Dialogue en Éthiopie : l’ultimatum du TPLF au gouvernement central

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) menace de reprendre les armes si Addis-Abeba ne réunit pas les conditions préalables aux négociations avant la date butoir qu’il lui a fixée.Le compte à rebours est lancé par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ces rebelles, actifs dans le Nord de l’Éthiopie, posent leurs conditions pour la poursuite du processus de paix avec le gouvernement central.

Si Addis-Abeba « ne répond pas aux demandes du TPLF et ne respecte pas le délai imparti (non communiqué publiquement), nous recommencerons les combats », a affirmé hier lundi Debretsion Gebremichael, le chef de la rebellion.

Parmi les exigences du TPLF figurent notamment la reprise des services sociaux de base (banques, télécommunications, électricité…) et le retrait des forces de défense éthiopiennes de territoires qu’il considère comme faisant partie intégrante de la région du Tigré.

Ici, allusion est principalement faite à Wolqait que le TPLF a incorporé au Tigré après avoir pris le pouvoir central en mai 1991. Ce district administratif milite désormais pour sa réintégration dans la région Amhara.

De son côté, le gouvernement éthiopien explique que la Constitution lui confère le droit de déployer des forces dans n’importe quelle partie du pays en cas de besoin.

L’Ethiopie prête à négocier avec le TPLF

Des forces armées loyales éthiopiennes et des rebelles tigréens s’affrontent depuis 2020.Le gouvernement éthiopien a annoncé être prêt à négocier avec les rebelles du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) sans aucune condition préalable.

Addis Abeba avait demandé au TPLF de déposer les armes si des négociations devaient avoir lieu avec le gouvernement.

Lors d’une réunion avec les envoyés spéciaux des Nations unies et les ambassadeurs de l’Union européenne, des États-Unis, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni, Redwan Hussien, conseiller du Premier ministre éthiopien pour les questions de sécurité, a déclaré que le gouvernement était prêt à négocier avec le TPLF à tout moment, en tout lieu et sans conditions préalables.

Dans un post sur Twitter samedi dernier, M. Hussien a indiqué que les diplomates avaient été informés que l’Union africaine dirigerait le processus et qu’elle « pouvait solliciter un soutien logistique de n’importe quelle source ».

« Nous avons également informé l’équipe des efforts déployés pour créer un environnement de collaboration et réduire les écarts avec une commission d’experts de l’Onu qui a annoncé qu’elle était autorisée à faire un voyage aller-retour à Mekele », a-t-il ajouté.

Le TPLF, quant à lui, a annoncé des conditions préalables à la négociation. Il menace d’entrer en guerre si ses conditions préalables ne sont pas satisfaites.

Le retrait des forces éthiopiennes de ce qu’il appelle la région du Tigré (du point de vue du TPLF, il s’agit de la région de Wolkait) et la reprise des services, notamment bancaires et de communication, font partie des conditions préalables.

Le gouvernement américain avait, comme l’indiquent de multiples déclarations du département d’État, demandé au gouvernement éthiopien de retirer ses forces de ce qu’il appelle le « Tigré occidental ».

Le TPLF n’accepte pas non plus, comme il l’a annoncé le mois dernier, que l’Union africaine dirige les négociations. Il estime que l’organisation continentale est proche du gouvernement éthiopien.

Mali : le GSIM vise désormais le pouvoir de Bamako

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), affirme officiellement qu’une stratégie est mise en place pour frapper le pouvoir central à Bamako.L’attaque de la ville garnison de Kati, vendredi 22 juillet, n’a pas suffi au GSIM pour manifester son intérêt pour la capitale du Mali.

 Moins d’une semaine après cette offensive complexe dans laquelle un militaire a perdu la vie, selon le communiqué de l’Etat-major général des Armées maliennes, la fédération d’organisations jihadistes liés à Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) exprime ouvertement ses intentions pour Bamako.

Dans une nouvelle vidéo de 4 minutes 50 secondes datée du mercredi 27 juillet, visionnée par APA, Mahmoud Barry, membre du Conseil consultatif du groupe jihadiste dirigé par le Touareg Iyad Ag Ghali déclare qu’une stratégie a été mise en place pour encercler le pouvoir central à Bamako, incarné par le président de la transition Assimi Goïta. « Il y aura des attaques régulières jusqu’à l’application de la Charia », menace Abou Yahya, qui s’exprime en bambara, langue qu’il maîtrise bien pour avoir séjourné à Bamako en tant qu’Imam.

« Les Maliens doivent savoir qu’ils n’ont d’autre choix que de retourner à Allah. Tout cela ne se terminera que lorsque tout le monde aura accepté la Charia (la loi islamique) », insiste le jihadiste.

« Cette allusion à Bamako est une première pour ce groupe », reconnaît une source sécuritaire, invitant les autorités maliennes à « prendre au sérieux le GSIM ». « Ils ont les capacités de faire un blocus sur Bamako car ils s’y préparent depuis 2018-2019 », ajoute notre source.

Pour Bah Traoré, analyste politique et sécuritaire au Sahel, « Bamako ne sera pas un morceau facile » pour le groupe jihadiste. « Par contre, ils peuvent davantage détériorer la situation sécuritaire et installer la psychose au sein de la population », concède-t-il. Pourtant, le groupe jihadiste semble vouloir épargner les civils. Mais cela n’est pas sans condition.

Une vidéo à l’endroit à Bamako

Dans son intervention, Mahmoud Barry, dont la dernière sortie remonte au mois d’avril 2022, après la triple attaque du GSIM à Sévaré, Bapho et Niono, dans le centre du pays, demande aux civils de ne pas soutenir leurs dirigeants, précisant que « les opérations visent les infidèles, leurs alliés et leurs proches ».

Plusieurs observateurs de la crise sécuritaire qui secoue le Mali depuis 2012, relient cette nouvelle stratégie du GSIM aux opérations de ces derniers mois de l’armée malienne et de la controversée compagnie militaire privée russe, Wagner, dans le centre du pays, pour reprendre l’initiative après le repli de l’opération Barkhane sur fond de crise diplomatique entre Paris et les autorités de la transition malienne.

En effet, du 27 au 31 mars 2022, les FAMa ont affirmé avoir neutralisé 203 jihadistes à Moura, un village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, à 545 kilomètres à l’est de Bamako.

Des organisations de défense de droits de l’homme ont demandé à ce que la lumière soit faite sur des allégations de meurtres de civils par l’armée.

Pour en rajouter une couche, Amadou Kouffa, chef de la Katiba du Macina a remis en cause la version officielle, accusant les autorités maliennes d’avoir ordonné le « massacre de civils » dans ce village, où selon sa thèse, n’étaient présents que trente jihadistes.

Tournée africaine : Emmanuel Macron en opération séduction

Le président français a esquissé les contours de la nouvelle politique de son pays sur le continent noir en matière de sécurité.Réélu fin avril dernier pour un second mandat de cinq ans, Emmanuel Macron se lance dans une offensive pour renforcer l’influence de la France en Afrique. Depuis qu’il dirige l’Hexagone, il se rend pour la première fois au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau avec une importante délégation d’hommes d’affaires afin de saisir les opportunités.

La France, chahutée en Afrique de l’Ouest où son armée intervient au nom de la lutte contre le terrorisme, se tourne notamment vers l’Afrique centrale, une région à laquelle le président Macron « souhaite consacrer plus de temps lors de ce quinquennat ».

Mais sur le continent noir, des pays comme la Chine ou la Russie avancent leurs pions pour concurrencer les intérêts français. « Il nous appartient d’être meilleurs, plus efficaces et d’œuvrer ensemble pour une plus grande transparence des marchés, une concurrence loyale », a déclaré, hier mardi en conférence de presse, le chef de l’État français devant son homologue camerounais, Paul Biya.

La Russie dans la ligne de mire

Cette puissance politique et militaire s’intéresse de plus en plus à l’Afrique. Du côté de l’Europe occidentale, particulièrement la France, le schéma utilisé par le Kremlin pour arriver à ses fins est tout sauf acceptable.

« Nous serions naïfs de ne pas nommer la présence hybride de la Russie en Afrique qui passe par le développement de la propagande. La Russie a diffusé beaucoup de fausses informations à travers ses médias Russia Today et Sputnik que nous venons d’interdire en Europe. Elle a complété son offre diplomatique par les interventions de la milice Wagner. Ce que nous avons vu ces dernières années en Centrafrique et au Mali est très préoccupant parce que ce ne sont pas des coopérations classiques », a indiqué Emmanuel Macron.

Sans prendre de gants, le locataire de l’Élysée a attaqué la Russie qui, selon lui, soutient « des pouvoirs politiques affaiblis ou des juntes qui n’ont aucune légitimité politique
en échange d’une captation des matières premières et souvent avec des exactions documentées par la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies ».

Interpellé sur le renouvellement pour cinq ans de l’accord de défense liant la Russie au Cameroun, le président Paul Biya a pour sa part souligné que Yaoundé et Moscou entretiennent « des relations diplomatiques anciennes ».

Pour gagner des points dans la bataille sécuritaire, la France s’engage auprès des pays du centre de l’Afrique, autour du bassin du Lac Tchad, touchés par le jihadisme. « En Afrique, nous n’avons pas seulement livré des armes. Nous avons aussi envoyé des troupes à la demande du Mali pour la défense de sa souveraineté. Si aujourd’hui, il n’y a pas là-bas un khalifat territorial, c’est parce qu’il y a eu l’Armée française (opération Serval puis Barkhane). Des dizaines de nos enfants sont morts en Afrique pour lutter contre le terrorisme », a rappelé le successeur de François Hollande.

Même son de cloche au Bénin 

Ce mercredi, au Palais de la Marina, à Cotonou, en compagnie du président Patrice Talon, Emmanuel Macron a encore parlé de « l’engagement historique de la France dans la lutte contre le terrorisme aux côtés des Africains ».

Pour le cas spécifique du Bénin, qui subit des attaques dans sa partie Nord frontalière du Burkina, la France « s’inscrira en appui aux stratégies de développement des zones les plus vulnérables et les plus exposées aux tentatives d’implantation des groupes terroristes. Conformément à la réorganisation sécuritaire que nous avons adoptée à l’échelle de la région, nous serons au rendez-vous pour répondre à vos demandes en termes de formation, de renseignement et d’équipement », a précisé Macron.

