Reprise des cours : Paix fragile dans les écoles publiques

Les élèves des écoles publiques ont repris les cours ce 20 octobre 2025. Près de trois semaines après la rentrée, les enseignants ont accepté de lever leur mot d’ordre d’arrêt de travail consécutif à la suspension de leurs salaires à la suite des conclusions du Système de gestion des ressources humaines (SIGRH). Une reprise bienvenue, mais qui reste suspendue au respect par le gouvernement de ses engagements.

Après dix-neuf jours d’arrêt de travail, les élèves des écoles publiques de Bamako et de plusieurs localités du pays ont enfin retrouvé le chemin de l’école. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 avait officiellement eu lieu le 1er octobre, la Synergie des syndicats de l’éducation avait lancé un mot d’ordre d’arrêt de travail pour exiger la régularisation des salaires suspendus. À la suite de discussions avec les autorités, la Synergie a annoncé le 13 octobre la suspension de son mot d’ordre et fixé la reprise effective des cours au 20 octobre. Partout, l’enjeu est désormais le rattrapage des semaines perdues accumulées.

Une paix précaire

Mais cette reprise s’effectue dans un climat tendu. Outre la course contre la montre que devront désormais mener enseignants et élèves pour rattraper le retard accumulé, les syndicats préviennent que la trêve reste fragile. Dans une lettre datée du 17 octobre et adressée au Gouverneur du District de Bamako, la Coordination des syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 félicite ses militants tout en invitant les autorités « au respect du chronogramme des traitements de salaires établi le 14 octobre 2025 ». La coordination syndicale prévient : en cas de non-respect des engagements, une grève sera déclenchée automatiquement le 27 octobre 2025.

Si cette reprise est un soulagement pour les parents d’élèves, la stabilité de l’année scolaire demeure incertaine. Certaines représentations régionales de la Synergie dénoncent la lenteur dans la régularisation des salaires et conditionnent la reprise effective des cours à une satisfaction totale de leurs revendications. D’autres continuent le processus d’enrôlement des enseignants concernés.

Pour mémoire, le rapport du SIGRH, remis aux autorités le 15 août 2025, avait révélé plus de 36 000 fonctionnaires fictifs, entraînant la suspension de leurs salaires à partir du mois de septembre. Une mesure qui continue de provoquer de vives tensions dans le secteur éducatif.

Syndicats de l’Éducation et leur financier : Difficile compromis

Moins d’un mois après l’accord entre les syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre et les autorités, l’accalmie semble compromise. Un arrêt de travail prévu ce 21 mai 2025 vient d’être suspendu en attendant de nouvelles négociations.

Les syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 du District de Bamako, constitués du SYPESCO, du SYNEFCT, du SYNEM, du COSES, de la FENAREC et du SYLDEF, avaient entamé un arrêt de travail du 23 au 25 avril 2025. Ce mouvement avait été suspendu le 24 avril après « satisfaction des revendications ».

Cette grève des syndicats enseignants avait deux points de revendication : le départ sans délai du billeteur de l’Académie d’Enseignement de Bamako Rive Gauche et le rétablissement immédiat et effectif de toutes les primes d’enseignants suspendues.

La Coordination des syndicats d’enseignants accusait alors le financier d’avoir suspendu des primes auxquelles ils avaient droit. Un point concerne une cinquantaine d’enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales en détachement au niveau d’autres départements.

Goulot d’étranglement

Entre les syndicats de l’Éducation et leur financier, le point d’achoppement était le départ de ce dernier de son poste. Cette décision, prise le 20 mai 2025, a provoqué le mot d’ordre d’arrêt de travail suspendu de justesse, à la demande de la centrale syndicale UNTM.

Il faut rappeler que les primes objet du différend entre les deux parties sont des « primes supplémentaires » qui doivent être payées par le service d’accueil.

Selon une note explicative émanant du financier de l’Académie d’enseignement, ces primes ont été payées par l’Académie d’enseignement dont ils relèvent par méconnaissance. C’est pourquoi elles avaient été suspendues une première fois en 2023. Suite à un préavis des syndicats signataires du 15 octobre 2016 et à une conciliation, il avait été convenu du paiement des primes pour les enseignants mis à disposition et du paiement d’une prime de risque aux professeurs d’informatique.

Ce « rétablissement » a fini par questionner le financier, qui a tenu à respecter les dispositions de la loi N°2018-035 du 27 juin 2018 portant statut des fonctionnaires des collectivités territoriales, dont l’article 51 stipule : « le fonctionnaire mis à disposition relève, du point de vue traitement, de la collectivité territoriale de départ. Toutefois, il peut bénéficier d‘avantages supplémentaires à la charge de la structure d’accueil ».

L’accord trouvé comprenait le rétablissement des primes au mois de mai et le rappel du mois d’avril, ainsi que le départ du financier, qui vient d’être acté, ce qui a provoqué la réaction du syndicat des financiers.