Mali:Le procès d’Amadou Haya Sanogo et coaccusés reprend ce jeudi

Le procès d’Amadou Haya Sanogo et coaccusés  s’ouvre ce jeudi 25 février à la cour d’appel de Bamako. L’ancien putschiste ayant renversé le président Amadou Toumani Touré et 17 autres militaires sont accusés « d’enlèvement, d’assassinat et de complicité d’assassinat » dans l’affaire des 21 bérets rouges tués.

En  2012, plusieurs bérets rouges (parachutistes) avaient été faits prisonniers lors de leur contrecoup d’État. Ils avaient ensuite été exécutés et enterrés dans une fosse commune  à Diago, un village à 15 km de Kati.

Le 22 décembre 2015, la chambre d’accusation  de la cour d’appel de Bamako  a mis en accusation Amadou Haya Sanogo et 17 autres militaires.

Le procès s’est ouvert le 20 novembre 2016 à Sikasso lors d’une session spéciale de la cour d’assises pour être finalement renvoyé afin de permettre une nouvelle expertise médicale.

En janvier 2020, Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés ont bénéficié d’une liberté provisoire après plusieurs requêtes.

 

Me Moctar Mariko : « Nous demandons à ce que le procès aille à son terme »

La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a décidé le mardi 28 janvier de la mise en liberté provisoire du général Amadou Haya Sanogo et de ses co-accusés, après plus de 6 ans de détention dans l’affaire dite des « 21 bérets rouges » disparus en 2012. Maître Moctar Mariko, Président de l’AMDH et avocat des familles des victimes, parties civiles, répond à nos questions sur cette décision de justice.

Comment avez-vu accueilli cette décision ?

Quand on regarde les circonstances de la détention, et surtout le temps que les parents des victimes ont passé à attendre ce procès, je suis plutôt animé d’un sentiment mitigé. Ce sur quoi je voudrais insister, c’est qu’il ne faudrait pas que les intérêts des proches des victimes soient mis à la marge de ce processus.

Justement, est-ce que ces proches des victimes ont bénéficié de compensations financières ?

Aujourd’hui, je ne suis pas en mesure de vous dire que ces proches ont obtenu telle ou telle chose. Fort heureusement, il y a un processus aux fins de leur indemnisation en cours. Je peux quand même vous dire que je suis un peu rassuré, compte tenu de la qualité des personnes qui ont intervenu dans ce processus  d’indemnisation, et que je pense que ces personnes vont tenir leurs promesses. Cela permettra d’alléger les souffrances des parties civiles, qui, jusqu’à présent, n’ont pas pu faire le deuil de leurs proches disparus.

Cette décision met-elle fin à l’action judiciaire ?

Ce n’est pas la fin. Ce n’est qu’une libération provisoire et les conditions de libération vont être invoquées dans l’arrêt qui a ordonné la mise en liberté provisoire. Donc ce n’est que partie remise, parce qu’il s’agit d’une liberté provisoire, en attendant la tenue  du procès. Nous demandons à ce que le procès aille à son terme et ce n’est qu’à ce moment que tout le monde sera fixé. Les accusés sauront enfin s’ils vont être condamnés ou acquittés. Il est d’ailleurs dans l’intérêt même des accusés que le procès aille jusqu’à son terme.

D’aucuns parlent de l’application de la Loi d’entente nationale…

À ce stade, on ne peut pas invoquer la Loi d’entente nationale, parce que si elle doit être invoquée, ce sera sur le fond du procès, c’est-à-dire au cours d’une nouvelle audience où il s’agira de trancher le dossier au fond. Jusque-là, il s’est agi uniquement de trancher cette affaire sur la forme et d’analyser les conditions de représentativité et de disponibilité des accusés à déférer aux convocations de la justice, mais également de voir si la mise en liberté provisoire ne troublerait pas l’ordre public.

Propos recueillis par Germain KENOUVI

Procès Sanogo : Une affaire oubliée ?

Depuis son arrestation, le 23 novembre 2013, l’ex-chef putschiste du 22 mars 2012, le général Amadou Haya Sanogo, est en  prison à Selingué. L’ancien patron du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), accusé « d’enlèvement, d’assassinat et de complicité d’assassinat » dans l’affaire des bérets rouges, a comparu une première fois devant les juges, à Sikasso, le 30 novembre 2016. La récente nomination de Me Malick  Coulibaly, présenté comme chantre de la lutte pour les droits de l’Homme au ministère de la justice pourra-t-elle briser le statu quo ?

« Nous réclamons le jugement, mais, à défaut de cela, pourquoi ne pas négocier avec les victimes ? Nous avons vu des pays qui ont eu des cas plus graves que le nôtre, mais ils ont pu trouver des solutions. Je pense qu’il y a juste un manque de volonté », s’impatiente le colonel major à la retraite Soungalo Coulibaly, père d’un des bérets rouges assassinés. Pour la manifestation de la vérité, il intègre très tôt  l’association des parents des bérets rouges disparus. En décembre 2013, après plusieurs investigations, 21 corps ont été découverts, probablement des bérets rouges, dans un charnier à Diago, près de Kati. Son fils, auquel il avait parlé alors qu’il était détenu par des éléments de Sanogo, ferait partie des victimes.

Après six ans d’attente, le colonel major à la retraite espère que la nomination de Malick Coulibaly au département de la Justice relancera ce dossier, tant attendu. « Je ne peux pas rester comme ça, bien que j’ai de la peine à trainer mes compagnons d’armes devant un tribunal. Mais je suis obligé de le faire en tant que  partie civile », insiste-t-il. Le retour de Malick Coulibaly au ministère de la Justice, poste qu’il avait déjà occupé sous la transition de 2012, fait naitre de forts espoirs quant à la reprise du procès. « C’est quelqu’un que je sais à cheval sur le respect des droits de l’Homme, mais aussi surtout les dépassements de séjour en prison. La loi dit trois ans pour les crimes et Sanogo en est déjà à six ans sans jugement. Cela n’est pas admissible », martèle le Dr Abdourahmane Maiga, commissaire à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH). Selon lui, il urge que la justice se fasse, et pour les victimes et pour les accusés. « S’il ne le fait pas dans les trois mois à venir, nous allons lui demander pourquoi, non parce qu’il est Malick, mais parce qu’il est le ministre de la Justice », annonce-t-il.

Pour les victimes et les accusés

Dans cette longue attente, les victimes ne sont pas les seules à plaider pour que la justice passe. Les droits de l’accusé Sanogo semblent également être piétinés. « Quand quelqu’un est en prison, sa femme et ses enfants aussi sont emprisonnés, d’une manière ou d’une autre. Il n’est pas condamné mais sa femme ne le voit pas, ses enfants non plus. On viole leurs droits », continue de dénoncer le Dr Abdourahmane Maiga, Président de la sous-commission promotion à la CNDH. Pour le politologue Mamadou Sissoko, la lenteur doit être liée à des difficultés juridiques. « Le procès Sanogo dépend-il de la situation politique ou de difficultés juridiques ? Politiquement, rien ne s’oppose à ce que Sanogo soit jugé. S’il n’a pas pu l’être à Sikasso, c’est parce qu’il y a eu des difficultés juridiques soulevées par les avocats », souligne-t-il. Parmi celles-ci figure notamment la demande d’expertise génétique des corps des victimes. Pourtant, le colonel major à la retraite Soungalo Coulibaly assure qu’il y a bien eu une expertise, menée sans l’aval des autorités de l’époque. « Il y a eu des tests ADN, mais le tribunal de Sikasso a estimé que ceux qui avaient fait ces tests n’étaient pas habilités par les autorités maliennes. Or, à cette époque c’étaient Amadou Haya Sanogo et ses hommes qui étaient les autorités », rapporte le colonel major. Depuis le report de 2016, c’est le statu quo. « La partie civile est en droit aujourd’hui d’exiger le règlement de cette affaire. Cela permettra à certaines personnes de faire leur deuil, mais aussi de comprendre ce qui s’est passé. Il est également dans l’intérêt des inculpés que la vérité soit dite », souhaite le politologue. L’un des avocats de Sanogo, que nous avons contacté, n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire.

Me Harouna Toureh : « Personne ne peut changer la direction du CMFPR en conférence de presse »

Désavoués par certains membres de la CMFPR (Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance), Me HarounaToureh, peu bavard dans les médias, a bien voulu nous accorder un entretien. Il y évoque cette sortie médiatique et les derniers développements de l’affaire Sanogo et co-accusés.

Journal du Mali : Des membres de la CMFPR ont lors d’une conférence de presse déclaré ne plus vous reconnaitre comme Président. Comment appréciez-vous cette sortie ?

La Coordination des Mouvements et Forces Patriotiques de Résistance (CMFPR) n’est ni une société anonyme ni une association de droit. C’est un mouvement armé organisé en coordination autour des hommes et des combattants qui portent des armes. Personne ne peut en changer la direction par une assemblée générale ou une conférence de presse, parce qu’elle n’a pas été mise en place lors d’une assemblée générale ou d’une conférence de presse organisée à Bamako.

Vous représentez donc toujours la CMFPR ?

C’est fini, c’est écrit, c’est dans le marbre jusqu’à la fin du processus né de l’Accord de Paix. Les auteurs de ces dénigrements et diffamations n’en sont pas à leur première tentative d’éviction de ma personne.

Il y a plusieurs CMFPR. Laquelle présidez-vous ?

La CMFPR est l’organisation politico-armée que j’ai l’honneur de diriger. Cette organisation comme la CMA et la Plateforme, a connu une dissidence, qui a créé la CFMPR2, qui a rejoint le MNLA. La CMFPR2 a également a connu une dissidence, la CMFPR3, dirigée par un magistrat. Moi je dirige la chapelle CMFPR. Ceux qui nous agressent  régulièrement appartiennent à la CMFPR3 et ne partagent pas notre vision d’un Mali pour tous.

Dans leur réquisitoire, ils vous accusent d’entretenir des liens flous avec la CMA et avancent que vous vous êtes trouvés en même temps à New-York…

Je n’étais pas à New-York et je n’ai pas de relations floues avec la CMA. La CMA est une Partie de l’Accord et nous avons pour mission, à la Plateforme, de nous rapprocher de toutes les Parties afin de mettre en œuvre l’Accord. N’oubliez pas que la CMA et la Plateforme, entre autres, parlent au nom des mêmes populations. J’étais en vacance avec ma famille à Washington, car cela fait plus de trente ans que je pars en vacances à l’étranger en fin d’année.

Vous aviez demandé une liberté conditionnelle pour Sanogo et ses co-accusés. Deux l’ont obtenu, les autres non. Comment interprétez-vous cette décision ?

Les avocats du Général Amadou Aya Sanogo ont à plusieurs reprises demandé sa libération provisoire, avant le procès qui a été ajourné et après l’ajournement du procès, sans succès. Le vendredi 26 janvier 2018, deux de ses co-accusés ont été mis en liberté provisoire sans contrôle judiciaire. En tant qu’avocat, cette décision me réjouit, d’abord parce qu’elle est légitime et conforme à la loi, ensuite parce qu’elle concerne de valeureux officiers supérieurs de notre armée, en quête de crédibilité et de réhabilitation. J’aime répéter que l’État du Mali ne respecte pas l’indépendance de la justice et s’immisce trop souvent dans ses affaires. Il contrôle la main et la conscience de certains magistrats, lesquels, par une crainte injustifiée, s’abstiennent de prendre courageusement les décisions qui les honorent et honorent leur noble métier.

Le Général Sanogo et ses co-accusés sont arbitrairement détenus, car le délai légal de détention, trois ans en matière criminelle, est largement dépassé (Article 135 du Code de procédure pénale). Le Général Sanogo a été placé en détention le 27 novembre 2013. Depuis, il s’est écoulé quatre ans et deux mois. La preuve de l’arbitraire est incontestable.

Quelles sont les voies de recours ?

Le recours devant la Cour Suprême est exercé. Mais si elle est dans la même posture et le même état d’esprit que le juge d’instruction ou le président de la chambre d’accusation, la réponse sera la même. Le pouvoir judiciaire n’arrive pas, hélas, à conquérir son indépendance, garantie par la Constitution. Il dépend beaucoup trop du politique et s’intéresse peu à la primauté de la règle de droit. Nous envisageons de saisir la Cour des Droits de l’Homme de la CEDEAO pour faire constater et condamner cette détention arbitraire. Nous, juristes, ne nous satisfaisons pas de cette  situation, surtout de la part d’un État.

Pourquoi ce procès traine-t-il tant ?

Il faut poser la question au Procureur général de la Cour d’appel de Bamako, c’est lui qui a la charge de son organisation.

 

ATT de retour, Sanogo en prison : ironie du sort

L’ex-président de la République Amadou Toumani Touré accompagné de sa famille est rentré au pays le dimanche 24 décembre dans  la mi-journée. Contraint  à un exil de plus de cinq ans à Dakar, après le coup d’État de 2012, le général a été accueilli à l’aéroport international Modibo Keïta comme un illustre homme alors que celui qui  a sonné son glas pour régner un moment croupis en prison.

Dimanche 24 décembre à Bamako, une journée mouvementée. Le retour de l’ex-président Amadou Toumani Touré a retenu une plus grande attention des décideurs, acteurs politiques et citoyens.

