Affaire des bérets rouges : la libération annoncée attendra encore !

Dans la nuit du 18 janvier, la nouvelle de la libération des bérets rouges et autres militaires détenus au camp I a été accueillie avec joie dans leurs famille respectives. De sources concordantes, l’accueil de ces détenus au camp para de Djikoroni ou est basé le 33è régiment des commandos para aurait constitué une mobilisation de taille comme le témoigne cette femme : « Je serai tellement heureuse de voir mon mari rentrer à  la maison ». Hélas ! la joie fut de courte durée, car après l’annonce de la libération des détenus, parents, épouses et enfants devront encore attendre. l’information est pourtant parvenue de militaires, sur cette remise en liberté ordonné par le juge d’instruction en charge du dossier… Les interrogation des uns et des autres vont bon train après le blocage de la procédure. « Pourquoi ces bérets rouges ne sont pas encore libres?», « Qui bloque cette libération ?», s’interrogent parents et proches des détenus. Parmi eux, le commandant Malamine Konaré, fils de l’ancien président Alpha Oumar Konaré, toujours détenu. Impatience et procédures judiciaires Sur cette libération, les informations sont contradictoires,. Pour les uns, le Procureur de la République du Tribunal de la Première instance de la commune III tarde à  donner l’ordre de remise en liberté. D’autres sources indiquent que les ex putschistes avec à  leur tête, le capitaine Sanogo, cherchent à  influencer le parquet chargé du dossier. « l’ex-junte de Kati ne va jamais accepter cette libération, qui constitue un vrai risque pour les bérets verts », exprime un proche de Kati. Le juge chargé du dossier joint par téléphone se refuse lui à  tout commentaire. Au niveau du ministère de la justice, on rejette toute instrumentalisation du département. Le Code de procédure pénale, peut on lire dans une note d’information du ministère de la justice (voir-ci contre), donne au Ministère public un délai total de 15 jours pour soit s’opposer à  la mise en liberté o๠bien au contraire l’ordonner. « Nul doute que le ministère public aura à  C’œur de concilier le droit des détenus et la nécessité de protéger l’ordre public, surtout en ce moment de crise sécuritaire. ». « En tout état de cause, le Ministère de la Justice donne l’assurance à  la communauté nationale et internationale qu’il veillera scrupuleusement à  l’observation stricte de la loi et des droits des personnes visées. », conclut ladite note. Il faudra pour les proches des bérets rouges encore détenus prendre leur mal en patience, d’autant que ce corps de l’armée malienne avait fait savoir sa volonté de participer à  l’offensive militaire française menée en terre malienne par la France.

Opération militaire : Sanogo hors jeu?

En attaquant les troupes maliennes sur la ligne de front à  Konna, les islamistes déclenchaient une opération militaire depuis longtemps programmée et sans cesse repoussée. En effet, les pronostics les plus favorables prévoyaient le début de l’offensive armée au plus tôt au mois d’avril. Et voila, qu’en quelque heures, force a été donnée aux armes pour mettre fin à  la situation de ni-paix-ni-guerre qui durait depuis des mois. Les militaires maliens sont donc au front. Mais ils ne sont pas seuls. A leurs côtés, des soldats français dont l’effectif est graduellement monté à  plus d’un millier d’hommes ces derniers jours. Hélicoptères, blindés de la Licorne, forces spéciales, les troupes étrangères sont là . Les chefs d’état major africains sont réunis depuis deux jours maintenant pour peaufiner l’arrivée de troupes d’un peu partout sur le continent. Car, il est clair que seule, notre armée ne peut faire face à  des islamistes puissamment armés et prêts à  tout pour imposer leur régime de terreur. Mais alors, se demandent de nombreux maliens, pourquoi la hiérarchie militaire malienne a-t-elle autant tergiversé ? Surtout le plus en vue, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, qui il y a quelques semaines encore demandait «juste un soutien logistique » pour monter au front ? Quelle marge d’action pour le Capitaine ? Malheureusement, la suite ne lui a pas donné raison. Le tombeur d’ATT se voit ainsi dans l’obligation de revoir sa copie face à  la précipitation des événements depuis le jeudi dernier. Il a d’ailleurs fait un pas dans ce sens en remerciant la France pour son intervention salvatrice auprès des militaires maliens pour endiguer la percée islamiste. Le capitaine est d’autant plus gêné que les porteurs d’uniforme non-Maliens qui auront en charge la sécurisation de la capitale pourraient marcher sur ses plates bandes et réduire du coup son ‘’pouvoir ». Ce qui n’est guère à  son gout. Avec la nouvelle donne, l’on est en droit de se poser des questions. Quelle est aujourd’hui la marge de manœuvre réelle du président du comité de suivi et de la réforme de l’armée ? Est-il en train de perdre la main ? Les militaires interrogés n’ont pas souhaité faire de commentaires, se contentant juste de déclarer que seule la patrie compte. Nombreux sont les maliens qui attendaient l’annonce de son départ au front. « Cela nous aurait confirmé tout ce qu’il nous a dit au matin du 22 mars » affirme un bamakois, sous couvert d’anonymat. Pour l’instant ce n’est pas la cas… En attendant, pour ne pas disparaà®tre de la carte qui se joue actuellement autant sur le plan politique que militaire, le capitaine tente, tant bien que mal, de marquer son territoire. En atteste sa visite aux militaires blessés dans les hôpitaux avant même le ministre de la Défense et le Président par intérim. Sans oublier sa visite éclair à  Sévaré pour remonter le moral de la troupe. Une visite mise à  profit pour élever certains militaires au grade supérieur.

Petites courtoisies entre Dioncounda et Sanogo…

‘ Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Le capitaine putchiste Amadou Haya Sanogo a désormais changé de langage à  l’endroit du professeur Dioncounda Traoré qu’il abhorrait auparavant, pour être un maillon du régime ATT tant décrié par l’ex junte‘. C’’est le constat amusé d’un enseignant du secondaire lors d’une discussion de grin. Pour d’autres, le capitaine Sanogo est tout simplement sous la pression de la communauté internationale et se voit obligé de pactiser avec les hommes politiques pour sortir le Mali de l’impasse. En revanche, une tendance estime que l’ex junte est la vrai détentrice du pouvoir et que Dioncounda Traoré, le Président de la République par intérim reste une marionnette manipulable à  souhait par les militaires. Un propos à  nuancer, juge un proche de ‘ancien Président de l’Assemblée : «Â Vous avez l’impression qu’il est mou, mais sachez qu’il prend toutes les décisions au final ! ». Dioncounda aurait-il ordonné à  Sanogo d’aller arrêter Cheick Modibo Diarra, ce fatidique 11 décembre ? Certains aiment à  le croire. Petites courtoisies De son côté, le capitaine dans la déclaration, qui a suivi la démission forcée de l’ex Premier ministre n’a pas tari d’éloges à  l’endroit de son aà®né Dioncounda : « l’ex Premier ministre Cheick Modibo Diarra ne respectait pas l’autorité du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. Il voyageait et logeait dans les hôtels les plus luxueux de la planète terre sans en informer qui que ce soit et aux frais de l’Etat » pérora Sanogo. Pour certains observateurs politiques, ces propos laudateurs du capitaine putschiste étaient une manière de séduire le Président de la République en trompant la vigilance de la communauté internationale, face à  l’ordre institutionnel tant réclamé. Il ya quelques mois seulement l’ancien président du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sanogo estimait que le Pr Dioncounda Traoré avait été imposé par la CEDEAO, et voulait sa tête, car l’homme ne méritait point à  ses yeux d’incarner le Président de la transition à  même d’apporter le changement réclamé par le peuple. Or dans sa même déclaration le capitaine Sanogo flatte Dioncounda Traoré. Dégommer CMD a donc été poser un acte, accomplir un devoir pour remettre les choses dans l’ordre, estime le capitaine puchiste. De son côté, Dioncounda Traoré, dans sa dernière adresse à  la nation à  l’occasion du nouvel an, a ménagé les ex putschistes quant au coup de force du 22 mars 2012 : «Â  Durant deux décennies, nous avons organisé régulièrement des consultations électorales globalement acceptées par nous même et par la Communauté internationale. Beaucoup de pays nous ont envié la vitalité de notre expérience démocratique et souvent, n’ont pas manqué de s’en inspirer pour consolider la leur. Cet apprentissage plutôt réussi nous a donné le sentiment que nous étions arrivés à  un stade que les grandes démocraties ont mis des siècles à  construire et à  consolider. Mais les événements de mars 2012 sont venus nous rappeler brutalement la fragilité de notre pratique démocratique ». Ils sont venus nous prouver que les acquis étaient loin d’être irréversibles et aussi et surtout qu’en temps opportun, nous aurons à  faire face à  notre devoir de critique et d’autocritique ». Alors, ces propos ne donnent-il pas raison à  ceux qui pensent que la démission de l’ex Premier ministre rapproche désormais le Président de la transition et le capitaine Sanogo ?

Cheik Modibo Diarra, interdit de sortie !

