Yelema quitte la majorité présidentielle

Après quatre mois de suspension de sa participation à la majorité présidentielle, le parti Yelema a quitté la majorité présidentielle. Une décision qui fait suite au constat des « dérives » du régime actuel et son incapacité à trouver les solutions aux maux de la société.

Après avoir soutenu le président Ibrahim Boubacar Keïta au second tour de la présidentielle, en 2013 et l’avoir accompagné pendant 3 ans, le parti Yelema se retire de la majorité présidentielle, non sans amertume. « Nous avons soutenu le président (IBK) sur la base de son programme. Notre président a été nommé ministre et a assumé les fonctions de Premier ministre. Mais force est de constater que trois ans après, la grande majorité des attentes des populations n’a pas été comblée et nous constatons une dérive totale qui mène le pays vers des lendemains sans issue », affirme Monsieur Amadou Aya, Secrétaire politique du parti Yelema.
Le parti en veut pour preuve, l’insécurité qui gangrène le nord et maintenant le centre du pays. Yelema reproche également au gouvernement de « ne pas être à l’écoute de la population ». L’une des raisons qui ont, d’ailleurs conduit le parti à suspendre sa participation à la majorité présidentielle, lors du processus de révision constitutionnelle. Car si Yelema soutenait la révision constitutionnelle, il estimait que le moment n’était pas opportun et jugeait le processus pas assez inclusif. Des arguments qui justifient la fin de l’alliance entre le parti de Moussa Mara et le camp du régime du président IBK.

Une opposition dite « républicaine »

Désormais, dans l’opposition, le parti entend garder son indépendance et n’entend pas s’allier à une opposition dite « républicaine ». Le parti qui souhaite un renouvellement de la classe politique à travers de nouvelles façons de faire, ne jure que par l’alternance, en 2018. Et il ne s’agit pas seulement pour eux de changer le parti au pouvoir et ses alliés, mais de changer profondément la classe politique. Même ceux qui ne sont pas actuellement au pouvoir, ne sont pas plus crédibles aux yeux du parti Yelema. Car « la plupart d’entre eux étaient aussi de la majorité, étant issu du parti majoritaire du 26 mars 1991, notamment le parti ADEMA », soutient le Secrétaire politique de Yelema. Ne pourrait-on pas faire le même reproche au parti Yelema qui a aussi exercé le pouvoir ? « Nous sommes comptables de notre bilan et nous l’assumons », ajoute Monsieur Aya.

Réaffirmant la volonté de son parti de contribuer au changement, en 2018, le parti Yelema n’entend pas cependant être la seule force à l’incarner. « L’alternative ne se trouve pas que dans Yelema. Il y a d’autres hommes et femmes de valeur qui peuvent incarner cette alternance. Nous sommes conscients qu’un parti seul ou un homme seul ne peut faire ce changement. (…) Si ce choix ne se portait pas sur nous, nous sommes prêts à mettre de côté notre candidature pour soutenir cet homme ou cette femme », conclut Monsieur Aya.