Il est 11 heures passées. L’avion présidentiel s’immobilise devant le pavillon du même nom. Une foule des personnalités, inconditionnels amis de l’ex-président  et des journalistes  se tenait déjà à quelques centimètres de l’appareil. Un vacarme monte, le désordre organisationnel était  remarquable. La délégation a passé plus de 30 minutes dans l’avion sans que les conditions ne permettent sa descente. Apres quelques remous, l’ancien président ATT, apparait habillé en blanc,  bonnet sur la tête, une main levée saluant l’assistance. Il était  suivi dans sa descente par son épouse Touré Labo Traoré, elle aussi souriante. Des cris de joie s’élevaient de la foule d’accueil.  Le premier ministre, Abdoulaye Idirssa Maiga, le ministre de la jeunesse et de la construction citoyenne Amadou Goïta, anciens ministres,  responsables du PDES  et autres personnalités étaient au-devant  de l’accueil. Bien que souriant, le visage de l’homme est quelques peu vieillissant par rapport à 2012.

Sur les abords de la route quittant l’aéroport, une foule des partisans scandait le nom d’ATT, brandissant des pancartes « ATT I BISSIMILA I KA SO » qui peut se traduire par ‘’ATT, bienvenu dans ta maison’’.  Le déchu d’hier  qu’on accablait des pires maux  profite encore d’une sympathie  au sein de la population malienne. Des femmes, jeunes,  regroupements associatifs,  n’ont pas manqué d’afficher leur joie de voir ce jour arriver. Par leur présence, ils entendent témoigner de leur reconnaissance à ATT.  « C’est pour exprimer ma reconnaissance à ATT que je suis là, pour les multiples projets qu’il a réalisé », justifie Sidiki Touré, militant du PDES, venu pour la circonstance.  « Je remercie Dieu qui m’a montré notre président, je suis très content », confie Mamoutou Tessougué,  agent du personnel  de l’aéroport. 

Reçu dans l’après-midi par le Président Ibrahim Boubacar Keita dans sa résidence de Sebeninkoro, l’ex-président ATT se dit ému par l’accueil qui  lui a été réservé. Il avait aussi  exprimé sa gratitude au Président sénégalais Macky Sall et à son peuple pour leur hospitalité.

Au même moment, le général Amadou Haya Sonogo et ses compagnons, ceux-là qui ont évincé Amadou Toumani Touré  à quelques mois de la fin de son mandat croupissent toujours en prison depuis 2013. Les parents des victimes attendent justice, les épouses des détenus réclament leur libération, estimant que le délai légal  de 3 ans de détention sans jugement a été dépassé. Le procès jusque-là en attente est l’un des dossiers judiciaires le plus sensible du moment. Les tests d’expertise qui devaient parvenir  fin octobre dernier ne sont pas toujours disponibles. La situation s’enlise. Entre la nécessaire réconciliation et le besoin ardent de justice des  familles des victimes, l’affaire garde toute sa sensibilité. Le temps aura certainement des pions à placer et peut être en faveur du général et coaccusés au nom d’une telle ou telle raison.

Amadou Haya Sanogo : Le méa-culpa

Alors que son procès,  qui avait été renvoyé aux assises de mars 2017, tarde à reprendre, le général Amadou Haya Sanogo écroué depuis plus de trois ans s’est laissé aller à des confidences à son avocat, celles d’un homme cherchant repentance.

Des révélations en forme de mea-culpa d’Amadou Haya Sanogo ont été publiées ce matin. Suite à une conversation avec son avocat, Me Harouna Toureh, l’éphémère chef de l’Etat semble éprouver des regrets. Après avoir toujours clamé son innocence et nié les accusations portées à son encontre sur l’assassinat de 21 bérets rouges en 2012. « Ce qui s’est passé dans la nuit du 2 au 3 mai (2012) n’était que le fruit d’une multitude de circonstances dramatiques, des mauvaises appréciations des faits de guerre, d’influences négatives de l’extérieur de l’armée, c’était pour certains une simple question d’instinct de survie, qui après plusieurs jours de fortes tension psychologique et moral, sans sommeil ni repos au bord de l’épuisement physique, intoxiqués par des rumeurs d’arrivée massive contre eux de mercenaires venus de l’étranger, ont fini par craquer et faire le choix malheureux qu’on connait » a-t-il annoncé. Avant d’ajouter « pour avoir pris en mains les destinées de notre pays un laps de temps, j’ai conscience que ma responsabilité morale peut être engagée ». Des déclarations aux antipodes de la ligne de défense habituelle du l’ex-chef de la junte, qui niait tout en bloc et menaçait même de faire des révélations fracassantes lors de son procès.
« J’imagine combien sera vain le moindre mot compatissant de ma part à l’endroit des parents, veuves, enfants… des victimes de cette nuit de grande perte pour la nation et pour l’armée malienne… Je prie notre Dieu tout miséricordieux et tout compatissant afin qu’il apaise la douleur de chacun et qu’il ne laisse dans le cœur des parents, veuves, orphelins, de toutes les victimes de ses sombres jours que le tendre souvenir de leurs chers disparus » souhaite-t-il.

Des débuts d’excuse que semble bien accueillir le Colonel Coulibaly de l’association des parents et épouses des militaires bérets rouges assassinés (APEMBRA). « Dans tous les pays du monde, une faute reconnu et sur laquelle on demande des excuses est à moitié pardonné, ça ne réveillera pas nos morts, et c’était écœurant de le voir nier les faits, à cette époque rien ne pouvait se faire sans son aval, mais ces excuses peuvent calmer les esprits » soutient-il.

Pour l’heure nous ne savons pas si la conversation entre Sanogo et son avocat a malencontreusement fuité ou si c’est un coup délibéré, si c’était le cas, cela ne semble pas faire avoir été fait de manière consensuel. Me Tiéssolo Traoré, un des avocats de Sanogo, affirme avoir appris la nouvelle ce matin dans la presse. « Je l’ai vu il y’a deux semaines, et je n’ai pas senti en lui une envie de faire des révélations, j’ai été surpris de voir cela, ce ne m’a pas du tout plût, et je ne cautionne pas » conclut-il.

Procès Sanogo : l’audience renvoyée à la session de 2017

Après plusieurs suspensions, le procès Sanogo a finalement été reporté à la session prochaine des assises. La Cour a rejeté la demande de liberté provisoire des accusés et à ordonner une nouvelle expertise médicale des corps des victimes dans l’affaire dite des bérets rouges.

C’est officiel la cour d’assise en transport à Sikasso dans le cadre du procès Sanogo a renvoyé l’audience à la session prochaine des assises dont la date n’est pour l’instant pas connue. La cour a également rejeté la demande de liberté provisoire de la défense.

En d’autres termes, le général Haya Sanogo et les 17 autres accusés restent en prison en attendant l’annonce de la nouvelle date des assises. Selon Me Abdoulaye Sidibé, avocat à la cour, le délai minimum est entre 3 ou 4 mois pouvant aller jusqu’à 6 mois.

En attendant, la cour a ordonné une nouvelle expertise médicale au laboratoire Mérieux de Bamako dans un délai de 45 jours afin d’identifier à nouveau le corps des 21 bérets rouges. On rappelle que c’est la seule exception de procédure qui a été retenue par la cour sur les quatre soulevées par la défense.

 

Procès Sanogo : la demande de renvoi de la défense rejetée

 

L’audience du mercredi 7 décembre 2016 du procès Sanogo a été suspendue après plusieurs échanges entre avocats des parties (défense et partie civile), le parquet et le juge Mamadou Berthé. L’audience a été suspendue. Elle reprend demain à 11 heures.

La quatrième journée de l’audience du procès Sanogo a démarré ce mercredi avec seulement 15 témoins présents sur les 23. Les avocats de la défense et ceux de la partie civile ainsi que les accusés étaient tous présents dans la salle d’audience. Après la traditionnelle vérification effectuée par le juge Mamadou Berthé, président de la Cour, la défense a souhaité le renvoi pur et simple du procès à la session prochaine. Une doléance considérée comme inacceptable pour la partie civile et le parquet. Pour ces derniers, l’audience pouvait bel et bien être maintenue avec les 15 témoins de la défense et la vingtaine des témoins de la partie civile (présent à Sikasso depuis le début du procès le 30 novembre dernier).

Après une brève suspension la Cour a rejeté la demande de renvoi de la défense laissant place aux discussions.

Exceptions au menu. Comme annoncé les avocats ont attaqués pendant plusieurs heures sur la forme, l’audience. Selon ces derniers, la cour d’assise est incompétente matériellement et personnellement à conduire ce procès. Son argumentation repose en majorité sur le fait que les accusés sont militaires. L’organisation du système judiciaire du Mali prévoit des juridictions spéciales telles que le tribunal militaire pour se prononcer sur des infractions commises par des militaires. C’est le cas du procès Sanogo.

Autre aspect sur lequel est revenue la défense, le cas Yamoussa Camara. Ministre de la défense au moment des faits, la défense affirme que Yamoussa Camara devait être jugé par la haute cour de justice habilité à juger les ministres et le président de la République.

Les débats ont duré plusieurs heures avant que le juge Mamadou Berthé ne suspende l’audience. Elle reprendra demain à 11 heures.

Procès Sanogo Jour-3 : les témoins de la défense introuvables

Aucun des témoins de la défense n’a répondu présent en ce troisième jour du procès Sanogo. Les avocats de la défense estiment que c’est l’expression d’une mauvaise organisation.

La troisième journée du procès Sanogo s’est ouvert ce lundi 5 novembre comme prévu. Après avoir vérifié que les accusés soient tous présents dans la salle d’audience, Mamadou Berthe, président de la cour se rend compte que la vingtaine de témoin de la défense est absente. Une belle opportunité pour les avocats de la défense qui depuis l’ouverture du procès semblent vouloir un report pure et simple de l’audience. « Monsieur le président, seul l’honorable Oumar Mariko est présent », affirme un avocat sans s’être assurée de la présence de ce dernier dans la salle. Lorsque Mamadou Berthe, demande qu’ Oumar MARIKO se lève, on constate également l’absence de celui-ci.

Pour rappel, Oumar MARIKO est le dernier a être ajouté à la liste des témoins de la défense. Il était présent le vendredi dernier.

Mauvaise organisation Alors même que les avocats de la défense s’apprêtaient à avancer des exceptions de procédure avant les débats, Mohamed Najim, avocat général représentant le ministère Public offre une nouvelle arme de défense à l’accusation, « il faut vérifier si les témoins sont présents », demande-t-il au juge. Visiblement étonné de cette réaction, Mamadou Berthe, une fois de plus passe en revue la liste des témoins. Résultat, aucun n’est présent. « On est dans un amateurisme total, un sabotage du procès », déclare à la barre Me Konaré, avocat de la défense. Et d’ajouter que c’est l’expression d’une mauvaise organisation. Me Harouna Toureh, avocat principal de la défense  explique que la déclaration du parquet est un « aveu de désorganisation ». Il martèle ensuite, « c’est inconcevable qu’une assise se tienne sans témoins.

La loi prévoit que le parquet s’assure d’abord de la présence de tous les témoins à l’audience. Ensuite le parquet doit les prendre en charge. Enfin, la loi permet au parquet de faire comparaître de force chaque témoin qu’il estime nécessaire. Pourtant, rien ne semble avoir été fait en ce qui concerne cet aspect.

Bien que le parquet n’ai pas encore requis au renvoi du procès Sanogo, tout porte à croire pour l’instant que c’est une alternative fort possible.

L’audience a été suspendue, le temps de permettre au juge et ses assesseurs de prendre une décision.

Cheick Oumar Keita : « Cette affaire est une pure manipulation politique, cela sera démontré dans le procès »

Enseignant et père de trois enfants, Cheick Oumar Keita, président du club de soutien au général Amadou Haya Sanogo revient sur les raisons de la création d’un tel club. Il est convaincu que Haya Sanogo est innocent et souhaite que la justice soit faite.

Quel est l’intérêt de la création d’un tel Club ?

Le club de soutien au général Amadou Haya Sanogo existe depuis trois ans. Il est composé de personnes qui ont approuvé toutes les actions du général depuis le coup d’État de 2012 à ce jour. Le club n’a aucun autre intérêt que de soutenir et accompagner Haya Sanogo qui est pour nous un héros et un guide.

Quelles sont concrètement les raisons qui motivent votre amour pour le général Haya Sanogo ?

Après le coup d’État en 2012, nous avons approché Haya Sanogo. Nous l’avons écouté, analysé ses propos et compris que le putsch avait pour but de redresser les institutions de la République. Son souhait était de changer un système qui avait échoué à apporter la paix aux Maliens. Haya Sanogo a également contribué à mettre en place des autorités démocratiques légales et légitimes après le coup d’État. C’est pourquoi nous sommes convaincus que le général Haya Sanogo aime le Mali. Chaque décision, chaque acte qu’il a eu à poser, il l’a fait dans le seul intérêt de la nation. Aujourd’hui plus que jamais, le général a besoin de ses amis, parents pour qu’enfin justice soit faite.

Certaines familles de victimes estiment que Haya Sanogo est impliqué dans l’assassinat des 21 bérets rouges. L’idée que vous soutenez un assassin ne vous choque-t-elle pas ?

Si réellement le général Haya Sanogo a pris part à ce massacre, nous souhaitons que justice soit faite. Pour la simple raison que la vie humaine est sacrée. Mais, je peux vous assurer, que tout ça n’est que pure manipulation politique. Cela sera démontré dans le procès.

Vous avez rencontré Haya Sanogo. Comment se porte-t-il ?

Le général a énormément maigri mais c’est normal car il est privé de liberté. Sinon physiquement et moralement, il se porte très bien. C’est un homme décontracté qui garde le moral. Il a toutes ses facultés en place. Et il est prêt à dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

Sa famille serait ici à Sikasso avec lui. Qu’en est-il ?

