Schisme au sein de l’ANSIPRJ 

L’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ), ce mouvement politico-armé fondé en juin dernier par Oumar Aldjana, a connu samedi 24 septembre une scission. Son vice-président, aurait claqué la porte du mouvement pour «rejoindre le processus de paix» dans le pays.

L’ANSIPRJ, mouvement politico-armé de défense visant à protéger la communauté peule contre l’armée et les milices, fondé en juin dernier et qui a revendiqué, à l’instar d’Ançar Eddine, en juillet, une attaque contre une base de l’armée malienne à Nampala où 17 soldats ont péri, a connu des défections massives, samedi dernier, avec le départ d’environ 200 combattants (alors que le mouvement en revendique 700) dirigé par, Sidi Bécaye Cissé, vice-président du mouvement. « Désormais, il y a une scission au sein de l’ANSIPRJ. Avec près de 200 combattants, j’ai décidé de rejoindre le processus de paix », a déclaré Sidi Bécaye Cissé, faisant état de « divergences » avec le président du mouvement, Oumar Aldjana, qu’il accuse de « négocier avec les présumés djihadistes du centre » du Mali. Ce dernier a démenti « toute accointance avec les djihadistes ».

L’anthropologue-chercheur Bréma Ély Dicko, fin connaisseur de la région et des groupes armés du Centre Mali, doute de l’effectivité de cette scission, « Bécaye et Oumar avaient les mêmes convictions sur le problème peul, ils ont pris les armes pour être entendu et pour que l’État se préoccupe de la situation. S’il y a une scission réelle alors ça doit être pour une question de leadership. Bien qu’en accord sur de nombreux points, Bécaye n’a pas la même connaissance et les même relations qu’Oumar Aldjana. L’association avec les djihadistes même si elle est réfutée par Aldjana est plausible, si l’État malien ne coopère pas avec ces groupes armés qui entendent défendre la cause peule, il est possible qu’ils s’associent ponctuellement avec les djihadistes, l’objectif restant toujours le même : faire que la cause peule soit reconnue et prise en compte par les autorités maliennes », explique-t-il. « L’ANSIPRJ est tout de même l’avant-dernier mouvement créé avant le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) de Moussa Ag Achatouramane, je pense que comme pour le MSA, Sidi Bécaye Cissé, a créé son mouvement pour obtenir une certaine considération et représenter au mieux ses intérêts ce qui n’était certainement pas possible au sein du mouvement fondé par Oumar Aldjanah », analyse le chercheur.

Au centre du Mali opèrent une multitude de groupuscules armés, qui profitent de la faible présence de l’État pour se venger sur tout ce qui le représente, le considérant comme une force d’oppression. On touve aussi des djihadistes comme les gens de Kouffa aussi appelé Front de libération du Macina, du prédicateur peul radical et très populaire dans la région Hamadoun Kouffa, vient s’ajouter d’anciens combattants du MUJAO, arrivés après la crise du nord. Les conflits récurrents autour des terres arables, les frustrations générées par les injustices, l’afflux des armes, la nébuleuse de groupes armés qui pullulent dans la zone, sont autant de facteurs qui font du centre du Mali une zone opaque et complexe pour le gouvernement malien, qui peine a gérer et solutionner les problèmes de cette région malienne qui est désormais, le second foyer d’insurrection et de chaos sur son territoire.