sortis pour montrer leur dévouement au combat » a enchaîné Chouala Haidara.

Prenant la parole sous les applaudissements nourris, Ras Bath a d’abord tenu à remercier ironiquement le ministre Kassoum Tapo, et le président IBK. « Sans eux, ce rassemblement n’aurait pas pu se faire, il y a plus de vingt ans nous sommes sortis pour nous opposer à Moussa Traoré car nous estimions qu’il avait trop de pouvoir, nous ne voulons plus retomber dans cette époque, ceci n’est qu’une petite dose de «choquer pour éduquer», s’ils l’enttendent et qu’ils font marche arrière tant mieux, dans le cas contraire prenez tous vos cartes NINA et allez voter, non » a exhorté l’animateur.

 

Révision constitutionnelle : Des maliens s’expriment

Le projet de texte qui doit être soumis au référendum le 9 juillet prochain fait l’objet de plusieurs contestations. Cette réforme devrait permettre d’ériger une démocratie plus efficiente, plus réelle que formelle en donnant des moyens de contrôle aux citoyens dans la gestion des affaires publiques.

Avec la nouvelle constitution du 9 juillet 2017 si le « Oui » passe, c’est désormais le président de la république qui désigne le président de la cour constitutionnelle composée de neuf personnes. Selon le projet de révision constitutionnelle, trois membres de cette institution seront désignés par le président de la République, deux par l’Assemblée nationale, deux par le Sénat et deux autres par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Dans l’opinion publique, ce changement fait du président de la République un roi car compromet l’indépendance de la cour et remet en cause la séparation de l’exécutif du judiciaire.

A la veille de la marche de protestation de la plate forme « ANTE ABANA » contre ce projet de réforme constitutionnelle, nous sommes allés à la rencontre de certains de nos concitoyens. Opposés ou favorables à cette réforme, ils ont accepté de nous livrer leurs arguments.

Pour  Ibrahima khalil Ben Mamata Toure, juriste et membre de la commission de la plateforme Ante-Abana « Ne touche pas ma constitution », cette réforme ouvre  la voix à un Mali asphyxié. «Dans sa forme, cette réforme est contestable à travers l’article 118 de la constitution de 1992 en vigueur et cela malgré l’avis incomplet de la cour constitutionnelle. Comment des sages triés sur le volet peuvent occulter explicitement le droit interne qui implique le rapport entre Etat et citoyen de ce même Etat, alors que notre hymne nationale effleure déjà la question, je cite « …si l’ennemi découvre son front au-dedans ou au dehors, Debout sur les remparts… Dans sa forme, cette réforme est contestable parce qu’elle viole l’article 118 de la constitution actuelle. Ce n’est  un secret pour personne en République du Mali que certaines localités du Nord et du centre nous échappent carrément, ou plus de 300 écoles sont fermées, sans aucune présence de nos forces de défense et de sécurité suivi d’une application du jugement islamique (charia) dans certaines zones les vendredis. Pourquoi diable, certains esprits se force à faire « gober »aux malien que tout va bien, pendant que le pays nous échappe », estime Monsieur Toure, qui considère qu’en bien des points ce document renforce d’avantages les pouvoir du Président de la République avec une interférence de l’exécutif dans le législatif qui se constate naturellement avec la nomination des 1/3 des sénateurs par le Président de la République.

Egalement opposée à la révision, madame Sokona Niane, estime que le Mali n’est pas prêt pour avoir un sénat. « L’Etat qui disait n’avoir pas les moyens d’augmenter les salaires des enseignants et des médecins en grève, en aura-t-il pour les sénateurs ». Elle accuse aussi les députés d’avoir trahi les citoyens qui ont voté pour eux et pointe du doigt la méconnaissance du contenu du texte proposé par la majorité des citoyens.

Monsieur Adama  Dembélé, conseiller commercial, aussi opposé à la réforme, évoque la violation de l’article 118, avant de pointer du doigt le renforcement des pouvoirs du président. Il juge inopportun une révision de la constitution dans la situation actuelle du Mali.