Un membre de la famille de l’ex-Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a affirmé à  l’AFP à  Bamako que M. Diarra était interdit de sortie du pays par le chef des putschistes du 22 mars, le capitaine Amadou Haya Sanogo, ce qu’a démenti le porte-parole de l’officier dimanche. « Cheick Modibo Diarra, malade, ne peut pas quitter le Mali pour se soigner parce que le capitaine Amadou Sanogo (chef des putschistes du 22 mars, NDLR) a mis un veto à  son départ », a déclaré à  l’AFP Mohamed Diarra, de la famille de l’ex-Premier ministre qui souhaite se rendre en France. « Il est vraiment malade. Il a des problèmes aux poumons. Et depuis quelques jours, il a une boule visible au niveau de la clavicule droite. Ca lui fait mal. Mais le capitaine Sanogo lui interdit tout départ pour des soins », a-t-il ajouté. Selon ses proches, M. Diarra avait prévu de partir pour Paris le 10 décembre afin d’y passer un contrôle médical lorsqu’il a été brièvement arrêté puis poussé à  démissionner le 11 décembre sous la pression du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des auteurs du coup d’Etat militaire du 22 mars au Mali. Un ancien collaborateur de M. Diarra, qui lui a rendu visite vendredi, a également parlé à  l’AFP de l’excroissance visible sur sa clavicule. « On ne sait pas si C’’est une tumeur. En plus de ça, il y a ses problèmes de poumons. Mais pour le moment, le capitaine Sanogo lui a interdit de quitter le Mali », a dit ce collaborateur. Le capitaine Sanogo n’a rien à  avoir avec une éventuelle mesure visant l’ancien Premier ministre, a assuré son porte-parole, le capitaine Amadou Konaré, dans un communiqué transmis à  l’AFP. « Le président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (du Mali), le capitaine Amadou Haya, a appris par voie de presse qu’il a empêché l’ancien Premier ministre de voyager. (…) Il apporte un démenti à  ces allégations », déclare le capitaine Konaré. Il « ne s’implique pas dans la gestion des affaires de l’Etat », et le comité qu’il dirige « dément (…) son implication dans une quelconque mesure que ce soit dans le cadre de la gestion de l’Etat », affirme-t-il.

2012, un cauchemar à la malienne

Le millésime 2012 n’aura pas été le meilleur pour les Maliens et les Maliennes. Jamais dans son histoire contemporaine, le pays n’avait connu d’épisodes aussi douloureux, fragilisant sa stabilité, et mettant à  mal le rôle de pays-modèle qu’il jouait dans la sous-région et en Afrique. Le mauvais rêve a commencé avec l’attaque de la garnison de Ménaka le 17 janvier. Elle portait la signature des indépendantistes touarègues du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA). Quelques jours plus tard les images atroces de militaires ligotés et abattus d’une balle dans la tête, font froid dans le dos des Maliens. Ces images qui ont fait le tour du monde via internet provoquent l’indignation dans le monde. Au camp militaire de Kati, les femmes se soulèvent et battent le pavé pour fustiger un pouvoir qui envoie leurs maris sans armes adéquates à  la boucherie. Reçues à  la présidence ce 29 janvier, les femmes, très remontées, ont rencontré le président Amadou Toumani Touré, pour lui demander des comptes. Cette marche des femmes était l’expression du moral en berne et l’exaspération de la troupe face à  la gestion de ce que l’on appelait déjà  la « crise au nord ». Le siège de Tessalit vient exacerber ce sentiment. Et les conséquences ne se font guère attendre. Le 22 mars, soit moins d’un mois après la marche des femmes, les militaires passent à  la vitesse supérieure en balayant le régime ATT. l’incurie du régime dans la gestion du nord est pointée du doigt. Le Mali connaà®t son troisième coup d’Etat, œuvre d’une junte basée au camp de Kati et emmenée par le jeune capitaine Amadou Haya Sanogo. Dissoutes, les institutions laissent la place au Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat(CNRDRE). Des dizaines de leaders politiques et de cadres de l’administration se retrouvent dans les geôles de Kati, pour «garantir leur sécurité », selon la junte. Conséquence immédiate du putsch, la faillite de la chaà®ne du commandement de l’armée qui favorise la chute, une à  une, des trois régions septentrionales du pays. Après Kidal le 30 mars Gao et Tombouctou tombent les jours suivants aux mains des rebelles touarègues du MNLA aidés par les islamistes. Désormais les 2/3 du territoire national échappent au contrôle du gouvernement malien. Sous la pression de la communauté internationale surtout de la CEDEAO par l’entremise de ses médiateurs (le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Michel Bassolé et Adama Bictogo, ancien ministre ivoirien de l’intégration africaine), le capitaine Sanogo lâche du lest début avril en rétablissant les institutions. Le même jour les Maliens apprenaient la déclaration l’indépendance de l’Azawad par le MNLA. La partition de fait du pays est désormais consommée. Accord Cadre l’accord cadre du 6 avril signé entre la junte militaire et la CEDEAO décante provisoirement la situation. ATT transmet sa démission à  la Cour Constitutionnelle qui peut désormais investir le Président par intérim. Chose faite le 12 avril avec la prise de fonction officielle du Président de l’Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré. Ce dernier nomme le 18 avril Cheick Modibo Diarra, Premier ministre de pleins pouvoirs. Avec la formation du gouvernement un jour plus tard, le Mali entame son retour dans la communauté des Nations dont il était au ban depuis le coup d’Etat. Les maigres avancées du mois d’avril sont malheureusement remises en question par la tentative du contre coup d’Etat des Bérets rouges du 30 avril. La guerre des Bérets est sanglante, divise et affaiblit une armée déjà  mal en point. 4 mai 2012 à  Dakar. Le sommet de la CEDEAO fixe la durée de la transition malienne à  12 mois. Tollé à  Bamako o๠les partisans de la junte, le front pro-putsch manifestent leur mécontentement. Des marchent sont organisées dont celles du 21 mai qui finira par l’agression au sein même du Palais Présidentiel du président Dioncounda Traoré. Les manifestants entendaient le démettre par la force de ses fonctions qui selon, eux, devaient prendre fin avec la fin de la période d’intérim de 40 jours. M. Traoré sera finalement évacué à  Paris (France) le 24 mai pour des soins. Il ne rentrera au Mali que le 27 juillet. Le mois de juin verra la dissolution du CNRDRE et la fin de l’alliance entre le MNLA et les islamistes. Ces derniers prennent définitivement le contrôle des régions conquises aux côtés des rebelles touareg. s’en suivra l’application stricte de la charia avec la destruction des mausolées de Tombouctou, mais surtout les amputations, les flagellations, la destruction de mausolées, viol et autres actes inhumains et dégradants. Ces actes sont posés par les islamistes de Ançar Dine d’Iyad Ag Ghaly et du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest(MUJAO). Critiquer les nouveaux maà®tres du Mali n’est pas sans risque. Plusieurs journalistes l’apprendront à  leurs dépens. Une énième agression commise sur la personne du directeur de publication du journal l’Indépendant Saouti Haà¯dara, fait exploser la colère de la presse qui descend dans les rues et observe une journée sans presse le 17 juillet. Mobilisation de masse Face à  la crispation de la situation politique, le Haut conseil islamique organise un méga meeting, le 12 août au stade du 26 mars, pour arrondir les angles mais surtout apporter son soutien au Premier ministre Cheick Modibo Diarra, déjà  fortement contesté. Pour arrondir les angles et tendre la main à  ses opposants du front anti-putsch, M. Diarra ouvre son équipe et forme un gouvernement « d’union nationale» fin aout. La chute de Douentza, dans la région de Mopti le 2 septembre, rapproche un peu plus les islamistes armés de la « zone non occupée » dont la frontière est la ville de Mopti. Les Maliens appellent de plus en plus à  une intervention rapide au nord pour libérer les populations dont la situation humanitaire se dégradent cheque jour un peu plus. Bamako accueille en novembre une réunion du groupe de soutien de l’Union africaine qui soutient l’option de l’intervention mais appelle également à  l’organisation d’élections dans les plus brefs délais afin d’avoir un pouvoir légitime à  Bamako. Pierre Buyoya est nommé haut représentant de l’UA pour le Mali. Il rejoint la pléiade de personnalités qui se bousculent au chevet du Mali pour l’aider à  trouver des solutions à  la crise qu’il traverse. Une note d’espoir ? 2012 s’achève pour beaucoup sur une note d’espoir. l’arrivée de l’équipement militaire bloqué en Guinée depuis des mois, la démission forcée de Cheick Modibo Diarra et son remplacement par Diango Cissoko, personnalité beaucoup plus consensuelle, autant de signaux positifs pour les observateurs. Le début de négociations avec les groupes armés qui sévissent au nord du pays est également positif pour ceux qui préfèrent que l’option militaire soit le dernier recours, afin d’épargner les populations. Enfin, après des mois de tergiversations, la communauté internationale s’est mise d’accord pour voter une résolution qui donne quitus aux forces africaines pour intervenir au nord Mali. La résolution 2085 est pourtant accueillie avec peu d’enthousiasme à  Bamako. Les barbus d’Ançar Dine ont d’ailleurs prouvé le peu de poids qu’ils lui accordaient en procédant le dimanche 23 décembre à  la destruction de mausolées à  Tombouctou. Les yeux à  présent tournés vers 2013, les Maliens espèrent qu’elle apportera avec elle les solutions pour définitivement tourner la page. Une intervention dans les six mois au nord du pays, un redémarrage de l’économie en berne, et un retour « à  la normale », tout en retenant les leçons de ces mois passés. Les bénédictions et souhaits seront certainement unanimes en ce 31 décembre, au Mali.

VIDEO: Nous avons « facilité » la démission du Premier ministre, dixit le Capitaine Sanogo

Le Capitaine Amadou Haya Sanogo et ses hommes sont de nouveau intervenus dans la vie de la Nation. Alors que le Mali peine à  sortir de la crise politico-sécuritaire qui afait suite au coup d’à‰tat de mars dernier. Cheick Modibo Diarra a dû démissionner de son poste de Premier ministre de la Transition après avoir été interpellé par des militaires se réclamant de Kati. Dans le journal télévisé de ce mardi 11 décembre, le chef de l’ex-junte donne ses explications sur les derniers événements et sur les raisons qui les ont motivés.

