Intervention française au Mali : une fin au goût très amer

Arrivée en « sauveur » à Konna, le vendredi 11 janvier 2013, l’Armée française a discrètement quitté ce lundi 15 août 2022 le Mali, dans la poussière du désert de Gao. Mettant fin à neuf ans de coopération dont l’épilogue sonne comme une défaite.

L’idylle aura duré neuf ans. Après des premières années de bonheur, de gros nuages ont commencé à s’amonceler autour du couple Mali – France. Un premier coup d’État, le 18 août 2020, n’avait pas porté atteinte à cette relation, qui avait connu, certes, des bas, mais jamais assez importants pour la remettre en cause. Il aura fallu attendre un second coup, le 24 mai 2021, et le début de la « rectification » de la transition pour que la situation change rapidement. Tensions politiques, déclarations tapageuses des deux côtés, recours à Wagner selon plusieurs pays occidentaux, ce que le gouvernement malien réfute toujours, parlant d’instructeurs russes, ont, entre autres choses, conduit au divorce. Consommé depuis février 2022, il est officiel depuis le 15 août 2022. Les derniers soldats de Barkhane ont quitté le Mali, mettant ainsi fin à neuf années de présence militaire française dans le pays, débutée en janvier 2013 par l’opération Serval, remplacée par Barkhane en août 2014. Près de 125 000 soldats français ont servi au Sahel, selon des données avancées par Florence Parly, alors ministre des Armées, en février dernier. N’ayant pas réussi à éradiquer le terrorisme au Mali, l’intervention française a été pour de nombreux analystes un échec. Pis, les autorités maliennes accusent désormais officiellement la France de complicité avec les terroristes. Dans un courrier adressé au Conseil de sécurité des Nations unies le 15 août, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, accuse la France de « violations répétées de l’espace aérien malien » et de «fournir des renseignements» à des groupes terroristes, auxquels l’Hexagone aurait également livré des armes et des munitions. Des accusations dont le chef de la diplomatie malienne assure détenir les preuves. Elles donnent plus d’éclairage aux conclusions de l’Armée malienne suite à l’attaque de Tessit du 7 août dernier (42 morts et 22 blessés). Une note publiée le 8 août par sa cellule de communication indique que « les terroristes ont bénéficié d’un appui majeur et d’une expertise extérieure », sans préciser toutefois d’où et de la part de qui. Même après le départ des forces françaises, le bras de fer va donc se poursuivre entre le Mali et la France. Sur le terrain des Nations unies, où les deux pays avaient déjà eu des confrontations et où le discours du Premier ministre Choguel Maïga à la tribune de l’ONU, le 25 septembre 2021, avait été un élément déclencheur des lendemains qui déchantent entre les deux pays. Une source française nous a confié que Paris, ainsi que la représentation française à l’ONU s’activaient déjà par rapport aux accusations, sans plus de détails. Mais déjà, ce mercredi 17 août, l’ambassade de France au Mali a réagi sur ses comptes facebook et twitter assurant que la France n’a jamais « soutenu directement ou indirectement ces groupes terroristes qui demeurent ses ennemis désignés sur l’ensemble de la planète ». Dans sa lettre, le Mali demande à la France de cesser « immédiatement ses actes d’agression », et, qu’en cas de persistance, le Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense.
«Problème kidalois
»
 Un point de non-retour semble être atteint entre les deux autorités, alors que les relations étaient précédemment relativement bonnes. Autre temps, autre contexte, autres acteurs. Le 2 févier 2013, le Président français d’alors, François Hollande, s’était offert un bain de foule, accueilli en grande pompe à Bamako. Sur la place de l’Indépendance, lors de son discours, il avait assuré : le Mali « va connaître une nouvelle indépendance, qui ne sera plus cette fois la victoire sur le système colonial, mais la victoire sur le terrorisme, sur l’intolérance et sur le fanatisme ».
Mais, après cet épisode heureux, même si les parties évitaient de faire part de leurs états d’âmes publiquement, la question de Kidal aura toujours été une épine dont personne n’aura jamais vraiment su se départir.
Lors de la libération de Kidal, l’opinion malienne n’a pas digéré le fait que les soldats français soient entrés dans la ville sans aucun militaire malien à leurs côtés. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a d’ailleurs révélé que le Colonel Assimi Goita faisait partie des soldats auxquels l’entrée à Kidal avait été refusée.
« Il faut reconnaître que Serval est arrivé à un moment assez critique. À cette période, il y avait une colonne de djihadistes qui descendait vers le sud après l’occupation des régions du nord. L’opération Serval a permis de stopper ce processus, mais il était convenu que l’armée malienne reprenne le dessus et, dès le départ, le fait de ne pas avoir accès à la ville de Kidal avait déjà posé un problème », rappelle l’analyste Boubacar Salif Traoré, Directeur d’Afriglob Conseil.
Toute comme lui, Dr. Amidou Tidiani, enseignant-chercheur à l’Université Paris-13 trouve que l’opération Serval a été couronnée d’une pleine réussite. Du fait qu’elle a été une intervention ponctuelle qui visait une cible précise, identifiée et déterminée entre les parties malienne et française.
« Par contre, avec le passage à Barkhane, la France a changé la nature, les objectifs, le périmètre et les moyens de l’opération, qui est passée d’une intervention à une présence. Les objectifs français n’étaient plus ceux du Mali. Au même moment, la menace contre laquelle la France est intervenue se propageait et le « problème kidalois », qui, pour le Mali, a été l’élément déclencheur de l’instabilité, a été considéré dans le cadre de Barkhane comme une opportunité », explique Dr. Amidou Tidiani, selon lequel « le schisme entre autorités maliennes et françaises est né de cet élément et s’est exacerbé avec l’arrivée de Takuba, un conglomérat de forces spéciales répondant à un vieux rêve européen qui vise à rendre opérationnelle une Europe de la défense face aux nouvelles menaces venant de la Russie, de la Turquie et éventuellement de la Chine ».
« Cet agenda n’était pas celui du Mali. C’est pourquoi, alors que l’armée française parlait de réussite, les Maliens, qui voyaient leur pays sombrer, ne comprenaient pas. En réalité, ce qui se jouait au Mali dépassait les enjeux liés à la sécurité et à la stabilité du pays. Pour la sécurité et la stabilité du Mali, les 9 ans de présence française sont globalement un échec, mais du point de vue du renforcement militaire de la France (et de l’Europe) dans le monde, c’est une réussite », assure-t-il.
En outre, certains observateurs reprochent à l’Armée française de n’avoir pas atteint ses objectifs : « permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale » pour Serval et « lutter contre le terrorisme » en ce qui concerne Barkhane. Et, malgré sa présence, le terrorisme s’est métastasé au centre et au sud du Mali.
« Il a été dit que Barkhane allait permettre à l’armée malienne de se reconstruire de manière convenable. Mais, au fur et à mesure, on s’est aperçu qu’il y avait toujours des non dits dans ses opérations. Et beaucoup de zones d’ombre questionnent les Maliens : on ne connaissait pas le déroulement des certaines opérations et on ne dissociait pas le plan militaire du plan politique français », explique Boubacar Salif Traoré, faisant référence à des propos « déplacés » tenus par le Président français à l’encontre de la transition malienne.
Plusieurs bavures de l’armée française ont également contribué à tenir son image dans le pays. En octobre 2017, l’une de ses opérations a conduit à la mort de 11 militaires maliens retenus en otages par un groupe terroriste, présentée d’abord comme une opération ayant permis de neutraliser plusieurs terroristes par la France, qui se « refusait » à commenter la « propagande djihadiste» alors que des informations faisaient état de bavure. C’est le gouvernement malien qui confirmera la mort des soldats lors de cette opération, près de 15 jours après. De même, en septembre 2020, des tirs de sommation de soldats français sur un bus ont coûté la vie à un civil à Gao et, en janvier 2021, selon l’ONU, « 19 civils réunis pour un mariage près de Bounty ont été tués par une frappe militaire de la force Barkhane ».
Par ailleurs, l’intervention française a également eu des côtés positifs. À Konna, dans la région de Mopti, une rue porte toujours le nom de Damien Boiteux, le premier soldat français mort au Mali, et témoigne de l’importance de l’assaut des forces spéciales du COS (Commandement des opérations spéciales) de Serval, en 2013.
Barkhane, qui l’a remplacé, a permis de « neutraliser » plusieurs cadres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) (dont son chef emblématique, Abdelmalek Droukdel, et son chef militaire, Bah Ag Moussa) et des cadres de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) (en particulier Adnan Abou Walid al-Sahraoui, « émir » de l’EIGS).
«La France n’est pas partie»
Avec 5 100 hommes au plus fort de son engagement, 3 drones, 7 avions de chasse, 19 hélicoptères, 6 à 10 avions de transports tactiques et stratégiques, 260 véhicules blindés lourds, 360 véhicules logistiques et 210 véhicules blindés légers, la France avait mis les gros moyens et, après son départ, certaines zones doivent être réoccupées. « Quoiqu’il en soit, elle était un gros dispositif avec de nombreux hommes et  du matériel assez impressionnant. D’où l’étonnement des populations quant au fait qu’elle n’ait pas eu beaucoup de succès. Forcément, un vide sera créé et ce vide va être comblé par l’armée malienne, qui fait déjà un travail remarquable », analyse Boubacar Salif Traoré.
Alors que la France a annoncé son départ, l’enseignant-chercheur Dr Amidou Tidjani, aussi avocat au Barreau de Paris, n’en est pas convaincu. « La France n’est pas partie et elle n’a pas l’intention de partir. Elle restera en embuscade en espérant un pro français aux affaires à Koulouba pour revenir », dit-il. Les soldats qui ont quitté le Mali se sont redéployés au Niger, où le gouvernement a accepté de les accueillir.
Vide sécuritaire
Dans certaines régions, dont Ménaka, où étaient présents les soldats français, les terroristes gagnent du terrain et étaient à la date du 16 août « très proches de la ville », selon des sources locales. D’où la nécessité de combler le vide.
« Il faudrait une force intégrée au niveau africain pour coordonner la lutte contre le terrorisme du Mali jusqu’au Cameroun, une riposte transnationale face à une menace transfrontalière, comme le disait Amadou Toumani Touré. Mais, aujourd’hui, cela paraît peu réalisable. Dans ces conditions, la seule alternative c’est le renforcement de l’armée malienne par des moyens de surveillance, des moyens d’intervention rapide et la construction d’un État fort », plaide Dr Amidou Tidiani.
Pour combler le vide sécuritaire, le gouvernement malien s’emploie à occuper les anciens camps de l’armée française. En outre, le 9 août, il a réceptionné de nouveaux moyens aériens. Sur un autre plan, l’intégration sur une période de 2 ans de 26 000 ex combattants des mouvements rebelles et d’autodéfense est annoncée. « Il y a plusieurs stratégies qui sont en cours d’élaboration, mais, à mon avis, il faut déjà identifier des zones prioritaires. Aussi, comme on le conseille en diplomatie, il faut veiller à la classification des partenaires, comme la Russie qui se manifeste de plus en plus. Mais cela ne suffira pas. Il faut d’autres partenaires, comme l’Algérie, qui est impliquée. Ainsi sera comblé le vide laissé par les forces françaises », soutient Boubacar Salif Traoré.

