Crise anglophone : le Sdf reporte la date de son congrès

Le chairman Ni John Fru Ndi estime que le contexte actuel ne permet plus la tenue de ce rassemblement, initialement prévu ce mois d’octobre 2017.

Le Social democratic front (Sdf) ne tiendra plus son congrès ordinaire ce mois d’octobre. L’information a été publiée ce jeudi 5 octobre 2017, dans un communiqué signé du leader de ce parti, le chairman Ni John Fru Ndi. Cette décision fait suite à l’enlisement de la situation dans les deux régions anglophones, observé les 22 septembre et 1er octobre derniers.

« La situation déplorable des droits de l’Homme dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest suite à la répression massive et brutale des populations par les militaires et les forces de maintien de l’ordre lors des manifestations du 22 septembre et du 1er octobre met à nu la nature haineuse du régime de monsieur Biya », affirme Ni John Fru Ndi en introduction de ce communiqué.

Le Sdf pense que le régime du président Biya a « facilité et soutenu les discours de haine, la promotion des fausses allégations de terrorisme et des provocations savamment planifiées ». Ce qui est la preuve d’un régime « affaibli et moribond », qui tend vers sa chute et qui a décidé de « supprimer autant de vies de camerounais que possible ».

Ni John Fru Ndi regrette le décès du maire adjoint de Ndu, Martin Yembe, décédé lors de ces tristes événements, et lance un appel aux différentes victimes, à participer à la collecte des preuves matérielles contre ces crimes flagrants et ces violations sans précédent des droits de l’Homme.

En août dernier, le vice-président du Sdf, Joshua Osih, avait confié à la rédaction de journalducameroun.com que le congrès prévu en octobre n’avait pas pour vocation de désigner le candidat du Sdf à la présidentielle de 2018, mais qu’il allait plutôt porter, entre autres, sur le renouvellement de certains organes du parti.

Reportage : le calvaire hivernal des SDF…

« Après la pluie, le beau temps » dit l’adage. Cette assertion bien admise est récusée par les mendiants et les sans domicile fixe de la capitale. On les retrouve aux feux tricolores, devant les grands restaurants et dans certains jardins publics transformés en chambre de fortune. Dimanche matin, le soleil peine à  éjecter ses rayons du fait de nuages menaçants. Les nantis se parent de couvertures lourdes dans l’espoir de voir le ciel ouvrir ses vannes pour une pluie annonciatrice de fraà®cheur. Parallèlement, aux abords du monument Al Qoods au carrefour du marché de Rail – Da, des hommes et des femmes avec une ribambelle d’enfants prient pour que la pluie ne tombe. Adossé au magasin de friperie, nous offrons des victuailles et quelques pièces de monnaie à  une femme à  l’épiderme malmené par les moustiques. Touchée par l’aumône qui lui permet de nourrir ses jumelles, elle nous pose quelques questions sur notre identité puisque selon elle « notre accent ne sonne pas Malien » ! La remarque permit d’établir le dialogue. Batoma, à  l’état civil, dit être originaire de Koro qu’elle a quitté « pour rejoindre son mari à  Bamako mais une fois sur place, J’ai appris que le père de mes jumelles est en Angola. Confrontée à  des difficultés financières avec deux enfants à  nourrir, je me suis mise à  la mendicité. Le jour, je m’installe non loin des feux tricolores et les automobilistes me jettent des pièces d’argent, des sachets contenant de la cola, du sucre, du lait ou des biscuits. Les parents des malades internés à  l’hôpital Gabriel Touré passent parfois pour donner du riz, des poulets, du mil et même des habits. La nuit, je me déplace vers le restaurant Le Nid pour attirer l’attention des couples de passage là -bas ». A la question « o๠dormez-vous » ? Batoma regarde le ciel. « Nous dormons à  la belle étoile et chaque mendiant a sa place le long du mur du monument. Certains installent des moustiquaires et d’autres comme moi se couvrent entièrement pour se protéger des insectes. Avec les pluies, la situation est intenable car parfois on se réveille en pleine nuit pour trouver un refuge. Lasse de chercher avec les jumelles, J’attends sous les eaux torrentielles la fin de la pluie ». Notre interlocutrice écarte toute idée de retourner au village ou d’aller voir les responsables du fonds de solidarité nationale pour une aide financière susceptible de lui permettre de lancer un petit commerce. Même scénario chez les mendiants qui occupent le carrefour du Grand Hôtel de Bamako. SDF du troisième âge Ici, la particularité est que les maà®tres les lieux sont tous d’un âge avancé. On y voit surtout des femmes au visage défait par les produits dépigmentant, des chevilles écaillées, des foulards cachant mal une chevelure ébouriffée, un regard pittoresque, une bouche d’o๠sortent des mots récités telle une litanie et pour finir des baluchons cachés derrière les fleurs pour ne pas perdre le fruit d’une journée de pitance. Un vieux frêle et grelottant après une pluie qui aura mis du temps à  se terminer accepte de se confier à  notre micro « je suis un ancien conducteur de grue aujourd’hui obligé de mendier pour vivre. Mes enfants vivent à  Bamako, mais ils refusent de m’aider depuis le décès de leur mère. Je passe mes journées ici, je ne quitte le feu qu’aux environs de quatre heures du matin après le passage de ceux qui étaient en boà®te de nuit puisque ces fêtards savent donner de l’aumône. Je dors donc ici mais avec l’hivernage, les affaires ne marchent pas d’autant que la pluie peut venir à  tout moment et quand C’’est la nuit, les vigiles refusent de nous laisser entrer dans l’hôtel ou dans l’espace ferroviaire. J’ai une bicoque à  Dialakorodji o๠je me rends deux fois par semaine pour changer d’habit et bien me laver ». Se laver et se doucher sont les deux préoccupations des sans domicile fixe de la capitale Malienne. Les SDF qui squattent les abords du monument Hippopotame sur le boulevard de l’indépendance n’ont pas, heureusement, de problème pour se doucher. La famille de l’imam Haidara leur offre ces commodités et la nuit tombée, ils dorment dans les jardins publics. En période hivernale, ils se réfugient dans la cour de l’imam. Pourquoi les autres SDF ne rejoignent pas cette cour ? Un SDF rétorque « chaque sans domicile fixe est tenu de ne pas violer l’espace des autres ». C’’est dire que même dans la misère, il y a une catégorisation.

