« Rapt à Bamako, ils sont fous ces adultes» au FESPACO

« Tout commence par une affaire d’élections et pour arriver au sommet de l’Etat, Moustaph Traoré, qui possède trois milliards de CFA en coupures dans une mallette soigneusement dissimulée dans son bureau, est prêt à  tout. Venant de France, son frère, sa femme et leur fils viennent le soutenir. Mais les choses tournent au drame. Dominique, une française, observatrice électorale de surcroà®t, invitée à  dà®ner chez eux est kidnappée. Le commissaire Franky, entre alors en scène pour enquêter… Adapté du roman de Mandé Alpha Diarra, « Rapt à  Bamako, ils sont fous ces adultes » le long de métrage de Cheick Oumar Sissoko s’inscrit dans un genre trop rare dans le cinéma africain. Le film policier. l’action y est présente à  travers la collaboration dynamique de jeunes acteurs mais aussi de talents confirmés du cinéma.Rythmique endiablée, les scènes d’enquête se succèdent, le tout servi par des comédiens de talent. Magma Gabriel Konaté dans le rôle du commissaire Franky, Kassogue dans celui de Moustaph Traoré, Maimouna Hélène Diarra, campe à  merveille la matriarche de la famille, Habib Dembélé, notre Guimba national, en Premier ministre calculateur et sans scrupules. Nominé dans la catégorie officielle, « Rapt à  Bamako, ils sont fous ces adultes», est le seul film malien en compétition au FESPACO. Oeuvre moderne, qui dénonce les travers de l’Afrique. Les politiciens avides de pouvoir qui sont prêts à  tout, jusqu’ à  sacrifier des albinos pour arriver au sommet. Depuis son étalon d’or pour le film «Guimba » obtenu en 1995, Cheik Oumar Sissoko n’avait plus fait de long métrage. Désormais, l’ancien ministre de la Culture a rassuré les cinéphiles sur son engagement dans le septième art. « Le cinéma est pour moi un moyen de faire passer des messages, même si je n’abandonnerai jamais la politique », a déclaré le cinéaste lors de l’avant-projection au cinéma Babemba. Sissoko a d’autant moins de complaisance pour dénoncer les travers des hommes politiques africains et les conséquences fâcheuses des élections en Afrique. Produit avec le soutien du Centre national de la cinématographie du Mali, CNCM et l’appui de la francophonie, « Rapt à  Bamako » s’enorgueillit le réalisateur a été entièrement fait au Mali, avec des acteurs engagés et les moyens techniques du Mali. Le résultat est une œuvre de belle facture, o๠l’on ne s’ennuie jamais du début à  la fin. A la sortie de la salle, les spectateurs du cinéma Babemba étaient unanimes. Rapt à  Bamako valait le déplacement ! Rendez-vous à  Ouaga.

Etienne Fakaba Sissoko à propos du FMI

Journaldumali.com: Le FMI vient de boucler une mission controversée au Mali. Que doit-on retenir de cette mission qui divise l’opinion ? Dr Sissoko : La première chose est qu’on ne pouvait espérer mieux, C’’est-à -dire la reprise de la coopération avec le FMI. Mais elle n’est nullement synonyme de décaissement qui reste conditionné à  la satisfaction de certaines conditions notamment la révision du fameux article 8 du code des marchés qui avait permis ces transactions douteuses, à  la publication du rapport définitif du rapport du Bureau du Vérificateur Général, la poursuite contre les auteurs de ces différentes malversations, l’annulation de certains marchés n’ayant pas respecté les procédures, etc. Une fois cette étape terminée, le conseil d’administration du FMI se réunira pour décider ou non du dégel de la seconde tranche de 12 millions de dollars. Mais plus important, cette reprise sonne aussi celle avec les autres partenaires qui s’étaient retirés à  la suite du FMI qui reste l’indicateur des autres partenaires techniques et financiers. Le FMI veut des gages quant à  l’usage des fonds mis à  disposition du Mali, est-ce à  dire que le pouvoir n’est pas crédible ou que les institutions de contrôle sont défaillantes ? A mon avis C’’est la conjugaison d’un exécutif défaillant, des structures de contrôle à  la solde du gouvernement qui peuvent expliquer cette attitude hautaine du FMI. Des sociétés créées en 2013 ont pu bénéficier de certains marchés, des noms de ministres sont cités régulièrement. Il y a aujourd’hui une nécessité de repenser notre méthode de gouvernance avec des hommes et des femmes nouveaux qui ont le souci du pays et de ses maigres ressources. Les surfacturations et détournements d’objectifs soulevés par le FMI sont-ils objectifs puisque le pouvoir en place affirme bien tenir les comptes publics ? Il faut préciser que C’’est le Bureau du Vérificateur Général qui a confirmé les malversations dans la signature des contrats et le gouvernement à  travers le ministre de la Défense qui vient d’annuler totalement ou partiellement une dizaine de contrats pour un montant de plus de 30 milliards de nos francs. Mais avant, C’’était le peuple malien dans sa large majorité qui avait demandé des comptes sur l’achat de l’avion présidentiel et des contrats d’armement parce qu’ayant des soupçons. Les évènements de ces derniers jours décrédibilisent l’ensemble du gouvernement et le Mali tout entier. Alors pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens, le gouvernement doit démissionner.

Tiefing Sissoko : « Il est important de revenir apporter sa contribution »

Journaldumali.com : Parlez-nous un peu de vous… Vous avez de longues et diverses études. Alors que l’on s’interroge de plus en plus chez nous sur l’utilité du diplôme, qui bien souvent n’ouvre plus la porte à  l’emploi… Justement, quelles seraient selon vous, les solutions pour guérir l’école malienne des maux dont elle souffre ? Le Mali a vécu une grave crise en 2012. Quel regard y avez-vous porté en tant que jeune de la diaspora ? Et comment voyez-vous l’avenir ? Quels liens gardez-vous avec le Mali ?

