La valse des trois sotramas…

Les accidents routiers sont légion à  Bamako. Aux environs de 8 heures à  Badalabougou sur la route du rectorat, trois véhicules de transport public, communément appelés Sotramas, sont entrés en collision, en faisant de nombreux blessés. Ces sotramas ont même percuté un gros camion chargé de sable. Pour celui qui connait la route qui mène à  la colline du savoir, la circulation est plutôt dense à  cette heure de la matinée. Les usagers pressés de rejoindre le service et les étudiants roulant à  vive allure, et souhaitent être à  l’heure pour les cours. Dans cette anarchie, motocyclistes et véhicules respectent à  peine les panneaux de signalisation. La police administrative décide alors de prendre les choses en mains. « La circulation était tellement bloquée, que nous avons décidé de faire dégager certains et d’en stopper d’autres pour la rendre fluide », précise un agent de police sous le soleil. Si l’action de la police administrative doit prévenir un tel drame, comment est donc survenu cet accrochage ? A cette question, le chauffeur du deuxième sotrama s’explique tout étonné, « moi J’avançais pour me garer comme les autres quand un sotrama m’est rentré dedans et m’a propulsé sur le troisième véhicule. On imagine la scène et la frayeur des passagers du petit car vert de transport. Mais détail d’importance, l’accident a lui bel et bien été provoqué par un sotrama dont les freins ne fonctionnaient pas, et un chauffeur engagé dans une course folle. On sait comment les Sotramas se garent à  Bamako, sans aucune considération pour les véhicules qui arrivent derrière eux… l’attente interminable des secours Après l’accident, plus grave est l’attente des secours pour venir en aide aux blessés. C’’est là  qu’intervient la protection civile dans une ville en perpétuelle évolution comme Bamako. Ce mardi matin, les agents de la protection civile ont mis près de quarante minutes pour arriver et conduire les blessés au centre hospitalier Gabriel Touré o๠commence un autre calvaire. La prise en charge des blessés.

A Bamako, les sotramas pas sots !

Considérés à  tort ou à  raison comme les trublions de la circulation à  Bamako, les cars de transport en commun sont un mal nécessaire dans une capitale en pleine expansion. Peints en vert, ils desservent tous les quartiers de Bamako à  l’exception de la cité du Niger et l’ACI 2000. En plus du transport de passagers, les chauffeurs longtemps assimilés à  des analphabètes s’expriment maintenant. Ils n’utilisent pas les supports traditionnels de communication pour se faire entendre. Ces anciens apprentis pour la plupart font de leurs cars des supports roulants de communication. Ils suivent l’actualité, la commentent dans leurs garages et supportent soit des stars du football soit des leaders d’opinion voire même des africains conquérants à  leurs yeux. Querelles de chapelle Ainsi, à  la gare de Bagadadji près de l’Assemblée Nationale, des cars en partance pour Titibougou, Banconi, Aci 2000 se singularisent par leur décoration. Le visage du Che Guévara flanqué du béret, les effigies des capitaines Daddis et Sanogo se comptent à  la pelle. Des messages conçus dans un français approximatif accompagnent ces images. Pendant que « la fierté malienne » est brandie sur le fronton d’un car de marque allemande, un chauffeur se demande « qui sait l’avenir ? ». Pour toute réponse, il lui est servi un «Alhamdoulilah, capitaine Sanogo le sauveur » suivi par un « dakan tiki la vérité, Sanogo champion, Dieu est grand ». Telle une armée de partisans décidés à  gagner la bataille de l’opinion, d’autres affichent « tolérance zéro, vive armée malienne ». Loin de ces querelles de chapelle, des chauffeurs préfèrent remercier leurs bienfaiteurs par des messages du genre « bon grand frère, le retour de Lakharé » ou « merci papa ». Ces remerciements sont ponctués d’une prise de conscience et de serments à  travers « la beauté d’un garçon C’’est le travail » ou encore « sébé allayé » et «mankan magni ». Dans ce milieu assez viril, chaque chauffeur a une histoire particulière et cela se résume dans les messages demandés aux sérigraphes. « Ma cha Allah » pour conjurer le mauvais sort est le choix de ce transporteur récemment élargi de prison pour avoir mortellement heurté une femme enceinte. Son ami sirotant son thé a choisi « yafama » pour demander pardon aux automobilistes qu’il aura à  gêner dans la circulation de par sa conduite sinueuse. Fait rare, un apprenti responsabilisé par le propriétaire d’un car a profité de l’opportunité à  lui offerte pour vanter son terroir par un « bougouni devient bougouba ». Son cas n’est pas isolé puisqu’on a vu des « air mandé, jeune Katois, Sikassois gentil ». Messi, le messie… Les férus du football ne sont pas en reste. « Blanc joue, blanc gagne » est le choix d’un supporter local pendant qu’un autre encense « Inzaghi » l’italien à  côté de « Messi le messie » et «Seydoublen » dont les photos toisent celles du Portugais Cristiano Ronaldo. Dans ce voyage au C’œur de la communication des chauffeurs de transport en commun, un message résume l’état d’esprit de cette corporation souvent décriée. Obligés de s’acquitter du versement quotidien fixé, les chauffeurs se permettent tous les interdits au volant avec en ligne de mire cette pensée « on ne vit qu’une fois ». C’’est vrai, la petite pièce de cinquante francs CFA est une vie pour certains.

