DSK, la sortie de piste

Tout le monde, qu’on l’aime ou pas, se demande comment un homme aussi intelligent, et futur candidat à  la présidentielle française, a pu tomber si bas. En quelques heures, Dominique Strauss Kahn est passé de tout puissant Directeur du FMI à  simple taulard dans l’une des prisons les plus célèbres du monde, Rikers Island. Comment cela est-il possible ? C’’est la question que tous se posent alors que l’homme, inculpé pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration risque jusqu’à  70 ans de prison. Les hypothèses sont nombreuses aujourd’hui 72heures après son arrestation et celle qui court le plus parmi ses proches est celle du complot. Ils relèvent de nombreuses incohérences dans le dossier de l’enquête et crient à  la manipulation ou encore au piège dans lequel DSK serait tombé, tout le monde connaissant ses penchants pour les femmes. Mais s’il était coupable, vraiment coupable des faits qui lui sont reprochés, C’’est à  un véritable « suicide politique » que nous sommes en train d’assister. Selon de nombreux psychanalystes interrogés par nos confrères européens, il pourrait s’agir d’un passage à  l’acte de DSK qui traduirait un acte manqué, celui de devenir un présidentiable. Action qui dans le langage « psy » consiste à  céder d’une manière ou d’une autre à  une intense pression externe que l’on a excessivement intériorisée. Une sortie de piste volontaire? Sous les feux de la rampe et épié de toutes parts, alors qu’on lui reproche d’être monté dans la Porsche de son conseiller en communication, de s’acheter des costumes à  prix d’or, DSK a très bien pu « craquer » se laissant entraà®ner à  l’une de ses plus inavouables faiblesses. Freud définit en 1914 le passage à  l’acte comme une mise en action de quelque chose que le patient a oublié et réprimé, mais qu’il reproduit, sans savoir qu’il s’agit alors d’une répétition. Pour Lacan, le passage à  l’acte est un acte sans parole (il n’a pas de sens). Le passage à  l’acte est une faillite de la pensée. Il n’y a aucune ingérence de la raison dans l’acte posé. C’est aussi une tentative pour rompre un état de tension psychique intolérable. Le passage à  l’acte est soudain, impulsif, parfois violent et dangereux, adapté ou non au réel objectif. Il arrive en réponse à  un élément déclenchant ou à  une situation de tension intérieure. DSK aurait donc « obéi » à  cet état de surveillance permanent autour de lui, mettant en acte le pire du pire, c’est-à -dire agissant au creux de sa faiblesse dans le pays par excellence o๠l’acte lui serait fatal, déjouant inconsciemment sa destinée d’homme politique. Ce langage technique ne semble dire qu’une chose: DSK n’aurait jamais eu réellement envie de poursuivre jusqu’au sommet du pouvoir. Cet homme, que beaucoup dans son entourage disaient fatigué, dont d’autres soulignaient l’insistance de sa femme à  le pousser à  se présenter à  la présidentielle, aurait en définitive, par un acte insensé pour le commun des mortels et pour lui-même, donné sens à  ce qui profondément l’anime ? L’acte manqué s’avère donc un acte réussi. Un acte qui résonne en tout cas comme un suicide politique. Les images au tribunal il y a quelques heures, le montrent comme un homme assommé, absent de lui-même, sous le coup monstrueux de ce qu’il a, et s’est à  lui-même, infligé. A la fois bourreau et victime.