Djimé sow, enseignant, estime par contre qu’il est normal de faire une  révision constitutionnelle, mais considère que le moment ne convient pas. Il pense notamment qu’il faut honorer les engagements pris à la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. « On parle de référendum lorsque c’est la voix du peuple, si tout le monde ne peut pas s’exprimer au même moment sur l’étendue du territoire parce qu’une partie est sous l’emprise des terroristes, il faut régler ce problème avant tout référendum » explique-t-il.

Pour Modibo Konaté, « cette nouvelle constitution donnera un pouvoir économique et une gestion vraiment décentralisée au Mali. Et c’est la base même de l’accord d’Alger. Il n’y aura jamais de développement sans décentralisation et il n’y aura jamais de décentralisation sans réforme de la constitution. Certes il y a eu des insuffisances dans la communication et l’ordre d’information mais cette réforme prévue et voulue depuis Alpha Oumar Konaré demande un courage politique pour un Mali qui veut aller vers l’apaisement et le développement

Enfin, Abdoulaye Coulibaly a plusieurs qui le pousse à être pour la révision constitutionnelle. Il stipule que la révision s’inscrit dans une suite logique depuis le pacte national de 1992 qui souhaitait aller vers une décentralisation plus proche des collectivités. Il rappelle que l’idée de la révision constitutionnelle a germé après la révision du 25 février 1992. Pour lui, outre les sujets précédemment abordés, la question de l’intérim en cas de vacance du pouvoir est aussi importante . « j’aurais souhaité que ça soit assuré par le président du sénat, du moment où le sénat est une institution qui ne peut être dissoute ».

Marche de protestation : Amnesty international appelle les autorités à ne pas recourir à la force

À la veille d’un rassemblement contre le projet de révision constitutionnelle qui se tiendra samedi 27 juin à Bamako, Amnesty international, l’ONG qui défend les droits de l’homme dans le monde, a appelé, dans un article publié sur son site internet, les forces de sécurité malienne à « s’abstenir de recourir à une force inutile ou excessive contre les manifestants » lors de cette marche de protestation qui se veut pacifique.

Depuis le vote à l’Assemblée nationale du projet de nouvelle Constitution qui devra être entériné par référendum le 9 juillet prochain, l’ONG constate que les autorités maliennes ont multiplié les intimidations à l’encontre des opposants à ce projet de révision. Les manifestations pacifiques contre ce projet de réforme, les 8 et 10 juin dernier, ont été parfois violemment réprimées, certains manifestants ont été molestés et gazés par les forces de l’ordre, au moins huit personnes ont été blessées lors de ces manifestations.

À la veille de la marche du samedi 17 juin, Amnesty International demande aux autorités maliennes de garantir le droit à la liberté de manifestation pacifique. « Le fait d’interdire systématiquement à des citoyens de manifester pour exprimer une opinion constitue une restriction injustifiée au droit à la liberté de réunion pacifique,» a déclaré Gaetan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. « Jusqu’à preuve du contraire, ces manifestations ne constituent aucune menace, et rien ne saurait justifier l’utilisation excessive de la force à l’encontre de ceux qui y participent. », ajoute-t-il, se référant à l’article 5 de la Constitution malienne qui précise : « L’Etat reconnaît et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et venir, le libre choix de la résidence, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation. ».

Les autorités brandissent l’état d’urgence, en vigueur dans le pays depuis novembre 2015, pour justifier l’interdiction des manifestations, suscitées principalement par une mesure particulière qui autorise la création d’un Sénat qui donnerait de nouveaux pouvoirs au président de la République. « Les autorités doivent veiller à ce que les voix dissidentes puissent s’exprimer sans crainte et sans subir de manœuvres d’intimidation ni de harcèlement », conclut Gaetan Mootoo.

Censure Facebook : une mesure efficace ?

