La Cedeao « doit s’impliquer dans la sécurisation » du Burkina (analyste)

Dans un entretien avec APA, Ibrahima Kane, chargé de programmes à l’ONG Osiwa et spécialiste des questions régionales, décrypte les perspectives politiques et sécuritaires pour la nouvelle junte au Burkina Faso face à la Cédéao qui l’appelle à respecter la durée de la transition.Après avoir renversé le lieutenant-colonel Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé plusieurs entretiens aux médias. Comment analysez-vous cette stratégie de communication ?

En écoutant ses interviews et ses interventions, on se rend compte que c’est quelqu’un qui n’était pas préparé à organiser un coup d’Etat. Je pense que le putsch est venu du mécontentement d’une partie de la troupe face aux atermoiements du régime militaire, au manque de coordination sur le terrain entre les unités militaires et au fait que l’armée impute tous les problèmes qu’elle rencontre à l’incompétence de l’équipe dirigeante. Cela montre à quel point l’armée burkinabè est divisée et à quel point l’Etat est fragile. Le capitaine Traoré est le chef d’une unité postée dans la ville de Kaya, à environ 150 km de Ouagadougou. Il est parti de là-bas pour prendre le pouvoir. Cela montre à quel point l’Etat burkinabè est complètement déliquescent.

Pourquoi l’armée burkinabè a pris du temps pour se ranger derrière le nouveau chef de la junte ?

Depuis la chute de Blaise Compaoré (1987 – 2014), l’armée burkinabè est divisée pour deux ou trois raisons principales. Le président Compaoré avait créé un régiment spécial qui était le plus équipé du pays pour le protéger et protéger ses intérêts. Et il y avait le reste de la troupe. Quand il a perdu le pouvoir, ses successeurs ont pratiquement dissous cette unité. Sa dissolution n’a pas permis à l’armée de se réorganiser et se consolider pour pouvoir bien protéger l’Etat.

Quand Blaise Compaoré a perdu le pouvoir, tout le système de renseignement a été complètement démantelé par les nouveaux arrivants au pouvoir. Et donc l’armée se trouvait handicapée en termes d’information pour préparer les réactions des services de sécurité dans la protection des personnes et des biens sur le territoire burkinabè. Cette désorganisation de l’armée est en train de montrer ses effets jusqu’à présent dans ce pays. Cela va être un travail de titan, surtout dans le contexte actuel, de réorganiser l’armée et mettre en place une meilleure coordination en vue de la reprise en main du terrain face aux djihadistes. D’après les informations à notre disposition, onze des treize régions du Burkina Faso sont pratiquement entre les mains ou font l’objet d’attaques des groupes djihadistes. Cela veut dire que la quasi-totalité du pays est insécure.

Le capitaine Traoré affirme qu’il va expédier les affaires courantes avant la désignation d’un président de transition. Comment doit-il s’y prendre ?

Ce message était beaucoup plus destiné à l’extérieur, aux partenaires, pour montrer qu’il ne tient particulièrement pas au pouvoir. Mais je suis persuadé que si les choses se passent comme elles se doivent, il va rester au pouvoir. L’autre jour, on l’a présenté comme celui que les militaires ont désigné pour être leur chef. A moins que quelque chose d’extraordinaire ne se produise, je ne vois pas comment les militaires vont laisser le pouvoir à des civils et continuer à vaquer à leurs occupations. L’une des raisons de la prise de pouvoir, selon la nouvelle junte militaire, est le manque d’appui de l’Etat central aux troupes sur le terrain afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs missions. Les militaires sont mieux placés que quiconque pour organiser cette coordination et pour s’assurer que l’essentiel des troupes sur le terrain est soutenu.

Cela dit, le capitaine Traoré s’est aussi engagé à respecter les 24 mois (de transition). Il n’y a que huit mois qui ont été écoulés depuis le coup d’Etat de Damiba. Il reste à peu près seize mois qu’Ibrahim Traoré va devoir gérer pour reprendre le contrôle sur le terrain et ensuite organiser les élections. Toutefois, je vois difficilement le maintien de ces seize mois vu l’état actuel de l’insécurité dans le pays.

Quel comportement doit-il avoir d’ici les assises qui doivent désigner le prochain président de la transition ?

La priorité pour lui, c’est de réorganiser l’armée et les services de sécurité de manière à ce qu’ils puissent, au moins, répondre de manière plus efficace aux attaques dont l’armée est l’objet sur la totalité du territoire.

L’armée a besoin aussi, si elle ne veut pas que les insurgés s’installent durablement sur le terrain, de les déloger dans certains endroits stratégiques. Parce qu’il y a beaucoup de mines d’or occupées par les djihadistes. Elles servent à financer leurs efforts de guerre. Il urge de les y déloger pour éviter une guerre de longue durée. Dans un tel contexte, la lutte contre le terrorisme sera complexifiée et l’organisation des élections pratiquement impossible. (…) Mais comme une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) est aujourd’hui (mardi 4 octobre) à Ouagadougou, les discussions avec la nouvelle junte permettront de se faire une petite idée du respect ou non des seize mois restants pour l’organisation des élections.

En cas de non-respect de la durée de la transition, la Cedeao doit-elle prononcer contre le Burkina les mêmes sanctions que face au Mali ?

Le capitaine Traoré a lui-même accepté les conditions posées par Damiba. Il y a de fortes chances de le voir respecter le délai de seize mois. C’était la condition posée par la Cedeao. (…) Maintenant, cette dernière doit être réaliste dans le sens où depuis qu’ils ont signé ces accords, il y a eu une dégradation de la situation sécuritaire sur le terrain. Si on n’organise pas les élections sur la totalité du territoire, on crée de fait une division du pays. La Cedeao doit être consciente de cette situation et, éventuellement, se donner une marge pour vérifier dans une dizaine de mois si la situation sécuritaire s’est améliorée de manière à pouvoir permettre l’organisation des élections dans des conditions sûres et transparentes. Si cela n’est pas possible, je pense que la Cedeao doit pouvoir tirer les conséquences et, éventuellement, prolonger la transition.

Mais fondamentalement, il me semble que la Cedeao ne doit pas simplement s’intéresser aux aspects politiques. Elle doit aussi s’impliquer dans la sécurisation du territoire. Sur ce point, il n’y a pas jusqu’à présent d’indications claires de la part des organes de la Cedeao pour montrer qu’en tant qu’organisation régionale, comme elle l’avait fait pour le Liberia et la Sierra Leone, elle s’implique vraiment militairement dans la recherche de la paix et la sécurité au Burkina Faso. Si cela ne se fait pas, il va être maintenant difficile d’exiger à ces militaires d’organiser des élections dans seize mois.

Le jeune âge et le grade du capitaine Traoré sont-ils un handicap pour lui dans la conduite des affaires de l’Etat burkinabè ?

Ce n’est pas la première fois au Burkina que des capitaines prennent le pouvoir. Mais le contexte est aussi différent. Parce que, ici, on est dans un contexte où ces militaires vont devoir rentrer dans les rangs dans seize mois. Alors qu’à l’époque des capitaines Blaise Compaoré et Thomas Sankara, on était dans le contexte où quand vous prenez le pouvoir vous le conservez. C’est vraiment une grande différence entre ces deux générations.

Comme le capitaine Traoré dit n’être intéressé que par la chose militaire, j’imagine que sa préoccupation fondamentale à l’heure actuelle est de tout faire pour s’assurer de la protection de l’intégrité territoriale du Burkina et de sa population. Après les seize mois, il va toujours continuer à servir l’armée et son pays. Mais je ne vois pas pour lui un avenir (présidentiel) au-delà de la période de transition, quelle que soit sa durée par ailleurs.

Au Mali, les autorités veulent militariser la police et la protection civile

Les autorités de la transition malienne ont adopté un projet de loi portant militarisation de la Police nationale et de la Protection civile.Mercredi 5 octobre, le gouvernement de la transition malienne a pris une décision majeure.

