Kayes-Sandaré : Le calvaire des transporteurs

Dès le poste de péage à  la sortie de Kayes, la couleur est annoncée. La chaussée qui passe devant la cabine du percepteur ressemble plus à  une piste de VTT qu’à  une route bitumée. Et C’’est parti pour quelques 90km à  pas de tortue, de slaloms, bref, de souffrance pour des conducteurs qui doivent faire preuve de patience et de vigilance. 90km parcourus en quelques trois voire quatre heures par les gros porteurs qui sont obligés de rouler très lentement s’ils ne veulent pas se retrouver très vite les quatre fers à  l’air, leur cargaison avec. C’’est d’ailleurs ce triste spectacle qu’offre cette route. Sur cette distance somme toute pas si importante que cela, près d’une trentaine de camions stationnent sur le bas coté : en panne. En règle générale, ce sont les amortisseurs qui ont lâché, à  force d’être malmenés par des nids de poule qui font plusieurs dizaines de centimètres de profondeur. Et là , C’’est le moindre mal. Les pneus, eux, déjà  fort malmenés il est vrai, éclatent sans crier gare et les chauffeurs s’accrochent à  leur volant pour ne pas se retrouver dans le ravin. S F. vient de Thiès au Sénégal et transporte la cargaison d’un commerçant malien. Il ne décolère pas depuis qu’il a été obligé de s’arrêter pour réparer, il y a 12 heures de cela. « Moi, J’ai des délais à  respecter. Le patron, ce n’est pas son problème si la route est gâtée. Je suis là  depuis des heures parce qu’il n’y a pas moyen d’éviter les crevasses sur la route, même avec toute ta bonne volonté, tu vas avoir une panne » se plaint-il. A ses cotés, son collègue malien, lui, prend son mal en patience. Il est plutôt calme « qu’est ce que je peux faire ? Si l’Etat nous prend de l’argent et ne répare pas les routes ? On est obligés de subir, puisqu’il n’y a pas d’autre chemin pour rentrer ! ». Il est vrai que la question peut être posée. A quoi sert l’argent collecté chaque jour aux centaines voire milliers de véhicules qui passent chaque jour par les postes de péage sur nos routes ? Cet argent n’est-il pas censé servir à  leur entretien ? Si oui, comment comprendre alors qu’on puisse laisser ces mêmes routes pour lesquelles des centaines de millions sont payés par les transporteurs à  l’Autorité Routière du Mali pour la gestion des infrastructures routières (C’’est du moins ce qui est inscrit sur les tickets de péage) dans un tel état de délabrement ? Entretenir une route coûte cher, nous dira-t-on. Certes, mais raison de plus alors faire face aux dégradations dès qu’elles sont minimes plutôt que de laisser la chaussée se parer de belles crevasses avant de venir les combler avec du gravier comme on le voit sur l’axe Kayes-Sandaré. Le transport routier inter-pays est essentiel à  la vitalité de notre économie. Le Mali reçoit une part non négligeable de son approvisionnement en produits divers à  partir du Port de Dakar. Il est indispensable d’offrir des conditions de circulation, au minimum, correctes, à  ceux, transporteurs comme autres usagers, qui empruntent la route nationale n°1 et qui payent un pécule substantiel pour justement avoir le droit de rouler. Ceci est d’ailleurs valable pour toutes nos routes nationales.