Ce n’est pas vrai. Présentement, il n’y a que sa tante et son oncle qui représente ses parents proches. La grande sœur de sa femme également est là. C’est tout.

Que ferez-vous si Haya Sanogo venait à être condamné ?

S’il est condamné sous la base de la vérité, nous l’accepterons car la justice aurait été rendue. Sinon nous ne resterons pas les bras croisés face à une quelconque machination politique.

 

 

Procès Sanogo : une salle internet pour les avocats

La trentaine d’avocats (défense et partie civile) du procès Sanogo et le ministère public ont trouvé un terrain d’attente après une journée déchaîné ce samedi. Une salle connecté à l’Internet et un pupitre sont prévus pour lundi 5 décembre, date de la reprise du procès.

Après une journée entière d’échange entre les avocats (défense et partie civile) et le ministère public, un compromis a finalement été trouvé.  Une salle équipée avec connexion internet a été aménagée au sein même de la salle d’audience pour les avocats. Elle permettra de se connecter sur place et de laisser par la suite les téléphones portables point de litige entre les avocats et le ministère public. Des gardes assureront la sécurité du matériel.

Autre nouvelle mesure, un autre pupitre est prévu uniquement pour les avocats de la défense. Pour rappel, un seul pupitre n’existait dans la salle Lamisssa Benghaly pour les 17 avocats de la défense et les six avocats de la partie civile. Les accusés et les témoins s’en servaient également pour échanger avec le juge Mamadou Berthé, président de la Cour.

Selon nos sources, le procès pourra donc reprendre le lundi comme prévu. Les avocats de la défenses avanceront plusieurs exceptions de procédures qui pourraient sans nul doute contribuer au renvoi du procès.

Me Harouna Toureh : « leurs desseins c’est peut-être d’éviter que le procès ait lieu »

Pour ce deuxième jour d’audience, le procès Sanogo à été suspendu jusqu’au lundi 5 décembre, car les avocats refusaient de travailler sans pouvoir utiliser leurs téléphones portables. Me Harouna Toureh, avocat du général Sanogo, a expliqué au Journal du Mali, les raisons de la fronde des avocats de la défense comme de la partie civile.

Ce matin les avocats sont restés dehors et ont refusé de rentrer dans la salle, pour quelle raison ?

Ils sont restés dehors certes mais ils n’ont pas refusé de rentrer dans la salle d’audience. Nous avions demandé que des conditions de travail auxquels nous avons droit soient remplies purement et simplement. Nous souhaitions qu’une salle soit mise à notre disposition avec internet et ordinateur, tout ce qu’il faut, dont un secrétariat comme si nous étions dans nos cabinets. Pouvoir travailler, produire, échanger c’est important, pour les avocats de la défense et de la partie civile que nous sommes. Cet espace ne nous a pas été accordé, nous l’avons demandé dès le début du procès, bien avant même de quitter Bamako. À l’ouverture du procès, nous avons pu accéder à la salle avec nos smartphones, mais aujourd’hui on nous a refusé de les prendre.

Un membre du comité d’organisation a parlé d’une fuite, des gens ont-ils filmé ou retransmis le procès en directe ?

Ce n’est pas ce qui nous a été dit. Officiellement, le parquet général nous a dit que c’était pour nous permettre d’être en sûreté ainsi que le publique, à ce moment il aurait fallu simplement qu’ils aient les moyens technologiques pour vérifier que les téléphones que nous avons ne constituent aucun danger pour nous même et pour le public.

Si on ne donne pas suite à ce que vous voulez, que comptez vous faire ?

On est là, on attend que les conditions de travail soient remplies pour que nous puissions accéder à la salle, tous, avocats des accusés comme avocats des parties civiles. On est tous d’accord que tant que les conditions ne sont pas réunies on ne pourra pas faire notre travail.

Donc vous prenez le procès en otage ?

Non, qui prend le procès en otage ? C’est ceux qui ne veulent pas mettre les conditions de travail à notre disposition qui prennent le procès en otage, peut être que leurs desseins c’est d’éviter que le procès ait lieu.

À qui faites-vous allusion ?

Mais ceux qui ont organisé le procès, le parquet général, le ministère de la Justice, ils savent que les avocats vont toujours exiger d’être mis dans les meilleures conditions pour faire leur travail, il ne s’agit pas de deux ou trois avocats il s’agit dune trentaine d’avocats avec des accusés et des parties civiles. On a discuté avec le procureur général, on a discuté avec le premier président de la Cour d’appel mais on n’a pas encore trouvé la solution.

Procès Sanogo Jour-2 : Manifestation pro-Sanogo

Le 2ème jour du procès du général Amadou Haya Sanogo a Sikasso a été suspendu. En cause, les avocats des différentes parties qui refusaient de rentrer dans la salle d’audience sans leurs téléphones portables. Le juge Mamadou Berthe a prononcé une suspension du procès jusqu’au lundi 5 décembre. À l’issue de cette annonce, alors que le général Sanogo quittait le procès en voiture, une foule massive s’est massée à l’extérieur, en scandant ‘‘Libérez-Haya’’.

Procès Sanogo jour 2 : audience suspendue jusqu’au lundi 5 décembre

Le procès du général Sanogo censé reprendre ce vendredi 2 novembre à 9 heures est suspendu. Devant le refus des conseils des parties de rentrer dans la salle d’audience sans leurs téléphones portables, une suspension a été décidée par la juge Mamadou Berthe jusqu’au lundi 5 décembre.

Les 17 avocats de la défense ainsi que les six avocats constituant le collectif de la partie civile ne sont pas encore dans la salle d’audience. « On nous demande de laisser nos téléphones portables à l’entrée. Ce que nous refusons car c’est un outil de travail », explique un avocat de la défense. En ce deuxième jour de procès, la sécurité semble avoir été renforcée. Plusieurs soldats cagoulés, les armes accrochées à l’épaule sillonnent la salle d’audience. Le général Amadou Haya Sanogo, l’ancien ministre de la Défense, Yamoussa Camara et le chef d’État-major Dahirou Dembele sont installés à leur place depuis 8h37 minutes. Dix minutes plus tard, les autres accusés font également leur entrée. Mais les avocats eux, restent hors de la salle d’audience.

Regroupés devant le grand portail de l’hôtel Cinquantenaire, les avocats n’ont pas encore trouvé une entente avec le ministère public représenté par Mamadou Lamine Coulibaly, Procureur général près la Cour d’appel de Bamako. Ce dernier essaie tant bien que mal de trouver une solution avec les avocats qui semblent intraitables sur cette question.

Pourtant, les avocats étaient rentrés avec les téléphones portables lors du premier jour de l’audience. Selon un membre de l’équipe d’organisation, il y aurait eu fuite ce jour-là, « quelqu’un a retransmis l’événement en direct depuis la salle d’audience », affirme-t-il.

La tension monte d’un cran, Mamadou Lamine Coulibaly déambule de la grande cour à la salle d’audience le téléphone vissé à l’oreille sans être inquiété. « Il est continuellement en contact téléphonique avec le ministre de la Justice », affirme un avocat de la défense. Le Juge Mamadou berthe, devant le refus des avocats d’accéder à la salle d’audience sans leurs téléphones, a prononcé une suspension du procès jusqu’à lundi prochain 5 décembre. À l’issue de cette annonce alors que le général Sanogo s’apprêtait à quitté la salle d’audience , une foule massive s’est massé aux alentours de la salle Lamissa Benghaly en scandant ‘‘Libérez-Haya’’.

 

Zeïnabou A. Touré : « C’est Fouss qui a assassiné mon fils ! »

Âgée de soixante ans, Zeinabou Abdoulaye Touré fait partie des familles de victimes présentes au procès Sanogo. Aliou Boncana Maiga, son fils fait partie des 21 bérets rouges dont les corps ont été découverts en décembre 2013 à Diago. C’est dans sa chambre d’hôtel au Kaaky Palace qu’elle nous a reçu. 

Journal du Mali : Vous faites partie des familles de victimes, pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
Zeïnabou Abdoulaye Toure : je suis la mère de Aliou Boncana Maiga, soldat béret rouge de 2ème classe. J’étais chez moi à Mayena dans le cercle de Bafoulabe du 30 au 1er mai 2012 lorsque j’ai vu à la TV mon fils aux mains d’un soldat béret Vert qui le questionnait. Je n’ai pas compris pourquoi Aliou se trouvait dans une telle situation. J’ai donc appelé immédiatement son père au téléphone pour lui demander d’allumer la télé. Le lendemain j’ai appelé ma petite sœur à Bamako chez qui Aliou vivait quand il n’était pas au camp. C’est comme ça que j’ai eu la confirmation de son arrestation. La veille Aliou avait quitté la maison de sa tante pour ses cours d’anglais. Il a été arrêté lors d’une fouille dans un Sotrama alors qu’il rentrait à la maison. Ne pouvant plus d’attendre, j’ai décidé de me rendre à Bamako. Entre temps ses frères ont visité les commissariats et gendarmeries de Bamako. L’un des frères d’Aliou, un béret vert, a été jusqu’au camp de Kati pour dire quAliou ne faisait pas partie des militaires qui ont participé au coup d’État. Malgré cela, il n’a pas été relâché. Je me suis rendu sur place. J‘ai rencontré au camp un garde du corps de Haya Sanogo. Il se faisait appeler Rougeo. J’ai demandé à rencontrer Haya. Après une altercation entre moi et Rougeo, Haya est finalement sorti de son bureau. Je lui ai fait part de l’objet de ma visite. Il ma répondu en ces termes, « maman votre fils va bien ainsi que tous les autres. Rentrez vous reposer et tranquillisez-vous ». J’ai demandé à parler à mon fils au téléphone, il a refusé. Le lendemain j’ai été à Konna ensuite à Sikasso à la recherche de mon fils. Lorsque le charnier de Diago a été découvert, j’ai rejoins le juge Yaya Karembé ainsi que d’autres familles des victimes. On a été entendu. Ensuite nous avons effectué un test ADN avec les corps des soldats morts. Aliou se trouvait parmi les 21 soldats assassinés. Depuis, je ne dors plus.

Quel genre d’homme était Aliou ?
Il avait 28 ans lors de son arrestation. Il était grand et costaud. Il a été tué alors qu’il était fiancé. Aliou a une fille. Elle a sept ans aujourd’hui. J
e n’ai appris son existence qu’après sa mort. Aliou a quatre frères et quatre sœurs. Il était le cadet des garçons. C’était un jeune homme poli, respectueux et gentil. Il n’aurait pas faire de mal a une mouche. Il a été lâchement abattu par des individus mal intentionnés.

Après l’ouverture du procès hier et sa suspension de 48 heures, quelles sont vos impressions sur le procès à ce stade ?
Les avocats de la défense ne savaient pas que le procès atteindrait un tel niveau. Le délai de 48 heures demandé par la défense signifie beaucoup pour nous car ils savent que les victimes représentés par le collectif des avocats de la partie civile sont prêts à aller jusqu’au bout. Ils n’ont pas demandé deux jours de suspension pour rien. Ils savent ce que nous avons comme preuve.

Quelles sont vos attentes dans ce procès ?
Que justice soit faite. Que les coupables soient condamnés.

Pensez-vous que l’assassin de votre fils se trouve parmi les 18 accusés ?
Je le sais et j’ai les preuves. Un soldat nous l’a dit. Je suis certaine que c’est Fousseni Diarra dit Fouss.

Si vous étiez amenée à rencontrer une fois de plus Amadou Haya Sanogo. Que lui diriez-vous ?
Je lui dirais juste que lorsqu’il m’a dit que mon fils et les autres sont en parfaite santé, ils le sont maintenant. C’est tout. Il comprendra.

 

Procès Sanogo : audience suspendue jusqu’au 2 décembre

Le procès du général Sanogo qui s’est ouvert ce mercredi 30 novembre 2016 à Sikasso a été suspendu pour 48 heures à la demande des avocats de la défense. L’objectif : mieux préparer la défense des accusés et veiller à ce que le procès soit équitable.

Après des heures d’échanges, le procès d’Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex junte malienne poursuivi pour enlèvement et séquestration, assassinat et complicité d’assassinat a été suspendu pour 48 heures à la demande des avocats de la défense. Le débat fut houleux à la reprise de l’audience ce mercredi 30 novembre 2016 dans la salle de spectacle Lamissa Benghaly à Sikasso, situé à 370 km au sud-est de Bamako, transformé pour l’occasion en salle d’audience du procès du général Sanogo et les 17 autres accusés dans l’affaires dite des « Bérets rouges ». Constitué de six avocats venus de divers horizons (France, Côte d’Ivoire, Sénégal…) et affilié à la Fédération Internationale des Droits de l’Hommes (FIDH), le collectif des avocats de la partie civile sous la houlette de Me Mariko, président de l’Association Malienne des Droits de l’Homme a rappelé défendre les droits de l’ensemble des participants notamment les victimes dans ce procès. « Nous sommes satisfaits de l’ouverture de ce procès. Le discours de l’avocat général près la Cour d’Appel de Bamako est à la hauteur des attentes de ce procès historique », estime Clemence Bectarte, avocate à la Cour et Coordinatrice du groupe d’action judiciaire (GAJ).

A la barre, après lecture des charges des accusés, Me Mariam Diawara, porte-parole du Collectif des avocats du général Sanogo demande une suspension de l’audience pour 48 heures, « nous sommes dans un désordre organisé. Les deux jours nous permettront d’échanger avec nos clients afin de mieux préparer leur défense », explique Me Konaré, autre avocat de Sanogo, à la barre. « Nous analysons cette demande de suspension de la défense comme une demande de renvoi qui ne dit pas son nom. Nous ne sommes donc pas opposés par principe que les droits de la défense soient respectés. Le fait que la Cour est donné droit à la demande est la preuve que ce procès prend la forme d’un procès équitable », argumente Clemence Bectarte. Et d’ajouter que « nous espérons qu’il ne s’agit pas d’une demande qui en précédera d’autres et qui viserait à reporter l’ouverture au fonds des débats ».