Barkhane : les derniers soldats de la force ont quitté le Mali

Barkhane au Mali, c’est désormais officiellement terminé. Le dernier contingent de la force a quitté le pays aujourd’hui. Hier dimanche 15 aout 2022, une grande manifestation a été organisé par la société civile à Gao. Les manifestants réclamaient le départ sous 72h de Barkhane. 

Après neuf années sur le sol malien, débuté par l’opération Serval en janvier 2013 puis remplacé par Barkhane en août 2014, le dernier contingent de soldats français a quitté le Mali ce lundi vers 11h, ce qui met fin officiellement à la présence militaire française dans le pays. Après des mois de tension politique, la France qui au plus fort de son engagement avait environ 5 000 éléments déployés au Mali a annoncé en février dernier la fin de sa présence militaire. Avant cette annonce officielle de l’état-major français, des habitants de Gao, où Barkhane occupait encore sa toute dernière base ont manifesté pour réclamer le départ sous 72 heures de la force. Ils reprochaient à la force cette insécurité grandissante dans le pays. Le porte-parole des manifestants Abdoul Karim Maiga s’est réjoui de ce départ assurent que leurs efforts ont porté fruit.

Même si beaucoup d’observateurs estiment que l’opération Barkhane a été un échec, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées françaises a réfuté ce constat lors d’une audition devant le Sénat début août. Il a notamment avancé les succès qui ont permis de neutraliser des chefs terroristes comme Abou Walid Al-Sahraoui de l’Etat Islamique, mais l’insécurité est aujourd’hui tout de même généralisée. La force française Barkhane avait déjà transféré aux Forces armées maliennes les bases de Ménaka, de Tessalit, de Kidal, de Tombouctou et de Gossi, tous dans le nord du pays. Le départ de la base de Gao aujourd’hui était la dernière étape, elle signe la fin de l’opération Barkhane au Mali.

Hollande et l’Afrique: des guerres et la fin d’une certaine Françafrique

Il avait promis de rompre avec la « Françafrique ». Cinq ans après, François Hollande a mis fin à certaines dérives affairistes mais il a noué des alliances avec des régimes contestés, au fil des opérations militaires, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Vis-à-vis du continent, sa seule promesse de candidat est une rupture « avec la  » Françafrique « .

Fini Serval, voici Barkhane

C’’est le ministre français de la Défense, attendu dans quelques jours à  Bamako, qui a donné l’information sur des chaà®nes de télévision de l’Hexagone. Jean-Yves Le Drian a annoncé que l’opération Serval, lancée le 11 janvier 2013, au Mali, pour stopper la progression des islamistes armés et soutenir les troupes maliennes était « terminée ». Il a ajouté qu’elle serait remplacée dans les prochains jours, par une autre action militaire, nommée « Barkhane ». Cette nouvelle opération est destinée à  lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel. Fin de l’opération Serval, 1000 soldats français resteront Le chef de l’Etat français, François Hollande, dans son allocution à  l’occasion de la fête nationale du 14 juillet, a déclaré ce dimanche que «grâce à  l’opération Serval qui achève sa tâche, il n’y a plus de sanctuaire pour les groupes terroristes au Mali», a assuré dimanche François Hollande. C’est une mission qui a été parfaitement accomplie». Barkhane, nom d’une dune prenant la forme d’un croissant sous l’effet du vent, est donc la nouvelle opération militaire française dans la région sahélo-saharienne. Elle « se fait en partenariat avec les cinq pays de la zone » (Mauritanie, Mali , Burkina Faso, Niger et Tchad) et mobilisera « à  peu près 3 000 militaires en tout » ainsi que « des drones, des hélicoptères et des avions de chasse » a précisé Jean-Yves Le Drian, en soulignant qu’il s’agissait d’une « présence durable ». Ce changement de dispositif militaire au Sahel était dans les tuyaux depuis plusieurs mois mais avait dû être reporté fin mai en raison d’un regain de tension dans le nord du Mali. L’opération bénéficiera de moyens considérables: 20 hélicoptères, 200 véhicules blindés, 10 avions de transport tactique et stratégique, 6 avions de chasse et 3 drones, a précisé le ministère de la Défense. Un millier de militaires français devrait rester au Mali pour lutter contre « les groupes terroristes combattants ». Le dossier Barkhane sera au menu des discussions que le chef de l’à‰tat, François Hollande, aura avec ses homologues africains lors de son déplacement en Afrique (Côte d’Ivoire, Niger, Tchad) du jeudi 17 au samedi 19 juillet.

Oumar KEITA : « Face au djihadisme, la présence de bases militaires occidentales est souhaitable »

Face à  l’ampleur du phénomène, une présence de bases militaires occidentales est souhaitable pour renforcer la coopération en matière de sécurité et de renseignement, pour construire des réponses régionales, continentales et internationales concertées et coordonnées. l’opération « Serval » a été vécue comme un soulagement par beaucoup de maliens. La situation de la région de Kidal, o๠il paraà®t compliqué de désarmer le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), est différente de celle de Tombouctou, Gao et Menaka, dont la libération n’a pas conduit à  une sécurisation totale de leur espace. Les derniers évènements le prouvent : une victoire militaire définitive est extrêmement difficile dans une guerre asymétrique. La lutte contre le terrorisme se joue au-delà  de la dimension militaire, sur les plans politique, social et économique. l’armée malienne seule n’est pas encore suffisamment restructurée et équipée pour contrer le retour des islamistes. La signature d’un accord de défense entre Bamako et Paris doit donner un cadre juridique à  la prolongation de sa présence militaire dans la zone sahélo-saharienne qui couvre une superficie d’environ 8 millions de km², soit75% du territoire malien. Cet accord de défense avec la France, permettra de réformer l’armée malienne. Ce n’est pas un accord de défense à  l’ancienne, comme on pouvait en produire la Françafrique, mais un accord de coopération, tout comme nous en avons en matière d’agriculture, d’éducation, de santé… Il n’y a rien de secret dans cet accord, dont la signature, initialement prévue le 25 mai, a été reportée en raison des récents événements. Les mouvements djihadistes chercheront toujours à  fragmenter les sociétés. Face à  ce projet de division, il faut fédérer les populations et refuser tout amalgame entre djihadisme et islam Face à  ce projet de division, il faut fédérer les populations, refuser tout amalgame entre djihadisme et islam et reprendre l’initiative politique pour résoudre par la voie du dialogue les conflictualités locales souvent instrumentalisées.

Fin de Serval en juillet ?

Bientôt la fin de l’opération Serval au Mali. Après 18 mois sur le théâtre des opérations, les troupes françaises vont passer le relais aux troupes de la mission de paix des Nations Unies. Cette fin de mission pourrait intervenir dans les prochains jours, et pourrait être officiellement annoncée d’ici le 14 juillet par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, attendu à  Bamako. On se souvient que les militaires français sont intervenus au Mali le 11 janvier 2013 pour stopper l’avancée des colonnes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) du nord du pays, qui progressaient dangereusement vers les régions encore hors de leur contrôle et particulièrement la capitale Bamako. De 4500 au début de l’opération, environ 1.000 militaires français restent encore basés au Mali, et 600 répartis entre le Tchad et le Niger. Les forces armées maliennes, d’environ 7.000 hommes, et les effectifs de la Minusma (Mission de maintien de la paix des Nations Unies) d’environ 8.000 hommes prendront le relais de la Force Serval . Les militaires français quant à  eux resteront déployés dans la région. Mais cette fois-ci un dispositif qui couvrira toute la bande sahélo-saharienne s’articulera à  présent autour de N’Djamena au Tchad.

Moussa Mara : « Ce qui s’est passé à Kidal mercredi était inattendu ! »

Du ton guerrier qu’il a employé à  Kidal, à  la passivité de la Minusma qu’il a fustigé à  Gao, c’est un Moussa Mara, conscient des faiblesses du Mali, qui s’est adressé aux confrères qu’il voit d’abord comme des citoyens : « l’attaque de l’armée malienne d’hier était un dérapage, nous ne y attendions pas ». Autrement dit, les éléments qui ont attaqué mercredi matin à  Kidal, dans le but de reprendre le gouvernorat occupé par les rebelles du MNLA, l’ont fait sans autorisation politique, ni commandement. En clair, ils se sont jetés dans les griffes de l’ennemi. « l’attaque d’hier n’était pas préparée », répète t-il. Pour le PM, ces dernières évolutions ne doivent pas décourager les Maliens de rester soudés derrière leur armée : « Nous ne voulions en aucune manière jeter cette armée à  l’ennemi », ajoute t-il, sous entendant le niveau d’impréparation de cette armée, encore en reconstruction. Et d’ajouter que l’option de la négociation est la seule qui vaille. « Nous devons travailler avec la communauté internationale, la Minusma et Serval qui sont nos alliés », confesse t-il. Et de préciser qu’une partie de l’armée s’est repliée sur Gao et une autre, remonte vers le Nord avec les français, pour réoccuper ses positions à  Anéfis, Djebook et même Kidal, o๠précise t-il, le MNLA a déserté le camp 1 de l’armée. Pas de panique donc, Kidal seule nous échappe encore. Une manière sans doute de répondre à  ceux qui disent que C’’est le retour à  la case départ : « Si nous n’étions pas allés à  Kidal, toute la République me serait tombé dessus », se défend le PM. «On peut déplorer les pertes en vies humaines, les morts, mais le soutien de la communauté internationale à  notre pays est intact, à  son zénith, et nous devons sans tarder reprendre les discussions avec les groupes armés.» Lesquels ? Du reste, ces discussions prévoient toujours le cantonnement des rebelles, leur désarmement, sous l’égide des partenaires du Mali. Partenaires avec lesquels, il faut évidemment composer. « Nous sommes en train de faire des réunions interminables et même revoir le mandat de la Minusma d’ici Juin, afin qu’il soit corrigé et aille dans le sens de nos intérêts ». Ceux du Mali ? Ou de la communauté internationale ? Les propos du Premier ministre Mara en définitive réaffirment que le Mali n’est pas seul dans cette affaire et doit composer avec ceux qui l’ont aidé à  se débarrasser en janvier dernier du joug des islamistes. Reconnaissons-le, nous n’avons pas encore la force de frappe nécessaire pour nous défaire de l’ombre maléfique des bandits et narcotrafiquants, qui pullulent dans le Sahel, mais aussi des volontés cachées de nos alliés stratégiques. Et si le Mali se cherchait d’autres alliés ?