Dans cette dynamique, a-t-il promis, « les pickups, les équipements de déminage, les gilets pare-balles, les équipements de vision nocturne demandés par le Bénin seront livrés incessamment. Pour les drones de surveillance et autres, nous allons avancer dans les prochaines semaines ».

Au plan régional, la France salue l’Initiative d’Accra lancée en septembre 2017 par le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo en réponse à l’extrémisme violent. « Je me rendrai disponible pour assister à une réunion des pays qui la composent. La philosophie de la présence française repose au fond sur deux principes clés : nous intervenons en soutien et sur demande. Mais la réponse militaire doit s’accompagner de politiques de développement », a affirmé Emmanuel Macron.

Après le Cameroun et le Bénin, le dirigeant français sera reçu jeudi matin en Guinée-Bissau par Umaro Sissoco Embaló, actuel président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Frontière ivoiro-burkinabè: un dialogue communautaire à Laléraba

La rencontre a réuni des populations vivant le long de la frontière entre les deux pays.Les conflits armés et la cohésion sociale étaient, mardi 26 juillet 2022, au menu d’un dialogue communautaire à Laléraba, un village de l’extrême nord ivoirien, à la frontière avec le Burkina Faso, pays voisin éprouvé par le terrorisme.

Les échanges des populations transfrontalières ont regroupé, d’un côté des jeunes et de l’autre, des femmes, dans une même salle, pour discuter des défis liés à la violence imputée aux groupes jihadistes et du renforcement de la cohésion sociale.

Les commissions nationales des frontières de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso ont mobilisé les communautés transfrontalières pour cet événement, financé par le système des Nations unies pour renforcer la gouvernance des zones frontalières afin de consolider la cohésion sociale et prévenir les conflits.

Un match amical de football entre les jeunes des villages frontaliers s’est tenu à Laléraba. Il a été interrompu par une forte pluie, alors que l’équipe burkinabè menait (1-0). Cette rencontre sportive et les échanges entre les populations ont meublé la première journée de cet événement qui se tient sur deux jours.

Pour Marc Vincent, représentant du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en Côte d’Ivoire, l’évènement se tient en prélude au lancement officiel du Projet transfrontalier dénommé « Renforcer la gouvernance des zones frontalières pour consolider la cohésion sociale et prévenir les conflits ».

Ce projet, d’un coût global de 4 millions de dollars US, soit plus de 2,6 milliards FCFA, s’étend sur la période allant janvier 2022 à décembre 2023. Il est financé par le Fonds des Nations unies pour la consolidation de la paix (PBF) et vise à réduire la vulnérabilité des populations des zones frontalières face aux dynamiques évolutives de conflits en lien avec la crise au Sahel.

Le projet vise également à renforcer la cohésion sociale, la sécurité et la résilience des populations. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso partagent 620 Km de frontières et des liens culturels, ethniques et économiques, avec des défis identiques en termes de déficit de gouvernance des zones frontalières, combinés à une gestion complexe des conflits fonciers.

Ces défis exposent ces régions frontalières à l’influence et à l’impact de la crise sécuritaire au Sahel avec la menace des groupes armés non étatiques (GANE), dont le mode opératoire vise à fragiliser davantage les services de l’État dans des zones reculées (attaques contre les postes de police, gendarmerie, forces de défenses).

Parlant au nom du Secrétariat exécutif de la Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire (CNFCI), dont il est le Coordonnateur technique chargé des contentieux, des affaires juridiques et de la coopération transfrontalière, Oyewole Nuridine, s’est félicité de ce projet qui vient favoriser davantage le brassage entre ces peuples et consolider la fraternité et les liens séculaires.

« C’est vrai que nos pays sont délimités par une frontière, mais ce sont les mêmes peuples qui vivent de part et d’autre. C’est pourquoi, notre rôle est de faire en sorte qu’à travers la coopération transfrontalière, nous puissions consolider la paix, créer une cohésion sociale, mais surtout permettre à ce que nos zones frontalières soient des espaces de paix et de développement », a soutenu M. Nuridine.

Au cours des échanges, les jeunes ont soulevé la question du manque d’emplois qui favorise la poussée terroriste dans la région. Quant aux femmes, notamment celles du Burkina Faso, elles ont relevé la problématique de l’entrepreneuriat et la peur de représailles de la part d’habitants qui sont de connivence avec les groupes armés.

Ce qui fait dire à Mme Mariam Kam, la Secrétaire générale de la Coordination départementale des femmes Gnangologo, au Burkina Faso, à souligner qu’au niveau de « l’ambiance et l’amour, il n’y a pas de différence entre ces deux pays, tout va bien entre le Burkina et la Côte d’Ivoire ».

A cause du terrorisme, « nous avons la peur au ventre. Ça tire de partout et chaque jour. Nous avons des déplacés internes », a-t-elle déploré.

Centrafrique : l’Onu évoque des « crimes de guerre » à Boyo en 2021

L’Organisation des Nations unies (Onu) évoque des « crimes de guerre » à Boyo en 2021 et accuse les forces armées centrafricaines.L’Onu accuse l’armée centrafricaine « d’avoir armé les miliciens » qui ont attaqué le village de Boyo, situé à 120 km de Bambari dans la Ouaka, au centre de la République centrafricaine.

« Du fait de leur connaissance de la région, les recrues locales, formées et guidées par des membres des forces armées de la République centrafricaine et des sociétés militaires privées étrangères, se sont rendues à pied dans le village reculé de Boyo et ont pu identifier leurs victimes », a déclaré un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Dans leur réponse officielle au rapport de l’Onu, les autorités centrafricaines ont affirmé que le lien avec les forces gouvernementales « n’est pas corroboré par des éléments de preuve ».

Boyo a été le théâtre d’une attaque meurtrière en 2021. En effet, des « atrocités » y ont été commises par des miliciens anti-balaka sur les 24 villages et près de 4.500 habitants qui y vivaient paisiblement.

Les miliciens venant de Tagbara ont pris d’assaut la localité et commis des atrocités contre la communauté musulmane, perçue comme soutenant un groupe armé engagé dans la lutte contre le gouvernement.

Le bilan fait état de 13 personnes tués à Boyo-centre et 51 personnes aux alentours. 547 maisons ont été détruites, et des centaines de personnes ont fui vers Bambari, Bria et même Bangui ».

Selon le Haut-Commissariat, l’attaque de Boyo confirme une tendance documentée par la mission de l’Onu en Centrafrique (MINUSCA) « selon laquelle des entreprises militaires privées étrangères, opérant sous la direction ou avec le consentement des autorités gouvernementales, utilisent des mandataires pour perpétrer des attaques contre la population civile ».

Ethiopie: une soixantaine de jihadistes neutralisés

Les combattants d’al-Shabab tentaient de pénétrer dans deux villages éthiopiens.Les forces spéciales éthiopiennes stationnées dans la région de Somali ont éliminé 63 insurgés jihadistes affiliés au mouvement al-Shabab. Selon le bilan rendu public par Addis-Abeba, plusieurs autres combattants terroristes ont été blessés.

Des sources qui se sont confiées à APA indiquent que les combattants d’al-Shabab ont tué 17 personnes (civils et policiers éthiopiens) la semaine dernière.

Des groupes liés aux insurgés ont attaqué, le 20 juillet dernier, les villages de Yeed et Aato après que leur commandant a été tué par l’armée éthiopienne.

Ce mouvement jihadiste avait tenté, dans le passé, d’attaquer l’Éthiopie par la région de Somali, mais n’avait pas réussi à s’infiltrer dans la zone jusqu’à l’attaque de mercredi dernier.

Mali : la tension diplomatique monte entre Bamako et l’Onu

Les relations entre Bamako et l’Organisation des Nations unies (Onu) sont devenues tendues après l’expulsion du porte-parole de la Minusma François Olivier Salgado.Le secrétaire général adjoint de l’Onu pour les opérations de paix, le Français Jean-Pierre Lacroix, est attendu à Bamako du 24 au 28 juillet au Mali,

L’Organisation onusienne a jugé nécessaire de dépêcher son chargé de maintien de la paix dans un contexte de tensions avec Bamako pour aplanir les divergences.

Au cours de cette visite de quatre jours, Jean-Pierre Lacroix s’entretiendra avec la pouvoir militaire en place sur la prolongation d’un an du mandat de la Minusma, la force militaire de l’Onu déployée au Mali depuis 2013.

D’autres sujets seront sur la table, car cette visite du haut responsable de l’Onu, intervient dans un contexte de malentendus entre les autorités de la transition et la Minusma.

 En effet, le Mali a ordonné le 21 juillet, l’expulsion du porte-parole de la Minusma François Olivier Salgado, pour avoir posté sur le réseau social Twitter des « informations inacceptables » au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako le 10 juillet.

Le 14 juillet dernier, les militaires ont annoncé la suspension de toutes les rotations militaires et policières de la Minusma. Le pouvoir malien avait jugé nécessaire de tenir une « réunion » entre les deux parties pour « faciliter la coordination et la réglementation » de ces rotations.

Un imbroglio qui avait poussé L’Egypte qui compte 1.035 soldats à la Minusma à suspendre sa participation début août. 

Le pouvoir de Bamako a désormais mis des gardes fous  qui réduisent fortement la liberté d’action de la Minusma. Dorénavant, la force onusienne devra obtenir le feu vert de Bamako pour enquêter sur d’éventuelles violations des droits humains au Mali.

Une nouvelle donne qui est « incompatible » avec le mandat de la Minusma, qui s’accompagne d’une liberté de mouvement, selon l’Onu.

Un épisode de plus dans les accrocs diplomatiques entre Bamako et les différents protagonistes dans cette lutte contre le Jihadisme dans le Sahel. 

Mali : Assimi Goïta échappe à une « attaque terroriste »

Des explosions et des tirs nourris ont été entendus à l’aube au camp militaire de Kati à 15 kilomètres de Bamako, où vit le président de la transition malienne.Une déflagration a retenti ce vendredi vers 5 heures du matin dans la ville de garnison de Kati. L’attaque a ciblé le camp militaire de Kati, siège de l’armée malienne et qui sert en même temps de résidence au président malien Assimi Goïta.