ORTM : le retour en grâce de Baly Idrissa Sissoko

Revoilà  Baly Idrissa Sissoko ! Ainsi pourrait-on s’exclamer après la nomination du journaliste, lors du conseil des ministres du mercredi 24 avril 2013. Moins d’un an après son limogeage, le 20 juin 2012, Baly Idrissa Sissoko signe son retour en force à  la tête de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali(ORTM). Comme il fallait s’y attendre, le départ de Baba Dagamaà¯ssa alimente déjà  les discussions et les commentaires vont bon train. C’’est une vengeance déclarent certains, C’’est la réparation d’une injustice tranchent d’autres. « Je n’ai pas été surpris, il fallait s’attendre à  ce retour dès la nomination de Django Sissoko à  la Primature. Baly Idrissa avait été victime des préjugés », commente Soumana Coulibaly. Un point de vue entièrement partagé par Soumaà¯la Traoré pour qui Baly a été victime de l’acharnement de l’ancien premier ministre Cheick Modibo Diarra et de son ministre de la communication, Hamadoun Touré, qui l’ont viré au profit de leur ami Baba Daga. Le tort à  lui causé, juge le jeune enseignant, vient d’être réparé par cette nomination. Ce n’est pas le sentiment de Mamadou Diakité. Pour cet ingénieur en électromécanique, le retour de Baly est la preuve qu’au Mali on ne veut pas évoluer et traduit la volonté des autorités à  faire du neuf avec du vieux. On nous sert, maugrée-il, les mêmes comme si le pays manque de cadres compétents et valables. Tout aussi grincheux, Adama Kéita y voit « C’’est une vengeance de Django qui remet en scelle un proche. Le pays ne se gère pas sur fond de népotisme ou de vengeance. Rien n’a véritablement changé, les mêmes pratiques demeurent », se désole le quadragénaire. A l’ORTM, l’on se refuse pour le moment à  tout commentaire à  chaud. Limogeage express Le limogeage de M. Sissoko, il y a près d’un an, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Nommé par Sikidi N’fa Konaté alors ministre de la Communication sous ATT, il tombe en disgrâce après le putsch du 22 mars 2012. On lui reprochait d’être proche du régime défunt, donc pas favorable au changement. Son limogeage serait motivé aussi, selon des indiscrétions, par ce qu’on avait appelé l’affaire Aà¯ssata Ibrahim Maà¯ga. Cette affaire du nom d’une des présentatrices du journal télévisé sur l’ORTM, qui avait défrayé en son temps la chronique, relatait l’imposition de la journaliste par la Primature, occupé alors par Cheick Modibo Diarra, au détriment d‘un journaliste expérimenté choisi par la direction de la boà®te nationale, pour assurer la couverture médiatique d’une sortie à  l’étranger du Pm. Baly Idrisssa Sissoko est détenteur d’un diplôme supérieur en journalisme obtenu au Centre d’études des sciences et techniques de l’information(CESTI) de Dakar en 1988, soit dix ans après son prédécesseur. Avant de devenir de nouveau directeur général de la boà®te, il y fut successivement journaliste reporter, présentateur, directeur de la télévision nationale, responsable du service marketing et prestation. A sa nomination, il était chargé de communication à  la Primature.

Mali : Momo Sissoko convoqué contre le Botswana

Les 23 Aigles du Mali : Gardiens de but : Soumbeyla Diakité ( Stade Malien), Mamadou Samassa (Guingamp, France), Aly Yirango (Djoliba AC). Défenseurs : Idrissa Coulibaly (Lekihwiya, Qatar), Adama Tamboura (Randers, Danemark), Fousseiny Diawara (AJ Ajaccio, France), Adama Coulibaly (Auxerre, France), Salif Coulibaly ( Djoliba AC), Mahamadou N’Diaye (Vitoria Guimares, Portugal), Ousmane Coulibaly (Brest, France). Milieux de terrain : Samba Sow (Lens, France), Mohamed Lamine Sissoko (PSG, France), Kalilou Traoré (Sochaux, France), Mahamane Traoré (Nice,France), Abdou Traoré (Bordeaux, France), Seydou Keita (Dalian Aerbin, Chine). Attaquants : Mamadou Samassa (Chievo Vérone, Italie), Cheick Diabaté (Bordeaux, France), Modibo Maiga (West Ham, Angleterre), Mustapha Yatabaré (Guingamp, France).

Cheick Oumar Sissoko : «L’intervention de la CEDEAO sera une catastrophe !  »

