Salimata Traoré : que devient la plus jeune députée ?

Comme ses 146 collègues issus du scrutin législatif de mars et avril 2020, Salimata Traoré a vu son mandat de député écourté suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, 4 mois à peine après son élection. Malgré l’amertume laissée par ce mandat éphémère, la plus jeune députée de la 6ème législature de la 3ème République reste optimiste et envisage sereinement son avenir politique.

« Nous étions prêts à nous battre pour les questions concernant notre commune. Cet élan a été perdu, c’est ce qui nous a fait mal par rapport à la dissolution de l’Assemblée nationale », affirme avec calme Salimata Traoré. « Sinon, ce n’est pas par intérêt personnel », s’empresse-t-elle d’ajouter. Et, compte tenu du fait que c’était sa « première fois » et qu’elle était la plus jeune députée, à 26 ans, elle nourrissait des ambitions légitimes pour porter la voix de la jeunesse et des femmes à la représentation nationale, au nom de la région de Ségou. Mais « l’homme propose et Dieu dispose », résume-t-elle.

Comme certains de ses collègues, elle avait espéré que la mise en place du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la transition, lui donnerait l’occasion d’exercer son mandat. Parce que « j’avais compris que pour jouer le rôle de l’Assemblée nationale, ce sont les députés qui sont les mieux placés ». Même s’ils n’ont « pas été sollicités », elle ne le prend pas mal, parce qu’il s’agit de l’intérêt du Mali. Ceux qui ont été nommés ont même « sa bénédiction ».

Poursuivre l’engagement

Actuellement entre Bamako, où elle doit désormais jouer son rôle d’épouse, et Ségou, elle entend poursuivre ses activités. Pour notamment continuer à contribuer à  l’implantation de son parti, l’ADP-Maliba, qui se porte « à merveille » et compte plusieurs nouvelles adhésions, et surtout aider à la préparation des futures échéances électorales.

Si elle en a l’opportunité, elle poursuivra ses études, pour soutenir tout d’abord sa licence et faire une maîtrise en comptabilité, finance et audit, qu’elle a entamée à l’Institut de formation professionnelle (IFP) de Ségou.

Face à la « situation difficile de notre pays », elle invite les politiques à s’unir pour affronter les nombreux défis. Pour continuer sur la bonne voie, « les militaires doivent travailler et écouter  tout le monde », suggère Madame Kanté Salimata Traoré.

Malgré son changement de statut, elle compte mener de pair ses activités politiques et sa nouvelle vie,  car son mari est bien « conscient de ses engagements ».

Salimata Traoré : La benjamine qui brise le plafond de verre

Élue à Ségou sur la liste de l’alliance RPM – Adema – ADP-Maliba, selon les résultats provisoires du 2ème tour des élections législatives, Salimata Traoré devient à 26 ans la plus jeune députée de l’histoire de l’Assemblée nationale du Mali.

Fille de Djibril Traoré et d’Assétou Traoré, Salimata est née à Ségou le 16 février 1994. Benjamine de sa mère, elle compte 5 frères et sœurs de celle-ci  ainsi que d’autres enfants de son père.

Titulaire d’un BT2 en comptabilité obtenu au lycée professionnel en 2016, après un parcours du secondaire dans une école franco-arabe, elle vient de finir son stage de fin de cycle  à l’Université de Ségou, pour l’obtention de sa licence en comptabilité.

Salimata Traoré est militante de l’ADP-Maliba depuis 2013. Un parti qui l’a attiré, dit-elle, par sa volonté de promotion de la jeunesse. On se rappelle d’ailleurs qu’en 2013 le plus jeune député élu, Amadou Thiam, l’avait été sous les couleurs de l’ADP-Maliba.

« Je me sens très heureuse. Mon élection montre que les jeunes ont leur place à l’Assemblé nationale et que l’ADP-Maliba contribue à traduire en actes la promesse du Président IBK de consacrer son second mandat à la jeunesse », confie la jeune députée.

Une responsabilité qu’elle entend assumer dignement pour contribuer à l’émergence de la jeunesse malienne sur tous les plans.

« Cela me touche d’être élue et de représenter cette jeunesse qui, aujourd’hui, pour la plupart est à la rue. Le taux de jeunes diplômés sans emplois est élevé. C’est pourquoi je compte m’investir beaucoup pour le soutien des jeunes, surtout dans leurs projets d’entrepreneuriat », indique Salimata Traoré.

Une jeunesse malienne que la désormais Honorable députée remercie dans son ensemble, « surtout celle de Ségou, qui m’a soutenue sans réserves ».

Musulmane, célibataire et sans enfants, Salimata Traoré adore la lecture, surtout celle du Saint Coran. Profondément attachée à sa commune de Ségou, elle souhaite en être une vraie défenseure, pour y apporter tous les grands changements auxquels aspirent les habitants.

Alors que tous les projecteurs seront braqués sur elle tout au long de la 6ème législature à l’Hémicycle, la native de Ségou garde la tête sur les épaules. « Je remercie Dieu de m’avoir hissée là aujourd’hui et je sais que je serai attendue comme la porte-voix de toute une jeunesse. Je reste confiante et, si Dieu le veut, je serai à la hauteur de la confiance placée en moi », conclut-elle.

Germain KENOUVI