Les combats au Mali retardent le redéploiement français

Le Monde- Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans les affrontements meurtriers qui ont opposé samedi l’armée et des groupes armés lors de la visite du premier ministre Moussa Mara à  Kidal, fief de rebelles touareg. Le basculement du dispositif « Serval » au Mali vers le déploiement de 3 000 soldats dans la « bande sahélo-saharienne », qui devait démarrer ces prochains jours, « doit être décalé de quelques semaines », indique l’entourage de Jean-Yves Le Drian. Un voyage du ministre de la défense au Mali et au Tchad prévu le week-end prochain pour lancer ce redéploiement a été annulé, a ajouté la même source. La région de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, a été samedi le théâtre de combats meurtriers et d’une prise d’otages de fonctionnaires par des groupes rebelles touareg faisant craindre un retour de la guerre au Mali et font ressurgir le spectre d’une partition du territoire. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans les affrontements meurtriers qui ont opposé samedi l’armée et des groupes armés lors de la visite du premier ministre Moussa Mara à  Kidal, fief de rebelles touareg. Il s’agit des heurts les plus violents depuis le lancement de l’opération française « Serval » au Mali en janvier 2013 contre les groupes islamistes armés, dont Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui ont occupé pendant neuf mois en 2012 le nord du pays.

Nord Mali: mort d’un sous-officier français

Un sous-officier français a été tué la nuit dernière lors d’une opération dans le nord du Mali. C’est la Présidence française qui a annoncé la nouvelle en disant, « toute la tristesse du Président Hollande » face à  cette huitième perte dans les rangs de la Force Serval, déployée au mali depuis le 11 janvier 2013. Le militaire appartenait au 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi. L’information a été confirmée par le ministre de la Défense. «Un soldat français de la Légion étrangère est mort cette nuit au Mali», a affirmé Jean-Yves Le Drian. Il a été victime d’«un engin explosif improvisé», a-t-il précisé. François Hollande a, «en ce jour de commémoration de la victoire du 8 mai 1945», renouvelé sa «totale confiance» aux forces françaises engagées dans la lutte «contre les groupes armés terroristes». Fin prochaine de l’opération Serval Le ministre de la Défense français a indiqué ce matin à  des journalistes que la « phase de guerre frontale contre les groupes jihadistes » touchait à  sa fin. « Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme », a expliqué Jean-Yves Le Drian, précisant que 1 000 soldats français allaient être concentrés près de la ville de Gao et 3 000 autres sur la « bande sahélo-saharienne ». Selon le ministre, « il restait au Nord la volonté d’un certain nombre de groupes de jihadistes de se reconstituer. Ils sont beaucoup moins nombreux mais ils n’ont rien à  perdre, ils laissent leur vie et donc il faut lutter de manière extrêmement précise contre toute forme de regroupement, de recrudescence des groupes jihadistes dans cette partie du Mali ». Désormais, « les forces des Nations unies sont là  et l’armée malienne se reconstitue », a-t-il souligné, précisant : « Notre rôle à  nous est de poursuivre le contre-terrorisme au Nord-Mali, au nord du Niger, au Tchad. » « Nous sommes en train de réorganiser notre dispositif pour que 3 000 militaires française soient dans cette zone », a dit le ministre, évoquant le Nord du Mali, qui est selon lui « une zone de danger, de trafics en tout genre et là , nous resterons le temps qu’il faudra, il n’y a pas de date limite. »

IBK à Konna : rendre hommage aux fils de la Nation

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita doit se rendre la semaine prochaine à  Mopti. Dans la venise malienne, Ibrahim Boubacar Kéita doit procéder à  l’inauguration de l’hôpital Sominé Dolo à  Sévaré. l’inauguration des installations de l’Energie du Mali S.A (EDM S.A) ainsi que des visites dans certains cercles de la région meubleront la tournée du chef de l’Etat. l’étape de Konna sera l’un des moments forts de la visite présidentielle à  Mopti, la 5ème région du Mali, du 17 au 19 mars. Ibrahim Boubacar Kéita doit certainement y rendre un hommage national appuyé aux militaires tombés sur le champ de l’honneur. Une visite de la première personnalité de la République, dans la ville martyre de Konna vaut sa symbolique. En effet Konna demeure désormais un haut lieu de l’histoire contemporaine du Mali depuis la bataille décisive du 11 janvier 2013. Date à  laquelle un coup d’arrêt a été porté à  la progression des forces djihadistes vers Bamako, grâce à  l’intervention française, Serval, appuyée par les militaires maliens. C’’est à  Konna o๠mourut, le 11 janvier 2013, le premier soldat français, le lieutenant Damien Boiteux auquel un monument à  son effigie rend hommage. Des militaires maliens y ont également laissé la vie sans compter les nombreux blessés lors de cette bataille décisive. La visite du président interviendra presque deux mois après le festival des Arts et de la Culture de Konna pour la Paix, tenu du 17 au 19 février 2014.

Nord-Mali: « Barbe-Rouge », (enfin) mort?

Omar Ould Hamaha, alias Barbe Rouge dont la tête avait été mise à  prix par les Etats Unis pour trois millions de dollars, aurait été tué lors des frappes aériennes françaises de début de mois. En attendant cette nouvelle, on a une impression de « déjà -vu », car la mort de l’un des hommes les plus recherchés au monde avait été annoncée à  plusieurs reprises par le passé. En 2013, le 23 mars, la nouvelle de son décès par des Arabes kountas lors d’affrontements qui se seraient déroulés dans la région de Gao, faisait le tour des agences de presse. Le monde entier s’était réjoui de la fin de partie pour celui qui prétendait combattre au nom du djihad pour mieux garnir son compte en banque grâce au trafic de cocaà¯ne. Hélas! Le beau-frère du sanguinaire Mokhtar Bel Mokhtar n’avait pas fini de faire entendre parler de lui. Chef djihadiste craint à  Tombouctou pendant l’occupation des régions du nord du Mali, il avait créé sa katibat « Ansar Al charia » avec des combattants issus de la mouvance du MUJAO et de la katibat « Al Moulathamine » de son beau-frère borgne. Selon des sources militaires maliennes et sous-régionales citées par RFI, il aurait donc trouvé la mort la semaine dernière lors de frappes de l’aviation française dans le nord du Mali.

Serval: un bataillon de Chasseurs alpins en route pour le Mali

Ce choix est dicté par leur expertise en topographie et en raison de leurs qualités d’adaptation aux conditions extrêmes. Une cérémonie de levée des couleurs s’est tenue, lundi dernier à  Varces, à  l’occasion du départ pour le Mali de 300 hommes du 7ème BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins). Ils partiront, par vagues successives, dans les prochains jours, toujours dans le cadre de l’opération Serval à  laquelle participent actuellement 2500 militaires français. Ce départ intervient alors que la France poursuit actuellement, l’allégement de son dispositif militaire. Un an après le début de l’opération Serval visant à  lutter contre les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du pays, « l’essentiel de la mission a été accomplie », a estimé François Hollande il y a une quinzaine de jours. Le président de la République avait alors confirmé que l’effectif français au Mali serait ramené à  1600 hommes mi-février. Mais la réorganisation du dispositif militaire français vise à  un rapprochement de la bande sahélienne, o๠la menace jihadiste est la plus forte. Une triple mission Les hommes du 7ème BCA seront déployés à  Kouri, Kidal, et Gao. Ils auront pour mission l’accompagnement au combat des militaires maliens et des Casques bleus, la formation des unités maliennes et l’installation d’un bataillon autonome à  Gao. Le colonel Lionel Catar, chef de corps du 7ème BCA, prendra le commandement de ce bataillon du GTIA (Groupement Tactique InterArmes), à  Gao, à  compter du 8 février. Les Chasseurs alpins avaient déjà  été envoyés en mission en Afghanistan mais c’est une première en Afrique. Formés à  la base pour le combat en montagne, ils devront faire appel à  leur expertise en matière de topographie, à  leur aptitude à  se reconnaà®tre quel que soit le terrain. Plutôt habitués à  se protéger du froid, ils devront, cette fois, lutter contre la chaleur avec des températures dépassant souvent les 40 degrés.

Pour Hollande, l’opération au Mali est une victoire…

Face à  la presse mardi 14 janvier, François Hollande a abordé les questions internationales et africaines. « Les valeurs de la république sont les valeurs de la France au plan international » a expliqué le président français qui est revenu sur les opérations au Mali en Centrafrique qu’il considère comme des réussites. Victoire au Mali Pour le président français, l’opération Serval est une réussite. Elle a permis de booter les djihadistes hors du Mali. « Au Mali, il y a un an presque jour pour jour, je décidais d’une intervention militaire dans le cadre des Nations unies avec les Africains, a rappelé le président français. Le résultat est là . Les jihadistes ont été repoussés, vaincus, le Mali a retrouvé son intégrité territoriale, des élections ont eu lieu, présidentielles, législatives. » En résumé, la France a joué son rôle. « « Oui, il y a des moments o๠il faut saluer les victoires ! C’’en est une. Victoire contre le terrorisme, victoire pour la démocratie, victoire pour le développement, a salué le président français. Je veux rendre hommage à  nos soldats. Mais l’opération va s’achever ! Elle ne comptera que sur 1 600 soldats en février et 1 000 à  la fin du printemps. Voilà  ce qu’est une intervention utile, o๠la France a pu être à  sa place ». Et cette opération n’a pas vocation à  perdurer. D’autant que le retrait progressif se fera. Avec à  terme 1000 soldats français en fin avril.

