SOS Pays Dogon !

Ici c’est la zone rouge. Un territoire « formellement déconseillé » par le ministère des Affaires étrangères Français afin de dissuader les touristes de s’y rendre. La quasi totalité du Mali est classé dans ce rouge couleur sang : synonyme de peur et de danger. L’attribution d’une telle zone peut pourtant se révéler arbitraire et avoir des conséquences dramatiques pour certaines populations. C’est le cas du Pays Dogon, rayé de la carte du tourisme depuis 2012. Reportage. « Sans le tourisme, le Pays Dogon n’est rien » Le peuple Dogon n’a jamais entendu l’écho d’un coup de feu, ni senti l’ombre d’Ebola planer sur lui. Ce « pays dans un pays » classé patrimoine UNESCO en 1991 a pourtant subi de plein fouet sa mauvaise presse : de la venue de plusieurs centaines de touristes par semaine, le chiffre est tombé proche de zéro. L’inquiétude se mêle à  l’incompréhension et les témoignages sont unanimes : « On n’a jamais pensé que ça pouvait arriver ». Quand les touristes ont commencé à  déserter, les habitants se sont retrouvés en pleine torpeur, dans l’attente du retour de cette économie qui les faisaient vivre à  hauteur de 70%. Les mois se sont écoulées, puis les années, jusqu’à  atteindre un seuil critique o๠l’espoir ne suffit plus. La population a commencé à  souffrir de malnutrition et du manque de soins. On aperçoit aujourd’hui des enfants couverts de poussière, les habits en lambeaux et le ventre gonflé par les carences. Les campements auparavant pleins à  craquer sont tombés en décrépitude. Les boutiques artisanales regorgent d’objets abà®més par le temps, décolorés par le soleil. Des statues ont commencé à  pourrir, à  l’image d’une culture Dogon qui se perd. Seydou est éleveur de moutons, il était guide autrefois. Il brise le silence d’un peuple rendu mutique par fierté : « à‡a ne va pas ! Les gens n’osent pas le dire car c’est dans notre culture de ne pas se plaindre, mais je le dis haut et fort : ça ne va pas et mon peuple a faim. Vu la réputation du Pays Dogon dans le monde, on ne comprends pas. » Cette même réputation a profondément changé leur façon de vivre. Les jeunes ont touché à  la culture occidentale. On trouve aujourd’hui plus facilement du réseau et des téléphones portables que de la nourriture dans les montagnes. C’est le symbole d’une culture ancestrale en proie aux nouveaux besoins que la modernité engendre. « Nous sommes historiquement des cultivateurs mais sans le tourisme, le Pays Dogon n’est rien. Les jeunes ont été habitué à  la vie moderne et on ne peut pas reculer dans le temps. La culture des terres ne nous permettra jamais de vivre à  100%. On est dans un temps moderne, on vit au 21ème siècle, il faut comprendre ça. » Le niveau de dangerosité du Mali selon le ministère des Affaires à‰trangères (diplomatie.gouv). « Quand tu vois un blanc, c’est un albinos » Les porteurs de bagages, cuisiniers, chefs de campements, les jeunes qui faisaient les commissions, guides, vendeurs de colliers, jardiniers, commerçants, chauffeurs… tous dépendaient de l’activité touristique. Ils se sont retrouvés sans emploi du jour au lendemain. Beaucoup sont désoeuvrés, d’autres se démènent pour que la situation change. Ils cherchent des aides financières auprès d’anciens touristes devenus amis, mais les questions d’argent sont parfois synonymes de méfiance. Les aller-retour entre banques, familles et points d’accès internet sont leur quotidien. Avec ses déboires : les connections hasardeuses, l’essence à  payer pour rejoindre la capitale et les banques souvent à  court d’argent. Il faut prouver que les dons sont bien utilisés, écrire des récépissés… autant de démarches administratives pénibles alors qu’un peuple meure de faim. Djibril fait partie de ces jeunes qui se bat pour son pays. Si « l’herbe paraà®t toujours plus verte dans le jardin du voisin » il garde espoir. Cela faisait plus d’un an qu’il n’avait pas guidé. « J’étais porteur avant d’être guide, soit 11 ans d’expérience. Chaque jour j’écoutais les explications des vieux pour comprendre l’histoire de mon pays. Il y a plus de 540 kilomètres entre le nord et le Pays