La Nation rend hommage à Seydou Badian Kouyaté

Un hommage national à l’écrivain et l’homme politique s’est tenu jeudi sur l’esplanade de la Bourse du Travail. Le président de la République a salué la mémoire d’un «grand homme qui laisse la République vide. »

Politiques et personnalités ont célébré la mémoire de Seydou Badian Kouayté, ce jeudi sur l’esplanade de la Bourse du Travail lors d’une cérémonie d’hommage national à l’écrivain et homme politique, décédé dans la nuit du vendredi 28 décembre 2018 à Bamako. Arrivé peu après 15 heures, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a signé le livre des condoléances, avant de s’incliner devant le cercueil recouvert du drapeau malien. Il salué dans un discours empreint d’émotion la mémoire de Seydou Badian Kouyaté, un « grand homme qui laisse la République vide ». Il a par la suite élevé l’illustre disparu à la dignité de grand-officier de l’ordre national à titre posthume. Les intervenants qui se sont succédé ont tous dépeint un grand homme, intègre, qui n’a eu de cesse de se battre pour ses idéaux.

« Il n’appartenait pas qu’à nous, et qu’à notre famille, mais à tout le Mali, voire à toute l’Afrique » a assuré un des petits-fils de l’auteur de  »Sous l’Orage ». Il a exprimé sa gratitude à ‘’Papa’’, qui a leur a inculqué l’honnêteté et portait irrémédiablement ce pays dans son cœur. Il a par la suite appelé les forces vives du pays à « se donner la main » afin de suivre la voie du médaillé d’or de l’indépendance. Dans son oraison funèbre, Amadou Koita, ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et de la construction citoyenne, porte-parole du gouvernement a tenu à rappeler que le principal mérite de Seydou Badian Kouyate est d’avoir consacré toute son énergie à la nation.


Des dizaines de personnalités étaient présentes à cet hommage national qui a duré un peu plus de deux heures. Membres du gouvernement, présidents des institutions de la République, leaders de partis politiques, chefs religieux ou encore Antoinette Sassou Nguesso, épouse du président de la République du Congo Denis Sassou-Nguesso, représentant ce dernier, avec qui Seydou Badian Kouyaté entretenait une relation particulière. Après la prière mortuaire, le cercueil de l’auteur de l’hymne national du Mali a été conduit au cimetière de Niarela, où il repose désormais.

3 questions à Seydou Badian Kouyaté

À 56 ans, le Mali peut-il être réellement considéré comme un pays indépendant  ?

Non, parce que le Malien tend aujourd’hui la main à ceux qui en ont les moyens. Un pays pauvre ne peut pas être indépendant comme on le veut, mais le Mali de 1960 n’est pas le Mali d’aujourd’hui. Nous étions pauvres en 1960, mais nous avions la volonté d’être comme les autres, nous voulions bâtir une économie nationale indépendante et nous en étions sur le chemin. Aujourd’hui, le Mali est un pays en difficulté, un pays menacé dans son intégrité. La situation du nord nous rappelle que le   pays n’est pas totalement indépendant, car d’autres viennent nous aider à garder notre indépendance et à la conserver.

Qu’avons-nous perdu ou gagné depuis le 22 septembre 1960 ?

D’abord, aujourd’hui le Malien ne travaille plus, la morale a changé et tout le monde court derrière   l’argent qui semble remplacer la foi que nous avions dans nous-mêmes. Aujourd’hui, si tu n’as rien, tu n’es rien. Le président Modibo n’a laissé que 300 000 francs d’héritage. L’argent n’était pas la valeur suprême, comme il l’est tristement aujourd’hui. Il n’était pas question pour nous d’être nous-mêmes quand un morceau du Mali n’était pas sous notre contrôle.

Que devrons-nous faire pour acquérir la « vraie » indépendance ?

C’est la question qu’il faut poser à nos dirigeants. Mais pour se faire, il faut apprendre à ne rien demander d’extraordinaire et renoncer à demander à ceux qui donnent sous conditions. Aujourd’hui vous avez eu beaucoup plus de chances que nous. Vous avez des bailleurs qui ont les moyens de vous aider, si toutefois vous osez vous adresser à eux.