Face à  la presse ce mercredi 4 avril, les responsables du Mouvement populaire du 22 mars, «MP 22 », qui soutient la junte au pouvoir, ont fustigé la CEDEAO, qui a décrété lundi des sanctions diplomatiques et économiques contre le Mali. Le MP 22 estime qu’il s’agit de «Â mesures illégales et illégitimes » qui trahissent l’esprit de l’organisation. Selon Me Mariam Diawara, les sanctions issues de la rencontre de Dakar entre les chefs d’Etat de la zone, violent le droit international et les dispositions régissant le fonctionnement même de la CEDEAO. «Â Dans le fonctionnement de l’organisation, les sanctions doivent être graduelles, autrement dit, du plus faible degré au plus sévère. Or dans le cas présent, les sanctions sont tombées d’un seul coup. Juridiquement, la décision est attaquable devant la Haute Cour de justice de la CEDEAO », a déclaré l’avocate militante du MP 22. Qui ajoute que l’embargo total des Etats voisins de la zone n’a aucun fondement légal tant au niveau africain qu’international. Abondant dans le même sens, le Pr. Rokia Sanogo déplore que le rétablissement des institutions décidé par la junte le dimanche dernier, ait accru «Â l’acharnement des présidents de la CEDEAO contre le Mali ». La situation est difficile, reconnait-elle, mais elle appelle à  la mobilisation des populations «Â pour faire échec aux sanctions ».  «Â l’UEMOA, tout comme la CEDEAO et l’Union africaine ne sont que des instruments de la mondialisation impérialiste et des paravents de la France, des Etats unis et de l’Union européenne », a dénoncé pour sa part Mohamed Tabouré. Qui argue que ces organisations ne sont nullement des outils d’intégration africaine. «Â Il faut riposter à  l’agression en sortant de la Francophonie et de la CEDEAO ». Avant d’appeler le CNRDRE (Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat) à  «Â rester inflexible dans la résistance ». Les conséquences d’une intervention militaire de la CEDEAO Le plan de sortie de crise adopté par les chefs d’Etat de la CEDEAO prévoit une intervention militaire de 2000 à  3000 hommes sur le sol malien. Pour le président du parti SADI, «Â le peuple malien a le devoir de refuser cette éventualité ». Car, explique-t-il, elle conduira le droit vers une catastrophe et un endettement sans précédent. «Â Une intervention militaire consacre notre dépendance des forces extérieures pour défendre l’intégrité de notre territoire et à  réaffirmer notre souveraineté », explique Cheick Oumar Sissoko. Qui prévient que «Â les conséquences de cette intervention seront dévastatrices pour le Mali, non seulement sur le plan matériel, humain, financier, mais également politique, avec notre incapacité à  gérer nos affaires internes ». «Â La Convention nationale, dont il sera question ce jeudi, est la voie donnée au peuple malien de décider de son sort », a déclaré l’ancien ministre de la culture. Face aux sanctions économiques, la réponse doit résider dans les stratégies de mobilisation des ressources pour faire face aux besoins. Pour cela, préconise Cheick Oumar Sissoko, l’Etat doit réduire son train de vie, procéder à  la fermeture de certaines institutions qui n’ont aucun avantage pour le peuple, développer des mécanismes de lutte contre la fraude fiscale, la mise en œuvre de politiques de production et d’exportation de nos produits, la matérialisation de la volonté de lutte contre la corruption et la délinquance financière, etc.

Livre: Oumar Mariko vu par Aboubacar Eros Sissoko

Le coup de communication est d’une portée importante, et il a réussi en cette période marquée par une atmosphère de précampagne pour les prochaines élections générales de 2012. C’’est la première fois dans l’histoire du Mali indépendant qu’un auteur décide d’écrire sur un homme politique malien. Le secrétaire général du parti SADI peut se réjouir d’avoir cette chance. A 54 ans, un ouvrage lui est consacré par le jeune écrivain malien vivant en France. « Docteur Oumar Mariko. Une légende vivante », est en effet le titre d’un livre biographique écrit par Aboubacar Eros Sissoko et paru aux éditions « l’Harmattan ». Le lancement officiel du livre, qui a eu lieu samedi 3 décembre dernier au Centre Djoliba, a enregistré la présence des membres de l’Association « Alternative Mariko 2012 », ceux du Comité central du parti SADI, et amis de l’homme politique. Un homme et son parcours Préfacé par Touré Issoufi Arber Bedari, ce livre est un vibrant témoignage sur la rencontre de l’auteur avec le député de Kolondiéba. Une amitié de vingt ans prenant racine bien avant la création de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) qui propulsera Oumar Mariko au-devant de la scène politique malienne avec la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré. l’auteur, à  cette époque membre ardent de l’AEEM, nous fait partager ses souvenirs avec ce militant qu’il qualifie de « légende vivante » dans un langage ferme. « Un récit captivant, véridique, d’une rare sincérité », apprécient certains lecteurs. Si les critiques littéraires font la différence avec les œuvres pédagogique enseignés dans nos écoles, ils conviennent en revanche, que le livre est écrit avec un génie rare dans les plumes maliennes contemporaines. Témoin oculaire et acteur de la journée sanglante du 26 mars 1991, Aboubacar Eros Sissoko nous fait part de son ressenti sur cet évènement meurtrier qui a ébranlé l’histoire de notre pays. Tout à  la fin de l’ouvrage, la lettre de félicitation du professeur d’Oumar Mariko rend hommage à  cet élève hors du commun devenu « une légende vivante ». En sa première partie (sur les cinq qu’il comporte) le livre fournit la note de l’auteur o๠il rend « la vérité sur Dr Mariko ». Une deuxième partie (mémorable rencontre) o๠l’auteur définit l’UDPM comme « un parti creux ». La troisième partie, elle, est un chapitre qui parle du portrait physique, la dimension humaine du Dr Mariko, sa dimension politique o๠l’auteur tranche qu’entre C’’est deux, « il n y a pas une différence fondamentale ». Une vingtaine de témoignages d’amis, de parents, de camarades de lutte se succèdent, et tous apprécient à  sa juste valeur le Dr Mariko qui, pour chacun des intervenants, reste « un espoir pour le peuple malien ». 20 ans de constance dans le discours Qu’est-ce qui justifie le choix du Dr Oumar Mariko comme sujet de ce livre ? l’auteur explique son choix par la « constance dans le discours ». Toute chose, pense-t-il, qui est rare chez les hommes politiques de notre pays. « Dr Mariko représente quelque chose pour ses camarades, pour le Mali, qu’on le veuille ou non. Oumar ne s’est jamais intéressé à  la ligne éditoriale de ce livre. C’’est un homme politique qui respecte les autres, qui ne cherche jamais à  manipuler les autres», rassure Aboubacar Eros Sissoko. Issoufi Albert Bédari Touré, lui, n’en dira pas moins. Pour celui qui a préfacé ce livre, le député SADI est « le seul homme resté constant de tous ces héros du 26 mars 1991. Seul homme qui a véritablement un programme pour le Mali, un homme dont l’histoire mérite d’être écrite et lue publiquement au Mali, en Afrique ou ailleurs, pour le bien-être du peuple», estime Issoufi Albert Bédari Touré. Qui appelle l’homme politique à  poursuivre son combat en faveur des luttes sociales. Oumar Mariko, très ému par ce qu’il a qualifié de « marque d’honneur et de fierté », a exprimé toute la reconnaissance du travail de l’auteur. Dans un appel lancé à  cette tribune, l’homme politique a rappelé le but et les motivations profondes du peuple de la révolution de mars 1991. «Le peuple malien, qui nous a soutenus en mars 1991, mérite qu’on le sauve des incertitudes dans lesquelles il a été plongé» a-t-il déclaré. Ajoutant que sa «ferme conviction est que cette tâche est une mission de génération et un devoir de mémoire ». « La justice sociale, la satisfaction des besoins élémentaires du peuple malien, l’éducation, l’état de bonne santé, l’autosuffisance et la sécurité alimentaire et le logement décent pour toutes les Maliennes et tous les Maliens pourront donner à  notre pays sa dignité d’antan », a lancé Oumar Mariko. Qui a appelé à  la mobilisation et à  la vigilance pendant les prochaines élections.

