Mes Chers Compatriotes ; Maliens de l’Extérieur et de l’Intérieur ; Hôtes et Amis des Maliens ; Mesdames, Messieurs, Nous lançons ce jour, 1er septembre 2010, à Logo Sabouciré, les cérémonies officielles de célébration du cinquantième anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. Le choix de cette ville, pour abriter cette commémoration, marque un regard sur le passé. C’est ici à Logo Sabouciré, que le premier coup de canon de la coloniale a tonné ; C’est ici aussi que le premier coup de fusil de la riposte a été tiré. Face à la supériorité du feu du colonisateur nous avons répondu par la résistance et le patriotisme. Nous pouvons donc soutenir que C’est à partir de Logo Sabouciré que notre Peuple a entamé sa libération de la domination coloniale. Et ce n’est pas un hasard si les Pères de notre indépendance se sont inspiré de la date du 22 septembre 1878 pour proclamer l’avènement de la République du Mali, libre, souveraine et prête à assumer son destin. Le Président Modibo KEITA et ses Compagnons, à qui je rends un vibrant hommage, affirmaient ainsi leur volonté d’établir le Lien historique entre le 22 septembre 1878 et le 22 septembre 1960. Mesdames, Messieurs, Au regard du parcours héroà¯que de notre pays, nous avons choisi de placer la commémoration du Cinquantenaire de notre Indépendance sous le signe de la Mémoire préservée et partagée. Mémoire préservée, car nous avons décidé de rendre hommage à d’illustres Figures Historiques et à de Valeureux Combattants anonymes, qui se sont opposés à la pénétration coloniale, avec vaillance et abnégation. Ce devoir de génération s’impose d’autant plus à nous, que les luttes de nos Héros, n’ont pas toujours reçu l’éclairage qu’elles méritent et leur bravoure a été souvent imparfaitement restituée. Dans ce sens, l’attaque contre Logo Sabouciré, le 22 septembre 1878 est le prélude à un vaste mouvement de résistance symbolisé par des villes et des sites parmi lesquels ont peut citer : Goumbako Ie 11 février 1881 ; Daba le 15 janvier 1883 ; Koundian en 1889 ; Ouelessougou le 25 avril 1890 ; Nioro le 1er janvier 1891 ; Diema le 21 février 1891 ; N’Gorfou Hondo en 1895 Nankou en 1912 ; Belema, Yangasso en 1913 ; Tominian, Bana, Koro en 1913 ; Koumi Ie 18 mars 1915 ; Anderaboucane en 1916 ; Tabi en 1920. Mes Chers Compatriotes ; Mesdames, Messieurs, Les hauts faits d’armes de nos Héros de la Résistance restent encore méconnus des Maliens eux-mêmes et surtout des Tout Jeunes, d’o๠la nécessité d’inscrire durablement dans notre mémoire collective, des pages à la fois glorieuses et douloureuses de notre Histoire. Elles ont été écrites par des grands hommes comme : Niamody SISSOKO, Mamadou Lamine DRAME, Cheiboun Ag FONDAGOUMA, Bandiougou DIARRA, El Hadj Omar TALL, Chérif Hamallah, Firhoun Ag ALINSAR, Almamy Samory TOURE, Ingoma Ag MOHAMED AHMED, Tièba TRAORE, Babemba TRAORE. l’énumération n’est pas exhaustive et elle ne saurait passer sous silence les insurrections à l’actif de certaines de nos communautés, pour affirmer leur soif de liberté et le refus de la soumission. Je pense notamment aux foyers insurrectionnels du : Bélédougou, avec Koumi Diossé TRAORE ; de la Région de la Volta, avec Yoro BENGA ; du Bani, conduit par Banzani THERA, Adama DEMBELE ; du Gourma, avec Mohamed AHMED et du Hodt, dont Ould ABDOUKE fut l’un des principaux animateurs. Mémoire partagée, parce que la résistance à la pénétration coloniale s’est exercée sur toute l’étendue de notre pays et s’est illustrée dans des batailles demeurées célèbres. Je citerai : la Bataille de Mayel à Nioro en 1890, conduite par Louis ARCHINARD côté français, avec un terrible bilan humain estimé à 9.000 morts. et la bataille de Tacoubao à Tombouctou, o๠dans la nuit 14 janvier 1894, des Résistants