Serval, savoir servir

La mort de Damien Boiteux aux premières heures de l’opération Serval est restée en travers de la gorge des militaires français. La mort en novembre dernier de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a corsé la note. Les milliers de soldats déployés au Mali ont été cueillis à  froid par l’adversaire qu’ils ont dû minimiser à  tort ou à  raison à  l’entame de cette mission dans l’immense Sahel. Si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, il reste que chaque soldat refuse d’imaginer son camarade être sacrifié à  l’autel du grand banditisme transfrontalier avec des djihadistes se réclamant malheureusement de l’Islam radical. La consigne est simple chez ces sauveurs de la sous–région ouest africaine : ne faire confiance en personne. Effectivement, les forces Serval vérifient tout et fouillent tout. Par exemple, a révélé un officier supérieur « si un assaillant tombe sous les balles des forces Serval, il est systématiquement fouillé pour connaitre son identité, ses origines, le type d’arme qu’il détenait et d’autres renseignements opportuns ». La couleur de la peau, le port vestimentaire et la langue ne sont pas des indicateurs fiables pour ces adeptes du renseignement. Face à  un adversaire qui recrute dans toutes les sphères et à  des pseudos illuminés intégrés au gré d’intérêts ponctuels, toute personne devient un suspect potentiel. Conscients de l’état d’esprit de la troupe, les officiers supérieurs de Serval récusent les visions angéliques qui font de tous les nordistes des rebelles. Collaborer avec la population Avec la stratégie de l’évitement et du refus de la confrontation mise en place par les groupes armés terroristes, les forces Serval tendent la main aux populations autochtones pour plus de collaboration en vue d’obtenir des renseignements de qualité. Depuis quelques mois, les stocks de matériel et de nourriture arrachés à  l’ennemi sont redistribués aux populations autochtones en guise de motivation et de remerciements. Pour des hommes en mission loin de la France natale, l’appréhension qu’ils ont de leur mission surprend agréablement. Une jeune dame, capitaine de Serval, n’a pas caché « sa déception de devoir rentrer en février au pays de Marianne ». Elle estime « être au service du monde libre qui doit se défaire de l’emprise des groupes armés terroristes ». Affectée dans le nord du Mali, elle « trouve les populations locales chaleureuses et méritantes des efforts déployés par la France pour mettre hors d’état de nuire les islamistes radicaux ». Son commandant d’unité a souligné que « la mission devait s’étendre sur plus de quatre mois pour arriver à  bout de ces groupes armés terroristes en compagnie des FAMA, les forces armées maliennes ». Ces FAMA et les gendarmes maliens présents sur les théâtres d’opération sont aujourd’hui respectés et cités en exemple par les militaires français qui saluent leur étroite collaboration. « Défendre la liberté au péril de sa vie » Un jeune sergent de l’armée de l’air disait à  cet effet que « la future armée malienne sera difficile à  contenir et les aviateurs qui reviennent d’une formation sur le pilotage des MIG 21 en Algérie le prouvent au quotidien ». Tenus par le droit de réserve, ils parlent avec passion de cette armée malienne en reconstruction tout en ayant dans un coin de la tête le casse-tête que représente la Minusma. C’’est un fait : Serval ne peut pardonner à  la Minusma son inertie suite à  l’assassinat des journalistes de RFI à  Kidal. De Kidal à  Gao en passant par Bamako, la rigueur militaire, le respect de la hiérarchie et la complémentarité marquent le visiteur des camps de Serval. Les soldats français ne perdent jamais de vue le pourquoi de leur présence sur le sol malien. Comme le disait un capitaine de Serval à  son colonel « nous sommes des enfants de la nation des droits de l’homme et à  ce titre, nous défendrons la liberté au péril de notre vie et peu importe le théâtre d’opération. Le Mali est à  vol d’oiseau de la France qui ne le lâchera pas. Cette mission est essentielle, il faut juste que Bamako nous aide en jugeant tous les criminels arrêtés dans le cadre de la pacification du pays ».

Opération Serval, il y a un an déjà…

Appelée Serval, cette opération a eu le mérite de stopper net l’offensive des djihadistes qui voulaient mettre le cap sur le sud pays après avoir régenté les régions nord du Mali. Retour sur les péripéties d’une opération salvatrice Le 10 janvier 2013 aux environs de 18 heures, la peur-panique s’empare des Maliens qui suivent minute après minute les informations relatives à  la défaite de ses militaires face la fulgurante progression des forces obscurantistes qui, après avoir conquis la ville Konna, s’élancent à  l’assaut de Sévaré (région de Mopti), verrou stratégique dont la chute allait ouvrir la voie sur Bamako. Face à  la gravité de la situation, le président par intérim d’alors, Dioncounda Traoré, demande à  François Hollande d’envoyer des militaires français pour éviter l’humiliation. Hollande réagit Le président français répond positivement à  l’appel de détresse du Mali. Aussitôt les forces françaises se mettent en branle avec une rapidité et une efficacité appréciable qui vont vite contrarier le dessein funeste des forces du mal mises en débandade par la puissance de feu des Français. Dans ces affrontements, le lieutenant d’aviation Damien Boiteux perd la vie et devient du coup le premier martyr de la libération du Mali. l’homme recevra un hommage appuyé et unanime de tout un peuple. Pour l’immortaliser, une rue de Konna porte désormais le nom du vaillant soldat. Konna libérée, combats à  Diabali Les troupes maliennes aux côtés des militaires français entrent triomphalement à  Konna le 12 janvier avant de nettoyer ses environs des derniers djihadistes retranchés dans la ville. A Bamako o๠l’on retient son souffle, C’’est le soulagement général. Deux jours plus tard, les djihadistes tentent un baroud d’honneur à  Diabali avant d’être vite anéantis par les forces franco-maliennes. Offensive franco-malienne La bataille de Konna marquera le début d’une grande offensive franco-malienne qui permettra de libérer les trois régions du nord sous le joug des djihadistes depuis près de dix mois. A la fin du mois de janvier 2013, les populations du nord reprennent avec goût à  la vie après la débâcle de leurs bourreaux et remercieront la France pour leur délivrance. La partie ne sera pas de tout repos pour les militaires français. Leurs efforts sur le terrain seront payés, fin février, par l’élimination de l’un des émirs chefs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), l’Algérien Abdelhamid Abou Zeà¯d. De Serval à  Panthère à  Hydre… Pour consolider son emprise sur le nord et surtout éviter de se faire surprendre, l’opération Serval va engendrer une kyrielle d’opérations. l’opération Panthère menée dans l’Adrar des Iforas avec les militaires tchadiens en février 2013, l’opération Gustav lancée en février à  Gao, l’opération Nétero du 24 juin au 9 juillet 2013 avec plus de 600 militaires de la force Serval, l’opération Centaure, du 21 juillet au 21 août 2013, avec près de 800 militaires français bien armés, les opérations Dragon et Constrictor sont autant de faits d’armes de l’opération Serval ayant permis de détruire les poches de résistance des djihadistes dans le nord du pays. A cela, il cela il faut ajouter la grande opération antiterroriste «Hydre » du 20 octobre au 3 novembre. Cette opération qui a regroupé les forces françaises, maliennes et de la Minusma avait un double objectif : dégager la région de Kidal des djihadistes et le déploiement de soldats africains pour prendre le relais des militaires français à  long terme…

Première mission opérationnelle réussie de l’A400M

En plus du matériel, l’avion a également transporté du personnel et une délégation de journalistes dans le cadre du déplacement du ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, à  Gao et à  Bamako. D’après, le ministère de la Défense, il a fallu 7 heures à  l’A400M pour rallier le Mali alors qu’il aurait fallu 9h30 à  un C-130 pour faire le même trajet, avec seulement 9 tonnes à  bord. « Nous avons minutieusement préparé ce vol, afin de pouvoir pallier à  toutes les éventualités. Nous avons notamment pu nous entraà®ner sur le simulateur « Full Flight Simulator », mis en service depuis quelques semaines au centre de formation A400M d’Orléans » a indiqué le lieutenant-colonel Creuset, responsable de la mission. Une nouvelle ère Avec l’Atlas, le transport aérien militaire français entre dans une nouvelle ère. Jusqu’à  présent, cette capacité reposait sur une flotte vieillissante d’appareils. Le C130 «Hercules» et le C160 «Transall» ont été mis en service respectivement en 1987 et 1967. Les capacités d’emport de l’A400M sont bien supérieures à  celles des avions actuels. Conçue pour le transport de charges lourdes et volumineuses, la soute de l’A400M (4 m de large et 340 m3 contre 162 m3 pour le Transall) permet, par exemple, de transporter: – 21 tonnes à  5000 km en 8h (contre 6 tonnes à  5000 km en 2 jours pour un Transall), soit une charge près de 4 fois supérieure, acheminée en 2 fois moins de temps vers Dakar ou N’Djaména, – 2 hélicoptères «Tigre», – 3 véhicules de l’avant blindés (VAB), – 116 parachutistes, – 66 blessés sur brancards. La soute équipée d’un palan et gérée électroniquement, doit permettre un chargement autonome et peut, selon les besoins, être reconfigurée en quelques minutes seulement. Ses systèmes d’arme actuels et futurs sont également des plus modernes, avec notamment son avionique de la génération A380, son système de préparation de mission numérique (MPRS), son système d’autoprotection, ses capacités de liaison 16, de jumelles de vision nocturne (JVN), d’autoprotection et de suivi de terrain. Cet appareil répond donc aux besoins actuels des forces françaises pour la gestion des crises et des conflits modernes. Un avion militaire certifié Cette première mission opérationnelle selon le ministère, s’est faite dans le respect des règles internationales de circulation aérienne civile. Il n’a donc pas été nécessaire d’obtenir de dérogation pour que l’A400M puisse traverser les différents espaces aériens qui l’ont conduit jusqu’au Mali. Ceci est lié au fait que l’A400M est un avion militaire certifié selon des normes de sûreté civiles. Cette certification a été accordée par l’AESA. Le premier A400M de série (MSN 7) a été livré à  l’armée de l’Air début août 2013. Le deuxième avion (MSN 8) a été réceptionné le 6 novembre dernier. L’A400M est toujours en phase d’expérimentation dans l’armée de l’Air. Il ne sera véritablement déclaré opérationnel qu’à  l’automne 2014. La France doit réceptionner un total de 15 A400M d’ici 2019.

