SIAGRI: Investir pour mieux gagner

Le Salon International de l’Agriculture du Mali bat son plein. Si ce rendez-vous, qui en est à sa 7ème édition cette année, attire de nombreux exposants  nationaux et étrangers, on s’interroge sur ce que cela leur coûte d’y participer et les éventuelles retombées économiques.

Malgré un soleil de plomb sur Bamako, le Parc des expositions ne désemplit pas. Il suffit de voir la multitude d’engins garés sur le parking. A l’intérieur, les mouvements sont continuels. Dans cette chaude ambiance festive, les motivations, objectifs et attentes des exposants sont divers. « Nous fabriquons des produits phytosanitaires. Comme ils sont connus partout au Mali, il était nécessaire que nous soyons présents », affirme Yaya Sow, agent commercial à Tropics Sarl. Pour Mamadou Dembélé, représentant de la ferme familiale agro-éleveuse « Wo biné », leur participation a un objectif précis : promouvoir les vaches métisses, qui sont dans l’ombre des races locales. « Le plus important n’est pas de vendre. La preuve, les vaches commercialisables sont restées à la ferme », nous informe-t-il. « Pour moi, le SIAGRI n’est pas un lieu de vente, c’est un lieu de prise de contacts. Si on en fait beaucoup c’est déjà bon », renchérit Yaya Sow, qui a loué 500 000 francs CFA son stand de 9m carré.

Chacun sa carte Un peu plus petit et co-partagé  avec un autre exposant, le stand d’Henri Zinsou lui a coûté 300 000 francs CFA. Représentant le Centre de traitement le Baobab et venu du Bénin spécialement pour le salon, il nous explique : « Nous sommes là pour montrer aux gens nos produits, l’évolution actuelle de la pharmacopée traditionnelle et sa place dans le domaine de la santé ». Pour lui, l’intérêt économique est clair, « S’il y a du marché, ce n’est pas mal pour nous. Pour un produit qu’on peut obtenir chez nous à un moindre prix, nous appliquons une petite augmentation ici pour compenser nos dépenses ».

Le SIAGRI est aussi une vitrine globale pour d’autres secteurs, à l’instar de l’art. Même s’ils se disent « débrouillards »,  Ibrahim Sissoko et ses collaborateurs ont pu acquérir un stand pour exposer leurs œuvres. « C’est notre première participation et nous voulons nous présenter à la clientèle ». Pour y arriver, il affirme que les prix ont été significativement réduits.

On voit donc que les stratégies pour tirer profit du SIAGRI sont loin d’être communes. Chacun joue en effet sa propre sa carte.

 