Au moment de l’attaque, le chef de l’Etat malien se trouvait dans la garnison de Kati, bien sécurisée par une unité d’élite de l’armée. Par contre, son ministre de la Défense Sadio Camara se trouvait au camp militaire où des combats violents ont opposé l’armée malienne et des jihadistes.

L’armée malienne dans un communiqué, indique avoir repoussé « vigoureusement une attaque terroriste contre la caserne de Kati ». Les Forces armées maliennes évoquent une attaque qui s’est déroulé aux environs de 5 heures du matin menée par « deux véhicules piégés bourrés d’explosifs ».

Le JNIM 

Difficile d’en savoir davantage sur la nature des combats, mais l’armée malienne donne un bilan provisoire de « deux assaillants neutralisés ».

L’attaque pourrait être l’œuvre du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) qui s’est décrit comme la branche officielle d’al-Qaida au Mali. En 2017, la branche saharienne d’al-Qaida au Maghreb islamique, al-Mourabitoun, Ansar al-Dine et le Front de libération du Macina se sont réunis pour former le JNIM.

Le JNIM multiplie les attaques au Mali. En juin, les jihadistes de la katiba du Macina avait froidement tué 132 civils. Le massacre s’était produit dans plusieurs villages de la commune de Diallassagou, dans le cercle de Bankass

Dans son communiqué, Le Chef d’Etat-major Général des Armées du Mali, rassure les populations de vaquer à leurs occupations habituelles. « La situation est sous contrôle et le ratissage est en cours pour débusquer les auteurs et leurs complices selon un communiqué l’armée », ajoute le document.

« L’Afrique a les moyens de faire face aux défis qui l’assaillent » (Diplomate)

Durant deux jours, la sécurité en Afrique réuni des experts africains et étrangers dans la capitale marocaine.L’Afrique peut se prendre en charge et faire face aux défis de tous genres qui l’assaillent. C’est la conviction de l’ambassadeur Fouad Yazourh, directeur de la Coopération internationale au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Etranger.
« Les défis sécuritaires sont préoccupants, mais le potentiel africain est plus important », a souligné le diplomate marocain qui prenait part à l’ouverture, mercredi 20 juillet, à Rabat, de la 6e conférence annuelle sur la Paix et la Sécurité Afrique  organisée durant deux jours par le Policy Center for the New South, un think tank marocain parmi les plus influents en Afrique.

Selon le haut diplomate marocain , pour faire face à ces défis, « l’Afrique doit profiter de son potentiel, structurer sa politique loin de tout dogmatisme pour construire son avenir ».
« C’est un continent qui a un potentiel agricole, qui peut se nourrir lui-même et qui peut nourrir une bonne partie du monde », rappelle Yazourh, mettant en lumière la jeunesse du continent dont 65% de la population est âgée de moins de 25 ans.
« Seulement, il faut que les politiques suivent cette dynamique. Il faut abandonner le dogmatisme. Il faut abandonner le populisme et les discours qui ne tiennent plus la route et aller vers la construction », prêche-t-il.

Admettant que l’Afrique fait l’objet de convoitise, Fouad Yazourh a cependant précisé que « le Maroc ne cherche pas le leadership pour s’ériger en puissance ». « Il agit avec les pays frères d’une façon structurée, d’une façon solidaire et dans une interaction continue », soutient le diplomate.

Pour le directeur général de la Coopération internationale au ministère des Affaires étrangères, « le Maroc est à l’écoute de l’Afrique ».
« Nous ne comprenons pas notre stabilité ni notre développement en dehors de notre continent d’appartenance. C’est pourquoi nous partageons nos expériences avec toute l’Afrique et nous souhaitons apprendre de l’Afrique toute expérience heureuse et l’intégrer dans notre politique », ajoute-t-il.

Le porte-parole de la Minusma a 72 heures pour quitter le Mali

Olivier Salgado a trois jours pour quitter le territoire malien. Nouveau point d’achoppement entre le gouvernement de transition et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Dans un communiqué diffusé ce mercredi 20 juillet 2022, le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a invité Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma « à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures ».

En réponse à ce communiqué, la Minusma en prenant acte de cette décision va continuer à œuvrer en appui à la paix et à la sécurité au Mali.

« Cette mesure fait suite à la série de publications tendancieuses et inacceptables de l’intéressé sur le réseau social Twitter déclarant, sans aucune preuve, que les autorités maliennes auraient été préalablement informées de l’arrivée des 49 militaires ivoiriens par vol civil l’aéroport international Président Modibo Keïta, le dimanche 10 juillet 2022 », lit-on dans la note.

Le gouvernement malien note aussi que la demande officielle qu’il lui a adressée à travers sa hiérarchie depuis le 12 juillet 2022 de fournir la preuve des affirmations contenues dans son tweet, ou au cas contraire, de porter la rectification nécessaire, dans la même forme, « est restée sans suite ».

Tout en réitérant sa disponibilité constante à maintenir le dialogue et à poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux […], le département ministériel dirigé par Abdoulaye Diop fait savoir qu’il « ne saurait passer sous silence ces agissements qui portent atteinte au partenariat avec la Minusma et d’autres partenaires ».

Idelette Bissuu avec APA

 

Rabat : Le chef d’état-major des forces de défense israéliennes s’entretient avec des responsables marocains

Le ministre délégué chargé de l’administration de la défense nationale, Abdelatif Loudiyi a reçu, mardi à Rabat, le Général de Corps d’Armée Aviv Kohavi, Chef d’Etat-Major des Forces de Défense israéliennes, en visite de travail au Maroc, à la tête d’une importante délégation.Cette visite vient consolider la coopération bilatérale engagée par la signature de l’accord tripartite Maroc-USA-Israël, le 22 décembre 2020, suivie par la signature, le 24 novembre 2021, du Mémorandum d’entente dans le domaine de la coopération de défense par le ministre de la défense israélien et le ministre délégué chargé de l’ADN, indique un communiqué de l’État-major général des Forces Armées Royales (FAR).

M. Loudyi a mis en exergue l’engagement constant en matière de gestion des défis sécuritaires, de la crise migratoire, de la pandémie du Covid-19 et de déploiement de nombreuses initiatives en faveur du rapprochement des peuples pour servir les objectifs de paix et de stabilité au Moyen-Orient, poursuit la même source.

Dans ce sillage, Le Chef d’Etat-Major des Forces de Défense Israéliennes a saisi cette occasion pour saluer le rôle important joué par le Maroc en tant qu’acteur de stabilité et de paix en faveur du continent africain et au Moyen-Orient.

Dans le volet de la défense et dans la perspective d’instauration des bases de notre industrie de défense, M. Loudyi a affirmé l’intérêt à monter conjointement des projets industriels de défense au Maroc, souligne le communiqué.

Tout en se félicitant de la qualité et du dynamisme caractérisant la coopération militaire bilatérale, les deux responsables ont réitéré leur ambition et leur volonté communes de consolider ces relations pour servir les objectifs de paix et de stabilité de notre région.

Dans la même journée, le Général de Corps d’Armée, Inspecteur Général des FAR et Commandant la Zone Sud, a reçu, le Général de Corps d’Armée Aviv Kohavi, Chef d’Etat-Major des Forces de Défense israéliennes.

Au cours de leurs discussions, les deux responsables militaires ont exprimé leur satisfaction du niveau atteint par les relations maroco-israéliennes, concrétisée par l’échange d’expériences et d’expertise et la participation à des exercices d’entraînements communs notamment, la participation récente de l’armée israélienne à l’exercice militaire multilatéral African Lion 2022, organisé par le Maroc et les USA.

Cette visite traduisant l’excellente coopération militaire maroco-israélienne, a par ailleurs permis d’examiner les opportunités de développer davantage les axes de cette coopération portant principalement sur la formation, le transfert de technologie ainsi que sur le partage d’expériences et d’expertises entre les FAR et les Forces armées israéliennes, conclut la même source.

Militaires ivoiriens arrêtés à Bamako : Lomé pour lever l’incompréhension

Le Togo offre sa médiation pour le règlement de l’affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali.La voix de la raison est-elle en train de résonner dans le différend opposant le Mali à la Côte d’Ivoire à propos de l’arrestation des 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako, dimanche 10 juillet ? C’est une possibilité après la visite effectuée à Bamako, lundi 18 juillet, par le ministre togolais des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur.

Au cours de son tête-à-tête avec le professeur Robert Dussey, le Colonel Assimi Goita, président malien de la transition, « s’est dit ouvert au dialogue et disposé à œuvrer, conformément à l’esprit de fraternité et d’excellentes relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, à un dénouement heureux de cette situation des 49 soldats ivoiriens arrêtés, y compris par voie diplomatique, dans le strict respect de la souveraineté du Mali ».

« Le président de la transition a souhaité que le Togo mène une mission de bons offices entre les parties concernées », a indiqué le communiqué conjoint publié au terme de cette rencontre.

Cet appel à Lomé pour réconcilier Abidjan et Bamako « n’est pas une surprise » pour l’analyste politique ivoirien, Yannick Houphouët Kouablan. « Pour mémoire, le Mali avait également sollicité l’appui du Togo en vue de faciliter les discussions avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans l’optique de la levée des sanctions imposées par l’institution régionale », rappelle-t-il.

En mai 2022, le ministre malien des Affaires étrangères et son homologue togolais avaient annoncé que le président Faure Gnassingbé avait accepté de mener une mission de facilitation pour la levée de l’embargo de la Cedeao sur le Mali.

Le chef de l’Etat togolais s’était dès lors investi en faveur d’un accord sur la durée de 24 mois que proposait Bamako, alors que l’institution régionale exigeait une échéance de 12 à 16 mois de transition. Quoi qu’on puisse dire, la mission de facilitation n’a pas été un échec. La preuve, le 4 juillet dernier, la Cedeao a accepté les 24 mois de transition. Par conséquent, les sanctions économiques et financières contre le Mali ont été levées lors de la 61e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao tenue à Accra, la capitale du Ghana.

Le même jour, le gouvernement malien avait « chaleureusement » remercié le président du Togo, Faure Gnassingbé, pour ses « efforts inlassables ayant permis d’arriver à un accord ».

Dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés par Bamako, de quel atout dispose Lomé pour concilier les deux parties ? « Acteur entretenant de bons rapports avec les différentes parties impliquées dans l’affaire, le Togo apparaît ainsi comme un acteur de choix afin de régler par la voie diplomatique ce différend opposant la Cote d’Ivoire et le Mali », analyse Yannick Houphouët Kouablan, qui rappelle que le président togolais s’était déjà rendu en avril dernier à Abidjan pour plaider le cas du Mali auprès du président Alassane Ouattara.

Lors de son audience du lundi 18 juillet avec le Colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne, le chef de la diplomatie togolaise a « réaffirmé la disponibilité du président Faure Gnassingbé à poursuivre son appui à la transition » et à « aider à la résolution de cette situation ».

Dimanche 10 juillet, 49 soldats ivoiriens sont arrêtés à l’aéroport de Bamako. Ils sont considérés par le gouvernement de transition comme « des mercenaires dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali et du retour à l’ordre constitutionnel ». Ils ont été mis à la disposition de la justice.

Mardi 12 juillet, le Conseil national de sécurité ivoirien s’est réuni sous la présidence d’Alassane Ouattara et a demandé la libération « sans délais » de ces militaires qui, selon la version d’Abidjan, « sont des éléments nationaux de soutien », « un mécanisme de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes dans le cadre des missions de maintien de la paix ». A ce titre, ils devaient assurer la sécurité de la base logistique de la compagnie aérienne Sahel Aviation Service (SAS).

Nigéria : l’armée neutralise cinq terroristes

Le quartier général des Forces de défense nigériane a également récupéré une cache d’armes lors d’opérations distinctes dans les Etats de Benue et de Katsina, dans le nord du pays.Le Directeur des opérations médiatiques de la défense, le Major général Bernard Onyeuko, a déclaré que l’opération Whirl Stroke, menée le 15 juillet 2022, a permis également d’éliminer trois bandits lors d’un raid à Chito, dans l’État de Benue.

Il a expliqué que le raid a été mené sur la base de renseignements crédibles et que les bandits ont engagé les troupes dans une bataille féroce, mais ont été maîtrisés par la puissance de feu supérieure des troupes.

Selon lui, les troupes d’une autre opération Hadarin Daji ont éliminé, lors d’une opération spéciale le 17 juillet, deux terroristes dans le village de Falalen-Jaja, dans l’État de Katsina.

Le Major général Bernard Onyeuko a expliqué que les troupes ont récupéré, entre autres, deux fusils AK 47, deux chargeurs, 16 cartouches de munitions spéciales de 7,62 mm, six motos, deux téléphones portables et des paquets de tramadol.

Terrorisme : Paris annonce un nouvel «agenda de sécurité» en Afrique

Le nouveau ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé samedi à Abidjan la construction d’un « agenda de sécurité » face au terrorisme en Afrique, notamment dans la bande sahélo-saharienne.M.  Sébastien Lecornu s’exprimait, à l’issue d’une séance de travail avec le ministre d’Etat, ministre de la Défense de Côte d’Ivoire, Téné Birahima Ouattara, à son Cabinet au Plateau, le centre des Affaires d’Abidjan.  Il s’est ensuite entretenu avec le président Alassane Ouattara.

 Il a dit avoir évoqué « la lutte contre le terrorisme, ce que les forces françaises ont accompli avec les forces Serval et Barkhane au Mali et dans l’ensemble de la zone, (ce qui) est évidemment clé pour apporter des réponses (sécuritaires) importantes ».

 « On rentre désormais dans un nouvel agenda qu’il va nous falloir travailler. Cet agenda, nous allons le co-construire avec les principaux pays amis (…) dans cette zone », a indiqué M. Sébastien Lecornu.

 Cet agenda va « se déployer en matière de réflexion sur le renseignement, l’interopérabilité sur nos forces armées, sur le rôle aussi des unités françaises quand elles sont positionnées dans un pays comme la Côte d’Ivoire qui est un peu la vitrine de ce que nous souhaitons développer ».

 « C’est un agenda qui, ensuite, va nous permettre avec le président de la République, Emmanuel Macron, aussi d’avoir une position plus européenne (singulièrement avec les homologues de la Méditerranée, Grec, Italien, Espagnol) », a-t-il poursuivi.

 Le ministre français des Armées a fait observer que l’agenda devrait être connu « pour l’automne et la fin de l’année, mais c’est un semestre de travail qui s’ouvre ». Il a confié avoir déjà eu une séquence de travail avec M. Birahima en marge du salon d’armement Eurosatory à Paris.

 

« Je m’étais engagé avec le ministre que lors de ma première tournée en Afrique, en tant que nouveau ministre des Armées de venir en Côte d’Ivoire (…) au regard de la maturité de notre coopération en matière de défense », a-t-il poursuivi.

 Cet agenda de sécurité en Afrique sera accentué notamment sur « la bande sahélo-sahélienne de manière globale (…) tout autour du Mali », a fait savoir le ministre français des Armées, M. Sébastien Lecornu.

 Selon M. Lecornu, il y a « de plus en plus, une sorte de myopie en Europe et en France, où la guerre en Ukraine mobilise l’ensemble des concentrations, des intentions et des énergies. Mais, pour autant, il ne faut pas oublier l’actualité de sécurité et aussi de développement en Afrique ».

 Pour sa part, le ministre d’Etat, ministre de la Défense de Côte d’Ivoire, Tené Birahima Ouattara, a mentionné avoir parlé avec son homologue des questions liées au terrorisme, au trafic de la drogue, la piraterie maritime et le mode opératoire pour enrayer ces fléaux dans la sous-région.

La France étant un partenaire de longue date en matière de coopération sécuritaire, M. Tené Birahima Ouattara s’est félicité de ce que « de plus en plus, la France déploie des moyens importants pour aider la Côte d’Ivoire à faire face à ces fléaux qui minent la sous-région ». 

 Les Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI) sont basées à Port-Bouët, une cité balnéaire, dans le Sud d’Abidjan. Avant son entrevue avec son homologue ivoirien, M. Sébastien Lecornu s’est rendu dans le camp des soldats français présents dans le pays depuis des décennies.

Le FPI demande à Bamako la « libération des 49 militaires » ivoiriens

Le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) qui demande par ailleurs à l’Etat de Côte d’Ivoire de privilégier la voie diplomatique dans cette affaire, selon un communiqué parvenu à APA.« Le FPI demande la libération des 49 militaires, nos concitoyens, détenus au Mali, exprime sa solidarité avec leurs différentes familles et reste saisi du dossier », indique le communiqué signé de son secrétaire général et porte-parole, Issiaka Sangaré.

Le parti de l’ex-Premier ministre Affi N’Guessan dit suivre « avec beaucoup d’attention le déroulement du dossier des 49 militaires ivoiriens détenus au Mali et encourage le gouvernement à privilégier l’axe de la diplomatie dans la quête de solutions pour le dénouement heureux et diligent de cette affaire ». 

Le dimanche 10 juillet 2022, 49 militaires ivoiriens ont été arrêtés, en début d’après-midi, à l’aéroport international de Bamako. Ces soldats ont été présentés par les autorités maliennes, lundi, comme des mercenaires.

Le mardi 12 juillet 2022, le gouvernement ivoirien a réagi, à travers le Conseil national de sécurité (CNS) qui a produit un communiqué en indiquant qu’il s’agit de « militaires régulièrement inscrits dans l’effectif de l’Armée ivoirienne qui se trouvent au Mali ». 

Selon l’Etat ivoirien ces soldats interviennent dans le cadre des opérations des Eléments Nationaux de Soutien (NSE) » et que « la présence de ce détachement des Eléments NSE est conforme aux mécanismes des missions de maintien de la paix et est bien connu des autorités maliennes ».

Malgré les éclairages apportés par les autorités politiques et militaires ivoiriennes ainsi que les appels à la libération des prisonniers, les autorités maliennes campent sur leur position invoquant que la présence des militaires ivoiriens ne saurait se justifier.

Jihadisme : l’inquiétante expansion de l’Etat islamique en Afrique

De janvier à juin 2022, l’Etat islamique en Afrique occidentale a mené 305 attaques.Une démonstration de force. Ce sont les mots de Wassim Nasr, journaliste de France24 et spécialiste des mouvements jihadistes, pour qualifier l’attaque du 5 juillet contre la prison de Kujé, à la porte d’Abuja, capitale fédérale du Nigeria.

Cette nuit, les insurgés de la province de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) ont lancé une « attaque coordonnée sur trois fronts » contre ce centre pénitencier où étaient incarcérés des jihadistes pendant plus d’une dizaine d’années. Au terme de cette opération très audacieuse qui a duré 50 minutes selon l’agence de propagande de l’Etat islamique, entre 600 et 900 prisonniers ont été libérés, parmi eux, des cadres du groupe jihadiste au Nigeria. Le porte-parole du service correctionnel nigérian, Umar Abubakar, a reconnu trois décès dans les rangs des forces loyalistes, deux policiers et un garde pénitentiaire.

Ce raid qui constitue, selon Rida Lyammouri, chercheur sénior au Think tank marocain, Policy Center for the New South (PCNS), « le premier revendiqué par l’Etat islamique (EI) dans la capitale et le plus sophistiqué en dehors de son habituelle zone d’intervention du nord-est » du Nigeria, n’est que l’illustration de l’ascension fulgurante du groupe jihadiste en Afrique ces dernières années.

En juin 2014, le « Califat » a été proclamé par Abou Mohamed Al Adnani, porte-parole d’alors de l’Etat islamique. Les premières allégeances africaines à cette organisation jihadiste dirigée à ses débuts par l’Irakien Abou Bakr al Baghdadi datent de la même année, avec l’affiliation de « Jund al Khilafa » (Les soldats du Califat) en Algérie, « Majlis Choura Chababal Islam » (Conseil consultatif de la jeunesse islamique) en Libye et « Ansar Bait al Maqdis » (Les partisans de Jerusalem) en Egypte ».