Cheik Oumar Sissoko : Le cinéma malien laissé pour compte

Invité sur le plateau de l’émission culturelle « Ciné 24 », l’ancien ministre de la culture a insisté sur la nécessité de redynamiser le ciné sur le continent, et particulièrement au Mali. Pour lui, ce défi ne peut être relevé que si les pouvoirs publics réhabilitent les salles de cinéma. « Il y a vraiment de sérieux problèmes. On produit des films qu’on ne parvient pas à  présenter au public » regrette l’ancien lauréat du Festival panafricain du film et de la télévision de Ouagadougou, FESPACO. « l’Etat malien a vendu les plus grandes salles de cinéma à  des opérateurs économiques qui n’ont pas respecté les contrats de vente, hormis pour celle qui a été rachetée par le Babemba. Les autres salles ont été fermées ou laissées à  l’abandon » déplore-t-il. Avant d’ajouter que « cela signifie que l’Etat ne voit pas la nécessité d’ouvrir les salles de cinéma pour que ce secteur, qui était très dynamique, puisse retrouver sa renommée. La situation actuelle du 7ème art, poursuit l’ancien ministre, ne permet pas de développer des loisirs, ni d’amener ce pan de la culture malienne à  exceller comme auparavant. On oublie que C’’est aussi un secteur de création d’emplois, regrette M. Sissoko. Qui reconnait qu’heureusement le Centre national cinématographique, CNCM, est en train de prendre des dispositions. Nostalgie des heures de gloire du cinéma malien Le cinéma malien a connu, selon Cheick Oumar Sissoko, ses heures de gloire. Aujourd’hui, il est en train de remonter la pente après une impasse, et cela grâce aux efforts du Centre national cinématographique du Mali, dont il a salué les efforts du directeur Moussa Ouane pour la redynamisation de la création cinématographique. Les conditions se réunissent de plus en plus pour que cette création puisse aller de l’avant, se réjouit-il, citant la production de deux longs métrages par ledit Centre. Il s’agit de « Da Monzon : la conquête de Samannyanan » et de « Toile d’Araignée », une adaptation du roman d’Ibrahima Ly. « Ce qu’il faut encore noter, poursuit le réalisateur, C’’est la mise à  disposition de matériel pour tous les cinéastes qui en font la demande. Une école a également été créée pour permettre aux cinéastes de se recycler et d’ouvrir le cinéma aux jeunes. On a besoin d’assurer la relève. Je pense que dans deux ou trois ans, nous allons reprendre le leadership que nous avions il y a quelques années » espère Cheick Oumar Sissoko. Qui précise une fois de plus que « là  o๠le bât blesse, C’’est la fermeture de toutes les salles de cinéma à  Bamako et dans la sous région ». Un nouveau film en projet Interrogé sur un possible retour sur les plateaux de tournage, le réalisateur est formel : « J’ai beaucoup de temps à  consacrer au cinéma. C’’est ce que je fais présentement en côtoyant les jeunes cinéastes et en les aidant autant que je le peux. Mais je m’inspire également auprès d’eux parce qu’ils ont une plus grande maà®trise des nouvelles technologies », a-t-il déclaré. Et il a annoncé la sortie dans les mois à  venir d’un prochain film. « Je prépare un long métrage qui est aussi une adaptation d’un roman écrit par un malien et une française, « Rapt à  Bamako ». Indépendamment de cela, J’écris beaucoup de séries télévisées, mais je suis aussi à  l’école, en phase d’apprentissage des nouvelles technologies appliquées à  la cinématographie ».