Dogon. Les rebelles ne sont jamais venus ici. Les ancêtres nous protègent avec les fétiches.» Le jeune homme faisait vivre à  lui seul huit personne durant l’âge d’or du tourisme. Il finançait les études de trois de ses jeunes frères. Ces derniers ont été renvoyé il y a deux ans, faute d’argent. Il ne comprends pas ce qui se passe. Pour lui les gens mélangent tout : la rébellion armée, la maladie Ebola… autant de choses qu’il n’a jamais vu de ses yeux mais dont il subit les conséquences. Et les voies alternatives sont difficilement envisageables : l’eau est rare et la terre inhospitalière. « Il arrive qu’on ne mange pas deux jours d’affilés. On habite sur le plateau et il n’y a pas assez de place pour cultiver le mil. Je garde toujours l’espoir, mais rien ne change. Il faut venir ici pour voir la réalité. Aujourd’hui quand tu vois un blanc, c’est un albinos. » « A l’époque tous les jeunes voulaient devenir guides » Thérèse est suisse et vit depuis trois ans dans un village du Pays Dogon. Elle témoigne de la crise que traverse cette région : « En 2012 les rebelles armés étaient à  150 kilomètres du Pays Dogon. Je suis rentré en Suisse pour rassurer ma famille, mais ça a été très vite nettoyé avec l’intervention de l’armée française. Le véritable danger ici c’est le palud, le manque d’eau et la santé. Il faut savoir que Point Afrique amenait 400 touristes chaque semaine, avant que les vols directs ne cessent fin 2010 ; après la mise en zone rouge de la région. Tout s’est alors arrêté d’un coup : les projets de développement, les coopérations et le tourisme. Les gens n’ont mis aucun argent de côté : leurs campements sont dévastés. Ceux qui ont connu ça se souviendront de la leçon si le tourisme reprend un jour. A l’époque tous les jeunes voulaient devenir guides. Maintenant tu n’en trouves plus un seul. La profession a disparu. Les gens ont une autre priorité : survivre. C’est le point positif. » « On n’a plus le courage d’entretenir les apparences » Jean-Baptiste, chef de campement d’un village niché sur la falaise, pointe du doigt les portes des maisons tombées en ruines. Il explique que l’ensemble des chambres étaient occupées avant. Plusieurs « anciens du tourisme » lorgnent l’enregistreur. Ils sont nombreux à  vouloir témoigner de cette situation difficilement vivable et prouver aux yeux du monde que leur pays ne présente aucun danger. Un ancien vendeur de colliers en raconte quelques bribes : « Je gagnais 2 000 CFA par jour en vendant des colliers aux touristes. J’ai commencé à  faire les jardins, mais il y a peu d’eau et pas de barrage. On veut que touristes reviennent car le Pays Dogon est très beau : avec la colline, le plateau et la plaine. La culture animiste et les objets d’art ». Le chef du village tient à  faire visiter sa boutique d’art, mais il peine à  trouver la clé. La porte reste coincée et il faut la déloger d’un coup sec. Il n’y a plus de nappes indigo et de chandelles pour accueillir les visiteurs, tout ça c’est de l’histoire ancienne. Place aux glacières vides et aux toilettes défectueuses. « à‡a faisait quatre ans que ma boutique n’avait pas été ouverte… La préserver, pourquoi ? Pour qui ? On n’a plus le courage d’entretenir les apparences ». Cet homme atteste que des filles quittent leurs familles à  l’âge de 11 ou 12 ans pour aller « laver les marmites » dans les grandes villes. Certaines se prostituent et reviennent avec des maladies sexuellement transmissibles. L’exode rural s’est accru, notamment après plusieurs mauvaises récoltes… Beaucoup de jeunes partent vers la Côte d’Ivoire « en aventure ». Certains ont quitté la région pour rejoindre l’Espagne. Ils ont eu une panne de pirogue et sont morts dans la mer. C’est tout un pan de la culture qui se perd. Le peuple Dogon lance aujourd’hui un véritable appel au secours : «à‡a ne nous dérange pas de dormir par terre, on demande seulement de l’eau potable. » Dans le village de Digui Bombo, un taurillon est cuisiné pour les fêtes. Nous sommes le 24 décembre et autour du repas les visages sont graves, les sourires timides et les regard absents. Théo du Couedic et Clément Guilbaud

