Oumou Sall Seck, le trait d’union

C’’est avec son habituel sourire que Madame Sall Oumou Seck nous reçoit chez elle. Habillée dans le traditionnel dampé, elle est à  l’aise face à  la presse, dont elle s’est faite une alliée, surtout pendant la crise de 2012, o๠sa voix était l’une des plus entendues au Mali et ailleurs. La native de Kidal n’y va pas par quatre chemins : « je suis métisse, ma mère est touarègue Ifoghas et mon père peul, je suis donc un trait d’union ». Cet engagement à  être un pont entre les communautés, elle l’a partagé et s’est battue pour la cohésion sociale au plus fort de la crise, à  travers son association justement dénommée « Trait d’union ». Mais C’’est en 2001 que son leadership l’a propulsée sur le terrain politique, à  travers un club de soutien aux actions du Président ATT, créé avec des amis, qui fusionnera ensuite avec d’autres associations pour créer le Mouvement Citoyen. Elle en devient vice-présidente, un poste qu’elle conserve à  la création du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). Mais en 2011, contre toute attente, elle adhère à  l’Union pour la République et la démocratie (URD), et soutient son candidat Soumaà¯la Cissé lors de l’élection présidentielle de 2013. à‰lue depuis 2004 à  la tête de la commune urbaine de Goundam (région de Tombouctou), o๠elle a vécu, elle assure n’avoir « d’autre projet que de présenter un vrai programme de développement et de tenir mes engagements ». Ses administrés le reconnaissent, même ceux des partis adverses, et mettent à  son actif centres de santé, adductions d’eau, centre multifonctionnel pour les femmes, terrain de basket, transformation de produits locaux, construction d’écoles et de centres de formation professionnelle. l’épouse d’Abdoulaye Yaya Seck est également une pionnière de la lutte contre l’excision. Au sein de « Duma », une organisation qui contribue au développement de Goundam, elle mène une lutte acharnée contre les mutilations génitales féminines. Et ce, à  travers le financement d’activités génératrices de revenus pour les femmes afin de faciliter la reconversion des exciseuses. Pour ce combat, elle reçut en 2008 le Prix international de la Liberté décerné par le Royaume du Danemark. Artisane de l’adoption de la loi sur les quotas féminins dans les postes électifs et nominatifs, elle continue son plaidoyer. « Les femmes jouent un grand rôle dans le développement du pays. Elles sont très dynamiques dans tous les secteurs économiques, notamment l’informel. Elles ont joué un très grand rôle pour l’unité et l’intégrité de notre pays », déclare-t-elle. La formation est l’une des clés. Une raison qui l’a poussée à  retourner sur les bancs o๠elle étudie actuellement la Coopération et le développement international. à€ 47 ans, Madame le maire est également présente dans les affaires, à  travers la société CODI. Elle trouve cependant du temps pour s’adonner, trois fois par semaine, au sport et surtout pour s’occuper de sa famille.

Oumou Sall Seck : « Kidal, le chemin sera long et semé d’embûches »

Aujourd’hui, je vous livre ma modeste opinion, suite aux événements dramatiques et sanglants qui se sont déroulés le 17 mai 2014, dans le cadre de la venue à  Kidal du Premier Ministre, Moussa Mara. Tout d’abord, je salue l’engagement et la détermination du Chef de Gouvernement, qui, courageusement, n’a pas hésité à  faire atterrir son avion sur la piste de Kidal, dans les pires conditions de sécurité et d’incertitude. Je le félicite pour cette audace qui lui a permis de constater ce qui se passe exactement à  Kidal, d’aller à  la rencontre des partenaires militaires, d’analyser la situation, de tirer la leçon de ce qui s’impose face à  la réalité de Kidal. Ce contact direct avec le terrain, aussi violent soit-il, lui permettra de prendre des décisions qui contribueront à  apaiser le climat belliqueux qui règne dans la ville. Sa venue lui a aussi permis de découvrir, et avec lui les Maliens et le monde entier, que tous ceux qui se disaient représentants de la population et décideurs ne le sont pas. Il est temps que le Premier Ministre tienne compte des réalités qui convergent vers des pistes conduisant, rapidement, efficacement et en toute transparence, vers un début de négociations pour retrouver la paix et la souveraineté de l’à‰tat sur l’ensemble du territoire. Les Forces armées maliennes doivent être repositionnées sur Kidal et disposer d’installation et d’équipements dignes de ce nom. Son encadrement doit être confié à  des officiers de terrain, au comportement irréprochable, tel que Keba Sangaré. Quant au Général Gamou, aussi compétent et respectable soit-il, je suis convaincue que tant qu’il sera présent à  Gao ou à  Kidal, il n’y aura pas de paix possible et qu’il devrait être plutôt muté sur Tombouctou. Il parait indispensable de mettre en place, pour la région de Kidal un conseil de la paix composé de personnes ressources incontournables pour leur connaissance des spécificités et de l’Histoire du Cercle de Kidal, afin de contribuer à  la stabilité et à  la « réintégration » totale de cette 8e région. Le problème ne se réglera ni dans la violence, ni dans la répression, mais dans la concertation et la réflexion avec patience et sérénité. Le chemin sera long et semé d’embûches. Le retour de la stabilité de notre Mali, du développement pour l’ensemble de nos régions et d’une vie meilleure pour nos populations, au travers de la réconciliation nationale, est un enjeu qui vaut quelques concessions de part et d’autre. (Oumou Sall Seck)

Législatives 2013 : Oumou Sall Seck, l’amazone de Goundam

Sans risque de se tromper, « Madame le Maire » est l’une des femmes politiques les plus médiatisées et les plus populaires au Mali. Son engagement, en particulier dans la recherche de solutions à  la crise malienne, en fait une candidate de choix pour sa circonscription. Oumou Sall Seck est connue pour ses différents combats en tant que maire, pour sa commune mais aussi les femmes et les jeunes. Après l’éclatement de la crise socio-politico-sécuritaire de 2012 et ses conséquences sur le tissu social malien, elle s’est illustrée en lançant l’initiative « trait d’union » comme symbole d’unification du sud au Nord. En se basant sur son expérience personnelle. « Mon père est peuhl et ma mère est touarègue je suis trait d’union », déclarait-elle en lançant cette action qui est aujourd’hui reconnue, même à  l’international. Pour le scrutin du 24 novembre prochain, elle peut compter sur l’atout Mohamed Ag Mohamoud, son collistier. L’ ancien député qui cherche à  reconquérir son poste, demeure un leader local incontesté. Oumou Sall Seck peut compter sur de solides atouts auprès de la base qui ont pour noms: fidélité, engagement, rigueur morale, sens de l’honneur, sociabilité. En lice également et son principal adversaire Oumarou Ag Ibrahim Haidara, président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, candidat de l’ADEMA. Pour bâtir Goundam, il faut l’aimer d’abord, aime t-elle répéter. Dans la ville et auprès de ses habitants, le nom d’Oumou Sall Seck est associé au développement de la ville. En effet, de nombreux projets ont été mis en œuvre au cours de son mandat. On peut noter, entres autres, la construction du pont, du Centre de santé communautaire, du Centre multifonctionnel des femmes, du jardin d’enfants, l’aménagement du terrain sportif, de la Place de l’indépendance et du lac Télé, l’éclairage public.

