Un comité de soutien à Seif El Islam voit le jour au Mali et dénonce la CPI

Après le Niger, le Mali. Un nouveau mouvement de soutien au peuple libyen et à Seif El Islam vient de voir le jour. Ce mouvement porté par le président du parti SADI, Oumar Mariko fustige le comportement de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui enclenché une poursuite contre le fils prodigue du défunt guide libyen. « Nous dénonçons l’attitude de la CPI, et nous avons prévus de mener des actions tels des meetings et des marches » explique Mariko. Dans leur déclaration le mouvement assure que Seif El Islam est celui qui va refonder la Libye et l’amener vers la paix. « Après avoir obtenu le soutien de plus de 2000 tribus, Seif El Islam, l’espoir de la Libye à reconstruire vient d’avoir le soutien du président du Haut conseil des tribus et des villes de toute la Libye marquant ainsi la détermination du peuple à se retrouver » peut-on lire dans le texte.

Le mouvement dénonce que c’est au moment où la communauté internationale exprime sa volonté d’accompagner l’effort de reconstruction du pays, que la CPI lance un mandant d’arrêt international contre Seif. « Cette cour qui se fait ridiculiser au cours du jugement du président Gbagbo, prouve qu’elle est un instrument de déstabilisation des pays africains au service des puissances Européennes » développe le document.

Le mouvement met également en garde la CPI sur cette poursuite qui risquerait de mettre en péril le processus de réconciliation déjà entamé. Il invite aussi « tous les maliens à soutenir la Libye à hauteur de l’estime portée au guide Kadhafi ».

 

Libye : Le retour des Kadhafi ?

Saif al-Islam Kadhafi, fils de l’ex-raïs libyen, a été libéré par un groupe armé dans l’ouest de la Libye, où il était détenu depuis 2011. Le fils préféré de Mouammar Kadhafi pourrait devenir un acteur non négligeable pour l’avenir de son pays, en pleine dislocation depuis l’insurrection de 2011.

Saif al-Islam Kadhafi, détenu depuis 6 ans dans la ville de Zintan par la milice rebelle Abubakr al Sadiq, en conflit ouvert avec le gouvernement de Tripoli, a été libéré dimanche 11 juin, en vertu d’une loi d’amnistie adoptée par un parlement basé dans l’est de la Libye. L’annonce a été faite par son avocat, Khaled al-Zaidi. Le fils du guide libyen a ensuite été emmené vers une autre ville libyenne dont le nom est tenu secret pour des raisons de sécurité. Libéré, Saif al-Islam n’en est pas moins toujours recherché par les autorités judiciaires de Tripoli, qui l’ont condamné à mort par contumace le 28 juillet 2015, lors d’un procès dénoncé par l’ONU. Son avocat a pourtant ajouté lors de l’annonce de sa libération, qu’il pourrait « jouer un rôle majeur dans la trêve en Libye ». Une déclaration pour le moins mystérieuse, alors que la Libye est en proie à l’anarchie et aux guerres intestines, sous le contrôle variable d’un ensemble complexe de groupes armés et de gouvernements en compétition pour contrôler le pays et ses ressources. Avant l’insurrection en Libye, Saif al-Islam, âgé de 44 ans, était le fils le plus en vue du colonel Kadhafi et a souvent été présenté comme un successeur réformiste.

Nostalgie Les fidèles de Kadhafi en dehors de la Libye ainsi que certains dans l’est du pays, où le maréchal autoproclamé, Khalifa Haftar, s’est rendu maître de toute la Cyrénaïque et de ses raffineries de pétrole, ont poussé à la libération du fils du défunt dictateur libyen. Une éventuelle alliance avec le général Haftar pourrait être envisageable, selon certains observateurs, avec le soutien de l’Égypte, elle-même supplétive des Américains dans ce dossier. D’autres pensent que le fils Kadhafi pourrait aussi se rapprocher du gouvernement de Fayez El-Sarraj à Tripoli. Quoi qu’il en soit, le fait qu’il soit libre, connaisseur de tous les secrets du régime avec les pays occidentaux, et qu’il porte le nom du dernier raïs, font plus que jamais de Saif al-Islam un ennemi à abattre mais aussi un allié convoité. Le retour d’un Kadhafi au pouvoir est désormais une possibilité à ne pas écarter.

 

Libye : Saïf Al-Islam, fils cadet de Kadhafi, libéré

Le fils du défunt dirigeant libyen a été relâché par la milice qui le détenait depuis le soulèvement contre son père, en 2011.