Lifting pour six monuments de Bamako

Baptisée, « SOS Monuments» cette opération concerne dans un premier temps les monuments de l’Indépendance, Kwamé N’Kruma, Place Mamadou Konaté (Eléphant), Colombe de la paix, Place Abdoul Karim Camara dit Cabral et la Tour de l’Afrique. C’’est une initiative du ministère de la culture en partenariat avec le groupe Africable Télévision qui s’engage à  donner un nouveau visage à  ces œuvres à  travers la prise en charge totale des coûts d’entretien et de promotion des monuments répertoriés. Classés patrimoine national, la plupart de ces joyaux sont aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. «Le symbolique choix du monument de l’indépendance pour ce premier engagement d’un partenariat privé à  nos côtés est l’occasion pour moi, de voir un Mali émergent. En s’engageant à  participer à  la rénovation, à  l’entretien et à  la sensibilisation pour la sauvegarde de la bonne gestion des monuments de Bamako, le groupe Africable Télévision ouvre la voie à  un modèle de coopération unique et un chemin nouveau dans la promotion du patrimoine culturel», a déclaré le ministre de la culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo lors du lancement en fin juillet dernier. Presque un mois après, les ouvriers sont à  pied d’œuvre sur les différents sites, pour redonner aux monuments leurs éclats d’antan. Pour le PDG du groupe Africable « un monument n’est pas seulement qu’une œuvre architecturale, si belle soit-elle, ni simplement un lieu de mémoire. Il s’agit aussi et surtout d’un marqueur essentiel de l’histoire d’un peuple et d’une nation en devenir. A ce titre et parce qu’ils nous renvoient à  notre mémoire collective, nous devons à  nos monuments respect, entretien, attention et promotion » a-t-il indiqué. Lé département de la culture lance un appel aux citoyens et aux opérateurs économiques pour la rénovation et la valorisation de ces monuments.

Kayes: un Village d’Enfants SOS flambant neuf pour Khouloum

C’est une ambiance des grands jours qui régnait ce dimanche 02 février dans la localité de Soutoucoulé, dans la communune rurale de Khouloum, située à  10 kilomètres de Kayes. Il y avait foule, de nombreuses personnalités dont le Ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’enfant. Madame Sangaré Oumou Bah, accompagnée d’une forte délégation est venue couper le ruban symbolique du tout nouveau complexe Village d’enfants SOS de Khouloum. D’un coût de plus d’un milliard et demi, ce nouveau Village d’Enfants SOS participe de la politique de promotion de l’épanouissement et du mieux-être de l’enfant, en particulier des plus vulnérables. Au delà  des bâtiments, il s’agit d’un véritable programme qui s’articule autour de trois axes dont le renforcement de la famille avec 150 enfants dans les villages de Khouloum et Soutoucoulé. Elle est passée à  461 enfants issus de 94 familles des plus vulnérables en étendant ses actions sur deux autres villages de la commune à  savoir Douccouané et Sabouciré Ndi. A la fin de ce programme, 700 enfants seront touchés. à‰ducation à  l’indépendance Venues de la France, du Sénégal et du Burkina Faso, les délégations ont reçu un accueil des plus chaleureux des populations de la Commune rurale de Khouloum dont le maire, Amadou Diallo, s’est réjoui du choix porté sur sa commune pour la construction de ce beau complexe. Le Directeur du nouveau Village d’Enfants SOS de Khouloum, Bakary Aliou Koné a quant à  lui promis que « chaque enfant recevra une éducation et une formation en fonction de ses besoins, donc quand le moment de quitter le village d’enfants SOS arrive, ils seront capables de voler de leurs propres ailes et d’atteindre les objectifs d’autonomie, d’indépendance financière et d’intégration sociale ». Pour le Directeur Général de SOS Villages d’Enfants International Richard Pichler, il convient de souligner l’importance du partage et de la solidarité, dans le travail des membres SOS Villages d’Enfants international. Il a sollicité le soutien des autorités en faveur du Village d’Enfants SOS de Khouloum. Madame Sangaré Oumou Bah, ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant a insisté sur l’action du SOS Villages d’Enfants au Mali qui s’inscrit en droite ligne de la vision de la politique nationale pour la promotion et la protection de l’enfant à  savoir « Une société démocratique qui garantit l’épanouissement de l’enfant grâce à  la jouissance et au plein exercice de ses droits et devoirs par une responsabilisation soutenue des parents, de la communauté, des collectivités et de l’Etat en vue de le préparer à  une citoyenneté effective inspirée de nos valeurs socioculturelles positives » . Pour agrémenter la cérémonie, un spectacle sur l’histoire du «khasso» et un grand spectacle de la danse khassonké ont été offerts aux invités par les populations de la commune rurale de Khouloum.