La majorité des internautes maliens ont été privés d’accès au réseau social Facebook depuis mardi 13 juin. Une coupure qui aurait un lien direct avec les manifestations prévues pour protester contre le projet de réforme constitutionnelle voté par l’Assemblée nationale le 2 juin dernier. C’est en tout cas ce que pense un des membres de la plateforme « ANTESON A BANA », opposée à cette réforme. « Il s’agit d’une volonté délibérée des autorités de nous empêcher de communiquer. Cette réforme est inopportune, le gouvernement a mieux à faire, comme sécuriser certaines villes du pays comme Kidal par exemple », lance Elhadj Tandina, qui ajoute qu’en 1991, « il n’y avait même pas de téléphone portable, ce qui n’a pas empêché le peuple de se réunir ». Pour cet autre membre de la plateforme Anteson a bana, « les autorités doivent comprendre que la constitution de 1992 qu’elles souhaitent réviser a été acquise au prix du sang des martyrs et après un large consensus. Pour celle qui est proposée, personne n’a été consulté y compris le parti au pouvoir », souligne-t-il, confirmant que la censure de Facebook n’impactera pas la mobilisation contre cette réforme.

Sur les raisons de cette coupure, certains avancent par contre qu’il s’agirait d’une coupure au niveau d’un satellite sans aucun lien donc avec des manifestations liées à la réforme constitutionnelle.

Contacté par la rédaction via son service client, Orange, le principal opérateur de téléphonie et fournisseur d’accès à internet, indique qu’ils ont aussi « constaté la coupure » et qu’ils informeront les clients dès que le service reprendra. À la question de savoir s’il s’agit d’une panne technique, ils répondent que ce n’est pas lié à leurs équipements et que cela concerne tous les opérateurs.

Cette coupure de Facebook, qui n’est pas une première, est diversement appréciée par les internautes. Pour Monsieur Renaud Gaudin, responsable de Mali 100 Mégas (qui lutte pour l’accès à internet à haut débit), cette censure peut avoir un impact positif en permettant à ceux qui ne travaillent pas à cause de Facebook de découvrir d’autres aspects plus intéressants d’internet.

S’il dit ignorer les raisons de cette coupure, il reconnaît que bloquer Facebook n’est pas l’idéal. Il ajoute qu’il existe cependant des moyens de contourner. Même si ces solutions qui passent par le téléchargement de certaines applications peuvent coûter chères aux internautes.

Habitué pour ne pas dire accro du net, Monsieur Guindo, blogueur, vit mal cette interruption d’accès au réseau social. Il estime néanmoins être « préparé » pour ce genre de situation. Des applications disponibles à partir des téléphone Android existent comme les VPN, un système permettant de créer un lien direct entre des ordinateurs distants, Constiégalement disponibles pour ceux qui se connectent à partir d’un ordinateur.

Révision constitutionnelle : à la lumière du droit

Déposée sur la table de l’Assemblée nationale en mars dernier, le projet de révision de la Constitution de 1992 a été adopté par les élus le vendredi 2 juin dernier. Qu’en pensent les acteurs du droit ? Eléments de réponses avec le Dr Fousseyni Doumbia, professeur de droit et constitutionnaliste.

Pour le Dr Doumbia, un premier postulat doit être posé : la Constitution du Mali est l’une des plus stable au monde mais aussi une des plus dépassée. « Elle n’a pas subi la moindre réforme depuis son adoption en 1992. Mais une constitution a besoin d’évoluer, de tenir compte de la matière constituante et être adaptable aux nouvelles circonstances. Dans ce sens, elle est dépassée ». Selon le juriste, il y a beaucoup de dispositions de droit constitutionnel qui permettent à la démocratie d’être de plus en plus évoluée. Jusqu’à présent, le Mali n’a pas pu en tenir compte. « Quand on regarde sur le plan international, il y a par exemple une directive de l’UEMOA qui demande à ses états membres depuis 2000 d’instaurer une Cour des comptes. Jusqu’à présent le Mali ne l’avait pas encore fait parce que la disposition qui doit permettre la mise en place de cette cour se trouve dans la constitution. Et dans celle de 1992, il n’est question que d’une section des comptes. Il faut donc changer la constitution pour cela et à ce jour c’est seul un référendum qui peut le faire », poursuit-il, en ajoutant qu’« on ne peut pas organiser un référendum et utiliser l’argent du contribuable pour des dispositions qui ne sont pas d’une trop grande sensibilité pour la vie de la Nation ». C’est pourquoi il estime que la nouveauté dans la constitution révisée qui est de faire passer certaines modifications devant l’Assemblée nationale est un point positif.

