(Défis de 2019-5/7) Crise du football : L’impossible résolution ?

Les travaux d’Hercule. Si une expression devait désigner la résolution de la crise qui secoue le football malien depuis plus de quatre ans, ce serait bien celle-ci. Quatre années d’une crise aux équations multiples.

Deux « tendances » s’opposent. Celle fidèle à l’ancien Comité exécutif de la FEMAFOOT, dirigé par Boubacar Baba Diarra, et le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM). Jugeant la gestion financière de Diarra « calamiteuse », le collectif lui a demandé des comptes. Suite à cela, plusieurs de ses membres ont été suspendus de toute activité liée au football. Le Tribunal arbitral du sport (TAS), saisi par ces derniers, a rendu une première sentence le 4 octobre 2016. Elle enjoignait au Comité exécutif de l’époque de convoquer une nouvelle Assemblée générale en respectant ses propres statuts et règlements. Celle-ci s’est donc tenue à Sikasso le 29 novembre 2016. Elle a décidé de la levée des suspensions de certains membres du collectif et à des suspensions atténuées pour d’autres. S’exprimant dans nos colonnes à l’époque, le Président du collectif, Mamadou Dipa Fané, qualifiait cette assemblée, à laquelle son regroupement n’a pas pris part, de « non évènement ». Une nouvelle procédure était donc engagée auprès du TAS contre cette assemblée générale.

Une sentence, plusieurs interprétations

La juridiction a rendu une nouvelle sentence le 15 novembre 2018. À son point 3, le TAS « annule l’assemblée générale extraordinaire de la FEMAFOOT du 29 novembre 2016… » et ordonne en son point 4 au Comité de normalisation de la FEMAFOOT, mis en place par la FIFA en janvier 2018, de « convoquer une assemblée générale en respectant les statuts et règlements de la FEMAFOOT(…). La liste des membres devant être convoqués à cette assemblée générale ordinaire doit correspondre à celle sur la base de laquelle l’assemblée générale ordinaire du 10 janvier 2015 a été convoquée et le quorum … ». « La sentence est très claire, il n’y a plus rien à dire. Le TAS ordonne de retourner en arrière afin de gommer toutes les irrégularités constatées depuis plusieurs années », commente Mamadou Dipa Fané. Le CONOR, sommé dans la sentence d’organiser une assemblée générale, avait, au mois de décembre 2018, convoqué les acteurs du football afin de faire le point. « La sentence du 15 novembre sera appliquée dans son intégralité. Nous avons entendu beaucoup d’interprétations, mais une décision de justice n’est pas à interpréter, elle est à appliquer et nous l’appliquerons », assurait la Présidente du comité, Mme Daou Fatoumata Guindo.

Le CONOR a donc, dans une circulaire datant du 28 décembre 2018, annoncé la reprise du championnat national, à l’arrêt depuis 2017 pour cause de crise, pour janvier 2019, et dévoilé la liste des 16 clubs devant prendre part à la Ligue 1. Cette décision selon le comité, est conforme à la sentence du TAS. Elle relègue du coup plusieurs clubs. Ces derniers, notamment l’US Bougouni, ont protesté. « Un club est relégué quand son classement dans un championnat l’impose ou suite à une mesure disciplinaire. Aucun de ces deux cas n’est valable ici », explique Mamadou Diallo, Vice – président du Stade Malien, club soupçonné par beaucoup d’être la Mano negra de cette agitation.

Blocages persistants ?

Face à cela, le CONOR a envoyé une nouvelle correspondance dans laquelle il dit suspendre sa décision de reprise du championnat sur instruction du ministre des Sports. Le mot « instruction » pourrait valoir au Mali une suspension par la FIFA, en conformité avec ses statuts qui interdisent toute immixtion politique dans les affaires du football. « Le ministre a suggéré cette décision afin de préserver le tissu social, il ne l’a pas instruite. Nous ne pouvons empêcher le CONOR de conduire ses activités, nous connaissons les textes et ne saurions risquer une suspension de notre pays », se défend Modibo Bakaga, directeur national des Sports et de l’éducation physique. « Nous sommes confiants quant à la résolution prochaine de cette crise », ajoute-t-il.  Simple effet d’annonce ? « Le CONOR n’a pas compétence pour l’exécution de la sentence » affirme Diallo, qui ajoute qu’ils feront usage de leurs droits. Un recours contre le TAS peut être introduit auprès du tribunal fédéral suisse. « Le CONOR avait commencé l’exécution de la sentence, mais là il est empêché d’agir. Nous ne reculerons pas, nous sommes comme des chats échaudés, nous n’écouterons plus personne. Que chacun se réfère à la sentence », conclut Fané.