A l’occasion du Conseil des ministres présidé par le Colonel Assimi Goïta, un projet de loi portant militarisation de la Police nationale et de la Protection civile a été adopté.

Selon le communiqué de cette réunion hebdomadaire reçu à APAnews, « cette militarisation » résulte des « recommandations des Assises nationales de la Refondation et « permettra de déployer la Police nationale dans les zones reconquises par l’Armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et empêcher le retour des forces du mal ».

« Elle étendue à la Protection civile qui constitue le deuxième segment du ministère de la Sécurité et de la Protection civile avec la Police nationale pour permettre de couvrir l’arrière des forces engagées au combat en vue de préserver les acquis et sécuriser l’Administration et les populations », peut-on aussi lire dans le communiqué.

Le traitement des policiers et des fonctionnaires de la Protection civile qui seront engagés en opération a été évoqué. A en croire le communiqué du Conseil des ministres, ils « bénéficieront des mêmes avantages que les militaires ».  

Burkina : Fermeture de l’ambassade de France

Le coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré a été le théâtre de manifestations et de l’expression du ressenti anti-français.

Depuis les événements des 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022, au cours desquels l’ambassade de France à Ouagadougou a subi le courroux des manifestants, elle n’a plus ouvert ses portes au public.

« Les services de l’Ambassade, du consulat général, des instituts et des opérateurs français qui reçoivent habituellement demeurent fermés jusqu’à nouvel ordre », informe la représentation diplomatique française au Burkina.

Cette mesure concerne les établissements français de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso.

L’ambassade justifie cette fermeture par les actes de vandalisme et de saccage subis lors du coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré.

Le week-end dernier, en effet, les manifestants, brandissant des drapeaux russes, ont mis le feu à la guérite et vandalisé les fenêtres et portes de l’ambassade à Ouagadougou.

Au même moment, des centaines de jeunes s’en sont pris à l’institut français de Bobo Dioulasso.

Le capitaine Ibrahim Traoré a condamné, lundi, ces « actes de vandalisme » et appelé « à la retenue ».

Le nouvel homme fort du pays, tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, a néanmoins souligné la nécessité de réviser certains points de la collaboration entre le Burkina et la France.

RDC : l’État Islamique revendique l’attentat à la bombe artisanale visant une salle de cinéma

Plus de dix personnes, essentiellement des enfants, ont été blessées lors de cette attaque survenue dans la soirée du lundi 3 octobre.Les Forces Démocratiques Alliées (ADF), groupe armé d’origine ougandaise présenté par Daech depuis 2019 comme sa branche « Afrique Centrale », ISCAP en anglais, multiplie les attaques en République Démocratique du Congo (RDC).

Après avoir tué deux policiers et fait évader plus de 800 prisonniers de la plus importante prison de la ville de Butembo le 10 août dernier, ils viennent de revendiquer l’explosion d’une bombe artisanale dans une salle de cinéma de fortune de la même ville.

Dans son communiqué diffusé ce mercredi, l’ISCAP informe que son attentat « a causé la blessure d’environ 10 personnes ».

Depuis deux ans, les attaques à la bombe se multiplient dans cette région d’environ un million d’habitants. Un attentat suicide dans un restaurant avait fait 7 morts et une vingtaine de blessés à l’occasion de la célébration des fêtes de fin d’année.

Burkina : le bilan de l’attaque de Gaskindé s’alourdit à 37 morts

Les jihadistes ont tué 37 personnes lors de l’attaque d’un convoi de ravitaillement dans le nord du Burkina Faso.L’État-major général des armées burkinabè a livré un nouveau bilan de l’attaque jihadiste contre un convoi de ravitaillement survenu le 26 septembre à Gaskindé, dans la province du Soum, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou.

L’armée burkinabè affirme dans un communiqué daté du 5 octobre que cette embuscade a fait 37 morts dont 10 civils et 27 militaires, 29 blessés dont 21 militaires, 7 civils et 1 VDP (Volontaire pour la défense de la patrie). Trois personnes sont portées disparues alors que des dégâts matériels importants sont enregistrés.

Un premier bilan officiel fourni par l’armée évoquait 11 morts parmi les militaires et une cinquantaine de civils portés disparus.

Mercredi 5 octobre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué cette offensive et prétend avoir tué 65 militaires et 11 VDP.

Les jihadistes disent avoir incendié 90 sur les 119 véhicules que comptait le convoi d’approvisionnement à destination de Djibo, coupée du reste du pays. Le GSIM rappelle aux habitants de cette ville qu’ils n’ont d’autre choix que d’appliquer la charia pour sortir de cette situation.

Dans sa communication, le groupe jihadiste s’attribue le « mérite » du coup d’État du Capitaine Ibrahima Traoré contre le lieutenant-colonel Damiba et invite les nouvelles autorités au dialogue.

Après le coup d’Etat mené par des officiers subalternes contre le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, lui-même auteur d’un putsch en janvier dernier contre le président élu Roch Marc Christian Kaboré, le Burkina Faso sombre dans une nouvelle crise politico-sécuritaire sur fond d’insurrection jihadiste.

Mozambique : près d’un million de réfugiés à cause de la violence jihadiste

Près d’un million de personnes ont été déplacées en cinq ans au Mozambique à cause de la violence jihadiste, selon un rapport du HCR.Selon la même le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les derniers chiffres montrent que 946.508 personnes ont été déplacées de leurs foyers dans la province de Cabo Delgado, touchée par le conflit, entre octobre 2017, date du début des violences, et le premier semestre 2022.

« Cinq ans après, la situation humanitaire à travers Cabo Delgado a continué à se détériorer et les chiffres de déplacement ont augmenté de 20% pour atteindre 946.508 au premier semestre de cette année », a déclaré le HCR.

Il a noté que le nombre de personnes déplacées devrait être plus élevé aujourd’hui, car le conflit ne s’est pas apaisé et des milliers de familles sont toujours contraintes de quitter leurs foyers à Cabo Delgado et dans les régions voisines en raison des attaques des groupes liés à l’Etat islamique (EI).

« Le conflit s’est maintenant étendu à la province voisine de Nampula, qui a été le théâtre de quatre attaques de groupes armés en septembre, touchant au moins 47.000 personnes et en déplaçant 12.000 ».

Des centaines d’hommes et de garçons ont été enrôlés de force dans des groupes terroristes armés, selon le rapport.

L’agence des Nations Unies lance un appel pour un plus grand soutien international aux personnes déplacées et aux communautés locales qui les accueillent.

Elle a besoin de 36,7 millions de dollars pour fournir des services de protection et une assistance vitale au Mozambique, mais n’a reçu jusqu’à présent qu’environ 60% des fonds.

Le Mozambique reçoit une aide militaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe et du Rwanda pour combattre les insurgés.

Burkina : sous blocus jihadistes, Djibo « au bord de la famine »

Huit enfants sont décédés de faim à Djibo selon la société civile burkinabè.La ville de Djibo au nord-est du Burkina Faso dans la région du Sahel à 208 kilomètres de Ouagadougou est sous blocus djihadiste. L’armée burkinabè est désormais obligée de convoyer des vivres dans cette région par hélicoptère mardi après-midi, selon des sources d’APA.