Aboubacar Eros Sissoko : Un jeune écrivain prolixe

Pour les critiques littéraires, Aboubacar Eros Sissoko est un écrivain de son temps. Il trempe la plume dans la plaie d’une société en quête de repères. La particularité de son écriture C’’est surtout son intérêt pour les questions d’actualité, et ce que fut le Mali jadis. Au total le jeune auteur capitalise déjà  9 ouvrages dans les librairies, tant dis que le dixième est incessamment attendu. Elève brillant Ce jeune écrivain (la quarantaine) est sans doute bien parti pour assurer la relève des grands écrivains que le Mali a connu. D’une passion inouà¯e pour l’écriture, ses œuvres ont fait le tour des librairies. Diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Toulouse (France), o๠il obtient le DNAP (diplôme national d’arts plastiques) en section Art Communication Multimédia en 1996, Eros (comme l’appellent ses amis) fut un brillant élève. Il entame sa carrière d’animateur socio-culturel la même année à  la Maison de Quartier des Epinettes à  Evry. Grâce au système d’études par alternance, il passe en 1998 le DEFA (Diplôme D’Etat dans la Fonction D’animateur au CEMEA) au Centre d’Entraà®nement aux Méthodes d’Animation Active à  Gennevilliers. Aboubacar Eros Sissoko devient tour à  tour Educateur spécialisé au GRAJAR (Groupe de Recherches et d’Actions auprès des Jeunes et Adolescents de la Rue, puis Educateur au club de Prévention OSER à  Evry. Riche de ces formations, il décide de créer des outils pour le public enfant, jeunes, adolescents et adultes en écrivant des livres. Ecrivain de son temps Sa fille Emma Maà¯mouna Bâ Sissoko, fut le facteur déclencheur d’une riche carrière d’écrivain pour l’homme. Cela, en lui transmettant des contes qui ont bercé son enfance. «Â l’écriture devient alors une passion » nous dit-il. A 46 ans, ses œuvres cartonnent déjà  dans les libraires maliennes et européennes de l’espace francophone. Son premier livre, publié en 2005 par «Â Collection Légendes du Monde » (Harmattan), fait découvrir son talent littéraire. Promis à  une riche carrière, Eros fait parler de lui à  travers son livre «Â Sadio et Maliba l’Hippopotame » qui traite de l’amitié qui régnait entre l’homme et la nature. l’année suivante il revient avec «Â La Mort de Maliba, l’Hippopotame au temps des colonies », chez «Â Collection Contes du Monde pour Tous » aux Editions Monde Global. Cette œuvre, qui a fait beaucoup de bruit, constitue la réponse à  ce que sous-tendaient certains députés français pour imposer les bienfaits de la colonisation au continent noir. «Â Mariama Kaba du Mali, une enfance excisée », publié en 2007 aux éditions «Â l’Harmattan » se veut le procès contre l’excision. Une pratique que l’auteur (pour des raisons qu’il a évoquées dans son livre) juge «Â cruelle, barbare et appartenant à  une autre époque ». «Â Chakozy, un drôle de chat » (en parlant de Nicolas Sarkozy, le président français) est édité la même année (2007) par «Â l’Harmattan », et vient mettre le pied dans le plat d’un débat comme l’immigration qui défraie la chronique. Ce livre, qui intervient au moment o๠les conditions de vie de nos compatriotes vivant en France ne sont pas les meilleures à  cause des nouvelles politiques d’immigration, dresse le parcours extraordinaire d’un chat téméraire qui croyait à  son destin… «Â Bakari Dian, le fils rebelle de Ségou » est aussi publié en 2007 aux «Â Editions Anibwé ». Il parle de «Â Bilissi », le monstre de Ségou qui a fait régner la terreur sur la capitale des Bambaras jusqu’à  l’arrivée de Bakari Dian. La bataille fut rude au pays des balanzans. En 2008 «Â Une enfance avec Biram au Mali » sort chez «Â Collection Ecrire l’Afrique » et se veut un roman autobiographique. Car, après la mort de son père (ancien compagnon de feu président Modibo Keà¯ta), Aboubacar Eros consacre ce livre qui retrace sa vie de militant, de pédagogue et de père exemplaire. Le «Â Suicide Collectif », publié en 2010 est un roman qui raconte la traversée chaotique de centaine de jeunes africains, candidats à  l’immigration clandestine. La même année «Â Moriba Yassa, une incroyable histoire d’amour » sort dans la «Â Collection «Â Ecrire l’Afrique Harmattan ». Il remet au goût du jour la vieille légende des amoureux Moriba et Yassa. Enfin «Â Une mort temporaire » est un essai biographique inspiré d’un accident grave de circulation dont il a été victime à  Bamako en mai 2010. Au C’œur de l’actualité «Â Des fauves dans le buisson » est une pièce de théâtre, qui sortira bientôt. Elle traite de sujets d’actualité comme la crise de l’école, la corruption, l’immigration, les rapports difficiles entre les populations et les autorités etc. «Â Meurtres à  Niobougou » est un roman du jeune auteur bientôt dans les librairies sur les limites de la décentralisation et le comportement de nos élus locaux, les privatisations d’entreprises et des sociétés d’Etat, etc. Politique, immigration, économie, légende et histoire, culture, etc, Aboubacar Eros Sissoko touche à  tous les domaines. Avec une écriture limpide, il produit une œuvre chaque année. A son jeune âge, Aboubacar Eros Sissoko constitue l’une des relèves de la grande littérature africaine. Bon vent à  ce jeune écrivain talentueux.

Remaniement : Qui pour succéder à Modibo Sidibé ?

Deux noms reviennent sur toutes les lèvres depuis l’annonce de la démission du gouvernement de Modibo Sidibé. D’abord Django Sissoko, Secrétaire Général à  la présidence depuis Septembre 2007. Discret, affable, Django Sissoko est réputé être un grand travailleur avec une riche et longue expérience dans l’administration malienne. Vétéran de la politique, cela fait plus de vingt ans qu’il sert dans les rouages de l‘état du régime de Moussa Traoré, à  celui d’Alpha Oumar Konaré et enfin d’ATT. Fin connaisseur des arcanes de l’administration malienne, les observateurs estiment qu’il est le candidat le mieux indiqué pour succéder à  Modibé Sidibé. s’il est nommé, ce serait une belle fin de carrière pour celui qui peut se targuer d’avoir servi presque tous les présidents depuis l’indépendance, sauf Modibo Keita ! Mais son passé de secrétaire général de la présidence sous Moussa Traoré n’est-il pas un handicap pour qui doit conduire un gouvernement qui comporterait les acteurs du mouvement démocratique de 1991? l’autre premier ministrable serait Habib Ouane, fonctionnaire international des Nations-Unies. De retour sur Bamako depuis quelques semaines, il a été reçu en audience à  Koulouba, dans le cadre des concertations qu’ATT entreprend depuis l’annonce du limogeage du Gouvernement de Modibé Sidibé. Directeur de la division pour l’Afrique des pays les moins avancés et des programmes spéciaux de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), Habib Ouane, est pressenti depuis plusieurs mois comme l’éventuel successeur de Modibo Sidibé. Docteur en Economie, ses compétences sont louées dans les cercles internationaux. Cela dit, cet homme d’une très grande efficacité, indépendant des cénacles politiques et interlocuteur apprécié des médias internationaux comme RFI ou France 24, connait très peu le Mali d’aujourd’hui, pour en avoir été éloigné pendant de longues années. Si ATT le nomme premier ministre, il aura fort à  faire dans une administration secouée par de nombreux problèmes sociaux, mais ses qualités de technocrate pourraient aussi l’aider à  entrevoir des sorties possibles de crise et pallier aux échecs du gouvernement de Modibo Sidibé. Une femme ou un Outsider à  la Primature ? Pour les autres potentiels premiers ministrables, le nom de l’actuelle Secrétaire Général du Gouvernement Mme Diakité Fatoumata Ndiaye, est revenu. Appréciée du chef de l’état, l’ancienne Médiatrice de la République du Mali aurait déclaré que le poste ne l‘intéressait pas, selon une source proche de Koulouba. La dame a pourtant du mérite. Louée pour ses compétences et sa connaissance de l’appareil étatique, discrète aussi, on la compare beaucoup à  Modibé Sidibé. Elle a tour à  tour été, Commissaire à  la promotion des femmes, ministre de la Santé et du Développement social, puis Médiateur de la République et Secrétaire générale du gouvernement depuis le 29 avril 2009. Par ailleurs, le nom de Tiébilé Dramé, président du Parena, est également cité, même si beaucoup pensent que en tant que candidat potentiel à  la présidentielle, il ne serait que simple ministre. Quant à  Ahmed Sow, ancien ministre de l’énergie et de l’eau, il régulièrement cité pour la primature, mais aurait pris du recul par rapport au champs politique pour se consacrer davantage au développement de l’entreprise qu’il dirige, AMIC Invest. Au final, C’’est bien ATT qui a toutes les cartes en mains et vu la manière dont il a annoncé au gouvernement son limogeage, il pourrait bien nommer un outsider à  la Primature. Et réaliser un nouveau coup de théâtre… politique !