« Trait d’Union », entre le Nord et le Sud

C’’est la maison de la presse qui a abrité la cérémonie de lancement en présence d’Oumou Sall maire de Goudam et ses frères métis du nord du Mali. Le « Trait d’Union » est l’initiative de la maire de Goudam, Oumou Sall qui regroupe des hommes et des femmes nés de l’union de parents tamasheq ou arabe et des autres ethnies du sud. Ce mouvement a pour objectif d’œuvrer à  la restauration de l’intégrité territoriale du Mali, aider à  la consolidation de la paix, renforcer par tous les moyens la cohésion sociale entre les communautés, lutter contre toutes formes d’injustice, contribuer à  faire respecter les valeurs républicaines, développer la communication et les échanges entre les communautés pour restaurer la confiance entre les communautés et la cohésion sociale. La motivation réelle des initiateurs est de ressouder le tissu social pour permettre le vivre ensemble comme séculairement hérité. La vision du mouvement (Trait d’Union) se fonde sur un Mali réunifié prospère ou toutes les communautés et toutes les confessions cohabitent en intelligence et o๠il fait bon vivre pour chacun et pour tous. Selon Oumou Sall la principale conférencière, ce mouvement a pour but de réunifier le sud et le Nord. « Le Trait d’union veut dire que nous devons juste rapprocher les parents. C’’est un mouvement de sensibilisation » dit –t- elle. Le Mali, un peuple multiple mais uni Ils étaient nombreux dans la salle à  avoir un parent Tamasheq et l’autre Bambara, Bobo Manding, et autres. Makan Koné président de la Maison de la presse est un cas d’exemple, « nous sommes l’union du nord et sud. Rare ceux qui savent que ma mère est Tamasheq de Goudam, et mon père Bambara de Néguela dans le cercle de Kati. Cette crise, C’’est nous qui en souffrons plus. Une fois de plus je reste à  votre disponibilité. Je pense que cette association représente plus d’espoir » a dit Makan Koné. Oumou Sall Seck est fille d’une mère Tamasheq et d’un père peulh. Il en est de même que Djibril Koné père Sikassois et mère tamasheq Iforas de Kidal, Issa Kamaté est fils d’un père Bobo de San et mère Tamasheq. Ils témoignent tous que leur métissage fait d’eux un Trait d’union pour ressouder les deux communautés du nord et du Sud qui se regardent aujourd’hui en chiens de faà¯ence. Selon, Oumou Sall, la conférencière principale, leur première action sera d’abord la communication en toute première transparente. Pas question cependant de promouvoir l’impunité. « Nous disons, le dialogue C’’est pour dire aussi que chacun doit répondre de ses actes » assure–t- elle.

Oumou Sall SECK :  » Il est temps que le Mali prenne ses responsabilités ! « 

Elle est une figure politique incontournable, membre du collectif des élus du Nord. Déplacée à  Bamako, depuis les évènements du 22 Mars et la prise des régions nord par les islamistes, Oumou Sall Seck, se bat sans relâche pour porter secours à  ses concitoyens restés au nord. Elle y effectue des allers-retours, même si sa maison y a été pillée et celle fonctionnelle, des femmes, désormais investie par le Mujao. Pour cette femme d’origine peuhle, sonrhaà¯, et touareg, le nord n’est plus qu’une question militaire. Déterminée, elle multiplie les plaidoyers en faveur de la libération urgente et vitale du Nord. A l’heure o๠la communauté internationale repousse l’intervention militaire à  Septembre 2013, la voix d’Oumou Sall Seck sonne juste. En marge du Sommet Africités qui s’est tenu à  Dakar du 4 au 8 décembre 2012, elle a répondu à  nos questions. Journaldumali.com ] : Vous êtes membre du collectif des élus du Nord et déplacée à  Bamako, que faà®tes-vous pour ceux qui sont restés dans la zone occupée ? Oumou Sall Seck : Merci. Nous avons, nous élus du nord, jugé qu’il fallait nous réunir dans un collectif pour pouvoir aider les populations du nord sous occupation. Vous savez que sur place, les services de base sont perturbés. Nous avons donc mis en place des comités de crise avec les religieux, imams et chefs traditionnels, pour faire passer l’information, écouter les doléances de nos concitoyens. Grâce au collectif, nous faisons aussi du plaidoyer pour la sortie de crise et nous en appelons aux partenaires au développement, pour obtenir des aides et assurer certains services comme la santé, l’accès à  l’eau et…Il nous faut également continuer à  sensibiliser, grâce à  l’aide de ces populations qui sont d’ailleurs venus à  Bamako pour témoigner, et nous faire comprendre la réalité qu’ils vivent au nord. Journaldumali.com : Parlez-nous de la situation à  Goundam, votre commune ? Oumou Sall Seck : l’accès aujourd’hui y est difficile. La zone étant enclavée, il y a moins de cars qui feront 850km pour se rendre à  Goundam. De plus, il y a beaucoup de contrôles, de fouilles corporelles. Presque 60% de la population de Goundam est partie. Mais pour ceux qui se sont réfugiés ici à  Bamako, la vie est difficile et beaucoup veulent retourner. La route Niono, Goundam, Tombouctou qui était en chantier a même été arrêtée. Vous voyez. Il n’y a plus de télévision, d’écoles fonctionnelles, de centres de santé, ce qui laisse une impression d’abandon. Sans oublier les maisons qui ont été saccagées. Quant aux femmes, la plupart se voilent pour sortir ou aller au champ de peur d’être bastonnées par les gens du Mujao. J’ai même appris qu’ils démontaient les paraboles sur les toits des maisons pour empêcher les familles de se distraire et les couper du reste du Mali. N’oublions pas le problème d’approvisionnement en eau, l’électricité coupée. Bref, C’’est le chaos. Journaldumali.com : Comment voyez-vous la sortie de crise au Mali ? Oumou Sall Seck : Tant que l’on est pas victime, on refuse de faire la guerre ? Pourquoi ? Mais peut-on négocier avec quelqu’un qui vous a amputé un bras, un pied ? Peut-on l’amnistier ? Je crois que l’on a assez négocié depuis la rébellion de 1963 et le Pacte National. Toute l’administration a été pillée, les archives détruites. Bien entendu la négociation aura toujours le dernier mot. Mais nous n’avons plus le choix et nous devons faire la guerre pour reconquérir notre territoire. Par ailleurs, il faudrait aussi que l’on ne fasse pas d’amalgames, tous les touaregs ne sont pas des rebelles, mais nous serons impitoyables avec ceux qui nous provoquent et nous blessent. Tous les Maliens sont témoins de ce qui a été fait en 91, il est grand temps que le Mali prenne ses responsabilités. Je suis désolée d’entendre dire que C’’est une affaire entre Maliens. La communauté internationale, doit nous aider! Journaldumali.com : Justement, elle semble hésitante sur la guerre ? Oumou Sall Seck : Leurs déclarations sont à  prendre avec prudence. Hélas les pays ne sont pas trop impliqués non plus, alors que C’’est un problème sous régional. Tout cela me désole. La CEDEAO soit aussi se décider. Alors que ceux qui sont prêts nous soutiennent. On doit rester dans cette solidarité internationale. Même les Maliens sont prêts à  intégrer l’armée malienne et si on nous forme, on ire faire la guerre…