Focus : Serval, le guet permanent

Ils sont simplement consciencieux de leur mission. Ils la prennent très au sérieux, cette mission. De jour comme de nuit, sous le froid de Bamako comme sous les vents sablonneux du nord, ils sont prêts à  affronter l’ennemi. Casque bien vissé, lunette de soleil de rigueur, la tenue saharienne impeccablement mise, le regard franc, le soldat français montre par le verbe et le comportement qu’il est zone de guerre. Dans ces positions avancées, tout est surveillé. De la buanderie au foyer en passant par les airs de loisir, la salle de musculation, le bar, le réfectoire, les tentes climatisées, la piste d’atterrissage, rien n’est laissé au hasard. Avec un ennemi toujours isolé et cachotier, le contrôle et la vigilance sont toujours de mise. Curiosité de ces troupes, aucune difficulté pour les interviewer. Elles répondent aux questions de la presse et savent quoi dire sur le sujet proposé. Approché, le soldat français en mission pour quatre petits et longs mois affirme que « la sécurité de tous est entre les mains de chacun ». Psychose ou zèle ? Ni l’une ni l’autre. C’’est juste que ces hommes rompus aux missions difficiles savent que toute erreur peut être fatale face à  un ennemi adepte des coups lâches et spectaculaires. Passer du temps avec ces hommes et femmes prêts à  se sacrifier (Damien Boiteux en est la parfaite illustration) pour un monde libre permet de comprendre que le Mali est toujours en guerre. Si l’ennemi se nomme « djihadiste » ou terroriste, les forces Serval doivent faire face à  deux adversaires : le climat et la distance.

Colonel Calvez :« Le Mali est plus difficile que l’Afghanistan »

Journaldumali.com: Mon colonel, vous êtes le commandant du Groupement Tactique Inter Armes/ Désert dans le nord du Mali. Les forces Serval ont fait une découverte il y a moins de quinze jours. Pouvez-vous revenir dessus ? Colonel Calvez : Effectivement, il y a une dizaine de jours, nous avons découvert un camp récemment occupé par des groupes terroristes. C’’était au nord de Tombouctou, ils y avaient planqué un stock de 400 tonnes de médicaments, plus de 400 tonnes de carburant, des réservoirs d’eau, un champ de tir et des pièces détachées pour des véhicules de terrain. Ce camp situé au milieu du désert avait été utilisé au moins trois jours auparavant. C’’est vous dire que nous devons en permanence être sur le terrain. A preuve, hier lundi (l’interview a été réalisée le 31 décembre), nos équipes ont découvert une cache de cinq tonnes d’explosif artisanal. Les terroristes s’entraà®nent, ils n’ont pas lâché le morceau mais ils évitent les confrontations. Ils sont difficiles à  identifier et C’’est pourquoi nous travaillons avec des maliens intégrés pour la recherche d’informations. Nous ciblons des chefs de réseau et nous en avons pris quatre vendredi dernier vers Bourem. Nous les avons remis aux autorités maliennes. C’’est quoi le profil de ces chefs de réseau ? Ils sont presque tous maliens et ont entre 40 et 80 ans mais nous ne tenons pas compte de l’âge puisqu’ils ne mangent pas bien dans ces zones arides et disent tous être nés le 31 décembre 1979. Les groupes se forment sur la base d’opportunisme ethnique, tribal et parfois économique. Les gros mouvements qu’on voyait au début de la crise disparaissent au profit de groupes de 30 personnes environ. Nous savons par exemple que Gao est le fief du MUJAO mais il est difficile d’en dire autant pour les autres groupes. Face à  cette multitude de groupes terroristes, comment faites-vous pour contrôler la situation sur le terrain ? Ces bandes armées utilisent un type de téléphone que nous connaissons et dont nous pouvons capter les communications pour des besoins de localisation des groupes mais cela ne suffit pas. Il nous faut toujours aller sur le terrain. Les drones, la cartographie et les capteurs ne peuvent pas tout prendre. Il nous faut des contrôles de zones comme C’’est le cas à  l’instant o๠nous parlons avec près de 300 de nos hommes qui sont en mission sur le terrain. Nos renseignements doivent être recoupés, confirmés et rafraà®chis tout le temps. C’’est dans cette optique que la collaboration des populations est utile. Par exemple, à  Gao, les populations collaborent bien à  l’opposé des populations nomades. Plus on monte dans le nord, moins il y a de collaboration. Néanmoins, l’Afghanistan nous ayant beaucoup appris, nous savons quoi faire. Nous avons une centaine de points renseignements qui nous sont très utiles. Justement, vous parlez de l’Afghanistan, les spécialistes assimilent le Mali à  ce pays ? Non, les deux situations ne se ressemblent pas. En Afghanistan, C’’est un mouchoir de poche, or au Mali les échelles ne permettent pas d’avoir des repoussoirs. Ici, le centre de gravité fait 800 kilomètres fois 800 kilomètres, C’’est large. Gao est notre escadre, nous sommes dans un océan et tout autour les groupes terroristes agissent en miroir. Vous savez au Mali, nous recherchons l’effet direct et l’effet indirect. l’effet indirect C’’est de récupérer par exemple 400 kilogrammes de médicaments voire de nourriture ou de carburant et d’empêcher la reconstitution de ce stock par les groupes armés. Ces captures plombent les velléités de réaction et de mobilité des groupes terroristes. A cette étape de notre mission, il faut une approche globale pour contrôler les flux dans le désert d’o๠la nécessité d’en appeler à  la collaboration de tous les pays de la sous-région. Vous parlez de collaboration or Serval s’apprête à  quitter le Mali, n’est-ce pas contradictoire ? Nous ne partons pas, C’’est simplement que Serval 4 comptera 1000 hommes donc cinq cent en moins. Notre mode d’action va évoluer avec cette réduction d’effectifs. Les échanges avec l’armée malienne sont corrects. Nous nous rencontrons une fois par semaine pour faire le point. Les FAMA et la gendarmerie malienne nous appuient beaucoup. Nous sommes encore là  parce que reconstruire une armée ne se fait pas en six mois. Serval réadapte ses capacités au Mali et ceci n’affectera pas l’armée malienne. C’’est un travail de patience. Serval n’abandonne pas le Mali. Aucune armée ne se ressemble. Le soutien de Serval sera là . Le soutien français sera là . Vous pouvez mettre en avant autant d’hommes sur une superficie deux fois plus grande que la France mais si le renseignement et la collaboration des populations ne sont pas là , rien n’ira. Vous flattez l’armée malienne ou vous la surestimez ? l’armée malienne est sur la bonne voie. La réappropriation du territoire devient de plus en plus effective. C’’est un malade qui guérit peu à  peu seulement il a besoin de conseils, de confiance en ses capacités et la dernière intervention des gendarmes maliens qui ont tué une vingtaine de terroristes en est un bon exemple. Cette guerre est compliquée. Il faut éviter cette vision cartésienne qui compartimente les uns et les autres. Pourquoi les forces Serval n’ont pas fait grand-chose dans l’affaire de nos confrères de RFI à  savoir Ghislaine Dupont et Claude Verlon ? Bien sûr que nous avons fait quelque chose. Nous sommes intervenus dès que nous avons reçu l’information. Nous avons mobilisé 80 hommes en quatre heures pour traquer les assassins. De présumés coupables ont été arrêtés et remis aux autorités maliennes. La traque a duré deux semaines. Nous avons outre ces présumés assassins de Ghislaine et Claude remis aux autorités maliennes une quinzaine de personnes depuis septembre. C’’est aux autorités maliennes de gérer les personnes arrêtées et surtout les bandits de droit commun. Mon colonel, le cas de Kidal est préoccupant. l’on reproche à  la France de protéger Kidal et certains terroristes, C’’est exact ? Kidal est un bouillon de culture, C’’est la concentration de toutes les problématiques. Kidal est un problème endémique et pathologique. C’’est une zone explosive o๠la tension est palpable. Les GAT (groupes armés terroristes) y pullulent. Il faut que le Mali trouve un compromis pour le cas de Kidal, ce n’est pas Serval qui va régler ce problème. La stabilisation de la nation malienne passe par la pacification ou la résolution du cas Kidal. Cette vision angélique faisant des populations de zone de Kidal des terroristes est fausse. On y trouve plus de trafiquants que de terroristes. Nous connaissons les Moktar Bel Moktar dit Mister Marlboro et tous les autres ténors mais à  y voir de plus près ce sont des gens qui s’allient aux groupes terroristes armés pour maquiller leur trafic. La paix au Mali passera par la résolution du cas de Kidal.

Arrivée de Le Drian à Gao

En provenance de Bamako, Jean-Yves Le Drian a atterri à  Gao, plus grande ville du nord du Mali, à  bord d’un avion militaire de type A400 M, qui effectuait sa première mission opérationnelle sur un théâtre d’opération extérieur. Outre des journalistes accompagnant Jean-Yves Le Drian, l’avion transportait du fret destiné aux militaires français de l’opération Serval, présents au Mali depuis presqu’un an. A Gao, le ministre français doit rencontrer ces hommes de l’opération Serval, ainsi que des soldats africains de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma. Il retournera dans l’après-midi à  Bamako pour y rencontrer le président malien Ibrahim Boubacar Keà¯ta avant de passer le réveillon du nouvel an avec des militaires français. Cette visite intervient à  quelques jours du premier anniversaire, le 11 janvier, de l’intervention de l’armée française pour chasser les islamistes armés qui contrôlaient le nord du Mali depuis neuf mois et menaçaient de descendre vers le Sud et Bamako. Ces groupes liés à  Al-Qaà¯da restent encore actifs dans cette région o๠ils ont récemment commis plusieurs attentats meurtriers. 2.500 soldats français sont toujours présents au Mali, soit deux fois moins qu’au plus fort de la crise. Au printemps 2014, le contingent français ne devrait plus compter qu’un millier d’hommes. Le redéploiement du dispositif militaire français dans les pays du Sahel et la situation en Centrafrique sont au coeur de cette visite. Après Bamako, Jean-Yves Le Drian se rendra mercredi à  Niamey et jeudi à  N’Djamena.