Le SOS du patronat pour le secteur privé malien

Sous les décombres de la crise qui secoue le pays, le secteur industriel malien tente de se relever. Mais faudrait t-il se demander le temps que cela prendra ? C’’est désormais une lapalissade de dire que le secteur industriel malien va mal. Ce moteur, sans lequel l’économie nationale n’aurait de sens, encourt une réelle menace de faillite générale. C’’est du moins ce que laisse entendre le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) qui spécifie que le niveau élevé de destruction de l’outil de production, la crise énergétique récurrente, la paralysie de l’administration publique vont finir par plomber le secteur. La sonnette d’alarme du Patronat malien Le CNPM qui regroupe le secteur secondaire du pays et dont la mission est de défendre les intérêts des entreprises, invite le Gouvernement à  la rescousse. Le président du CNPM, Mamadou Sidibé, ainsi que d’autres responsables de l’organisation patronale ont planché sur un plan de sauvetage d’urgence au cours d’une rencontre avec le ministre du Commerce et de l’Industrie malien Abdel Karim Konaté en début de semaine à  Bamako. Selon un rapport du CNPM, plusieurs facteurs affectent durement les revenus et l’emploi de milliers de personnes: la suspension de l’aide publique au développement, à  l’exception de l’aide humanitaire, de la part de la quasi-totalité des partenaires au développement qui se sont retirés du Mali en suspendant les financements pour plus de 6 milliards francs CFA soit 915.000 euros— ; l’arrêt de nombreux projets d’investissement ; la diminution des ressources intérieures et la réduction des allocations budgétaires, y compris dans les secteurs sociaux de base ; la fermeture de nombreuses unités économiques, particulièrement dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme. Au cours de la rencontre, le ministre Abdoul Karim Konaté, a reconnu que la crise qui s’est accompagnée par la suspension des appuis des Partenaires Techniques et Financiers (PTF), a eu des répercussions négatives sur le bon fonctionnement de l’Etat comme l’atteste la réduction drastique des ressources du budget national 2012 de plus 312 milliards de francs CFA (un peu moins de 50 millions d’euros). Cependant, les patrons des entreprises maliennes ne veulent pas demeurer en reste de l’élan de résolution de la crise politico sécuritaire que traverse. « Nous réitérons notre volonté de contribuer sur les plans financier, technique, social et humanitaire dans l’effort de guerre pour la libération des régions du nord occupée », indique un chef d’entreprise. Toutefois, ils plaident pour une garantie de la sécurité du personnel des entreprises des unités de production et points de vente, afin de permettre une continuité de la production et des services.