Le jazz dans tous ses états à Bamako

Jazz Koum Ben 4è édition, C’’est parti ! Un peu de groove, de swing et de belles notes bleues pour adoucir les mœurs et nous faire oublier le contexte de crise au Mali. On avait bien besoin d’un tel évènement. Jazz Koum Ben souffle cette année sa quatrième bougie. Le festival est organisé par l’association culturelle «Â Nyon Kon Koum Ben »Â (NKKB) à  l’initiative du célèbre claviériste Cheick Tidiane Seck… C’’est dans un esprit d’évasion musicale qu’a démarré Jazz Koum Ben le 30 avril à  l’Institut français de Bamako, par un vernissage. Celui du photographe français, Sébastien Rieussec. Installé à  Bamako depuis plus de 5 ans, l’objectif de Sébastien Rieussec brasse plusieurs thèmes, les scènes de concerts, l’art et le jazz bien sûr. l’artiste collabore avec de nombreux médias internationaux et des maisons de production maliennes, ce qui influence de belle manière son travail quotidien. Un talent singulier à  découvrir. «Â  Festival multidimensionnel » La programmation de Jazz Koum Ben 2012, vous fera voyager de l’Espagne à  New York en passant par le Mali, la Guinée ou encore les Pays-Bas, avec des têtes d’affiches comme les Américains Maxwell et Will Calhoun, le maestro Toumani Daibaté, virtuose de la kora ou encore l’énergique et époustouflante Sia Tolno de la Guinée. Prix Découvertes RFI Musique du Monde, Sia Tolno a enchanté le public de l’Institut français le 2 Mai. Autre grande soirée du festival. Le samedi 5 Mai. Un double concert animé par le Cornettiste Médric Collignon, et Cheick Tidiane Seck au clavier. Avec les voix de Paco Séry et Aliou Wade. Une affiche exceptionnelle à  ne pas manquer, tout en swinguant sur de belles notes jazz.

Présidentielle : Seck Oumou Tall active son réseau pour Soumaila Cissé

Elle est l’une des rares femmes maliennes qui a su s’imposer dans un environnement politique dominé par les hommes. Seck Oumou Sall a choisi son camp en apportant son soutien à  l’URD. Elle amène dans son sillage un réseau de 157 associations, l’ANNIA (« la volonté » en sonrhai), dont elle est la marraine. Séduits par le parcours de Soumaà¯la Cissé « ANNIA se doit de mieux informer et d’éduquer la population sur la vie de la nation. A cet effet, il est donc appelé à  participer activement au processus électoral de 2012 et d’œuvrer pour la pérennité des acquis démocratiques au Mali. », a souligné la présidente de l’ANNIA Hardiatou Bah lors du lancement du réseau le 14 février 2012 au CICB de Bamako. Si autant d’associations ont choisir de soutenir la candidature de Soumaila Cissé à  travers Seck Oumou Sall, c’est en raison des « qualités incontestables sur l’échiquier politique national » de la marraine , a-t-elle ajouté. Des compliments qu’elle a également adressé au candidat de l’URD. « De la CMDT à  l’Uemoa, en passant par le secrétariat général de la présidence de la République et les ministères de l’économie et des finances, de l’équipement, de l’aménagement du territoire et de l’environnement, nous avons pu mesurer les actes posés par vos soins pour mettre le Mali, notre cher pays au rendez-vous du développement », l’a-t-elle flatté. Une minute de silence à  la mémoire des soldats tombés Apres avoir observé une minute de silence à  la mémoire des soldats tombés dans le Nord du Mali, Seck Oumou Sall a remercié les membres du réseau pour lui avoir accordé leur confiance. « Ce meeting témoigne de l’adhésion de l’ANNIA à  la candidature de Soumaà¯la. ANNIA ne ménagera aucun effort pour atteindre son objectif : le palais de Koulouba, a-t-elle annoncé en ajoutant que la motivation qui anime la mobilisation de ces hommes et femmes vient du fait que Soumaà¯la Cissé est un homme pragmatique qui dispose d’atouts appropriés et de la force morale nécessaire pour diriger le Mali. » Requinqué par ce nouveau soutien, le président de l’URD Younoussi Touré a salué « le statut, l’envergure et le sérieux de la marraine Seck Oumou Sall », qui sont selon lui des raisons de croire à  la crédibilité du réseau ANNIA. Il a rappellé qu’elle en est à  son deuxième mandat à  la tête de la commune urbaine de Goundam. « Une performance », a-t-il lancé.