En ce qui concerne la question du non-respect du fameux article 118 alinéa 3 de la Constitution de 1992, le Dr Doumbia estime « qu’au moment de la votation référendaire, il y aura des citoyens qui n’auront pas suffisamment de liberté pour faire un vote aussi important ». « Si le référendum ne permet qu’à une minorité de voter, il y a piège », prévient-il. Selon notre expert, « le droit constitutionnel a prévu des mécanismes d’adaptabilité à la situation d’un pays. Que l’on soit dans un état normal ou dans un pays fragile comme le Mali, il y a des solutions. On va au référendum au mois de juillet alors que la classe politique est divisée, le peuple malien n’est pas suffisamment imprégné du contenu de cette réforme et il a d’autres priorités comme la sécurité et le retour à la stabilité. Il y a des mesures particulières qui auraient pu être mises en place par rapport à la situation particulière du Mali ». Et de prendre l’exemple de pays où il y a eu des constitutions de transition qui ont régi les périodes de crise avant que ne soit votée une nouvelle constitution qui ouvre la voie à une nouvelle république.

 

Une révision constitutionnelle qui divise

« Je ne suis pas les réseaux sociaux mais on me tient au courant de ce qui s’y passe ». En prononçant cette phrase, Me Kassoum Tapo, ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’État place la conférence de presse organisée dans les locaux de son département, à la Cité administrative, dans son contexte : une vive contestation a cours, notamment sur les réseaux sociaux, depuis le vote par l’Assemblée nationale, le vendredi 2 juin 2017, du projet de révision constitutionnelle. Quelques heures avant la rencontre à laquelle une cinquantaine de journalistes ont pris part, preuve que le besoin d’information sur le sujet était là, à peu près une centaine de jeunes s’étaient réunis à la Maison des jeunes de Bamako. À l’initiative du Mouvement « Trop c’est trop », ils ont discuté pendant des heures de la révision et des raisons qui, selon eux, en font une entreprise inopportune. Une opinion partagée par de nombreux autres regroupements de jeunes, d’organisations de la société civile et de partis politiques, qui appellent à surseoir au projet, malgré son vote à l’Assemblée nationale.

« Je souhaitais vous rencontrer pour vous faire l’économie de ce projet, qui est porté par le chef de l’État et qui a pour objectif le confort de notre démocratie », déclarait le ministre Tapo. Création de nouvelles institutions et renforcement du pouvoir des anciennes, réaffirmation des valeurs de la République, participation des Maliens de l’extérieur aux élections législatives, constitutionnalisation des collectivités territoriales et interdiction du nomadisme politique à l’Assemblée nationale font partie des « avancées majeures » contenues dans le texte qui devrait être soumis à référendum le 9 juillet prochain. À un mois de cette échéance, alors que le texte proposé au vote n’a pas encore été divulgué, l’exercice a été salué par les hommes de presse qui en ont « appris un peu plus. Parce qu’on était dans le noir »… Mais cet effort d’explications ne semble pas satisfaire les détracteurs du texte qui estiment que, par son fond mais aussi son chronogramme, cette réforme de la loi fondamentale de 1992 n’est pas à propos et intervient dans un contexte défavorable.

Multiples obstacles « Chez moi, à 15 km de Macina, ici tout près dans la région de Ségou, aucun homme en uniforme n’ose s’y rendre », se lamente Abdoulaye Koné, rencontré à la réunion de « Trop, c’est trop ». « Comment alors va-t-on faire pour y faire voter des gens qui n’ont même pas oser résister contre la fermeture de leurs écoles ? », poursuit-il. Baba Dakono, juriste et ancien collaborateur de la commission Daba Diawara, chargée en 2011 de proposer un projet de révision constitutionnelle, est du même avis. Ce précédent projet avait également été voté par le parlement, mais le coup d’État de 2012 avait empêché sa ratification par référendum. « Si le président de la République, garant de l’intégrité territoriale, estime qu’un référendum peut être organisé, il est important pour lui, le gouvernement, l’Assemblée nationale, de donner l’assurance au peuple que le vote pourra s’exprimer en toute liberté », affirme-t-il, en citant une longue liste de localités, du Nord comme du Centre, qui sont sous contrôle de groupes armés et échappent au giron de l’État malien. « Dans la région de Ségou, sur les sept cercles de la région, deux sont, en grande partie, sous contrôle de groupes armés. Dans la région de Mopti, l’État malien n’a aucun contrôle sur les cercles de Tenenkou, Youwarou et Douentza. Aucun des groupes armés dans ces localités n’est signataire de l’Accord pour la paix. Dans ces conditions, comment garantir la liberté de vote dans ces localités sous domination de groupes armés, où l’État malien n’existe que dans les souvenirs ? », s’interroge-t-il.