Le Drian et le Mali : à l’heure du bilan

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, entame dès ce lundi une visite de trois jours au Mali, au Niger et au Tchad. Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel et la situation en Centrafrique seront au centre des discussions. Pour la première fois depuis des années, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne réveillonnera pas avec les militaires déployés en Afghanistan, mais avec les troupes présentes en Afrique. C’est au Mali que le ministre entame, lundi 30 décembre, une visite de trois jours qui le mènera également au Niger et au Tchad. Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel et la situation en Centrafrique seront les principaux sujets de discussion. Le ministre s’entretiendra, mardi, avec le président Ibrahim Boubacar Keita, à  quelques jours du premier anniversaire de l’opération Serval, lancée le 11 janvier 2013 pour chasser les islamistes armés qui contrôlaient le nord du pays. Fin décembre, 2 500 soldats français seront encore présents dans le pays, soit deux fois moins qu’au plus fort de la crise. Au printemps 2014, le contingent français ne devrait plus compter qu’un millier d’hommes. 650 soldats français poursuivront à  terme leurs opérations contre le « terrorisme » au Mali, o๠les groupes islamistes conservent une forte capacité de nuisance. Les 350 autres se répartiront entre la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) et la participation française à  l’état-major de la Minusma, la force des Nations Unies au Mali. La France qui dispose d’environ 5 000 hommes stationnés en permanence en Afrique, de Dakar (350) à  Djibouti (2000), en passant par Libreville (950), N’Djamena (950) ou encore Abidjan (450), entend « réarticuler » de façon « très progressive » son dispositif dans la région afin de l’adapter aux nouvelles menaces, souligne-t-on à  la Défense. Financement des opérations En 2013, 630 millions d’euros pour les opérations extérieures étaient prévus dans le budget initial, promulgué quelques jours avant le déclenchement de l’opération Serval au Mali, dont la Cour des comptes a récemment évalué le coût à  647 millions d’euros. La consommation réelle de crédits s’est finalement élevée à  environ 1,2 milliards d’euros, selon Gilles Carrez.

Serval, le bon samaritain du Mali

Parent éloigné du lion, faux cousin du guépard, le Serval, qui fait penser au chat, a sauvé le Mali. Seulement, ce félin africain au cou long ne se laisse pas facilement avoir comme le chat. Il voit au loin, entend avant tout le monde, perçoit vite et prend ses dispositions pour soit attaquer sa proie ou se mettre à  l’abri. Grand sur pattes d’environ 60 centimètres, long de presque 105 centimètres et pouvant peser jusqu’à  26 kilogrammes, le Serval marque vite son territoire, tenez-vous bien en urinant presque toutes les deux minutes. Serval, le bon samaritain du Mali Bien des mois après le début de l’intervention française au Mali, on peut dire merci à  cet animal qui préfère chasser à  la nuit tombée. On comprend à  présent pourquoi les MIG 21 ont nuitamment donné l’assaut en janvier dernier. La proie repérée, le Serval attend la pénombre pour entrer en action. Avec des sauts de six mètres de long et trois mètres de haut, ce redoutable chasseur enregistre un taux de succès global en termes de chasse nocturne qui dépasse la moyenne. l’opération Serval n’est pas appelée à  durer au vu de sa dénomination d’autant que le Serval n’aime pas les zones arides. Il dévore les petites proies et obstrue les grandes. Hum, est-ce à  dire que les hommes de l’opération Serval n’ont pas trop de temps à  consacrer aux seconds couteaux ? Depuis douze maintenant, en tous cas, ils traquent les grands noms du désert comme Moctar Belmokhtar. Le Mali peut scruter l’avenir avec espoir, beaucoup d’espoir d’autant que le Serval ne cède jamais face à  sa proie. Petits, frêles et squelettiques narcotrafiquants, cachez –moi vos longues barbes ébouriffées et vos encombrants boubous, le Serval nage, saute, escalade, court et frappe fort. Pourquoi ne pas lui dédier un satisfécit pour l’immense travail déjà  abattu ! Merci Serval !

Mali: l’armée française au secours des FAMA

Des tirs avaient été échangés, entre les rebelles touaregs du MNLA, d’un côté, et les forces malienne, française et onusienne de l’autre. Mais les versions divergeaient entre l’armée malienne et le MNLA. Aujourd’hui, les militaires français sortent du silence qu’ils s’étaient jusqu’ici imposés sur l’affaire. Les rebelles touaregs du MNLA accusent l’armée malienne d’avoir attaqué la première et d’avoir ensuite exécuté sommairement trois prisonniers, ce que l’armée malienne dément, accusant les combattants du MNLA d’avoir d’abord ouvert le feu. Les casques bleus de la Minusma et les militaires français de la force Serval étaient sur place. Mais ils assurent qu’ils étaient dans le village à  ce moment précis et non à  la sortie, là  o๠l’accrochage a débuté d’o๠une réserve dans un premier temps. Accusations non fondées Une réserve dont sort désormais le général Marc Foucault, qui commande la force Serval. Il balaie les accusations du MNLA : « Ces accusations ne sont pas fondées. Nous sommes actuellement en train de faire une enquête. Mais d’après les premiers éléments, il n’y a pas lieu de parler d’exécutions sommaires ». A la question qui a tiré le premier, le chef de la force Serval « pense très clairement ce sont les forces armées maliennes qui ont été prises à  partie ». La mission des Nations unies au Mali, elle aussi, estime que les soldats maliens ont répliqué aux tirs des rebelles touaregs.

Comment Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont croisé la mort à Kidal

Lorsque Claude Verlon et Ghislaine Dupont arrivent à  Bamako le vendredi 25 octobre, ils sont heureux à  l’idée de faire des sujets sur la réconciliation nationale dans le cadre de la grande opération spéciale que préparait RFI les 7 et 8 novembre à  Bamako.  » On a tellement bossé dessus, on voulait montrer que les populations du Nord Mali sont pour la paix et l’unité », confie leur collègue Christine Muratet lors de la cérémonie funèbre organisée avant le rapatriement de leurs corps à  Paris. Ghislaine Dupont et Claude Verlon n’en sont pas à  leur premier coup d’essai. Habitués de l’Afrique, des terrains sensibles comme le Congo Kinshasa d’o๠Ghislaine fut expulsée en 2006 ou encore la Côte d’Ivoire pendant la crise politique, ils ont souvent travaillé ensemble. Les deux reporters en étaient à  leur deuxième voyage au Mali, après l’élection présidentielle de Juillet o๠ils avaient couvert le vote à  Kidal. « J’ai voyagé avec eux, j’ai beaucoup discuté avec Ghislaine et Claude dans l’avion « , témoigne Ousmane Ndiaye, l’un des correspondants de TV5 Monde à  Bamako. Ce dernier reste très ému par leur mort et n’a pas souhaité en dire plus. Direction Kidal Sur place, Ghislaine Dupont et Claude Verlon entament rapidement les démarches pour se rendre à  Kidal le vite possible. Samedi 26 octobre, le lendemain de leur arrivée, on les verra au Parc National de Bamako, à  la journée des Nations Unies. Ils y étaient pour prendre contact et rencontrer la Minusma, et organiser leur voyage à  Kidal :  » Ils ont demandé à  ce que nous les transportions jusqu’ à  Kidal, confie cette chargée de l’information. Nous avons accepté et leur avons fait signé un document nous désengageant, car une fois à  Kidal, ils seraient responsables de leur propre sécurité. J’avais encore ces documents sur la table, samedi, lorsqu’on m’a appelé pour m’informer de leur enlèvement », poursuit-elle, émue. Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient-ils trop pressés d’arriver à  Kidal ? C’est l’avis d’un journaliste malien, qui les connaissait : » Lorsqu’elle arrive à  Bamako, Ghislaine Dupont prend du temps pour se reposer, voir des amis, mais cette fois, elle avait hâte d’aller au nord ». Confiante en la mission, elle avait depuis Paris, contacté des responsables du MNLA. Quelques jours plus tard, les deux reporters sont à  Kidal. Ils y sont à  l’aise et testent leur matériel devant foules et témoins, rencontrent les autorités et des responsables locaux. Sur place, la présence des deux français est vite repérée.  » S’ils se sentaient en confiance », confie en sourdine Mme Chekchik, l’épouse d’un membre influent de la communauté touareg, c’est que le MNLA a du leur dire, venez, nous contrôlons Kidal, et vous n’avez rien à  craindre. Et turbans sur la tête ou pas, à  Kidal, chacun sait qui est qui… ». Affirmation osée, mais qui va dans le sens de tous ceux qui accusent le groupe rebelle d’être complice de l’enlèvement des deux journalistes français. Du reste, qu’Ambéry Ag Ghissa déclare avoir été sommé de  » rentrer » au moment o๠les deux français sont enlevés, continue d’étonner. Et l’autre thèse qui évoque l’arrivée imprévue des deux reporters, chez Ambéry Ag Ghissa, est plus qu’improbable… Flou autour de l’enlèvement Comment Ghislaine Dupont sont -ils arrivés au domicile d’Ambéry Ag Ghissa sans escorte ? Comment ont-ils pu sortir de la maison du responsable du MNLA et se faire enlever sans qu’aucune intervention n’ait eu lieu. Ambéry Ag Ghissa, haut responsable politique du MNLA vit-il sans garde rapprochée ? Autant de zones d’ombres qui laissent penser que les deux français étaient suivis, épiés et attendus. Mais l’alerte sera vite donnée après leur enlèvement. « Une patrouille au sol et deux hélicoptères Serval, qui ont décollé de Tessalit, ont entrepris de prendre en chasse les ravisseurs », précise l’état major français. « Kidal est une petite ville et il n’y a pas mille et un chemins pour sortir de la ville.  » Lorsque les Français disent qu’ils n’ont pas établi de contact visuel, cela laisse place au doute », affirme un militaire de la Minusma en poste à  Bamako. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, selon une première thèse, ont été tués par balle puis abandonnés à  quelques mètres du véhicule des ravisseurs à  12km au nord de Kidal. L’enquête avance, et la katibat, qui aurait organisé le coup étant identifiée comme celle d’Abdelkrim El Targui, réputé sanguinaire, laisse penser qu’ils « auraient été égorgés ». Sont-ils morts à  cause de la panne du véhicule ou parce que les ravisseurs s’estimant poursuivis , ont préféré les exécuter froidement ?  » C’est en général la technique d’AQMI et chaque fois qu’il y a une opération visant à  libérer les otages, et qu’elle tourne mal, AQMI exécute les otages », précise cet expert du Sahel. Victimes collatérales La mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon aurait-elle pu être évitée ? Les questions demeurent mais toujours d’après cet expert du Sahel, les ravisseurs auraient pu vouloir prendre les deux français comme monnaie d’échange. On sait désormais qu’Iyad Ag Ghali, l’ex chef d’Ancar Dine, a été un médiateur dans la libération des 4 otages d’AREVA. On l’accuse d’avoir fui avec l’intégralité du butin et Targui son cousin, chef de la katibat « El Ansar », d’avoir voulu prendre les deux français comme monnaie d’échange potentielles pour calmer les ardeurs de tous ceux qui ont été impliqués dans la libération des otages d’Areva. Leur mort résulterait alors du mécontentement de certains bandits qui n’auraient pas eu leur part du butin. En outre, un autre suspect, Bayes Ag Bakabo, serait impliqué dans l’enlèvement des deux journalistes puisque c’est son véhicule, une totoya pick up beige, dans laquelle des preuves auraient été retrouvées, qui aurait servi à  l’opération, puis été abandonné à  quelques kilomètres du corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.L’enquête elle se poursuit et plusieurs suspects ont été appréhendés. Mais qu’en est-il de l’interview que les deux journalistes ont réalisé avec Ambéry Ag Ghissa ? Que se sont-ils dit ? La direction de RFI a t-elle pu récupérer ces enregistrements ? De ces éléments, on ne sait rien pour le moment… Sauf que leur contenu pourrait apporter de nouveaux éclaircissements dans l’affaire…

