L’Internet, gros vendeur du rap malien

L’ORTM jouait auparavant le rôle de rampe de lancement de la musique malienne dans ses différentes évolutions. Mais aujourd’hui, ce sont les sites de musique qui en font la promotion, et particulièrement celle du rap.

Grâce aux sites Internet qui font la promotion de la musique et du rap en particulier, ce genre a considérablement élargi son public, devenant plus accessible, même dans les campagnes reculées, où la téléphonie mobile a accéléré l’accès au web. Il existe aujourd’hui de nombreux sites dédiés, dont les plus populaires, RHHM et Bamada city, présentent l’actualité de la musique malienne avec un intérêt particulier pour le mouvement rap. Véritables portails du showbiz malien, on y retrouve des exclusivités en matière de clips vidéo, de musique et d’informations people sur les artistes. Le public s’est vite approprié ces nouveaux médias, pour preuve, la fréquentation est en hausse constante. Bamada City avance le chiffre, non vérifié, de 30% d’audience auprès des 25 à 34 ans, et 27 % chez les 18-24 ans.

Audience élargie Pour les artistes, ces sites sont une aubaine à double titre. D’abord parce qu’ils permettent d’établir un contact permanent avec le public malien, mais aussi pour l’ouverture qu’ils favorisent vers l’international, en termes d’audience et de relations avec les promoteurs de spectacles du monde entier. Oumar Coul, membre de l’équipe de Bamada City, en est fier. « Il est aujourd’hui indéniable que nous avons été pour beaucoup dans le fait que les rappeurs maliens se vendent à l’extérieur, car nous leur donnons de la visibilité », explique-t-il. Si Bamada City occupe une place de choix dans le palmarès des sites de musique malienne, l’adresse incontournable en ce qui concerne le rap aujourd’hui est celle de RHHM, initiative d’Oumar Soumaré. Ce dernier arrive en France dans les années 2000. Il y crée le site Mali Hip Hop Music, devenu plus tard RHHM, qui collecte des informations sur les artistes rap du Mali afin de les diffuser. Ce n’est qu’en 2012 que le site va réellement se professionnaliser.

Pour voir leurs œuvres diffusées, les artistes paient en moyenne 5 000 francs CFA au site de leur choix, par morceau standard. La diffusion est en revanche gratuite pour les publications monétisées, c’est à dire qui se vendent par téléchargement sur iTunes. Dans ce cas, les recettes des morceaux téléchargés sont partagées entre l’artiste, à hauteur de 60%, et le site, qui récupère 40 %.