Personnalités : Ils ont marqué l’année 2011 (2/2)

Fantani Touré : Artiste de la Paix 2011 Elle n’a pas eu le «Â Grammy Award » comme Mamadou Diabaté en 2009, ou encore Oumou Sangaré en 2010 dans la catégorie collaboration, mais elle aura été la seule artiste chanteuse malienne primée en 2011 à  l’échelle internationale. En effet, Fantani Touré a été désignée «Â Artiste de la paix 2011 », par le Centre de la paix de l’UNESCO. l’artiste, qui a reçu son prix le 25 septembre dernier, l’a présenté au chef de l’Etat le mardi 20 décembre dernier à  Koulouba à  la faveur d’une cérémonie pleine de signification. En plus de ce prix, son association «Â Kolomba », (organisatrice du Festival féminin les Voix de Bamako), occupe désormais une place de choix sur la toile mondiale. Guy Djoken, responsable de l’UNESCO (de passage récemment à  Bamako) a révélé que la «Â World Genesis Fondation » est impressionnée par les missions et les réalisations de cette association. Pour cela, elle a décidé de débourser la somme de 5 000 dollars américains pour la confection d’un site internet digne de nom. l’épouse du comédien Habib Dembélé dit «Â Guimba », qui est l’une des révélations de la Biennale artistique et culturelle, devient ainsi une des figures mondiales du monde musique. Oumar Mariko, leader de l’opposition malienne Certains se demanderont en quoi cet homme constitue-t-il l’une des personnalités de l’année ? Face à  une classe politique muette, et acquise entièrement à  la cause du président ATT, le député du parti SADI aura donné du sens à  notre démocratie, et sauvé l’Assemblée nationale d’un conformisme méprisant aux yeux du citoyen. Pour certains, «Â C’’est l’homme à  s’opposer à  tout », pour d’autres «Â il est dépassé », mais pour notre part, C’’est un homme politique au verbe courageux. Pour cette année 2011 qui s’achève, il aura été de tous les fronts, notamment auprès des 200 travailleurs de l’HUICOMA qui manifestaient à  la Bourse du travail contre les arriérés de salaires et les licenciements abusifs contre certains camarades. A Bougouni, comme à  Salamalé (en zone Office du Niger), les emprisonnements massifs contre des paysans expropriés de leurs terres au profit d’hommes riches, ont été ses combats. Avril dernier, alors que les partis politiques se bousculaient à  Koulouba pour rentrer dans le gouvernement de Mme Cissé Mariam Kaà¯dama Sidibé, son parti a dit «Â non » à  la main tendue par ATT. En juin dernier, à  l’Assemblée nationale, au moment o๠la Déclaration de Politique Générale de Mme le Premier ministre passait comme une lettre à  la poste (avec 41 députés pour), lui et ses deux autres camardes de l’opposition, ont opposé un désaveu estimant que la présente politique est contraire à  l’orientation du parti SADI. Dans la mise en place de la nouvelle Commission électorale indépendante (CENI), il a été au devant de la scène lorsqu’il s’agissait de mettre en application l’esprit de la loi électorale de septembre 2006. s’il n’a eu gain de cause en premier jugement, la date de l’audience en appel n’est pas encore connue. Et pour lui et ses camardes, le combat est loin d’être terminé.Dans l’adoption de la nouvelle Constitution par les députés, qui provoque l’ire de l’écrasante majorité de la société civile, Oumar Mariko et deux autres députés de son parti ont été les seuls à  dire «Â non », et en donnant des explications (plus ou moins convaincantes selon du côté o๠l’on soit). Sa présence aux meetings et marches du «Â Collectif Touche à  ma Constitution », témoigne de cette opposition au projet de réforme du chef de l’Etat. Aux durs moments de la crise en Libye, alors même qu’ATT a du mal à  exprimer ouvertement son soutien à  son «Â ami » Kadhafi, Oumar Mariko fut à  la tête du premier mouvement de contestation contre l’intervention de l’OTAN sur un territoire africain qu’est la Libye. Bref, en 2011 Oumar Mariko aura été véritablement le chef de fil de l’opposition malienne, quoi qu’on dise de sa politique. Sidi Fassara Diabaté, primé au Fespaco Au dernier Festival panafricain du film et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le Mali n’a pas brillé comme en 1979, 1983 (avec Souleymane Cissé), ou encore en 1995 (avec Cheick Oumar Sissoko) en remportant le grand prix «Â Etalon de Yennenga ». Mais le long métrage en compétition officielle a fait flotter les couleurs du Mali en ce 4 mars 2011 à  la faveur de la remise officielle des prix spéciaux. «Â Da Monzon ou la conquête de Samanyana » du réalisateur malien Sidi Fassara Diabaté a séduit les professionnels du 7ème art, et les critiques du cinéma étaient formels sur la qualité de l’œuvre. Le film a remporté deux prix spéciaux du FESPACO 2011 : il s’agit notamment du prix du «Â Meilleur décor » d’une valeur de 1 million plus un trophée et du «Â Prix spécial de l’intégration » de l’UEMOA, d’une valeur de 5 millions de francs CFA. Ce prix, faut-il le préciser, a pour objectif d’encourager les créateurs à  produire des images cinématographiques, télévisuelles et vidéographiques africaines, qui contribuent à  la croissance économique et à  la dynamique culturelle et politique de la sous-région. Madani Tall, capitaine de l’ADM Economiqte de formation, Madani Tall, probable candidat aux élections présidentielles de 2012, est aussi le Président du parti avenir et développement du Mali(ADM). En 2002, Madani qui a participé à  la campagne d’ATT et l’admire rentre au Mali après un séjour aux Etats-Unis. Il est ensuite nommé conseiller économique du président élu et s’occupe des dossiers liés aux secteurs des télécoms, de l’énergie et de l’agriculture. En 2007, il crée l’association Avenir et Développement du Mali (ADM), active dans tous le pays, o๠elle apporte un soutien aux populations dans les secteurs sociaux. En 2007, Madani Tall transforme l’ADM en parti politique. Sur le plan de l’actualité de l’année 2011, il est l’un des premiers hommes politiques à  avoir soutenu le projet de réforme constitutionnelle du président ATT publiquement . Début 2011, il envoie une centaine de jeunes volontaires à  l’intérieur du Mali pour les confronter aux réalités socio-culturelles du pays. Tout dernièrement, le 18 décembre à  Tombouctou, Madani Tall célébre le 1er anniversaire de son parti en apportant son soutien aux populations du Nord dans la cité des 333 saints… Oumou Sall Seck, un maire pas comme les autres à  Goundam Première femme élue maire en 2004 dans le Nord du pays, précisément à  Goundam, Oumou Sall Seck impressionne les militantes féministes du Mali. Première femme à  avoir obtenu un mandat électif dans le Nord, une région largement conservatrice, c’est également l’une des deux seules femmes maires du pays, avec Konté Fatoumata Doumbia, qui dirige la commune 1 de Bamako. C’est en créant un club de soutien à  ATT lors de sa campagne en 2002 qu’elle pénètre la sphère politique.  » Les femmes ont toujours eu un rôle crucial dans la politique locale, explique-t-elle. Elles sont toujours là  pour battre tambour et assurer la victoire d’un candidat. Mais une fois la campagne terminée, elles sont dégagées”. Pour l’heure, je n’ai aucun problème dans mes rapports avec les hommes » déclarait-elle à  l’époque de sa nomination. Impliquée dans le développement local et rural de sa commune, la maire de Goundam a fait parler d’elle cette année en démissionnant du parti PDES(parti du développement économique et de la solidarité), créé par les héritiers d’ATT. D’aucuns jugent qu’elle a été poussée à  la sortie, mais l’on prétend également qu’elle serait courtisée par une autre grande formation politique du paysage politique malien. Modibo Sidibé, en route vers 2012 Débarqué du gouvernement en mars dernier, l’ancien Premier ministre du Mali est devenu en quelques mois l’homme au centre de tous débats. s’il n’est officiellement déclaré candidat à  la succession du président sortant Amadou Toumani Touré, rien ne devrait empêcher sa candidature. Depuis six mois, ses clubs de soutien s’activent sur le terrain. Sa démission de la police nationale, ses récentes missions à  l’intérieur du pays (Ségou, Sikasso, Koulikoro, etc.) et les sorties de son épouse dans certaines communes de Bamako et de l’intérieur, laissent présager qu’il sera de la course. Déjà , certains analystes le donnent même favori. Mais avant son départ du gouvernement, Modibo Sidibé a beaucoup marqué l’actualité sociopolitique malienne, notamment avec les différentes crises que le pays a traversées dans certains secteurs. On se rappelle de son bras de fer avec les syndicats d’enseignants, qui a conduit à  la fermeture de l’Université de Bamako. Pour cette année 2011 qui s’achève, Modibo Sidibé aura été présent sur la scène, en bon ou en mal. Il aura travaillé jusqu’au bout. Avec sa rigueur, son calme et surtout son humilité. C’’est surtout ce dernier mot qui dépeint le mieux cet homme qui a donné sa vie à  son travail. Mama Konaté est décédé à  Bonn en Allemagne lors d’une réunion pour la finalisation des préparatifs de la COP17 cette année.Le Groupe africain et l’ensemble de la communauté des négociations sur les changements climatiques ont perdu « un vrai leader et un bâtisseur de consensus ». Un homme remarquable pour ses qualités humaines et professionnelles qui ont fait de lui un acteur important des différents cycles de négociations sur le climat. Depuis les années 80, Mama Konaté a donné le meilleur de lui-même, sans faire de bruit, et surtout avec des résultats probants. Sous sa direction, le « Projet assistance météorologique au monde rural », le Programme National d’Adaptation aux effets néfastes des changements climatiques (PANA), entre de nombreux autres, ont permis au Mali de se poser aujourd’hui comme un pionnier dans la prise en compte des changements climatiques. Mama Konaté est né à  San en 1950. Il a fait des études en mathématiques au Sénégal avant de les compléter avec la météorologie en France. Il a aussi effectué plusieurs spécialisations dans le domaine de l’agro météorologie, l’aéronautique etC’… Toutes ces compétences lui ont servi aux différents postes qu’il a occupé tant au Mali qu’à  l’extérieur du pays. Ses collègues et amis, experts du climat, membres des conseils scientifiques sur le climat, présents à  Durban pour la 17ème Conférence des Parties ont tenu à  lui rendre hommage au deuxième jour de la conférence.

