A qui profite la mode des sommets avec l’Afrique ? (Chronique)

Les nombreux sommets que tiennent les grandes puissances mondiales avec l’Afrique renseignent à suffisance sur l’attractivité du continent. Cependant, les pays africains y participent en ordre dispersé sans agenda commun : une attitude individualiste qui ne semble pas profiter au continent… pourtant confronté dans son ensemble à des défis énormes dans plusieurs domaines. En raison de sa pertinence, nous rééditons ici cette chronique parue initialement le 21 novembre 2019.C’est un chiffre révélateur : sur les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, seule la Grande-Bretagne n’a pas encore son Sommet périodique avec l’Afrique. Sous l’ancien président américain, Barak Obama, les Etats-Unis avaient organisé en 2014 leur premier Sommet avec l’Afrique.

La France, quant à elle, tient depuis 1973 des sommets avec l’Afrique. D’abord, ce furent des rencontres entre Paris et les pays du pré-carré qui ont fini par être rejoints par tous les Etats du continent. Le 28ème Sommet Afrique-France est d’ailleurs prévu en juin 2020 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France.

Lancé en 2001, le sommet Chine-Afrique, qui a tenu sa 7ème édition en septembre dernier, est devenu un événement important de l’agenda des rencontres internationales. Longtemps restée à l’écart depuis la dislocation de l’Union soviétique, la Russie a organisé en octobre 2019 à Sotchi son premier sommet Russie-Afrique.

Sans être membres permanents du Conseil de sécurité, d’autres grandes nations du monde ont leur rendez-vous avec l’Afrique. Sous l’acronyme de Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD), le Japon tient depuis 1993 sa rencontre politique de haut niveau avec l’Afrique. La Turquie a tenu en novembre 2018 son deuxième Sommet avec l’Afrique à Istanbul.

Le Business contre l’aide

A la faveur du Sommet du G-20, l’Allemagne a lancé en 2017, son sommet avec l’Afrique sous le nom de « Compact with Africa ». Plutôt que de recevoir toute l’Afrique, Berlin a choisi une douzaine de pays du continent présentant des garanties de stabilité et des niches de progression en matière de développement et de commerce.

Ici, le paradigme n’est pas d’annoncer de gros montants d’aide au développement, ni de procéder à une annulation de la dette, mais de créer des interactions entre entreprises africaines et allemandes qui seraient soutenues par des accompagnements financiers de l’Etat fédéral allemand.

Quels que soient leur format et leur périodicité, ces Sommets avec l’Afrique révèlent un rapport de forces déséquilibré et une impréparation totale des Etats africains. Les pays d’en face ont leur agenda et savent ce qu’ils attendent des pays africains : le soutien diplomatique, les matières premières, de nouvelles destinations commerciales, de nouveaux clients pour les industries, y compris celles de l’armement, etc.

Les Africains en ordre dispersé !

En revanche, les pays africains arrivent à ces tête-à-tête en ordre dispersé et sans agenda commun. En effet, il n’y a aucune concertation préalable (pré-Sommet interafricain) pour arriver face à la Chine, la France, les Etats-Unis, la Russie, les Etats-Unis, le Japon ou la Turquie avec des propositions et des demandes transnationales.

Chaque Etat y vient avec ses attentes spécifiques. L’Afrique arrive donc avec 54 attentes alors que le camp d’en face arrive avec sa seule attente. Finalement, alors que ces sommets auraient pu servir à faire avancer des grands projets continentaux tels le financement des routes transsahariennes, des liaisons ferroviaires continentales, de la Grande Muraille Verte, les dirigeants africains repartent satisfaits des annonces d’annulation d’une partie de la dette, du doublement voire du triplement des échanges commerciaux dont on ne sait pas à qui ils profitent surtout.

Dans sa forme actuelle, le Sommet Afrique/reste du monde n’est qu’une grand-messe qui n’apportera aucune valeur ajoutée à la mobilisation pour améliorer le bien-être des populations.

A qui profite la mode des sommets avec l’Afrique ? (Chronique)

Les nombreux sommets que tiennent les grandes puissances mondiales avec l’Afrique renseignent à suffisance sur l’attractivité du continent. Cependant, les pays africains y participent en ordre dispersé sans agenda commun : une attitude individualiste qui ne semble pas profiter au continent… pourtant confronté dans son ensemble à des défis énormes dans plusieurs domaines. En raison de sa pertinence, nous rééditons ici cette chronique parue initialement le 21 novembre 2019.C’est un chiffre révélateur : sur les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, seule la Grande-Bretagne n’a pas encore son Sommet périodique avec l’Afrique. Sous l’ancien président américain, Barak Obama, les Etats-Unis avaient organisé en 2014 leur premier Sommet avec l’Afrique.