Mali: le SOS d’un couple de députés de Tombouctou et de Bourem

Faites vite, il y a urgence! » Telle est la teneur du message martelé à  Paris par un couple de parlementaires du Nord-Mali, vaste territoire asservi par les miliciens salafistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar-Eddin. Supplique adressée notamment à  Elisabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et à  Claude Bartolone, titulaire du Perchoir du Palais-Bourbon. Lui, El Hadj Baba Haà¯dara, est député de Tombouctou et anime le Collectif des élus du Nord-Mali; pour l’anecdote, le père de cet ingénieur en Génie civil fut à  l’ère coloniale sénateur du « Soudan français », avant de diriger les travaux de la première Assemblée du jeune Mali souverain. Son épouse, Aà¯chata Cissé Haà¯dara, députée de Bourem -non loin de Gao-, préside le Réseau Femme, Développement et Protection de l’enfance. Et tous deux disent d’une seule voix ceci: « Notre crainte, depuis des mois, c’est de voir nos régions franchir le point de non-retour. Que ce soit par la peur, par l’argent ou par la force, les djihadistes disposent de tous les moyens requis pour convaincre les populations de se ranger à  leurs côtés. Notre hantise? Entendre nos électeurs nous dire bientôt qu’au fond, ils sont mieux avec eux. » Une réunion internationale sur le Mali se tient à  Bamako ce vendredi, soit une semaine après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2071. Laquelle invite les autorités maliennes à  engager un dialogue politique avec les « groupes rebelles non-terroristes », mais esquisse aussi le scénario d’une intervention militaire africaine. Hier jeudi à  la mi-journée, le duo d’émissaires nordistes a rencontré quelques journalistes français dans les locaux de l’ambassade du Mali à  Paris. Verbatim thème par thème de cet échange. Aqmi et les autres Pour Baba Haà¯dara, l’émanation des GSPC algériens constitue « le groupe le plus dangereux ». « Il a besoin du Nord-Mali pour que prospèrent le trafic de drogue et les kidnappings. Dotés de relais en Algérie, au Soudan, en Libye, en Mauritanie ou au Cap-Vert, ses leaders pilotent et financent les autres factions islamistes. La communauté internationale ne doit pas laisser un nouvel Afghanistan germer au Sahel. A Tombouctou et ailleurs, on parle désormais l’afghan, le pakistanais, le somali, le tchadien, voire le bambara [langue pratiquée au Sud-Mali]. Il faut sans tarder mettre un terme au commerce des otages, sous peine d’alimenter un cauchemar sans fin. Quand les caisses sont vides, on en lâche trois pour 30 millions d’euros. Ce qui permet d’acheter de l’armement, de financer le recrutement et la formation d’enfants-soldats. » En revanche, Aà¯chata incrimine au premier chef les indépendantistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). « Ils ont tout déclenché, allant chercher les trafiquants islamistes dans leurs grottes de l’extrême-nord. A Gao, on leur doit les viols, le saccage des mausolées ou des dispensaires. Nos compatriotes du Nord, très fâchés contre eux, n’accepteront jamais la remise en selle de ces hommes, d’ailleurs mis en déroute par leurs ‘alliés’ d’hier. »  » Personne ne veut plus du MNLA, renchérit Baba. Ceux qui, en France ou à  New York, misent sur lui se trompent. Il représente à  peine 5% des 1,5 million de Maliens du Nord et a infiniment moins de légitimité que nous à  parler en leur nom. En clair, jamais il ne s’est agi d’une rébellion touarègue. Dès novembre 2011, la cellule de crise que je présidais au sein de l’Assemblée a dépêché une quinzaine de députés afin de dissuader ce mouvement d’entraà®ner le pays dans une aventure fatale. Mais en vain. Ensuite, la médiation conduite par [le chef de l’Etat du Burkina Faso] Blaise Compaoré au nom de la Cédéao -Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest- a commis, entre autres, l’erreur de privilégier ce même MNLA. Voir son prétendu ministre des Affaires étrangères sur le perron de la présidence burkinabé fut perçu chez nous comme une insulte.  » Le piège mortel du temps qui passe  » En invoquant les préceptes religieux, en faisant régner leur ordre, les islamistes rallient des civils livrés à  eux-mêmes. L’électricité coûte zéro franc. Du jamais vu. Au point que certains croient y trouver leur compte.  » Qui commande à  Bamako ?  » Le coup d’Etat du 22 mars a plongé le Mali dans un grand désordre institutionnel. Et la junte du capitaine Amadou Sanogo demeure une menace pour les organes civils. Le président intérimaire [Dioncounda Traoré] a été investi au nom d’une constitution contestée. Le Premier ministre [Cheik Modibo Diarra] s’est cru doté des pleins pouvoirs, quitte à  parler le langage des putschistes qui l’avaient adoubé. Bref, ce trio, dont chacun des membres croyait détenir les commandes de l’exécutif, n’a jamais fonctionné. Facteur aggravant, la classe politique s’est déchirée entre partisans et adversaires de la junte. Et tout cela a abouti à  l’immixtion du religieux dans le champ politique, phénomène qu’incarne Mahmoud Dicko, chef de file du Haut conseil islamique, qui a un temps rêvé de présider la transition et a aussi contribué à  imposer Diarra à  la primature. Moi qui suis musulman, je préconise que le ministère des Cultes soit confié à  un chrétien, afin de prévenir toute confusion des genres. Les exactions  » Contrairement à  ce que l’on croit chez vous, insiste Aà¯chata, il n’y a aucune accalmie sur le front des violences sexuelles. Disons que le viol est désormais organisé, institutionnalisé. Quand un combattant islamiste épouse une locale, celle-ci risque de trouver bientôt trois ou quatre ‘maris’ dans son lit. Les nouveaux maà®tres de Tombouctou prétendent avoir ouvert une prison pour femmes dans une ancienne villa de Kadhafi . En fait, les viols y sont là  aussi monnaie courante. On ne peut même plus aller vendre des condiments au marché. Il faut rester à  la maison ou se couvrir de la tête aux pieds, et même enfiler des gants. Il y a beaucoup de détresse, mais aussi de la colère. A Tombouctou, nos soeurs, excédées, ont protesté, bravant les coups et les tirs de sommation. A Kidal, ou la charia ne prend pas, elles ont défilé en pantalon et en T-Shirt, cigarette à  la main.  » Le verbe ou les armes ?  » Négocier, soit. Mais négocier quoi ? Et avec qui ? Comment discuter avec un adversaire qui se sait plus fort que moi ? Il faut montrer sa force d’abord ; après, on verra. Certains croient pouvoir détacher les Maliens d’Ansar-Eddin de la nébuleuse djihadiste. Les exfiltrer en quelque sorte. Mais qui parmi eux se sent prêt à  renoncer à  ce que lui vaut aujourd’hui son engagement ? Tout conflit finit par une médiation et un dialogue. Là -dessus, pas de tabou. Personne ne veut la guerre. Encore faut-il savoir avec qui on parle, et de quoi. Bien sûr, il est nécessaire de ménager l’orgueil national, la souveraineté malienne. Le moment venu, plaçons en première ligne des soldats maliens Mais si l’on veut aller vite et être efficace, il faudra bien sûr compter sur l’apport étranger. Cette intervention extérieure, nous l’acceptons, nous la souhaitons, nous la désirons.  » Le jeu de l’Algérie  » Sa position est très ambiguà«. Voire incompréhensible à  nos yeux. Si Alger avait coopéré d’emblée, on n’aurait même pas eu besoin d’envisager une reconquête militaire. L’approvisionnement des djihadistes venant de son territoire, il lui suffisait de verrouiller sa frontière pour leur couper les vivres. Par son attitude, l’Algérie entretient cette guerre. Et la ligne du Qatar n’est guère plus claire.  » La doctrine américaine  » Partisans jusqu’alors de la tenue d’élections avant toute opération armée, les Etats-Unis invoquent leur constitution pour soutenir qu’ils ne peuvent voler au secours d’un régime né d’un putsch. Nous invoquons la nôtre pour juger impossible d’organiser un scrutin digne de ce nom dans un pays aux deux-tiers occupé.  » La posture française  » François Hollande est aujourd’hui plus populaire au Mali qu’à  Paris. En plaidant pour la fermeté, il campe sur une ligne d’autant plus courageuse qu’il lui faut dans le même temps gérer le délicat dossier des otages. Et qu’environ 4800 Français vivent sur notre territoire. « 

