La boîte à rumeurs

Rumeur du vendredi : IBK aurait été placé en soins intensifs dans un hôpital américain. Rumeur du samedi : IBK serait passé de vie à  trépas. La rumeur, le plus vieux média du monde, a commencé à  circuler. Internet, cette bulle o๠tout se joue désormais, a été pris d’assaut. Les téléphones ont sonné. La messagerie d’un gars, qui serait dans le secret des Dieux, a été saturée. Ou bien il a été saturé d’appels. La rumeur du dimanche s’est tue avec l’image d’IBK, bien vivant, descendant tout sourire de l’avion sur le tarmac de l’aéroport Bamako-Senou. On ignore, à  ce jour, qui, tapi dans l’ombre, a appuyé sur la gâchette de son lance-rumeurs. Mais la fulgurance de ce racontar aussi bien que sa réussite, éclaire sur le « mal » de communication d’un régime qui « laisse parler les gens », laisse pourrir la situation avant de trouver une solution qui l’arrange et l’aide à  sauver sa peau. Cette rumeur a fait ressurgir des poubelles les interrogations sur l’efficacité de la communication gouvernementale et de la cellule communication de la présidence, voire même l’inquiétude de savoir si elle existe réellement. On sait le président Keà¯ta âgé de 70 ans, et donc forcément suivi médicalement, du fait de sa fonction. Certes, il ne sert à  rien d’en faire la publicité. Mais, on peut répéter que cela n’absout pas le manque de communication chronique, devenu l’insuffisance et le vice rédhibitoire du régime actuel. La boà®te à  rumeurs a aussi confirmé cette règle qui veut qu’au Mali, ceux qui savent restent cois, et ceux qui ne savent rien de rien enfourchent le cheval de la mythomanie pour agiter le chiffon rouge de l’intoxication. l’évidence perdure : cela n’est possible que parce qu’on a un à‰tat pathologique, faible, qui ne parvient pas à  rassurer ses citoyens, de plus en plus convaincus que le pouvoir n’a pas de pouvoir et qu’il est à  l’image de la situation du pays.

La guerre a commencé

Informations contradictoires, rumeurs plus alarmistes les unes que les autres, menaces et démentis…Sur le plan de la communication, les parties engagées dans la crise politico-sécuritaire au Mali ne se font pas de cadeaux. Stratégie « zéro info » Il est évident que l’Armée malienne ne va pas se fendre de communiquer pour informer la population de ce qui se prépare en ce qui concerne l’offensive au nord. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme la « grande muette ». Il ne se trouvera personne dans le haut commandement militaire pour donner des indications claires sur ce qui se prépare en ce moment. Ce qui est, comme de dirait l’autre, « de bonne guerre » même si cela laisse un sentiment d’inertie dans la population qui a hâte de voir les choses bouger…Mais depuis que l’option de l’intervention militaire se concrétise de plus en plus, les groupes armés qui sévissent dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou redoublent d’efforts pour être cités dans l’actualité. D’amputations filmées et diffusées dans leur intégralité sur les chaà®nes internationales aux « rumeurs » sur d’éventuels attentats à  Bamako pendant les fêtes de fin d’année, tout est bon pour maintenir la pression et montrer la détermination. Des informations qui ne sont d’ailleurs pas minimisées par les autorités de Bamako qui ont préféré par exemple faire annuler un rassemblement prévu le 31 décembre sur la place de l’Indépendance par la jeunesse. On parle d’infiltration d’éléments dangereux dans les centres urbains avec des desseins plus meurtriers les uns que les autres. Les corps armés sont sur les dents et les contrôles d’identité se multiplient, de jour comme de nuit. Info vs Intox La BBC(British Broadcasting Corporation, chaà®ne anglaise) a évoqué il y a quelques jours sur ses antennes avoir appris que les différents groupes islamistes armés se sont retrouvés à  quelques kilomètres de Mopti pour sceller une alliance pour faire face ensemble à  une opération armée. Au même moment, on annonce des négociations directes avec les autorités de Bamako à  partir du 10 janvier. Certains de leurs combattants auraient déposé les armes en Mauritanie, mais sur les chaà®nes internationales, on nous informe que des vagues entières de nouveaux djihadistes rejoignent leurs rangs, au point qu’ils sont en mesure de créer de nouvelles « katibas »Â… Alors négociations réelles ou durcissement du message islamiste ? l’Armée malienne n’est pas épargnée par les fausses informations qui circulent. Ainsi, en fin de semaine dernière, Bamako bruissait de rumeurs faisant état d’une attaque visant les forces armées maliennes. Les militaires auraient alors fui la ligne de front, Mopti aurait été attaquée, les casernes de Sévaré, o๠est cantonné le gros des troupes maliennes auraient été déserté ! Intox, affirme une source militaire, pour qui les populations doivent garder la tête froide face à  ce genre d’information. Ceux qui colportent ce genre de rumeurs sont « des ennemis du Mali ». Communiquer en tant de crise est un exercice difficile. La complexité de celle que traverse le Mali rend la tâche encore plus ardue. Une chose est sûre, l’information est stratégique en période de conflit. Cela, les parties dans celui du Mali l’ont bel et bien compris et ce n’est pas demain la fin des rumeurs, des démentis…

