Mali : nouvelle destruction de mausolées par les islamistes à Tombouctou

Les islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali détruisaient jeudi 18 octobre de nouveaux mausolées à  Tombouctou, ville historique o๠ils avaient déjà  procédé à  de telles destructions en juillet, ont rapporté des témoins à  l’AFP. « Actuellement, les islamistes sont en train de détruire les mausolées de Karaba », un quartier du sud de Tombouctou, a affirmé un de ces témoins, propos confirmés par un autre habitant de la ville qui a précisé que les islamistes étaient arrivés à  bord « de trois véhicules, certains armés ». Des islamistes armés ont déjà  détruit avec des haches, samedi 29 septembre, le mausolée d’un saint musulman à  Goundam, une localité du nord du Mali, près de trois mois après avoir causé des dégâts similaires à  Tombouctou. D’après un habitant qui s’est exprimé sous couvert de l’anonymat, « ils ont cassé le mausolée [d’Alfa Mobo] jusqu’au niveau de la tombe, ils étaient 11 et quelqu’un filmait ». « LES ISLAMISTES SE SONT RAPPROCHà‰S DE LA POPULATION » Par ailleurs, le président du Collectif des élus du Nord-Mali Elhadj Baba Haà¯dara a appelé jeudi à  une intervention militaire internationale « urgente » contre les groupes islamistes armés qui occupent la région, avant qu’il ne soit « trop tard ». « Nous crions : ça s’enlise, faites vite ! Ils ont tous les moyens pour endoctriner la population : par peur, par conviction, par la force ou par l’argent », a déclaré le député de Tombouctou, en mission à  Paris à  la veille de la tenue à  Bamako d’une réunion internationale pour préparer la reconquête du nord du Mali. « Il faut une intervention urgente des forces occidentales. Nous l’espérons, nous le souhaitons, nous le désirons », a insisté M. Haà¯dara au cours d’un entretien à  Paris. « La communauté internationale a la responsabilité de faire très vite car les gens se rallient aux terroristes », a renchéri Haà¯ssata Cissé-Haà¯dara, députée de Bourem (à  45 km de Gao), également membre de la délégation parlementaire malienne. « A Gao, les islamistes se sont rapprochés de la population. Ils ont distribué de l’argent pendant le carême pour payer le sucre, ils ont donné de l’argent pour que l’électricité soit distribuée gratuitement », a-t-elle souligné.

A Tombouctou, les islamistes détruisent les mausolées musulmans

Des islamistes d’Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, ont démoli samedi 30 juin plusieurs mausolées de saints musulmans à  Tombouctou, en représailles à  la récente décision de l’Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril. L’objectif affiché par Sanda Ould Boumama, porte-parole d’Ansar Dine à  Tombouctou, est de détruire tous les mausolées de la ville, « sans exception ». Samedi, au moins trois mausolées avaient d’ores et déjà  été détruits à  coups de pioches, de houes et de burins, aux cris de « Allah akbar ! » (« Dieu est grand! »), ont rapporté des témoins. Le premier sanctuaire visé a été celui de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qui avait déjà  été profané début mai par des membres d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), un allié d’Ansar Dine, ont raconté des habitants joints depuis la capitale, certains sous le choc. « Aujourd’hui, au moment o๠je vous parle, les islamistes d’Ansar Dine ont fini de détruire le mausolée du saint Sidi Mahmoud. Ils ont cassé (et) fait tomber le mur » de clôture du site, « c’est très grave », a déclaré en pleurant un des témoins. Les islamistes se ont ensuite attaqué tour-à -tour aux mausolées de Sidi Moctar, dans l’est de la ville, puis celui d’Alpha Moya, qui ont tous deux été détruits. « NOUS, NOUS SOMMES MUSULMANS. L’UNESCO, C’EST QUOI ? » Ce projet de destruction totale des mausolées est une réponse à  la décision de l’Unesco, annoncée jeudi, de placer Tombouctou, depuis 1988 au patrimoine mondial de l’humanité, sur la liste du patrimoine en péril, d’après le porte-parole d’Ansar Dine. « Dieu, il est unique. Tout ça, c’est ‘haram’ (interdit en islam). Nous, nous sommes musulmans. L’Unesco, c’est quoi ? », a-t-il dit, ajoutant que Ansar Dine réagissait « au nom de Dieu ». Selon le site Internet de l’Unesco, Tombouctou compte « 16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure oà¹, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers ». Fondée entre le XIe et le XIIe siècles par des tribus touareg, et surnommée notamment « la cité des 333 saints », elle a été un grand centre intellectuel de l’islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes. Tombouctou est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent au XIIe siècle, et d’autres de l’ère pré-islamique. Ils sont pour la plupart détenus comme des trésors par les grandes familles de la ville. Environ de 30 000 de ces manuscrits qui étaient conservés dans un institut gouvernemental ont été déplacés et « sécurisés » ailleurs, après le saccage de lieux par des islamistes en avril, d’après des bibliothécaires. En annonçant jeudi sa décision de placer la cité sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu’un site historique de Gao (nord-est), l’Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur la cité. « Nous venons juste d’apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali », a déclaré Alissandra Cummins, présidente de l’Unesco, dans un communiqué, appelant toutes les parties impliquées dans le conflit à  Tombouctou à  « exercer leurs responsabilités ». En plus de Tombouctou (nord-ouest), Gao et Kidal (nord-est), les trois régions formant le Nord, sont sous le contrôle des islamistes divers groupes armés qui ont profité de la confusion créée à  Bamako par un d’Etat militaire le 22 mars. La démolition des mausolées de Tombouctou par les islamistes rappelle le sort d’autres ouvrages du patrimoine mondial, dont les Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l’Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d’Al-Qaà¯da. En Afrique de l’Est, les islamistes somaliens shebab ont détruit de nombreux mausolées de mystiques soufis dont la mémoire était vénérée par les populations locales. TERGIVERSATIONS SUR L’ENVOI D’UNE FORCE Rà‰GIONALE L’Afrique de l’Ouest a appelé vendredi le Conseil de sécurité de l’ONU à  « accélérer » en vue de l’adoption d’une résolution autorisant l’envoi d’une force régionale au Mali contre les groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le Nord. La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force dans le pays, dont l’effectif est actuellement fixé à  quelque 3 300 hommes. Mais elle a besoin, avec l’Union africaine (UA), d’un soutien international à  une telle opération, et d’un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l’ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les Etats-Unis ont d’ailleurs adressé vendredi une mise en garde contre une « entreprise très lourde pour la Cédéao », qui devrait être « préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence ». Les chefs d’Etat de la Cédéao ont réaffirmé leur préférence pour la négociation – confiée au président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré – mais réitéré leur choix d’une intervention armée si nécessaire.

