Sadiola et Yatéla : la communication au cœur du dispositif minier

Pour mieux consolider leurs activités, les sociétés Semos et Anglogold Ashanti misent sur la communication entre l’ensemble des acteurs intervenant dans le secteur minier. Cette année, la huitième édition du forum a ouvert ses portes ce mardi 24 janvier 2012 au Sahel Club de Sadiola. C’’était sous la présidence de Djibrila Togola, représentant du ministre des mines et des deux Directeurs de Semos et d’Anglogold Ashanti. La communication au C’œur du dispositif des deux mines l’objectif de ce forum est d’améliorer la communication sur l’activité des mines d’or de Sadiola et de Yatela SA à  travers un programme de consultation publique et de concertations. Le forum a enregistré près de 300 participants à  savoir, des partenaires, des travailleurs et des représentants des collectivités, des médecins, des laborantins et des commerçants etc. Dans la revue des activités annuelles, il ressort sur le plan de l’emploi que les deux mines emploient respectivement 2134 travailleurs pour Sadiola et 1016 pour Yatela. En 2011, plus de 520 millions ont été injectés dans la formation des travailleurs des deux mines. Le recrutement des employés obéit lui à  des règles strictes basées sur la qualification. Ce qui exclut en majorité les populations des villages riverains. Pour compenser cette situation, des groupements d’intérêt économique (GIE) ont été créés pour offrir à  ces populations des activités régénératrices de revenus. Plus 200 millions ont été injectés dans ces GIE. Sur le plan environnemental, une séquence de contrôle a été effectuée par le laboratoire national de l’eau et des appareils mis en place pour contrôler l’air. s’y ajoute une équipe d’urgence pour intervenir en cas d’incidents naturels. Sur le plan de la santé, des études épidémiologiques ont été dirigées par l’INRSP et le laboratoire national de la santé. Booster l’économie nationale l’apport annuel des deux mines à  l’économie nationale est important. La société d’exploitation des mines d’or de Sadiola à  elle seule, contribue à  hauteur de 290 milliards FCFA. Quant à  la mine de Yatela, la part est estimée à  198 milliards FCFA. Des investissements sociaux non négligeables sont aussi réalisés : l’approvisionnement des villages en eau potable, la construction d’écoles et de centres de santés. Malgré ces investissements, des problèmes demeurent dans ces localités. Les tronçons reliant Sadiola et Yatela à  Kayes et Bamako sont impraticables. D’o๠l’incompréhension d’un participant au forum : « Je ne comprends pas, malgré des milliards générés par ces mines, je ne vois pas d’impact sur les routes des mines ». l’honorable Thiam, un élu de Kayes propose lui la construction d’un centre de formation adapté aux besoins et pour résorber le chômage. De plus, les fonds attribués à  la collectivité locale manquent de suivi et d’assistance technique, selon le président du conseil de cercle de Kayes. Pour le Directeur de la mine de Yatela, cette journée minière a permis un échange fructueux entre les acteurs intervenants dans le secteur. Pour le Directeur d’AngloGold Ashanti, le but de cette rencontre est de maintenir une communication entre les parties prenantes. «Sans les communautés locales, l’objectif visé ne sera pas atteint». Ce forum se tient au moment o๠le code minier est soumis à  l’examen à  l’Assemblée Nationale. La première journée du forum s’est clôturée par la visité des sites de Yatéla et de Sadiola qui seront respectivement fermés en 2014 et 2025.

L’or du Mali, à qui profite l’exploitation du précieux métal jaune?

