Un livre : « Echo Saharien, inconsolable nostalgie… »

Ce sont là  les premiers mots de l’aventure d’Intagrist El Ansari, à  travers ce roman Echo Saharien, Inconsolable Nostalgie paru aux éditions Langlois Cécile. Préfacé par l’écrivain Mauritanien Beyrouk, c’est d’abord un récit de voyage par voie terrestre entre 2009 et 2010. Avant les événements de la crise malienne. Le point de départ est Paris. Le sujet profond (Le Sahara) n’est abordé qu’à  partir de Ménaka, une ville touarègue, située à  1 500 kilomètres au nord-est de Bamako. L’auteur traversera l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, avant d’atteindre la capitale malienne et de poursuivre au nord du pays, vers Ménaka, siège de la dernière rébellion en Janvier 2012. Ce voyage est une réflexion intérieure, personnelle, parfois intime ou poétique, sur la nature humaine toute petite graine de sable dans un immense désert, à  la recherche des origines perdues dans la sédentarité, des grands espaces, d’émotions profondes simples et vraies que notre monde « uniforme », fait parfois d’artifices, ne permet plus de percevoir. Intagrist El Ansari est auteur indépendant. Il est Réalisateur, reporter et correspondant en Afrique du Nord-Ouest (Sahel/Sahara), pour Magazines TV et pour la presse écrite internationale. Il a notamment réalisé plusieurs magazines (formats : 3′ – 6′ – 12′ et 26′), pour l’émission « + d’Afrique » sur Canal + Afrique, Afrik’Art sur TV5Monde, Planète + et pour People TV, entre autres. Il a écrit de nombreux articles sur les cultures sahariennes, ses analyses et reportages sur le conflit malien et ses conséquences, sont publiés dans des journaux et magazines internationaux, notamment dans Courrier International (France), le Temps (Suisse), le Courrier (Genève), InfoSud (Suisse), La Libre Belgique, l’Humanité (France), Slate Afrique, Al-Jazeera English, Le Huffington Post… « Echo Saharien, l’inconsolable nostalgie », est son premier roman, paru aux éditions Langlois Cécile. Intagrist participe à  l’ouvrage de Titouan Lamazou, sur les Touaregs (Textes et portraits, parution, fin 2014, chez Gallimard). En 2013, il coordonne, en Mauritanie, le tournage et le contenu éditorial, du prochain film de Yann Arthus-Bertrand, « Human » (sortie prévue en 2015). Intagrist collabore, en 2011, pour l’écriture et la réalisation du documentaire « Woodstock à  Tombouctou », diffusé sur la WDR (Allemagne) et sélectionné dans de nombreux festivals du film.

SAS à Bamako : peut mieux faire…

SAS, C’’est une affaire qui tourne. Né en 1965 avec le titre SAS à  Istanbul, le prince Malko Linge n’est jamais à  court de missions ni de lecteurs. En effet, Gérard de Villiers, son créateur, écrit et publie (il est son propre éditeur depuis 1988) cinq romans par an, vendus au rythme effréné de 200 000 exemplaires par trimestre. Les ingrédients de sa recette miracle sont simples : un héros récurrent mercenaire de luxe à  la solde de la CIA, sexe et espionnage aux quatre coins du monde, et intrigues hyperréalistes mettant en scène des personnages réels au C’œur de l’actualité. Bien introduit dans les sphères du renseignement, ce journaliste de formation ne voit aucun intérêt à  inventer un scénario ou des personnages. La réalité est là  et avec elle, pas de risque d’incohérence. C’’est pourquoi, malgré ses 85 ans, Gérard de Villiers continue de se rendre sur le terrain avant d’entamer un roman. Il est ainsi venu à  Bamako en mai dernier s’imprégner de l’atmosphère chaotique du Mali et en rencontrer les principaux protagonistes du moment : le capitaine Sanogo et le président Dioncounda Traoré. Intrigue et suspense… Le 195ème récit des aventures de Son Altesse Sérénissime (SAS) Malko Linge, est le fruit de ce voyage. Panique à  Bamako est sorti en octobre dernier. La couverture, comme l’exige la collection, est illustrée par une jeune femme plus armée qu’habillée, sur laquelle brillent les trois fameuses lettres «Â SAS ». Plus bas, on peut lire : «Â Qui stoppera les Islamistes en route pour Bamako ? ». Que de promesses d’un suspens haletant ! Et pourtant, si l’intrigue est bien construite et réserve au lecteur quelques surprises, le sujet est très loin d’être fouillé. Bien que l’auteur se prévale de certaines informations, ses connaissances sur le Mali semblent très superficielles. On ne peut pas tout connaà®tre (surtout lorsqu’on est si prolifique). Aussi, une ultime relecture par un vrai connaisseur du terrain n’aurait pas été inutile pour corriger un certain nombre d’inexactitudes. Cela aurait permis par exemple d’apprendre à  M. De Villiers que Diarra n’est pas un patronyme touareg, que le chef d’Ansar Dine s’appelle Iyad Ag Ghaly et non Iyad Ab Aghala, de même que Mokhtar Belmokhtar ne s’appelle pas Mohktar Ben Mokhtar, que la ville de Segon n’existe pas, qu’à  Bamako il est extrêmement rare d’indiquer un endroit en précisant le numéro de la rue, que le FNLA est une milice arabe et non touarègue, que les Maliens du sud ne sont pas tous Bambara, que les Touaregs même s’ils ont la peau claire sont aussi des Africains, etC’… Cela aurait pu également permettre de déplacer un peu l’action hors des trois ou quatre lieux que Gérard de Villiers a du avoir l’occasion de visiter dans notre capitale. Préjugés et caricatures à  la pelle… De même, on s’aperçoit vite que dans un pays occupé aux deux tiers et dont l’Etat est en miettes, ceux qui sont concernés par cette panique annoncée ne sont pas les 14 millions de Maliens, pourtant dans une situation plus que précaire au moment des faits, mais les quelques dizaines d’employés de l’ambassade américaine… Finalement, le Mali n’est qu’un contexte exotique et sulfureux pour une histoire destinée à  un public occidental d‘abord. Enfin, pour ce qui est des personnages, ce n’est malheureusement qu’une galerie de caricatures et de préjugés parfois choquants. Au sud, les Maliens sont couards et cupides, au nord ils sont sanguinaires et sans pitié. Les Algériens, eux, «Â aimaient bien égorger. C’’était dans leurs gènes »Â… Quant aux femmes, qu’elles soient marocaines, algériennes, maliennes ou américaines, elles sont toujours jeunes et jolies mais sans vergogne ou sans cervelle, et leur seule utilité est de satisfaire des fantasmes bon marché ! C’’est donc dans un Mali désincarné que se déroule le dernier SAS. Au fil des lignes, on regrette de ne sentir aucun intérêt du héros ni de son auteur qui disait pourtant dans une interview accordée à  l’hebdomadaire Jeune Afrique en septembre dernier, qu’il aimait l’Afrique. En même temps, il y disait aussi qu’il aimait les femmes…