 Cette ville sous blocus des groupes armés enregistre des décès de la malnutrition. Selon Idrissa Badini du Cadre de concertation de la société civile du Soum, huit enfants sont décédés à cause de la famine. Le responsable de la société civile ne donne pas plus de précisions sur le genre, ni l’âge des adolescents.Toutefois, M. Badini décrit une situation humanitaire « catastrophique » et « au bord de la famine » dans cette région. Dans un rapport publié en mai 2022, l’Organisation des Nations unies pour l’enfance (Unicef) Burkina, indique que c’est « l’une des crises les plus violentes et les plus rapides au monde ».En effet, au Burkina, « on estime que 700 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë ; plus de 179 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, qui peut être fatale si elle n’est pas traitée », peut-on lire dans la note officielle.Cinq provinces du pays dont celle du Soum ont atteint des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire et s’approchent du seuil de déclaration officielle de la famine, s’alarme l’unicef Burkina.L’acteur de la société civile appelle à secourir « urgemment » la ville. « Des efforts sont faits pour sauver ceux qui sont encore en vie à Djibo et des promesses de tout genre sont en attente. Mais tant que ça n’y arrive pas, nous ne pourrions pas dormir », indique-t-il.

Son appel n’est tombé dans l’oreille d’un sourd, puisque 70 tonnes de vivres et produits de premières nécessités ont été acheminés mardi 3 octobre par hélicoptère dans la ville de Djibo.« C’est une première opération pour soulager un tant soit peu les populations », commente Lassana Bary, initiateur d’une campagne digitale, un « Pont aérien pour Djibo » et « AgirPourDjibo ».La campagne consiste à envoyer des « messages clairs à nos autorités et à la communauté internationale » afin de les alerter sur la situation alimentaire de Djobo.« Les enfants meurent de faim, il faut agir », insiste-t-il. Le dernier convoi humanitaire vers cette ville le 26 septembre 2022 a été la cible d’une attaque terroriste à Gaskinde. Revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), organisation jihadiste affiliée à Al-Qaida, l’attaque a fait officiellement 27 soldats tués, 28 blessés et une cinquantaine de disparus.

Mali: 2 morts dans le crash d’un avion de l’armée dans le nord

Deux personnes sont mortes apres le crash d’un avion de l’armée malienne, à Gao, dans le nord du pays.Le bilan du crash d’un avion de type Sukhoi Su 25 de l’armée malienne  survenu mardi matin dans la zone aeroportuaire de Gao, a connu une évolution. Des sources locales avaient dénombré un mort et plusieurs blessés.

L’Etat-major général des armées (EMGA) fait,  de son coté, état de « 2 morts en service commandé, y compris un pilote et un personnel naviguant au sol et de 10 blessé au sol dont deux graves ».

Pour élucider les circonstances de cet incident impliquant un avion de combat immatriculé TZ-20C, l’EMGA affirme qu’ « une commission d’enquête a été dépêchée » sur les lieux « pour mener des investigations ». « À ce stade, les circonstances tendent à écarter toute action hostile sur l’appareil », conclut l’armée malienne, assurant que « la situation est sous contrôle ».

L’avion qui s’est crashé a été acquis en aout dernier par l’Etat malien, dans de sa coopération dont le renforcement tient à cœur les autorités des deux pays. Bamako s’est rapproché de Moscou après que Paris a annoncé en 2021, la réarticulation de l’opération Barkhane au Sahel.

Les militaires au pouvoir après le coup d’Etat contre Bah N’daw qu’ils avaient, eux même installée à la tête de la transition suite au putsch contre Ibrahim Boubacar Keita (IBK), ont fait appel à des « instructeurs russes » considérés comme des mercenaires de la compagnie militaire controversée, Wagner par les puissances occidentales. 

Burkina : La Cédéao a échangé avec le capitaine Traoré

La délégation de la Cédéao est arrivée à Ouagadougou, mardi, malgré une vague de contestations de plusieurs centaines de jeunes, hostiles à la présence de l’institution régionale au Burkina.Après une rencontre avec le capitaine Ibrahim Traoré, nouvel homme fort du Burkina, la mission de la Cédéao s’est dite, mardi, « satisfaite » et « confiante » de la poursuite de la transition avec les mêmes missions édictées en juillet dans un accord avec le président déchu Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Il s’agit essentiellement de « la reconquête du territoire hors du contrôle de l’Etat »,  de la « résorption de la crise humanitaire » et  du « retour à l’ordre démocratique », a rappelé l’ancien président du Niger, Mahamoudou Issoufou, médiateur de la Cédéao pour le Burkina.

« C’est toujours le même contenu sur lequel le travail va se poursuivre avec l’accompagnement et le soutien de la Cedeao », a-t-il indiqué.

Le Médiateur de la #CEDEAO pour le pays a salué « le rôle extrêmement positif » des autorités religieuses et coutumières pour avoir renoué le fil du dialogue pour une sortie de crise pacifique.

« Ce rôle a été important, ce rôle a été décisif », insiste-t-il.

C’est suite à une médiation menée de bout en bout par des autorités religieuses et coutumières que le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, auteur d’un coup d’Etat contre Roch Marc Christian Kaboré a accepté de démission après avoir été déposé à son tour par le Capitaine Traoré.

Mahamoudou Issoufou a rappelé « l’engagement de la CEDEAO aux côtés du peuple burkinabè afin que le peuple burkinabè réussisse la transition qui est en cours ».

La délégation était composée du Médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso, l’ancien Président nigérien Mahamadou Issoufou, de la ministre des Affaires étrangères de la Guinée-Bissau, par ailleurs Présidente du Conseil des ministres de la CEDEAO, Suzi Carla Barbosa et du Président de la Commission de l’organisation sous régionale, Dr Omar Alieu Touray.

Cette visite a été émaillée de manifestations de jeunes, hostiles à la présence des émissaires au Burkina. Pour beaucoup, la Cédéao est « une marionnette » de la France.

Le pays traverse une crise politico-militaire avec la chute du lieutenant-colonel Damiba, ce week-end, lui-même tombeur de Roch Marc Christian Kaboré.

Burkina : le GSIM revendique l’attaque de Gaskindé

Le coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba est la conséquence de l’attaque d’un convoi d’approvisionnement dans le nord du Burkina Faso, affirme un groupe jihadiste.Après l’attaque de Gaskindé, dans la province du Soum, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou, tous les regards étaient tournés vers le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM). Moins de deux semaines après, la fédération d’organisations jihadistes sahéliennes, affiliées à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) confirme son implication dans cette embuscade meurtrière.

Dans un communiqué en langue arabe diffusé mardi 4 octobre par sa branche médiatique « AZ – Zallaqa » et consulté par APAnews, le GSIM affirme avoir porté un « coup économique qui a provoqué un tremblement de terre dans les rangs de l’armée, qui s’est soldé par un coup d’Etat militaire dans le pays ».

Le groupe jihadiste dirigé par l’ancien rebelle touareg, Iyad Ag Ghjali depuis 2017 prétend avoir tué 65 militaires et 11 volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et avoir détruit au moins 90 des 119 véhicules qui composaient le convoi de ravitaillement. 

Le dernier bilan officiel révélé par une note interne de l’armée consultée par APAnews fait état de 27 militaires tués. Ils seront inhumés vendredi 7 octobre à Ouagadougou, précise la même note.

De leur côté, les jihadistes affirment que leurs combattants, auteurs de ce carnage sont « revenus sains et saufs ».

S’adressant aux « habitants des villes assiégées », le GSIM leur rappelle « qu’ils n’y a d’autre moyen de résoudre leur problème que par l’application de la charia».  

Les nouvelles autorités burkinabè, issues du coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba amorcé vendredi 30 septembre et achevé deux jours plus tard, ont fait de la délivrance des villes du nord sous blocus jihadiste depuis plusieurs mois, une priorité. Mardi 4 octobre, 70 tonnes de vivres ont été acheminées à Djibo par voie aérienne.

Somalie: Al-Shabaab revendique des attaques meurtrières

Au moins 20 personnes ont été tuées dans de multiples attaques revendiquées par Al-Shabaab.Les attaques de lundi impliquant trois voitures piégées ont eu lieu à Beletweyne, faisant plus de 30 blessés. 

