Portrait : Modibo Maïga, qui Mali pense…

Timide, un peu. Pudique, certainement. Le fruit de son éducation, là -bas, à  Bamako dans le quartier de Djicoroni Para o๠rien n’est simple. « Un quartier o๠la vie est très, très difficile. Il faut le dire, C’’est le bordel, là -bas. » reconnaà®t Modibo.C’’est là  donc que le jeune Malien 3e garçon d’une famille de dix enfants (6 filles, 4garçons), a pourtant grandi le ballon quasiment collé aux pieds (le gauche notamment) et le sourire aux lèvres. « Mon père était chauffeur et ma mère a longtemps tenu une cantine. Ce n’était pas évident pour nous. Mais en Afrique, malgré tout ça, il existe une joie de vivre qui ne disparaà®t jamais. Je retrouve moins cette joie chez les gens, ici, en France. Ici, chacun a ses trucs. Chez nous, on vit tous ensemble. Entre gens du quartier, il y a beaucoup de solidarité, de vie commune ». En Afrique, il existe une joie de vivre qui ne disparaà®t jamais Voilà  pourquoi en débarquant dans l’Hexagone « Un jour d’hiver avec de la neige au Mans » Modibo a découvert, même s’il ne le dit qu’à  demi-mots, que la carrière de footballeur le forcerait à  consentir « des sacrifices, à  changer de vie. C’’est très dur de faire face à  tout ça quand on vient d’o๠je viens. Pour les Brésiliens, je crois, C’’est encore pire. Eux, ils viennent avec toute leur famille pour que tout soit joyeux autour d’eux. Ils ont besoin de ça. Pourtant, il faut affronter cette nouvelle vie pour réussir. Tu es obligé de te battre contre ça ». à€ Djicoroni Para, le foot, C’’était de l’amour Et d’expliquer « Je suis allé à  l’école jusqu’au lycée. Après, J’ai changé de chemin. J’ai choisi le foot. Au quartier, on savait qu’il y avait beaucoup de joueurs africains qui évoluaient en Europe. à‡a nous donnait envie. J’étais l’un des meilleurs à  Djicoroni Para quand on faisait des concours, des trucs techniques ». Puis, il s’interrompt comme pour redonner pleine vie à  son souvenir « mais on ne songeait pas, tout de suite, à  l’avenir. Le foot, C’’était le plaisir, une sorte d’amour. Oui, C’’est ça de l’amour. C’’est seulement après, quand je suis allé en équipe nationale en cadets, juniors, que J’ai commencé à  voir ça autrement ». à€ Sochaux, je me sens plus respecté Modibo Maà¯ga a alors pris la direction du Stade Malien, l’un des grands clubs du pays. Puis, rapidement celle du Maroc et du Raja Casablanca pour trois saisons. à€ 17 ans seulement. « Je pense que cette étape dans l’un des plus grands clubs africains a facilité mon intégration en France » avoue Modibo. « Je n’ai que de bons souvenirs. On n’oublie pas les premiers pas hors de son pays. Petit, C’’est aussi une motivation de partir du Mali. On ne sait pas o๠on veut aller. Mais on veut pouvoir s’en aller pour progresser. à€ Casablanca, J’ai vécu notamment une saison pleine, de folie. Le peuple marocain est fou de foot. Avec 60 000 à  70 000 spectateurs par matches, il y avait une ambiance incroyable. à‡a marque. En tout cas, moi, ça m’a donné envie d’aller encore plus haut. Je l’avoue, en France, je n’ai pas encore retrouvé ce que J’ai pu connaà®tre là -bas. à‡a me manque car l’ambiance dans un stade, C’’est très motivant pour le joueur ». l’œil de Jeandupeux, un essai au Mans avec la réserve, puis Modibo Maà¯ga a suivi une ascension rapide grâce à  15 buts qui, aujourd’hui, l’ont posé au centre de l’attaque sochalienne. « Franchement, moi, Sochaux depuis le début ça me plaà®t beaucoup ». Malin, le Malien ? « Non, je le pense réellement. Je me fous de l’environnement, ce qui m’intéresse C’’est le sportif. Ici, je me sens plus respecté, plus concerné. On me fait davantage confiance. Le staff est très humain et me donne envie de m’investir. Avec eux, je peux beaucoup progresser. Ce qu’ils disent, ce qu’ils font, ne peut que donner envie ». Je crois en moi, je veux aller plus haut Envie, même si Modibo Maà¯ga sait ne devoir faire qu’un passage à  Bonal. « Je crois en moi. Je veux travailler pour aller plus haut » répète-t-il avec conviction, en rêvant, comme le gamin de Djicoroni Para, à  ce « Barça » dont il est fan « En sélection, Seydou Keita ( N.D.L.R. l’ex Lensois au Barça actuellement) est un grand frère pour moi, il donne de bons conseils, il est d’équerre avec les jeunes. Lui même me dit que J’ai les qualités, que je dois travailler et avoir un peu de chance si Dieu le veut ». La chance donc en scrutant le ciel. « Mon prénom est celui de religieux, il y a très longtemps. Il est souvent associé à  Oumou. Je suis très croyant. Musulman » explique encore Modibo. « C’’est comme ça. Au Mali, je suis né dans ça, et, sûr, je vais mourir dans ça aussi ».