Gouvernement : Impatience au RPM

Des informations font état depuis un moment de machinations dans les coulisses au sommet du Rassemblement pour le Mali pour une révocation du Premier ministre Soumeylou  Boubèye  Maiga, avec qui le courant ne passerait pas. L’impatience semble avoir désormais gagné le parti des Tisserands, où, même si aucune prise de position officielle n’est actée dans ce sens, quelques voix exigent désormais ouvertement la remise du tablier de SBM.

Le 3 avril 2019, lors de l’interpellation du gouvernement  à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga s’est fait représenter par des membres du gouvernement. Ce qui n’a pas été du goût de certains députés, notamment du RPM. « Je demande la démission du Premier ministre. Le problème du Mali c’est lui. Aujourd’hui rien ne marche dans le pays. Il doit penser au Mali et démissionner », déclarait Mamadou Tounkara, député RPM élu à Kita.

« Ce gouvernement ne peut pas nous amener loin. Il faut élargir sa base sociale et politique. Le gouvernement, dans sa taille et dans ses compétences, doit être revu dans les plus brefs délais », avait ajouté l’Honorable Mamadou Diarrassouba, 1er Questeur de l’Assemblée nationale et Secrétaire à l’organisation du RPM.

Primature en ligne de mire ?

Le parti du Président Ibrahim Boubacar Keita semble revendiquer aujourd’hui ce qui aurait dû lui revenir dans la norme des choses. Sur les 5 chefs de gouvernement de l’ère IBK, seul 1 était issu du RPM. Il s’agit d’Abdoulaye Idrissa Maiga, qui est passé à la Primature en 2017.

Réunis lors des 2èmes assises du Conseil central du parti, les 6 et 7 avril dernier, les responsables du RPM ont statué sur différents sujets, internes mais aussi relatifs à la vie politique du pays, sans pour autant jamais évoquer un « malaise » vis-à-vis du chef du gouvernement. Mais des indiscrétions font état d’un feu vert donné par le parti à ses députés lors de ces assises pour conduire la motion de censure contre le gouvernement.

« Si le RPM réclame aujourd’hui la Primature, ce sera sans aucun doute pour limiter les ambitions du Premier ministre actuel. C’est une manière de faire d’ores et déjà en sorte qu’il n’ait pas l’envergure et l’étoffe suffisantes pour briguer une candidature en 2023 », indique un analyste politique.

Mais rien n’oblige le Président de la République à choisir le prochain Premier ministre dans les rangs de sa propre formation politique, sauf en cas de motion de censure conduite par cette dernière. Un scénario vers lequel on s’acheminerait ?

Le Maire de la commune VI révoqué de ses fonctions

« Sur le rapport du ministre des Collectivités territoriales, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret portant révocation de Monsieur Alou COULIBALY, Maire de la Commune VI du
District de Bamako »,  peut-on lire sur le communiqué du  conseil des ministres du 2 mai 2018. Une décision dénoncée par le parti de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), mais qui aurait pu être évitée, selon certains observateurs.

En droit malien la décision de révocation peut être envisagée  après la suspension, « lorsque la faute reprochée est estimée suffisamment grave. Les deux formes de sanctions ne s’excluent pas », explique Maître Amadou Tiéoulé Diarra, avocat au barreau du Mali et professeur de droit. Ce qui est le cas, selon le ministre des Collectivités territoriales qui s’exprimait sur la question, à l’issue du conseil des ministres. « A la suite des rapports de l’inspection de l’intérieur ( .. .) Les faits qui lui ont été reprochés non seulement étaient  vrais, mais étaient très graves. »

Bien que relevant du pouvoir discrétionnaire du conseil des ministres, la décision de révocation doit respecter les règles en la matière, note Maître Diarra. Notamment, les arguments, car « la révocation doit être motivée. » Ce qui signifie que la décision peut être attaquée devant le juge administratif qui peut l’invalider en cas « d’absence de motifs ». Une démarche que s’apprête à engager, l’URD dont les responsables ne sont  guère étonnés par cette décision. « Nous ne sommes pas étonnés, depuis la suspension, nous savions que c’était le but principal. Mais le but recherché c’est de nous divertir », affirme Monsieur Moussa Seye Diallo, secrétaire général adjoint chargé de la communication du bureau national de l’URD.

Décision politique ?

En tout cas « la démocratie n’y gagne pas », car « politiquement certains peuvent penser que le jeu n’en vaut pas la chandelle », parce que la suspension du Maire serait la conséquence de sa décision d’accorder un espace à  Monsieur Moussa Sinko Coulibaly pour son meeting , estime Maître Diarra. Ajoutant que le ministre des Collectivité territoriales « aurait pu simplement annuler les décisions prises par le Maire et cela aurait donné des leçons. »

Estimant que le Maire Alou Coulibaly a fourni suffisamment d’explications, le secrétaire général adjoint de la communication de l’URD affirme que c’est son parti qui est visé. « A l’URD nous sommes légalistes, nous restons derrière la loi, nous nous défendrons, mais nous ne nous laisserons pas distraire. »

Révoqué, le Maire perd ses fonctions d’officier de police judiciaire mais demeure membre du conseil municipal.