L’année 2015 marque l’adhésion de la mouvance jihadiste de l’Afrique au sud du Sahara à cette cause. Au mois de mai, Abubakar Shekau qui a pris le contrôle de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, après le décès de son fondateur en 2009, fait son allégeance. Au Sahel, des membres d’Al Mourabitoune (Les almoravides), groupe jihadiste affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), décident de répondre à l’appel d’Al Baghdadi.

Montée en flèche des provinces africaines

A la faveur de la perte de ses territoires en Syrie et en Irak en raison de l’intervention de la coalition internationale constituée principalement de la France et des Etats-Unis d’un côté, et des alliés de la Syrie comme la Russie et l’Iran, d’un autre contre les jihadistes, l’Etat islamique accentue sa politique d’expansion vers les autres continents. C’est ainsi qu’en 2019, une nouvelle province voit le jour en Afrique centrale. Dans cette région, les Forces démocratiques alliées (ADF) originaires de l’Ouganda revendiquent leur première attaque en République démocratique du Congo (RDC) sous la bannière de l’Etat islamique en avril 2019. Deux mois plus tard, ils seront imités par « Ansar al Shabab » dans le nord du Mozambique, précisément dans la province du Cabo Delgado.

A partir de là, les activités du groupe jihadiste montent en flèche sur le continent africain. « Depuis trois ans, les provinces officielles de l’Etat islamique montent en puissance, particulièrement dans la région du Lac Tchad et du Sahel », explique Damien Ferré, directeur de la société Jihad Analytics, spécialisée dans l’analyse du jihad mondial et cyber. 

« Cela a d’abord été visible au niveau médiatique avec une attention particulière portée par le groupe sur les opérations dans ces deux zones, notamment via son magazine hebdomadaire +al-Naba+. A titre d’exemple, en 2021, +al-Naba+ a consacré 28 Unes sur 52 à l’Afrique, bien loin devant l’Irak qui reste pourtant la province officielle la plus active de l’Etat islamique », poursuit. M. Ferré dans un entretien avec APA. 

Selon ce spécialiste de l’Etat islamique, sur le plan des opérations militaires, le nombre d’attaques menées par le groupe a énormément augmenté sur les 36 derniers mois, particulièrement au Nigéria où on a progressivement vu la professionnalisation et la capacité de frappes de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO). « Mais, affirme-t-il, c’est également le cas au Sahel et au Mozambique où le groupe a même réussi à tenir une ville pendant plusieurs mois ». 

Quid des ADF ?

« Entre 2020 et 2022, des activités en lien avec les Forces démocratiques alliées (ADF) ont été signalées en dehors de la République démocratique du Congo, notamment en Ouganda où elles ont commandité plusieurs attentats à l’engin explosif improvisé et au Rwanda où une dizaine de personnes liées aux ADF qui préparaient des attentats à Kigali ont été arrêtées », relate Fiston Mahamba Wa Biondi, journaliste congolais et spécialiste de ce groupe jihadiste.

Il a repéré une professionnalisation du groupe depuis son allégeance à l’Etat islamique. « Les combattants des ADF se sont alignés et ont été actifs comme les autres mouvements internationaux lors des appels à l’action de l’Etat islamique. S’inscrivant dans cette démarche, les ADF ont mené la plus grosse opération de libération de prisonniers dont une centaine de leurs membres », analyse M. Biondi.

Au Mozambique, la même logique est suivie par Ansar Al Sharia qui, après l’offensive de mars 2021 qui lui a permis d’occuper pendant quelques jours la ville portuaire de Palma, à plus de 2000 kilomètres au nord-est de Maputo, s’est révélé comme une réelle menace pour la sécurité de cette partie du pays et des investissements étrangers dans le domaine des hydrocarbures. Au début, les autorités n’ont pas voulu faire appel à l’aide étrangère pour faire face aux insurgés. Ensuite, elles ont changé d’avis. Le Rwanda et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont envoyé des troupes pour combattre les jihadistes. Une stratégie payante sur le court terme car ayant permis de reprendre la ville de Mocimboa da Praia contrôlée pendant un an par les islamistes armés. Mais cela n’a pas mis fin à l’insurrection.

Les jihadistes sont juste retournés à leur jeu favori : la guérilla. Retranchés dans la brousse, ils multiplient les attaques contre les civils et ne vont au contact des forces armées que lorsqu’ils sont assurés d’en sortir victorieux. Cette capacité de résilience va leur valoir d’être érigés en province à partir de mai 2022, après une offensive contre l’armée mozambicaine à Quiterajo, dans la ville de Macomia, à 2400 kilomètres au nord-est de Maputo. Jusque-là, le groupe était rattaché à la province d’Afrique australe placée sous l’autorité du jihadiste Congolais, Musa Baluku. « Ce qu’on peut observer, c’est que depuis ce moment-là, il y a quand même des changements intéressants. Ce n’est pas tant en termes de tactique et de capacités sur le terrain, mais en termes de propagande. On a eu pour le mois de juin seulement, vingt-deux (22) revendications, ce qui est complètement inédit pour le Mozambique », avance une source sécuritaire.

La filiale sahélienne de l’Etat islamique qui était jusqu’à mars 2022, un démembrement de la province d’Afrique occidentale, a eu droit au même traitement, couvrant au moins trois pays, le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Malgré la mort de son émir, Adnan Abou Walid al Sahraoui, dans une opération menée au mois d’août 2021 par l’Armée française dans le nord-est du Mali, non loin de la frontière avec le Niger, le groupe jihadiste tente de refaire surface au moyen d’une série d’attaques contre des civils et des mouvements touaregs pro-gouvernementaux. 

Dans la nuit du 11 au 12 juin, la ville de Seytenga, dans la province de Séno, à 276 kilomètres au nord-est de Ouagadougou a été la cible d’une attaque attribuée aux jihadistes de l’Etat islamique. Le bilan officiel fait état de 79 victimes civiles. Cet assaut macabre a aussi occasionné le déplacement de plus 16.000 personnes à l’intérieur du Burkina Faso.

Hommages et appels à la « hijra »

Quant à l’Etat islamique en Afrique occidentale, il a été, selon un décompte de Jihad Analytics, à l’origine de 305 attaques de janvier à juin 2022. Ce qui fait de cette province la plus active derrière l’Irak qui totalise 337 attaques. Jusqu’au mois d’avril, c’est le Nigeria qui était la province la plus dynamique en menant au total 162 attaques, devançant l’Irak de 38 points. 

« Pour la première fois de l’histoire du groupe jihadiste, l’Irak n’est plus le pays où l’Etat islamique revendique le plus grand nombre d’opérations », avait relevé Damien Ferré sur Twitter. 

Ces « performances » ont valu aux jihadistes africains des hommages de leurs « frères » des autres provinces. « Il est possible qu’en conséquence qu’il y ait un nombre accru de partisans étrangers de l’EI qui tentent de rejoindre les provinces africaines…», prédit-il.  Des appels sont déjà émis dans ce sens.

Chargé de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS), Vincent Foucher rappelle le sens de ce thème dans l’islam militaire. « C’est un appel à se détacher de la société normale pour rejoindre les vrais croyants », explique ce spécialiste de la section lacustre de l’Etat islamique. 

« Les nouveaux dirigeants de l’Etat islamique ont dû comprendre que le fait de déplacer le centre d’intérêt de l’Irak et de la Syrie de manière officielle serait bénéfique pour sa présence dans le monde entier », décrypte Tomasz Rolbiecki, analyste indépendant qui travaille sur la région du Lac Tchad. 

« A mon sens, cela a un double objectif : miser sur l’Afrique qui a un vrai potentiel de développement de l’EI, particulièrement dans les zones où il est déjà actif, et relâcher la pression sur la Syrie où le groupe est traqué et attend des jours meilleurs pour rebondir », ajoute Damien Ferré. 

Mais faudrait-il que ces appels du pied soient suivis d’effet comme ce fut le cas en 2015 après l’érection de Syrte, située à 400 kilomètres à l’est de Tripoli, en Libye, comme troisième capitale de l’organisation jihadiste, après Mossoul et Raqqa. « Les flux, s’il y en a, seront surtout régionaux et pas forcément si importants que ça », relativise Vincent Foucher qui, malgré tout, estime que « l’ascension des franchises africaines de l’EI est quand même laborieuse ». 

Mali : la fin de la Minusma est-elle proche ?

Les autorités maliennes ont annoncé la suspension des rotations de troupes pour le compte de la mission onusienne dans le pays.Faut-il compter les jours de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma) ? Après la décision de Bamako de ce jeudi 14 juillet 2022, cette possibilité n’est plus à écarter. Un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale informe de la suspension à compter de ce jour, de toutes les rotations des contingents militaire et policier de la Minusma. Cette mesure concerne aussi bien les rotations déjà programmées que celles qui ont été annoncées.

Pour justifier sa décision, le gouvernement malien invoque une « réunion de coordination entre les structures maliennes concernées et la Minusma » pour réglementer les rotations de la mission onusienne. L’objectif est de parvenir à « une gestion efficiente de la rotation des effectifs des contingents militaires et policiers déployés au Mali au compte de la Force onusienne ».

Cette décision intervient après l’arrestation, le 10 juillet dernier, de 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako. Ils sont accusés par le gouvernement malien d’être « des mercenaires dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali ». À cet effet, ils seront mis à la disposition de la justice pour d’éventuelles poursuites.

Les autorités ivoiriennes ont réagi en exigeant la libération de leurs ressortissants. Sous la présidence du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, le Conseil national de sécurité (CNS) s’est réuni le 12 juillet et a soutenu que ces militaires sont « régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne et se trouvaient au Mali dans le cadre des opérations des Éléments nationaux de soutien », « un mécanisme de soutien des Missions de maintien de la paix connu des autorités maliennes ».

Au-delà de cette brouille, certains observateurs voient, à travers cette nouvelle décision des autorités de la transition susceptible d’affecter essentiellement les pays ouest-africains dont les contingents sont bloqués depuis février 2022 au Mali en raison des représailles de Bamako aux sanctions économiques et financières de la Cedeao finalement levée le 3 juillet, une réelle volonté de mettre un terme à la mission onusienne au Mali dont le mandat a été renouvelé pour un an supplémentaire le 29 juin dernier par le Conseil de sécurité.