Le Mali, troisième producteur d’or d’Afrique, est le 175ème pays à  l’échelle du développement humain. Au Mali, l’exportation de l’or a dépassé celle du coton dans la balance nationale et celle-ci peine à  retrouver son niveau antérieur de 2005 et 2006. En 2009, le Mali continue de montrer un taux d’alphabétisation de 70 % et 90% et la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Le Mali profite-il vraiment de l’actuelle ruée vers l’or ? Pour le Fond Monétaire international (FMI), l’impact direct sur la réduction de la pauvreté et les revenus nationaux, serait limité en raison de la nature enclavée du secteur, qui exige une technologie supérieure. La hausse des prix mondiaux de l’or stimulerait également les recettes fiscales et accélérerait les capacités d’exploration et d’exploitation du secteur minier, mais les effets économiques sur la main d’œuvre et les intrants seraient relativement modestes. l’or n’a ainsi aucun effet d’entraà®nement direct sur l’industrie malienne. La majorité de l’or extrait au Mali est exportée vers l’Afrique du Sud ( plus de 159 milliards FCFA soit 59,2% de la totalité des exportations ) et vers la Suisse (40,8%). Le métal jaune malien est surtout raffiné à  l’étranger. Combien l’or rapporte au Mali ? En neuf ans, entre 1997, date d’ouverture de la mine de Sadiola, et 2005, lorsque la commission de l’énergie et des Mines au Mali, rend son rapport à  l’Assemblée Nationale, les quatre mines d’or industrielles du pays ont injecté dans l’économie malienne, environ 690,72 milliard de francs CFA par an et 341, 7 milliards vont à  l’Etat. Viennent les fournisseurs rémunérés à  hauteur de 294,4 milliards de francs CFA, puis les salariés, auxquels 45 ,3 milliards de francs ont été versées pendant neuf ans, soit 6,5 % de la rente minière. Enfin, premier concernés dernier servis, les communautés locales n’ont bénéficié que de 9,2 milliards de francs soit 1,3 %. Sans surprise, Sadiola est par ancienneté, la première mine à  contribuer à  la rente aurifère malienne (à  hauteur de 330,3 milliards de franc CFA ou 47,7 % du total). La mine de Kalana, elle a rapporté après un an d’exploitation 3,74 milliards (0,5%). Cette manne représente 30% de la valeur des exportations maliennes d’or entre 1997 et 2005, C’’est aussi l’équivalent des dépenses du gouvernement malien dans la santé et l’éducation pour une période de deux ans. C’’est aussi le poids de l’or d’une seule mine de Sadiola, commercialisé entre 1997 et 2002(614,8 milliards de francs CFA ). l’autarcie sectorielle de l’or… Les raisons de l’autarcie sectorielle de l’or sont de deux ordres : La première est inhérente au secteur minier peu consommateur de main d’œuvre au Mali. Quand le coton nourrit 3,3 millions de personnes travaillant dans 200.00 exploitations, les mines emploient officiellement 12.000 personnes, soit à  peine un dixième du nombre de salariés que comprend le secteur formel, au Mali, et l’économie informelle représentait 41 % du PIB entre 1999 et 2000. Pourtant sur le terrain, moins de 3000 personnes suffissent à  exploiter les deux principales mines du pays, Sadiola (1200) et Morila (1100 emplois). Ces données comprennent les expatriés même si plus de neuf emplois sur dix sont occupés par des maliens. La seconde est inhérente aux travers structurels de l’économie malienne : l’enclavement d’abord avec 7000 km de frontières avec sept pays, le délabrement des infrastructures routières, la sous-industrialisation commune à  toute l’Afrique exception faite de l’Afrique du sud, avec un secteur secondaire est séparément marginal (17,9% du PIB en 2004). Le cyanure à  l’origine des dégâts ! l’origine de l’empoisonnement contracté par les populations locales et les morts inexpliquées d’animaux, surtout à  Sadiola, Morila et Yatela o๠les services chargés de la protection de l’environnement basés, à  Kayes se disent incapables d’agir, créent l’inquiétude. Selon l’article 60 du code de l’eau, les unités industrielles ont l’obligation de traiter leurs effluents (C’’est à  dires leurs déchets), avant de les déverser dans la nature. Ce qui, de l’avis des spécialistes, est loin d’être le cas des sociétés minières, opérant sur notre sol. A en croire ces spécialistes, la concentration de cyanure dans les eaux souterraines de Sadiola, Morila et Yatela est supérieur à  0 ,07mg par titre d’eau. Or selon les experts, la contamination par le cyanure, affecte sept générations. Selon une source proche du service environnement de la société d’exploitation des mines de Sadiola (SEMOS), il n’y a aucune crainte à  avoir, vis-à -vis du cyanure. « Les rayons du soleil détruisent la toxicité du cyanure » dit –il. Une hypothèse battue en brèche par les ONG nationales et internationales. A en croire une étude menée, par l’ONG « Guamina » sur ces sites miniers, l’inquiétude des populations locales est légitime. La création d’une véritable industrie aurifère au Mali revient régulièrement dans le débat public. Récemment, l’Assemblée nationale a émis une recommandation au gouvernement, pour réaliser un audit sur la production d’or et l’installation de raffineries pour soutenir les industries extractives. Mais les faibles quantités d’ or traitées au Mali rendent cette perceptive difficile.