L’opposition qui a voté contre le texte à l’Assemblée nationale, estime elle aussi que le référendum n’a pas lieu d’être en ce moment. « Est-ce que le moment est propice à une révision ? La constitution elle-même résout ce problème. L’article 118 dit qu’on ne peut pas engager une procédure de révision quand le problème d’intégrité se pose. Certains vont dire que c’est quand on est agressé. Ce n’est pas ça ! L’intégrité est entachée quand la souveraineté de l’État ne s’exerce plus sur l’ensemble de son territoire. Laissons l’origine de la crise et regardons l’état  de notre pays aujourd’hui. Il y a des territoires où il n’y a plus d’État, plus d’armée. On peut tenter de faire des communales dans ces conditions, parce qu’on pourra toujours rattraper avec des scrutins partiels. Mais une révision de la Constitution, quand une bonne partie de la population ne vote pas, vous ne pouvez pas rattraper cela », déclare le député Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée nationale.

Les inquiétudes portent également sur le calendrier du vote. Le mois de juillet est en plein dans la saison des pluies et des travaux du début de la campagne agricole, ce qui fait craindre une faible participation des populations rurales au scrutin. « Si on ne fait pas ce référendum maintenant, on ne pourra pas le faire à la fin septembre début octobre, parce que ce sera la période de révision des listes électorales. Un travail qui ira jusqu’en décembre. 2018, ce sera l’année des grandes élections, et ce ne sera pas également l’idéal de le faire à ce moment-là. Il vaut mieux faire le sacrifice de le faire maintenant », défend Me Tapo.

Divergences sur le fond Au cœur de la controverse, le renforcement du pouvoir du président de la République. Pour ses pourfendeurs, ceci fait passer le Mali d’un régime semi-présidentiel à un régime présidentiel, mais avec la sauvegarde de l’irresponsabilité du président vis-à-vis du parlement. « Cela veut dire qu’on veut créer un président monarque, alors qu’en 92, c’était l’équilibre des différents pouvoirs. Toucher à cela, c’est toucher à la quintessence de ce que le peuple voulait », déplore Mody N’diaye. La question du Sénat est également sur le tapis. « Le Sénat va avoir dans ses missions le vote des lois. Il doit être indépendant vis-à-vis de toute autre institution. Nous sommes tous des humains, comment pouvez-vous comprendre que les nommés ne soient pas regardants dans leurs décisions par rapport à l’autorité qui nomme ? Donc, une nomination du tiers des Sénateurs ne peut pas s’expliquer, c’est anti-démocratique », poursuit le député. « Certains disent que l’objectif est de permettre aux notabilités d’accéder au Sénat, eh bien qu’on trouve des mécanismes par les collèges appropriés pour leur élection », conclut-il. « Les autorités coutumières ont souvent beaucoup plus de légitimité que les politiques. Malheureusement, elles ne participent pas de manière officielle aux institutions dans le pays. Cette innovation va permettre au président de la République de choisir, indépendamment de toute coloration politique, les personnes qui ont une légitimité reconnue, les sages, les gens responsables, afin qu’ils viennent au niveau de la représentation nationale pour défendre les populations à la base », répond le ministre Tapo. Pour Abdou, internaute très virulent sur le sujet, « il est même difficile de comprendre en quoi il nous faut ce Sénat, quand plusieurs pays sont en train d’y renoncer ».