Crise universitaire : les étudiants burkinabé à la rue

Vidés sans ménagement, les occupants des résidences universitaires de Ouagadougou ont passé une première nuit à  la belle étoile avant d’être à  nouveau dispersés par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) du rond-point de l’Unité Africaine ou ils s’étaient rassemblés. Depuis lors, le soutien se met en place et s’organise afin de leur venir en aide. Z. et D sont étudiants à  l’université de Ouagadougou. Sensibles à  la cause de leurs camarades jetés à  la rue ou en détention, ils viennent de rassembler les fruits d’une collecte de fonds initiée à  leur profit. Par la suite, Ils se feront un devoir de les faire acheminer aux destinataires. D’autres quant à  eux s’organisent par rapport à  l’hébergement (provisoire) en essayant de voir à  leur niveau, ceux d’entre eux qui disposent d’espace pour accueillir « une ou deux personnes ». Histoire d’offrir un peu de chaleur humaine à  ceux-là  qui en ont besoin. On l’aura compris, le sort des étudiants mis hors des cités universitaires de Ouagadougou ne laisse pas indifférent des burkinabè. Ceux-ci ont donc décidé à  travers divers mécanismes, de constituer une chaà®ne de solidarité afin de soutenir tous ces jeunes qui, de toute évidence, sont livrés à  eux-mêmes. Dans ce sens, la mise en place d’une ligne téléphonique, la création d’une page Facebook constituent quelques unes des actions initiées pour mobiliser le maximum de soutiens en ce mois de ramadan. C’’est ainsi que des étudiants ont pu trouver à  se reloger provisoirement dans des familles d’accueil. R. une ex-étudiante, s’est d’ailleurs portée volontaire, dit-elle, pour offrir l’hospitalité à  deux étudiant/es. De même, les dons en nature et en espèces sont également offerts par des bonnes volontés. C’’était le cas le 3 août 2013 au Centre de presse Norbert Zongo. Pour ce qui des étudiants arrêtés enfin, la réponse s’organise également. Selon les informations recueillies à  ce sujet, C’’est une double bataille qui va se mener : à  la fois sur le front social, mais également au niveau judiciaire….