Exposition Universelle de Shanghai : le grand attrait du Stand Mali

Après le flottement des débuts lié à  l’acheminement tardif de ses produits, le stand du Mali à  l’Exposition universelle de Shanghai en Chine, a trouvé ses marques. Maintenant, il ne désemplit pas. Plus de 160 000 visiteurs y sont enregistrés quotidiennement, selon le décompte établi par les responsables du stand. Soit plus d’un million de visiteurs par semaine. Un succès inattendu, même pour les organisateurs maliens. Le stand doit ce succès à  notre riche patrimoine artistique et culturel. Les Chinois et les autres visiteurs qui s’y rendent, en sortent véritablement émerveillés. Visiter le stand du Mali est une grande découverte pour le public chinois. Sa conception a été inspirée du style d’habitat de la cité légendaire de Tombouctou. Avec ses portes ornées de fer et de bronze étincelant. La porte d’entrée est décorée aux couleurs nationales (vert, jaune et rouge) et avec le logo du Cinquantenaire de l’indépendance. De fait, avant même d’y pénétrer l’on est saisi par un immense sentiment de fierté nationale en tant que Malien. Ce sentiment se renforce à  l’intérieur au contact des objets du patrimoine national exposé. l’artisanat et la culture malienne sont représentés dans leur ensemble et dans leur diversité. Des masques dogons au sabre touareg en passant par les statuettes bambara, les bijoux peulhs, les salons tombouctiens fabriqués à  base de peau d’animaux. Le visiteur peut aussi faire connaissance avec le Mali à  travers des images vidéo qui défilent sur un écran géant de télévision. Documentaires culturels, images de sites touristiques et culturels et de la visite du président de la République Populaire de Chine, Hu Jintao, dans notre pays en février 2009, tout y est.Commentaire du ministre de la Culture, Mohamed El Moctar, après avoir visité le pavillon de l’Afrique : « l’Exposition universelle de Shanghai est d’abord une rencontre culturelle entre les nations du monde. Elle offre l’opportunité à  chaque pays d’exposer ce qu’il a de plus précieux en matière culturelle. Et en la matière, notre pays a de quoi être fier. Le stand du Mali reflète parfaitement la richesse de notre patrimoine culturelle.»Le stand du Mali doit aussi son attrait au talent de nos artisans qui rivalisent d’ingéniosité pour représenter notre identité culturelle. Dans tout le pavillon Afrique, l’artisan le plus en vue est sans doute notre compatriote Mohamed Assaleck. Ce forgeron de la Région de Gao est une grande attraction. Il s’est installé dans un « salon songho௠» et fabrique sur place des objets caractéristiques de l’artisanat de nos régions septentrionales (sacs à  main, coussins, fourreaux etC’…). Mohamed Assaleck, comme les autres artisans, a apporté du pays la matière première. De la peau dans son cas précis. Avec l’aide d’un interprète chinois, il explique aux visiteurs avec pédagogie et patience, le sens des objets qu’il expose. Il témoigne : « J’ai déjà  participé à  beaucoup d’expositions à  travers le monde. Mais celle de Shanghai est exceptionnelle. Vous voyez vous-même comment les visiteurs s’extasient devant nos produits. Et tous veulent immortaliser leur passage dans notre stand en faisant des photos. Des millions de personnes sont déjà  passés par là . Notre stand ne désemplit pas. Je suis vraiment fier ».En plus de l’artisanat, le stand Mali doit son succès au groupe de musique de Nèba Solo qui fait un véritable tabac. l’animation assurée par le joueur de balafon et ses danseurs attirent quotidiennement des milliers de personnes. Et au delà  du stand du Mali, les spectacles que le groupe donne, profitent à  l’ensemble du pavillon Afrique. En effet, la musique ne connaissant pas de frontières, les Chinois ont rapidement apprécié le balafon de Nèba Solo. Des membres de la délégation malienne racontent qu’ils s’étaient une fois perdus dans l’immensité du site de l’Exposition universelle. En évoquant le seul nom de Nèba Solo, ils se firent guider jusqu’au stand. Chen Yu, une jeune Chinoise rencontrée sur place, confirme : « Si vous n’arrivez pas à  retrouver le stand du Mali ou même le pavillon de l’Afrique, prononcez simplement le nom de Nèba Solo devant un volontaire. Il vous guidera sans problème. Sa musique a vraiment conquis les jeunes ».Mais le stand du Mali doit payer la rançon de son succès. En effet, il faut signer ou cacheter les passeports des dizaines de milliers de visiteurs. Les organisateurs de l’Exposition de Shanghai ont innové en confectionnant des passeports que les visiteurs peuvent faire signer ou cacheter dans les stands ou pavillons qui les ont marqués. Ainsi, au stand du Mali, des milliers de visiteurs viennent quotidiennement faire cacheter leurs passeports. Résultats : de longues files d’attente se forment devant le stand. Moctar Traoré, membre de la délégation malienne, n’en revient pas. « Nous nous mettons tous au travail. Malgré tout, le rang est toujours long. Cacheter quotidiennement des milliers de passeports s’avère une véritable corvée. Mais le sentiment de fierté nationale nous motive », confie Moctar Traoré avec un bandage à  la main. De toute évidence, notre pays est en train de marquer l’exposition universelle de Shanghai qui se poursuivra jusqu’en octobre prochain. Il faut reconnaà®tre que l’occasion est trop belle pour ne pas être exploitée.Et le thème officiel de l’expo, « meilleure ville, meilleure vie », dans tout cela ? Avouons-le : dans le pavillon de l’Afrique, il y a très peu d’éléments s’y rapportant. Dans presque tous les stands, ce sont les produits de l’artisanat qui règnent en maà®tre, favorisant ainsi les affaires. Ce qui ne correspond pas à  l’esprit de l’expo. Mais qui s’en plaindrait ?