Alors que les conditions matérielles sont en train d’être réunies pour la tenue du scrutin et que la « campagne référendaire va bientôt commencer », selon Me Tapo, certains veulent tout simplement son annulation pure et simple. « C’est pour cela que nous devons nous battre. Si on tient cette élection, le oui va gagner quel que soit ce qu’on pourra faire », déplore D., militant associatif. « Il faut empêcher sa tenue ». Comment ? Il ne sait pas trop. À l’Assemblée nationale, l’opposition affûte ses armes et se prépare pour déposer un recours devant la Cour suprême. Argument : le président de la République, en annonçant cette réforme, avait mis l’emphase sur la décentralisation poussée. « C’est ce qui justifiait son initiative. Mais ici, nous tous nous avons refusé cela, et toutes les dispositions relatives à la décentralisation ont été supprimées. On est revenu stricto sensu à la formule de 1992. Cela veut dire que nous ne sommes plus dans l’initiative présidentielle », explique l’Honorable N’diaye. Si le recours est rejeté ? On appellera à voter non, répond-on. Un camp du non qui pourrait grossir au fil des jours. Une marche est prévue ce 8 juin dans cet objectif. À moins que la campagne d’information annoncée par les autorités, qui devrait se faire dans la plupart des langues nationales, ne finisse par convaincre les électeurs qui attendent encore de prendre connaissance du texte qui n’est pas encore rendu officiel à l’heure où nous bouclons ce numéro…

 

Révision constitutionnelle : une campagne pour le « Non » se propage sur les réseaux sociaux

Les internautes ont pris d’assaut les réseaux sociaux depuis l’annonce du référendum constitutionnel portant sur la révision de la constitution de 1992. Une contre campagne est menée sur toile. Elle appelle les uns et les autres à voter « Non » au projet de révision constitutionnelle.

Depuis l’annonce de la date du référendum constitutionnel prévu pour le 9 juillet où les Maliens sont appelés à se prononcer sur le projet de révision constitutionnel, les internautes mènent campagne déjà sur la toile. Tous semblent décidés à faire front contre cette nouvelle constitution censée remplacer celle du 25 février 1992. « Si ce projet passe c’est que le Mali est foutu », écrit Siaka Tamboura sur sa page. Les commentaires ne se sont pas faire attendre. Tous partagent l’idée de Siaka et appellent à la sensibilisation sur internet, « l’article 118 doit suffire pour comprendre le complot qui se cache derrière ce projet », écrit un autre internaute appelant les esprits encore incrédules à lire cet article. L’avant-dernier alinéa de cet article stipule en effet, que « aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». Une disposition qui selon plusieurs internautes met fin au débat car certaines régions du pays tel que Kidal échappe encore au contrôle de l’état.

Les blogueurs s’en mêlent. La communauté des blogueurs du Mali dénommée « Doniblog » a également pris position. « Nous sommes contre ce projet de loi », affirme Abdoulaye Guindo, son président. Elle a même lancé un hashtag (#TouchePasAMaConstitution) repris par la majorité de ses membres. Pour Fatouma Harber, bloggeuse activiste, le débat est ailleurs, ‘’s’ils organisent un référendum sur une révision de la constitution avec un document complément inconnu des populations un mois avant le scrutin, c’est parce que l’avis de ce peuple-ci ne compte pas’’, écrit-elle sur sa page Facebook. Un avis largement partagé par les internautes qui voient en ce référendum un prétexte pour élargir les pouvoirs du chef d’Etat Ibrahim Boubacar Keïta dont la gestion du pays est constamment critiquée.

Le collectif « Trop c’est trop » très actif également sur les réseaux sociaux notamment Whatsapp a appelé à une marche de protestation pour dire « Non » au projet de loi en question. Elle aura lieu demain 8 juin. Les manifestant partiront de la bourse du travail et se rendront à la primature.

 

Révision constitutionnelle : Projet de loi adopté en attendant le référendum

Samedi 3 juin, tard dans la nuit, l’Assemblée nationale du Mali a adopté à la majorité, la loi portant révision de la Constitution. Si après le référendum de juillet prochain, cette révision constitutionnelle est adoptée, le Mali se verra doté d’un sénat qui viendra renforcer le parlement. L’opposition s’oppose à cette révision constitutionnelle, jugée comme une manœuvre visant à élargir les pouvoirs du président IBK, même si la loi sur les mandats présidentiels reste inchangées.

L’Assemblée nationale du Mali a adopté samedi 3 juin par 111 voix pour, 35 contre et 0 abstention, la loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Ce vote valider par le référendum national du 9 juillet prochain. Malgré une forte opposition, le gouvernement justifie cette révision constitutionnelle par la nécéssité de corriger des lacunes et des insuffisances de la Constitution de 1992.