Mohamed Maouloud Najim, Avocat Général près la Cour d’appel de Bamako qui a remplacé Mamadou Lamine Coulibaly, Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako au fauteuil du ministère public estime que le délai de suspension est beaucoup trop long, « la partie civile et les accusés ici présents ont attendu avec impatience ce jour », dit-il. Pour rappel, dans sa réquisition Najim avait proposé une suspension de 30 minutes. « J’accepte la décision du juge parce que le droit de la défense est sacré », a-t-il conclut.

Hourrah pour Sanogo Invité à la barre d’audience pour la lecture des charges, le général Sanogo, un bidon d’eau minéral dans les mains se dirige vers le micro à l’appel du juge Mamadou Berthé. Il se présente fièrement et de façon audible. Un fait qui a valu une acclamation de ses partisans installés vers la sortie ouest de la salle d’audience. « Nous ne sommes pas dans une salle de spectacle. Si une scène pareille se reproduit, je viderais immédiatement la salle », met en garde le juge Mamadou Berthé.

En attendant vendredi 2 novembre, date de la reprise de l’audience, les avocats de la défense s’entretiennent d’ores et déjà avec leurs clients pour une meilleure défense.

 

 

La France derrière le procès Sanogo ?

 

Les Clubs de soutien au général Amadou Aya Sanogo et le MP22 ont organisé une conférence de presse conjointe au sein de la maison de la presse. Le but étant de faire le point sur le procès à venir des membres du CNRDRE le 30 novembre prochain.

C’est la France qui serait l’instigateur du procès Amadou Aya Sanogo et compagnie. Tel serait brièvement résumé l’argumentaire avancé par lors de la conférence de presse organisée par les soutiens du général.

Le secrétaire général du MP22 Pérignama Sylla affirme que le procès serait orchestré par la France. Le gouvernement Hollande aurait mis un coup de pression sur l’Etat malien pour qu’il fasse passer Sanogo devant les assises avant le début du sommet Afrique-France de janvier prochain. « La France ne peut accepter que son président vienne sur le sol malien sans que cette affaire soit d’abord réglée » lance Sylla.

Loin des théories complotistes, Me Tiessolo Konaré, l’un des avocats de Sanogo sur les quinze qui constituent le collectif, dénonce lui un non respect des procédures. « La loi dit que nous devions recevoir les notifications de comparution 30 jours avant le procès, mais nous l’avons reçus le 11 de ce mois, voyez que le délai n’as pas été respecté ». Un néologisme aurait même vu le jour selon lui quant au procès. « Ils parlent d’audience supplémentaire, nous avons jamais entendu parler de ca, audience foraine oui, mais là c’est de la pure création ». L’avocat demande milite aussi pour que le procès soit public. « Le monde entier a vu le charnier de Diago dont nos clients sont accusés d’en être les instigateurs, pourquoi on empêchera ce même monde d’assister au procès » s’indigne t-il.

Me Konaré s’est aussi montré critique envers le choix de Sikasso. « J’ai entendu que les 1500 places de la salle d’audience seraient déjà toute prises, si ils tiennent vraiment à le faire là-bas, qu’ils louent le stade Macoro Sissoko » ironise t-il.

Son confrère Me Issa Coulibaly abonde dans le même sens que lui. Il estime qu’aucun de leurs clients n’auraient été entendus lors de l’enquête préliminaire et qu’ils auraient été directement mis en geôle. Avant d’évoquer le cas des bérets rouges dont l’instruction trainerait en longueur. «L’instruction des bérets rouges a commencé avant celle d’Aya, mais aucun d’eux ne s’est retrouvé devant un juge » accuse t-il. A ses dires, il y’auraient 36 morts recensés à l’hopital Gabriel Touré au lieu de 21, dont des civils. Visiblement tous remontés contre la « délocalisation » à Sikasso, Me Coulibaly regrette que le procès ne se passe pas à Bamako. « Aucune partie du Mali ne peut garantir la sécurité, de Kayes à Kidal, au moins dans la capitale il y’a plus d’espace ».

Le volubile Me Konaré clôtura la conférence en annonçant avoir cité comme témoins 18 personnes dont le député Oumar Mariko qui serait l’un des témoins capitaux.

 

Procés Sanogo : la longue attente des familles des victimes

Tous les regards seront tournés le 30 novembre vers la capitale de la troisième région, Sikasso. Les conditions strictes d’accès ne permettront pas à tous de suivre le procès Sanogo et consorts, mais pour les familles des victimes, l’essentiel est que justice leur soit rendue.

Ce procès répond à une exigence des familles des 21 bérets rouges dont les corps ont été découverts à Diago dans le cercle de Kati, tués entre le 30 avril et le 1er mai 2012, dans une tentative de contre-coup d’État. Ces familles réclament depuis le 4 décembre 2013, date de découverte du charnier, que la lumière soit faite sur les conditions de leur mort. Pour le colonel-Major Coulibaly, dont le fils fait partie des victimes, il faut que justice leur soit rendue. Selon lui, l’amertume est grande dans les familles où l’on pense que « l’assassin est dans un confort supérieur au nôtre, qui sommes en liberté ». Réunis au sein de l’Association des parents et épouses des bérets rouges assassinés (APEMBRA), les familles n’ont cessé de réclamer d’abord l’arrestation et depuis celle-ci, le jugement de celui qu’elles considèrent comme le « bourreau de nos enfants ». Mais « nous voulons surtout un procès équitable », souligne M. Coulibaly. « Aujourd’hui, Dieu merci. Depuis 3 ans, nous attendons ce procès et nous croyons aujourd’hui aux propos du chef de l’État qui disait que nul ne saurait être au-dessus de la loi.

Faire le deuil Tout ce qu’on demande à Sanogo, c’est de reconnaître les faits et nous présenter ses excuses publiquement », explique Sagara Bintou Maïga, présidente de l’APEMBRA. « Je suis très contente de l’ouverture de ce procès. J’attends avec beaucoup d’impatience la comparution de l’homme qui m’a enlevé mon mari. Aussi, je demande au chef de l’État de veiller scrupuleusement au bon déroulement de ce procès, afin qu’il ne soit pas politique », ajoute une veuve de béret rouge, ses deux enfants dans les bras. Pour beaucoup d’autres parents de victimes, à l’image de Mme Diarra, il s’agit là d’un pas sérieux qui vient d’être franchi dans le dossier des disparus de l’armée malienne, un gage de la volonté politique de faire la lumière sur cette page qui appartient à l’histoire du Mali. « Quoi qu’on fasse, ce procès ne peut nous ramener nos enfants, nos pères et maris. Mais, il permettra tout de même de situer les responsabilités pour que les âmes des disparus puissent afin reposer », conclut-t-elle.

 

 

Affaire Sanogo et consorts : l’heure de vérité

Après 3 années de détention, Amadou Haya Sanogo, ex-chef de la junte de Kati, responsable du coup d’État du 22 mars 2012, comparaît aujourd’hui devant la cour d’assises à Sikasso, pour répondre de supposés crimes perpétrés contre 21 bérets rouges. Ce procès explosif, qui risque de faire trembler jusqu’aux plus hautes sphères de l’État, est le plus attendu de l’année et promet de rouvrir les pages sombres d’une histoire malienne qui commence à peine à cicatriser. La juridiction criminelle devra faire la lumière sur de nombreuses zones d’ombre et répondre aux questions que se posent les Maliens et les familles des victimes pour qui le souvenir de ces événements tragiques reste toujours aussi vivace.

Le procès Sanogo s’ouve aujourd’hui, le général 4 étoiles Amadou Haya Sanogo ainsi que 17 co-accusés, dont les généraux Yamoussa Camara, ancien ministre de la Défense, et Dahirou Dembélé, ex-chef d’état-major général des armées, vont comparaître dans l’affaire dites des « Bérets rouges ». Les corps de 21 militaires pro-ATT, auteurs d’un contre-coup d’État sanglant survenu entre le 30 avril et 1er mai 2012, avaient été découverts dans un charnier à Diago. Formellement reconnus membres du régiment des parachutistes, ils avaient été menottés et froidement abattus. Le capitaine Sanogo et ses hommes devront répondre de 4 chefs d’inculpation : enlèvement de personne et séquestration, assassinat et complicité d’assassinat, dans ce procès qui devra établir qui a fait quoi, qui a donné l’ordre de tuer ces bérets rouges et surtout déterminer si les accusés sont coupables des faits qui leur sont reprochés. Selon la loi malienne, si la culpabilité d’Amadou Haya Sanogo et de ses co-accusés était établie, c’est la peine capitale qui leur serait réservée.

La main de l’étranger Ce lundi 30 avril 2012 au crépuscule, juste quelques jours après la conférence des chefs d’État de la CEDEAO à Abidjan, l’ORTM, le QG de la junte militaire de Kati et l’aéroport de Bamako Sénou sont attaqués par des bérets rouges restés fidèles à ATT, menés par le colonel Abidine Guindo. « Ils ont déclenché une attaque en règle contre le Mali ! Ils ont fait appel à des forces étrangères du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire. Lors de l’attaque de l’aéroport, un avion Cargo avec des renforts a voulu atterrir à Bamako, mais il en a été empêché par les soldats du capitaine Sanogo », déclare Oumar Mariko, secrétaire général du parti SADI et créateur, au lendemain du coup d’État, du mouvement populaire du 22 mars (MP22), favorable aux putschistes. Le bilan de ces affrontements a fait des dizaines de victimes militaires et civiles. Au lendemain de ce contre-coup d’État, personne ne savait exactement pourquoi le colonel Abidine Guindo, chef des bérets rouges, avait décidé de passer à l’action. Pour Pérignama Sylla, secrétaire général du MP22, le pilotage de cette tentative par des nations étrangères ne fait aucun doute. « La proximité des putschistes avec les révolutionnaires, cela a vraiment fait peur à l’Occident. Le capitaine Sanogo avait humilié la France pendant la transition. Avant le coup de force du 30 avril, les services secrets français avaient envoyé 3 barbouzes de Ouagadougou à Bamako, chargés de repérer des points stratégiques pour faire des sabotages et mener une propagande anti-militaire. Le capitaine Sanogo et ses hommes les ont intercepté et interrogé, puis ils les ont remis à l’ambassadeur de France, alors qu’ils auraient pu les fusiller. C’est dans cet espace-là que s’est préparé le coup du 30 avril », assure-t-il. Les pressions continueront d’ailleurs bien plus tard, selon lui. Elles s’exerceront jusque dans le bureau du procureur général en charge du dossier Sanogo, Daniel Tessougué, qui reçut la visite d’un diplomate européen voulant s’assurer qu’il travaillerait avec le même zèle que le magistrat Yahya Karambé qui a inculpé le capitaine Sanogo.

Zones d’ombre La découverte du charnier de Diago début décembre 2013 aura en tout cas scellé le sort de capitaine Sanogo. Pourtant, selon des sources proches du dossier, l’exhumation des corps pour pratiquer des autopsies et procéder à des identifications, n’aurait pas respecté toutes les procédures et le conditionnement des corps a empêché la reconstitution complète des squelettes de manière individuelle, ce qui a rendu difficile une identification formelle. Les 21 corps ont pourtant été catégoriquement identifiés comme étant ceux des bérets rouges. Autre source de polémique, la non inculpation des hommes de l’autre camp de l’époque. Après l’arrestation des instigateurs du contre-coup d’État et de leurs hommes, une instruction avait pourtant été ouverte en mai 2012. Mais le 30 janvier 2013, contre toute attente, 29 prisonniers, dont 26 « bérets rouges » sont libérés, parmi eux le colonel Abidine Guindo, parce que leurs mandats de dépôt n’ont pas été renouvelés à temps. « Il y a des officiers qui ont tué. Ils sont aujourd’hui en liberté provisoire et travaillent dans le pays ou à l’extérieur. Si vous croyez en la justice malienne, dites-vous qu’ils sont tous aux ordres de ces politiciens », s’indigne Oumar Mariko. Pour l’instant, le jugement des bérets rouges n’est pas d’actualité. Pour Mohamed Maouloud Najim, avocat général à la Cour d’appel de Bamako, le dossier suit son cours et on ne saurait « dire combien de temps ça prendra. Il n’y a aucun motif juridique empêchant leur jugement, donc les instructions continueront », explique-t-il.

Procès ou feuilleton judiciaire ? Les sept avocats de Sanogo et ses co-accusés sont prêts pour assurer la défense de leur client. Ils ont publié à la mi-novembre un communiqué qui laisse présager la ligne de celle-ci. Dans le document, ils se disent étonnés de la médiatisation du procès, alors que la citation à comparaître n’a pas été faite dans le délai minimal légal. Pourquoi Sikasso s’interrogent-ils, alors qu’aucun motif sérieux sécuritaire ne soutient cette délocalisation ? Pour eux, il se prépare une « parodie de justice qui se trame au préjudice de leurs clients ». Tidiane Tangara, journaliste qui suit le dossier depuis ses débuts, partage ce point de vue. « Ce procès est faussé, il va être le plus grand scandale de la République. Je suis convaincu qu’ils ne vont pas faire le procès à Sikasso et qu’ils vont le renvoyer », assure-t-il. Pourtant, à la Cour d’appel de Bamako, on se veut serein. « Ce n’est pas la justice qui a inventé les enlèvements et les morts retrouvés dans le charnier de Diago. Ceux qui pensent que c’est un coup politique sont sûrement dans leur droit, c’est la liberté d’expression, mais nous sommes nous aussi dans notre droit de poursuivre des personnes accusées d’actes contraires à la loi », déclare l’avocat général de la Cour d’appel de Bamako. Le principal accusé, Amadou Haya Sanogo, est arrivé à Sikasso hier soir et selon ses proches, il serait prêt à s’expliquer, car sûr de son innocence. De leur côté, les familles des victimes des bérets rouges se réjouissent de le voir « enfin jugé», selon Amadou Kanté, un des responsables de leur association, au micro de l’AFP. Des réponses pour les uns, la justice pour les autres, devraient jaillir lors de ce procès explosif dont on ne sait pas encore si le pays, au terme d’une séquence judiciaire qui s’annonce longue, sortira indemne.