Cheick Modibo Diarra a jetté l’éponge

Il y a « certainement » été aidé par l’ex-junte dont le chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo, l’avait « reçu » quelques heures auparavant dans ses quartiers à  Kati. Cheick Modibo Diarra, nommé le 17 avril, dans la foulée du coup d’Etat du 22 mars, a rendu sa démission et celle de son gouvernement. Des bagages débarqués de l’avion «Moi Cheik Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement», a déclaré C.M. Diarra lors d’une brève allocution à  l’Office de radio-télévision du Mali (ORTM) sans donner d’explication à  sa décision. l’air grave et les traits tirés, Diarra a simplement remercié ses collaborateurs et souhaité bonne chance à  «la nouvelle équipe». Cheik Modibo Diarra devait s’envoler lundi soir pour Paris afin d’y passer un contrôle médical. Il s’apprêtait à  se rendre à  l’aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l’avion. Selon son entourage, le salon officiel par lequel il devait transiter à  l’aéroport était pris d’assaut par des hommes en armes. Il décida donc de rester à  son domicile o๠il a été arrêté. Selon le porte-parole de l’ex-junte malienne qui a fait brièvement arrêté le Premier Ministre dans la nuit du lundi à  mardi, un nouveau chef du gouvernement sera nommé «dans les prochaines heures» par le président Dioncounda Traoré. Bakary Mariko a également démenti ce mardi matin tout «coup d’Etat», reprochant au désormais ex-Premier Ministre de ne pas avoir agi en «homme de devoir» face à  la crise au Mali mais en fonction d’«un agenda personnel». Une hydre à Â…deux têtes Ce nouvel épisode dans le feuilleton malien laisse plutôt perplexe, en particulier les observateurs internationaux. Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des « amis » du Mali, tous ceux qui de près ou de loin interviennent dans la recherche de solutions à  la grave crise politico-sécuritaire que connaà®t le pays. Les opposants au Premier Ministre ont maintes fois manifesté pour exiger sa démission, estimant qu’il ne servait pas au mieux les intérêts du pays et qu’il tenait un double langage en ce qui concerne la gestion de la situation au Nord du pays et la reconquête du nord sous contrôle islamiste depuis presque 10 mois. Ces derniers devraient donc voir d’un bon œil cette éviction. Les réactions parmi la population sont moins tranchées. Pour la majorité, cet épisode ne fera que plomber une situation déjà  particulièrement difficile. M. Coulibaly, chauffeur de taxi, estime que « décidément les politiciens n’ont rien à  faire du peuple. Sinon, ils s’occuperaient de nos problèmes au lieu de s’entre-déchirer ». Ce sentiment semble être le mieux partagé, tant les Maliens sont las des rebondissements de cette crise. « Que Sanogo arrête le Premier Ministre alors que tout le monde a dit dans ce pays que C’’est son allié, je ne comprends plus rien » affirme un jeune cadre d’ONG sous couvert de l’anonymat. En effet, Cheick Modibo Diarra, dont les rapports ont longtemps été tendus avec le Président de transition, était présenté comme proche de l’ex-junte. Cependant, de nombreuses informations ont fait état, ces dernières semaines, de divergences de vue entre les deux hommes, au point que beaucoup prédisaient le « débarquement » de Cheick Modibo Diarra de l’attelage qui dirige la Mali. Une chose est sûre, cette nouvelle donne ne vient pas simplifier la situation déjà  compliquée que vit le pays. Du trio à  la tête de l’Etat depuis le mois d’avril dernier, il ne reste que deux personnalités qui ne sont pas réputées s’apprécier. Le Premier ministre qui sera nommé dans les heures prochaines par Dioncounda Traoré aura-t-il la légitimité refusée à  son prédécesseur ? Le pouvoir que se dispute les « autorités de transition » va-t-il basculer du côté de Koulouba(ou de ce qu’il en reste) ? l’hydre malienne est-elle en train de se dévorer?

Des hommes armés tentent d’enlever la DG de l’APEJ…

Après sa nomination, visiblement mal digérée par l’ex junte de Kati, l’ancienne ministre de la Promotion de la femme, Sina Damba, a eu maille à  partir avec les tombeurs d’ATT. Ce qui s’est passé ce mardi matin à  la Direction Générale de l’APEJ n’a rien à  envier à  un Far west américain. Alors que le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la sortie de crise semblaient définitivement lancés, l’on a failli assister à  une autre arrestation ou arrestation arbitraire. La énième du genre, avec le même mode opératoire, sauvagement instauré par les putschistes du 22 mars 2012, à  la solde du capitaine de Sanogo. Tentative d’enlèvement Sans mandat d’arrêt, témoignent certains agents de la structure, les visiteurs de Kati au nombre de huit (8) environ ont débarqué en tenue civile à  bord de véhicules non immatriculés. Après irruption dans l’enceinte de la structure, ils ont investi le bureau de la nouvelle directrice, avant de lui demander de la suivre. « Qu’avez-vous contre moi ? » a interrogé Sina Damba. « C’’est Kati qui nous envoie pour vous arrêter Madame. Tous ceux qui ont eu à  être interpellés par Kati, s’y sont rendus sans commentaires. Vous allez nous suivre ! », auraient lâché, les visiteurs, selon des témoins. Puis, s’en est suivi un vif attroupement des agents du service autour de leur Directrice. La farouche opposition de ceux ci ainsi que l’arrivée d’une unité de la police dépêchée par le ministère de la sécurité intérieure à  permis d’empêché l’arrestation de la dame. « Comment Kati peut-il se donner le pouvoir d’arrêter des gens ? De surcroit sans mandat… » s’insurgent les travailleurs. Même si la gestion de la militante du CNID au département de la Famille a souvent soulevé du tollé, la thèse d’un complot contre cette vaillante dame n’est pas à  écarter. Un membre du cabinet nous a confié que la passation de service avec le DG sortant Issa Tiéman Diarra a eu du mal à  s’effectuer. Détournements supposés En effet, une source proche de Kati nous indique que le DG sortant serait un proche du Lieutenant Konaré, bras droit de la junte. Est-ce la raison véritable des ennuis causés à  la dame qui s’apprêtait à  s’attaquer aux chantiers de l’emploi des jeunes ? D’aucuns répondent que non. En ce sens que Sina Damba serait au centre de détournements de fonds, alors qu’elle présidait, sous le régime déchu d’ATT, aux destinées du département de la femme, de l’enfant et de la famille. Selon lui, les ténors de l’ex junte n’ont pas digéré le changement opéré à  la tête de la Direction Générale de l’APEJ. Raison de plus pour fouiner dans les dossiers salles de l’ex ministre de la promotion de la femme. A la question de savoir ce qui est reproché à  la nouvelle directrice, aucune réponse ne filtre chez les agents de l’APEJ qui décrient que la nouvelle DG a eu du mal à  prendre fonction, à  cause de la mauvaise foi de son prédécesseur. « La passation de service ne s’est opérée que samedi dernier, explique un haut responsable de l’APEJ. En tout cas, jusqu’à  midi (12h), l’arrestation de la nouvelle DG s’est avérée impossible. La dame a été conduite à  la Cité Administrative pour être placée en lieu sûr, apprend t-on par une source.

Le Premier ministre Modibo Diarra de plus en plus au coeur de la vie poltique

Cheikh Modibo Diarra a affirmé hier que le temps « pressait » pour une intervention, réclamant « beaucoup plus de fermeté » de la communauté internationale. Après Paris, Modibo Diarra se rendra à  New York pour participer à  la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le Premier ministre malien qui est de plus en plus au centre de la vie politique de son pays. Notre dossier spécial Mali Certes, C’’est le président Diacounda Traoré qui a demandé lui-même à  son Premier ministre de représenter le Mali à  New York. Mais il n’y a aucun doute, chaque jour qui passe Cheick Modibo Diarra se met davantage au centre du jeu politique malien. Lors du dernier remaniement ministériel, il a non seulement déjouer tous les pronostiques en conservant son poste, mais il est également arrivé sans coup férir à  imposer ses proches à  des postes clé dans le gouvernement. Et aujourd’hui, le voilà  porte-parole du Mali en France o๠il rencontre ce jeudi 20 septembre le ministre français des Affaires étrangères et la prochaine étape sera les Etats-Unis. Devant ses interlocuteurs, il défendra notamment la position du Mali au sujet d’une éventuelle intervention des troupes étrangères pour libérer le nord du pays. D’après RFI, le Mali dira clairement oui à  une aide extérieure mais aux conditions maliennes. Et dans un premier temps, Bamako souhaite savoir les pays qui seront prêts à  envoyer des troupes et logistiques ici. Dans un second temps, le Mali entend choisir lui-même parmi les volontaires, les pays dont les troupes viendront pour participer à  la libération du nord du pays. Enfin, ces troupes viennent pour un moment. Et pour rester au-delà  de six mois, il faut là  encore que Bamako donne son feu vert. Les exigences de la Cédéao La Cédéao l’a déjà  fait savoir lors de sa dernière réunion, elle ne peut pas concevoir une intervention militaire sans avoir le droit de déployer des hommes à  Bamako. C’est une question logistique, rappelle Blaise Compaoré, le président burkinabé et médiateur de la cedeao dans la crise malienne. A l’occasion de son passage à  Paris, et dans une interview à  France 24 diffusée le 19 septembre, il précise pourquoi cette présence militaire à  Bamako est complémentaire d’un déploiement pour sécuriser le Nord aux côtés de l’armée malienne.

Les dernières vérités du capitaine Sanogo

Après sa sortie médiatique à  la télévision nationale, son intervention dans le débat a fricain sur RFI, le capitaine, Amadou Aya Sanogo a animé mardi 18 septembre 2012, une conférence de presse pour cracher ses vérités. ‘’Nous n’avons reçu aucun soutien du gouvernement de transition pour aider l’armée ‘’ a déclaré le capitaine. Lors de cette rencontre, le président du comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité a déploré le manque de soutien du gouvernement de transition, mis en place pour aider les forces de défense et de sécurité. Or poursuit –il , il est de son devoir d’équiper ses hommes, de les former et de proposer les solutions concrètes pour aider la chaine hiérarchique. Le soldat Sanogo d’ajouter : ‘’Si ma personne est nécessaire pour aller combattre pour libérer le Mali, je le ferais avec mes hommes. Le Capitaine est un malien comme les autres. Et en tant qu’officier, on prête le serment de sauver le pays quelque soit l’origine de la menace. Et également le Capitaine ne peut faire de ce pays ce que les Maliens veulent que le Mali soit. Le moral des troupes Aussi, il a révélé que les frais relatifs aux armes bloquées dans les ports ont été payés et que ces matériels doivent être débarqués. ‘’Si on les reçoit, nous allons nous battre. Sans problème », assure t-il. s’agissant d’envoie d’une force internationale, il précise : ‘’Il y a des armes dont nous avons besoin pour le combat de proximité, de profondeur et pour le soutien aérien. Si tous ces moyens ne sont pas disponibles au Mali, nous avons l’obligation de les demander à  un pays partenaire. Mais, il ne faudra pas qu’on nous impose des choses que nous n’avons pas besoins » a-t-il conclu. Sur le moral des troupes, le capitaine s’est voulu rassurant : « Nous avons rehaussé la prime de guerre qui est passée de 6 000 à  50 000 FCFA. Voilà  pourquoi nous avons plus de volontaires à  Sévaré et dans les autres régions qu’à  Bamako. Ils sont prêts et ont le moral. Ils ne sont plus à  Savaré, ils ont fait des avancées avec la manière tout en consolidant nos acquis. J’ai rarement vu les soldats maliens aussi déterminés qu’aujourd’hui ».