Baisse du prix des sotrama : les Maliens toujours pas satisfaits

Mariam Traoré, sans emploi  : Je n’arrive pas à  comprendre toutes ces hausses de prix. Nous ne savons plus quoi faire ni comment faire. Chaque jour, il y a quelque chose qui augmente. Et là  C’’est tout le transport en commun, les motos taxis aussi s’y mettent. Avant je payais 100 francs maintenant on me demande 150 ou 125 francs. Peu importe ce qu’on a ajouté ça reste quand même plus cher qu’avant. C’’est décourageant. Nouhoum Cissé, étudiant  : A mon avis ce n’est ni le moment ni le lieu d’une hausse. Ces transports et ces commerçants maliens, ce sont des assassins. Nous connaissons tous la réalité du pays en ce moment. Quand on est un patriote, on sait ce qui est bien ou mal pour sa Nation. Alors ces gens qui créent le désordre, la peur et la déstabilisation chez les plus faibles comment voulez-vous que l’on les appelle si ce n’est des assassins? Abdoulaye Traoré, artiste-peintre  : Ce n’est pas mal. Si l’état ne le fait pas, les citoyens eux-mêmes vont apprendre à  se défendre. Mais si on peut faire pareil pour l’administration et la police afin de diminuer leurs tracasseries ce serait bien. A part ça, je pense que les choses commencent à  se mettre en place. Alhassane  : toutes ces hausses de pri, C’’est à  cause de la mauvaise gouvernance des dirigeants. Il suffit qu’un seul produit connaisse une augmentation de son prix. Tout le reste suit, C’’est logique là . Sanoudjè, vendeuse  : le prix des transports augmente, moi aussi J’ajoute les 25 francs là  sur mes tomates et autres légumes. Je ne peux pas faire autrement car nous voulons tous nous en sortir. Mahamadou Doumbia, économiste  : Moi, en tant qu’économiste, je comprends la raison car l’Etat subventionnait le carburant pour que les prix ne montent pas, mais avec la crise il ne peut être autrement. Par rapport à  des pays côtiers comme le Sénégal, les prix sont relativement moins élevés qu’au Mali. Sadio Camara  : L’augmentation du tarif des sotramas n’est pas le souhait des clients. Tout le monde sait ce que le pays vit actuellement et chacun se plaint. Disons que l’argent ne circule plus comme avant. Tout devient de plus en plus cher. Et pour cela, les sotramas devraient au moins garder leur prix habituel. Il est temps que la population prenne les choses en main par rapport à  ces augmentations. Il n’y aura plus d’augmentation hasardeuse car la population va protester.

Chauffeurs et conducteurs routiers : Après la grève, place à la formation

Apres le crime odieux perpétré par un agent de police sur un chauffeur de Sotrama, Bamako a été paralysé par la grève des chauffeurs. Une grève qui n’a duré que 24 heures, a eu pour effet la formation des chauffeurs et conducteurs routiers à  la maison des partenariats. le thème de cette formation est : « concevoir et organiser des campagnes en faveur des conditions minimales au profil des travailleurs du secteur routier ». Calmer les esprits Selon Marafa Touré, secrétaire général de la coordination nationale des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali, cette formation des chauffeurs et conducteurs n’a rien à  voir avec la grève. Elle était déjà  programmée. Selon lui, le séminaire de formation a pour but d’identifier les problèmes auxquels les chauffeurs sont confrontés et de permettre l’accompagnement nécessaire à  l’atteinte des objectifs. « Il s’agit pour nous d’élaborer à  l’issue de l’atelier les stratégies visant à  trouver les solutions à  nos préoccupations communes. C’’est pourquoi, je vous invite camarade à  une participation très active durant la session », déclare t-il. Une minute de silence Auparavant une minute de silence a été observée à  la mémoire Mamadou Coulibaly tué à  bout portant par un agent de la police nationale. Selon l’imaginaire populaire, cette formation aurait pour but de calmer les esprits des chauffeurs. Selon la déclaration du syndicat des chauffeurs sur l’antenne de la télévision nationale lundi, ils attendent de poursuivre leur combat pour que l’auteur du crime soit sanctionné. « Nous présentons nos condoléances aux parents et à  la famille de notre collègue Mamadou Coulibaly communément appelé « Dix » chauffeur résident à  Senou, décédé le lundi à  5 heures du matin. La fédération est mécontente et peinée. Mais, elle demande la compréhension et la tolérance des citoyens. Elle rassure que l’auteur de cet assassinat sera puni comme il se doit ». Le Mali est un pays de loi, un pays de tolérance. Certains chauffeurs se demandent si le coupable sera sanctionné , « Il faut sanctionner ce coupable pour servir de leçon aux autres la même chose risque de se reproduire »; juge l’un d’eux. Conséquence des recrutements douteux dans la police On ne devient plus policier par amour, mais par affinité pense un citoyen lambda. « Pour devenir policier, il faut un parent gradé dans la police ou être fils de riches. Policier par effraction, il tire sur tout ce qui bouge. Pire, on fait croire aux jeunes recrus que C’’est la circulation routière qui peut rendre les poches pleines. C’’est pourquoi les policiers et chauffeurs font même des tontines journalières.