 

Veut-on juger Amadou Haya Sanogo ?

Le général Amadou Haya Sanogo est emprisonné depuis 2 ans et demi pour son rôle présumé dans l’assassinat d’une vingtaine de bérets rouges le 30 avril 2012. L’instruction est bouclée et l’affaire a été renvoyée devant la Cour d’assises fin 2015. Plusieurs mois après, les familles des disparus, comme celles des accusés ainsi que leurs avocat s’impatientent.

« L’instruction est terminée depuis novembre 2015, c’est la programmation devant la Cour d’assises que nous attendons. Dans les tribunaux, ils nous disent que ce sera fait en mai, puis en juin, puis en juillet. Nous n’avons franchement aucune idée de quand aura lieu le procès », explique Maître Diawara, l’un des sept avocats du général Sanogo. Prévu pour le 2 mai, ce procès a été reporté « pour raisons de sécurité », explique-t-on au ministère de la Justice. Une date ultérieure devait être annoncée, mais depuis, rien. « Ça ne doit pas trainer de la sorte, quand il y a des gens détenus, c’est un principe en matière correctionnelle et criminelle », souligne Maître Issa Coulibaly, autre conseil du général déchu.

Pour lui éviter les assises, ses avocats ont lancé devant la Cour suprême une procédure, qui a été rejetée. Puis en avril, au niveau de la Cour de justice de la CEDEAO, pour demander sa libération pour violation des droits de l’Homme, sans succès. « Lorsque nous avons lancé cette procédure due aux conditions de détention du général et de ses camarades, dont nous avions des preuves, l’État s’est précipité pour le transférer de Manantali à Sélingué, afin de  montrer que ses conditions de détention étaient bonnes. Ils ne se sont pas contentés de leur avocat national qui gère le contentieux de l’État, ils ont pris un avocat privé, et pas des moindres, pour défendre le dossier. Quand la décision est tombée, nous avons compris que c’était un jeu », ajoute Me Diawara.

Pour le pool d’avocats, la lenteur ou la rapidité de cette procédure dépendrait de l’état d’orientation du parquet, et la non-programmation du procès n’est imputable qu’à la responsabilité du procureur général. « Il y a une peur de juger Sanogo ! Ceux qui veulent le juger savent que c’est sensible. S’ils jugent cette affaire, en vérité, ils se feront du mal eux-mêmes. Le dossier est vide. Techniquement il est très léger. C’est un montage pur et simple et c’est établi que c’est politique », affirme Me Coulibaly. Et d’ajouter que « certains de ses camarades ont eu leur première comparution devant le juge et plus rien, alors que les mandats n’ont pas été renouvelés. La procédure pénale est pourtant claire là-dessus : quand le mandat n’est pas renouvelé c’est la libération », conclut-il. Les regards se tournent maintenant vers la Cour pénale internationale qui pourrait se saisir du dossier, si Bamako continue d’hésiter à juger ce prisonnier, devenu encombrant dans le contexte actuel de réconciliation nationale.

Cheick Modibo Diarra : « Je n’ai pas d’autre choix que d’aller au chevet du Mali »

Nommé Premier ministre le 17 avril 2012, aux premières heures chaotiques de la transition, Cheick Modibo Diarra, ancien de la Nasa et de Microsoft Afrique, s’est vu confier la difficile mission de rétablir l’intégrité territoriale, de sortir le Mali des troubles insurrectionnels dans le nord, et d’organiser une élection présidentielle transparente. De ses neufs mois à la Primature, les Maliens retiendront, entre autres, le paiement régulier des salaires des fonctionnaires et le maintien des denrées de première nécessité à des prix abordables, alors que le pays était sous embargo. Fortement critiqué par la classe politique se disant écartée, taxé d’abuser de ses « pleins pouvoirs » au détriment du président Dioncounda Traoré, il fut arrêté par les putschistes du capitaine Sanogo le 11 décembre 2012, et contraint à la démission. Après une diète médiatique qui aura suivi sa défaite à l’élection présidentielle, Cheick Modibo Diarra, 63 ans, est de retour pour dynamiser ses troupes et mettre son parti, le RpDM, en ordre de bataille pour les prochaines échéances électorales. Très en verve, il nous livre dans une interview exclusive, sa vision pour un Mali nouveau et révèle quelques secrets…

Vous avez démissionné du gouvernement en décembre 2012, puis on a plus entendu parler de vous après l’élection présidentielle de 2013. Aujourd’hui vous revenez en politique. Qu’avez-vous fait durant cette période ?

Le rythme auquel je travaillais pendant la transition était infernal. J’étais devenu une sorte de couteau suisse, sur tous les fronts, je n’arrêtais pas. Cela m’a fatigué physiquement et émotionnellement. Lorsque l’on m’a forcé à  démissionner, j’étais en partance pour la France afin de me faire soigner pour une infection respiratoire inexpliquée. J’ai été contraint de rester au Mali, pendant presque 45 jours, et la maladie a pris de l’ampleur. Quand j’ai pu enfin gagner la France et être hospitalisé, il ne me restait que 40 % de ma capacité respiratoire. Après toutes ces épreuves, j’ai presque tout laissé tomber ici et ailleurs, y compris les conseils d’administration, j’ai tout annulé. Pendant 3 ans, j’étais à  Bamako. J’en ai profité pour me vider un peu la tête, trouver le moyen de redevenir positif par rapport à  la situation du pays et par rapport à  mes compatriotes dont certains ont eu des attitudes détestables. Toute cette digestion a pris du temps pour ne pas en sortir aigri. Ensuite, j’ai dû reprendre toutes les activités que j’avais laissé tomber. Voilà  pourquoi vous ne m’avez pas beaucoup vu, ni entendu. Vous avez été un Premier ministre de « pleins pouvoirs » durant la transition, contraint de démissionner.

Vous avez été candidat à  la dernière élection présidentielle sans succès. Qu’est-ce qui motive votre envie de revenir sur la scène politique aujourd’hui ?

Ce qui me motive, c’est l’envie de partager ce que j’ai appris avec les autres, de partager ma vision pour le Mali. Un projet de société n’est qu’un projet complexe, la gestion d’un projet de ce type demande des techniques, ça ne se fait pas au hasard. Je suis un pur produit de cette éducation malienne. Je n’ai jamais travaillé dans ce pays, je n’ai jamais dépendu de ce pays pour quoi que ce soit, mais c’est ce pays qui m’a donné la vie, qui m’a donné mon éducation de base, qui m’a donné une bourse et donc tout ce que je sais faire, toutes les personnes que je connais dans le monde, mon carnet d’adresses, tout cela appartient à  ce pays qui est dans une situation très difficile actuellement. Je n’ai pas d’autre choix que d’aller à  son chevet, pour l’aider à  traverser cette période sombre. Voilà  ce qui motive mon retour sur la scène politique.

Comment vous définir aujourd’hui ? Êtes-vous un technocrate, un politicien, un homme d’État ?

Je suis d’abord un cultivateur. Beaucoup de gens ne le savent pas, mais dès l’âge de neuf ans j’ai dû aller cultiver les rizières pour mon père, pour nourrir ma famille. Je suis un ingénieur, je suis aussi un très bon technocrate. On ne vous met pas à  la tête de Microsoft Afrique pendant 6 ans si vous n’êtes pas un bon gérant qui gère avec rigueur. Et je suis un politicien car j’ai eu à  gérer les problèmes de la cité. Je suis ces trois-là  ! Je ne sais pas si je serai un homme d’État, parce qu’un homme d’État n’a pas besoin d’être chef d’État. Si Nelson Mandela n’avait pas été président de l’Afrique du Sud, il aurait néanmoins été un homme d’État. Un homme d’État c’est quelqu’un qui a la capacité d’influencer ses concitoyens pour tracer une ligne durable pour son pays, dans le but d’amener la prospérité à  tout le monde, quelqu’un qui réfléchit à  moyen et à  long terme et pas de période électorale en période électorale. Si vous voulez me caractériser, voyez-moi comme un soldat du développement. Quand l’armée à  laquelle j’appartiens me met de garde quelque part, je tiens ce poste du mieux que je peux. Je suis comme un couteau suisse, car nos problèmes sont nombreux.

Est-ce à  dire que les leaders maliens ne prennent pas les bonnes décisions pour le pays ?

Comme je l’ai dit, la gestion d’une société, c’est la gestion d’un problème complexe, et quand vous n’avez pas l’expérience pour gérer des projets complexes, la première réaction, quand vous avez des ressources limitées, c’est faire du saupoudrage. Le peu que vous avez, vous le mettez un peu partout, et quand vous faites ça, 10 ans après, rien n’est achevé, rien n’est résolu. Avec les moyens qu’on a aujourd’hui, on ne peut pas résoudre tous les problèmes en même temps. Il faut se concentrer sur ce qui va nous permettre d’augmenter nos ressources. Nous ne pouvons pas continuer comme nos politiciens l’on fait depuis les indépendances, à  faire du saupoudrage. Si vous êtes un homme d’État au lieu d’être un politicien, ce qui vous importe c’est que la génération qui viendra dans 50 ans trouve un pays développé. Cette génération se souviendra qu’à  un moment donné quelqu’un a placé l’intérêt de la nation avant ses propres intérêts, car cette nation-là  est plus grande que la vie d’un individu, et que les choses ont été faites pour permettre au pays de prendre un élan irréversible.

Lors de la période de transition, vous avez pu maintenir le pays alors que toute l’aide internationale était suspendue. Comment avez-vous fait?

Lorsque j’ai été Premier ministre du Mali, je me suis assis, j’ai regardé dans quel état était le pays, et j’ai compris que dans cette période de chaos, il n’avait pas besoin de politicien. Il avait besoin de personnes compétentes qui détiennent les bons outils pour travailler dans des domaines précis. Beaucoup de gens ne savent pas que pendant la transition, nous avons géré le pays avec quelque chose comme 17 % du budget national, pas plus. En réalité c’était une question de choix : dans cette période difficile, il fallait faire en sorte que les gens puissent garder l’espoir. Nous avons dit à  la population que nous allions trouver une solution pour tout le monde. Je n’ai pas pour habitude de penser que ce qu’il y a dans les caisses de l’État soit là  pour améliorer la condition de vie du fonctionnaire. Le fonctionnaire est un citoyen comme les autres. La chose qui est commune à  tous les citoyens, c’est la nourriture. Nous avons alors décidé que tous ceux qui font des affaires, pouvaient tous rentrer de la nourriture dans le pays, hors taxe. Nous leur avons donné des exonérations, la nourriture est rentrée dans le pays, la concurrence a fait le reste, et les gens ont pu manger à  leur faim malgré l’embargo. Il y a eu suffisamment de nourriture pour tenir 6 mois. Tout est une question de choix ! à€ chaque problème qui se pose, il y a une opportunité qui se présente. Faire le bon choix, résoudre le problème et ouvrir d’autres horizons.

Quelles sont vos solutions, votre vision politique pour sortir le pays de l’ornière ?

Il y a deux problèmes prioritaires à  traiter au Mali. Le problème de la sécurité pour tous les citoyens, parce que sans sécurité on ne peut pas travailler, on ne peut pas attirer les investisseurs, rien n’est possible. Il faut trouver le moyen de sécuriser ce pays, c’est le premier point. Le deuxième point, si on veut que le Mali aille de l’avant, C’est de développer tout ce qui est zone rurale d’abord. Nous avons un avantage comparatif et compétitif qui est quand même l’agriculture, l’élevage, la pêche. Nous avons des vastes terres avec de l’eau partout. Si le rural est développé, le reste du pays se développera, parce qu’il y aura suffisamment des ressources pour faire tout le reste. II faut en faire une priorité. C’est la priorité des priorités.

Le RpDM est un nouveau parti. Quelle est son implantation au Mali ?