Elle nous a quitté !

C’est encore un jeune talent qui vient de nous quitter. Après Ché Ché Dramé l’an dernier, la route a fauché à  l’affection des siens, Djénéba Koné, jeune artiste, chanteuse, actrice montante de la scène culturelle malienne originaire de Ségou. Une perte immense pour le monde de la culture qui pleure celle qui fut l’héroine tragique de l’Opéra du Sahel. Nous l’avions rencontré à  l’époque o๠l’Opéra passait à  Bamako au Palais de la Culture. Et nous avions dressé son portrait. Spontanée, curieuse, attachente, Djènèba était fille unique et benjamine d’une famille de quatre enfants. Issue d’une famille d’artistes et sa mère chanteuse, l’amenait toujours avec elle dans ses spectacles  » Son père jouait au balafon. C’’est donc dans un univers musical qu’elle a grandi. Elle fait ses débuts dans la musique à  4 ans même si son père n’appréciait pas vraiment. l’essentiel pour lui, C’’était que sa fille aille à  l’école afin d’obtenir un bagage intellectuel consistant et garanti. Malheureusement, le rêve du père de Djènèba ne se réalisera pas. Puisqu’il n’aura pas le temps lui assurer la voie des études. Les deux parents décèderont avant qu’elle n’ait soufflé ses 11 bougies. La jeune native de Ségou aimait tellement la vie artistique, qu’elle ne pourra plus continuer l’école. En plus de l’absence de ses géniteurs, elle se consacre entièrement à  sa passion, la vie artistique dont : La musique, la chanson, et le théâtre. Premiers pas au théâtre Djènèba intègre pour la première fois, une troupe théâtrale appelée ‘Waléa’ de Ségou, en 2002. Le directeur artistique de cette troupe est un ami de son père. Il lui apprendra la danse, le théâtre et le chant. C’’est d’ailleurs au sein de cette troupe, qu’elle sera découverte par les agents de l’Opéra du Sahel. Djènèba confesse : « Lorsque J’ai appris que C’’est moi qui jouerait le rôle principal dans l’opéra du sahel, J’ai fondu en larmes. Je n’avais jamais joué dans un spectacle aussi prestigieux celui là . Je n’en revenais pas. » Dans l’Opéra du Sahel, Djénéba incarnait Bintou Wéré, une enfant soldat révoltée par la vie, les calamités et le désespoir des jeunes sans repères. Elle décide alors avec les siens d’aller à  l’assaut des barbelés du Nord… Au départ, Djènèba Koné s’est demandé si elle pourrait assurer le rôle. Bien qu’elle ait auparavant joué dans les biennales nationales et semaines régionales des Arts et de la Culture. l’opéra en lui-même, n’est pas chose aisée. Et Djènèba en était consciente. C’’est ce qui explique ses craintes de débutante. Entourée d’experts et de spécialistes des arts et de la musique, elle reçevra les meilleures formations possibles : l’occupation scénique, l’utilisation harmonieuse de la voix et autres petites choses techniques. Avec Wasis Diop, directeur artistique de l’opéra du Sahel, Zé Manel Fortels, le chef d’orchestre Bissau-Guinée et les comédiens de la troupe, l’expérience a été forte et enrichissante. » L’Opéra du Sahel aura révélé au public cette jeune artiste bourrée de talent. Aux ames bien nées, la valeur n’attend décidément jamais le nombre des années Repose en paix Djénéba !

