Mamadou GAKOU : « A chaque fois que l‘on pose un acte anodin, on peut faire du mal à la nature ! »

De l’IPR de Katibougou aux Monts mandingues Diplômé de l’Institut Polytechnique Rurale de Katibougou, il choisit la spécialisation Eaux et Forêts alors que tous les autres étudiants tendaient vers Agriculture. En 1988, il est affecté à  Kayes pour suivre un projet de «Â Ceinture Verte » complétant son stage de fin de cycle. Il fallait planter autour de la ville de Kayes (Sud du Mali) des arbres, un projet fabuleux, ajoute l’ingénieur, un brin nostalgique. « C’’était la première fois qu’un partenaire technique appuyait un tel projet, aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette ceinture verte, pourtant Kayes est une région très chaude »Â . Aujourd’hui, si l’on parle de reboisement intensif, Mamadou Gakou s’intéressait déjà  aux plants depuis l‘enfance. A Yélimané, à  la frontière mauritanienne, il travaille avec la population rurale et la police forestière pour mener des actions de reboisement intensif, entre 1982 et 1983. «Â J’ai beaucoup appris sur le terrain, l’administration locale, les rapports etC’… ». En 85, il est affecté à  Kita, pour suivre un projet du BIT sur l’utilisation de la main d’œuvre. Puis un autre projet de l‘OAPF, (Opération d’Aménagement et de production forestière ) le conduit à  suivre le reboisement des Monts Mandingues, à  quelques kilomètres de Bamako. «Â A l’époque, explique l’ingénieur, nous avons reboisé près de 600 hectares de forêt, par an ». Le besoin d’apprendre En 1988, après 7 ans de terrain, Mamadou Gakou éprouve le besoin d’apprendre, de se perfectionner davantage et d’acquérir des capacités d’analyse sur la question environnementale. Il s’envole aux Etats-Unis pour effectuer un «Â Master of Sciences«. Mais Mamadou n’oublie pas ces années passées auprès du père cultivateur, qui connaissait bien la fertilité des sols, les périodes de semailles, l‘influence du temps sur les cultures. A l’époque, l’ingénieur pouvait voir la baisse du lit végétal à  vue d’œil, et ce qu’on appelle aujourd’hui la désertification correspondait déjà  aux grandes sécheresses qui ont touché le Mali dans les années 80. « Mais restons, optimistes, car nous n’avons pas atteint le point de retour malgré les constats alarmistes »Â , juge l‘ingénieur. A Copenhague, o๠il s’est rendu, Mamadou Gakou a tout entendu, l’Afrique sera le continent le plus touché par les conséquences du changement climatiques, certes, la désertification, la dégradation des sols sont des processus qui dépendent des conditions biologiques des sols, des zones arides, de la pluviométrie annuelle et la répartition des eaux, mais il y a aussi le facteur anthropologique, l’action néfaste de l’homme sur la nature. [c Mamadou Gakou ] A chaque fois que l‘on pose un acte anodin, on peut faire du mal à  la nature ! » [c/] Changements climatiques et compensation « Les économies africaines sont faibles et dépendent d’autres décisions économiques des pays du Nord et qui ont un effet désastreux sur notre environnement« , ajoute Mamadou Gakou, qui dirige aujourd’hui le Secrétariat Technique Permanent du Ministère de l’Environnement du Mali. « l’Afrique mérite bel et bien la compensation financière réclamée à  Copenhague, ce n’est même pas un dû mais droit », s’insurge l’ingénieur, car C’’est le paysan africain qui subit les effets néfastes du changement climatique. D’o๠l’instauration récente au Mali de la politique de Gestion Durable des Terres… Gestion Durable des Terres C’’est la politique qui prévaut actuellement au Mali et a été récemment adoptée par le comité Interministériel pour l’environnement, cela dans la logique du Sommet sur le Développement Durable qui doit se tenir à  Bamako en Décembre. « Aujourd’hui, il y a une réelle volonté du gouvernement à  prendre à  compte les questions environnementales et l‘environnement dans sa globalité», ajoute Mamadou Gakou. Au STP, une structure née en 1998 dans le cadre de la politique nationale de protection de l’environnement, il s’agit de créer un cadre institutionnel pour coordonner les politiques environnementales, intégrer ces questions dans tous les départements, tous les secteurs, que ce soit l’Agriculture, l’élevage, l’industrie, en somme, faire de tous, des écolo-citoyens, conscients des défis et des menaces qui pèsent sur notre environnement : « Il y a des opportunités de financement que les pays, les organisations de la société civile ou les privés, doivent aujourd’hui saisir, il faut aller chercher les ressources, les mobiliser et le STP travaille à  cela. » Et la nouvelle agence pour l’environnement crée par décret du 1er Juillet 2010 devrait mieux prendre en compte ces problématiques et appliquer la mise en cohérence des programmes nationaux de protection de l’environnement. La politique environnementale du Mali En la matière, le Mali n’est pas en reste et a ratifié plusieurs conventions internationales, près d’une trentaine, estime l’ingénieur, content, de même qu’il cite le Plan National de protection de l’environnement de 1998 comme la genèse de cette politique. «Mais, il faut que chaque Malien sache que lorsqu’on donne un coup de pioche, ou qu’un pose un acte anodin, on peut faire du mal à  la nature !», conclut l’ingénieur. Les défis sont là  !