Fatoumata Nafo Traoré : « Un vaccin contre le paludisme dans trois ou quatre ans »

«Â Nous avons besoin d’un partenariat fort avec tous les pays de manière à  pouvoir mobiliser les communautés et toutes les parties concernées par la lutte contre le paludisme », explique-t-elle par téléphone depuis Genève. Elle espère « vaincre le paludisme » dans les «Â trois prochaines années » en se focalisant sur cinq priorités : le développement d’un vaccin, le financement de programmes de lutte, l’investissement dans la recherche, le développement d’une approche intersectorielle et le renforcement du partenariat entre les différents acteurs concernés. Des financements en nette progression l’espoir est permis. D’importants progrès – notamment financiers – ont été faits ces dix dernières années, souligne Fatoumata Nafo Traoré. « Les financements sont passés de 200 millions de dollars par an à  2 milliards de dollars par an jusqu’en 2011. Ceci a permis la distribution de millions de moustiquaires et de traitements qui ont amené une réduction de la prise en charge de 30% dans le monde. En Afrique certains pays ont progressé de façon spectaculaire, notamment le Cap-Vert, sur le point de se débarrasser une bonne fois pour toute du paludisme. La Namibie, l’Afrique du sud et le Swaziland sont également en bonne voie. En Europe, la date de 2015 a été retenue dans la perspective de l’élimination totale de la maladie. En Asie du sud-est, d’importants progrès ont été réalisés dans des pays comme la Thaà¯lande et l’Indonésie. Un manque de volonté politique Certains pays sont en revanche à  la traine. « Il y a un manque de volonté politique mais aussi de financement adéquat. Le manque de financement peut être lié à  l’absence de financement via les budgets nationaux. On constate qu’aujourd’hui la majorité des financements viennent des contributions extérieures », note Fatoumata Nafo Traoré. La contribution de ces pays se limite en général à  l’apport de ressources humaines pour la mise en œuvre des programmes, ainsi que pour la logistique et la formation. A quand un vaccin contre le paludisme ? « Le vaccin le plus avancé (RTSS) ) l’heure actuelle assure une protection de 50%, affirme-t-elle. Nous espérons qu’il pourra être distribué d’ici trois ou quatre années. » Entretien réalisé par Modibo Fofana

L’alliance mondiale des hommes contre le paludisme à Genève

Le Ministre de la santé Oumar Ibrahima Touré, accompagné de Dr Mountaga Bouaré Conseiller technique, Dr Klénon Traoré Directeur du Programme national de lutte contre le paludisme, Dr Mamadou Namory Traoré; Directeur national de la santé et Dr Salif Samaké Directeur de la Cellule de planification et de statistique, participe à  ces assises qui durent du 12 au 14 mai 2010. Le Partenariat « Faire Reculer le Paludisme », constitue le principal forum mondial de mobilisation des actions et des ressources permettant d’obtenir un consensus et de coordonner les efforts pour la lutte mondiale contre le paludisme. Il comprend plus de 500 partenaires incluant des intervenants clés issus de 8 différents groupes d’intérêt. Il s’agit des pays endémiques, de Partenaires au développement multilatéral, du secteur privé, de Fondations, de Membres admis d’office, de milieux scientifique et universitaire, d’ONG et des pays donateurs de l’OCDE. La stratégie globale du Partenariat Faire Reculer le Paludisme, vise à  réduire la mortalité et la morbidité liées au paludisme par le biais d’une couverture universelle et d’un renforcement des systèmes de santé. Attentes du Mali Le Ministre de la santé a, au cours des travaux, mis l’accent sur le renforcement du système de santé, de la qualité des services et de la surveillance épidémiologique. Il a également fait part de la question cruciale des ressources humaines avec des questionnements : comment médicaliser tous les Cscoms de notre pays avec des médecins comme chefs de poste, comment recruter les médecins qui chôment afin de desservir les villages les plus éloignés. Sur ces questions, un appui du Partenariat Faire Reculer le Paludisme est beaucoup attendu. Oumar Ibrahima Touré a également parlé de la communication pour le changement de comportement à  maximiser. Il dira qu’au Mali, une campagne du Ministère de la santé est en cours sur 4 gestes qui sauvent, avec l’appui de l’Unicef, dont un geste concerne le fait de dormir sous une moustiquaire imprégnée. Au-delà , l’apport de l’ensemble des médias, des communicateurs traditionnels (les griots) et des religieux, pourrait renforcer les efforts autour de la lutte contre le paludisme jusque dans les villages les plus reculés. Et là  aussi, un appui du Partenariat « Faire Reculer le Paludisme » est attendu. Cela, parce que la disponibilité des médicaments à  elle seule ne suffit pas, comme l’a fait remarquer le Ministre de la santé de République Démocratique du Congo qui a dit : qui porte réellement les préservatifs et qui prend vraiment les Combinaisons Thérapeutiques à  base d’Artésiminine ou CTA contre le paludisme? Seule une véritable communication de proximité est à  même d’arriver à  bout du paludisme dans les pays endémiques, dira Oumar Ibrahima Touré. Ce faisant l’alliance mondiale des hommes, arrivera certainement à  bout de l’alliance mondiale des moustiques.