Le RpDM est nouveau sur la scène politique mais a quand même 5 ans d’ancienneté. Son degré d’implantation est variable parce que nous avons commencé à  l’implanter dans les grandes villes et en brousse. La plupart des partis politiques n’ont pas de militants, ce sont des machines électorales qu’on réveille la veille des élections. Le pays a 14 millions d’habitants et plus de 170 partis politiques. Certains candidats alignent derrière eux une cinquantaine de partis pour dire au reste du monde : vous voyez j’ai du soutien ! Mais chacun de ces partis ne pèse peut-être que 100 personnes maximum. Il faut que les gens sachent que notre parti défend la démocratie, la vraie démocratie. Nous n’achetons pas de voix, jamais ! Aller payer des gens pour qu’ils viennent voter pour vous, nous considérons que c’est une insulte à  notre constitution et à  la République du Mali. C’est pour cela que nous disons que nous voulons faire de la politique autrement. Le RpDM est l’un des rares partis où les adhérents achètent leur carte de membre. Nous avons vendu plus de 500 000 cartes à  100 francs CFA et les sections continuent d’en imprimer. À la fin de 2017, nous avons comme objectif que le RpDM soit, en nombre de militants, le plus grand parti du Mali. Le RpDM fait partie de la majorité présidentielle mais vous n’êtes pas très visible à  ce titre sur l’échiquier politique. Pourquoi Aux dernières élections présidentielles nous avons décidé de supporter IBK. Nous l’avons fait et avec nos propres moyens, pour transmettre à  tous les militants le message. Cela fait de nous un parti de la majorité présidentielle. Mais même si vous aidez à  élire un président, il est bon, si vous lui donnez votre vote, de lui donner de l’espace pour qu’il puisse mener sa politique et réussir sa mission. Les partis politiques, quand ils soutiennent un président, sont ensuite après lui pour quémander des postes. Nous, nous ne lui avons jamais demandé quoi que ce soit, même pas un poste de directeur. On n’impose rien mais on attend des résultats.

Quel est votre regard sur la gouvernance actuelle du président IBK ?

Je pense que le problème de sécurisation du pays va trop lentement. J’aurais souhaité que cela aille beaucoup plus vite. Il vaut mieux avoir quelque chose qui n’est pas parfait, avec la possibilité de réajuster les choses, que de ne rien avoir du tout et d’être dans l’impasse. Ce genre de choses, plus ça traîne, plus ça pourrit et plus d’autres problèmes viennent se greffer dessus. En laissant trop de temps à  ces groupes, même ceux avec qui nous sommes tombés d’accord, ils vont se casser en de petits groupes qui auront encore d’autres revendications et le problème ne finira jamais. Il faut battre le fer quand il est chaud ! C’est la condition siné qua non pour faire quoi que ce soit dans ce pays. Au moment de la signature de l’Accord, on aurait dû immédiatement s’y atteler, de façon à  empêcher les groupes de faire marche arrière, ce qui est un risque aujourd’hui. Il y a aussi un problème de gouvernance. Je constate trop souvent une mauvaise gestion de la chose publique. Cela ne crée pas une bonne image et affaiblit le gouvernement. C’est un problème qui est en train de nous miner.

Vous êtes le gendre de l’ancien chef d’État Moussa Traoré. A-t-il aidé à  vous lancer en politique ? Quels liens entretenez-vous avec lui ?

J’ai épousé la fille du général Moussa Traoré en 1993. Il n’était plus président. Pour faire ma carrière, je n’ai pas eu besoin d’une lettre de recommandation de la République du Mali, à  aucun moment. Entre le général Moussa Traoré et moi, il y a énormément d’affection, énormément de respect mutuel et énormément de confiance. Quand il y a eu le coup d’à‰tat de mars 2012, j’étais bloqué Dakar. Les militaires du capitaine Sanogo, qui voulaient me proposer la primature, sont allés trouver le président Moussa Traoré pour le convaincre de me parler. Il leur a répondu qu’il n’y avait pas ce genre de relation entre nous et leur a conseillé d’aller me trouver directement. En mars 2012, le coup d’à‰tat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré accélère votre carrière politique.

Comment avez-vous été choisi pour devenir Premier ministre ?

J’ai été présenté au comité militaire du capitaine Sanogo. Ils avaient réfléchi et le consensus était tombé sur moi. J’ai été choisi parce que je n’étais pas un ennemi déclaré de qui que ce soit et parce que je n’avais jamais fait de politique au Mali. J’ai accepté sous trois conditions préalables : ne pas interférer dans ma politique, ne pas interférer dans mes décisions de nomination, et enfin que les fonds publics soient respectés et qu’ils n’y touchent pas. Ce n’était pas négociable. Ils ont été d’accord. Le premier ordre que j’ai donné en tant que Premier ministre, dès le lendemain matin, c’est que tous les prisonniers politiques soient libérés.

Vos relations avec le général Amadou Haya Sanogo étaient au beau fixe, en tout cas au début de cette période de transition. Quand et comment se sont-elles détériorées ?

Je vais vous surprendre, mais je ne savais même pas que nos relations s’étaient dégradées, pour la simple raison que nous avions convenu qu’il ne devait pas interférer dans ma politique. Ce n’est pas moi qui allais à  Kati tout le temps, mais les politiciens. Le jour o๠j’ai compris que la situation s’était dégradée, c’est quand les militaires sont venus armés de mitraillettes chez moi. Ils m’ont emmené voir le général Sanogo à  Kati. Jusque-là , je ne savais pas ce qu’il se passait et comme je vous l’ai dit, je n’étais pas en très bonne santé. Je me suis retrouvé dans une salle avec beaucoup de gens, des militaires en armes. Sanogo était présent. Ce que je peux vous dire, c’est que c’était très tendu et très désagréable, mais pas violent. Je pense qu’ils s’attendaient à  ce que je tente de les faire changer de décision. Ce que je n’ai pas fait. Je leur ai dit que j’acceptais de démissionner. Pour moi, le pays était déjà  sauvé, car malgré l’opposition de tout le monde, j’ai pu aller aux Nations unies et j’étais convaincu que les résolutions du chapitre VII allaient être votées à  l’unanimité. Elles ont été votées deux fois à  l’unanimité. Mon travail était fait. Le pays a eu besoin de moi à  une période difficile et j’ai fait mon devoir. Je leur ai demandé de m’apporter un papier et j’ai signé. Ce sont eux qui m’ont appelé et nommé Premier ministre, et ce sont les mêmes, en consensus, qui ont voulu que je parte.

Le général Sanogo vous a reproché de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour renforcer et équiper les forces armées, pour leur permettre de libérer le Nord du Mali. Qu’en est-il ?

J’ai donné 15 % d’augmentation à  l’armée, à  la police et à  la gendarmerie. Une telle augmentation d’un seul coup n’avait jamais été faite. 90% de ce que ces forces ont comme armes aujourd’hui, c’est moi qui les ai commandées. À l’époque, il y avait un embargo sur l’armement au Mali. J’ai fait envoyer des personnalités dans un certain pays avec un message de ma part. On a fait arrêter la ligne de commande en armes d’autres pays, pour mettre le Mali en tête, et elles ont fini par être livrées à  l’aéroport de Bamako. Quand je voyageais dans les pays voisins, je demandais qu’on me donne des armes, on me les refusaient. Mais on me donnait de l’argent et je me débrouillais pour les acheter. C’est comme ça que ça s’est passé. La libération du Nord était une de mes priorités, mais la plupart des pays qui pouvaient nous aider, comme les États-unis, sont limités par leur constitution, qui leur interdit d’intervenir dans un pays où il y a un coup d’État. Or, vous savez que si vous organisez des élections dans certaines conditions, la légitimité du président élu sera en question. C’étaient des discussions et des va-et-vient sans fin. Il fallait en même temps que je fasse en sorte qu’un pays comme l’Afrique du Sud nous cède ses drônes, je devais parler avec un pays comme le Nigeria pour obtenir le soutien de leur armée de l’air à  partir des informations des drônes sud-africains, aller convaincre le Tchad pour qu’il puisse se joindre à  l’armée du Mali pour faire le nettoyage au sol et qu’on puisse se débarrasser finalement de tous ces narcotrafiquants et djihadistes, différents de nos compatriotes qui se sont rebellés. La situation était très complexe. On a dit que votre cohabitation avec le président de la transition, Dioncounda Traoré, était difficile et que vous vous conduisiez en chef d’État alors qu’il était le Président de la République.

Quels étaient vos rapports ?

La constitution, l’article 36 en particulier, dit que le Président de la République par intérim n’a aucun pouvoir, même pas d’accepter la démission d’un ministre. J’étais le Premier ministre avec les « pleins pouvoirs », et pourtant j’ai consulté Dioncounda sur tout, même sur la nomination des ministres lors de la constitution du gouvernement d’union nationale. Je suis allé systématiquement tous les mardis chez Dioncounda déjeuner avec lui, discuter de tous les dossiers du Conseil des ministres. La seule chose sur laquelle on ne s’est pas entendu et qui a été laissée à  sa volonté, c’est la « feuille de route ». Tous ceux qui nous aidaient voulaient une feuille de route. Je lui ai dit qu’il fallait la ratifier en Conseil des ministres et l’envoyer à  l’Assemblée. Lui, disait que les militaires voulaient une conférence nationale. Jusqu’au dernier Conseil des ministres, il a dit non. Mais après ma démission, ce même document a été ratifié en Conseil des ministres sans changer une virgule et a été envoyé à  l’assemblée comme je l’avais demandé. Vous savez j’ai été très atteint quand le président Dioncounda Traoré a été agressé. C’est moi qui ai pu le sortir et l’emmener à  l’hôpital. Comme je ne pouvais faire confiance à  personne, je l’ai amené chez moi pour sa sécurité. J’ai monté la garde avec les gendarmes chez moi. Tous les soirs jusqu’à  4h du matin avec mon propre Beretta à  la ceinture, pendant 3 jours. Et c’est moi qui l’ai emmené à  l’aéroport dans ma voiture pour qu’il aille à  Paris se faire soigner. Les militaires refusaient que l’avion parte. Je leur ai donné 10 minutes pour qu’il décolle, après ça je serai allé moi-même le sortir de l’avion pour le ramener chez moi. Il n’y a qu’une seule personne qui soit allé le voir, en dehors de moi et de mon gouvernement, quand il était à  l’hôpital, c’est Younoussi Touré qui était à  l’époque le vice-président de l’Assemblée nationale. C’est le seul qui se soit déplacé. Personne de son parti, ni de l’Assemblée nationale n’est venu le voir. Alors que vous avez été pendant neuf mois Premier ministre avec « les pleins pouvoirs », tout le mérite de la transition a été donné à  Dioncounda Traoré et à  Django Cissoko.

Comment l’avez-vous vécu ?

Vous savez, en tout honnêteté, je n’ai pas besoin de ce genre de chose. Peu m’importe qu’on m’accorde du crédit ou pas. Après tout, un gouvernement c’est la continuité. Je ne suis pas sorti amer de tout ça. Dans le domaine de la politique faites ce que vous avez à  faire, ne vous préoccupez pas de savoir qui le sait et qui va dire quoi. L’histoire va l’enregistrer. Un peuple a une mémoire. Tout finit par se savoir.

Vous voulez que le RpDM soit une force politique majeure fin 2017. Êtes-vous d’ors et déjà  candidat pour la prochaine élection présidentielle ?

Vous savez, à  la prochaine élection présidentielle, je ne sais pas quels seront les défis du Mali. Nous jugerons des challenges auxquels le pays est confronté et nous verrons dans notre groupe qui est la personne la mieux indiquée pour trouver des solutions à  ces problèmes mais aussi pour nous attirer un maximum de votes pour gagner. Nous n’avons pas l’intention d’être le parti qui va recycler le même candidat sur 20 ou 25 ans. Depuis la révolution de 91, ce sont les mêmes candidats que l’on voit sur la scène politique. Pour un pays c’est presque honteux. J’essaye d’éviter que le parti devienne redevable à  une seule personne. Nous voulons éviter ça. Nous travaillons dans ce sens pour que les gens puissent venir chez nous et s’épanouir, pour que ce soit un parti de toutes les possibilités pour tout un chacun, avec l’objectif d’aider et de donner à  la Nation.

Amadou Haya Sanogo : en attendant la justice

Deux ans jour pour jour après son arrestation, le sort d’Amadou Haya Sanogo, reste indéterminé. L’instruction judiciaire peine à se mettre en place, au moment où le pool d’avocats qui le représente, vient d’adresser une lettre ouverte au Président de la République.

22 mars 2012. Un homme en treillis tient un bâton « magique » à  la main. Pas très grand, il sort de la pièce aménagée au premier étage d’un vieux bâtiment du camp Soundjata Keita de Kati, se met au balcon et salue la foule massée là, curieuse de voir à quoi ressemble celui qui a renversé Amadou Toumani Touré (ATT) et balayé les institutions d’un pays. Interpellé, Amadou Haya Sanogo, le nouvel homme fort du Mali, se laisse aller à  la gloire éphémère d’une après-midi de mars et répond à  ses hôtes d’un signe de la main.

Un règne bref mais agité Quelques mois après cette scène mémorable, l’ex-président du Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’État (CNRDRE), aura rétabli la constitution malienne sous la pression de la CEDEAO et de la communauté internationale, dès le 1er avril 2012, sans pour autant abdiquer son nouveau pouvoir. Son règne sans partage aura laissé des traces indélébiles : les arrestations extra-judiciaires d’hommes politiques proches du régime d’ATT ou de journalistes, et le pillage par ses hommes des régies financières de l’État et de certaines sociétés publiques. Plus grave, l’entrée en scène de la junte aura précipité la chute du Nord du Mali aux mains des rebelles et des djihadistes en avril 2012. Quant à  l’agression subie par le président de la Transition, Dioncounda Traoré, le 21 mai 2012, elle demeurera l’un des épisodes les plus noirs de l’histoire politique du Mali.