La France, quant à elle, tient depuis 1973 des sommets avec l’Afrique. D’abord, ce furent des rencontres entre Paris et les pays du pré-carré qui ont fini par être rejoints par tous les Etats du continent. Le 28ème Sommet Afrique-France est d’ailleurs prévu en juin 2020 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France.

Lancé en 2001, le sommet Chine-Afrique, qui a tenu sa 7ème édition en septembre dernier, est devenu un événement important de l’agenda des rencontres internationales. Longtemps restée à l’écart depuis la dislocation de l’Union soviétique, la Russie a organisé en octobre 2019 à Sotchi son premier sommet Russie-Afrique.

Sans être membres permanents du Conseil de sécurité, d’autres grandes nations du monde ont leur rendez-vous avec l’Afrique. Sous l’acronyme de Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD), le Japon tient depuis 1993 sa rencontre politique de haut niveau avec l’Afrique. La Turquie a tenu en novembre 2018 son deuxième Sommet avec l’Afrique à Istanbul.

Le Business contre l’aide

A la faveur du Sommet du G-20, l’Allemagne a lancé en 2017, son sommet avec l’Afrique sous le nom de « Compact with Africa ». Plutôt que de recevoir toute l’Afrique, Berlin a choisi une douzaine de pays du continent présentant des garanties de stabilité et des niches de progression en matière de développement et de commerce.

Ici, le paradigme n’est pas d’annoncer de gros montants d’aide au développement, ni de procéder à une annulation de la dette, mais de créer des interactions entre entreprises africaines et allemandes qui seraient soutenues par des accompagnements financiers de l’Etat fédéral allemand.

Quels que soient leur format et leur périodicité, ces Sommets avec l’Afrique révèlent un rapport de forces déséquilibré et une impréparation totale des Etats africains. Les pays d’en face ont leur agenda et savent ce qu’ils attendent des pays africains : le soutien diplomatique, les matières premières, de nouvelles destinations commerciales, de nouveaux clients pour les industries, y compris celles de l’armement, etc.

Les Africains en ordre dispersé !

En revanche, les pays africains arrivent à ces tête-à-tête en ordre dispersé et sans agenda commun. En effet, il n’y a aucune concertation préalable (pré-Sommet interafricain) pour arriver face à la Chine, la France, les Etats-Unis, la Russie, les Etats-Unis, le Japon ou la Turquie avec des propositions et des demandes transnationales.

Chaque Etat y vient avec ses attentes spécifiques. L’Afrique arrive donc avec 54 attentes alors que le camp d’en face arrive avec sa seule attente. Finalement, alors que ces sommets auraient pu servir à faire avancer des grands projets continentaux tels le financement des routes transsahariennes, des liaisons ferroviaires continentales, de la Grande Muraille Verte, les dirigeants africains repartent satisfaits des annonces d’annulation d’une partie de la dette, du doublement voire du triplement des échanges commerciaux dont on ne sait pas à qui ils profitent surtout.

Dans sa forme actuelle, le Sommet Afrique/reste du monde n’est qu’une grand-messe qui n’apportera aucune valeur ajoutée à la mobilisation pour améliorer le bien-être des populations.

Manchester: 22 morts dans le pire attentat depuis 12 ans

Un attentat suicide a fait au moins 22 morts, dont des enfants, et 59 blessés à l’issue d’un concert pop lundi soir à Manchester, dans le nord-ouest de l’Angleterre, l’attaque la plus meurtrière visant le Royaume-Uni depuis douze ans.

L’auteur de l’attaque est mort en faisant détonner un engin explosif, a indiqué mardi matin la police en évoquant un « acte terroriste ».

Selon la police des transports de Manchester, la puissante explosion a eu lieu dans le foyer de la Manchester Arena, une salle de 20.000 personnes, à la fin du concert de la chanteuse américaine Ariana Grande vers 22H30 (21H30 GMT) lundi.

La ministre de l’Intérieur Amber Rudd a dénoncé une « attaque barbare visant délibérément parmi les plus vulnérables de notre société: des jeunes et des enfants sortis pour aller voir un concert pop ».

L’explosion a provoqué des scènes de panique dans la salle de concert, mais aussi dehors, où des parents attendaient la sortie de leurs enfants.

« Il y avait beaucoup d’enfants et d’adolescents comme ma fille au concert. C’est juste tragique », a déclaré à l’AFP Stephanie Hill, venue assister au concert avec sa fille Kennedy.