Folles rumeurs sur le remaniement ministériel: Django Cissoko, futur PM ?

« L’on attend seulement le président de la république revenu de New York pour confirmer la nouvelle », à  en croire une source. D’autres indiquent que le gouvernement se réunira en conseil des ministres extraordinaire ce vendredi avec l’arrivée du président Amadou Toumani Touré des Etats-Unis mercredi soir. Le nom qui revient sur toutes les lèvres, comme nouveau chef du gouvernement, est Django Cissoko, l’actuel Secrétaire Général à  la présidence depuis octobre 2007, après le départ de Modibo Sidibé pour la primature Un gouvernement dans l’œil du cyclone Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’actuelle l’équipe gouvernementale est dans le collimateur d’un remaniement et qui serait imminent. Après trois longues années ponctuées de retouches à  peine perceptibles, l’heure de la rupture avec son chef d’orchestre, Modibo Sidibé, semble véritablement sonner. Tous les indices et signaux du remaniement sont réunis et le nom du premier ministrable circule déjà  dans les couloirs de koulouba. Et s’étend de la colline à  la rue jusque dans les « grins » de bamako. Ce ne sera probablement pas le changement intégral, car beaucoup d’éléments de l’équipe sortante vont survivre au coup de balai. De toute évidence, la désapprobation voire la disgrâce du chef de l’Etat ne sera pas assez ravageuse pour s’abattre sur la totalité du gouvernement en épargnant la plupart des ministres. En clair, même si le locataire de koulouba, tout puissant faiseur et défaiseur de ministres, est très peu satisfait de ses collaborateurs de l’exécutif, il s’en trouvera toujours pour résister aux fortes vagues qui feront couler le navire actuel du premier ministre Modibo Sidibé, lui même ancien secrétaire général de la présidence. Qui seront les survivants ? Qui seront les heureux survivants parmi les chefs de département. Difficile de le dire même si la bataille de positionnement commence déjà  à  faire rage dans certaines familles politiques de la place. En revanche les langues se délient progressivement sur les personnalités en pôle position pour constituer la future équipe gouvernementale. Le nom qui revient constamment sur les lèvres, depuis la semaine dernière, C’’est le secrétaire général de la présidence, Django Cissoko qui s’est illustré dans rouages régaliens depuis le régime de Moussa Traoré, d’Alpha Oumar Konaré jusqu’à  celui d’ATT. Quant à  l’actuel gouvernement sa destitution se justifie non seulement par un essoufflement évident, mais également des insatisfactions et attentes déçues dans l’accomplissement des missions : les grèves interminables sur le front scolaire, la gestion calamiteuse des pénuries alimentaires, l’échec cuisant de l’Initiative riz, les difficultés trésorières insurmontables, la corruption administrative et tutti quanti. Faut t-il ajouter à  tout cela, une démobilisation dans les rangs depuis que le chef d’Etat a levé le doute qui persistait encore sur ses intentions de briguer un troisième mandat. Il n’en fallait pas plus pour que les objectifs du PDES ( le programme de développement économique et social du président) disparaissent des intentions des ministres plus préoccupés à  se projeter dans l’orbite du futur qu’à  être utile au pouvoir sortant. Wait and see !