touarègue ont entièrement défait la colonne d’Eugène BONNIER. Tout Malien est héritier et dépositaire de ce héroà¯sme dont il doit cultiver le souvenir, perpétuer les vertus et les valeurs. Vous conviendrez aussi avec moi que Logo Sabouciré est une ville d’élection par excellence pour célébrer les Résistants maliens. Le Tata est à la fois l’emblème du refus et le symbole de la Liberté. Je me réjouis de relever, en ce jour solennel, que le plus bel hommage rendu à nos Résistants l’a été par ceux-là mêmes qui les ont combattus. Ainsi, au début de l’ouvrage : Les Pionniers du Soudan, avant, avec et après Archinard, publié en 1931, Jacques MENIAUD écrit ceci, je cite : « Le Soudan a été la grande école, o๠s’est formée l’âme de notre Armée coloniale et o๠s’est élaborée, la Doctrine coloniale française On y verra se lever des réputations, évoluer et se former des jeunes militaires, qui seront plus tard l’orgueil de la Nation et des exemples d’honneur, pour les générations futures : Gustave Borgnis-Desbordes, Joseph Galliéni, Louis Archinard, les deux frères Bonnier, Joseph Joffre, Jean-Baptiste Marchand, Charles Mangin, Baratier, Germain, Patey, Audéoud et plus tard, Edgard De Trentinian, Henri-Eugène Gouraud et bien d’autres . ». (fin de citation) Mesdames, Messieurs, La conquête coloniale a été ardue, sanglante et tragique, elle a été ponctuée d’actes de bravoure, de refus de toute forme de domination. Deux générations d’hommes et de femmes ont conduit cette opposition héroà¯que : Celle de nos grand-aà®nés qui, par le feu et le fer, a défendu la liberté et la dignité de nos Peuples, au prix du sacrifice suprême, La génération de nos pères qui, après d’âpres batailles syndicales et politiques, ont fini par faire aboutir notre volonté de liberté et d’indépendance. La guerre coloniale au Soudan a été l’une des plus meurtrières et certainement des plus héroà¯ques de la pénétration coloniale en Afrique. Mes Chers Compatriotes, Nous devons rester fidèles aux vertus et valeurs défendues par ceux qui nous ont laissé en héritage, le sens de l’honneur, le goût de la Liberté et l’esprit de sacrifice. La célébration de la Résistance ne se fait pas dans une vision passéiste. Pour nous, il s’agit plutôt de puiser dans ces valeurs de civilisation, les ressources morales nécessaires pour affronter le présent et nous projeter dans l’avenir, celui d’une Nation malienne forte de son Histoire, sûre de son futur africain et Universel. C’est cette commune volonté de résister ensemble qui a permis à notre pays de vivre les dures épreuves et les défis des cinquante dernières années, mais aussi de bâtir nos succès, au cours du demi-siècle que le Mali indépendant vient de vivre. Aussi, je forme le vÂu que le Monument de la Resistance Nationale, que nous allons inaugurer à la mémoire de toutes les grandes figures de la résistance nationale à la domination coloniale, porte témoignage, pour l’éternité, du sacrifice de milliers de fils et de filles du Mali et d’Afrique, morts pour la Patrie, l’honneur, la dignité et la liberté. Mes Chers Compatriotes, Je ne saurais terminer sans remercier vivement : le Maire, le Chef de village, les populations de Logo Sabouciré et des contrées voisines pour leur mobilisation, l’Association pour le Développement de Logo Sabouciré, pour le remarquable travail de mémoire, les Forces Armées et de Sécurité pour leur participation à la reconstitution historique, la Commission Nationale d’Organisation du Cinquantenaire, la Commission d’Organisation Régionale de Kayes, les Maliens de l’Extérieur et de l’Intérieur, ainsi que les Amis du Mali. Tous ensemble, inclinons nous devant la mémoire de nos martyrs et prions pour un Mali fort, prospère et solidaire. Je vous remercie de votre aimable attention !