La principale cible des attaques était la base militaire de Lama-Galaay qui est également le siège du gouvernement local et  qui abrite les bureaux du chef adjoint de l’État de Hirshabelle. Le gouverneur de la région de Hiran y est également basé. 

Les principales victimes des attaques sont le gouverneur adjoint de Hiran, Abukar Sheikh Madey, et Zakariye Mohamed Ahmed, le ministre de la Santé de la région. 

Les Nations unies ont condamné ces attaques, affirmant qu’elles ne pouvaient que renforcer la détermination de la communauté internationale à aider la Somalie à lutter contre une insurrection vieille de plusieurs décennies. 

Les attaques ont eu lieu quelques heures après que le co-fondateur d’Al-Shabaab, Abdullahi Nadir, a été tué par un drone lors d’une opération conjointe des forces de sécurité américaines et somaliennes le 1er octobre dernier. Nadir était une figure clé d’Al-Shabab qui dirigeait également le département de prédication dudit mouvement.

Burkina : Le bilan de l’attaque de Gaskindé revu à la hausse

Alors que le gouvernement déchu a annoncé un bilan de 11 soldats tués au cours de l’attaque de Gaskindé, le 26 septembre dernier, l’armée prépare les obsèques suivi d’inhumation de 27 militaires, prévus pour vendredi 07 octobre 2022.Le 26 septembre dernier, un convoi d’approvisionnement à destination de la ville de Djibo, à plus de 200 kilomètres de Ouagadougou est tombé dans une embuscade jihadiste. 

Dans un premier bilan, l’armée avait déploré 11 morts et une cinquantaine de civils. Selon une note interne de l’armée burkinabè consultée par APAnews., 27 militaires sont morts dans cet incident.

Ils seront inhumés vendredi à Ouagadougou. Le message de l’armée invite à prendre toutes les dispositions à cet effet.

Début septembre, un convoi de civils, composé essentiellement de commerçants et en partance pour Ouagadougou, a été la cible d’une embuscade sur l’axe Djibo-Kongoussi.

Au moins 32 personnes avaient été tuées et 37 autres blessés, selon un bilan officiel.

Pour plusieurs observateurs, l’attaque de Gaskindé a précipité la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, le week-end dernier. 

Le tombeur de Roch Marc Christian Kaboré a été renversé à son tour par le capitaine Ibrahim Traoré, désigné depuis dimanche 2 octobre, chef d’Etat par intérim du Burkina Faso. 

Burkina : le capitaine Traoré déroule le tapis rouge à la CEDEAO

Le capitaine Ibrahim Traoré a appelé, lundi soir, dans un communiqué diffusé à la télévision nationale, les populations à faire confiance aux nouvelles autorités et à ne pas perturber la mission de la CEDEAO, attendue mardi à Ouagadougou, alors que des jeunes ont érigé des barrières, à cet effet, a constaté APAnews.Peu avant 20h, une poignée de jeunes ont installé un check-point devant l’hôtel Laïco à Ouaga 2000, sur l’avenue Pascal Zagré.

Ils disent également vouloir « faire barrière à la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) » qui est attendue, mardi, à Ouagadougou, selon des sources de APAnews.

Dans un communiqué diffusé à la télévision nationale, plus tard, le président du Faso par intérim, le Capitaine Ibrahima Traoré a regretté la diffusion de messages appelant à empêcher le bon déroulement de la mission de la Cédéao.

« Du reste, toute personne qui entreprendrait des actes de nature à perturber le bon déroulement de la mission de la Cédéao se verra appliquer la rigueur de la loi », peut-on lire dans le communiqué.

Le président de la transition le lieutenant-colonel Sandaogo Damiba a été renversé par un coup d’Etat le 30 septembre 2022.

Il a ensuite démissionné, cédant le pouvoir au capitaine Traoré, qui gère les affaires courantes en attendant la désignation d’un nouveau président.

Burkina : L’ancien président Damiba est à Lomé

Le gouvernement togolais confirme la présence de Paul-Henri Sandaogo Damiba au Togo.Il y avait beaucoup de bruits sur le sort de l’ancien président de la transition burkinabé contraint à la démission par un groupe de jeunes officiers subalternes. Le capitaine Traoré qui est le nouvel homme fort du pays n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, se limitant juste à dire dans un entretien à RFI que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est en sécurité. Selon l’AFP (Agence France Presse), l’ancien président de la transition s’est refugié au Togo.

L’agence cite le ministre togolais en charge de la communication Akodah Ayewouadan.

« Le Togo, comme la CEDEAO, salue le fait que l’esprit de paix l’ait emporté » au Burkina Faso, a déclaré le ministre, précisant que l’accueil à Lomé de « M. Damiba fait partie de cet esprit ».

Plusieurs sources concordantes ont indiqué à APAnews que le séjour togolais du tombeur de Roch Kaboré sera bref. « Il a prévu de s’installer définitivement à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Des démarches sont en cours à cet effet. Son séjour à Lomé sera de courte durée », a confié à Apa un analyste politique, proche du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).

Au lendemain de son éviction par le capitaine Ibrahim Traoré, le lieutenant-colonel Damiba a accusé son successeur d’être guidé par « des motivations individualistes et subjectives ».

Burkina : L’ancien président Damiba règle ses comptes

Moins de 24h après sa chute, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba s’est exprimé, lundi 03 octobre 2022, dans deux éléments audiovisuels (une vidéo et un audio) de 6mn21, authentifiée par APAnews.L’ancien président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba affirme avoir quitté le pouvoir « devant les risques de divisions et de fractures » au sein de l’armée et pour préserver « l’intérêt supérieur du Burkina ».

Au lendemain de son départ forcé de Kosyam, il est règle ses comptes avec ses tombeurs.

Pour lui, le Capitaine Ibrahima Traoré et Cie, se prévalant de « certaines frustrations et revendications » de la troupe sont en réalité « mués par des motivations individualistes, subjectives »

L’ancien président estime que lorsqu’ils ont convergé, avec « des sympathisants de civils et politiques » vers les « zones sensibles » de la capitale Burkinabè, « l’objectif affiché était clair: interrompre la transition ».

« Leurs actions ont occasionné au niveau de nos périmètres deux morts, 9 blessés et des dégâts matériels », dénonce-t-il.

Le lieutenant-colonel Damiba s’est aussi exprimé sur les raisons de sa chute. « L’avènement du MPSR en janvier 2022 a suscité pleins d’espoirs  au sein de toutes les couches de notre population au point de nous aveugler sur les durs défis de la réalité de notre pays, des énormes efforts et des sacrifices à consentir collectivement à remettre le pays sur les chemins du progrès et du renouveau », admet-il.

L’autre raison, selon lui, c’est l’attaque contre le convoi de ravitaillement en vivres de la ville de Djibo qui a servi de « ferment ». Cette attaque qui a eu lieu le 26 septembre 2022 sur l’axe Bourzanga-Djibo, dans la province du Soum, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou à fait 11 soldats tués, 28 blessés et plus d’une cinquantaine de civils portés disparus.

Burkina : La Russie appelle au retour de la « légitimité »

Moscou s’est exprimé sur l’instabilité institutionnelle au Burkina Faso marquée par le coup d’Etat du Capitaine Touré contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.Alors que Ouagadougou a été le théâtre de l’affirmation de la guerre entre russe et français en l’Afrique de l’ouest, ce week-end, Kremlin a appelé, lundi, à un retour total à l’ordre au lendemain de la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

« Nous souhaiterions que la situation au Burkina Faso se normalise au plus vite, que l’ordre soit totalement assuré dans le pays et qu’on revienne au plus vite dans le cadre de la légitimité », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, lors de son briefing quotidien, selon l’agence russe Tass.