Pluies diluviennes sur Goundam : les inquiétudes Mme le maire

Si aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée, les dégâts matériels sont considérables avec des maisons d’habitation et salles de classes détruites. Au niveau de la mairie, une commission de veille a été mise en place. Elle est composée d’élus, de partenaires et de membres de la société civile. Face à  l’ampleur des dégâts, la maire de la commune urbaine, Mme Seck Oumou Sall, a lancé un appel au gouvernement, aux partenaires ainsi qu’aux personnes de bonne volonté pour venir en aide aux populations sinistrées. Le mercredi dernier, elle était l’invitée du journal de la radio nationale. Bonjour Mme Seck ! Vous êtes le maire de Goundam. La ville est sous l’eau depuis. Qu’est-ce qui C’’est réellement passé ? Dans la nuit du samedi au dimanche matin (ndrl 16 au 17 juillet), nous avons reçu 68 mm de pluie. Pour des maisons en banco, C’’est une première grande pluie. Il y a eu beaucoup de dégâts au niveau des écoles. Des maisons d’habitation se sont écroulées. Il y a des flaques d’eau un peu partout. Le matin, la route Tombouctou-Goundam était inondée. Heureusement, il n’y a pas eu de pertes en vie humaines, mais les dégâts matériels sont considérables. l’ampleur des dégâts… Nous avons aujourd’hui des personnes sans abri qui ont été obligés de quitter leurs domiciles. Comme C’’est un début d’hivernage, J’ai beaucoup d’inquiétude. Nous avons vécu une mauvaise expérience en 2002 avec 200 mm de pluie. Nous avions perdu alors plus de 1000 concessions. Si aujourd’hui en ce début d’hivernage, nous constatons les dégâts, nous nous inquiétons pour l’avenir. Les dégâts sont là . Ce sont en général des personnes démunies qui n’ont pas les moyens de reconstruire tout de suite. Nous nous inquiétons aussi pour nos écoles. On a une école qui a perdu toute sa direction et quatre classes. D’autres écoles ont perdu quelques classes. C’’est énorme. Nous nous demandons comment nous ferons face aux dégâts, surtout connaissant les revenus de notre commune. De quoi vous avez besoin pour la reconstruction ? Nous avons besoin de reconstruire les écoles. Sinon, nous n’aurons pas de classes pour les élèves à  la rentrée. Heureusement que ce sont les vacances. Nous avons besoin de soutenir les personnes qui ont perdu tout, sinon une partie de leur domicile. Nous avons besoin d’assainir, de construire des canaux d’évacuation d’eau, parce que le problème aujourd’hui, C’’est bien cela. Goundam est une grande ville. Nous avons des difficultés pour évacuer l’eau. Nous avons besoin de soutien pour reconstruire ces écoles, ces maisons, appuyer les personnes démunies… Nous demandons l’implication de l’Etat, des partenaires et de toutes les bonnes volontés. Concrètement, comment comptez-vous secourir les victimes ? Nous avons déjà  pris contact avec quelques partenaires, très rares ici. l’Etat est informé. J’ai informé mon gouverneur. La croix rouge est informée. Nous continuons à  les informer. Pour le moment, nous sommes face à  ces dégâts sans aucun moyen pour reconstruire tout cela tout de suite, et prendre des dispositions, au cas o๠il y avait une autre grande pluie, afin d’éviter le maximum de dégâts. Nous comptons sur vous, la presse, pour faire entendre notre voix afin que nous puissions être vraiment aidés. Au-delà  de ces signaux de détresse, on remarque que les inondations sont récurrentes au Mali. Est-ce dû à  l’absence d’un schéma d’aménagement ? Bien sûr. Dans le cas de Goundam, notre schéma d’urbanisation nous défavorise même. Je ne sais pas quel problème qu’il y a eu à  la conception de ce schéma. Dans ce schéma, il est dit que Goundam n’a pas besoin d’un plan d’assainissement. Ce qui n’est pas réel. On constate des dégâts énormes chaque fois qu’il y a 60 mm de pluie… Aujourd’hui, je pense que l’urgence est pour les collectivités locales et l’Etat est de doter toutes les villes du Mali d’un plan d’assainissement.

Yerim Seck à Dadis : « Vous n’êtes pas qu’un prostitué et un mendiant. Vous êtes un menteur! »