Sa vie de prisonnier Pourtant, la junte a été amnistiée et pardonnée. Ce qui vaut à  son ex-chef d’être incarcéré, C’est son rôle présumé dans l’assassinat d’une vingtaine de bérets rouges le 30 avril 2012, lors de la tentative de contre coup d’état perpétrée par ces derniers, de même que la disparition de plusieurs militaires bérets verts en octobre 2013. Amadou Haya Sanogo, promu général à  la fin de la Transition, a été cueilli le 27 novembre 2015 à Bamako, avant d’être emprisonné à  Sélingué à 160 km de la capitale. Il sera ensuite transféré à Manantali dans le sud-ouest du pays en décembre 2014. Dans cette localité de la région de Kayes, il vit dans des conditions spartiates. Cela dit, « il n’est pas confiné dans une cellule, mais dans un camp et surveillé par une dizaine d’éléments de la gendarmerie nationale. Il dispose d’une télévision, reçoit des visites régulières de ses proches, dont sa femme, et prie beaucoup. De temps à  autres, il lui est permis de faire quelques exercices sportifs et de jouir de la climatisation », précise un porteur d’uniforme sous anonymat. Pour ce qui est de son alimentation, il ne serait pas en privation et recevrait régulièrement des plats envoyés par sa famille depuis Bamako. Si quelques articles de presse ont fait état de problèmes de santé, évoqués par l’une de ses avocates comme une violation flagrante des droits de l’Homme, un autre avocat du pool, joint par téléphone et qui se rend à  Manantali à la demande, déclare : « Il va bien, il a le moral » !

Sa stratégie de défense Sur le plan judiciaire, Sanogo et une dizaine de ses compagnons, dont le capitaine Amadou Konaré et l’adjudant-chef Seyba Diarra, sont poursuivis pour « assassinat, complicité d’assassinat, enlèvement de personnes et séquestration », suite aux affrontements qui opposèrent bérets rouges, les commandos parachutistes restés fidèles à  l’ancien président ATT, et les bérets verts dont est issue l’ex-junte. La découverte d’un charnier à  Diago d’où furent exhumés les corps de 21 soldats, menottés et froidement abattus, scella le sort du général et de ses acolytes. C’est la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako, qui examine actuellement le dossier, qui aura à  valider ou pas les conclusions de l’instruction. Son verdict est attendu pour le 22 décembre. S’ensuivra un probable envoi devant la cour d’assises, à  qui il appartiendra de statuer sur leur culpabilité lors d’un procès. Quant aux hauts gradés détenus pour la même affaire, les généraux Ibrahim Dahirou Dembélé, chef d’état-major général des armées au moment des faits, Yamoussa Camara, ministre de la Défense, et Sidi Alassane Touré, directeur de la Sécurité d’État, ils devraient bénéficier d’un non-lieu, faute de preuves de leur culpabilité. À Manantali, l’ex-putschiste de 43 ans prépare patiemment sa riposte, appuyé par les sept avocats qui assurent sa défense. Dans une lettre datée du 16 novembre 2015 et destinée au Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, que Journal du Mali a pu se procurer, ils reviennent sur l’interpellation du Général Sanogo et insistent sur un « manque de justice et d’équité » dans le traitement du dossier de leur client. Pour eux, il est anormal que lui et ses camarades soient toujours incarcérés, alors que le colonel Abdine Guindo, chef des bérets rouges au moment de la tentative de contre coup d’état, et ses compagnons ont été libérés, leurs mandats de dépôts n’ayant pas été renouvelés à  temps. « Plus d’une trentaine de personnes ont été tuées par les balles des éléments bérets rouges opérant sous la direction du Colonel Abdine Guindo. Nous ne comprenons pas pourquoi, à ce jour, ce dossier n’est toujours pas sur la table de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako », explique Me Mariam Diawara, porte-parole des avocats de Sanogo. « Vouloir programmer un jugement des bérets verts sans celui des bérets rouges d’abord, n’est pas juste », ajoute-t-elle. Autre fait notable, la lettre indique qu’aujourd’hui tous les militaires poursuivis dans le groupe d’Abdine Guindo sont en liberté provisoire et déployés dans des services, à  l’intérieur ou à  l’extérieur du pays, en violation de la procédure pénale qui concerne les militaires. À titre d’exemple, Mohamed Lamine Konaré, dit Mala, fils de l’ancien président, à  l’Union africaine ; le colonel Baba Abdel Kader Coulibaly inculpé, en liberté provisoire, est attaché militaire à  l’ambassade du Mali au Maroc ; le Colonel Abdoulaye Cissé, inculpé, en liberté provisoire, est en service en République Centrafricaine. Tous trois « sur décret présidentiel », est-il précisé. « Le Général Amadou Haya Sanogo et les parties civiles sont méprisés dans cette procédure, estime encore Me Diawara, selon qu’on est proche du régime de l’ex-président démissionnaire ou pas, on sera plus ou moins mieux traité ou mal traité ».

En conclusion de leur missive, le collectif des avocats, qui n’a toujours pas obtenu de réponse officielle, dit réclamer plus de « justice et d’équité dans le traitement des dossiers des deux groupes de militaires, pour l’honneur et la dignité de tous ». Ils espèrent « qu’au Mali, certains Maliens ne sont pas au-dessus de la loi ». Reste à  savoir si une défense pour l’instant axée sur la différence de traitement entre les deux parties qui étaient en conflit suffira à  disculper le général. Victime ou bourreau ? Le procès à  venir permettra à la justice de trancher.

Edito : Un coup d’Etat est-il encore possible au Mali ?

De l’avis d’un PTF, bien informé de la situation politico-institutionnelle du Mali, tout peut arriver. Depuis en effet la déstabilisation du régime d’ATT en Mars 2012, l’on a assisté à  une succession d’évènements incroyables. La chute des institutions, la prise du Nord, l’implantation de la charia pure et dure à  Tombouctou, Gao et Kidal, la destruction de mausolées millénaires, une guerre fratricide entre bérets rouges et bérets verts, une lueur d’espoir avec l’opération Serval, puis la réalité absurde du statut de Kidal toujours hors de la souveraineté du Mali. En résumé, dans notre pays, tout peut basculer d’un côté comme de l’autre. La question finalement n’est plus de savoir qui est responsable de ceci ou de cela, mais de rester sur ses gardes en sachant qu’à  n’importe quel moment, la situation peut évoluer et de façon drastique. Indexer les autorités nouvelles qui entament un mandat difficile n’apportera rien au débat. Signe clair d’une situation en dents de scie, les évènements de Kidal tout récemment. L’on se croyait sur une voie stabilisante avec une armée en reconstruction et nous voici à  la case départ, sinon derrière les startings-blocks avec la défaite cinglante des FAMA le 21 Mai. « Aujourd’hui, confie un observateur averti, l’armée reste divisée. Elle est divisée entre les partisans nostalgiques de l’ère ATT, ceux d’Amadou Haya Sanogo qui ont été déçus par la tournure des évènements et ceux d’aujourd’hui, qui espèrent voir une armée nouvelle ». Sauf que la grande muette a subi un sérieux revers auquel s’est ajouté la démission de Boubèye puis l’arrivée d’un ancien colonel à  la retraite censé lui redonner toute la rigueur qui manquait et un problème d’armements non négligeable. A tel point que des manifestants dans les rues, réclament l’aide de la Russie via Poutine, l’ennemi juré des USA. Aujourd’hui, le Mali n’est pas sur un libre échiquie. l’incertitude de la situation politico-institutionnelle, certes en voie de restauration, ne permet pas de tabler sur des perspectives économiques fiables pour de nombreux opérateurs. Pire, le spectre d’un nouveau coup d’Etat semble hanter quelques esprits. l’arrestation d’un groupe de jeunes officiers vendredi dernier, suspectés de « tentative de déstabilisation » du pouvoir et «d’atteinte à  la sureté de l’Etat » vient relancer le débat. Le Mali est-il à  l’abri d’un putsch? La question parait légitime au moment o๠la fronde sociale se contient. O๠des appels à  boycotter les produits français sont lancés, quand d’autres se demandent si ce nouveau rebondissement n’est pas une diversion. Diversion ? Si conspiration il y a, tel que l’affirment les renseignements, qui est derrière cela ? Des éléments jeunes comme le lieutenant Mohamed Ouattara, si tant est qu’il soit impliqué, ne peuvent agir seuls. Fi de toutes ces préoccupations, les autorités qui veulent calmer le jeu, en écartant la thèse du Coup d’Etat par la voie du ministre de la communication sur les ondes de Radio Klédu, ont tout intérêt à  demeurer vigilantes. Car il suffit d’une seconde pour que tout bascule à  nouveau… Qu’Allah préserve notre Maliba !

A Fourou, les habitants réclament la libération de Sanogo

Selon Mohamed Koné, un enseignant de Fourou, l’une des 9 communes du cercle de Kadiolo, des dizaines de personnes ont marché en scandant « Libérer notre Sanogo, il n’a pas sa place en prison ». Ce qui confirme les informations recueillies auprès de l’adjoint au maire, Martin Coulibaly de l’Adema, qu’il s’agit d’une marche de protestation au cours de laquelle les manifestants ont réclamé la libération d’Amadou Haya Sanogo. La même source indique que les organisateurs ont choisi le jour de marché pour faire entendre leur voix à  cause de l’affluence. Quel lien entre Fourou et Haya Sanogo? C’est à  Ségou qu’il passe ses premières années avant d’intégrer le prytanée militaire de Kati. Mais son lien avec le village de Fourou est historique. Il s’avère que Amadou Haya Sanogo, transféré récemment à  la prison de Sélingué à  plus de 100 km de Bamako, a des ascendants à  Fourou dans la commune rurale de Kadiolo avant que sa famille ne parte s’installer à  Ségou. Au pouvoir après le putsch, il effectue plusieurs visites dans son village d’origine. D’après une source, son dernier déplacement date du 2 septembre 2013 o๠il a été accueilli en grande pompe à  bord de son véhicule de luxe. Pour les habitants de cette localité, à  travers cette manifestation, il s’agit de réitérer une fois encore leur soutien à  l’égard de leur fils.

Sanogo arrête sa grève de la faim

Le chef de l’ex-junte malienne est poursuivi dans l’affaire dite «assassinats des militaires bérets rouges ». Pour protester contre son transfert dans un nouveau lieu de détention à  Sélingué, à  140 km de Bamako, il avait la semaine dernière commencé une grève de la faim. Coup de projecteur sur sa nouvelle vie à  Sélingué. Finalement, il y a eu plus de peur que mal. l’ex-homme fort de Kati, a arrêté sa grève de la faim. Un infirmier qui lui a rendu visite estime que sa vie n’est pas en danger, mais qu’il a perdu un peu de poids. Il aurait aussi besoin de beaucoup de vitamines pour retrouver sa forme d’avant grève de la faim. Selon la même source, actuellement des travaux sont en cours, pour rendre plus commode, le bâtiment désaffecté qu’il occupe à  Sélingué, à  140 km au sud de Bamako. Un incident est à  noter tout de même. Un serpent venimeux s’est introduit dans la chambre à  coucher de Amadou Sanogo. Il a retrouvé rapidement retrouvé des réflexes de militaires, et a pu se tirer d’affaire. Sa vie en détention ? Il a trouvé refuge dans la prière, écoute la radio. D’après un de ses avocats, il a confié : « Ici à  Sélingué, C’’est trop dur, je veux retourner à  Bamako ». Tout comme lui, six autres hauts gradés maliens, dont un ancien ministre, également inculpés et arrêtés dans la même affaire, dite « assassinat des militaires bérets rouges », ont été transférés dans des lieux de détention, à  l’intérieur du pays.

Le spectre du coup d’Etat a-t-il définitivement disparu du ciel malien ?