Le « SOS » d’Amkoullel pour le Mali

Amkoullel est rappeur, Mariam Sy Macalou, architecte; Nénè Satourou Sy et Cheikh Tidiane Diallo sont motivés. Ils ont tous en commun d’être jeunes, dynamiques et d’appartenir l’association «Â Plus jamais ça ! ». Un collectif à  l’origine, qui n’entend pas rester les bras croisés face à  l’enfer que vivent nos compatriotes dans les trois villes occupées du nord. Début mai, ils avaient formé une chaà®ne humaine, le long du boulevard de l’indépendance à  Bamako, pour dire NON à  la situation que vit le Mali. « Dons de vivres » Cette fois, les membres de l’association veulent envoyer des vivres ou des médicaments, grâce à  la solidarité de tous. « Ce qui arrive au nord de notre pays doit tous nous interpeller, Nous les jeunes, nous ne sommes assez impliqués dans la vie collective du pays », rappelle Amkoullel.  » Par ces actions, nous cherchons aussi à  attirer l’attention de la communauté internationale », estime Mariam Sy Macalou. Dans le clip « SOS », on voit le rappeur pointer du doigt la gravité de la situation et appeler à  l’aide avec en toile de fond, des images du nord, des rebelles qui circulent dans les villes et des populations déplacées dans les camps. Un tableau noir de la partition que vit le Mali, depuis le coup d’état du 22 Mars, coup d’état qui a précipité les prises de Tombouctou, Kidal et Gao. Depuis, on recense plus de 200 000 déplacés et réfugiés et de graves violations des droits de l’homme, selon le dernier rapport d’Amnesty International sur le Mali… «Â  Conscientiser la jeunesse » Dans sa démarche, Amkoullel s’est accompagné du rappeur Mylmo et d’autres membres de l’association. Le titre « SOS » est vendu sur Internet et servira à  récolter des dons, qui seront intégralement reversés à  la Croix Rouge Malienne avec pour destination le nord. Ils sont également en partenariat avec l’agence Binthily Communication, dirigé par Birama Konaré, qui apparaà®t aussi dans le clip. Avec d’autres mouvements comme les « Sofas de la République » qui mettent les politiciens maliens face à  leur responsabilité, l’association  » Plus jamais ça » agit dans le concret tout en conscientisant la jeunesse malienne. « La résolution de la crise, passe aussi par le dialogue, mais pour dialoguer, il faut une position ferme. Notre armée aujourd’hui n’est pas opérationnelle pour aller au nord, il faut donc privilégier d’autres voies », estime Néné Satourou Sy. En attendant une issue à  la crise qui secoue le nord Mali, les membres de l’Association  » Plus Jamais ça ! » se donnent la main et prennent des initiatives. l’association  » Plus Jamais ça », compte une cinquantaine de membres, dont 15 actifs sur le terrain. Ils utilisent les réseaux sociaux, les médias, Internet pour communiquer et toucher le maximum de jeunes, pour que plus jamais, le Mali, ne vive la division.