Présence française au Mali : « Nous n’allons pas partir comme des voleurs »

L’opération militaire en cours, sur la boucle du Niger, vise-t-elle à  répondre aux récents attentats-suicides ? Général Marc Foucaud : L’opération en cours est complexe car elle est menée pour la première fois avec l’ensemble des forces alliées, française, malienne et africaines. Elle est planifiée depuis longtemps. Depuis la fin de « Serval 1 » et nos actions dans l’Adrar des Ifoghas [nord-est du Mali], nous ne cessons de mener des opérations pour affaiblir les réseaux djihadistes et leur logistique. Nous leur donnons des coups. Nous avons récupéré beaucoup de munitions. Nous assistons à  une série [d’attaques], qui correspond vraisemblablement à  une campagne orchestrée. Nous savons que le seul moyen pour ces terroristes d’exister, ce sont les actions asymétriques, bien relayées par des médias. Comment évaluez-vous la situation sécuritaire ? Les groupes terroristes ne sont plus capables de mener des actions coordonnées d’envergure. Al-Qaida au Maghreb islamique essaie de trouver actuellement des armes sur le marché local malien, mais aussi dans le sud de la Libye, qui constitue une zone grise, par la route du nord du Niger. Il faut que l’armée malienne puisse maintenant frapper cette ligne logistique. Mais il ne faut pas surestimer la capacité des groupes armés à  revenir à  la situation antérieure à  l’intervention militaire française. Les chefs djihadistes sont en cavale, ils changent de lieu toutes les quarante-huit heures et se terrent. Et à  Kidal ? La situation au nord du Mali relève d’une problématique particulière qui n’est pas nouvelle mais fondamentale, celle des relations entre le gouvernement et les Touareg. S’il n’y a pas d’accord signé entre ces parties, nous allons repartir quelques mois en arrière. La situation est très tendue, assez explosive sur Kidal : les Touareg, les mouvements signataires de l’accord de Ouagadougou [en juin], et l’armée malienne se font face à  quelques centaines de mètres. Sur la route transsaharienne, à  la frontière avec l’Algérie, passe tout le commerce qui alimente le nord du Mali. Celui qui tient In Khalil est le maà®tre. Or, le Mouvement national de libération de l’Azawad a repris ce point des mains du Mouvement arabe de l’Azawad, et il y a une lutte entre ces groupes signataires de Ouagadougou. A Kidal, nous, avec la Minusma (Mission des Nations unies au Mali), jouons les pompiers. Nos soldats prennent des risques. On ne souhaite pas être une force d’interposition, mais on ne veut pas d’escalade car il faut une sortie politique, la seule possible. Nous faisons donc tout pour faire baisser la pression, notre souci est d’éviter l’engrenage. Il faut régler le problème touareg, qui mobilise l’énergie du gouvernement malien, pour que le pays se concentre sur ses vrais ennemis : les terroristes djihadistes. Quel rôle va jouer maintenant la force française ? Une présence militaire et un mouvement permanent d’opérations sont nécessaires, car si on ne l’entretient pas, les groupes terroristes se réorganisent. Pour cela, nous ne pouvons tout faire seuls dans la durée, il faut laisser la place à  d’autres. Après la phase cinétique de « Serval 1 », nous sommes dans une phase de stabilisation, o๠la dimension politique est primordiale. « Serval » compte actuellement 2 900 hommes. Les effectifs devraient baisser à  2 000 fin décembre, après les élections législatives dans le pays. La force va se concentrer. Mais pour la suite, notre présence dépendra de l’accord de défense en cours de discussion entre la France et le Mali, ainsi que de la nouvelle maquette générale de la présence française en Afrique, qui n’est pas encore arrêtée. Nous n’allons pas partir comme des voleurs. Nous aiderons les Maliens à  monter en puissance. Et nous chercherons une cohérence dans la bande sahélienne. L’affaiblissement des groupes terroristes concerne toute la région, il faut qu’elle soit prise en compte avec les Etats voisins. La Minusma peine à  atteindre les effectifs nécessaires et l’armée malienne repart de zéro : pourront-elles prendre le relais ? Dans chaque bataillon de la Minusma, nous avons un détachement de liaison et d’appui, capable de fournir des capacités médicales, de génie, d’ouverture d’itinéraires, de contrôle aérien. Nous resterons une force de réaction rapide au Mali, en appui de la Minusma. La mission de celle-ci est d’assurer la sécurité de la population, pas d’attaquer les groupes armés terroristes. Les forces armées maliennes sont à  reconstruire. Elles sont capables de faire du bon travail et y mettent beaucoup de C’œur. Il reste beaucoup à  faire, bien sûr. La Mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM) forme un troisième bataillon. L’enjeu est de former quatre bataillons supplémentaires. Il faut vraiment regarder d’o๠l’on vient pour mesurer les progrès réalisés.

Mali: l’armée lance l’opération « Hydre » contre les djihadistes

La traque des islamistes armés continue. Dimanche 20 octobre, dans une chaleur étouffante, près de 1500 soldats ont quitté Gao, dans le nord-est du Mali, pour se déployer de part et d’autre de la boucle du fleuve Niger. Cette opération de longue durée, baptisée Hydre, est la première de cette envergure: elle est menée conjointement par les militaires français de la force Serval, les soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et l’armée malienne (Fama). Cette dernière a engagé pour la première fois les quelque 700 hommes de son deuxième bataillon, Elou, formé au camp de Koulikoro par la mission européenne d’entraà®nement au Mali (EUTM), commandée par un général tricolore. De leur côté, les Français mobilisent environ 600 militaires du groupement tactique interarmée Désert, appuyés par des hélicoptères de combat Tigre et Gazelle du groupe aéromobile. Explorer les réseaux Lors d’une visite aux troupes, sur la base de Gao, le 16 octobre, le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud a rappelé que la « désorganisation des réseaux terroristes » demeurait la priorité des soldats de Serval. « Il reste des zones o๠les groupes terroristes se rassemblent de façon résiduelle, confie un officier. Nous devons les explorer en profondeur afin de réduire leur potentiel logistique en interceptant les flux d’approvisionnement. » Lors d’une opération menée au début de septembre dans le nord de Gao, les patrouilles françaises avaient ainsi permis de découvrir deux pick-up bourrés d’explosifs, des obus et une quantité importante d’armes de poing et d’assaut. Un peu plus tard, lors d’une mission de reconnaissance à  l’est de Bourem, une ville proche, les militaires ont, cette fois, dû engager le feu contre des insurgés. Trois djihadistes ont été fait prisonniers; l’un d’eux est mort de ses blessures. Le 7 octobre, ce sont cinq roquettes de 122 millimètres qui se sont abattues sur Gao, blessant un soldat malien: elles ont été tirées à  plus de 15 kilomètres de la ville, à  partir de lanceurs artisanaux. La mise à  feu a été déclenchée grâce à  la fonction réveil de téléphones portables.

VIDEO. « Envoyé spécial » : opération Serval, quand l’armée filme la guerre au Mali

Les images de l’opération Serval, au Mali, ont jusqu’ici été distillées au compte-goutte par l’armée française. Pourtant, dès le début de l’intervention, le 11 janvier 2013, l’armée a tout filmé, ou presque. Pour la première fois, le magazine « Envoyé spécial » les dévoile, jeudi 17 octobre à  20h45, dans un document exceptionnel, écrit par l’historien Jean-Christophe Notin et réalisé par le journaliste Martin Blanchard. Ce film montre la progression des militaires français dans le nord du Mali, notamment dans la ville de Gao et dans le massif des Ifoghas. On assiste à  la traque des combattants islamistes, à  la destruction de leurs positions dans les montagnes ou en plein désert. Le document témoigne aussi des conditions de vie souvent spartiates des soldats. Dans cet extrait, des images inédites témoignent de l’action des forces spéciales lors de la toute première attaque héliportée française. Les soldats cherchent à  neutraliser un groupe de jihadistes. Un des hélicoptères essuie des tirs, il est obligé d’atterrir, tandis que le pilote du second, le lieutenant Damien Boiteux, est mortellement touché. Il est la première victime française de l’opération Serval

Merci aux pays contributeurs pour la paix au Mali!