Photographie: Aliou Sissoko, le goût du beau

Amoureux des belles couleurs Aliou Sissoko est un reporter-photo qui a déjà  sillonné le Mali depuis plus de 20 ans. Pour cette compétition, il avait choisi de présenter trois œuvres. La première est un champ de riz à  l’Office du Niger. Sur cette photo, on voit une jeune fille derrière une charrue tirée par des zébus. La beauté de l’image est évidente. « La couleur verte pour moi, symbolise à  elle seule le secteur primaire C’’est-à -dire l’agriculture, l’élevage ou la pêche. Cette scène à  l’Office du Niger m’a tout de suite attiré », indique le photographe. La deuxième œuvre mettait en exergue le jaune est une vue de la mine d’or de Siama à  ciel ouvert. On y voit les ouvriers à  la tâche. Leur ardeur est très instructive. Aliou estime que nos compatriotes sont de véritables bourreaux de travail. Cette mine le prouve à  suffisance. Notre photographe a symbolisé le rouge par un missile sur un porte-char de l’armée malienne. Il montre la force de frappe de notre armée. Le rouge symbolise aussi le serment des soldats qui ont promis d’aller au sacrifice suprême pour la défense de la patrie malienne. « Sans eux, nous ne dormirions pas tranquilles », commente-t-il. Notre collègue, toujours attiré par l’esthétique et la beauté, vient de le prouver encore une fois à  travers ces images. Le concours de photos intitulé « Triptyque pour le Mali » était organisé par la Maison africaine de la photographie (MAP) dans le cadre du cinquantenaire. Une vieille vocation enfin récompensée Il n’a pourtant pris part qu’à  deux ou trois concours car il n’est pas très porté sur ce genre d’exercice. En sa qualité de responsable des photographes, il travaille pratiquement toute la journée sur l’actualité au quotidien. Mais il avoue cette deuxième place pourrait l’inciter à  travailler sur d’autres concours. Il n’a jamais exposé individuellement, mais à  la faveur de différentes sessions de formation, ses photos ont été exposées à  Lomé (Togo) en 1990 et 1992, puis à  Abidjan en 1995. C’’est en octobre 1989 que Aliou Sissoko, âgé seulement de 20 ans, commence à  travailler à  l’AMAP comme laborantin. à€ l’époque, le journal utilisait le noir et blanc, C’’était difficile, reconnaà®t-il aujourd’hui avec le recul du temps. “ Quelle que soit la qualité du photographe sur le terrain, si le labo ne réussit pas, son travail tombe à  l’eau ”. Il fallait être très attentif sur le temps d’exposition. A cette époque, les appareils photo se réglaient toujours de façon manuelle ». Ousmane Kéà¯ta, Feu Boubacar Sidibé dit Mezy, Tiécoura Sangaré, Issa Kéà¯ta, feu Abdoulaye Camara, Seydou Coulibaly et Nouhoum Samaké, sont des maà®tres de la prise de vue et du travail de labo auprès desquels Aliou Sissoko a tout appris du métier. Il cogite actuellement à  un projet d’exposition individuelle. Il préfère rester discret sur le thème mais indique qu’elle aura trait à  la vie en société.

Juventus : Le cas Sissoko

De la lumière à  l’ombre En manque de temps de jeu, Lamine Sissoko n’est pas heureux du côté de la Juventus Turin. Du coup, les spéculations vont bon train quant à  la future destination du milieu de terrain malien. Fenerbahçe, Marseille, Lyon et Naples font les yeux doux au joueur de 25 ans. Titulaire indiscutable, un des rares Bianconeri à  surnager la saison dernière, Lamine Sissoko est désormais abonné au banc de touche. Une situation difficile à  vivre pour l’international malien, qui devrait aller chercher du temps de jeu ailleurs lors du mercato hivernal. Courtisé par le Real Madrid et le FC Barcelone cet été, Sissoko avait opté pour une prolongation de l’aventure chez la Vieille Dame, séduit par le discours de son nouvel entraà®neur, Luigi Del Neri. « Nous avons parlé ensemble, avait ainsi déclaré l’ancien joueur de Liverpool et du FC Valence dans le Corriere dello Sport. Il a été très clair dans son discours et m’a expliqué qu’il comptait sur moi. Donc je reste à  la Juve. » Depuis, le Malien, qui n’a pas débuté une seule rencontre cette saison, déchante. Fenerbahçe en janvier ? Le milieu de la Juve affiche complet. Il faut dire qu’avec Hasan Salihamidžić, Simone Pepe, Milos Krasic, Alberto Aquilani ou Claudio Marchisio, la formation du Piémont a de quoi faire. Et comme son principal concurrent, Felipe Melo, tourne à  plein régime, Sissoko doit se contenter de grapiller les minutes en fin de rencontres. Une tension qui a atteint son paroxysme il y a quelques semaines, à  l’occasion d’un accrochage entre le Brésilien et le Malien. Le moment pour lui d’aller voir ailleurs ? Pourquoi pas. Un temps intéressés, l’Inter Milan, Tottenham, Wolfsburg, la Fiorentina, le Werder Brêm ou l’AC Milan semblent avoir un temps de retard sur Npales. l’ancien club de Diego Maradona suit de près la situation du Malien, qui pourrait se débloquer dès janvier. l’intéressé lui-même a ouvert la porte à  un départ : « Je suis un professionnel, je ne contesterai jamais les choix de Del Neri. Mais tout joueur voudrait jouer plus, C’’est clair. Je ne sais pas quel est le milieu de terrain idéal pour Del Neri mais je me sens bien. » La solution pourrait venir d’un prêt en janvier pour un Sissoko sous contrat avec la Juve jusqu’en 2013. Marseille et Lyon seraient prêts à  accueillir celui qui a quitté le centre de formation de l’AJA trop jeune pour découvrir la Ligue 1. Fenerbahçe est également sur les rangs.