Sanogo, l’homme de la semaine ?

Si on devait désigner l’homme de la semaine au Mali, C’’est sans hésiter qu’on jetterait notre dévolu sur l’ex-chef de la junte, le capitaine Amadou Aya Sanogo. Réduit au silence à  son corps défendant depuis un certain temps, l’homme est sorti de son mutisme le lundi dernier par une adresse aux Maliens. Le message qui a eu le don à  la fois de clarifier et d’apaiser , est de loin le meilleur que le capitaine ait tenu depuis son apparition sur la scène sociopolitique du Mali. On aurait pu croire qu’il s’était attaché les services d’un communicant.l’homme fort de Kati a brillé par la précision, la clarté et la concision dans le discours. Des qualités généralement aux antipodes d’un discours martial. Pas un signe de nervosité ou de gesticulations, mais une sérénité qui rimait avec une bonne diction et de la fluidité dans l’expression. Le message était d’autant plus important qu’il est intervenu dans un contexte marqué par l’inflation de la rumeur faisant état d’une brouille dans les rangs de l’armée malienne, et d’une divergence de vue entre Sanogo et le président de la transition Diouncounda Traoré suite à  l’envoi de la requête à  la Cédéao pour un soutien militaire de la sous-région. Après le discours du tombeur d’ATT, les Maliens sont édifiés sur bien de points qui les inquiétaient. Il y a bien une gestion collégiale des affaires publiques entre le triumvirat : Dioncounda, Cheick Modibo Diarra et Amadou Aya Sanogo. Diouncounda n’a donc pas fait cavalier seul dans la rédaction et l’envoi de la requête à  l’organisation sous-régionale. Tout comme il existe, à  en croire le capitaine, une parfaite entente entre les militaires maliens plus, que jamais soudés et préoccupés par la libération des régions sous occupation. Il n’y aura donc pas de troupes pour sécuriser Bamako. Le Mali a besoin surtout d’appui technique et logistique. Les troupes de la Cédéao seront à  Bamako en cas de besoin. Avec ce discours, le capitaine a donné à  ses compatriotes une bonne leçon de communication de crise qui pourrait inspirer des étudiants en communication. Et qui aura permis à  l’officier de gagner l’estime de nombre de ses compatriotes, thuriféraires et détracteurs confondus.

Edito: Sanogo, la politique de l’autruche?

Il était resté en retrait de la scène ces derniers temps, sans pour autant lâcher prise dans la gestion des affaires de l’Etat. Le capitaine Sanogo, chef de l’ex-junte, est réapparu à  la télévision pour rassurer sur l’armée. C’’est concentré et plus sûr de lui que jamais que le capitaine Sanogo est apparu sur les écrans de l’ORTM ce lundi. Celui qui dirige l’ex-junte est venu en opération de communication avec un objectif double : clarifier la position de l’armée, dont il semble aujourd’hui être le leader et le porte-parole, et dissiper les rumeurs qui faisaient état de divisions dans les rangs des ex-putschistes et de l’armée toute entière. Comme pour répondre à  ceux qui l’accusaient de mettre des bâtons dans les roues de la transition en ne respectant pas ses engagements, Amadou Haya Sanogo s’est posé en défenseur des institutions. Il a déclaré épouser totalement les points de vue et les initiatives du président Dioncounda Traoré dont il a par ailleurs salué « la largesse d’esprit, la considération et le sens élevé du patriotisme». Faire taire les rumeurs et se positionner en décideur Au sujet de la demande d’appui envoyée la semaine dernière par le président à  la CEDEAO, Sanogo a expliqué qu’il n’y était nulle part écrit qu’il y aurait déploiement de troupes. Peut-être, « lorsque l’armée malienne en sentira le besoin », a-t-il tenu à  préciser. C’’est cette intervention éventuelle de troupes de la CEDEAO qui aurait mis le feu aux poudres à  Kati, siège de l’ex-junte. Des informations avaient même fait état d’une nouvelle tentative de putsch tant les « camarades » du capitaine sont réfractaires à  ce déploiement. Les camps des pro-CEDEAO et anti-CEDEAO se seraient ainsi regardés en chiens de faà¯ence. Le capitaine Sanogo, selon des sources à  Kati, aurait passé une grande partie de la journée du samedi 8 septembre à  discuter avec la troupe pour calmer les esprits. « Assez de discours! » Mais, pour lui, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, « l’armée malienne est plus que jamais unie comme un seul homme. Il n’y pas de problème à  Kati ni dans les autres garnisons », a-t-il déclaré avant de rassurer que la seule priorité reste celle de « restaurer l’intégrité territoriale ». « Assez de discours! » C’’est le point de vue unanime des Maliens au lendemain de cette intervention qui finalement n’aura apporté aucun élément nouveau en ce qui concerne les enjeux actuels pour le pays. Les commentateurs ont tôt fait de décortiquer le message du capitaine qui, selon eux, tente de se repositionner comme « maà®tre du jeu » dans l’armée. Or, de l’avis général, il n’est plus temps de savoir qui est chef de quoi, mais de définir que faire, quand et surtout comment. Et pour l’instant, C’’est l’option du déploiement de troupes africaines dans le Nord aux côtés de l’armée malienne pour combattre les islamistes qui reçoit le plus de suffrage. « Notre armée ne peut pas et elle l’a prouvé », déclare un bamakois, fort désabusé.

Vidéo: le Capitaine Sanogo s’adresse aux Maliens

Le capitaine Amadou Aya Sanogo s’est adressé à  ses compatriotes ce lundi 10 septembre 2012 sur les ondes de la télévision nationale ORTM. Il a évoqué les rumeurs sur les mésententes entre les militaires à  Kati et appeler les Maliens à  faire bloc autour de leur armée qui a besoin de leur soutien. Il a également parlé de la demande faite par le Président de la transition, Dioncounda Traoré, à  la CEDEAO pour lui demander d’aider le Mali à  libérer le nord de son territoire.

Edito : « Cinq ans pour une armée malienne satisfaisante ! »

Qui dirige véritablement ce pays ? A quoi sert d’avoir un gouvernement d’Union nationale après de multiples concertations avec la classe politique malienne. Alors que l’annonce de la lettre de Dioncounda Traoré aux instances de la CEDEAO pour l’envoi d’une force d’appui à  l’armée malienne, avait suscité l’espoir, on apprend que Sanogo, réitère son refus de voir «Â un soldat de la CEDEAO » fouler le sol malien au profit d’un appui logistique seul. En outre, la demande du déblocage des armes à  Conakry sonne comme une nouvelle excuse pour repousser le plus loin possible l’intervention militaire attendue de tous. La démarche du capitaine apparaà®t pourtant légitime aux yeux de certains, dans le sens o๠il dirige le comité de suivi et de réformes de l’Armée. Une armée aujourd’hui démobilisée, en reconstruction et qui pourtant tarde à  s’impliquer dans la résolution de la crise au Nord. La réaction de Sanogo révèle cette voloné malienne de prendre sa revanche sur des ennemis très équipés, après la déroute lors des prises de Gao, Tombouctou et Kidal. D’emblée des rassemblements comme le Collectif des Ressortissants du nord (COREN), ont estimé que cette initiative malienne, tant attendue par les instances internationale était une bonne nouvelle, tout comme le Front Uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République(F. Il reste la voix des Maliens, celle qui compte le plus. La requête du Mali est vue comme un bon signe, le début de la résolution d’une crise, qui a trop affecté les populations du nord et continuent de le faire. La France a réitéré son appui logistique et les Nations Unies attendent les contours précis de l’opération. Et quoiqu’en disent les anciens putschistes, qui refusent les hommes de la CEDEAO, le Mali ne pourra pas mener cette guerre seule, surtout, lorsque le Ministre de la Défense déclare sur les ondes de la télévision nationale, qu’il faudra à  peu près 5 ans pour avoir une armée satisfaisante !