Au cours des événements qui ont abouti à la prise du pouvoir par le Capitaine Ibrahima Traoré vendredi 30 septembre, on a pu assister à l’affirmation des mouvements pro-russes. Les drapeaux du pays dirigé par Vladmir Poutine et ceux du « pays des Hommes intègres » ont été brandis par des manifestants.

Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 octobre, un soldat, sur un véhicule de l’Onu, a brandi le drapeau devant plus d’une centaine de jeunes acquis à sa cause.

Samedi, les putschistes ont affirmé, à la télévision nationale, avoir pris les armes contre le lieutenant-colonel Damiba au prétexte qu’il a refusé « d’aller vers d’autres partenaires prêts à aider dans la lutte contre le terrorisme ».

« C’est clairement une guerre ouverte entre la France et la Russie par soldats burkinabè interposés », a commenté Abdoul Fhatave Tiemtoré, journaliste à Radio Oméga.

Le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba a été contraint à céder au Capitaine Ibrahim Traoré, la gestion de la transition entamée en janvier dernier, suite à un coup de force, du 30 septembre au 2 Octobre.

Burkina : Retour à la normale à Ouagadougou

Au lendemain du championnat de pouvoir au Burkina, la vie a repris son cours normale et les ouagalais(es) vaquent à leurs activités, a constaté APAnews, lundi matin.A Ouagadougou, c’est la rentrée des classes au lycée « Le bon berger », sis au quartier Sin-Yiri, ce lundi 03 octobre 2022, au lendemain du putsch du capitaine Ibrahim Traoré.

Matinée très bouillante. Ce sont les retrouvailles entre élèves, enseignants et administratifs. « Nous avons préparé la rentrée scolaire. Mais avec la situation nationale (coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba), nous pensions qu’elle serait reportée. Nous sommes très contents de reprendre. Les vacances ont assez duré », affirme Drissa Hié, enseignant de mathématiques.

A un jet de pierres, se trouve le marché de » Katr Yaar ». Les boutiques ont rouvert, les étables réinstallés. Les commerçants parlent du capitaine Ibrahim Traoré et cie.

Les rues sont bondées de monde. Les barricades devant la RTB, autour du Monument des Martyrs à Ouaga 2000 ont disparu.

Sur l’avenue des « Tensobâ », allant du Siao (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou) à l’échangeur de l’Est, il y a de longues files devant plusieurs banques. Les stations-services qui avaient fermé leurs pompes durant les événements sont à nouveau fonctionnelles.

Dans les services publics et privés, les agents ont rejoint leurs bureaux. En attendant les « instructions » des nouvelles autorités, on se tourne les pouces.

Au Burkina, « on a frôlé la catastrophe » (analyste)

Au Burkina Faso, le renversement du chef de la junte militaire, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, traduit « la division de l’armée », d’après l’analyste politique sénégalais Alioune Tine.Le président de la transition burkinabè, Paul-Henri Damiba, a finalement rendu sa démission dimanche 2 octobre. Huit mois après son arrivée au pouvoir par les armes, il a été victime d’un coup d’Etat perpétré par le capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, nouveau chef du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, nom de la junte). Il ne s’avouait pas vaincu puisque des militaires lui étaient restés fidèles. Le suspense a duré plusieurs heures avant qu’il n’accepte de céder à la suite de négociations menées par les autorités religieuses et coutumières.

Toutefois, ce deuxième coup d’Etat en 2022 au Burkina Faso symbolise « la division de l’armée dans la lutte pour le contrôle du pouvoir d’Etat », explique Alioune Tine, acteur éminent de la société civile ouest-africaine et fondateur du think tank Afrikajom Center.

« On a frôlé la catastrophe, avec un scénario du chaos hallucinant où les deux chefs militaires et leurs partisans étaient face à face dans un contexte de guerre de communication particulièrement tendu avec des fake news, des malentendus, des confusions et surtout une guerre de procuration inter-impérialiste absurde, avec des manifestations violentes des populations dans les rues de Ouagadougou », a noté l’ancien directeur régional d’Amnesty international pour l’Afrique de l’ouest et du centre.

Lire aussi : Burkina : comment le capitaine Traoré a sauvé son coup

Selon M. Tine, la division de l’armée burkinabè n’est pas de bon augure dans la lutte contre la poussée djihadiste dans le pays. Elle est caractérisée par le blocus de la ville de Djibo (nord) par les groupes armés islamistes, exposant les habitants face à la menace de la famine.

« Le contexte de crise sécuritaire exacerbé avec les attaques récurrentes contre les populations civiles et contre l’armée, facteur aggravant la crise humanitaire profonde et les menaces de famine dont Djibo est tragiquement le symbole, doivent amener les militaires burkinabés et les populations civiles à travailler à l’unité de l’armée, à la discipline et au patriotisme pour s’engager efficacement de façon solidaire et coordonnée contre le terrorisme qui menace d’effondrement le Burkina Faso », a-t-il recommandé.

« La division de l’armée et des populations est un facteur d’exacerbation des vulnérabilités et fragilités qui pourraient constituer une menace pour la survie de l’Etat Burkinabé. Cette situation serait du pain béni pour l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), qui rêvent de s’attaquer aux rares sanctuaires sécurisés du pays, dont la capitale Ouagadougou », a ajouté Alioune Tine.

Burkina : La hiérarchie militaire soutient le Capitaine Traoré

Dans une apparition télévisuelle, le commandement de l’armée burkinabè a apporté, dimanche soir, son soutien au Capitaine Ibrahima Traoré, nouvel homme fort du pays.Tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le Capitaine Ibrahima Traoré est apparu, dimanche, à l’édition de 20h du journal de la télévision nationale, en compagnie de la hiérarchie militaire.

« Le commandement militaire des forces armées nationales, composé du Chef d’état-major général des armées et des chefs d’état-major d’armée, à l’issue d’une réunion ce dimanche 2 octobre 2022, ont décidé à l’unanimité de soutenir le MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration) dans la poursuite de sa vision concernant la défense de la sécurité des populations », a déclaré le nouveau président du MPSR et Chef d’Etat par intérim du Burkina Faso.

Il s’est félicité de leur soutien et a demandé aux populations de se départir des informations qui tendent à jeter le discrédit sur le fonctionnement et la cohésion au sein des Forces Armées Nationales (FAN).

Samedi 1er octobre, les hommes du capitaine Ibrahim Traoré et les soldats restés fidèles au lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba ont frôlé l’affrontement. Dans la soirée, le chef d’état-major des armées, le Colonel Major David Kabré a appelé les deux hommes à la retenue et au dialogue.

Le capitaine Ibrahim Traoré a aussi invité, les soldats engagés contre le terrorisme à redoubler d’efforts et à reprendre courage, afin d’apporter plus de paix aux populations et de la sérénité dans les campagnes.

Les crises sécuritaire et humanitaire ont eu raison du lieutenant-colonel Damiba, lui-même auteur d’un coup contre Roch Kaboré en janvier dernier. 

Au Burkina Faso, les exactions des groupes armés ont fait des milliers victimes et entraîné le déplacement de 1,5 millions de personnes.

Burkina : Une délégation de la Cédéao attendue, lundi à Ouagadougou

Dans un 3e communiqué publié ce dimanche 2 octobre 2022, la Cédéao annonce avoir suivi avec « préoccupation » l’évolution de la situation au Burkina Faso depuis le 30 septembre 2022.Le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Général Umaro Sissoco Emballo, président de la Guinée-Bissau, salue les différentes parties au Burkina Faso « d’avoir accepté un règlement pacifique de leurs différends ».

« Je prends note en particulier de la décision du Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba de renoncer à ses fonctions de Président du gouvernement de transition du Burkina Faso, afin d’éviter une confrontation violente et un éventuel bain de sang », s’est-il réjoui.

Il invite ainsi le peuple à « régler ses différends par le dialogue et non par la violence ».