M. le président autoproclamé. J’avais pris sur moi, la première fois o๠vous m’aviez consacré un violent épisode du « Dadis Show », de ne pas répondre à  vos insultes. Par égard pour les millions de Guinéens que vous incarnez aujourd’hui – malheureusement de la plus piètre des manières –, je m’étais résolu à  laisser passer. Mais vous avez récidivé, sans doute parce que vous avez senti l’inefficacité de vos premières accusations. Le 1er octobre, jour du 51ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, vous m’avez fait l’honneur, dès que vous avez fini de déposer la gerbe de fleurs sur la Place des martyrs, de passer 15 minutes à  parler de moi, en guise d’adresse aux Guinéens. Je vous remercie, M. le président autoproclamé, d’accorder autant d’importance à  ma modeste personne et de me faire une aussi grande publicité. Je ne puis toutefois pas, cette fois-ci, passer sous silence vos accusations et vos attaques ô combien violentes. Vous prétendez que je vous ai proposé de vendre les mines de Guinée à  des Iraniens, en contrepartie d’une commission que vous et moi allions nous partager. Ce mensonge est d’une désarmante grossièreté. Je n’ai jamais connu un Iranien de ma vie. Je ne me suis jamais rendu en Iran – ce qui, dans le contexte du monde actuel, se vérifie aisément. Je me suis retrouvé une seule fois en présence d’une personne de nationalité iranienne : C’’était à  l’occasion d’une réunion de rédaction à  Jeune Afrique à  laquelle était convié un réfugié politique qui venait nous parler de son pays. Pour donner du crédit à  vos élucubrations, vous avez ajouté : « Je connais bien Yérim Seck. Il a étudié à  l’université de Conakry. » Vous ne me connaissez pas, M. le président autoproclamé. Pour votre information, je suis arrivé en Guinée pour la première fois en septembre 1995. Expert-juriste de la représentation guinéenne du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), J’ai participé à  la conception et à  la rédaction de nombre de textes relatifs aux questions de démocratie et de droits de l’homme. En 1998, par exemple, en qualité de conseiller juridique pour le compte du PNUD, J’ai rédigé le premier draft du texte régissant le Haut conseil aux affaires électorales (HCE), la structure qui a supervisé et conduit le processus menant à  l’élection présidentielle de décembre 1998. En 2000, pour combler un vide qui était durement ressenti par les chercheurs et les praticiens du droit, mais également par les bailleurs de fonds et par tous ceux qui s’intéressent aux questions relatives aux droits de l’homme et à  la démocratie dans votre pays, J’ai coécrit, avec le très compétent magistrat Yaya Boiro, La justice en Guinée, une œuvre de doctrine juridique qui fait jusqu’aujourd’hui office de référence sur la question. Presque toutes les universités américaines et européennes comptent au moins un exemplaire de cet ouvrage dans leur rayon « Droit comparé ». Parallèlement à  ces activités scientifiques, je collaborais avec un avocat d’affaires réputé de Conakry et dispensais des cours de Libertés publiques au Centre de formation des magistrats et de Droit administratif à  l’université Gamal Abdel Nasser. Je suis très fier d’avoir participé à  la formation de milliers de jeunes Guinéens que je croise aujourd’hui un peu partout dans le monde. Certains d’entre eux sont aujourd’hui à  des positions importantes. Il y a quelques jours, J’en ai rencontré un, qui est devenu conseiller juridique dans une grande banque française. M. le président autoproclamé, pendant que vous trafiquiez avec le carburant de l’armée guinéenne (je reviendrai dans ce blog sur toutes vos magouilles à  l’intendance militaire, preuves à  l’appui), J’essayais de contribuer à  faire avancer le droit dans votre pays. Au cours de mon séjour en Guinée, J’ai rencontré Fanta Konaté, issue d’une grande famille de Siguiri, que J’ai épousée en 1997. Elle m’a donné une fille et un garçon qui ont la double nationalité guinéenne et sénégalaise. Je porte la Guinée dans ma chair et dans mon sang. Voila pourquoi je ne peux, pour ne pas faire honte à  ma descendance, agir comme les plumes et les voix que vous avez achetées. J’ai honte pour toute la lignée de ces personnages qui, au soir du jour o๠vous avez fait tuer des centaines de Guinéens, ont pris la parole dans des médias étrangers pour faire leur beurre sur le sang de leurs compatriotes. M. le président autoproclamé, Les graves erreurs factuelles dont regorgent vos attaques haineuses contre moi ôtent toute crédibilité à  celles-ci. Je peux vous raconter jusque dans le détail ce qui s’est passé dans cette réunion au cours de laquelle un de vos conseillers a dit : « A la guerre comme à  la guerre. Yérim Seck vous a sali, il faut le salir. Je vais dire que vous lui avez donné des milliers de dollars. » Je suis d’autant moins sensible à  ce type d’argument qu’il en est devenu usé à  force d’être galvaudé. J’aurais été multimillionnaire en dollars si J’avais reçu les sommes que ceux que mes articles gênent estiment que J’ai encaissées. Cette rengaine ne me désarçonnera point, et ne m’empêchera jamais de piquer la plume dans la plaie, de révéler ce que l’on cache, de montrer, au-delà  des diatribes enflammées, le Dadis affairiste qui est en train de piller la Guinée avec des proches issus de sa famille et de son ethnie. M. le président autoproclamé, Vous m’avez accusé d’être un mendiant. Vous êtes le plus grand et le plus illustre des mendiants. Vous êtes mendiant jusqu’à  la caricature. Au point d’implorer un ancien Premier ministre guinéen, dès le lendemain de votre coup d’Etat, de vous introduire auprès de Mouammar Kaddafi pour qu’il vous « aide ». Vous tendez la main à  tout le monde, de Mouhamed VI à  Abdoulaye Wade, en passant par les hommes d’affaires guinéens et tous les investisseurs étrangers qui vous rencontrent. Vous m’avez accusé d’être un prostitué. Vous êtes au monde le pire des prostitués. Vous êtes prostitué au point de vous faire payer pour brader les intérêts stratégiques de votre pays. Un exemple : dès votre arrivée aux affaires, vous avez durement critiqué l’attribution du marché du terminal à  conteneurs du port de Conakry à  Getma International et promis d’y revenir. Avant de vous raviser : contre une grasse rétribution, vous avez avalisé ce marché ô combien scandaleux. Je vais revenir dans ce blog sur les détails de cette affaire que je ne veux pas laisser parasiter ce droit de réponse. M. le président autoproclamé, Vous n’êtes pas qu’un prostitué et un mendiant. Vous êtes un menteur. Vous n’avez pas menti que sur mon compte. Vous avez menti à  tous les Guinéens à  qui vous aviez promis de « nettoyer la maison » avant d’organiser une élection transparente à  laquelle vous ne seriez pas candidat. Vous êtes également un voleur. J’ai toutes les preuves pour étayer ce que J’avance. Dans les jours à  venir, je publierai dans ce blog le décompte exact de tout l’argent que vous avez décaissé de la Banque centrale et du trésor public guinéens depuis votre putsch. Je vais également décortiquer, pièces et témoignages à  l’appui, votre gestion du carburant de l’armée. Les