Le « non » du capitaine au président

Depuis la proposition de création de nouvelles institutions de la transition par le président Dioncounda Traoré, les supputations vont bon train. Les principales concernent la composition du Haut Conseil d’Etat (HCE). Dioncounda Traoré souhaite y voir siéger le président par intérim et deux vice-présidents, dont un chargé des questions militaires. Fortement pressenti pour occuper cette fonction, Amadou Aya Sanogo ne serait cependant pas intéressé. «Il n’est pas concerné par la proposition de Dioncounda. C’’est un cadeau empoisonné. On récuse notre coup d’Etat qui fait éviter à  notre pays une guerre civile et maintenant on veut faire avaler un coup d’Etat constitutionnel », indique à  Kati une source proche du capitaine putschiste. Le refus du capitaine à  Dioncounda Traoré a été signifié à  ce dernier lors d’une entrevue entre les deux personnalités, précise cette source. Double désaveu Si la décision du tombeur d’Amadou Toumani Touré se confirmait, elle représenterait un cinglant désaveu à  la fois pour Dioncounda Traoré, considéré par les organisations pro-putsch comme un relais de l’ancienne classe politique au pouvoir, et pour la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), dont le combat se résume à  faire planer le spectre de la junte sur l’appareil d’Etat. Si ce n’est pas la junte, qui pourrait alors être concerné par ce poste stratégique ? Un civil pourrait-il occuper ce fauteuil sans que cela ne provoque des ressentiments dans les rangs des militaires ? Le chef de l’ex junte, Amadou Haya Sanogo, cherche sans doute o๠donner de la tête après ses démêlés avec la CEDEAO, qui semble prendre de plus en plus de décisions unilatérales contraires à  l’Accord cadre. Des propositions officiellement contestées Deux semaines après le retour au pays de Dioncounda Traoré, le chemin semble déjà  long avant que ses propositions ne soient acceptées. La société civile et certaines formations politiques ont déjà  exprimé leur opposition. «Le Président par intérim ne peut mettre en application les propositions qu’il a formulées sans la validation des forces vives de la nation dans le cadre d’une concertation nationale », ont déclaré le 7 août dans un communiqué conjoint la COPAM, la Convergence pour sauver le Mali, le regroupement IBK2012 et plusieurs autres formations attachés à  la Constitution de 1992 et à  l’Accord cadre du 6 avril. « C’’est uniquement dans le cadre d’une concertation nationale qu’une solution idoine sera trouvée à  la crise socio-politique que vit le Mali », affirme le président de la COPAM, Amion Guindo. Une prise de position qui cadre certainement bien avec celle de la grande muette dirigée par le capitaine Amadou Aya Sanogo.

Crise malienne Mali : le Premier ministre Cheick Modibo Diarra affirme qu’il ne démissionnera pas

« Je ne démissionnerai pas. Si je dois démissionner, à  qui je dois remettre ma démission ? Parce que l’accord-cadre (de Ouagadougou) dit que le président (intérimaire) ne peut pas accepter ma démission », a déclaré M. Diarra dans cet entretien avec Africable, une chaà®ne de télévision basée à  Bamako. Cet accord signé le 6 avril entre l’ex-junte qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré et la médiation ouest-africaine avait prévu la remise du pouvoir aux civils, un président et un Premier ministre de transition. « La deuxième chose, c’est que je suis un enfant de ce pays, le Mali qui m’a tout donné. Et quand ce pays me confie une tâche, tant que je resterai debout, je ne vais jamais démissionner », a ajouté M. Diarra, en poste depuis le 17 avril. Cette déclaration de Cheick Modibo Diarra a lieu au lendemain du retour à  Bamako du président de transition Dioncounda Traoré, après deux mois passés à  Paris suite à  une agression le 21 mai dans la capitale malienne par une foule hostile. Contesté Dioncounda Traoré doit décider s’il maintient à  son poste Cheick Modibo Diarra, astrophysicien de renommée internationale mais qui est de plus en plus contesté. Dans un virulent communiqué publié mardi, le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (F, qui regroupe 140 partis politiques dont l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) du président Dioncounda Traoré, syndicats et organisations de la société civile, avait demandé la démission de M. Diarra. Le FDR, qui s’était opposé au coup d’Etat du 22 mars, lui reproche de n’avoir « aucune stratégie » pour libérer le Nord du Mali occupé depuis quatre mois par des groupes islamistes alliés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). « C’est moi le chef du gouvernement qui propose une équipe au président. J’ai déjà  en tête l’architecture de la future équipe. Evidemment des gens qui ont des moyens et qui n’aiment pas le gouvernement, (ont le) droit d’utiliser leurs moyens pour payer (des) journaux pour faire du lobbying », a-t-il précisé. Reconquête et élections « On m’a confié une responsabilité, celle de diriger ce pays pendant la transition, de reconquérir le Nord, d’organiser des élections crédibles, transparentes pour qu’il n’y ait pas de conflits post-électoraux », affirme Cheick Modibo Diarra. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) a donné jusqu’au mardi 31 juillet aux autorités de transition pour former un gouvernement d’union nationale qui ait, en particulier, la légitimité de demander une intervention militaire pour combattre Aqmi et ses alliés dans le Nord, ce que n’a jamais fait M. Diarra.

L’absence prolongée de Dioncounda Traoré entame peu à peu sa crédibilité

Sa venue avait été annoncée mais l’entourage du chef de l’Etat invoque des raisons de santé qui lui interdiraient de voyager. Cette annulation laisse planer le doute sur le rôle de Traoré dans la difficile transition politique. Silencieux depuis son arrivée à  Paris fin mai, la décision de Dioncounda Traoré d’annuler ce déplacement ne va rassurer ni les Maliens, ni la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Difficile de savoir si l’instance ouest-africaine a fait du forcing et poussé Dioncounda Traoré à  venir à  Ouagadougou, au Burkina Faso, contre son gré, une venue annoncée par le médiateur burkinabè mais jamais confirmé par la présidence malienne. « Cette présence devait être le symbole d’un retour à  la légalité constitutionnelle », affirmait Djibril Bassolé, le ministre burkinabè des Affaires étrangères sur RFI. De plus, Dioncounda Traoré devait, sous la pression des chefs de l’Etat de la sous-région, et face à  une partie de la société civile et de la classe politique malienne très critique avec lui, engager des discussions pour mettre en place un gouvernement d’union nationale. Si la Cédéao se démène pour tenter de trouver des solutions à  la crise du nord du Mali, une mission d’experts doit arriver ce vendredi 6 juillet à  Bamako pour préparer le déploiement des troupes, C’’est bien la capitale malienne qui bloque. Chaque jour qui passe réduit l’influence de Dioncounda Traoré, affirme un député malien, affaibli politiquement, et pas encore en pleine possession de ses moyens vue cette annulation de dernière minute. Difficile de connaà®tre l’avenir d’un président par intérim qui est, selon un proche, toujours traumatisé par son agression.

Le CNRDRE devient le CMSRFDS !

Le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE) n’existe plus. Le vendredi 29 juin, les députés ont en effet voté une loi portant création du Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité (CMSRFDS). Le projet de loi, défendu par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Yamoussa Camara, a été voté à  l’unanimité des députés présents, soit 132 voix pour contre zéro abstention et zéro non. Cette structure a pour objectif la refonte du CNRDRE du Capitaine Amadou Haya Sanogo. C’’est la solution trouvée par le gouvernement pour « caser » les ex-putschistes, toujours très présent dans la vie politique du pays. Il faut signaler que cette mesure était prévue dans l’accord cadre du 1er avril entre l’ex-junte et la médiation de la CEDEAO. Pas tous d’accord Le vote à  l’unanimité de cette loi ne veut pas cependant pas dire qu’elle satisfasse tout le monde. Au sein même de l’Hémicycle, l’honorable Kassoum Tapo, par ailleurs membre du FDR la discute. Pour lui il faut associer le « CNRDRE au processus de reformes ». Il soutient que « ceux qui ont vécu ce mouvement insurrectionnel, ou cette mutinerie se souviennent, ce n’était pas un coup d’Etat. C’’est une mutinerie pour protester contre les conditions de travail de l’Armée». Au FDR, front des anti-putschistes, on pense au contraire qu’il faut mettre hors jeu ceux qui ont renversé le Président ATT. A quoi va servir le CMSRFDS ? Le Comité participera à  l’élaboration du programme de reforme des forces de défense et de sécurité, en collaboration avec les ministres en charge de la défense, et de la sécurité. Une fois le document prêt, il sera chargé du suivi des reformes et procédera à  leur évaluation. Le coup d’Etat du 22 mars, avait suivi une mutinerie de la garnison de Kati. Le Capitaine Amadou Haya Sanogo et ses camarades du CNRDRE reprochaient à  l’ex-régime d’avoir laissé l’armée s’effondrer face aux attaques des rebelles touaregs et leurs alliés. Le CMSRFDS sera l’occasion de corriger cet état de choses et de redonner au Mali, une armée digne de ce nom. Outre cette loi, les députés ont également voté à  l’unanimité, la loi d’indemnisation des victimes de guerre et du mouvement insurrectionnel du 22 mars dernier. Cependant, pour le moment, aucun montant n’a été avancé. Le projet de loi a été défendu par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Malick Coulibaly, pour qui cette loi s’inscrit « dans une droite ligne de l’apaisement. Il s’agit d’un sujet lié à  la sauvegarde de l’unité et la cohésion sociale ».

Dissolution du CNRDRE : A quoi joue le gouvernement ?

Sur les antennes de la télévision nationale, Hamadoun Touré, l’actuel ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, a annoncé vendredi 8 juin 2012, la création d’ une nouvelle structure qui devrait absorber le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), à  défaut de le dissoudre complètement, comme l’ont exigé l’Union Africaine, l’ONU et la CEDEAO. Du reste, si la médiation a pour le moment réduit ses contacts avec l’ex junte, elle entend désormais s’atteler à  la résolution de la crise au Nord. Une délégation du MNLA, conduite, par Ibrahim Ag Assaleh, a été reçue ce week-end à  Ouagadougou par le médiateur Blaise Compaoré, en vue de négociations futures… Rapide dissolution ? La dissolution du CNRDRE ne serait donc qu’une formalité ? Pas si sur, à  entendre Hamadoun Touré, qui évoque une entité nouvelle. Si le nom en est pour le moment tenu secret, le projet de loi « sera examiné au prochain conseil des ministres extraordinaire et déposé devant le bureau de l’ Assemblée nationale pour examen et adoption », d’après le ministre. Objectif de cette structure nouvelle, la formation, le conseil, autrement dit, une mission consultative qui pourrait « aider » le gouvernement de transition à  « réussir » sa mission. «Â C’’est tout simplement ridicule, le CNRDRE devait être dissous depuis longtemps. On voit mal des militaires qui n’ont aucune expérience du pouvoir, épauler le gouvernement », estime un éditorialiste malien. «Â s’ils sont incapables d’aller au nord remplir leur mission première, celle de défendre leur pays face aux envahisseurs, ils n’ont pas à  faire de la politique », s’insurge Abou, un jeune étudiant. Pour certains , cette décision montre l’influence toujours présente de l’ex junte sur le gouvernement de transition : « Faire disparaitre définitivement le CNRDRE, signifie, l’inutilité d’un gouvernement qui est le fruit de l’Accord cadre entre la CEDEAO, et le CNRDRE », argue Abdramane Diarra enseignant. Harouna pense que « le Premier ministre Cheick Modibo Diarra travaille sous l’instruction du capitaine Amadou Haya Sanogo. s’il accepte que le CNRDRE disparaisse complément, C’’est comme se tirer une balle dans le pied ». Enfin de compte, la création d’une structure pour absorber le CNRDRE serait-elle une manière pour l’ex junte,de défier en deça, la communauté internationale ? « Après avoir accordé l’amnistie aux ex putschistes, on promet aux militaires, une entité pour ne pas les froisser. Le vrai homme fort reste le capitaine Sanogo et ses complices », lâche Mariétou, journaliste. Affaire à  suivre !