Tombouctou la mystérieuse : Mille années de civilisation

Située au Nord du Mali et à  950 km de Bamako, Tombouctou souffle ses 1000 bougies cette année 2010. Coà¯ncidant avec les cinquante années d’indépendance du pays. Ville mystérieuse et cité des 333 saints, Tombouctou tire son originalité non seulement de son architecture particulière, son riche artisanat, mais aussi et surtout, ses mystères qui ne cessent d’impressionner les visiteurs au quotidien. Historique de la cité Selon l’historien Salem Ould Elhadje, la ville de Tombouctou a été créee par des éleveurs arabes. Ces derniers ont immigré vers le désert du Sahara, à  la recherche de meilleures conditions de vie. C’’est ainsi qu’ils creusèrent un jour un puit qui deviendra une véritable source d’eau potable et naturelle. Et lorsqu’ils partaient à  la recherche de leur pain quotidien, ils confiaient tous leurs bagages à  une vieille dame, en plus du puit qu’elle devait garder. Cette dernière s’appelait Bouctou. Et lorsqu’on demandait aux voyageurs de retour, o๠est-ce qu’ils allaient, ils répondaient «Â nous partons à  tinbouctou », c’est-à -dire, au puit de Bouctou. Mr Salem signale qu’il n’y a que les touaregs, les arabes et les anglais qui prononcent bien le nom Tinbouctou. C’’est par la suite qu’avec la colonisation, les français lui donnèront le nom de Tombouctou. Affluence vers la ville Après la chute de l’empire du Ghana entre les 12e et 13e siècles, les habitants du Wagadou émigrèrent vers Tombouctou. Ces migrants composés de l’empereur Kankan Moussa, étaient majoritairement musulmans. Après le retour de Kankan Moussa de la Mecque, il fit construire la grande mosquée de DJINGAREYBER par un architecte du nom d’Abou Isaac venue d’Arabie. La construction qui dura cinq ans, débutera en 1325. Tombouctou atteindra son apogée au 16e siècle avec de nombreux commerces assez fleurissants de tissus, de barres de fer, de tapis, d’épices, d’or et aussi d’esclaves, etc. b Cité des 333 saints ] l’historien tombouctoutien Salem Ould explique que le nombre 333 est en réalité un symbole. Il explique «Â 3 est un chiffre qui a une signification particulière dans la religion musulmane. C’’est le chiffre de la Baraka. Tombouctou l’a écrit 3 fois. Les 333 saints sont la ceinture spirituelle de la ville sainte. Leurs tombes entourent la ville comme un cercle. C’’est l’édifice qui empêche la maison de tomber. » Il affirme que le 333e saint du nom de Sidi Yehia Al Andeloussi Al Tadessi, est arrivé dans la ville en 1440. La cité mystérieuse Les mystères de la ville de Tombouctou se découvrent tous les jours. C’’est ce qui fait sans aucun doute, son charme et sa beauté. Parmi ces mystères, nous pouvons citer le cas du camp militaire dont la porte ne ferme jamais. Et cela, malgré les nombreuses tentatives de mises de serrure à  la grande porte d’entrée. Nous avons aussi une porte à  Sidi Yehia qui ne s’ouvre jamais et une autre dans le quartier de DJINGAREYBER qui ne se ferme jamais elle non plus. Un autre mystère de Tombouctou selon Mr Salem, C’’est que, quelques soient les conditions de vie des populations, les menus sont aussi variés les uns que les autres dans les familles pauvres et riches. Il certain que cette ville demeurera un mystère pour tous, parce qu’elle ne cesse de nous étonner à  chaque fois qu’on se perd dans ses ruelles sablonneuses…