Le président en exercice de la CEDEAO exige des autorités burkinabè, le respect de l’engagement pris avec l’institution sous-régionale.

Au Sommet du 3 juillet 2022, les Chefs d’Etat de l’instance régionale ont adopté un chronogramme qui prévoit le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024.

Le président Embalo annonce la venue d’une délégation de la Cédéao, conduite par lui-même, le lundi 3 octobre 2022, à Ouagadougou.

Cette délégation sera composée, de la ministre des Affaires étrangères de la Guinée-Bissau, Suzi Carlo Barbosa, du Médiateur de la Cédéao pour le pays, Mahamoudou ISSOUFOU et du président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray.

Burkina : Comment le Capitaine Traoré a sauvé son coup

La tentative du lieutenant-colonel de Paul Henri Damiba de revenir au pouvoir après avoir été déposé vendredi 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas prospéré.Finalement, Damiba n’a pas pu renverser la situation en sa faveur. L’ancien président du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), appareil dont il est servi pour chasser Roch Marc Christian Kaboré du pouvoir le 24 janvier dernier, a fini par capituler au terme de longues heures de négociations pilotées les faitières des communautés religieuses et coutumières. 

Suite à leur médiation, le lieutenant-colonel Damiba a accepté de se retirer du pouvoir sous certaines conditions tournent pour les plus importantes autour de garantie de sa sécurité et celle de ses proches ainsi que la poursuite des activités opérationnelles. Des conditions acceptées dans leur intégralité par le capitaine Ibrahim Traoré désigné chef de l’Etat du Burkina Faso.

A 34 ans, l’officier subalterne parvient ainsi à se maintenir à la tête du « Pays des Hommes intègres » alors qu’il y a 24 heures, son coup d’Etat du vendredi 30 septembre était sur le point de se solder par un échec. Le rapport de force semblait lui être défavorable après qu’une partie de l’armée a décidé de se ranger du côté de son ancien camarade du MPSR. Mais le capitaine Traoré a su faire une lecture lucide de la situation et a mis au point une stratégie qui a été payante. 

Pour lui, il était presque vital de gagner la bataille de l’opinion. En une journée, le jeune officier a donné trois interviews aux médias nationaux et internationaux. À la révision nationale, la France est accusée de parrainer « une contre-offensive » du lieutenant-colonel Damiba.

 A coups de communiqués, Paris a démenti toute implication dans les évènements en cours au Burkina depuis vendredi. Mais c’était peine perdue. Des intérêts français sont attaqués à Bobodioulasso, deuxième ville du pays et dans la capitale. « Le tort de Damiba, c’est qu’il est soupçonné de marcher pour les français », analyse un ancien correspondant d’un média occidental à Ouagadougou.

De son coté, Hassane Koné, chercheur Sénior à l’Institut d’Études de sécurité (ISS) trouve que « La mobilisation de la population à Ouagadougou et dans plusieurs villes où les citoyens sont sortis pour acclamer le coup d’Etat et demander la démission de Damiba a été déterminante » dans la suite des évènements ». Selon lui, « cette pression de la rue ajoutée à la détermination des putschistes a poussé les leaders des communautés religieuses et coutumières à peser de tout leur poids pour convaincre Damiba ».

Après avoir écarté le lieutenant-colonel Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré doit désormais s’employer à faire l’unanimité au sein de l’armée au sein de laquelle son rang et son âge sont un réel problème pour certains cadres. Des manœuvres seraient en cours pour le contraindre à se retirer pour laisser son fauteuil à plus gradé que lui. Le nom du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, chef des Cobras arrêté en janvier, à deux semaines du putsch contre Roch Marc Christian Kaboré est avancé par certaines sources proches de ces tractations. 

A ce défi, il doit ajouter l’impératif de résultats probants dans la guerre contre les groupes jihadistes. Il donne l’air d’en être conscient et s’est fixé un délai de trois mois pour inverser la tendance. Le nouvel homme fort de Ouagadougou a instruit les secrétaires généraux des ministères, chargés d’expédier les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, d’aller très vite. Car pour ce jeune capitaine, « tout est urgent ».

Putsch au Burkina : la Cédéao préoccupée par l’évolution de la situation

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) suit avec inquiétude les derniers développements de la nouvelle tentative de coup d’État au pays des Hommes intègres.Depuis vendredi, la situation est pour le moins confuse au Burkina Faso où le capitaine Ibrahim Traoré s’emploie à renverser le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, président de la transition.

Les deux hommes sont pourtant membres du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) qui a écarté du pouvoir, en janvier dernier, le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Cette instabilité au plus haut sommet de l’État burkinabè tourmente la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

L’organisation régionale, après avoir fermement condamné la prise du pouvoir par les armes, dans un communiqué daté du 30 septembre, a réitéré ce dimanche les termes dudit document.

En outre, la Cédéao demande « aux Forces de Défense et de Sécurité (burkinabè) d’éviter l’escalade et, en toutes circonstances, de protéger les civils ». Elle souhaite par ailleurs « l’arrêt des violences et des pillages, de tous genres, qui ne peuvent être tolérés ».

En soutien au peuple burkinabè dans sa quête de démocratie, la Cédéao « réaffirme son attachement au chronogramme adopté par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement du 3 juillet 2022 qui prévoit le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».

[LIVE – Burkina] Retour progressif à la normale à Ouagadougou

Apa news suit à la minute près les événements qui se déroulent au Burkina-Faso suite au coup d’Etat en cours mené par une partie de l’armée dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré contre le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba dont la destitution a été annoncée vendredi soir.

(Merci d’actualiser la page pour prendre connaissance des dernières nouvelles)13h50. Burkina : Retour progressif à la normale. Le quartier présidentiel Ouaga 2000 n’est plus barricadé, a constaté APAnews, dimanche.

13h00. Burkina : Selon des sources concordantes jointes par APAnews, plusieurs manifestants ont érigé des barrages sur la route nationale 1 sur l’axe BoboDioulasso-Ouagadougou, dans la capitale économique du pays, perturbant le trafic routier. Ils disent apporter leur soutien au nouvel homme le capitaine Ibrahima Traoré et ses camarades.

12h30. Burkina : La CEDEAO a réitéré, dimanche, dans un second communiqué, sa condamnation du putsch en cours à Ouagadougou. Elle a dit soutenir la quête de démocratie du peuple burkinabè et réaffirme son « attachement au chronogramme adopté par le Sommet du 3 juillet 2022 qui prévoit le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».

12h20. Burkina : Le Capitaine Ibrahim Traoré appelle au calme et à la retenue en attendant de faire la lumière sur le dossier du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, dans un communiqué lu, ce dimanche, à la télévision nationale. Le lieutenant-colonel Zoungrana est un officier de l’armée burkinabè assez apprécié de la troupe et détenu pour des faits de Blanchiment de capitaux depuis janvier 2022.

12h20. Burkina : Le nouvel homme fort, le capitaine Ibrahim Traoré, assure que la situation est sous contrôle et que « les choses sont en train de rentrer progressivement dans l’ordre ». L’annonce a été faite sur les antennes de la télévision publique, la RTB. Le communiqué a été lu par le capitaine Sorgho en présence du capitaine Ibrahim Traoré.

Burkina Faso : Damiba a-t-il démissionné ?

Au surlendemain du coup d’Etat du Capitaine Ibrahim Traoré contre le lieutenant Colonel Paul Henri Damiba, c’est l’imbroglio au Burkina Faso.Quarante-huit heures après le contrecoup du Capitaine Ibrahim Traoré, c’est toujours l’incertitude autour de l’identité de l’homme qui préside aux destinées du Burkina Faso.

Pourtant, vendredi 30 septembre, le jeune officier subalterne a affirmé avoir « déchu » le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, auteur d’un coup d’Etat du 24 janvier contre Roch Marc Christian Kaboré, de son « pouvoir d’Etat » après une journée de mutinerie des « cobras », unité en première ligne dans la lutte contre les jihadistes.