Il était une fois…le 8 juin

Il avait maintes fois répété qu’il ne briguerait pas un troisième mandant, pressé d’en finir avec un pouvoir vacillant et un nord o๠rougeoyaient les cendres d’une rébellion jamais éteinte. ATT n’aura donc pas le privilège de passer le témoin. Pourtant nul ne pouvait imaginer que ce 8 juin, le Mali aurait été le théâtre d’un scénario cauchemardesque. Avec un président par intérim molesté par son peuple, un gouvernement de transition qui tente de trouver la meilleure stratégie de reconquête du nord, avec une classe politique à  couteaux tirés et des informations judiciaires tous azimuts pour débusquer les auteurs, les complices, les responsables du désordre malien. Ce 8 juin 2012, il y a fort à  parier qu’ATT pensera au Mali comme jamais. Une date qui nous rappellera les limites d’une démocratie de façade à  laquelle nos amis de la communauté internationale, auront longtemps cru, jusqu’au 22 mars 2012. Mais il n’y aura pas qu’ATT pour les réminiscences. Tous ceux qui rêvaient de Koulouba vivront ce 8 juin comme un acte manqué. Une date à  laquelle l’un de ces quatre candidats à  la présidentielle qu’étaient Soumaila Cissé, Ibrahim Boubacar Keita, Dioncounda Traoré et Modibo Sidibé, aurait été investi à  la tête du Mali. Aujourd’hui, toutes ces figures politiques majeures méditent à  un avenir politique incertain. Et dans toute cette débandade, il faut croire qu’un seul homme a gagné le jackpot, après avoir mis sens dessus-dessous le pays, précipité le nord aux mains des rebelles et islamistes avant de se laver les mains de l’objectif de départ : sauver le Mali de ses ennemis ! Il n’y a pas de djihad plus grand que celui que l’on mène contre soi-même. Alors mon capitaine, n’êtes-vous finalement le héros triste de ce 8 juin 2012 ? Mais comme l’a dit un homme puissant, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ! Aussi ce 8 juin devra marquer un nouveau tournant, celui d’un changement dans la manière de faire de la politique. Le début d’un nouveau processus démocratique et une restauration de l’idée d’unité, de patriotisme et d’entente entre peuples d’un même territoire. Un long combat commence pour la terre de Soundjata, de Samory, de Biton, mais si le Mali a perdu une partie de son territoire, il devra désormais gagner en noblesse. La vraie !

Nord du Mali: les rebelles touareg et les islamistes d’Ansar Dine fusionnent

Ce protocole d’accord transmis à  l’AFP, aboutissement de plusieurs semaines de discussions parfois difficiles entre deux mouvements longtemps séparés par leurs objectifs et leurs idéologies, marque un tournant dans l’immense Nord malien, qui a échappé au pouvoir central de Bamako depuis fin mars. Le mouvement Ansar Dine et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) proclament leur auto-dissolution dans l’Azawad (région nord du Mali, ndlr). Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad, indique l’accord. Nous sommes tous pour l’indépendance de l’Azawad, nous acceptons tous l’islam comme religion, le Coran et la Sunna (paroles et actions du prophète Mahomet rapportées par la tradition) sont la source du droit: tels sont les principaux points de ce document. A Gao, l’une des grandes villes du Nord malien, o๠des responsables des deux mouvements menaient leurs discussions, comme à  Tombouctou, la conclusion de cet accord a été accueillie par de nombreux coups de feu en l’air, ont rapporté à  l’AFP des habitants. Après les rébellions touareg des années 1990 et 2000, le MNLA, mouvement indépendantiste qui affichait une idéologie laà¯que, avait lancé mi-janvier l’offensive contre l’armée malienne, qui s’est amplifiée avec l’entrée en scène d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe), prônant de son côté l’imposition de la charia (loi islamique) dans tout le Mali. Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a été appuyé sur le terrain par les jihadistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). A eux deux, Ansar Dine et Aqmi sont devenus dominants – aux dépens du MNLA – dans le Nord, tombé entièrement aux mains des groupes armés à  la faveur du putsch du 22 mars à  Bamako. Ibrahim Assaley, maire de la localité de Talataye (nord) et membre du MNLA, a jugé après cet accord qu’Ansar Dine se démarque du terrorisme mais refuse pour le moment de déclarer la guerre au terrorisme. Allah a gagné Aqmi opère depuis plusieurs années dans toute la bande sahélo-saharienne, y commettant des rapts, en particulier d’Occidentaux, et l’Afrique de l’Ouest comme le reste de la communauté internationale redoutent désormais une afghanisation du nord du Mali. Allah a gagné, a lancé le porte-parole d’Ansar Dine à  Tombouctou, Sanda ould Boumama, en commentant ce protocole d’accord. Sa conclusion intervient alors que les principaux responsables d’Ansar Dine et d’Aqmi sont réunis depuis jeudi à  Tombouctou pour évoquer leurs relations futures. Dans un message rendu public cette semaine, le chef d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, dit Abou Moussaab Abdelouadoud, a conseillé à  ses combattants du nord du Mali d’imposer graduellement la charia pour y réussir la création d’un Etat islamique. L’accord MNLA/Ansar Dine et l’incertitude autour de la place d’Aqmi dans l’Azawad créent une nouvelle donne pour les autorités de transition de Bamako et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, a fait savoir récemment que des contacts avaient été établis avec notamment le MNLA et Ansar Dine. Les autorités maliennes de transition ne cessent de proclamer leur volonté de restaurer l’intégité territoriale du Mali. Mais elles semblent pour l’heure impuissantes, d’autant qu’elles ont peiné jusque-là  à  s’imposer à  Bamako même face à  l’ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Agressé et blessé le 21 mai par des manifestants, le président de transition, Dioncounda Traoré, chargé de conduire le pays pendant un an et qui est depuis jeudi à  Paris pour des examens médicaux, va bien et devrait rentrer la semaine prochaine dans son pays, a-t-on appris samedi auprès de son entourage.

Le Premier ministre malien rencontre à Abidjan le président ivoirien Ouattara

Arrivé dans la matinée, M. Diarra a été reçu au palais présidentiel par M. Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), au lendemain d’un entretien à  Ouagadougou avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Cédéao. « La transition maintenant a commencé et avant de nous mettre au travail, je suis venu dire merci à  la Cédéao pour son accompagnement pendant la période de crise », a déclaré devant la presse le chef du gouvernement malien à  l’issue de l’entretien. « Je suis venu également donner l’assurance au président Ouattara qu’après l’agression dont a été victime » le président de transition Dioncounda Traoré le lundi 21 mai, la justice « travaille d’arrache-pied à  travers une enquête et que les auteurs seront retrouvés et punis conformément à  la loi ». Interrogé sur le déploiement d’une force militaire de la Cédéao au Mali, envisagé par l’organisation pour sécuriser la transition, M. Diarra s’est simplement référé aux dernières décisions de la Cédéao: « nous avons convenu que la force militaire de la Cédéao sera tenue prête pour une intervention immédiate dès que les autorités maliennes en feront la requête ». Le Premier ministre malien devait quitter la Côte d’Ivoire pour le Mali dans l’après-midi. Le président Dioncounda Traoré se trouve depuis jeudi en France pour des examens médicaux, après avoir été frappé et blessé par des manifestants hostiles à  son maintien au pouvoir en vertu d’un accord conclu entre l’ex-junte et la Cédéao le week-end dernier. Il conduit depuis mardi la transition pour une période d’un an. Le coup d’Etat militaire du 22 mars a par ailleurs précipité la chute de l’immense région nord du pays aux mains de rebelles touareg et surtout d’islamistes armés, coupant de fait le pays en deux.

Faut-il désigner un autre président de transition?

