Livreur d’eau : un métier qui rapporte

La pénurie d’eau à Bamako et environs a favorisé la naissance du métier de revendeur d’eau potable. Exercée par des jeunes qui livrent l’eau en bidons à l’aide de charrettes, cette activité est plutôt rentable en cette période de chaleur. Focus sur ces « robinets ambulants ».

On les croise dès le petit matin, slalomant dans les ruelles de Faladié Sokoro, Banconi ou encore au Badialan. Dans la plupart des quartiers de Bamako, les familles qui n’ont pas accès à l’eau potable ont recours aux « livreurs d’eau ». Poussant leurs engins à deux roues chargés de bidons de 20 litres verts ou jaunes, ces jeunes gens ont un fonctionnement plutôt simple : ils chargent leur précieuse cargaison aux bornes fontaines ou chez des particuliers. « Au niveau des forages, nous achetons l’eau à 10-15 francs le bidon au niveau des points d’eau SOMAGEP », explique Sinaly Djiré, charretier depuis un an. Puis il fait du porte-à-porte pour vendre et livrer les clients réguliers. « Le bidon de 20 litres coûte 50 francs CFA quand le client est d’accès facile, et 75 spour ceux qui sont à l’étage », précise Sinaly. Selon cet ancien commerçant trentenaire, « la période qui marche le mieux est mars-juin », car même les familles connectées au réseau SOMAGEP connaissent des pénuries.

7 jours sur 7 Le seul gros poste de dépenses étant la location de la charrette (entre 200 et 250 francs par jour pour un chargement de 8 à 10 bidons de 20 litres), nos livreurs font de bonnes affaires. Faisant en moyenne 10 tours par jour, ils peuvent gagner jusqu’à 5 000 francs CFA, soit un revenu mensuel de 150 000 francs CFA, bien au delà du SMIG malien. Badjan Keïta, qui pratique ce métier depuis douze ans, assure gagner quotidiennement 10 000 francs CFA et préfère ce métier à tout autre. En saison chaude, « il faut se réveiller à 5h pour approvisionner les clients avant que les coupures ne débutent, et nous sommes obligés de chercher les rares points SOMAGEP qui marchent encore », explique-t-il. « Ce n’est pas un métier facile car il nécessite beaucoup d’efforts physiques », confirme Lamine Djiré, originaire de Bla et livreur depuis 2014. Difficile mais très rentable, si l’on en croit Badjan, qui témoigne que « grâce à ce métier, je me suis marié et j’ai deux enfants ».

 

Eau en sachet, attention danger !

On en trouve à tous les carrefours, et ils sont sans nul doute parmi les produits les plus vendus au Mali. Les sachets d’eau de 250 ou 500 ml ont pris leur place dans les habitudes alimentaires. Mais sont-ils vraiment bons pour la santé ?

Quand les premiers sachets sont apparus, il y a cinq ou six ans, on pouvait y lire, « eau minérale », une appellation qui a rapidement cédé la place à celle d’« eau potable traitée », plus proche de la réalité. C’est en effet, dans la grande majorité des cas, de l’eau du robinet, voire de forage ou de puits, qui est collectée, traitée et ensachée. Rien qu’à Bamako, on dénombre, selon une enquête de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), 39 entreprises de production d’eau en sachet, dont 17 dans la seule Commune VI. À l’intérieur du pays, on en retrouve dans des villes comme Ségou.

Poche à microbes Chauffeur de taxi, Amadou B. Coulibaly rompt le jeûne avec des clients à bord. « Je me contente de quinquéliba bien chaud et d’un « tan-tan dji » glacé, achetés au bord de la route », explique-t-il. De ce dernier produit, il ne se méfie guère. « C’est plus propre que les sachets attachés ». Plus propre ? Pas sûr, si l’on en croit le laboratoire national des eaux, qui y a décelé des éléments bactériologiques en quantité surélevée. En clair, des microbes pouvant mettre en danger la santé du consommateur. Le docteur Touré de la polyclinique Pasteur, met en garde contre les risques de consommation de cette eau. « Il faut savoir comment sont faits les emballages, le conditionnement et le filtrage de l’eau », indique-t-il. Les consommateurs peuvent attraper des infections intestinales ou diarrhéiques, l’eau étant un milieu favorable au développement de tous les microbes. L’autre aspect non négligeable est le circuit de l’entrepôt au consommateur final. Il n’est pas rare de retrouver dans les alimentations ou entre les mains (souvent pas très propres) des petits revendeurs, des sachets d’eau ayant passé des mois au soleil, posés à même le sol, avec un goût caractéristique de moisi. « Il faut un contrôle sérieux et informer la population », réagit notre chauffeur de taxi. « Sinon, les gens pensant acheter de l’eau saine, vont acheter leur maladie ».