La nouvelle résolution votée par treize pays sur quinze contient un paragraphe imposant aux autorités maliennes de garantir à la Minusma une liberté de mouvement pour enquêter sur les violations des droits humains.

Quelques jours avant l’examen de la Résolution, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop rappelait que rien ne devrait plus être comme avant.

« Pour le Mali, il est essentiel que le mandat soit centré sur la protection des populations civiles et l’appui à l’établissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire », avait affirmé le chef de la Diplomatie malienne, invitant la Minusma à « prendre en compte la montée en puissance des forces de défense et de sécurité (maliennes), qui sont désormais en première ligne face aux groupes jihadistes ». Dans le même temps, il avait réitéré l’opposition du Mali à l’intervention de Barkhane pour le compte de la Minusma.

Mozambique: la SADC prolonge le mandat de sa force d’intervention

La force régionale au Mozambique compte 3.000 soldats.La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a prolongé le mandat de sa force d’intervention régionale qui soutient le Mozambique dans ses efforts visant à repousser les attaques de jihadistes de l’Etat islamique dans le nord du pays.

Dans un communiqué publié à l’issue d’un sommet extraordinaire de la troïka de sécurité de la SADC, qui s’est tenu le 12 juillet 2022 à Pretoria (Afrique du Sud), l’organisme sous-régional a annoncé la prolongation du mandat de sa Mission au Mozambique (SAMIM) au-delà du 15 juillet, date à laquelle il devait prendre fin.

« Le sommet a approuvé une prolongation provisoire du mandat de la SAMIM au-delà du 15 juillet 2022 afin de faciliter la poursuite de ses opérations, en attendant l’examen et la prise en compte d’un rapport complet sur la mission par le sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la SADC qui doit se tenir les 17 et 18 août 2022 en République démocratique du Congo », explique le communiqué.

La SAMIM a été déployée par la SADC en juillet 2021 à la demande du gouvernement du Mozambique qui lutte contre une insurrection jihadiste depuis octobre 2017.

Au moins huit pays de la SADC ont déployé des troupes pour cette force régionale forte de 3.000 membres. Il s’agit de l’Angola, du Botswana, de la RDC, du Lesotho, du Malawi, de l’Afrique du Sud, de la Tanzanie et de la Zambie.

La réunion de la troïka de la sécurité de la SADC a été présidée le chef de l’Etat du Malawi, Lazarus Chakwera. Elle a vu la participation du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, du président du Mozambique, Filipe Nyusi, et du président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

M. Ramaphosa préside l’Organe de la SADC chargé de la politique, de la défense et de la coopération en matière de sécurité.

Les soldats ivoiriens au Mali y sont pour le « compte de la Minusma » (armée)

L’armée ivoirienne soutient que ses 49 soldats arrêtés à Bamako par le gouvernement de la Transition au Mali, sont arrivés dans le pays pour le compte de la Minusma, la mission onusienne.« Nous avons été surpris ce matin par un commentaire d’une correspondante de RFI à New-York. Nous retenons que le porte-parole de la Minusma, M. Salgago, basé à Bamako, a déjà affirmé connaître l’existence de ce détachement de soutien national ivoirien basé à Bamako », a dit à la presse le colonel Guezoa Mahi Armand, conseiller aux opérations extérieures du chef d’Etat-major général des armées ivoiriennes.

« Quant à dire qu’ils ne sont pas enregistrés dans les fichiers de la Minusma, je voudrais indiquer que les éléments arrêtés, l’ont été à l’aéroport, dès leur arrivée et n’ont eu le temps d’accomplir aucune formalité administrative », a-t-il souligné.

Selon l’officier de l’armée ivoirienne, il est important, par contre, de relever « que tous leurs prédécesseurs ont toujours bénéficié du badge UN qui atteste de leur présence officielle et des décorations ONU au terme de leur mission ».

Ensuite, « les éléments de la section descendante ont été décorés le 10 juin dernier sur leur base à l’aéroport par le Commandant de la Force de la Minusma (et) peut-on trouver meilleure preuve de cette reconnaissance officielle ? », s’est-il interrogé.

Pour lui, « cela signifie clairement que ce détachement de soutien national existe régulièrement. Notre présence sur la base de Sahélien Aviation Service est fondée sur l’existence d’un contrat de services partagés ».

« Nous profitons d’une base logistique opérée par la société SAS, pour installer notre élément de soutien national aux côtés de plusieurs autres (Allemagne, Autriche, Belgique, Suède, Pakistan etc…) », a-t-il renchéri.

Il a expliqué qu’il s’agit de disposer d’une base logistique au profit de leurs personnels déployés au compte de la Minusma. Ce faisant, tous les équipements en direction de leurs détachements de Tombouctou et de Mopti ou devant être reversés à Abidjan pour maintien en condition, tous leurs milliers de personnels déployés au Mali dans le cadre de la Minsuma, transitent par cette base.

« Nous laissons le soin à la société SAS de confirmer l’existence de ce partenariat. Depuis 2019, nous en sommes à la 8ème rotation. En tout état de cause, conformément à ce partenariat, l’acheminement des personnels descendants et le déploiement de la relève ont été effectués par des avions de la SAS, avec les autorisations », a-t-il poursuivi.

« Le MOU signé avec l’ONU, nous autorise à détenir des armes pour nous protéger et protéger les installations qui nous abritent. Les détachements sont donc engagés avec leurs armements. Et, je vous rappelle qu’il s’agit de terrorisme au Mali », a-t-il fait savoir.

« Nous constatons néanmoins que le personnel du 7ème détachement en fin de séjour a été embarqué, plus tôt le matin, dans ce même aéroport, avec une partie de leurs armements, sans difficulté aucune », a-t-il fait remarquer.

S’il a existé un problème de communication en ce qui concerne le détachement immédiatement acheminé pour la relève, cela pourrait trouver solution autrement, a laissé entendre l’officier ivoirien.

« Toutes les preuves fournies à l’Etat malien par les autorités ivoiriennes, montrent qu’il s’agit de militaires ivoiriens en mission régulière, une opération de relève de routine. S’il est invoqué un problème de communication, celui-ci peut trouver une solution autrement », a -t-il dit.

Militaires ivoiriens au Mali: Abidjan dénonce une «banalisation» de ses institutions

La Côte d’Ivoire n’agrée le traitement fait du dossier de ses soldats arrêtés par Bamako.Le gouvernement ivoirien a dénoncé ce mercredi une « banalisation » de ses institutions à la suite de l’arrestation de 49 de ses soldats, encore aux mains des autorités maliennes.

« Il y a une forme (…) de banalisation de nos institutions qui ne saurait être acceptable », a déclaré son porte-parole, Amadou Coulibaly, à l’issue du Conseil des ministres.

Le Conseil national de sécurité (CNS) de Côte d’Ivoire, réuni hier mardi en session extraordinaire, sous la présidence du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a appelé à la libération « sans délai » des militaires arrêtés, dimanche 10 juillet, à l’aéroport de Bamako par les autorités maliennes qui les considèrent comme des mercenaires.

« Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, le Conseil de sécurité est l’instance suprême qui se prononce sur les questions sécuritaires », a précisé Amadou Coulibaly, ajoutant : « On ne pourrait comprendre qu’il soit mis en doute les conclusions de ce Conseil de sécurité si ce n’est que par ailleurs on veut chercher à analyser la parole de l’Etat ivoirien, (et) cela est inacceptable ».

Commentant cette situation, le porte-parole du gouvernement ivoirien a soutenu qu’« au Mali, ceux qui sont au pouvoir sont des militaires dont certains sont des forces spéciales, ils savent comment renverser un régime. Ce ne sont pas des touristes qui arrivent dans un aéroport (avec leur passeport qui vont renverser un régime) ».

Selon le Conseil national de sécurité de Côte d’Ivoire, ses militaires « injustement arrêtés » au Mali « sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne ». Il souligne que ces derniers se trouvaient au Mali dans le cadre des opérations des Éléments nationaux de soutien (NSE) et que leur présence est conforme aux mécanismes de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes en vertu d’une convention signée en juillet 2019 entre la Côte d’Ivoire et l’Organisation des Nations unies.

Ce soutien intervient « dans le cadre des missions de maintien de la paix et est bien connu des autorités maliennes », précise le CNS. C’est dans cette optique, poursuit-il, que des militaires ivoiriens sont présents à l’Aéroport de Bamako. Depuis 2019, sept contingents se sont relayés périodiquement sur ce site, sans aucune difficulté. Selon Abidjan, à son arrivée au Mali, le 10 juillet, dans le cadre de la 8e rotation, une copie de l’ordre de mission du contingent a été transmise aux autorités aéroportuaires maliennes pour attester de la régularité de la mission.

« Aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de minutions de guerre à sa descente de l’avion. Les armes du contingent, comme autorisées par les Nations unies pour la protection personnelle et les cas d’auto-défense et selon les procédures en la matière, se trouvaient dans un second avion », conclut la source.

Lutte contre le terrorisme: Niamey et Cotonou coopèrent

Les deux pays ont signé un accord de coopération militaire pour créer un outil plus efficace et plus performant contre le terrorisme.C’est désormais officiel ! Le Bénin et le Niger se mettent ensemble pour une coopération militaire plus étoffée, en termes de renseignement et de stratégies dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Frappés par le terrorisme, les deux pays ont signé, le lundi 11 juillet 2022 au Niger, un accord de coopération militaires. Le document a été paraphé par les ministres de la Défense nationale du Bénin et du pays hôte, rapporte un communiqué reçu ce mercredi à APA.

Selon Cotonou, en matière de lutte contre le phénomène djihadiste, le Niger a une grande expérience. Il constitue dans le Sahel, d’après le ministre béninois de la Défense nationale, une référence au sein des pays impactés par le fléau djihadiste.

« Cela fait dix ans que le Niger fait face à ce terrorisme, cela fait dix ans que le Niger s’est progressivement relevé et a dominé la situation », a déclaré Fortunet Alain Nouatin.

Cité dans un communiqué reçu ce mercredi à APA à APA, il a poursuivi : « La signature de cet accord marque l’entrée dans l’ère d’une coopération beaucoup plus étroite sur le plan défense et sécurité entre la République du Niger et la République du Bénin ».