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22 septembre 1878 : Une date pour l’indépendance du Mali
« Sabouciré Kelo (Khasonké) » Livrée le 22 septembre 1878, la bataille de Sabouciré a été l’une des plus meurtrières de l’histoire de la colonisation en Afrique. Cette fois, c’est le Soudan qui est en jeu aux environs des années 1850 et livrée aux mains des Français. Sabouciré était la capitale du royaume du Logo situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Kayes sur la rive gauche du Fleuve Sénégal. Les colons français qui voulaient progresser en Afrique de l’Ouest rencontrèrent une résistance à Sabouciré, o๠ils livrèrent la bataille du même nom. Dirigée par le lieutenant colonel Reybaud, la troupe française était constituée de plus de 500 hommes et affronta les troupes du roi Niamodi Sissoko de Logo Sabouciré. Le peuple du Logo, fidèle au code de l’honneur, a écrit ce jour-là , une des toutes premières pages de l’histoire de la résistance de notre peuple à la domination coloniale. Malgré la vaillance des défenseurs de la cité qui était protégée par un imposant « tata », la puissance de feu du détachement colonial ne pouvait que faire la différence à la longue avec de lourdes pertes en vies humaines de chaque côté. Il y a eu 13 morts dont 2 officiers (un capitaine et un lieutenant) et 51 blessés chez les assaillants. Du côté des défenseurs du royaume de Logo, on a dénombré 150 morts dont le roi Niamodi Sissoko, rapporte un historien… Repères historiques « Il fallait faire sauter le verrou à Logo Sabouciré pour pouvoir prendre Bafoulabé, Kita, Bamako… », a précisé l’historien Diadié Yacouba. Le royaume qui comptait une vingtaine de villages à son apogée, était hostile à la pénétration française. Devant la menace des forces de Niamadi Sissoko appuyées par les troupes d’élite de Sékou Omar Tall, les Français étaient dans le dilemme : comment atteindre Bafoulabé sans passer par Sabouciré ? Après moults tentatives, ils sont parvenus à négocier le retrait des troupes omariennes, en optant pour la stratégie classique du « diviser pour mieux régner ». Le retrait des troupes de Sékou Omar Tall (1500 hommes) a notablement contribué à la défaite du roi Niamodi Sissoko et de son armée.Interrogé sur les raisons du retrait des troupes omariennes, Diadié Yacouba Dagnoko a expliqué que celles-ci comptaient se démarquer des Français pour reprendre le Fort de Médine construit par la France le 15 octobre 1855 pour servir de base à son armée. Cette bataille revêt d’autant plus un caractère symbolique que le Mali est devenu indépendant 82 ans jour pour jour plus tard (22 septembre 1960). « En choisissant cette date symbolique, les pères de l’indépendance ont ainsi voulu rendre hommage à la résistance héroà¯que du peuple soudanais à la pénétration coloniale », a souligné Diadié Yacoua dans sa déclaration liminaire. Il a plaidé en faveur des hommes et des femmes de Sabouciré qui, au nom de la liberté et pour la défense de la patrie, doivent avoir droit à la reconnaissance éternelle du peuple malien. D’ailleurs, les habitants de la commune de Logo promettent de s’investir auprès des autorités pour la réhabilitation du roi Niamodi Sissoko, tombé sur le champ de l’honneur, et souhaitent ardemment l’érection d’un monument national en hommage à sa vaillante lutte. L’inauguration d’un tel monument pourrait avoir lieu dans le cadre des festivités marquant la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali. La célébration du 1er septembre En effet, le 1er septembre prochain et durant une journée entière, Logo Sabouciré se transformera en capitale du Mali. En effet, le choix de cette commune n’est pas venu de manière fortuite. C’est, d’ailleurs, en souvenir de cette date historique que le Mali proclama son indépendance le 22 septembre 1960, après l’éclatement, le 20 août de la même année, de la Fédération qu’il formait avec le Sénégal. Le 1er septembre 2010, Logo Sabouciré accueillera donc, dans la ferveur populaire et l’allégresse, le président de la République, Amadou Toumani Touré, accompagné de nombreuses personnalités, pour un hommage national à tous les martyrs et à toutes les villes martyres du Mali tombés pendant la pénétration coloniale et sous la colonisation.