L’Arabie Saoudite autorise enfin les femmes à conduire

 

La révolution est en marche en Arabie Saoudite. Par décret publié ce mardi 26 septembre 2017, le roi Salman a autorisé les femmes à prendre le volant.

L’Arabie Saoudite va autoriser les femmes à conduire. La décision annoncée hier mardi, à la télévision nationale a été prise par décret par le roi Salmane. Une révolution dans un pays très conservateur, où les femmes sont soumises à de nombreuses restrictions. Les saoudiennes devront néanmoins prendre leur mal en patience puisque le décret ne devrait être effectif qu’en juin 2018. Cette restriction était combattue depuis 1990 par diverses associations féministes. Plusieurs de ces militantes ont été arrêtées pour avoir défié l’interdiction. Le secrétaire général des Nations-Unies a salué « un pas important dans la bonne direction ».

Cette « avancée » ne serait toutefois pas dénuée d’arrière-pensées économiques. Frappé par la chute du cours du pétrole, le royaume veut inciter les femmes à se mettre au travail. Fin 2016 déjà, le prince saoudien Al Walid ben Talal avait alerté sur l’urgence de laisser les femmes conduire. Il avait déploré ‘’le coût économique’’ découlant du fait que les femmes en Arabie Saoudite dépendent pour se déplacer de chauffeurs privés ou de taxis. Et si un mari trouve le temps de conduire sa femme, cela suppose qu’il s’absente du travail ce qui réduit sa productivité, avait-il regretté.

Le pays continu donc sa mue dans le cadre de plan de réformes économiques et sociales à l’horizon 2030. Le samedi 23 septembre, des centaines de saoudiennes avaient pris place pour la première fois dans un stade de Riyad, à l’occasion de la fête nationale qui a donné lieu à des concerts et feux d’artifice. Jusque-là, les femmes n’y étaient pas admises en application de la règle de séparation des sexes.

 

Le roi d’Arabie saoudite propulse son fils, prince héritier, à 31 ans

Le roi Salmane d’Arabie saoudite a propulsé mercredi son jeune fils Mohammed prince héritier, confirmant son ascension dans un contexte de crise ouverte avec le Qatar et d’enlisement de la guerre au Yémen.

Selon un décret royal, le souverain a évincé son neveu le prince héritier Mohammed ben Nayef, pour le remplacer par son fils âgé de 31 ans.

Il a ainsi ouvert la voie à la deuxième génération de la dynastie Al-Saoud pour accéder au trône de cette monarchie ultraconservatrice du Golfe et première puissance pétrolière mondiale.

Devenu l’homme fort du pays après l’arrivée de son père au pouvoir en janvier 2015, le jeune Mohammed ben Salmane confirme ainsi son ascension fulgurante depuis sa nomination comme ministre de la Défense.

Selon le décret royal, il devient également vice-Premier ministre.

En revanche, le prince Mohammed ben Nayef, pourtant apprécié en Occident pour son action contre les groupes extrémistes, a été évincé de toutes ses fonctions: outre celle de prince héritier, il était vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur.

A la tête de l’Intérieur, le prince Abdel Aziz ben Saoud le remplace.

La Bourse saoudienne a salué la nomination en bondissant de plus de 4% à l’ouverture, et l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a été le premier dirigeant étranger à féliciter le nouveau prince héritier.

Allégeance

Le très influent comité des grands oulémas saoudien a salué, pour sa part, un « bon choix » du roi Salmane.

Selon un haut responsable saoudien, l’ancien prince héritier a cautionné la nomination de son successeur dans une lettre écrite au roi.

Arabie saoudite : principaux membres de la dynastie / AFP

Arabie saoudite : principaux membres de la dynastie / AFP

La télévision d’Etat a diffusé des images montrant les deux hommes s’embrasser à la suite de l’annonce, faite avant l’aube.

L’ancien et le nouveau prince héritier ont eu alors un échange d’amabilités. « Je vais me reposer maintenant. Que Dieu t’aide », a lancé le prince Mohammed ben Nayef, auquel son successeur lui a répondu: « Que Dieu vous aide. Je ne me passerai jamais de vos conseils ».

Le souverain saoudien a invité les membres de la famille royale, les hauts responsables et les citoyens à se rassembler mercredi soir dans son palais de la Mecque (ouest), pour faire allégeance au nouveau prince héritier.

En province, les autorités ont demandé aux Saoudiens de faire acte d’allégeance auprès des princes des différentes provinces.

Ayant la réputation d’un réformateur, Mohammed ben Salmane est aussi conseiller spécial du souverain et, surtout, il préside le Conseil des affaires économiques et de développement, organe qui supervise Saudi Aramco, la première compagnie productrice de pétrole au monde.

Sa nomination comme héritier du trône a été approuvée par 31 des 34 membres du « Conseil d’allégeance », selon la télévision d’Etat El-Ikhbariya.

Ce Conseil a pour rôle de désigner le prince héritier à la majorité de ses membres. Il avait été créé après une réforme des modalités de succession introduite en 2006 pour assurer une transition pacifique du pouvoir.

L’instance a été revigorée par le roi Abdallah, disparu en 2015, pour éviter les conflits lors des successions entre les fils vieillissants du roi Abdel Aziz ben Saoud, fondateur du royaume.

Jeune génération

En nommant son fils prince héritier, le roi Salmane, 81 ans, a modifié par décret l’ordre de succession, longtemps exclusivement réservé aux fils directs du fondateur du royaume pour l’élargir aux petits-fils de ce dernier.

L’amendement impose toutefois au futur roi de ne pas nommer l’un de ses fils comme héritier du trône, dans une apparente tentative de satisfaire les différents clans des Al-Saoud.

Ce développement majeur ouvre la voie à la deuxième génération des Al-Saoud de monter au trône du puissant royaume sunnite.

Il intervient sur fond d’une profonde crise entre le Qatar d’une part et l’Arabie saoudite et ses alliés de l’autre, après la rupture le 5 juin des relations avec les autorités de Doha accusées de soutenir « le terrorisme » et de se rapprocher de l’Iran chiite, rival régional du royaume saoudien.

La mise au ban du Qatar, associant les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte qui ont aussi rompu avec le Qatar, met en avant le nouveau prince héritier, appelé à contribuer à la gestion de cette crise inédite dans les relations entre pays arabes du Golfe.

En sa qualité de ministre de la Défense, le prince Mohammed supervise déjà le dossier de la guerre meurtrière au Yémen, qui s’enlise plus de deux ans après l’intervention de la coalition militaire arabe sous commandement saoudien.

Ryad appuie le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles chiites Houthis accusés d’être soutenus par l’Iran.

Régi par une version rigoriste de l’islam, le royaume impose de nombreuses restrictions aux femmes qui ne sont pas autorisées à conduire et est accusé de violations des droits de l’Homme par des ONG internationales.