HCNLS : la boîte de Pandore est ouverte…

La semaine dernière, nous rencontrions Malick Sène, Secrétaire exécutif du HCNLS, le Haut Conseil National de lutte contre le VIH Sida, pour faire le point sur les résultats de l’institution en matière de lutte contre le VIH sida, cette fois, C’’est devant un public de journalistes maliens, que l’homme a eu faire une communication brillante, ce lundi 14 novembre, à  la Maison de la presse de Bamako, pour ensuite répondre aux questions des scribouillards de la république. Rappelons le, HCNLS fait l’objet d’une enquête du Fonds Mondial depuis près de 14 mois, et est soupçonné de malversations financières. Tout est parti d’un article de presse, qui a en quelque sorte déclenché l’opération de communication du HCNLS. Une conférence de presse s’imposait donc pour Malick Sène et son équipe. Autour de lui, à  la maison de la presse, le Dr Youssouf Diallo, et Alioune Sylla du CSLS-MS, la cellule sectorielle de lutte contre le sida du ministère de la Santé, partenaire clé du HCNLS. Et dans la salle, le public. Une vingtaine de diapos, ont servi à  Malick Sène, pour dérouler les résultats incontestables du HCNLS sur le round 2004-2010, o๠45 millions de dollars ont été décaissés. Baisse du taux de séroprévalence de 1,7 à  1,3%, augmentation des sites de dépistage, le Mali classé comme le 3è pays africain à  avoir rendu gratuit l’accès aux ARV. Mais il reste la stigmatisation sociale des malades, une des faiblesses du programme, les divorces consécutifs à  la maladie, le refus culturel pour certains malades de prendre les médicaments… autant de défis qui restent à  accomplir. Mais l’enquêteur du Fonds Mondial, le fameux Bourassa, a-t-il eu le temps de constater tout cela ? Il aurait été renvoyé de Bamako. Malick Sène dément formellement. Pire, précise le Secrétaire Exécutif du HCNLS, ce sont des Maliens qui ont passé près de 150 coups de fil, au Fonds Mondial pour dénoncer des fraudes dans la gestion des fonds. «Â C’’est quand même une honte, entre nous africains d‘agir de la sorte… », s’indigne Sène. Qui appelle les journalistes à  plus de véracité, de jugement et d’objectivité. «Â  Le secrétariat du HCNLS est inclusif, il est à  vous et nous sommes à  votre disposition pour vous donner toutes les informations ». Et maintenant ? Soupçons du Fonds Mondial et petites révélations entre amis… Au Mali, les rumeurs courent très vite, et lorsqu’on confrère, à  qui est donné la parole, révèle que des médicaments ARV(antirétroviraux), sont vendus illégalement à  l’hôpital Gabriel Touré, et qu’une ordonnance servirait de preuve, les langues se délient peu à  peu à  la conférence de presse. Le HCNLS demande à  voir. Le Ministère de la santé réagit vivement. Et précise qu’il pourrait s’agir de certains antibiotiques, liées au maladies opportunistes, liées elles au VIH Sida. Un point à  éclaircir. Mais, le HCNLS a lui un mandat de faire-faire, il chapeaute tous les autres partenaires, pour coordonner la lutte contre le VIH sida sur le terrain. Certaines irrégularités lui échapperaient donc. De même que l’on apprend que le taux de 35,3% de séroprévalence chez les professionnelles du sexe en 2006 est passé à  24% en 2009, une baisse significative. Par ailleurs, un auditeur dans la salle, pointe du doigt les populations transhumantes, les pasteurs nomades qui s’adonneraient au libertinage. « Un programme existe, rappelle le Dr Youssouf Diallo du HCNLS… ». Il y a des « gap de programmes en matière de lutte contre le VIH Sida, sur lesquels nous ne devons nous pencher… ». Alors, si on coupe définitivement le robinet, que va-t-il se passer ? Le Fonds Mondial a déjà  commencé a geler les fonds. Sur le round 8 2010-2014, pour un montant d’environ 29 millions d’euros, tout n’a pas été décaissé, seulement 5 millions de dollars US. Il a donc fallu s’adapter à  la situation. Depuis 2009, le Fonds n’a pas acheté de médicaments, le Mali aurait financé les tablettes pour les pharmacies populaires, à  défaut de l’argent des bailleurs. Malick Sène précise même avoir gelé certains programmes régionaux de sensibilisation au profit de l’achat des ARV pour les malades. Le pallier 1 notamment, qui coûterait 37$. « Faisons donc en sorte ne pas arriver au pallier 2, qui lui coûte 467%, et le troisième type, 3206$ et que le Mali ne pourrait certainement pas prendre en charge… », a précisé Sène. 80 % du financement venant de l’extérieur et 20% du Mali, la différence est de taille. Aussi quand le Secrétaire Exécutif, se rend à  Genève, présenter les dossiers du Mali et négocier pour avoir des fonds, on lui présente des coupures de presse, sur la corruption à  grande échelle d’un pays africain. « J’étais très gêné, ce jour là , affirme Malick Sène, C’’est pourquoi je vous demande de dire la vérité, parce que C’’est l’honneur du Mali qui est en jeu dans cette affaire, et la survie des malades, en conséquence…». Malick Sène a été clair. Qu’adviendra t-il du HCNLS lorsque le rapport du Fonds Mondial sera public ?. « Le Mali aura 30 jours pour réagir ». Mais le Fonds Mondial a déjà  savoir que le HCNLS restait bénéficiaire principal jusqu’au 31 décembre 2011. Et après ? Vers la Création d’un Fonds national de lutte contre le Sida… Si l’inquiétude reste palpable chez les agents du HCNLS, l’évocation de la création d’un Fonds National de lutte contre le Sida mérite qu’on s’y arrête. Tout le problème est la. Comment pallier à  la dépendance des bailleurs internationaux. Si d’aucuns estiment les méthodes du fonds mondial floues et critiquent cette organisation dont le fonctionnement interne est remis en cause, d’autres pointent l’incapacité à  gérer des fonds colossaux qu’on vous met à  disposition, « forcément, il y aura des irrégularités… », confie un observateur dans la salle. D’autres comme le Groupe Pivot Santé, préfère garder le silence sur ses actions tant que le rapport du Fonds Mondial ne sera pas public. Puisqu’au niveau de la société civile, C’’est désormais l’organisation Plan Mali, qui devient le bénéficiaire principal d’une partie des fonds pour le Round 8… Toujours avec le HCNLS pour l’autre partie des fonds. Mais l’institution n’aurait-elle pas pu prévoir tout ça et éviter de se retrouver dans l’œil du cyclone ? On nous répond que la gestion des risques n’est pas une science exacte. Et que les méthodes d’audit du Fonds Mondial et du HCNLS diffèrent. Le rapport fera donc la lumière sur les points obscurs. C’’est en tout cas la lutte contre le VIH Sida au Mali, qui elle a enregistré des avancées notoires, qui est en jeu… A suivre…

Fonds Mondial :le HCNLS soupçonné

Sur le bureau du Secrétaire Exécutif du HNLS, cet organe étatique, chargé de chapeauter la lutte contre le VIH Sida, quelques journeaux locaux sont posés et Malick Sène figure en Une d’un hebdo spécialisé dans les révélations fracassantes ! « Je ne veux surtout pas empêcher cette journaliste d’écrire, mais il y a quand même un devoir d’information, il faut recouper les faits, remonter à  la source… », s’exclame Malick Sène, bon joueur. L’article en question met à  mal le HCNLS visé par les enquêteurs du Fonds Mondial présents à  Bamako depuis quelques jours. En effet, quelques mois seulement après le scandale de détournement du Fonds Mondial, basé à  Genève, et qui a couté sa place à  l’ex ministre de la santé et fait écrouer une dizaine de cadres du ministère, l’institution financière poursuit sa croisade contre la corruption à  large échelle des fonds qu’elle a mis a disposition du Mali. « 45 millions de dollars US, c’est le montant dont a bénéficié le l’institution sur le ROUND 2005- 2010, pour permettre aux entitées affiliées au HCNLS, de poursuivre un travail de sensiblisation anti-SIDA et d’atteindre des objectifs patents.  » Je vous le dis, ils sont partout ces enquêteurs, il y a ceux de la BAD, du Bureau du vérificateur, de la Banque Mondiale et il faut les recevoir ici…. » On sent le patron du HCNLS quelque peu débordé par ces inspecteurs fourre-nez-partout à  quelques jours de la Revue annuelle du HCNLS qui doit être présentée au chef de l’état. Sans oublier les activités liées au 1er décembre, journée mondiale du SIDA. Dans cet imposant batiment, sise à  l’ACI 2000, il y’a comme un bourdonnement, une sorte d’agitation dans la maison du Sida et qui ne saurait masquer cette capacité à  réagir promptement face aux évènements inquiétants. Avancées patentes au Mali Face à  nous, Malick Sène a le sourire généreux, il nous tend des documents, des chiffres, des données véridiques, destinés à  prouver toutes les avancées réalisés en matière de lutte contre le VIH SIDA au Mali. Elles sont concrètes ! En matière thérapeuthique, le Mali affiche donc un taux de réalisation de 90 à  95%. Entre 2005 et 2011, le nombre de sites de dépistage montre une courbe croissante… De même que le nombre de personnes dépistées a fait un bond de 22 481 personnes à  près de 129 030 sur la même période.  » J’attends comme toute le monde le rapport des enquêteurs du Fonds Mondial, et ceux qui ont volé, seront connus et sanctionnés… « . Malick Sène craint-il les méthodes du Fonds Mondial qui n’hésitera pas à  fermer le robinet de façon drastique ou à  faire relever toute une équipe en cas de corruption constatée … VIH sida, répartition des fonds Le Haut conseil national de lutte contre le sida ou HCNLS, a été crée en 2001 par la volonté de l’ex président Alpha Oumar Konaré, et la plupart de ses programmes sont financés par la Banque Mondiale, le Fonds Mondial, la BAD et le système des Nations-Unies. Dès le départ, ses objectifs ont été clairs : réduire le taux de séroprévalence au Mali estimé à  1,3% aujourd’hui, augmenter les dépistages, l’acès aux ARV, aux soins pour les porteurs du virus, réduire la transmission mère-enfant… Classé comme un bon élève dans la croisade contre le SIDA, le Mali fait partie des pays A1 ou pays ayant dépassé les attentes.  » Vous voyez, ajoute Malick Sène, on ne peut ignorer tout ces résultats à  cause d’un vol… » Si vol il y a eu. 45 millions de dollars, ca fait beaucoup d’argent. Comment tout cela a t-il été réparti sans oublier les frais de fonctionnement interne, le salaire des agents, les frais de mission. C’est là  que le bât blesse, puisque des montants destinés à  couvrir certaines campagnes pour les plus nécessiteux, sont parfois redirigés ailleurs.. Au HCNLS, la répartition des fonds est la suivante : 7,7% pour le secrétariat exécutif que dirige Sène, soit 3.467 008 millions de dollars US. Les autres entités et structures de la société civile gérés par le HCNLS, comme Arcad SIDA on touché 7.140 299 $, soit 29% du budget, la plus grosse côte part. Pour les pharmacies populaires du Mali, 5.140 827, soit près de 11,4%; Le reste a été réparti entre le Groupe pivot Santé, le PNUD etc… Croisade anti-corruption Les enquêteurs du Fonds Mondial veulent eux tout savoir et tout vérifier. Malick Sène a lui prévu une conférence de presse dès lundi. Cela semble nécessaire et même urgent. Car l’article de cette consoeur a eu son effet sur les agents de la structure. Sauf qu’en matière de révélations, la déontologie veut qu’on interroge les principaux concernés et d’autres sources au risque de faire de la désinformation. Audit, contrôle, rigueur, résultats, corruption, autant de mots qui tournent dans l’esprit des agents du HCNLS, en cette fin d’année cruciale pour leurs activités. Dans un pays à  tradition solennelle comme le Mali, il serait dommage que de sombres irrégularités financières viennent à  saper la publication d’un travail collectif et remettre en questions les « hauts faits » d’un organe dédié à  la lutte contre le VIH SIDA. Et même si le président ATT à  pu défendre en son temps, Sidi Sosso Diarra, ex vérificateur général du Mali lorsqu’il fut mis à  mal par ses détracteurs, il ne saurait s’opposer aux principes du Fonds Mondial, qui décaisse et est donc Roi… L’affaire du Fonds Mondial au Mali a révélé ceci que nul n’est à  l’abri d’un contrôle en matière d’aide au développement. Cette aide, fatale comme le dénonce l’économiste zambienne Dambisa Moyo dans son célèbre ouvrage. Faut-il couper le robinet alors ? Non ce n’est pas la solution, estime Malick Sène, pour qui les efforts réalisés par le Mali en matière de VIH SIDA, prévalent sur les maillons corrompus de la chaà®ne du développement. « Nous souhaitons que cela ne soit pas le cas, au regard de tous les malades dont la prise en charge incombe au HCNLS… ». Les bailleurs doivent donc continuer de suivre. A quand ce fameux rapport ? « On ne sait pas exactement, répond Sène courtois, nous l’attendons tous pour faire la lumière sur la gestion des fonds. Nous nous avons des procédures de contrôle, des audits, en accord avec le fonds ». Les chiffres que nous ont transmis le Secrétaire exécutif du HCNLS sont précis. Mais la gestion des fonds ? Opaque, transparente ? L’ère est au soupçon et qui dit soupçon, dit méfiance. C’est désormais la politique de rigueur au Fonds Mondial. Malick Sène reste lui un homme délicieux, qui n’a absolument rien à  cacher aux journalistes, si on se donne la peine de lui tendre notre plume… Affaire à  suivre !