La ville de Zinten, pôle militaire influent du djebel Nefoussa, les monts au sud-ouest de Tripoli, était plongée dans une vive tension au lendemain de l’annonce, samedi 10 juin, de la libération de Saïf Al-Islam Kadhafi, 44 ans, fils cadet de l’ancien « Guide » libyen renversé par la révolution de 2011. Détenu à Zinten après son arrestation en novembre 2011, Saïf Al-Islam se trouve, depuis environ un an, au cœur d’un imbroglio politico-judiciaire particulièrement trouble, partisans et adversaires de sa libération s’affrontant autant à Zinten qu’à l’extérieur.

Après plusieurs annonces de son élargissement restées sans suite, la déclaration diffusée samedi par Ajmi Al-Atiri – le chef de la brigade Abou Bakr As-Siddiq, qui détient le célèbre prisonnier –, affirmant que ce dernier avait quitté Zinten, est cette fois jugée sérieuse par les Zintenis contactés par Le Monde. « Il a en effet été libéré », confirme Mohamed El Gorj, porte-parole du bureau des médias de la municipalité. Outre la déclaration d’Ajmi Al-Atiri, la libération avait été annoncée par l’avocat libyen de Saïf Al-Islam Kadhafi, Khaled Al-Zaïdi.

L’information a aussitôt suscité des réactions hostiles de la part de groupes à Zinten partisans d’un maintien en détention du fils de l’ancien « Guide ». Des manifestants en colère auraient tiré des coups de feu en l’air. Berceau de la révolution de 2011, Zinten avait rallié lors de l’éclatement de la guerre civile de l’été 2014 le camp de Tobrouk (Est), opposé au bloc politico-militaire à inclination islamiste de Fajr Libya (« aube de la Libye »), qui s’était alors imposé à Tripoli. Tobrouk est le siège du Parlement soutenant le maréchal Khalifa Haftar, chef en titre de l’Armée nationale libyenne (ANL) et homme fort de la Cyrénaïque (Libye orientale).

Pas vu en public

A Zinten, la faction la plus proche du camp Haftar, mouvance où s’activent des figures de l’ancien régime, militait pour une libération de Saïf Al-Islam. Une autre faction, fidèle aux idéaux de la révolution de 2011, s’y opposait. Samedi soir, une déclaration commune du conseil militaire et du conseil municipal a dénoncé la libération de Saïf Al-Islam, illustrant la fracture de la cité.

Le mystère reste toutefois entier sur le lieu où le fils de Mouammar Kadhafi aurait trouvé refuge. Des informations non confirmées font état d’un départ vers Tobrouk. D’autres évoquent un exil à l’étranger. L’intéressé n’a pour l’instant pas été vu en public ni n’a fait de déclaration. Le secret qui l’entoure s’explique en grande partie par des considérations de sécurité.

La plupart des analystes s’accordent à imputer la récente évolution du sort politico-judiciaire de Saïf Al-Islam Kadhafi aux grandes manœuvres déployées par le camp du maréchal Haftar. Ce dernier cherche à consolider son alliance avec des réseaux kadhafistes afin de renforcer sa position vis-à-vis du gouvernement d’« union nationale » de Faïez Sarraj, qui a pris le contrôle de Tripoli en mars 2016 avec le soutien des Nations unies et des capitales occidentales. Déjà au printemps 2016, le Parlement de Tobrouk avait adopté une loi d’amnistie dont Saïf Al-Islam Kadhafi était censé avoir bénéficié. Aux côtés de huit autres anciens dirigeants du régime déchu, il avait été condamné à mort en juillet 2015 par une cour spéciale de Tripoli pour son rôle joué dans la répression des insurgés de 2011.

Conflit larvé

Mais ce jugement avait été prononcé par contumace, car cette cour n’exerçait de facto aucune autorité sur Zinten où était détenu l’intéressé. Bien que Zinten reconnaisse Tobrouk, la loi d’amnistie du printemps 2016 n’avait pu être exécutée en raison des divisions au sein de la ville entourant le sort de Saïf Al-Islam. Les partisans de sa remise en liberté ont apparemment redoublé d’activité ces dernières semaines. Fin mai, un haut cadre du ministère de la justice du gouvernement de Tobrouk s’est rendu à Zinten pour réaffirmer qu’à ses yeux Saïf Al-Islam était un homme libre.

Si cette libération devait se confirmer, elle est de nature à peser sur les équilibres politico-militaires d’une Libye fragilisée par le conflit larvé qui oppose les camps rivaux de M. Haftar à Tobrouk et de M. Sarraj à Tripoli. « Une déclaration de soutien à Haftar d’un Saïf Al-Islam libre mettrait Tripoli sous pression », affirme un observateur libyen basé à Tunis. Des fiefs kadhafistes comme Tarhounah ou Beni Oualid, au sud-est de Tripoli, ou le réseau tribal des Warshefana, présent à l’ouest de la capitale, pourraient se mobiliser dans cette éventualité pour soutenir une offensive du maréchal Haftar sur Tripoli. La libération de Saïf Al-Islam est bien plus qu’une simple péripétie judiciaire.