Banzoumana Sissoko, le Vieux Lion : Il chantait toujours le Mali, jamais un homme

S’il y a eu une autre qualité, dont lui-même a su faire montre, ce fut bien le courage. Car de courage, il en a fallu une dose exceptionnelle à  ce fils de Koni (près de Tamani en pays bambara) né aveugle et qui sera ensuite paralytique. Sa vie devint un combat acharné contre l’adversité de son second handicap qu’il finit par vaincre sans pour autant trouver la paix de l’esprit. « J’ai souhaité que Dieu mette fin à  mes jours avant de me ressaisir et de prier très fort pour qu’il me garde en vie », racontait-il. L’enfant « inutile » qu’il était au départ pour les siens finit à  force de courage par recouvrir l’usage de ses jambes. Mais ce fut pour s’exiler, travailler dur afin de payer l’impôt de toute la famille. Né marginal, il parvint à  conquérir parmi les autres sa place parce qu’il s’est toujours voulu leur égal. Il n’a jamais accepté qu’on lui réserve un traitement différent à  cause d’une infirmité « qu’il n’a pas acheté au marché » selon les termes qu’il aimait utiliser. On comprend que BanZoumana puisse permettre de parler de dignité lui, qui en montra autant. Il disait que la dignité renferme toutes les qualités : la bravoure, la témérité, le courage, la fidélité, l’honnêteté, l’humilité, l’amitié, la fraternité, et l’altruisme. Aussi après l’indépendance, alors qu’il était déjà  un beau vieillard de 70 ans, le « Djéli » qu’il était recherchait constamment chacune de ces vertus qu’il jugeait n’appartenir qu’à  ceux de l’ancien temps. Quand l’indépendance fut proclamée et qu’on alla à  lui pour enregistrer son répertoire, il accepta avec bonne grâce mais se refusa tout net aux éloges, propriété exclusive de son « djatigui » (« hôte »). Cependant, il consentit à  magnifier la nouvelle souveraineté en chantant « Mali ba kèra awn tayé ». Durant toute sa vie, il aura traqué les qualités vertueuses chez ses congénères, parfois à  coups de périphrases bien senties que lui autorisait son art de la parole aux accents de son  » seul compagnon de la vie » son « n’goni ». Le seul qui ne le trahit jamais, aimait-il commenter. Un instrument devenu, après sa disparition à  l’âge de 97 ans, pièce célèbre du Musée national.

Cheick Oumar Sissoko : « le cinéma Malien est dans le creux de la vague ! »