« Nous étions en train de quitter la salle après le concert d’Ariana Grande vers 22H30 (21H30 GMT) lorsqu’on a entendu un bang, comme une explosion, qui a paniqué tout le monde, et tout le monde essayait de fuir », a raconté Majid Khan, 22 ans, à l’agence britannique Press Association.

« Tous les gens qui étaient de l’autre côté de la salle de concerts où le bang a été entendu sont soudain venus vers nous en courant et ils essayaient de sortir, donc ça bloquait », a-t-il ajouté. « C’était la panique ».

La police a rapidement évoqué « un acte terroriste ».

« Nous travaillons à établir tous les détails de ce qui est traité par la police comme une épouvantable attaque terroriste », a réagi la Première ministre britannique Theresa May, en exprimant sa sympathie aux familles.

Mardi matin, la zone était complètement bouclée et l’accès à la salle de concert barrée par un cordon de police jaune portant la mention « scène de crime, défense d’entrer ». Des fans d’Ariana Grande quittaient un hôtel situé à proximité, choqués par l’attaque, a constaté l’AFP.

Mme May et son rival travailliste Jeremy Corbyn ont décidé de « suspendre jusqu’à nouvel ordre » leur campagne en vue des élections législatives du 8 juin, a déclaré M. Corbyn, cité par l’agence Press Association.

Des corps partout

« On a écouté la dernière chanson et soudain, il y a eu comme un flash avec un bang et puis de la fumée », a raconté à la BBC Gary Walker, de Leeds, venu avec sa femme pour attendre leur fille à la sortie du concert. M. Walker a dit avoir été blessé au pied par un éclat de métal et sa femme a été blessée à l’estomac.

Elena Semino, qui attendait sa fille de 17 ans au guichet de vente des billets au moment de l’explosion et a elle-même été blessée, a raconté au Guardian: « J’ai senti une forte chaleur dans mon cou et quand j’ai levé la tête, il y avait des corps partout ».

Selon la police des transports de Manchester, l’explosion s’est produite dans le foyer du stade qui abrite la salle de concerts.

Un point qu’a confirmé Emma Johnson à la BBC: « Nous étions en haut des escaliers avec mon mari, venus attendre nos filles, et la vitre a explosé. C’était près de l’endroit où ils vendent des souvenirs. Tout le bâtiment a tremblé ».

Dans la salle même, « tout le monde paniquait, ça poussait dans les escaliers », a déclaré Isabel Hodgins à la chaîne de télévision Sky News. « Le couloir était plein de monde, il y avait une odeur de brûlé, il y avait beaucoup de fumée pendant qu’on sortait », a-t-elle dit.

« Des gens hurlaient qu’ils avaient vu du sang, mais d’autres disaient que c’étaient des ballons qui avaient explosé ou une enceinte qui avait claqué », a déclaré Robert Tempkin, 22 ans, à la BBC.

D’après Cheryl McDonald, venue avec sa petite fille de 9 ans, la salle était « pleine d’enfants ». « Ma fille est très, très choquée », a-t-elle dit à Sky.

Brisée

L’attentat s’est déroulé deux mois jour pour jour après celui de Londres qui avait fait 5 morts, lorsqu’un homme avait foncé dans la foule avec un véhicule et poignardé un policier avant d’être abattu, près du Parlement.

En juillet 2005, une série d’attentats suicide avaient fait 56 morts, dont les quatre kamikazes, et 700 blessés dans les transports londoniens. Un groupe se réclamant d’Al-Qaïda avait revendiqué les attaques.

Ariana Grande s’est dite « brisée » par l’attentat. « Brisée. Du fond du coeur, je suis affreusement désolée. Je n’ai pas de mots », a tweeté la chanteuse américaine, actuellement en tournée en Grande-Bretagne.

« Londres est aux côtés de Manchester, nos pensées vont aux morts et aux blessés », a tweeté son maire Sadiq Khan.

« Paris est cette nuit aux côtés de Manchester », a tweeté en écho la maire de la capitale française Anne Hidalgo.

Le président du Conseil européen Donald Tusk affirmait: « Mon coeur est à Manchester cette nuit ». Le président français Emmanuel Macron a fait part de son « effroi » et de sa « consternation » et le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, s’est dit « en pensée avec les blessés, ceux qui cherchent encore leurs proches ».

Le département américain de la Sécurité intérieure a annoncé « des mesures de sécurité renforcées dans et autour des endroits et des événements publics ».