Dans la foulée, toutes les institutions ont été dissoutes et des concertations annoncées pour désigner un nouveau président. Sauf que l’ex (?) président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) n’avait pas dit son dernier mot.

Samedi 1er octobre, des tirs ont été à nouveau entendus à Ouagadougou. Des hélicoptères de l’armée ont été également aperçus dans le ciel de la capitale du « Pays des Hommes intègres ». En plus des échanges de tirs à l’arme lourde, la guerre s’est jouée aussi sur le terrain de la communication.

Alors que le capitaine Ibrahim Traoré a multiplié les interviews pour justifier le « renversement » de son ancien camarade du MPSR, l’appelant « à se rendre » pour éviter un bain de sang, ce dernier en a fait de même à travers la page Facebook de la présidence du Faso qu’il tient toujours et l’invite « à la raison ».

L’Etat-major général des armées burkinabé s’est gardé de prendre parti dans ce conflit et a appelé à une « sortie négociée ». Le patron de l’armée, le Général David Kabré a annoncé la poursuite des pourparlers pour un dénouement heureux. Des négociations dans lesquelles seraient impliqués des chefs coutumiers et religieux.

A la date du 2 octobre, rien d’officiel n’est encore sorti de ces discussions mais plusieurs sources locales affirment que le lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba aurait rendu sa démission. Mais pour d’autres interlocuteurs de Apa inscrivent cette thèse dans « la guerre informationnelle à laquelle on assiste depuis plusieurs heures entre les deux camps ».

Dans une nouvelle déclaration à la RTB dimanche 2 octobre, le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas fait état de la démission du lieutenant-colonel Damiba, mais assure que « la situation est sous contrôle ». Il appelle aussi à la cessation des actes de vandalisme et de violence.

Crise au Faso : Air Côte d’Ivoire suspend ses vols vers Ouagadougou

Cette suspension des vols, annoncée samedi, intervient au lendemain de la fermeture des frontières aériennes du Burkina Faso, où l’on observe une crise entre la junte et un groupe de militaires.« Nous portons à votre connaissance, la suspension de nos vols au départ et à destination de Ouagadougou jusqu’à nouvel ordre », indique la compagnie aérienne dans une note. La décision de fermeture des frontières a été annoncée le 30 septembre 2022.

La situation reste tendue à Ouagadougou après un coup d’Etat militaire opéré par un groupe de soldats qui a déclaré avoir démis de ses fonctions le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba. De son côté le chef de la junte appelle « le capitaine Traoré et compagnie à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide ».

Putsch au Burkina Faso : Damiba ne s’avoue pas vaincu

Le lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba appelle le capitaine Ibrahim Traoré à la raison et dément avoir bénéficié d’un appui extérieur.« Dechu de son pouvoir d’État » par ses anciens camarades du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba n’abdique pas. Un peu plus de 24 heures après sa « chute », l’officier, dans un message diffusé sur la page Facebook de la présidence, « appelle le Capitaine Traoré et compagnie à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n’a pas besoin dans ce contexte ».

Dans un entretien à la Voie de l’Amérique samedi 1er octobre, le capitaine Ibrahim Traoré qui affirme avoir destitué le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba l’a invité « à se rendre ». 

Un peu plus tôt, son camp accusait la France de permettre au tombeur de Roch Marc Christian Kaboré d’organiser sa riposte depuis sa base de Kamboinsin. « Je démens formellement m’être réfugié dans la base française de Kamboincé. Ce n’est qu’intoxication pour manipuler l’opinion », répond le lieutenant-colonel Damiba.

Vendredi 30 septembre, de jeunes officiers ont déclaré avoir destitué le président de la transition, le Lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, lui-même auteur d’un coup d’Etat contre Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier dernier. 

Ils lui reprochent ses choix inefficaces dans la lutte contre les groupes jihadistes qui déstabilisent le nord du Burkina Faso depuis 2015. Ils en ont aussi après lui pour avoir « réinstauré au forceps un ordre ancien et posé des actes de nature à remettre en cause l’indépendance de la justice ».

Les nouveaux dirigeants du MPSR ont dissous le gouvernement, la charte de la transition ainsi que l’Assemblée nationale de transition. Les frontières aériennes ont été fermées jusqu’à nouvel ordre.

Cependant, le couvre-feu de 21 heures à 5 heures a été levé samedi 1er octobre.

Burkina: le capitaine Traoré invite Damiba à se rendre

Depuis sa prise de pouvoir au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré s’est exprimé pour la première fois, réagissant aux coups de feu qui ont retenti samedi 1er octobre à Ouagadougou.Le nouveau chef de la junte militaire au Burkina Faso, capitaine Ibrahim Traoré, a accordé sa première sortie médiatique à nos confrères de VOA Afrique. Il a réagi à la confusion qui a suivi le renversement, vendredi 30 septembre, du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce dernier, qui n’est toujours pas arrêté, ne s’avoue pas vaincu. Des tirs ont été entendus ce matin dans la capitale où les accès de plusieurs endroits stratégiques sont bloqués par les « hommes » du capitaine Traoré.

« Ce qui se passe sur le terrain est une tentative du président Damiba d’entrainer les forces à un affrontement. Mais nous sommes en réserve depuis un certain temps. Des hélicoptères, que nous n’avons pas engagés, nous ont survolés bien que nous ayons la capacité de le faire. Il a fait rentrer quelques forces spéciales qui ne connaissent même pas, peut-être, les missions pour lesquelles elles ont été envoyées. Nous avons des éléments même à l’intérieur qui se demandent c’est quoi le problème en fait. A l’instant, je sais qu’ils sont en train d’essayer de les corrompre. Mais nous sommes en ligne avec les hommes. Nous savons tout ce qui se passe. Donc, on leur dit seulement de ne pas rentrer dans le jeu », a déclaré l’officier de 34 ans, invitant le président déchu à se rendre pour éviter un bain de sang.

« Nous allons encore essayer de donner une chance (à Damiba et les hommes qui lui sont restés fidèles). A défaut de cela, nous serons obligés de lancer un appel à beaucoup de soldats burkinabè qui vont rallier la capitale. Ce qui n’est forcément pas bien pour nous. Mais nous pouvons rassurer la population à rester sereine. Nous avons nos plans, écrit tout ce que nous voulons et défini les partenaires avec lesquels nous voulons travailler pour sortir le Burkina Faso de cette situation », a estimé le capitaine Traoré.

« Des villageois se nourrissent de feuilles d’arbres »

Réputé proche des hommes qui combattent les groupes djihadistes au Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré précise qu’il a été « choisi » pour diriger le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, organe dirigeant la junte) en remplacement du lieutenant-colonel Damiba. « Cela fait trois semaines que ça bouillonne » dans les casernes et sur les théâtres d’opérations à cause des « problèmes logistiques et des considérations de la valeur humaine » qui n’ont pas été satisfaits par les autorités, a-t-il justifié.

Le jeune militaire reproche notamment au lieutenant-colonel Damiba, le président de la transition déchu, de s’être transformé en politicien au lieu de travailler à fournir des armes aux soldats déployés pour combattre les djihadistes qui continuent de décimer les populations civiles d’une grande partie du pays.

« Le combat que nous menons c’est pour le Burkina Faso. Il faut aller au fin fond du pays pour comprendre certaines choses. Je patrouille dans la brousse avec mes hommes. Mais la logistique minimum ne suit pas. Vous trouvez des populations meurtries. Dans certains villages par exemple, toutes les feuilles des arbres ont disparu parce qu’elles sont mangées par les hommes. Les herbes sont mangées. On propose des solutions pour protéger ces gens mais on ne nous écoute pas », a-t-il déploré.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a aussi voulu rassurer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et les autres organisations internationales. Il jure qu’il n’est pas intéressé par le pouvoir, mais motivé par une volonté de sauver son pays contre la menace terroriste qui gagne considérablement du terrain au Burkina Faso.