La raison médicale a été officiellement avancée pour justifier le voyage en France de Dioncounda Traoré, président malien de la transition. Cet argument est d’autant plus convainquant que l’ancien intérimaire a récemment été physiquement victime du courroux des manifestants pro-putschistes qui ne veulent point le sentir. Si ce justificatif d’ennui sanitaire vaut son pesant de logique, l’ex-président de l’Assemblée n’ayant plus la résistance physique d’un jeune homme de 25 ans, il ne manque cependant pas de susciter quelques commentaires. Ne serait-ce pas plutôt un alibi avancé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la médiation de la crise pour maquiller une vérité dont le vrai visage est peut-être difficile à  présenter? Dioncounda sur la sellette? Les partisans du dernier coup d’Etat au Mali n’ont jamais fait mystère de la haine viscérale qu’ils éprouvent à  l’endroit du régime du président Amadou Toumani Touré (ATT) et tous ses acolytes. Leur aversion pour tout ce qui leur rappelle le pouvoir d’ATT est si grande qu’après avoir salué le coup de force, ils ont toujours préféré aux ex-gouvernants qu’ils taxent de traà®tres, un pouvoir militaire anticonstitutionnel. La détermination des manifestants acquis à  la cause des bérets verts à  ne pas laisser Dioncounda Traoré diriger la transition après son intérim constitutionnel a sans doute contraint la Cédéao à  revoir sa méthode. Plutôt que de s’entêter à  imposer un président qui ne fait pas l’unanimité, qui est violemment contesté et qui risque de plus en plus sa vie, l’institution sous-régionale a peut-être trouvé la parade: écarter Dioncounda du processus avec subtilité. Car, après l’avoir échappé belle et convaincu que le capitaine Sanogo peut passer par d’autres moyens pour l’atteindre, le président de la transition va-t-il profiter de ce malheureux incident pour démissionner? Et même s’il revenait au Mali, ce ne serait peut-être pas pour y jouer un rôle de premier plan dans la résolution de la crise. Il semble en tout cas de plus en plus clair pour lui qu’il doit choisir entre la présidence de la transition avec le risque de voir sa vie constamment menacée et l’exil forcé pour lequel il semble avoir opté pour sauver sa peau. Qui pour être le troisième homme? Mais quel que soit le motif du départ de Dioncounda Traoré, que ce dernier revienne au Mali ou non, il est plus que jamais urgent de trouver à  ce pays un président consensuel pour diriger la transition. Au-delà  de Traoré et de Sanogo, il faudra dénicher au plus vite le troisième larron qui rencontrera l’assentiment de toutes les forces vives maliennes, y compris la société civile et les partis politiques. Jusque-là , l’accord-cadre et l’accord de principe ont été négociés entre les putschistes, la Cédéao, le président et le Premier ministre. Les organisations de la société civile, les partis et formations politiques ont pourtant, eux aussi, des partisans, et leur opinion doit compter. Autrement, à  force de les marginaliser, l’on court le risque, alors qu’on croira tout avoir réglé, de se voir obligé, quand ils commenceront à  donner de la voix ou à  bander les muscles, de repartir à  zéro. Pour éviter de tomber dans le cercle vicieux du perpétuel recommencement, il serait mieux indiqué de ne laisser personne sur la touche et d’associer tout le monde au choix d’un président accepté de tous. Pour aller peut-être plus vite, l’on peut avoir recours à  l’actuel Premier ministre à  qui le président de la transition a d’ailleurs confié certains de ses pouvoirs par un décret qu’il a signé avant de prendre l’avion pour Paris. Le premier ministre pourrait convenir Cheick Modibo Diarra a l’avantage d’être déjà  imprégné de la situation de crise et des tentatives de sa résolution. Il bénéficie en outre de préjugés favorables du fait qu’il n’a pas soupé à  la même table du régime renversé et encore contesté. Autant d’atouts qui lui permettront d’avoir les mains libres et les compétences nécessaires pour conduire le processus à  bon terme. La Cédéao pourrait ainsi jouer la carte de l’astrophysicien pour, en même temps, mettre la junte à  l’épreuve. l’on saura à  coup sûr si le capitaine Sanogo et sa bande ont rejeté Dioncounda Traoré pour pouvoir s’emparer à  nouveau du pouvoir ou s’ils l’ont fait dans le souci réel de préserver l’intérêt général des Maliens. Dans ce dernier cas, ils n’auraient plus d’argument contre la désignation de l’ancien fonctionnaire de la NASA comme président de transition. Sauf s’ils ont fait le coup d’Etat et toute cette résistance aux propositions de la Cédéao juste pour le fauteuil présidentiel.

Echec et mat pour Oumar Mariko et ses « amis »

La Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM) et ses alliés du Mouvement populaire du 22 mars (MP22) avaient initié la Convention nationale souveraine pour désigner le président de la transition. Une vraie surprise aux yeux de nombreux observateurs, quand on sait que ces assises interviennaient alors que la veille le Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE) avait conclu avec le médiateur de la CEDEAO un accord de sortie de crise. Et ce, juste quelques heures avant l’expiration du délai constitutionnel des 40 jours du président intérimaire, Dioncounda Traoré. Mais rien ne pouvait arrêter les partisans du coup d’Etat, qui, au terme de leurs travaux ont choisi le capitaine Amadou Haya Sanogo. Faux bond à  la COPAM Prévu ce mercredi 23 mai au stade Modibo Keà¯ta, le meeting d’investiture s’est soldé sur un constat d’échec au regard de la faible mobilisation des sympathisants. s’agit-il d’un essoufflement de la lutte ? Les organisateurs refusent d’y croire. « Nous nous sommes faits piéger par nos propres camarades, mais nous ne baisseront pas les bras », nous explique un militant du MP 22. Faisant allusion au faux bond du président de la COPAM, Hamadou Amion Guindo, qui a appelé vers 14 heures au report du meeting sur les ondes de certaines radios, pour, dit-il, des raisons de sécurité. Le hic est que cette décision de report a été prise à  l’insu des responsables du MP 22. Qui ont tenu, tout de même leur meeting, malheureusement dans l’indifférence du capitaine Amadou Haya Sanogo. C’’est donc devant un groupuscule de militants, sous le regard vigilant de quelques éléments de la gendarmerie nationale (venus pour les besoins de sécurité), que le secrétaire général du parti SADI a pris la parole pour fustiger « le comportement peu responsable » du président de la COPAM. « Il s’agit d’un acte de sabotage qui ne se justifie pas », s’indigne Oumar Mariko qui appelle à  un nouveau rassemblement le vendredi prochain au stade Modibo Keà¯ta. Le niet du capitaine Pour comprendre l’échec de ce meeting, il faut remonter aux divergences intervenues ces dernières heures entre les responsables de la COPAM. Le mardi, tard dans la nuit, alors que les partisans attendaient avec impatience le nom de celui qui a été choisi comme président de la transition, le président de la COPAM, Hamadoun Amion Guindo a levé la séance sans en dire un mot. Il n’en fallait pas moins pour provoquer la colère de certains militants, qui lui ont bloqué les portes de la salle de conférence jusqu’à  la prononciation du nom du président choisi. Face à  leur exigence, le président de la COPAM accepte finalement de dévoiler le nom du capitaine Sanogo. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette attitude de M. Guindo ? De sources dignes de foi, nous apprenons qu’il a eu un échange téléphonique quelques minutes plutôt avec le chef de la junte, lui demandant de surseoir au projet de l’investir comme président. « Je ne serai pas à  votre meeting », aurait prévenu le chef de la junte. C’’est donc sans grande surprise que le capitaine Sanogo a boudé le meeting de ce mercredi. Dans son entourage, on explique que l’heure n’est pas à  envenimer la polémique sur qui dirigera la transition. «Le capitaine a pris des engagements devant le peuple malien et les médiateurs de la CEDEAO. Je crois qu’il est sur cette lancée. Tout débat qui n’est plus de stabiliser le pays et de se lancer dans la reconquête du Nord, ne nous concerne », nous a sèchement répondu au téléphone un lieutenant de la gendarmerie nationale, réputé très proche du CNRDRE.

La « Convention nationale » investit le Capitaine Sanogo

C’’est tard cette nuit que s’est achevée la convention nationale qui se tenait au CICB depuis le lundi dernier. Les participants étaient des membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali, (Copam) et des sympathisants. Ils avaient d’abord manifesté le 21 mai pour dire leur refus du choix de Dioncounda Traoré, suite à  l’accord entre l’ex-junte et la CEDEAO. Manifestation suivie de l’ouverture par les leaders comme Oumar Mariko et Younouss Dicko des « assises nationales ». D’autres marcheurs se sont rendus par la suite à  Koulouba o๠ils ont molesté le Président par intérim. La plupart des partis membres de la Copam ont condamné cet acte et lui ont souhaité prompt rétablissement. Appel lancé à  Dioncounda Traoré Au terme des deux jours de travaux, les participants ont «décidé d’instituer président de la transition le capitaine Amadou Sanogo » peut-on lire dans la résolution de cette « convention ». Toujours selon ce texte, la «mission prioritaire» assignée au Capitaine sera «le recouvrement de l’intégrité du territoire avec l’ensemble de l’armée, du peuple malien et des pays amis épris de paix» . Le capitaine Sanogo sera ensuite chargé d’organiser avec « une administration neutre et impartiale, les élections transparentes et crédibles ». La Copam demande en outre à  Dioncounda Traoré de se retirer et « en appelle «à  son « sens civique élevé et patriotique ». Pas de réaction du Capitaine Selon l’accord du 20 mai, le capitaine Sanogo obtient le rang d’ancien chef d’Etat avec tous les privilèges liés à  cette fonction, indemnités, logement, gardes, voiture. Il n’est donc plus dans le schéma officiel de résolution de la grave crise politique qui secoue le pays depuis son coup d’Etat du 22 mars. En outre, il a condamné l’agression du Président par intérim mais n’a pas pour l’instant réagi à  la décision de ses partisans de le nommer président de la transition. Selon une source de l’Adema, parti de Dioncounda Traoré, ce dernier doit s’adresser à  la Nation, dès qu’ «il le pourra ».

Accord sur la Transition, le Mali sort de l’impasse

La fin tant redoutée de l’intérim de Dioncounda Traoré a finalement suscité plus de peur que de mal. Deux jours avant le terme officiel de l’intérim constitutionnel de l’ancien président de l’Assemblée nationale, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et les militaires du CNRDRE sont tombés d’accord. Dioncounda Traoré restera président pendant la durée de la transition, fixée à  un an. Le chef de la junte obtient le statut d’ancien chef de l’Etat Les auteurs du coup d’Etat « adhèrent aux décisions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest […] Un accord de principe a été trouvé », avait annoncé le 19 mai à  l’ORTM le capitaine Amadou Aya Sanogo, après avoir reçu les médiateurs burkinabé Djibrill Bassolé et ivoirien Adama Bictogo. Les parties sont parvenues à  un compromis. En échange du maintien de Dioncounda Traoré, le meneur des putschistes bénéficiera du statut d’ancien chef d’Etat, avec tous les avantages liés. Il pourrait également diriger une mission consacrée au renforcement des capacités de l’armée. D’autres membres de la junte pourraient faire partie de missions internationales en faveur de la paix. La Cédéao maintient la pression Cet accord est l’aboutissement de deux mois de négociations houleuses. Le 26 avril à  Abidjan, les chefs d’Etat de la Cédéao avaient appelé les putschistes à  « retourner dans les casernes » et décidé de rendre à  Dioncounda Traoré les pouvoirs constitutionnels du président de la République pendant un an. Des décisions alors rejetées par la junte militaire, qui ne s’est jamais véritablement mise à  l’écart du pouvoir. Un ballet diplomatique et des discussions tendues à  Bamako et Abidjan s’en étaient suivies. Après la signature de cet accord de principe, la communauté internationale entend maintenir la pression. « La junte doit rester en dehors du processus politique », et des sanctions seraient « appliquées automatiquement » à  la moindre entorse, a rappelé samedi la Cédéao par la voix du ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan. Interrogations La signature de cet accord permet aux Maliens de souffler et d’espérer des lendemains meilleurs, mêmes si des interrogations demeurent. Il s’agira notamment de définir les pouvoirs du président et du Premier Ministre puisque selon l’Accord cadre du 6 avril le Premier ministre dispose des pleins pouvoirs. Une feuille de route claire sera nécessaire afin d’éviter des blocages dans la gestion des questions primordiales du Nord et de l’organisation des élections. Une autre inquiétude concerne la réaction des organisations pro-CNRDRE. Déjà , ce lundi matin, à  l’annonce du nouvel accord, des manifestants ont envahi la cité administrative o๠sont rassemblés les ministères en scandant des slogans hostiles au désormais président de la transition. Ce mouvement d’humeur fait suite à  un appel du COPAM, du MP22 (proches de l’ex-junte) et d’associations de la société civile.