Le Bénin à l’image de plusieurs autres pays côtier et du Sahel est confronté depuis quelques mois à des attaques djihadistes, de plus en plus récurrentes et souvent meurtrières. Ce qui a poussé le gouvernement du président Patrice Talon à multiplier les actions pour annihiler ces attaques pour la quiétude de ses populations.

Au cours de cette cérémonie de signature de l’accord, le Niger a promis de partager son expérience et son savoir-faire avec son « vieil ami, le Bénin ». Ce qui fait dire à son ministre de la Défense nationale, Alkassoum Indattou, que son pays « est disposé à faire tout ce qu’il faut pour qu’on puisse arriver à aider les autres pays à être résilients dans le combat contre le terrorisme ».

Militaires ivoiriens arrêtés au Mali : peut-on encore éviter le pire ?

Le bras de fer semble engagé entre Abidjan et Bamako dans l’affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali.L’arrestation, dimanche 10 juillet, de 49 militaires ivoiriens à l’aéroport de Bamako par les autorités maliennes qui les considèrent comme des mercenaires « dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali » a fait réagir Abidjan.

A l’issue du Conseil national de sécurité convoqué, mardi 12 juillet, sous la présidence du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, la Cote d’Ivoire exige la libération sans délai de ses soldats qui, selon sa version, sont des « Eléments nationaux de soutien (NSE) », un « mécanisme de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes dans le cadre des Missions de maintien de la paix ».

Cet échange est vu comme un début de brouille diplomatique entre les deux pays par un chercheur malien en sciences politiques qui s’en tient à la thèse du « malentendu ». « On peut penser que les procédures n’aient pas été suivies à la règle ou que des documents prévenant de l’arrivée de ces militaires n’aient pas été transmis à temps ou au bon endroit », explique-t-il.

Climat de méfiance 

Inscrit en master Défense et Sécurité au Centre de Recherche d’études politiques et stratégiques de l’université de Yaoundé 2 (CREPS) au Cameroun, Brice Anatole Minkoa soutient pour sa part que « depuis l’arrivée des militaires au pouvoir et surtout après le dernier coup d’Etat de mai 2021, les relations sont tendues entre le Mali et la Côte d’Ivoire ».

S’exprimant dans l’anonymat, un chercheur ivoirien et spécialiste du Sahel, confie à APA : « Depuis le coup d’Etat, le président ivoirien Ouattara est présenté comme un adepte de la ligne dure et à l’origine des sanctions économiques et financières de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre le Mali finalement levées dimanche 3 juillet 2022 ».

Notre interlocuteur invoque également le dossier Karim Keïta. En exil en Côte d’Ivoire après le renversement en août 2020 du régime de son défunt père, Ibrahim Boubacar Keïta, par les colonels qui gouvernent actuellement le Mali, Karim Keïta est visé par un mandat d’arrêt international émis en juillet 2021 par la justice malienne dans l’affaire dite du journaliste Birama Touré, porté disparu depuis 2016.

En novembre 2021, la tentative de saisie d’un appareil de la compagnie aérienne Air Côte d’Ivoire, sur le tarmac de l’aéroport de Bamako avait ravivé la tension, relevée d’un cran par la divulgation en février 2022 d’une conversation téléphonique attribuée au président Alassane Ouattara et à l’ex-Premier ministre malien, Boubou Cissé.

Dans cet élément sonore de cinq minutes partagé à satiété sur les plateformes numériques, il est prêté aux deux hommes d’Etat d’avoir cassé du sucre sur le dos de la junte qui tient les rênes du Mali.

Le parquet de la commune IV de Bamako s’était saisi du dossier et avait ouvert une enquête pour « atteinte ou tentative d’atteinte et complicité à la sureté intérieure et extérieure du Mali ». Cela avait fini par convaincre les plus sceptiques de la détérioration des relations ivoiro-maliennes. Pour autant, personne ne s’attendait à ce qui s’est produit dimanche dernier à l’aéroport de Sénou.

Reprendre en main sa souveraineté 

Il est important de rappeler que « cet incident se produit dans un contexte de volonté de reprise en main par le Mali de sa souveraineté stratégique et militaire ».

Dans ce chapitre, les autorités maliennes n’avaient pas hésité en février 2022 à demander aux militaires français de plier bagage alors que l’opération Barkhane est en cours de retrait de ce pays ouest-africain plongé dans une crise sécuritaire depuis une dizaine d’années.

De même, le contingent danois arrivé à Bamako dans le cadre de la constitution de la Task Force Takuba avait été éconduit par Bamako.

En mai dernier, le Mali s’est retiré du G5 Sahel et de sa force conjointe, en signe de protestation contre le fait qu’on lui ait refusé de présider cette organisation créée en 2014 pour lutter contre les jihadistes. Deux des cinq Etats membres, notamment le Tchad et la Mauritanie ont tenté de faire revenir les autorités maliennes sur leur décision, en vain.

Dès lors, on pourrait se poser la question de savoir jusqu’où est prête à aller Bamako dans son différend avec Abidjan ? Le communiqué du 11 juillet lu à la télévision nationale par le ministre malien de la Décentralisation et de l’Administration territoriale annonce des poursuites judiciaires contre les 49 soldats ivoiriens.

Appel au calme

Du côté des autorités ivoiriennes, la fermeté est certes de rigueur, mais on veut « continuer d’œuvrer pour le maintien d’un climat de paix et de fraternité qui a toujours prévalu entre la Côte d’Ivoire et le Mali ».

À cet effet, les populations ivoiriennes dont une partie se fait entendre sur les réseaux sociaux en menaçant de s’en prendre aux ressortissants maliens, sont appelées au « calme et à la retenue ». « Cette affaire devrait être réglée à l’amiable rapidement, pour éviter qu’elle ne s’aggrave, qu’elle ne s’envenime et que les conséquences soient inattendues pour tout le monde », avertit le chercheur malien sous couvert de l’anonymat.

Affaire de militaires ivoiriens : Abidjan demande à Bamako de « libérer sans délai » ses soldats

Quarante-neuf militaires ivoiriens, des mercenaires selon les autorités maliennes, ont été arrêtés lundi à l’aéroport de Bamako.Se dirige-t-on vers un bras de fer ? Tout porte à le croire. Deux jours après l’arrestation de ses soldats, entrés illégalement au Mali grâce à « deux aéronefs » d’après les autorités de transition du pays, la Côte d’Ivoire a tenu une réunion de son Conseil national de sécurité ce mardi sous la présidence du chef de l’Etat, Alassane Ouattara.

Dans le communiqué final sanctionnant la rencontre dédiée au sort des militaires détenus au Mali, Abidjan appelle à leur libération au plus vite. « La Côte d’Ivoire, qui a toujours œuvré au sein des instances sous-régionales, régionales et internationales pour la paix, la stabilité et le respect de l’Etat de droit, ne peut s’inscrire dans une logique de déstabilisation d’un pays tiers », explique le document.

Le Conseil national de sécurité affirme également que les autorités continueront d’œuvrer pour le maintien du climat de paix et de fraternité ayant toujours prévalu entre la Côte d’Ivoire et le Mali, avant d’inviter les populations au calme et à la retenue.

D’après les informations fournies par le gouvernement malien, les 49 militaires, « dont une trentaine de forces spéciales, étaient en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission » et auraient fourni des versions différentes sur le motif de leur présence sur le sol malien. L’une d’elles est la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne Sahelian Aviation Services, partenaire de la Minusma, mission de maintien de la paix onusienne au Mali.

Convaincues qu’elles ont affaire à des « mercenaires » qui voulaient « manifestement briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali », les autorités du pays ont décidé de les mettre à la disposition de la justice.

Quant à la compagnie aérienne « Sahelian Aviation Services », que les soldats étaient censés sécuriser, elle a été invitée à confier désormais sa protection aux forces de défense et de sécurité maliennes. Dans la foulée, Bamako a mis fin « avec effet immédiat » au contrat de protection de cette compagnie par des forces étrangères.

Mali : quid des rotations des contingents ouest-africains de la Minusma ?

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a longtemps pâti de la fermeture des frontières aériennes et terrestres décidée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).La levée des sanctions économiques et financières contre le Mali est une bonne nouvelle pour ce peuple et ses dirigeants. Elle ne l’est pas moins pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) qui intervient dans ce pays en proie à une crise sécuritaire.

Car la mission de maintien de la paix onusienne est une victime collatérale de l’isolement qui était censé contraindre les autorités de transition maliennes à rendre le pouvoir aux civils dans un délai raisonnable.

Depuis février 2022, 2480 Casques bleus de sept pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sont bloqués au Mali. Pour le Sénégal par exemple, le 11e détachement de la Minusma composé de 850 éléments n’a toujours pas foulé le sol malien alors que le précédent détachement dirigé par le Colonel Théodore Adrien Sarr a bouclé sa mission de quinze mois.

Contacté à l’époque par APA, Olivier Salgado, le porte-parole de la Minusma, avait expliqué que « tous les vols utilisés pour la relève des troupes à destination ou en provenance du Mali sont soumis aux autorisations de survol et d’atterrissage du gouvernement malien ». Le retard significatif qui en découle, a-t-il affirmé, « affecte le moral des troupes ».

La Minusma nourrissait l’espoir de voir la situation se décanter dans les meilleurs délais, mais les choses n’ont pas évolué dans le sens voulu. Maintenant que le Mali n’est plus frappé d’aucune sanction de la Cédéao, M. Salgado a confié à APA que des actions sont menées « pour régler le plus rapidement possible le problème dans le respect des accords avec le pays ».

Le mandat de la Minusma a été renouvelé le 29 juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour une année supplémentaire. Treize pays ont voté pour alors que la Russie et la Chine se sont abstenus. Lors de la session, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont exprimés en faveur d’un renforcement des prérogatives de la Minusma en termes de droits de l’Homme.

Bamako s’y est opposé en déclarant, par l’intermédiaire de son représentant Issa Konfourou, qu’il ne pourrait pas garantir la liberté de mouvement aux enquêteurs de la Minusma sans son accord préalable. Les autorités de transition ont également dit non à l’intervention française pour appuyer les Casques bleus.