En 1976, il obtient son diplôme d’histoire et de sociologie, à  l’université des Hautes études de Paris. Il ira ensuite à  l’école nationale de cinématographie et de photographie Louis Lumière o๠il sortira en 1979. Il est marié et père de deux garçons de 24 et 3 ans. Cheikh Oumar Sissoko occupera aussi le ministère de la Culture de 2002 à  2007, avant de se relancer dans son métier de cinéaste. Un militant engagé pour l’éveil des consciences Il était très engagé dans les mouvements d’étudiants et les mouvements syndicaux français, notamment la CGT (confédération générale du travail). Egalement militant dans l’association des étudiants et stagiaires maliens en France, puis la fédération des étudiants d’Afrique Noire. C’’étaient des mouvements associatifs mais, politiques, qui essayaient de militer contre les dictatures militaires et civiles en Afrique. Ils travaillaient en faveur de l’éveille des consciences. « C’’est dans ce cadre là  que je me suis posé des questions sur les possibilités de lutter pour mon idéal de militant, de chercheur de liberté dans un continent o๠il y avait une absence de démocratie. Je savais que le prof de sciences que J’aurais dû devenir n’aurait pas pu réaliser mon rêve. Il n’aurait eu à  dialoguer qu’avec une quarantaine de lycéens. J’ai donc décidé de changer de filière. » Confesse-t-il. Pour contribuer à  l’éveil des consciences, Cheick Oumar est venu à  la conclusion que sa lutte pouvait être entendue à  travers la littérature ou le cinéma. « Mon choix s’est donc porté sur le cinéma parce que l’image est à  la portée de tous. C’’est un langage doublé de langues nationales, qui permet de dépeindre ma société et, de mieux dialoguer avec le public. C’’est pour cela que J’ai choisi le cinéma. », justifie le cinéaste A la tête du CNPC A la fin de ses études universitaires, Cheick Oumar Sissoko retourne au Mali pour y travailler comme fonctionnaire. En 1981, le Centre National de production Cinématographique, (CNPC) accepte son dossier et il sera nommé pendant quelques années, directeur. Cheick Oumar Sissoko fait ainsi son entrée en tant que fonctionnaire au CNPC. De nombreux films à  son actif Il réalise son 1er film documentaire « l’école malienne » en 1982. A travers ce documentaire, il essaye de montrer les difficultés, mais aussi les déperditions scolaires en 6 minutes. En 1985, il réalisera ‘’Sécheresse exode rural » qui sera un élément assez important dans sa filmographie. Ce film de 35 mn montre la tragédie de l’homme de la terre, en ce sens que le Mali était frappé par la sécheresse, entre 1984 et 1985 et la famine régnait. Mais, les paysans étaient obligés de quitter leurs terres pour venir à  Bamako. En même temps, il y avait tellement d’abondance dans la capitale, que C’’était bouleversant de voir qu’à  140 km de là , dans le Bèlèdougou qui est une terre agricole, il y avait la famine. Ainsi, Cheick Oumar explique « J’ai donc dépeint cette tragédie, cette injustice au Mali. » « Niamanton » « Niamanton » ou « la leçon des ordures », sorti en 1986, est le film qui fera connaà®tre l’homme sur le plan international. Il remportera 14 prix internationaux. Ce long métrage était selon son réalisateur, comme une continuation de ses deux premiers films. Ce film retrace la tragédie des enfants qui n’ont pas la possibilité d’aller à  l’école. Ils connaissent en même temps, des problèmes extrêmement difficiles à  leur naissance. Mr Sissoko explique que ‘Niamanton’ participait à  la volonté de continuer une lutte politique. Lutte évoluant au sein d’un groupe clandestin dont très peu de gens connaissaient l’existence.  » Je tenais à  toucher la sensibilité des gens avec ce film. Et créer un choc par rapport à  cette situation extrêmement difficile. C’’était l’époque o๠les enfants prenaient des bancs pour aller à  l’école le matin et revenaient avec à  midi pour repartir à  15 h. Ces bancs étaient d’une lourdeur incroyable. Par ailleurs, les petites filles qui n’arrivaient pas aller à  l’école, vendaient dans les rues » Cheick Oumar a donc bâti son histoire autour des enfants défavorisés de la société malienne, qui étaient obligés d’aller jeter des ordures pour gagner un peu d’argent et aider leurs parents pauvres. Il est tout ému en parlant de ce film qui a eu énormément de succès selon ses propres termes. Et, C’’est celui qui lui a procuré le plus de joie et de satisfaction. Parce que, les acteurs pour la plupart, n’étaient pas des professionnels. Finzan En 1989, le cinéaste réalisera ‘Finzan’, un film dédié à  la femme africaine. Il traite des violences faites aux femmes. En particulier le lévirat, c’est-à -dire, l’obligation pour une femme, d’épouser le frère cadet de son mari défunt. Il y est également question d’excision. Guimba le tyran Sorti après les évènements du 26 Mars 1991 et l’instauration de la démocratie au Mali, « Guimba le tyran » dépeint toute la dictature dont le pays fut l’objet durant de longues années. Entraà®nant le ral le bol de la population plus qu’exaspérée.  » « Guimba », C’’était vraiment le pouvoir et l’époque charnière de l’Afrique dans les années 1990. Charnière entre les pouvoirs dictatoriaux de l’époque et la jeune démocratie qui naissait ». Il sortira sur les écrans en 1995. Ce film a eu énormément de succès, parce qu’il est celui qui remporté l’étalon d’or du Yennenga au FESPACO, et beaucoup d’autres prix à  travers le monde. Entre temps, Mr Sissoko a fait des films documentaires sur la malnutrition et sur le leader révolutionnaire Hamilcar Cabral de la Guinée Bissau. Un autre documentaire sur la lutte de la femme contre l’Apartheid en Afrique du Sud dans les années 50, sera mis en scène (tourné en Afrique du sud). Suivi de la construction d’une nation, l’Erythrée. Après 30 ans de guerre contre l’Ethiopie, le pays devait se reconstruire. La genèse sorti en 1999, porte sur les conflits fratricides. Cheick Oumar a mûri ce scénario depuis le tournage de Guimba. « A plus de 200 km de Djenné, dans un village, des gens se sont entretués. C’’était en janvier 1994. En Avril de la même année, il y eu le génocide rwandais avec plus de 800.000 morts. En Europe, il y avait dans les Balkans, les tragédies du Kossovo, de la Bosnie. Cela a provoqué une xénophobie et un racisme en Europe. Et au Mexique, les Indiens chiapasses se sont fait massacrer. On voyait donc une ranC’œur qui remontait du fond des âges. La question se posait de traduire cela dans les faits. » l’état actuel du cinéma Malien Cheick Oumar Sissoko pense que « kstructurellement, le cinéma malien se porte bien. Puisque, le centre national de cinématographie du Mali (CNCM), est aujourd’hui une institution consacrée au cinéma. Il est équipé en matériel technique sophistiqué et des techniciens spécialisés. Il est possible de faire une production entière au CNCM. La direction du cinéma a de belles idées». Par ailleurs, le problème du cinéma selon lui, C’’est le manque de moyens financiers pour soutenir la production d’un film. «Il y a une dizaine d’années, on faisait des films long métrage, aujourd’hui on en fait, très peu. Mais, je crois que le CNCM est entrain de changer la donne, explique-t-il. l’avènement du numérique donne beaucoup plus d’opportunités de faire assez de films… Parallèlement à  cela, il estime que le cinéma Malien est dans le creux de la vague. Il n’ y a pratiquement plus de salles de cinéma. «Ce n’est plus un art, un loisir que l’on va chercher, que l’on va admirer dans les salles de ciné, parce qu’elles n’existent pas. Le public doit avoir cette exigence de voir les films. Ils leurs permettent de voyager, d’aller à  l’encontre de l’autre. En même temps, nos films africains nous permettent de mieux comprendre notre continent, et de mieux connaà®tre les façons de vivre de nos sociétés. Il faut que les africains militent pour avoir des salles de cinéma. Les films vus sur le petit écran son complètement, différents lorsqu’on les voie sur les grands écrans. C’’est une occasion de sortir, de discuter avec les gens, de se frotter aux autres et de mieux renforcer la diversité culturelle de notre pays. Il faut que le public nous soutienne en allant voir ces films dans les salles de ciné, et qu’il arrête de payer les films piratés.