22 mars 2012 – 22 mars 2014. Il y a deux ans de cela, une mutinerie de sous-officiers du camp Soundiata de Kati a débouché sur un coup d’Etat militaire qui a dépossédé du pouvoir Amadou Toumani Touré, à  quelques semaines seulement de la fin de son mandat. Alors qu’au nord du pays, la rébellion MNLA, ayant charrié la horde de barbares d’AQMI, du MUJAO et d’ANSARDINE, battait son plein. Le Mali a donc été projeté au beau milieu d’une crise sécuritaire et institutionnelle dont il n’est pas sorti indemne : chaos politique, armée tombée en lambeaux et divisée, une partie du pays a échappé au contrôle du pouvoir central, un gouvernement de transition secoué par des évènements fort malheureux comme l’agression du président Dioncounda Traoré a mis à  mal des institutions jugées fragiles, en dépit de l’exemple démocratique que constituait le Mali dans la sous région… Coup d’Etat, C’’est fini ? Une élection présidentielle ayant conduit au pouvoir Ibrahim Boubacar Keà¯ta, et la tenue des législatives ont permis un retour à  l’ordre constitutionnel. Le Mali tente de redécoller économiquement, de remonter la pente creusée par le putsch et la rébellion armée du MNLA, de tourner une page des plus tristes de son histoire politique. Il s’agit surtout de reconstruire et rendre solide l’Etat de droit en renforçant les institutions. Comme le disait Barack Obama lors du discours d’Accra. « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». Deux ans après, les Maliens se souviennent encore, le 22 mars bouillonne dans la mémoire collective. Mais, deux ans après, il est difficile de balayer cette (fâcheuse) question : le Mali est-il à  l’abri d’un nouveau coup d’Etat, militaire ou civil ? Cette question est importante, la poser ne fait de personne un partisan à  tous crins des putschs. Avant d’aller loin, il serait intéressant de relever que le putsch du 22 mars est venu s’ajouter à  une longue liste de coups d’Etat que le Mali a connu : Celui du 19 novembre 1968 qui renversa Modibo Keà¯ta, celui du 26 mars 1991 qui déposa Moussa Traoré et celui du 22 mars 2012. Le constat est simple : tous ceux qui ont renversé ont été renversés ! La leçon doit être tirée par d’éventuels prétendants au putsch… Contexte socio-politique On le sait, comme tout coup d’Etat, celui du 22 mars 2012 est intervenu dans un contexte sociopolitique très tendu : projets de grève générale de l’UNTM, les mobilisations de la CSTM, des syndicats d’enseignants et policiers à  couteaux tirés, la journée ville morte des commerçants et transporteurs des 19 et 20 décembre 2011, la cherté de la vie dans un pays classé en 2011, 175e pays le plus pauvre du monde sur 177 dans l’Indice du Développement humain (DH) du PNUD. Encore plus important, C’’est que la corruption, l’impunité, la mauvaise gouvernance, le pillage organisé des deniers publics, étaient érigées en mode de gestion, créant des frustrations dans les couches défavorisées des populations. Chaque jour qui passe mettait au grand jour la faiblesse, l’effritement graduel de l’Etat. Au point que nombre d’observateurs locaux voire étrangers étaient parvenus au constat que tous les ingrédients d’un soulèvement populaire étaient réunis, mais tardaient à  éclater. Et les sous-officiers du camp Soundiata, menés par Amadou Haya Sanogo et sa bande, sont venus « couper l’herbe sous les pieds » du peuple. Dresser le bilan Deux ans après le 22 mars, il est en tous cas difficile de dresser un bilan pour savoir si la situation a connu une embellie totale. Mais, il est une analyse qui revient en permanence à  propos des leçons à  tirer des coups d’Etat que le Mali a connus. Une analyse selon laquelle, depuis le coup d’Etat du 26 mars 1991, ce sont les mêmes revendications sociales qui demeurent : manque d’amélioration des conditions de vie des populations, d’accès à  une éducation de qualité, aux soins de santé, pauvreté extrême, insécurité alimentaire, faiblesse du pouvoir central. Et il est clair que ces problèmes ne sont pas fortuits, mais sont plutôt engendrés par la négligence des secteurs prioritaires que sont l’éducation, la santé, l’économie. Or, pour qui s’est intéressé à  la vaste contestation populaire qui a secoué nombre de pays du monde Arabe, Tunisie, Egypte, Bahreà¯n…, les populations se sont révoltées à  cause de leur dignité offensée, du mauvais partage des richesses, mais aussi le manque de libertés politique et individuelle. Et puis, le plus saisissant C’’est que ces révoltes sont parties des couches les plus démunies de ces sociétés dirigés par des autocrates tombés comme Ben Ali, Hosni Moubarak… Comme indiqué plus haut, un coup d’Etat n’est pas que civil mais aussi militaire. Comme ceux que le Mali a connus par le passé. On le sait, l’institution militaire n’est pas encore sortie et saine et sauve du putsch du 22 mars, car une division a pris forme en son sein. Des bérets rouges ont été victimes de chasse à  l’homme, et dans le régiment des bérets verts les colonels étaient sous le commandement des subalternes, ce qui est insensé dans la hiérarchie militaire. C’’est connu, dans l’armée, on assiste à  un retour à  la normale, avec une hiérarchie qui se reconstitue, des hommes formés par l’Union Européenne. A la question de savoir si le Mali est encore sous la menace d’un coup d’Etat, une chroniqueuse, qui connait très bien ce pays, écrit : « qui dit potentiel renversement d’un pouvoir ne doit pas oublier que le Mali est « sous occupation » militaire internationale, et qu’il y a peu de chances qu’un tentative de mouvement déterminé puisse aboutir, car il serait anéanti dans l’œuf, que ce soit au Sud comme au Nord. ».

Marche à Bamako : trois sympathisants de Sanogo arrêtés

Ils ont été cueillis comme des malfrats par les policiers dans leur course pour s’échapper avant d’être conduits au commissariat du 1er arrondissement. Il s’agit de Rokia Sanogo, Présidente du mouvement populaire du 22 mars, Mohamed Tabouré et un autre jeune militant. On leur reproche d’avoir infiltré la marche du collectif pour la défense de la République, pour indexer la libération d’Amadou Haya Sanogo, détenu en prison et qui médite à  son sort à  la gendarmerie du camp de Faladié. «Nous portons plainte contre le gouvernement pour l’arrestation de notre mentor, le général Amadou Haya Sanogo » scandaient ces trois là  au niveau du monument de l’indépendance. C’’est alors qu’un policier remarqua l’agitation de ces sympathisants de Sanogo, loin de l’objet même de la marche. Mohamed Bathily dit Ras Bath, le porte du collectif, a ensuite précisé que leur marche n’avait rien n’avoir avec l’arrestation de Sanogo à  plus forte raison sa libération. Il faut rappeler que la marche a quitté la place de la liberté jusqu’au monument de l’indépendance. Ils étaient quelques centaines de jeunes à  dénoncer la situation de Kidal en rejetant toute négociation avec les groupes armés. Autre leitmotiv : dénoncer le jeu de la communauté internationale, principalement de la France, sur la gestion de Kidal. Ledit collectif est composé de l’Association des Sofas de la République, du Syndicat National des Transporteurs et Commerçants Détaillants, du Réseau National des Handicapés du Mali, de l’Association des Tailleurs du Mali, du Réseau “lahidouton” et beaucoup d’autres organisations sympathisantes, républicaines, attachées à  l’intégrité territoriale du Mali et au respect de sa souveraineté. Selon le porte-parole du collectif Mohamed Bathily dit Ras Bath, pour une fois les Maliens se reconnaissent dans la politique de leur Gouvernement sur le cas de Kidal du fait que celui-ci agit conformément à  la volonté populaire, en hissant la souveraineté comme crédo principal. Pour les fauteurs de trouble du MP22, il faudra en répondre avec les forces de l’ordre.

Affaire Sanogo : Attention aux œufs, ils sont fragiles !

l’enquête sur l’affaire SANOGO donne des sueurs froides. Nous aurions été Norbert ZONGO et toutes nos découvertes allaient être transcrites mais, comme tous les journalistes épiés de ce pays, nous préférons que nos dires soient vrais au lieu de dire des contrevérités ou de fabuler avec l’information. En confiant la mission d’arrêter le Général au camp adverse lors du coup d’Etat, n’a-t-on pas donné une allure vengeresse à  cette arrestation ? l’idée de vouloir simuler un accident fatal au capitaine pour se débarrasser de lui a-t-il réellement germé dans la tête des gouvernants ? En interpellant le capitaine pendant que de supposés criminels appartenant aux bandes armées du nord circulent en toute impunité n’a-t-on pas versé dans le deux poids deux mesures ? l’affaire est grave Le Mali d’avant était dans un trou. Le Mali d’aujourd’hui est surveillé. Il est sous les projecteurs de l’actualité autrement dit tout acte, tout crime, toute tentative d’enlèvement, tout règlement de compte personnel, toute intimidation fait le tour du monde la minute suivante. Les autorités marchent donc sur des œufs. Elles doivent faire preuve de dextérité, de diligence et d’impartialité dans le traitement des affaires politico- judiciaires. Les juges savent ce qu’ils ont à  faire et se battent pour ne plus avoir les mains liées toutefois ils ne doivent jamais perdre de vue que les hommes politiques ont leur agenda. Ils y tiennent et usent de subterfuges et de stratagèmes pour ne jamais perdre certains privilèges ou prébendes. Nul ne pourra nous faire avaler la pilule de l’innocence du capitaine putschiste qui demeure jusqu’à  preuve du contraire présumé innocent. Seulement, nul ne devra par un lynchage médiatique à  la manière de Goebbels tenter de le condamner avant le verdict d’un tribunal ou attenter à  sa vie. Ces pratiques d’une autre époque sont à  bannir dans cette Afrique o๠l’obscurantisme permet toutes les bavures aux gouvernants. C’’est vrai Amadou Haya SANOGO a une responsabilité morale dans les actes posés par ses hommes mais il n’a jamais agi seul. Il avait des hommes de main. Il avait des lieutenants, des sbires voire même des parrains. Qui sont-ils ? O๠sont-ils ? On le sait, nos politiciens ne sont pas des saints. Le monde les a à  l’œil, alors qu’ils fassent bien ce pour quoi ils sont élus : reconstruire ce pays, le sécuriser, l’installer sur les rampes du développement, le doter d’une justice impartiale, de médias forts, d’une société civile alerte et de citoyens imbus de leur rôle dans tout système démocratique. Ce sont des impératifs et Ibrahim Boubacar KEITA, seul, rendra compte le moment venu. Nul n’a été élu à  sa place. Comme il de proclamait si bien «Â DIEU, le Mali, ma conscience », des mots psychologiquement chargés et qui exigent des actes forts.

Enquête : Les énigmes de l’Affaire SANOGO…

Vendredi, six décembre, le froid enveloppe Bamako que nous quittons à  l’aube pour le village de DIAGO via la ville militaire de Kati. Ce désormais ex-fief de la junte porte encore les stigmates de la marche durement par les forces de sécurité. Le macadam est écorché par la chaleur des pneus brûlés par les manifestants. Nous traversons la ville au moment o๠les militaires et les enfants de troupe du prytanée militaire font leur décrassage matinal. La troisième région militaire du pays n’a plus cette ambiance des grands jours. Elle a vu naà®tre dernièrement le quartier HAYABOUGOU et l’école HAYA SANOGO. Opportunisme des autochtones ou reconnaissance pour services rendus ? Allez savoir. Notre équipe a foncé sur le village de DIAGO o๠nous attendait notre indicateur du jour. Premier signe négatif, le jeune ne décroche pas son téléphone et une dizaine de minutes plus tard, il demande à  être rappelé. Ce fut fait. Il confirme le rendez-vous et le lieu tout en prenant le soin de nous demander d’être discret. « 7h10 à  Diago… » Sept heures dix, scotché au téléphone nous tentons en vain de joindre notre contact. Finalement, nous décidons de trouver des solutions de rechange. Vendeuses de galettes, boutiquiers, cultivateurs, vendeurs de carburant, nous interpellons villageois, passants et tout être susceptible de nous indiquer le site du charnier. Un niet catégorique nous est opposé à  chaque fois que nous révélons l’objet de notre visite. Nul ne veut trahir le capitaine. Telle une consigne, personne ne veut parler du charnier. Découragé, nous décidons de claquer quelques billets de banque (quitte à  faire une entorse à  la déontologie) pour délier les langues. Même résultat. Un jeune conducteur de moto SANILI, un baluchon entre les jambes et madame bien installée derrière, accepte de deviser avec nous : « je vais vous dire la vérité. Personne ne vous montrera le site du charnier parce que nous n’avons pas réussi à  le localiser, nous avons appris l’information à  la télévision comme tout le monde. Un beau matin, nous avons vu des cortèges traverser la ville et le soir, à  la télévision, on a appris que la fosse commune est chez nous. Nous n’avons jamais eu vent de cette affaire. Nous n’avons jamais senti des odeurs pestilentielles et jusqu’ici nous estimons que C’’est dans la tête de ceux qui ont découvert le charnier. Ceci dit, même si nous en savions plus, nous ne vous l’aurions pas dit car si votre ennemi vous rate, vous avez l’obligation de ne pas le rater ». Une femme d’âge mûr, la quarantaine révolue, manifesta alors le désir d’y ajouter son grain de sel : « jeunes gens, ne vous fatiguez pas, le Mali n’a plus de grands hommes, SANOGO en était un et ne comptez pas sur nous pour le vilipender ». Las de tourner en rond, décision fut prise de rebrousser chemin pour prendre langue à  Bamako avec un fidèle du capitaine arrêté. « Ce n’est qu’une machination… Sans détour, l’homme, les cheveux grisonnants, raconte le film de l’arrestation de son mentor : « vous savez, tout ceci est une machination. C’’est le patron des bérets rouges sous ATT qui a arrêté le capitaine. Dés son arrivée, le capitaine a repris les derniers mots du capitaine SANKARA en affirmant être désarmé et prêt à  coopérer. Toute résistance lui aurait été fatale. Il était entre les mains de la gendarmerie mais depuis quelques jours C’’est la garde nationale qui veille sur lui. Je veux calmer ses partisans en leur faisant comprendre qu’il se porte bien et se sent vraiment en sécurité. Seulement, par prudence et par intelligence, on aurait dû confier la mission de son arrestation à  un homme neutre ». Après prés d’une demi-heure d’échanges, l’adrénaline monte, notre interlocuteur se fâche et se lâche : « dà®tes-moi, est ce qu’on parle de la mort de Youssouf TRAORE, le chef des opérations secrètes sous SANOGO, mais qui peut attester aujourd’hui de sa mort. Qui ? Pourquoi son épouse refuse de porter le deuil ? Retrouver cet homme et le faire parler au procès équivaudrait à  disqualifier les faits reprochés au capitaine ». Les yeux embués de larmes, l’homme dépité et meurtri, mit un terme à  ses confidences en nous priant de ne jamais révéler son identité. Sa prière est partagée par l’essentiel de nos sources. Une d’entre elles, retrouvée à  la gendarmerie du camp 1 o๠nous croyions pouvoir voir le lieutenant KONARE se débine. Il a peine à  affirmer que KONARE assimilé à  l’époque du coup d’Etat comme l’aile dure de la junte est depuis quelques temps transféré dans un lieu de détention situé hors de la capitale malienne. « Ses relations avec SANOGO ne sont plus au beau fixe ». Jusqu’ici, il n’est pas fait état de l’avocat chargé de sa défense. Parlant de défense, un proche parent d’Amadou Haya SANOGO nous a soufflé que des démarches sont entreprises pour densifier le pool des avocats du capitaine et dans cette optique l’emblématique procédurier sénégalais Maà®tre Ciré Clédor LY pourrait être le patron de ce pool. Il aura à  ses côtés un des grands ténors du procès du Général Moussa TRAORE. Bamako va vers des jours historiques, si et seulement si le procès se tient.