Sarkozy battu, enfin une bonne nouvelle pour les maliens !

Une vraie clameur s’est levée dimanche soir à  Bamako aux alentours de 18h. Dans certains quartiers, klaxons, cris de joie et courses folles en moto faisaient penser aux jours de match victorieux. Malheureusement, ce n’était pas non plus la reconquête du Nord Mali que fêtaient les jeunes bamakois, mais tout simplement la victoire de François Hollande à  la présidentielle française. Ou plutôt la défaite d’un certain Nicolas Sarkozy. Dix ans de désamour Le petit Nicolas venait en effet d’être annoncé battu avec 48,4% des voix contre 51,6% pour son adversaire socialiste, il est vrai peu connu du public malien. François Hollande a pourtant obtenu plus de 77% des voix parmi les français du Mali, dont beaucoup sont des binationaux. Ce désamour pour le quasi ancien président français remonte à  2002, quand ce dernier est devenu ministre de l’intérieur. Il a bâti sa réputation sur une politique migratoire restrictive et répressive, avec son lot de rapatriements forcés. Cette politique a été poursuivie une fois Sarkozy élu président, par ses successeurs Brice Hortefeux et Claude Guéant. « Sarkozy n’aime pas les étrangers, alors que lui même n’est pas totalement français », argumente Mala, un jeune commerçant de Djicoroni. Pour Lansina, ingénieur vivant en France, qui a obtenu son titre de séjour sous François Mitterrand, « avec un nouveau président socialiste, ce sera plus facile pour nous les immigrés ». Un chef d’Etat manquant d’humanité envers les étrangers et stigmatisant les musulmans, C’’est donc l’image que laissera Nicolas Sarkozy dans l’opinion publique malienne. Victime collatérale de l’aventure libyenne Mais la guerre en Libye y est aussi pour quelque chose. Sarkozy et la France étaient à  l’avant garde des opérations menées par l’OTAN en 2011 contre le régime de Mouammar Khadafi, considéré par de nombreux maliens comme un bienfaiteur. Certains ont été jusqu’à  organiser des marches de soutien à  l’ancien dictateur. La ranC’œur contre Sarkozy s’est renforcée depuis que les troupes Khadafiennes en déroute, en partie composées de touaregs maliens, ont attaqué le Nord Mali, aujourd’hui occupé. Même si cette situation doit beaucoup à  l’incompétence du président ATT, lui aussi sorti par la fenêtre, Sarkozy reste dans l’imaginaire malien le principal responsable des attaques du MNLA. « La branche politique de la rébellion n’a t’elle pas été reçue en grande pompe par des responsables politiques français, la France n’a-t’elle pas négocié son soutien contre la libération de ses otages ? », s’insurge un cadre de banque bamakois. Tout est dit, l’homme de la rue rend Sarkozy comptable de la situation catastrophique que vit le Mali, pour avoir mal géré l’après Libye. Même si le pays reste coupé en deux et que la transition peine à  s’organiser à  Bamako, nos compatriotes ont un peu de baume au C’œur car la défaite du petit Nicolas constitue déjà  une première victoire.