L’amnistie des putschistes votée

Après son adoption en Conseil des Ministres, le 6 mai 2012, il restait aux députés de voter la fameuse Loi d’amnistie des membres du CNRDRE, auteurs du coup d’Etat et des troubles sociopolitiques que traverse le Mali depuis le 22 mars 2012. Voté ce vendredi 18 avril, à  l’unanimité des députés présents, l’amnistie «Â bénéficie aux officiers, sous officiers, hommes de rang et toutes autres personnes leur ayant apporté un concours ». «Â Violation de la constitution » Condamné par la communauté internationale, les partis politiques et la société civile, le coup d’Etat du 22 Mars 2012 est contraire à  la Constitution du Mali. «Â Tout coup d’Etat ou push est un crime imprescriptible contre le peuple malien », stipule l’article 121 de la Constitution du 25 février 1992. Celui du 22 Mars, a été émaillé d’infractions et d’atteinte à  la sureté de l’Etat. Destruction de biens publics, violence, enlèvements, séquestration, et pillages etC’… Les nouveaux maitres du pays (CNRDRE) ont pris le pouvoir en destituant l’autorité d’Amadou Toumani Touré. Face à  l’embargo de la CEDEAO, les membres du CNRDRE se sont engagés à  rétablir l’ordre constitutionnel normal. En incluant dans l’Accord Cadre signé le 1er Avril entre les deux parties, une loi d’amnistie pour les militaires. Apaiser le climat social… Pour Me Kassoum Tapo, rapporteur de la Commission Loi, le vote de la loi d’amnistie des putschistes, «Â ne doit pas préjudicier aux droits des victimes ». Pour l‘avocat, la loi permettra à  toutes victimes de bénéficier d’une indemnisation. Autre justification du vote, le rétablissement de la paix civile et de la cohésion sociale. « Il subsistera certainement quelques amertumes. De part et d’autres, il y aura des frustrations à  inhiber. Tout dépendra de la capacité des maliens à  dépasser les ranC’œurs d’un passé récent », précise de son côté, Abouzeidi Ousmane Maiga, de la Commission des Affaires étrangères des Maliens de l’extérieur et l’intégration Africaine (CAEMEIA)… Cela en attendant de choisir un nouveau président de transition…

Kati couleur kaki

Les habitants de Kati auraient pu mener la vie paisible destinée à  ceux qui vivent à  15km de la capitale, dans une ville entourée de collines et de verdure. C’’était sans compter le coup de sang des bérets verts du camp Soundiata Keà¯ta, qui ont transformé depuis le 22 mars la ville en un vaste camp militaire. Quartier général des putschistes, Kati fait l’objet de toutes les attentions. Les bérets rouges l’ont attaquée le 30 avril lors d’une tentative avortée de contre-coup d’Etat. Depuis le 22 mars, les populations doivent s’habituer aux treillis et aux claquements des armes à  feu. « Un simple pneu qui éclate provoque la panique » Les vendeurs ambulants évitent de se rendre à  proximité du camp militaire. « Vue la situation je préfère m’éloigner » témoigne Modibo Diallo, vendeur de montres et de lunettes. « Un simple pneu qui éclate provoque la panique au marché », commente un taximan local. Les katois doivent désormais se faire aux nombreux contrôles d’identité et aux fouilles censés protéger la ville-bunker. « Une fois J’avais oublié ma carte d’identité dans mon bureau. Arrivé vers Samè, o๠des barrages étaient érigés partout, J’ai été menacé par un militaire qui m’a obligé à  faire demi-tour pour retourner chercher ma pièce d’identité », témoigne un employé de banque. La tension était à  son comble le 10 mai, quand en fin d’après-midi une fausse alerte au sujet d’une contre-attaque de mercenaires a circulé dans la ville. « Les militaires nous ont fait rentrer chez nous en nous disant que les mercenaires étaient en position pour lancer un assaut sur Kati. Jusqu’au matin nous avons prié Dieu. » Une inquiétude partagée par certains militaires. « Dieu seul peut nous sauver, on ne sait pas quand les mercenaires peuvent faire irruption, malgré les mesures de sécurité », témoignait Ibrahim Dagno, caporal chef, en poste à  l’un des barrages. « Tout se décide chez nous » Malgré la situation angoissante certains habitants trouvent quand même de quoi se réjouir. « Notre ville est désormais la capitale du Mali, tout se décide chez nous », lance une femme dans le quartier Noumorila. D’autres voient dans l’arrivée au pouvoir des militaires de Kati des signes, et les griots s’en donnent à  C’œur joie. « Kati a été fondée par Bourama Koné, un chef guerrier. C’’était un homme courageux car à  l’époque, les Niarés de Bamako lui avaient déconseillé de s’installer à  Kati car la ville était hantée par les esprits. Il s’y était installé malgré tout », raconte Mamadou Diabaté, l’un des griots de Kati. « Le capitaine Sanogo est sur les traces de ces grands hommes qui ne connaissaient pas la peur. Il a permis à  tous les Maliens de connaitre le vrai Mali », clame t-il…

Consensus obligatoire pour la transition

Cinq long jours à  Bamako pour rien ? Les deux émissaires de la CEDEAO sont repartis à  Ouagadougou, après avoir vainement tenté de convaincre le capitaine Sanogo d’accepter les termes de la transition tels que définis lors du Sommet de de la CEDEAO à  Abidjan le 26 Avril. Transition prolongée à  12 mois et dirigée par Dioncounda Traoré. D’une complicité franche, les relations se sont bien refroidies entre l’homme fort du CNRDRE et les deux émissaires de Blaise qui doivent trouver une voie médiane pour sortir de l’impasse. Mauvais timing ? Ou mauvaise manœuvre ? Les 40 jours de l’intérim de Dioncounda arrivent à  terme le 22 Mars 2012. La CEDEAO a joué un jeu dangereux avec le capitaine Sanogo, qui à  travers de multiples apparitions télé, (l’une sur Africable, les deux autres sur l’ORTM), tente de garder l’adhésion du peuple malien. «Â C’’est comme si vous donniez un jouet à  un enfant et que vous le lui retiriez d’un seul coup. Il s’énerve », analyse un éditorialiste. En signant cet Accord Cadre, la CEDEAO avait accordé un certain nombre de garanties à  la junte, y compris l’amnistie, avant de la sommer de retourner dans sa caserne. Accord Cadre du reste encore flou pour la plupart des Maliens, mais à  l’avantage de la junte, pour les plus critiques. Les craintes d’une tension à  l’issue des 40 jours de Dioncounda agite tous les «Â grins » de la capitale. D’un autre côté, la CEDEAO va-t-elle brandir de nouvelles sanctions à  l’encontre du peuple malien ? Du côté des partis politiques maliens, exclus de cette négociation, l’heure n’est plus au silence malgré les nombreuses interpellations de personnalités par la junte. l’heure donc est plutôt au consensus. Primordial pour le processus de transition, sans quoi le nord restera aux mains des occupants et l’on pourra attendre très très longtemps avant de voir de nouvelles élections au Mali.

Echec de la médiation de la Cédéao après de multiples tentatives de résolution de la crise

Aucun accord avec l’ex-junte sur le nom du prochain chef de la transition n’a été trouvé. Pendant cinq jours, les envoyés de la médiation ouest-africaine, ont rencontré plusieurs fois la junte, le Premier ministre, le président par intérim Dioncounda Traoré. Rencontre également avec les religieux et des diplomates. Mais à  l’arrivée, échec, blocage, chacun choisit ses mots, mais la réalité est la même : les envoyés de la médiation ouest-africaine et junte au pouvoir au Mali n’ont pas pu se mettre d’accord sur le nom du futur président de la transition, une transition qui commence dans exactement huit jours. Pour les médiateurs, qui affirment ne soutenir aucun candidat, C’’est la Constitution malienne qui permet de résoudre la question. Celui qu’on surnomme « l’homme au cigare », le ministre ivoirien Adama Bictogo, est l’un des deux envoyés de la médiation. Il explique : « la Constitution malienne prévoit qu’en cas d’impossibilité d’organiser des élections dans les 40 jours d’intérim, ce qui est actuellement le cas, la Cour constitutionnelle annonce un nouveau délai pour l’organisation des élections. Et puisque la non organisation des élections ne dépend pas de l’acteur, mais de la mission, c’est-à -dire de la situation sur le terrain, il appartient au président par intérim de poursuivre sa tâche ». l’argument n’a pas convaincu la junte malienne, qui a donc dit « non ». Tous les regards sont maintenant tournés vers le 22 mai, date de la fin du mandat de 40 jours confié au président intérimaire, mais peut-être qu’avant cette date, une solution sera trouvée.