« Le communiqué d’hier est assez clair en attendant les assises qui vont choisir un président (civil ou militaire). Nous ne sommes pas là pour le pouvoir. L’idée même est de descendre dès demain avec les mêmes hommes qui m’ont suivi pour faire un nettoyage. (…) Nous voulons combattre, protéger et sortir nos populations de cette misère », a indiqué le capitaine Traoré.

Putsch au Burkina : l’UA et la Cédéao sur la même longueur d’onde

L’Union Africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) condamnent avec la plus grande fermeté la nouvelle prise du pouvoir par la force.Depuis l’indépendance acquise en août 1960, l’histoire politique du Burkina Faso est jalonnée de coups d’État. Le pays des Hommes intègres en est désormais à son 9e putsch en 62 ans d’existence. Le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, le dernier sur la liste des présidents déchus, a été renversé entre jeudi et vendredi par le capitaine Ibrahim Traoré.

C’est le deuxième coup d’État dans ce pays en 2022. Dès le premier mois de l’année en cours, Roch Marc Christian Kaboré, réélu deux ans plus tôt pour un second quinquennat, a été déposé par le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) dirigé par le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba. Le même sort vient de lui être appliqué par des hommes qu’il a propulsés.

Une instabilité chronique qui fait du Burkina Faso l’un des plus mauvais élèves du continent noir en matière de respect de la volonté populaire exprimée dans les urnes. Dans un communiqué, publié hier vendredi, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a fermement condamné la prise du pouvoir par la force « au moment où des progrès ont été réalisés pour un retour méthodique à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ». 

Poursuivant, l’organisation régionale a réaffirmé « son opposition sans réserve à toute prise ou maintien du pouvoir par des moyens non constitutionnels », non sans exiger « le respect scrupuleux du chronogramme déjà retenu avec les autorités de la transition ».

Ce samedi, la Commission de l’Union Africaine (UA) est également montée au créneau pour « condamner sans équivoque » le nouveau putsch et apporter son « soutien ferme » à la Cédéao conformément à la Déclaration de Lomé de 2000, à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, et à la Déclaration d’Accra sur les changements non constitutionnels de gouvernement.

Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA, a exprimé « ses vives préoccupations » face à la résurgence des coups d’État à l’échelle continentale. 

Concluant son propos, le diplomate tchadien a appelé « les militaires (burkinabè) à s’abstenir immédiatement et totalement de tout acte de violence ou de menaces aux populations civiles, aux libertés publiques, aux droits de l’Homme et au strict respect des échéances électorales pour un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».

Putsch au Burkina : le lieutenant-colonel Damiba « n’a pu faire mieux » (chercheur)

La destitution du président de la transition burkinabè découle principalement, selon l’Ivoirien Fahiraman Rodrigue Koné, chercheur senior à l’Institut d’Études en Sécurité (ISS), de sa promesse non tenue d’endiguer rapidement la menace terroriste après le coup d’État contre Roch Marc Christian Kaboré.

Le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba a été destitué par ses camarades du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) qui lui reprochent ses choix inappropriés dans la lutte contre les jihadistes. Peut-on dire que sa chute était prévisible ?

Depuis plusieurs mois, l’opinion publique burkinabè critique avec véhémence le régime Damiba pour son manque de résultats tangibles sur le terrain sécuritaire. En janvier dernier, le MPSR a renversé le président élu Roch Christian Kaboré en invoquant son incompétence face à l’insécurité. Neuf mois plus tard, le MPSR avec à sa tête le lieutenant-colonel Damiba n’a pu faire mieux.

Le pays demeure l’épicentre des attaques jihadistes au Sahel. La quasi-totalité de ses 13 régions continue de subir l’insécurité et près de 2 burkinabè sur 10 ont fui leur lieu de résidence du fait de cette insécurité. Les compagnons de Damiba au MPSR le tiennent visiblement pour responsable.

Ces derniers mois, les rumeurs faisant état de tensions et de divergences au sein de l’organe militaire au sujet de certaines décisions se faisaient insistantes. Des tensions entre chefs des structures militaires sont par exemple apparues dans la conduite des opérations de lutte, notamment entre l’État-Major Général des Armées (EMGA) et le Commandement des Opérations du Théâtre National (COTN), propulsé par Damiba en première ligne. 

Certaines informations faisaient état de profondes divergences sur la volonté de Damiba de renforcer la coopération avec l’armée française. De même, des mécontentements ont fait jour au sein de certains milieux de l’armée, suite aux dernières promotions au grade de général dont a été exclu le CEMGA au profit d’officiers du cercle amical de Damiba. Certaines options politiques du chef de la junte ne faisaient pas l’unanimité, notamment ses initiatives de réconciliation, plutôt perçus comme une tentative réhabilitation de Blaise Compaoré pourtant condamné par la Justice.

Les nouveaux putschistes peuvent-ils inverser la tendance dans la lutte contre le jihadisme ?

Les ex-compagnons de Damiba semblent justifier son écartement par une volonté de rectification de la trajectoire de lutte. Sera-t-elle efficace ? Il est difficile en ce moment de le présager. Toutefois, un ensemble de paramètres pourraient être déterminants. Ces groupes ont mis des années à s’installer dans le cadre d’un patient travail d’instrumentalisation des vulnérabilités au niveau local. Ils occupent le terrain depuis huit ans et contrôlent des pans entiers des économies locales. 

Pour reprendre l’ascendant, il faudra du temps et il faudra un investissement important dans la gouvernance de la sécurité, mais aussi dans la gouvernance politique, sociale et économique. Il faudra une réelle stratégie globale qui s’inscrira forcément sur le moyen et le long terme.  

Les attentes populaires sont plus que jamais élevées. L’opinion burkinabè, contrairement au cas malien, garde encore toute son influence sur le champ politique. La capacité des tenants actuels du pouvoir à créer un vrai consensus politique autour de leurs actions sera à cet égard déterminant.  

Le Burkina était le moins acculé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) parmi les trois pays ayant récemment connu des coups d’État. Avec le renversement du lieutenant-colonel Damiba, la donne peut-elle changer ?

La Cédéao, tout en restant fidèle à son principe de condamnation des prises de pouvoir par la force, a qualifié dans son communiqué d’inopportun ce nouveau coup d’État au Burkina. Son communiqué garde une tonalité menaçante à l’endroit des nouveaux tenants du pouvoir, notamment sur l’éventualité du non-respect du calendrier des deux ans de transition déjà conclu. L’attitude de la Cédéao pourrait en effet changer par rapport à un pays qu’elle considérait jusqu’à présent comme le bon élève en comparaison avec le Mali et la Guinée. 

Toutefois, la Cédéao devra faire preuve de pragmatisme et éviter de s’engager dans une logique de confrontation qui, à l’expérience ces derniers temps, s’est montrée contre-productive. Elle devra au plus vite prendre attache avec les nouvelles autorités pour renégocier le respect des engagements des anciens acteurs.

À quelles répercussions peut-on s’attendre dans la sous-région ?

Le Burkina occupe une place stratégique du fait de sa position géographique en Afrique de l’Ouest. Il est au centre et partage des frontières avec 6 pays de la sous-région (Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et Bénin).  Les développements récents liés à l’expansion des activités des groupes jihadistes dans les pays au Sud des frontières du Burkina (Côte d’Ivoire, Togo et Bénin) indiquent qu’une dégradation de sa situation constituerait une aubaine pour ces groupes. Ces derniers visent clairement à étendre leurs tentacules en Afrique de l’Ouest. La situation au Burkina devrait donc avoir des conséquences dans les pays limitrophes et au-delà. C’est intimement lié.