Guinéens ne seront pas surpris, qui ont vu la grosse maison que vous possédiez dans le quartier de Lambanyi avant votre accession au pouvoir, et que cent ans de votre salaire de capitaine cumulés n’auraient pas pu vous offrir. Ce que les Guinéens ne savent pas, par contre, C’’est votre passé obscur, votre côté violent, votre personnalité déséquilibrée. Beaucoup de vos compatriotes ignorent, par exemple, qu’étudiant à  l’université de Conakry, vous avez sauvagement battu votre copine qui est tombée dans un coma profond. Recherché, vous avez fui à  Nzérékoré o๠vous êtes entré un bon moment dans la clandestinité. Le traitement que vos affidés ont infligé aux femmes le 28 septembre sont conformes à  vos méthodes. Tous ceux qui sont informés, à  commencer par les chancelleries occidentales en poste à  Conakry, savent que votre épouse a fui pour se réfugier au Maroc. Quelques jours avant son départ, vous l’avez mise au piquet, à  genoux pendant des heures en guise de punition. Vous traà®nez un déséquilibre que trahissent votre gestuelle, vos mimiques, vos colères intempestives… « Allahaa La Guinée rataanga ! » Que Dieu protège la Guinée contre le dangereux dégénéré que vous êtes ! M. le président autoproclamé, Une question m’intrigue : quel dossier vous concernant le général Diarra Camara détient-il ? Sait-il quelque chose qui justifie que vous l’ayez traité avec autant de brutalité dès le lendemain de votre putsch ? Dans l’intérêt de la transparence, ce qu’il sait mérite d’être connu. D’autant que vous avez décidé de briguer la magistrature suprême. Il est essentiel, pour que les Guinéens soient éclairés avant de faire leur choix, que tous ces aspects de votre personnalité et de votre histoire soient connus. Exercer le pouvoir n’est pas une simple sinécure, une manière de se faire plaisir, de se positionner pour s’accaparer de privilèges et d’honneurs. C’’est beaucoup plus sérieux que cela. Il y va de l’avenir de millions d’hommes et de femmes dont l’histoire et la géographie ont fait des Guinéens. M. le président autoproclamé, Pour conférer du crédit à  vos accusations, vous avez l’habitude de débiter que J’ai commencé à  faire des articles d’une tonalité positive sur vous avant de changer de ligne. Vous avez raison de faire ce constat. J’assume totalement le choix que J’avais fait au début de vous accompagner. La raison de mon engagement était simple : dans l’intimité de votre bureau, vous m’avez demandé de vous aider à  conduire une transition vers une vraie démocratie en Guinée. Je vous ai donné ma parole, que J’ai retirée par la suite non sans vous en avoir averti. Pourquoi ? Parce que, piqué par le virus du pouvoir, vous avez totalement dévié de votre ligne de départ. Malgré tout, je me suis abstenu, pendant plusieurs mois, d’écrire sur vous ou de parler de la Guinée. Les choses avaient commencé à  tourner au grotesque, et je ne suis pas amateur de cirque. Surtout s’il fait peser de si gros risques sur une chose aussi sérieuse que la nation guinéenne. Mais, les dérives allant en s’amplifiant, la rédaction de Jeune Afrique m’a demandé d’écrire pour alerter. Voila pourquoi vous avez fait rire tout le monde lorsque vous avez appelé au siège de J.A. pour dire que J’ai écrit pour vous faire chanter. Si l’article « l’incroyable capitaine Dadis » n’a pas été mon initiative, mais celle d’un de mes rédacteurs en chef, J’en ai tiré une grande satisfaction. C’’est du journalisme comme J’aime en faire. Une journaliste réputée de France 24 m’a rempli de fierté, en me lançant sur son plateau : « Vous avez vu juste. Une semaine avant le massacre des Guinéens, vous avez écrit pour dire qu’il y avait danger. » Elle n’est pas la seule. Après le carnage du 28 septembre, les plus prestigieux journaux du monde ont cité mon article et reconnu son caractère prémonitoire. Dans un article intitulé « Dadis, le Ubu roi de la Guinée », le renommé hebdomadaire français l’Express a renvoyé à  « l’incroyable capitaine Dadis » et recommandé sa lecture. Je terminais mon texte par ces deux phrases : « [Dadis] avait promis la rupture avec les usages du passé. C’’est l’équilibre de la Guinée qu’il risque de rompre. » l’obscur capitaine aujourd’hui gagné par le vertige du pouvoir a commencé, quelques jours plus tard, à  rompre dans le sang l’équilibre de la Guinée. Monsieur le président autoproclamé, Vous me taxez d’escroc international ? Je ne sais pas ce que ce concept veut exactement dire. Je vous rétorque toutefois que vous êtes un criminel international. Ce que vous avez fait le 28 septembre est l’exemple-type du crime international. Le carnage que vous avez ordonné répond à  la définition exacte du crime contre l’humanité. Tribaliste jusqu’au bout des ongles, vous avez orchestré cette forfaiture avec des membres de votre famille, des jeunes de votre ethnie recrutés de fraiche date, et des ex-rebelles libériens et sierra-léonais dont vous vous sentez proches du fait de la proximité de votre région d’origine avec leurs pays respectifs. Votre procès ne sera pas celui de l’armée guinéenne. Les actes perpétrés contre les femmes par vos mercenaires encagoulés ne sont pas guinéens. Au-delà  des viols, des manifestants ont été égorgés. Des cadavres sans tête ont traumatisé les médecins de l’hôpital de Donka. Dans la nuit du 28 au 29 septembre, les corps ramassés par vos tueurs ont été rassemblés au camp Samory-Touré. Ils ont pu remplir trois gros camions qui ont quitté nuitamment le centre-ville pour une destination inconnue. Voici autant de questions auxquelles devra s’intéresser un grand avocat français qui est en train de préparer une plainte destinée à  la Cour pénale internationale. Tragique destin que celui qui est le vôtre ! Vous auriez pu être un Amadou Toumani Touré guinéen. Vous êtes devenu un paria, vomi par ses compatriotes, rejeté par ses frères d’armes, mis en quarantaine par la communauté internationale… Vous auriez pu entrer dans l’Histoire. Vous allez en sortir par la petite porte. Vous auriez pu devenir une autorité morale importante en Afrique, impliquée dans le règlement des conflits. Vous risquez de finir derrière le prétoire de la Cour pénale internationale, comme Charles Taylor, un criminel de votre acabit dont vous avez recruté les tueurs. Vous n’êtes pas à  la hauteur du défi historique que votre arrivée aux affaires posait à  la Guinée. Les « Dadis Show » que vous me consacrez traduisent votre manque de retenue et de hauteur dont je parlais dans mon article. J’ai eu raison d’écrire que vos « épaules sont très étroites pour le manteau de chef d’Etat. » Mais je ne cracherai pas sur le succès grandissant que vous me construisez en parlant de moi. J’attend avec impatience votre prochaine sortie. Vous aurez d’ailleurs une bonne occasion de refaire un nouvel épisode de « Dadis Show » lundi, quand vous finirez de lire le numéro de Jeune Afrique qui paraà®t ce jour. J’y reconstitue minute par minute le film de cette répression sauvage que vous avez lâchement infligée à  des Guinéens désarmés et sans défense. En attendant de vous entendre à  nouveau, je vous transmets, M. le président autoproclamé, mes salutations.