Nfaly Kouyaté, « Konkoba » dans l’âme

Il a grandi en Guinée, puis s’est envolé en Belgique pour faire le conservatoire de musique. Multi-talents, Nfaly Kouyaté interpelle par cette recherche constante de ses racines, à  travers son entreprise culturelle Namun Group. Ténor, Nfaly est le descendant d’un « Konkoba », un grade supérieur de griots, initié sur l’art de la chasse, les secrets de la forêt, l’orientation par la nature, et la connaissance de l’histoire et des instruments. «Du 12è siècle à  nos jours, précise Nfaly, il n’y a eu que cinq griots « Konkoba », quatre d’entre eux ont disparu faute d’héritiers ». Pour Nfaly, la chance s’en est mêlée. Il a donc été initié par son grand frère, lui-même initié par le père (Konkoba Kouyaté) avant sa disparition à  Siguiri. Et depuis, Nfaly Kouyaté, dont les yeux brillent à  l’évocation de ses ancêtres, s’attache à  transmettre cette connaissance à  travers la musique, l’art, les instruments, le spectacle mais aussi l’apprentissage constant. Namun GROUP, une entreprise culturelle née en Belgique Pour lui, Bruxelles est la capitale du monde, mais Nfaly Kouyaté a besoin des autres pour s’épanouir, alors, direction l’Afrique sous toutes ses couleurs. C’’est donc l’objectif de Namun Group, cette entreprise culturelle qu’il a crée avec plusieurs composantes. Compositeur, arrangeur, joueur de Kora, de balafon, chanteur, Nfaly Kouyaté enseigne à  la Namun School, le chant, le gospel et l’histoire de la musique de son pays. D’autres professeurs y donnent aussi des cours de Kora, de balafon, de danse. Parfois des stages ou Master class ont lieu avec des artistes de passage dans la capitale belge, tel Feu Kélétigui Diabaté récemment. « A chaque fois que des artistes passent, ils font un saut à  la Namun School, véritable plaque culturelle en Europe, dans le but de promouvoir les artistes », ajoute Nfaly. l’autre composante de Namun Group, ce sont les médias et la production audiovisuelle, le management d’artistes, l’évènementiel, qui a conduit en 2012, au lancement, à  Bruxelles du tout premier festival panafricain des Arts, le Festi Konkoba . Si le festival avait lieu à  Bruxelles, il s’est désormais transposé à  Siguiri en Guinée et permet de faire découvrir de jeunes talents, avec des sommités de la musique internationale qui viennent chanter et servir d’exemple aux jeunes talents en herbe. C’’est une fusion totale qu’offre le Festi’Konkoba de Siguiri, qui mêle des influences folk, rock et jazz à  des sonorités africaines avec en prime l’initiation des jeunes. Tout récemment, le festival a braqué des projecteurs sur le Mali et l’artiste a entamé un périple en terre du Mandé. De l’eau pour Siguiri… Un autre projet important pour Nfaly, C’’est de faire couler l’eau comme une rivière magique au C’œur de Siguiri, dans la région de Kankan en Haute Guinée. « Nous nous sommes rendus compte que les postes de santé étaient très pauvres, et qu’il n’y avait pas assez de matériel pour assister les malades ». Creuser donc des puits, avec l’aide des Rotary Clubs, l’Unicef et d’autres partenaires, l’idée est d’aller encore plus loin. Le besoin est immense. Il faudrait 102 puits rien que pour Siguiri… Nfaly espère donc, à  côté de ses activités culturelles, apporter son petit grain de sel, pour améliorer le quotidien de ces Guinéens, laissés pour compte par le gouvernement. De passage au Mali, Nfaly qui nous a rendu visite à  la rédaction, souhaite davantage se faire connaà®tre. « Je pense que le Mali est incontournable si l’on veut émerger. Et le Mali compte des musiciens de talent comme Rokia Traoré, Habib Kouyaté, Toumani Diabaté, Bassékou Kouyaté, qui sont tous des amis » Pour celui qui a produit cinq albums solos, dont l’excellent [iKora Strings ] avec Mamady Keita, le but est de nouer un lien fort et permanent avec ses racines africaines après avoir parcouru les scènes européennes, été nominé deux fois aux Grammy Awards. «Il faut que je revienne à  la maison!», conclut l’artiste dont les yeux brillent à  l’idée d’orchestrer un grand show sur une scène à  Bamako un jour.