Roumanie : Corruption, tolérance zéro

30 ans après les manifestations qui ont fait tombé le régime communiste, les Roumains sont de nouveau descendus dans la rue pour rejeter la corruption et l’injustice. Leur mouvement a eu raison du gouvernement mais va-t-il s’arrêter à cette 1ère victoire ?

Alors que le gouvernement roumain avait décidé, le 31 janvier, de faire passer en force un décret dépénalisant certains délits de corruption, des mobilisations massives ont eu lieu dans tout le pays. Depuis le 1er février au soir, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre le gouvernement mené par les sociaux-démocrates (PSD). Ce décret est considéré comme une preuve de la volonté délibérée des autorités de blanchir les politiques corrompus, à commencer par le chef du PSD, Liviu Dragnea, gracié par le nouveau gouvernement et revenu au pouvoir en décembre dernier, après une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraudes électorales. Après avoir tenté de calmer les foules, dimanche 5 février, en promettant de réécrire le texte, le ministre de la Justice, Florin Iordache, a finalement décidé, le lendemain, d’abandonner le texte. Ce recul du gouvernement roumain face au peuple n’est pourtant pas parvenu à calmer la mobilisation populaire.

 Le gouvernement poussé vers la porte Nettoyer la classe politique de ses élus corrompus, faire démissionner l’exécutif en place, c’est ce que réclament à présent les Roumains. La population estime en effet ne plus pouvoir faire confiance aux institutions, qu’elle juge complètement inféodées aux oligarques du gouvernement, l’absence d’indépendance et la corruption ayant créé les bases d’une crise qui remet en cause la légitimité de l’État. Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Sorin Grindeanu a répondu qu’il excluait de démissionner, assurant « avoir une responsabilité envers les Roumains » qui ont voté massivement pour le PSD lors des législatives du 11 décembre. Le départ de Florin Iordache, qui avait défendu la semaine dernière l’adoption du décret sans l’aval du parlement, est cependant plus qu’évoquée. « La démission d’un seul ministre est insuffisante », déclarait mardi 7 février le président roumain Klaus Iohannis,  qui a toutefois écarté l’organisation d’élections anticipées. « La Roumanie a besoin d’un gouvernement fort, pas d’un gouvernement qui exécute discrètement les ordres d’un parti », a-t-il ajouté, illustrant une nouvelle fois son adhésion à la mobilisation populaire, qui engagée depuis plus d’une semaine dans un bras de fer avec le gouvernement, semble pour le moment, avoir pris l’avantage.