Prodi en Afrique de l’Ouest : crise politique et humanitaire au Sahel

Après avoir passé la journée du lundi à  Dakar, l’ex-président du Conseil italien doit se rendre à  Abidjan ce mardi et à  Niamey demain mercredi, en compagnie du représentant du secrétaire général de l’ONU pour Afrique de l’Ouest, Saà¯d Djinnit. La question de la crise malienne est au menu mais C’’est une perspective plus large qui est prise en compte lors de ce voyage. «L’objectif de cette visite conjointe est de discuter des défis auxquels est confronté le Sahel et comment y faire face », selon le texte, qui précise que cette visite s’inscrit dans le cadre de la « stratégie régionale intégrée de l’ONU pour le Sahel », qui inclut les questions humanitaires, de sécurité, de gouvernance, de droits de l’homme et de développement. Urgence de la question humanitaire « Les populations du Sahel ont été durement touchées par la crise alimentaire et nutritionnelle 2011-2012, et l’on estime que 8,5 millions de personnes seront encore dans l’insécurité alimentaire en 2013 », a rappelé lundi dans un communiqué l’agence régionale du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), basée à  Dakar. « La situation humanitaire est aggravée par l’impact de la crise du Mali qui a contraint plus de 353 000 personnes à  fuir pour plus de sécurité », ajoute OCHA qui précise que 1,6 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) sont nécessaires pour répondre aux besoins des populations de la zone. Romano Prodi et Saà¯d Djinnit rencontreront lors de leur tournée conjointe le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et son homologue nigérien Mahamadou Issoufou. Les deux chefs d’Etat plaident pour le déploiement rapide d’une force d’intervention internationale au Mali. La Cédéao a adopté un plan pour l’envoi d’une force militaire de 3.300 soldats sous conduite africaine, avec le soutien des pays occidentaux, qui doit être soumis avant la fin de l’année au Conseil de sécurité de l’ONU. M. Prodi s’est déjà  rendu à  deux reprises au Sahel tombé sous la menace jihadiste depuis le déclenchement de la crise au Mali, o๠un coup d’Etat en mars a précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes liés à  Al-Qaà¯da.

Romano Prodi :  » Ma mission n’est pas militaire, mais d’éviter la guerre au Mali « 

«Je ferai tout pour éviter la guerre au Mali. C’est mon devoir», a déclaré Prodi à  la presse, avant d’animer à  l’université Al Akhawayn une conférence sur la crise économique en Europe. «Ma mission n’est pas militaire, mais d’éviter la guerre», a-t-il ajouté en précisant que «la guerre est une tragédie». La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) vient d’approuver l’envoi au Nord du Mali d’une force de 3.300 soldats soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux. Ce plan doit être transmis à  l’Onu avant le 27 novembre, après avoir été validé par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouedraogo, a affirmé que la force africaine serait prête à  intervenir pour la reconquête du nord du Mali dès le feu vert de l’Onu. Romano Prodi a estimé qu’il «ne sera pas possible de résoudre la crise malienne sans développement» . «Il faut donner l’espoir aux gens du nord du Mali qui sont désespérés et qui n’ont pas d’alternative», a-t-il dit. Interrogé si l’option militaire était inévitable, il a répondu : «Non. Je parle aide humanitaire et développement pour éviter, si c’est possible, l’option militaire». Il a, toutefois, noté qu’il y a accord entre tous les membres du Conseil de sécurité sur le fait que «la lutte contre le terrorisme est très importante» et qu’«il faut faire quelque chose». L’envoyé de l’Onu avait déclaré, la semaine dernière, qu’il allait appeler à  une réunion internationale en décembre pour tenter de résoudre la crise au Mali. Prodi, chargé début octobre de coordonner les efforts de l’Onu pour mettre au point une stratégie sur le Sahel, a précisé qu’il voulait réunir les représentants des pays concernés, de même que des groupes régionaux (dont la France, la Grande-Bretagne et l’Union africaine), pour une réunion qui se tiendra à  Rome. L’envoyé de l’Onu a indiqué que sa visite au Maroc intervient après celle effectuée récemment en Algérie «pour avoir tous les détails sur la situation dans le Sahel». Il a relevé que le Maroc a un rô le «important» à  jouer dans la crise au Mali, de par sa position en tant que membre du Conseil de sécurité de l’Onu et ses «bonnes» relations avec tous les pays du Sahel. Concernant la crise en Europe, l’ancien président de la Commission européenne a prédit que cette crise sera «encore longue», se disant «triste» de constater que cette crise a touché plusieurs pays partenaires de l’UE, dont le Maroc. Romano Prodi devra recevoir mardi le titre de docteur Honoris Causa de l’Université Mohammed V-Agdal à  Rabat, un choix motivé «tant pour ses liens d’amitié avec le Maroc que pour ses efforts incessants en faveur de la promotion de relations diplomatiques du Royaume avec les pays du pourtour méditerranéen et de l’Union européenne», selon la présidence de l’Université.