Mali: le président IBK à Strasbourg pour remercier l’Europe de son soutien

Le président malien Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK) était reçu, mardi 10 décembre, par les eurodéputés à  Strasbourg, deux mois après avoir pris ses fonctions et à  quelques jours du deuxième tour des élections législatives. Les trois bataillons opérationnels sur le terrain, la stratégie européenne pour la sécurité au Sahel, l’aide de plus de trois milliards d’euros pour le redressement du Mali… Ibrahim Boubacar Keà¯ta a passé en revue le soutien de l’Europe depuis l’intervention française Serval, il y a presque un an. « Il y a un an, le Mali était un pays hors la loi avec un Etat corrompu, gangrené par le trafic de drogue », a-t-il notamment déclaré. « Urgence absolue » Pour accompagner le processus démocratique du pays, le président plaide pour un déblocage rapide de l’enveloppe promise par la communauté internationale en mai dernier : « Le Mali compte sur vous pour faciliter l’allègement des procédures de décaissement et la relance des projets de développement, nous sommes dans l’urgence absolue et cela est quelquefois alourdi par des décaissements difficiles. Je pense que la volonté de l’Europe est d’aider concrètement et rapidement au relèvement du Mali ». « Paix durable » En contrepartie, il a tenu à  rassurer ses bailleurs de fonds : « Cet argent sera utilisé de façon transparente et efficace pour bâtir un Etat digne de ce nom, une réelle démocratie ». Il a rappelé les efforts et la feuille de route de son gouvernement pour accélérer le processus de réconciliation nationale : « Objectif : la recherche d’une paix durable, globale et inclusive », a terminé Ibrahim Boubacar Keà¯ta.

Transports : Le tramway comme solution pour réduire les embouteillages à Bamako

Le président malien, Amadou Toumani Touré, était en visite à  Strasbourg en début de semaine. Il s’est rendu au Parlement européen o๠il s’est montré très intéressé par le tramway de cette ville de l’est de la France, un moyen de transport écolo et efficace. l’affaire est sérieuse puisque le président Amadou Toumani Touré est même allé visiter le siège de la société Lohr, le spécialiste des tramways sur pneus. Et apparemment, le projet est en bonne voie. Une ligne de dix kilomètres traversant du nord au sud l’agglomération de Bamako, de la gare centrale aux quartiers sud en passant par le pont des Martyrs : c’est l’axe majeur qui ressort de l’étude de faisabilité de la société Lohr. Des techniciens et ingénieurs de cette entreprise alsacienne ont passé plusieurs mois sur place, pour étudier au plus près les contraintes et les besoins des autorités maliennes avec un objectif : faire voyager 100 000 voyageurs par jour. Car, en quelques années, Bamako est devenue une grosse agglomération à  la circulation anarchique, comme l’explique Adama Sangaré, le maire de Bamako : « Le matin, de sept heures à  neuf heures, sur les deux ponts la situation est très difficile. De quinze heures trente à  dix-huit heures, la traversée du pont peut prendre souvent de trente minutes à  une heure de temps. Donc, nous avons pensé que la meilleure manière, C’’est de renforcer les capacités en matière de transports publics ». Prochaine étape : le montage financier de ce projet C’est en voyant le tramway de Strasbourg, il y a deux ans, que le chef de l’Etat malien a eu l’intuition d’une telle réalisation pour sa capitale. La ville de Strasbourg a aidé le Mali à  financer les premières études préliminaires. Selon Jean-François Argence, directeur commercial de la société Lohr, la construction d’un tramway sur pneu est parfaitement adaptée à  une ville comme Bamako : « On utiliserait le pont des Martyrs pour cette ligne, sur lequel en termes de poids supportable par le pont et en termes de largeur de pont, seule la solution de tramway sur pneus pourrait fonctionner ». Prochaine étape : le montage financier de ce projet. L’Etat malien est en train de rassembler les partenaires publics et privés prêt à  s’engager dans cette aventure, pour faire de Bamako la vitrine africaine des transports urbains modernes.

Union Européenne : le plaidoyer sécuritaire d’ ATT à Strasbourg

Questions sécuritaires Il a n’a pas failli à  son éternel boubou, beige cette fois, pour parler aux membres du Parlement Européen, dont le drapeau bleu aux étoiles ornait la salle. Devant ses pairs européens, le président Malien s’est voulu concis, clair et persuasif, quant il peine à  se faire comprendre de ses homologues africains que ce soit en terme de médiation ou de questions transnationales. Dans son discours devant le parlement, un privilège rarement accordé à  un chef d’état africain, est revenu, la question sécuritaire, bien entendu, avec les récentes affaires d’otages assassinés ou libérés, comme une priorité constante du chef de l’état Malien, une manière de rassurer les occidentaux, inquiets de cette situation alarmante au Nord du Mali. Une situation pour laquelle ATT demande plus d’aides de l’UE: « Nous attentons de l’Union Européenne qui nous accompagne déjà  dans de nombreux domaines, qu’elle renforce les capacités des différentes enveloppes qui sont déjà  mises à  notre disposition pour nous aider à  lutter contre cet énorme problème ». La formule est intelligente . Et de poursuivre: « Il faut insister sur le fait que la lutte anti-terroriste n’est pas seulement sécuritaire, on en connaà®t les limites aujourd’hui… ». Un vif plaidoyer du chef de l’état pour se faire comprendre du principal bailleur du Mali, qu’est l’Union Européenne. Elle donne au pays chaque année plusieurs milliards, tout dernièrement une enveloppe de 28 milliards de FCFA au titre du 10è FED(Fonds européen de développement) sans parler des fonds alloués pour le cinquantenaire qui se célèbre ce mois de septembre à  Bamako. On parle ici d’une enveloppe de près de trois milliards de francs CFA. Enfin, les journées de l’Europe sont célébrées chaque année au Mali, en vue de renforcer le partenariat UE-Mali. Développement durable et local : plus d’aides ! Le Mali reste ce pays en voie de développement qu’il faut aider. Si l’Union européenne a une délégation à  Bamako, C’’est qu’elle intervient dans plusieurs domaines : le développement, la culture, la santé, l’environnement dernièrement, mais surtout le développement local comme l’a souligné ATT à  Strasbourg: « La sécurité du Nord passe par le développement local, si nous parvenons à  intégrer cette partie de la population, à  améliorer sa qualité de vie et à  lui proposer une alternative, elle ne se livrera pas à  ses aventures ». Allusion aux dérives sécuritaires et surtout l’urgence sanitaire, l’accès à  l’eau et aux services sociaux de base, dont souffre le nord du Mali. Un programme que prend en charge l’ADN, l’agence de développement du Nord, mais dont les actions restent aléatoires, faute de moyens: » l’espace concerné est immense mais nos moyens sont limités », a ajouté le président Malien. Reste à  espérer que les futurs fonds alloués servent la causé plaidée et ne se perdent pas dans les rouages de l’état, à  l’instar du scandale du détournement de l’argent du fonds mondial et pour lequel de nombreux cadres maliens ont été écroués récemment. Enfin Jerzy Buzek, président du parlement européen, de souligner les efforts du Mali en matière de démocratie, même si beaucoup reste à  faire: »Le Mali est ce pays, modèle de transformation démocratique et qui joue un rôle fondamental en Afrique ». Les élections à  venir nous le confirmeront.