Nigeria : ce que l’on sait de l’attaque de la prison de Kuje

L’assaut mené contre cet établissement pénitencier à la périphérie d’Abuja a été revendiqué par l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, sigle en anglais).« Prison Break (célèbre série américaine) est à Abuja », a ironisé un internaute nigérian en parlant de la rocambolesque attaque de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, en anglais) contre la prison de Kuje, dans la capitale fédérale du Nigeria.

Entre mardi et mercredi, des combattants de ce groupe terroriste ont assiégé cette maison d’arrêt pour y libérer 879 détenus dont des jihadistes majeurs. Parmi eux figurent des membres de Jamaat Ahl Al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (JASDJ), l’une des factions issues de la scission de Boko Haram, affirme secmxx, le pseudonyme sur Twitter d’un membre de la communauté du renseignement open source du Nigeria.

Selon lui, « les assaillants, composée de trois groupes d’assaut, chacun avec une tâche spécifique, sont venus de leur bastion du Nord-Est ». L’attaque, d’une durée de trois heures d’après des sources médiatiques, a « nécessité un nombre important d’hommes », explique Vincent Foucher, observateur de la politique ouest-africaine et des mouvements jihadistes.

Au moins 443 des 879 évadés sont toujours portés disparus, mais des centaines d’autres ont été arrêtés, a déclaré Umar Abubakar, porte-parole du Service correctionnel nigérian. Il a également indiqué qu’un garde pénitentiaire et trois policiers sont morts dans l’assaut.

Ces derniers temps, plusieurs spécialistes du jihadisme ont minimisé les capacités de nuisance de l’Iswap. Mais pour M. Foucher, l’actualité « montre clairement que malgré tout ce que certains ont tenté de faire croire, il reste une menace sérieuse et audacieuse et doit être traité comme telle ».

L’offensive contre cette prison située non loin de l’aéroport d’Abuja est survenue à quelques jours de la célébration de l’Aïd El-Kébir. A cette occasion, on note des déplacements massifs de populations des villes vers les villages pour célébrer la fête musulmane en famille. Ainsi, les jihadistes ont parcouru « de longues distances » sans éveiller de soupçons, argumente secmxx. Ce dernier se demande désormais quel sort sera réservé aux membres de JASDJ.

Les affrontements pour le contrôle de plusieurs territoires, notamment les terres fertiles aux alentours du lac Tchad, font rage entre les deux groupes terroristes. « Qu’ont-ils fait ou que feront-ils des détenus non affiliés à l’Iswap ? Des noms assez importants. Les ont-ils tués ou vont-ils les tuer ? Peuvent-ils s’engager avec eux, travailler à une sorte d’unité ? », s’interroge Vincent Foucher.

En tout cas, la facilité déconcertante avec laquelle les jihadistes se sont emparés de cette prison de moyenne sécurité a provoqué l’ire du président Muhammadu Buhari également insatisfait du système de renseignement. Il y a moins d’une année, une attaque à l’explosif d’une prison du Sud-Est du pays, en proie à des agitations séparatistes, avait permis à plus de 1800 détenus de disparaître dans la nature.

Mali : deux Casques bleus tués dans l’explosion d’une mine

Un véhicule blindé d’un convoi logistique de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a heurté ce matin un engin explosif dans le Nord du pays. Un terrain miné. Au Mali, les groupes jihadistes posent des engins explosifs sur les voies empruntées par les Forces de défense et de sécurité maliennes, mais aussi par les Casques bleus.

Ce mardi, sur l’axe Tessalit-Gao, une voiture transportant des éléments de la force de maintien de la paix onusienne a sauté sur une mine. « Selon un premier bilan, deux Casques bleus ont succombé à leurs blessures et cinq autres ont été grièvement blessés suite à l’explosion. Une force d’intervention rapide a été envoyée sur les lieux et les blessés ont été évacués », a déclaré la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) dans un communiqué.

Après avoir fermement condamné cette attaque, la Minusma a souligné qu’elle « peut constituer un crime de guerre ». Poursuivant, la mission onusienne a relevé « avec préoccupation l’utilisation, par les groupes et éléments terroristes, de la pose d’engins explosifs improvisés pour paralyser ses opérations » au Mali.

De son côté, El-Ghassim Wane, le chef de la Minusma a rendu hommage aux Casques bleus « morts au service de la paix », présenté ses condoléances à leurs proches et à leur gouvernement et souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali a été renouvelé d’une année mercredi dernier par le Conseil de sécurité.

Côte d’Ivoire : report du procès de l’attentat de Grand-Bassam

L’audience va se tenir en octobre prochain conformément aux dispositions du parquet.Le procès relatif à l’attentat de Grand-Bassam, cité balnéaire située à 40 Km au Sud-est d’Abidjan, initialement prévu le 6 juillet 2022, a été renvoyé en octobre 2022, selon le Procureur de la République de Côte d’Ivoire, Richard Adou.

« L’audience prévue le 6 juillet 2022 ne pourra pas se tenir, eu égard au grand nombre de victimes et de représentants de victimes résidant hors du territoire de la République, qui souhaitent se constituer en partie civile en vue de la défense de leurs intérêts », a expliqué M. Adou ce week-end à Abidjan au cours d’une rencontre avec la presse.

Une procédure judiciaire avait été ouverte à la suite de l’attentat terroriste perpétré dans la ville balnéaire de Grand-Bassam, le 13 mars 2016. Selon le procureur de la République, elle a abouti au renvoi des accusés devant le tribunal criminel siégeant à Abidjan.

« Pour une bonne administration de la justice, ce procès se tiendra dans le courant du mois d’octobre 2022 », a-t-il indiqué.

Le dimanche 13 mars 2016, trois hommes armés ont ouvert le feu sur des individus sur la plage de Grand-Bassam, faisant 19 morts dont 10 Ivoiriens, quatre Français,  deux Libanais, une Allemande et un Macédonien, et 33 blessés.

Maroc: Saisie de 2 tonnes de résine de cannabis à Casablanca

Les services sécuritaires de Casablanca ont mis en échec vendredi, une tentative de trafic de 2 tonnes de résine de cannabis à bord d’un camion de transport de marchandises et interpelé deux personnes, le chauffeur et son assistant.Un communiqué de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) indique que cette opération qui a été menée au niveau de la station du péage de l’autoroute de Casablanca, a permis la saisie d’un camion de transport de marchandises en provenance de Jorf Al Malha et à destination des provinces du Sud du Royaume.

Les opérations de fouille ont permis la saisie de 2 tonnes de résine de cannabis qui étaient destinées au trafic international, ainsi que d’une embarcation pneumatique, deux moteurs marins et d’une somme d’argent soupçonnée provenir de cette activité criminelle.

Les mis en cause ont été placés en garde à vue à la disposition de l’enquête judiciaire menée sous la supervision du parquet compétent en vue de déterminer les ramifications de cette affaire, alors que les recherches et investigations se poursuivent pour appréhender les principaux suspects et les personnes ayant participé à ces actes criminels.

Mali : la task force Takuba plie bagage

Les derniers soldats de cette force conjointe européenne ont quitté Bamako le 30 juin.Après la force française Barkhane, c’est au tour du contingent européen de forces spéciales, Takuba, de se retirer du Mali. « La réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, décidée en étroite relation avec les partenaires européens et nord-américains, a conduit à la fin des opérations de la task force Takuba au Mali  », lit-on dans le communiqué de l’État-Major des Armées françaises diffusé ce vendredi.

Lancée le 27 mars 2020, la force Takuba a réuni jusqu’à dix nations contributrices : Belgique, République tchèque, Danemark, Estonie, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal et Suède. La capacité opérationnelle initiale a été déclarée le 15 juillet 2020 et la pleine capacité opérationnelle le 2 avril 2021.

Avec sa force d’intervention rapide motorisée et héliportée et son unité de protection fortes de 800 hommes, « Takuba a prouvé son efficacité en apportant un soutien continu aux Forces armées maliennes (Fama) », souligne le document.

Selon l’État-Major français, la force conjointe européenne est un succès stratégique et tactique. Elle aurait notamment permis la formation d’unités maliennes adaptées au combat contre les jihadistes, évitant ainsi la territorialisation des groupes armés terroristes en particulier de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger).

Contrairement à Barkhane qui a pris ses quartiers dans la capitale nigérienne Niamey, Takuba est quant à elle vouée à disparaître. Car aucun pays sahélien n’a formulé une demande pour l’accueillir.

L’opération Barkhane avait été lancée le 1ᵉʳ août 2014 en remplacement de Serval dont l’objectif était de lutter contre les groupes jihadistes qui menaçaient de prendre Bamako.

« Avant, tout n’allait pas bien. Mais avec ce départ de ces forces spéciales et la fin de la couverture aérienne, cela donne plus de liberté aux jihadistes présents dans la zone », a affirmé Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des groupes terroristes.

Sur Twitter, les internautes maliens sont partagés entre réjouissance et inquiétude d’un lendemain incertain. « La France officialise la fin de la force Takuba au Mali. Une organisation militaire (qui pouvait) agir sans l’aval du gouvernement malien. Une victoire pour notre peuple », se félicite Amir Nourdine Elbachir.

Du côté d’Ibn Zackarya, c’est l’anxiété qui prédomine. Depuis l’annonce du retrait de la force Takuba, l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (Jnim) s’affrontent pour le contrôle de la zone des trois frontières, signale-t-il.

Suite au départ des soldats de Barkhane de la base de Ménaka, au Mali, l’EIGS a assiégé des localités en y commettant des massacres, poursuit-il, non sans ajouter que « ces forces (Barkhane et Takuba) empêchaient la progression jihadiste ».

« Les populistes, avec des décisions irréfléchies dont le seul but était de se maintenir au pouvoir, ont condamné la population de ces zones tout en étant incapables de leur venir au secours », peste Ibn Zackarya.

De son côté, Sidha Sudarshan regrette qu’« aucune disposition » n’ait été prise avant de demander aux Européens de se retirer. « Tant que les révolutionnaires africains agiront sans planification stratégique, la domination étrangère aura de beaux jours devant elle », soutient-il.

Enfin, Alhassane Tamesna estime que maintenant les militaires au pouvoir « devraient partir sur le terrain pour protéger les populations meurtries » au lieu de « rester dans des salons à Bamako ».