Ce projet de loi permettrait au Mali de se doter d’un parlement composé de deux chambres, l’Assemblée nationale le Sénat en tant que chambre haute du parlement. Les clauses de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali seraient aussi prisent en compte dans cette révision constitutionnelle, tandis que la loi portant sur la durée et le nombre de mandat présidentiel, qui est de 5 ans renouvelable une seule fois au Mali, resterait inchangée.

Divisions politiques L’opposition malienne, dénonce cette révision constitutionnelle, qui selon eux, permettra d’accroître les pouvoirs du président Ibrahim Boubacar Keita, qui pourra nommer un tiers des sénateurs qui composeront le futur Sénat dans cette version révisée de la constitution. Le texte voté ce week-end dotera le président  «d’un pouvoir d’arracher au gouvernement la mission de la détermination de la politique de la Nation», en nommant «ses sénateurs», regrette Mody Ndiaye, président du groupe parlementaire d’opposition Vigilance républicaine et démocratique (VRD). D’autres députés de l’opposition ont dénoncé dénoncer un texte « élaboré pour servir purement et simplement les intérêts politiques de IBK ».

Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), du député de Kolondiéba, Omar Mariko, candidat à l’élection présidentielle, dénonce pour sa part, une nouvelle constitution qui ne reflète pas les aspirations du peuple malien. Selon le SADI, le texte soumis aux députés samedi à l’assemblée nationale n’a pas été rédigé par les fonctionnaires maliens mais serait l’œuvre d’un cabinet français engagé par le gouvernement de Bamako.

Face ces attaques, le gouvernement brandit le référendum du 9 juillet qui permettra aux Maliens de «faire leur choix», concernant cette loi portant révision de la Constitution, qui divise la classe politique.

Nouvelle constitution : les députés à l’écoute, avant de se prononcer

La commission Lois de l’Assemblée nationale, en charge du projet de loi relatif à la révision constitutionnelle, parcours toutes les capitales régionales du pays pour effectuer des auditions citoyennes. Objectif : écouter et prendre en compte les recommandations des organisations de la société civile et des populations.

Initialement prévus pour le 27 avril, les échanges autour du projet de révision constitutionnelle sont reportés pour le mois de mai. Elles auront lieu lors d’une séance plénière à l’Assemblée nationale, où les 147 députés de l’Hémicycle voteront pour ou contre le projet de loi. Le peuple sera également appelé à s’exprimer lors d’un référendum. D’ores et déjà, la commission Lois de l’Assemblée nationale, dirigée par l’honorable Zoumana Ntji Doumbia, est à l’écoute des organisations de la société civile et des populations afin de prendre en compte les opinions et recommandations de celles-ci.

Préoccupations des uns… La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont déjà été reçues à l’Assemblée nationale. « Nous les avons écoutés et avons pris en compte leurs recommandations », explique Zoumana Ntji Doumbia. Parmi leurs préoccupations, figure celle du principe de libre administration prévue au chapitre 3 de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Tel qu’il y est prévu, la nouvelle constitution devra assurer une plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales. « Les populations maliennes et en particulier celles des régions du Nord auront à gérer leurs propres affaires sur la base du principe de la libre administration », peut-on en effet lire à l’article 6 de l’accord. La création d’un Sénat et l’augmentation du nombre de circonscriptions électorales en vue d’améliorer la représentation des populations du Nord à l’Assemblée nationale, sont les attentes de la CMA sur le plan national.

Objections des autres Pour Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, « le projet de loi ne prend pas du tout en compte les recommandations de l’accord ». Et d’ajouter qu’il faudrait obligatoirement les intégrer. « C’est justement l’objectif des écoutes », répond l’honorable Doumbia, dont la commission a effectué à ce jour plus de quatre-vingt auditions citoyennes. Celles-ci se poursuivent actuellement dans les régions. « La forme républicaine de l’État, l’intégrité territoriale et la laïcité ne sont pas à discuter » et sont des points de la Constitution de 1992 qui ne seront pas touchés, tranche Algateck Ag Ouwaha, membre de la Plateforme.