Liberté d’expression en Afrique : encore un long chemin à parcourir !

Le gouvernement algérien de Bouteflika s’est illustré ce 3 mai, Journée internationale de la liberté d’expression, en interdisant la parution du dernier roman de l’écrivain Mohamed Benchicou. En effet, sur instruction du ministre de la culture, Mme Khalida Toumi, le Directeur de la Bibliothèque nationale a refusé le dépôt légal du dernier roman de Mohamed Benchicou, «Â Le mensonge de Dieu » qui devait paraà®tre chez un éditeur algérois. Ce dernier avait introduit sa demande le 19 janvier dernier. «Â Le mensonge de Dieu », roman historique, va sur les traces du peuple algérien de 1870 à  nos jours à  travers les destins croisés d’une famille de combattants indigènes, insoumis et séducteurs. Le roman sort en librairie ce jeudi en France et au Canada chez les «Â Editions Michalon ». Contraire à  la constitution du pays A l’heure o๠la parole se libère partout dans le Maghreb et dans le monde arabe, le régime algérien vient de légaliser la censure en transformant une formalité administrative en «Â autorisation de paraà®tre », s’indignent dans la presse, les défenseurs des droits l’homme en Algérie.  «Â l’Algérie devient le seul pays dans le monde à  utiliser la délivrance du numéro d’ISBN, simple enregistrement dévolu à  la Bibliothèque nationale pour immatriculer les ouvrages afin d’en faciliter la gestion par les professionnels, en «Â permission d’éditer », a déploré l’auteur dans un communiqué publié dans la presse algéroise. «Â Mme le ministre de la Culture se substitue à  la justice de son pays, dont elle bafoue les lois, déplore Mohamed Benchirou. Qui précise que la censure d’une œuvre de création intellectuelle relève des prérogatives exclusives de l’autorité judiciaire, et non d’un ministre. La Constitution algérienne proclame dans son article 38 : l’auteur a, en effet, saisi toutes les instances nationales (Syndicat des éditeurs du livre, SNJ…) et internationales (Unesco, Organisation mondiale des écrivains, presse internationale…)   à  propos de cette nouvelle censure d’un autre temps décidée à  la veille de la célébration de la Journée internationale de la liberté d’expression. Des efforts au Mali La nouvelle de cette censure a indigné les défenseurs des droits de l’homme. Elle relance, une fois de plus, le débat sur le respect de la liberté d’expression dans les pays africains o๠de nombreux journalistes et écrivains sont censurés, traqués à  cause de leurs idées. Beaucoup d’entre eux sont exilés, ou ont disparu dans des conditions non élucidés. Selon le rapport 2011 de Reporters sans frontières (RSF), 18 journalistes ont été tués à  travers le monde. l’exemple de notre confrère Norbert Zongo (de « l’Observateur Paalga » du Burkina Faso) en est une illustration parfaite. En Gambie, au Rwanda, en République démocratique du Congo (RDC), au Cameroun, etc. (pour ne citer que ces pays), la liberté d’expression a véritablement du chemin à  parcourir. Dans ces pays, plusieurs citoyens régulièrement victimes de chasse aux sorcières à  cause de leurs prises de positions. Au Mali, si des efforts sont à  saluer, certains cas d’emprisonnements de journalistes restent encore de mauvais souvenirs. En 2006, plusieurs journalistes et animateurs de la radio « Kayira » ont payé les frais de leur liberté d’expression à  Niono. l’affaire dite de « la maitresse du président », a occasionné l’emprisonnement de cinq journalistes maliens, une page sombre de notre démocratie. Le débat en cours pour la dépénalisation des délits de presse sonne ainsi aux yeux des observateurs, comme une réponse aux menaces sur la liberté d’expression au Mali.