Les enfants et les femmes des membres des forces armées et de sécurité maliennes ont témoigné par la remise de trophées et de tableaux leur reconnaissance envers les pays et organisations qui ont contribué à  la restauration de l’intégrité du territoire et au retour de la paix au Mali, dans la salle de conférence de l’Ecole de Maintien de la Paix, Alioune Blondin Beye de Bamako, ce jeudi 29 août 2013. «Â Cette cérémonie symbolique est un témoignage de reconnaissance et de remerciement de l’ensemble des enfants et épouses des membres des forces armées et de sécurité du Mali à  l’adresse des pays et organisations pour les soutiens exceptionnels à  nos pères pour le retour de la paix et la sécurité dans notre pays », a déclaré Oumou Sangaré, fille du général Pangassy, porte –parole des enfants des camps. La Force Serval, la Misma, l’EUTM, le Tchad, la Chine et la Minusma ont reçu tour à  tour des tableaux et des trophées en guise de reconnaissance pour service rendu à  la nation malienne. La cérémonie de reconnaissance coparrainée par le Président de la Commission Dialogue et Reconnaissance, Mohamed Salia Sokona et le Chef d’Etat-major général des armées, le Général Ibrahima Dahirou Dembélé, a enregistré la présence du Ministre de la Culture, Porte-parole du gouvernement, Magan Dembélé, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies, Abdoulaye Bathily, le Représentant spécial du Président de la Commission de la CEDEAO, Chaka Aboudou Touré . «Â Je mesure l’importance décisive de la prompte intervention des armées étrangères et singulièrement de celle de la France, quand nos positions défensives ont été attaquées à  Konna et Diabaly. Je salue également l’engagement et la bravoure des troupes tchadiennes à  qui je rends un hommage particulier, mais merité. J’associe à  ces hommages toutes les Forces des pays frères de la CEDEAO qui ont été engagées d’abord sous le drapeau de la Misma, et qui évoluent aujourd’hui sous celui de la Minusma », a salué le Chef d’Etat-major général des armées, General Ibrahima Dahirou Dembélé. Le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation, Mohamed Salia Sokona a salué l’initiative, précisant qu’après, les douloureux évènements que le Mali a connu, cette cérémonie constitue un acte significatif, surtout lorsqu’il est initié par des jeunes, des enfants dont les parents, les frères et sœurs ont été des acteurs ou des victimes d’une situation qui leur a été imposée. «Â Au-delà  de la symbolique, la cérémonie doit constituer un cadre propice de réflexion et de médiation sur la contribution de chaque malien à  la gestion des effets de cette période de crise marquée par des violations graves de droits de l’homme, des vols et de traumatismes subis par les populations. Je me joins aux jeunes pour remercier vivement tous les pays amis, les organisations sous régionales, régionales et internationales, qui au moment opportun, n’ont ménagé aucun effort, pour permettre à  notre pays, de rétablira sa souveraineté et l’intégrité de son territoire », a remercié, le Président de la Commission Dialogue-Réconciliation, Mohamed Salia Sokona. -30-

Jean-Vincent Brisset : «Les forces de la Minusma ne sont pas capables de fonctionner seules»

La nouvelle mission de stabilisation de l’ONU au Mali, la Minusma (Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), a été officiellement mise en place lundi 1er juillet. Cependant, malgré ce déploiement, les soldats français -3.200 à  ce jour- devrait être amenés à  rester dans le pays, les troupes onusiennes étant incapables de fonctionner seules, explique l’ex-Général de brigade aérienne et directeur de recherche à  l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Jean-Vincent Brisset. Peut-on dire que la France a réussi sa guerre au Mali? l’aviation française et l’armée de terre, avec ses hélicoptères, ont fait un travail remarquable dès les premiers jours de l’opération Serval. Les militaires français ont ainsi réussi à  stopper l’offensive sur Bamako, et à  casser les reins d’un certain nombre de points d’appui d’Aqmi (Al Qaida au Maghreb). Mais les autres problèmes, plus politiques, comme la gestion des Touaregs par exemple, ne sont pas réglés. Des soldats français sont toujours sur place, cela signifie que la guerre n’est pas vraiment finie? Il est certain que ce n’est pas fini. l’ONU a donné mandat à  la France pour continuer l’opération Serval -actions des forces spéciales, de sécurisation, et surtout protection des forces de la Minsuma, qui ne sont pas capables de fonctionner seules. Il est irréaliste de vouloir sécuriser un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés sans moyens cohérents. En Afghanistan, l’Isaf n’y est pas parvenue avec plus de 150.000 militaires. Au Mali, on voudrait le faire avec 12.000 militaires, et sans équipement adéquat. La Minusma n’est donc pas prête? Loin de là ! Depuis une vingtaine d’années, on a essayé de former, équiper et entraà®ner les armées africaines via les programmes américains Acri (African Crisis Response Initiative) puis Acota (Africa Contingency Operations Training Assistance), ou le programme français Recamp (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix), mais force est de constater que cela ne fonctionne pas. Les Tchadiens et les Nigérians ont des qualités militaires, mais sinon, les autres militaires africains ne sont pas capables de patrouiller dans le désert pour traquer des personnes qui ont l’habitude d’y vivre. Que faudrait-il faire selon vous? Il faudrait trouver des gouvernements capables de prendre en charge ce problème du Sahel, qui est un problème global. Ce qu’on fait au Mali, C’’est une lutte sans fin si les pays autour (Algérie, Mauritanie, Soudan, …), o๠la menace islamiste est tout aussi présente, ne participent pas. Certains sont incapables de le faire, d’autres comme l’Algérie le font, mais en se cantonnant à  l’intérieur de leurs frontières et sans être irréprochables du point de vue des droits de l’homme. Et, avec les livraisons d’armes à  la Libye, on a ouvert la boite de Pandore. Ce sera la même chose si l’on fournit des armes à  la rébellion syrienne: il y a un fort risque que beaucoup arrivent au Sahel. Les soldats français sont donc amenés à  rester au Mali pour un certain temps? Ce que je crains le plus, C’’est que les forces de Serval doivent être utilisées pour protéger les forces africaines. Cela signifierait être obligé de garder un grand nombre de personnels sur place. Mais, même sans cela, l’armée française devait rester longtemps au Mali: on ne veut pas le dire, mais l’idée est d’avoir une base française permanente au Sahel pour lutter contre le terrorisme et endiguer l’extension de la zone d’influence islamiste au Sahel.

Coût de l’opération Serval: plus de 400 millions d’euros en 2013

En mai dernier, 300 millions d’euros ont déjà  été engagés. Au total, explique le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, le surcoût des opérations extérieures (OPEX) devrait « dépasser, comme en 2011, le milliard d’euros ». Cette année-là , les OPEX avaient coûté au budget français 1,24 milliard d’euros, gonflé notamment par les surcoûts de l’opération Harmattan en Libye (368,5 millions d’euros pour sept mois d’intervention environ). Une telle « perspective est préoccupante », a souligné le CEMA au moment o๠la contrainte budgétaire est très, très forte. En 2012, Paris devrait avoir réduit la facture autour de 900 millions d’euros. Soit une stabilisation des dépenses à  l’image des montants déopéenses en 2010 (860 millions d’euros) et en 2009 (870 millions). 100.000 euros par homme et par an La facture globale d’une telle opération est « de l’ordre de 100.000 euros par homme et par an », a précisé le CEMA. Au Mali, au pic de l’engagement des troupes françaises, il y avait 4.500 hommes mobilisés appartenant à  101 formations différentes, soit 3.000 hommes en moyenne annuelle, en incluant les forces présentes au soutien – à  la périphérie. Une fois consommés les crédits dédiés (630 millions d’euros), « il faudra trouver de l’argent ailleurs et, le ministère du budget proposera probablement de prélever une partie des sommes sur notre propre budget, Matignon accordant éventuellement une rallonge », a expliqué l’amiral Guillaud. Car depuis quelques années, les provisions inscrites dans la loi de finances initiale (LFI) permettent de couvrir une partie des coût des opérations à  hauteur de 630 millions d’euros (soit autour de 70 % à  l’exception de 2011). Cette enveloppe est incluse dans le budget général du budget de la Défense. Une base française au Mali ? Le président malien Dioncounda Traoré a demandé à  François Hollande « l’installation, au Mali, d’une base militaire française comparable à  celle qui existe à  Dakar ». « Nous ne pouvons évidemment être partout », a expliqué l’amiral Guillaud. En revanche, des détachements d’instruction comme d’assistance militaire opérationnelles demeurent, et pas seulement à  base de forces spéciales, a expliqué le chef d’état-major des armées. « Le plan Sahel se poursuit également et la coopération avec les Maliens, interrompue en janvier 2012, reprend, y compris dans un cadre bilatéral, en complément de la mission européenne de formation – celle-ci ne concerne que le Mali, mais il existe aussi un plan EUCAP Sahel Niger, que les instances bruxelloises ont toutefois du mal à  ajuster à  la situation : l’hystérésis est d’au moins dix-huit mois, délai particulièrement long au regard du rythme de développement des crises dans la région ».

AQMI reconnaît la mort d’Abou Zeid

C’est l’agence rivée mauritanienne en ligne ANI qui a publié le communiqué d’AQMI. Pour la première fois, Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) y confirme qu’un de ses chefs, l’Algérien Abdelhamid Abou Zeà¯d, a été tué lors de combats dans le nord du Mali. Est également cité dans le texte mis en ligne ce dimanche, un autre chef d’unité combattante, le Mauritanien Mohamed Lemine Ould El-Hassen dit Abdallah Ac-Chinguitty. Ils sont « morts sur le champ de bataille en défendant la Oumma et la charia islamiques  » dans le nord du Mali, selon le communiqué à  l’Agence Nouakchott Information (ANI), qui a toujours publié des textes d’Aqmi sans jamais être démentie. Aucune date n’a été précisée par l’organisation islamiste dans ce communiqué intitulé « Condoléances et félicitations ». Selon le Tchad et la France, dont des militaires ont pourchassé des jihadistes dans le nord du Mali depuis janvier, Abou Zeà¯d a été tué fin février dans l’Adrar des Ifoghas (extrême nord-est malien). AQMI a perdu deux « hauts cadres » Abou Zeà¯d était considéré comme l’un des chefs les plus radicaux d’Aqmi. Quant à  Mohamed Lemine Ould El-Hassen animait des conférences et sermons dans les camps d’Aqmi, et était considéré comme « l’idéologue religieux » de l’organisation jihadiste. Il en avait été porte-parole avant d’être nommé en novembre 2012 à  la tête de la katiba (unité combattante) Al-Fourghan en remplacement de l’Algérien Yahya Abou El Hamame. Ce dernier avait été désigné en octobre 2012 comme successeur d’un autre Algérien, Nabil Makhloufi dit Nabil Abou Alqama pour coiffer toutes les unités combattantes d’Aqmi au Sahel et au Sahara. Toujours dans le même communiqué, Aqmi met en garde la France contre la poursuite de « ses réjouissances pour la mort » de responsables jihadistes et la menace de « conséquences sans tarder ».