Sécurité à domicile : entre alarmes et vidéo-surveillance

Le système de vidéo-surveillance est de plus en plus utilisé par les particuliers pour protéger leurs habitations. Ces petits joujoux, malgré leur prix, commencent à dominer le marché de la protection.

« Il y a quelques années, je me suis faite cambriolée et ils ont pris tous mes bijoux, la télévision, les ordinateurs et tablettes de mes enfants et beaucoup d’argent qui était dans un tiroir de ma commode. Depuis, j’ai des caméras de surveillance dans ma maison », explique Mariam Fofana, mère de famille. Depuis le début des années 2000, les caméras de vidéo-surveillance sont apparues sur le marché malien, avec surtout une clientèle d’hôtels, ambassades, les banques et certains restaurants de la capitale. Mais avec le banditisme grandissant dans les années 2010 et le sentiment d’insécurité régnant dans le pays depuis 2012, elles se sont multipliées chez les particuliers. Ainsi, les fournisseurs en matière de sécurité se sont développés, tels qu’Escort, Sécuricom, Video Consult, MTS Multi- Techniques, Global-Assistance in Technologie, etc… Elles proposent une des gammes complètes de caméras de surveillances (intérieures, extérieures, à infrarouge, les fish-eyes qui voient 4 cotés en même temps, celles que l’on pilote, etc.), des alarmes anti-intrusion (silencieuses et non-silencieuses), des portes glissantes avec caméra intégrée ou lecteur biométrique, des gardes du corps, agents de sécurité et beaucoup d’autres. « Les caméras installées chez les particuliers coutent en moyenne 150 000 francs CFA l’unité, et si l’on compte les fils et l’installation, la maison est protégée à moins d’un million », explique Sékou Coulibaly, patron de Video Consult. Certaines caméras peuvent durer 10 ans.

« Notre matériel est livré avec les tablettes, télés et câbles, qui permettent au propriétaire de voir les images retransmises en direct par les caméras, transférables sur tablettes, PC, et autres. Nous apprenons aux clients leur utilisation, et certains serveurs peuvent supporter plus de 40 caméras et 24 To de disque dur interne. », explique Yaya, chargé des installations chez Spéciale Sécurité. Il précise que produit le plus demandé sur le marché par des particuliers demeure l’alarme anti-intrusion, moins chère et nécessitant moins de surveillance de la part des propriétaires. « Il suffit d’activer l’alarme le soir en se couchant et de s’assurer de temps en temps que les circuits sont toujours bien branchés, et c’est bon ! », explique Amadou Kouma, qui a opté pour le système depuis quelques temps. «Je peux installer 10 alarmes anti-intrusion dans les maisons. Pour les caméras, j’en installe parfois 1 ou 2 par jour, elles sont surtout utilisées par les entreprises et autres », ajoute Yaya, qui se réjouit de voir le marché en constante progression.

 

Sociétés de sécurité : S’adapter pour faire face

Les attaques terroristes et autres braquages sanglants, à Bamako comme ailleurs au Mali, ont laissé de véritables traumatismes au sein de la population et obligé les sociétés de sécurité à adapter leur offre, à la demande d’une part, aux nouveaux impératifs sécuritaires, d’autre part. Dans la plupart des cas, c’est en effet bien souvent les faiblesses du dispositif sécuritaire qui sont mises en avant, « même si le risque zéro n’existe pas », explique une source sécuritaire. Depuis, « beaucoup de choses ont évolué », selon le directeur général de Mali Guard, Aly Yatassaye. Sa société équipe désormais ses agents de taser, de bombe de self défense, en plus des matraques. Des efforts qui peuvent paraître dérisoires face à l’arsenal de potentiels assaillants. « Ce n’est pas de notre fait. Au Mali, c’est celui qui contracte une société de sécurité qui doit faire la demande pour le port d’une arme à feu. Nous la transmettons au ministère de la Sécurité qui délivre alors un permis. », explique Traoré Ramata Barry, chef de service à Mali Guard. De nouveaux textes sont en cours d’adoption  pour adapter la réglementation à la nouvelle donne sécuritaire. Mais en attendant, la profession est toujours régie par la loi n° 96-2020 de février 1996. Ce texte, dont le décret d’application date également de la même année, est assez restrictif en ce qui concerne les prérogatives desdites sociétés et sur leur champ d’action.

À ce jour, seuls les convoyeurs de fonds sont autorisés à porter des armes, une situation que déplore Mohamed Moghrabi, directeur de la société Escort, dont les agents assuraient la sécurité du Radisson Blu de Bamako au moment de l’attentat de novembre 2015 . « Pas un seul site ouvert au public ne dispose d’un dispositif antiterroriste. Nous en sommes encore à mener des fouilles manuelles, à utiliser des miroirs de détection pour chercher des explosifs sous les voitures. Or, la menace a évolué. On n’a pas voulu le voir ». Pour palier l’insuffisance d’équipements, les sociétés mettent l’accent sur les formations. Chez Mali Guard, une salle dédiée à même été créée à cet effet. « Nous avons une équipe de formation très qualifiée. Nous travaillons avec des israéliens, mais aussi des français, qui nous prodiguent de précieux conseils », conclut Yatassaye.