Salaire des médecins : « En deçà de l’effort demandé »

Avec un salaire net d’environ 227 000 francs CFA, le médecin généraliste malien peut espérer en gagner 20 000 ou 25 000 francs de plus lorsqu’il se spécialise (en fonction du nombre d’années passées pour la spécialisation). Jugé « dérisoire », compte tenu du coût de la vie, les médecins espèrent voir revaloriser leur traitement, tout comme leurs conditions de travail, pour une meilleure qualité de soins.

« Si nous voulons avoir un système de santé performant », correspondant aux aspirations des citoyens, « il faut ce statut », déclare le Docteur Chaka Kéïta, médecin-pédiatre et Secrétaire général du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA).

Ce « statut de l’agent de santé » fait partie des revendications faisant l’objet de discussions entre le gouvernement et les syndicats de médecins. Des discussions pour le moment au point mort, selon le Docteur Kéita. « Nous avons signé un protocole d’accord avec l’État le 25 juillet 2018 et on était censé mettre en place 4 commissions. Mais aucune ne s’est réunie. Rien n’a été fait pour que les choses avancent », déplore le Docteur Kéïta.

Pour le moment, les médecins qui relèvent du Statut général des fonctionnaires peuvent avancer tous les 2 ans, lorsqu’ils « sont bien notés », et avoir une augmentation de 10 000 francs CFA. C’est pourquoi, après 10 ans de carrière, « certains n’ont pas plus de 350 000 francs », relève pour sa part le Docteur Chaka Traoré, médecin généraliste au Centre de santé de référence (CSRéf) de Dioïla, en deuxième région. Après 5 années au sein d’un centre de santé et avec un salaire net (indemnités et primes comprises) de 215 000 francs, « sans avancement », il intègre la fonction publique en 2016. Depuis, il touche environ 230 000 francs. Un salaire « insuffisant », compte tenu des « contraintes de la vie ici », selon le Docteur Traoré.

Le paradoxe étant, selon nos interlocuteurs, que si au plan macro économique les chiffres font rêver, au niveau salaire, le Mali est « dernier ou avant-dernier » de la CEDEAO.

Salaire des enseignants : Des progrès à faire

Au Mali, les grèves incessantes des enseignants interrogent sur leurs conditions de vie. Révéler son salaire, c’est comme transgresser un tabou. « Les enseignants n’ont pas le même salaire, ni la même situation administrative, ni le même nombre d’enfants, ce n’est pas facile de savoir ce que chacun gagne», explique un syndicaliste, membre du Syndicat national de l’Éducation et  de la culture (SNEC). Nonobstant, à travers la grille et la valeur indiciaire, le salaire net est calculable. La loi  007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental mais aussi de l’éducation préscolaire et spéciale, spécifie les traitements. Ainsi, les salaires peuvent être déterminés en fonction de la grille salariale du fonctionnaire multipliée par la valeur indiciaire, 400.

Chaque catégorie, soit A, B2 ou C, a son niveau de grade en classe et échelon. Par exemple, un enseignant du préscolaire de la catégorie C, de niveau  3ème classe,  6ème échelon, marié et père de deux enfants, à l’indice 310, gagnerait par mois 124 000 francs CFA nets, plus 36 500 francs CFA toutes primes confondues (prime de zone, allocations, etc.) plus 2 500 francs pour chaque enfant. Son revenu mensuel serait donc environ de 163 000 francs CFA.  De même, un maitre principal de l’enseignement fondamental de catégorie B2, 2ème classe, 1er échelon, indice 425, marié et père de trois enfants, obtiendrait  211 000 francs CFA nets plus 57 500 francs CFA de primes. Soit 268 500 francs au total. Au regard des besoins de la famille, la somme concourt à joindre les deux bouts, mais sans moyen de faire une épargne durable. Au niveau de l’enseignement secondaire, un professeur principal de catégorie A, 3ème classe, 3ème échelon, avec indice 410, toucherait 164 000 francs CFA.  Le total s’élèverait avec les primes s’élèverait à 242 000 francs CFA.