Réforme constitutionnelle: la grogne de « SOS démocratie »

141 pour, 3 contre et 1 abstention le projet de loi portant révision de la constitution a adopté le mardi 02 juillet 2011 à  l’hémicycle. Après avoir passé des mois à  contester la pertinence et le contenu du projet de loi portant révision de la Constitution de 1992, les députés maliens l’ont fait passer comme lettre à  la poste. Mais la société civile ne l’entend pas de cette oreille et entend bien manifester son mécontentement. « SOS démocratie » et une frange importante de la société affirment leur détermination à  faire échec par tous les moyens au referendum constitutionnel annoncé. Y compris s’emparer de la rue pour élever la contestation populaire. l’atmosphère politique risque de devenir irrespirable avec les questions du fichier électoral, et de la composition de la CENI qui ne sont pas encore réglées. Il faut craindre de revoir le scenario du mouvement de contestation de la rue du code de la famille voté par les députés. On se souvient en effet, qu’il y a tout juste une année, le vote du code de la famille avait suscite un tôlé des associations musulmanes qui ont estimé, que ce texte qu’ils ont d’ailleurs jugé satanique, bafouait l’héritage culturel et religieux des populations maliennes. Le texte avait fini par être retiré de l’arsenal juridique par le président ATT face à  la pression de la rue. La nouvelle constitution qui prend à  présent le chemin vers le référendum va-t-elle échapper à  la loi de la rue ? Une remise en cause des acquis de Mars 91 Selon le quotidien malien « Info matin », un appel a été lancé par la coalition « SOS démocratie » composée de partis, associations politiques et structures de la société civile, dont les membres étaient réunis, le samedi dernier à  la Pyramide du souvenir de Bamako. Autour des Ali Nouhoum Diallo, Abdou Traoré dit Diop Daniel Amagoin Tessougué et des militants de la liberté démocratique, plusieurs acteurs politiques et de la société civile ont dit publiquement leur refus de cautionner ces reformes constitutionnelles qu’ils ont qualifié d’inopportunes et dangereuses pour les avancées démocratique du pays. Il est reproché à  ces reformes institutionnelles de constituer une remise en cause fondamentale des acquis de mars 1991. Et pour cause la coalition, dans une déclaration qu’elle s’apprête à  rendre publique, soutient clairement que ces reformes décriées « introduisent une inégalité entre les citoyens, notamment à  travers l’introduction d’une notion de discrimination dite positive, et l’exclusion des binationaux de la candidature pour les élections présidentielles ». Ce n’est pas tout. Ces reformes institutionnelles toujours selon la Coalition, renforcent excessivement les pouvoirs du Président de la République, et compromettent ainsi dangereusement l’équilibre des pouvoirs partant la démocratie et l’Etat de droit. Pour ce mouvement, qui exige le retrait de ces reformes, celles-ci ne visent qu’ « un accroissement exponentiel et injustifié de la dépense publique, par une augmentation du nombre des institutions (Instauration du sénat) toutes choses qui ne répondent à  des réels besoins ». De ce fait, les membres de la coalition « SOS démocratie » disent non à  la révision de la Constitution qui s’apparente, selon eux, «à  une remise de cause du fait majoritaire et de l’indépendance des institutions».