3e RIMA : un noël dans le nord du Mali

Depuis votre arrivée au Mali, début octobre, votre mission a-t-elle évolué ? Non. Nous sommes actuellement 2.800 soldats français au Mali, dont 210 du 3e RIMa. Nous intervenons en dernier rideau pour laisser la place à  la police et à  l’armée malienne, puis à  la mission des Nations-Unies, au Mali. Ainsi, nous ne sommes pas intervenus sur les bureaux de vote lors du second tour des élections, le 15 décembre, mais nous étions déployés assez loin, pour débusquer des caches d’armes. Nous venons d’ailleurs de rentrer d’une opération de plusieurs semaines. La mission ne s’arrête pas, même à  Noà«l… Effectivement, nous devons être opérationnels sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Même à  Noà«l, il y a des patrouilles, des missions à  mener. Le réveillon prend, du coup, une forme différente. Nous fêtons Noà«l mais pas tous en même temps. La structure qui fournit les repas à  l’ensemble des armées, fait un effort particulier pour ce moment-là . Hier soir (NDLR, le 24), il y avait foie gras, dinde, fromage, très rare ici et bûche marbrée, au menu. Avec du champagne et du vin. Habituellement, on prend nos repas très vite. Là , on lit le menu à  haute voix, on le commente, on chante. Pour moi, le repas de fête est pour ce soir (NDLR, le 25). C’est une logistique un peu compliquée, qui sera à  nouveau mise en place pour le réveillon du 31 décembre. D’autres temps forts ont marqué ce moment de fête ? Depuis quelques jours déjà , des Marsouins ont construit une crèche, en bois, juste à  côté du centre opérationnel. Le petit Jésus y est maintenant en poste. Le 24, à  21 h 30, a eu lieu la messe de Noà«l. Elle a rassemblé beaucoup de monde, croyants ou non, car c’est aussi une grande fête. Après une aubade des sonneurs, nos soldats de Walis-et-Futuna ont amené une animation fleurie, avec chants et guitares. Nous vivons un Noà«l sous le ciel bleu et par 40ºC mais nous avons froid, la nuit, car la température descend en dessous de 10ºC. Noà«l est LA fête de famille. Comment fait-on pour lui garder ce caractère, lorsqu’on est en opération ? Nous disposons de tous les moyens de communication possibles. Même ceux qui sont sur le terrain, éloignés de notre base, ont une communication par satellite, avec leur famille, ce jour-là .Et puis, nous affichons les dessins des enfants, nous mettons en commun les photos et une grande partie des colis que nous envoient nos familles. Nous arrivons à  donner un côté très familial à  Noà«l, par ce partage et par l’esprit de camaraderie qui règne entre nous. Hier, nous avons ainsi partagé des produits bretons mais aussi du gâteau des Pyrénées, du fromage d’Auvergne, et, tout en gardant l’esprit clair, quelques vins de différentes régions de France. Ce climat de convivialité apaisante compense, en partie, l’éloignement. Est-ce finalement plus dur pour ceux qui restent en France ? C’est difficile pour nos familles comme pour nous. Il y a toujours un pincement au coeur. Rien ne remplace la présence et heureusement. Mais nos familles sont souvent elles-mêmes bien entourées. Elles se retrouvent, une fois par mois, au régiment, elles ont été invitées par le chef d’état-major aux Invalides… Et la population malienne, comment réagit-elle face à  votre présence, en ce moment particulier ? Nous devons remplir au mieux notre mission, tout en étant discrets et en mettant en valeur l’à‰tat malien qui se restructure. Pour des raisons de sécurité, il est impossible de faire la fête avec la population locale. Il y a encore eu un attentat suicide le 14 décembre, à  Kidal. Mais quand nous sommes rentrés de mission, le long du fleuve Niger, les gens nous acclamaient. C’est très surprenant pour nous. Le marché de Gao s’appelle maintenant marché Damien-Boiteux, du nom du lieutenant tué il y a presqu’un an… Oui, on nous souhaite un bon Noà«l. Avez-vous maintenant une date pour votre retour à  Vannes ? Fin janvier, il ne devrait plus y avoir que 1.000 soldats français au Mali. Pour le 3e RIMa, la fin de mission s’étalera probablement entre fin janvier et mi-février. à€ notre retour, les Vannetais pourront d’ailleurs découvrir un côté plus intimiste de notre mission, à  travers une exposition du photographe Didier Goupy, au Kiosque culturel.