« Femmes en action » contre la pauvreté

l’accès à  la terre est une difficulté majeure pour les femmes au Mali. Bien que de nombreux textes de lois le posent comme acquis, obtenir un lopin bien à  soi et y cultiver ce que l’on veut n’est pas chose aisée. Particulièrement en milieu urbain et périurbain o๠la propriété foncière n’est pas le bien le mieux partagé. Alors, quand viennent s’ajouter des difficultés supplémentaires comme le manque de pluie, par exemple, les choses se compliquent. Les effets néfastes des changements climatiques frappent les paysans, on le sait, avec des conséquences parfois dramatiques sur leur production. Terres brulées, récoltes perdues à  cause du manque de pluie, tel est le spectacle récurrent que l’on peut voir dans les campagnes maliennes. Alors, des femmes ont réfléchi et ont trouvé la solution. Bien qu’elles vivent à  Bamako, elles ont conservé le désir de cultiver la terre. Or, sans terre, sans accès à  un cours d’eau pour irriguer et pire, sans pluie, que faire ? Eh bien, cultiver ailleurs et autrement ! C’’est ce qu’a fait une coopérative de femmes habitant dans un quartier à  la lisère sud de Bamako. La centaine de femmes qui la composent s’est donné le nom de « Femmes en action ». Et être des femmes agissantes, C’’est trouvé des transformer les contraintes en opportunité. Elles ont installé des potagers sur des tables ! Leur initiative s’appelle « la culture sur table » et d’après les initiatrices, cela « donne » comme on dit ici. Ce regroupement est parti d’un petit noyau de 15 femmes et est devenu une force agissante dans la communauté o๠il a rendu de nombreuses familles auto-suffisantes. Dans leur centre de formation situé près du marché de Kalabancoro, les femmes cultivent des fruits et légumes, font de la transformation et de la formation. Dans ce centre, elles font également de l’embouche bovine et caprine. Aujourd’hui, cette infrastructure créée seulement en octobre 2010 est devenu un centre de gros, puisque les femmes viennent d’un peu partout pour venir chercher des produits frais ou transformés. Mme Sirébara Fatoumata Diallo est la présidente de l’association et la directrice du centre. Pour elle, il n’est pas nécessaire d’avoir une parcelle pour cultiver comme elles en ont fait la preuve. «Nous cultivons de tout ici. Laitue, tomates, gombo, piments et même des fruits. Nous cultivons dans des pneus récupérés, sur des tables ou nous installons des planches et nous faisons aussi de la pisciculture hors-sol dans les bacs. Tout cela est 100% biologique et ça prouve qu’on peut avoir un bon rendement même en cultivant sur son toit ! Le sol ne doit pas être un facteur limitant dans l’agriculture encore moins le manque d’eau puisque notre solution nous permet de produire avec peu de etrres et peu d’eau. Adieu donc les effets des changements climatiques, dont tout le monde parle et que nous subissions avant sans pouvoir rien faire». Ce projet financé par le ministère de l’agriculture et le Fafpa (Fonds d’appui à  la Formation Professionnelle et à  l’Apprentissage) En dehors de la culture maraà®chère et de la pisciculture, l’autre activité phare de centre « Femme rurale » est la transformation du poisson en bouillon. Ce produit est très apprécié et commence à  avoir une clientèle qui dépasse même les frontières. De Bamako, Yanfolila ou Mopti, les femmes membres de la coopérative récupèrent les pêches de leurs maris et acheminent les poissons à  Bamako o๠ils subissent un véritable circuit. Nettoyage, séchage, broyage se font avec les moyens de bord. « Ce sont les équipements qui manquent le plus. Nous avons eu un four qui nous a été offert par le ministère de la pêche. Mais par rapport à  la quantité de produit que nous traitons, nous avons besoin de beaucoup plus et surtout d’un moulin. Parce que pour le moment, nous dépendons entièrement du meunier qui peut décider de moudre ou pas notre poisson. Or, C’’est une denrée périssable». Cette expérience de «Femmes en action» a suscité un véritable intérêt. Nombreux sont les visiteurs du centre qui demandent ensuite l’installation d’un « potager sur table » à  leur domicile. « C’’est avec des petits riens qu’on peut faire des grandes choses » a déclaré un grand philosophe chinois. Les femmes de la coopérative le prouvent à  souhait avec le succès de leur projet. Reste maintenant à  les soutenir. Premièrement en les faisant connaà®tre pour que leur expérience porteuse soit dupliquée au profit du grand nombre puis en les dotant de matériels pour augmenter leur capacité de production et améliorer leurs conditions de travail. Deuxièmement en faisant la promotion du « Consommer malien ».