Assurances santé : que couvrent-elles?

Toutes les sociétés d’assurance proposent des produits liés à la santé. La plus courante est la couverture sanitaire qui permet la prise en charge partielle ou totale des dépenses médicales du souscripteur.

Offrant plusieurs types de couvertures d’assurance santé complètes pour les PME/PMI, les ONG, les Organisations gouvernementales et les organismes internationaux, mais aussi les particuliers, les assurances maladies prennent en charge le remboursement, selon un barème prédéfini dans le contrat, les dépenses médicales et pharmaceutiques (hors DCI) en cas de maladie, d’accident, d’hospitalisation ou de chirurgie.

Les assureurs privés ont un réseau de tiers payant comportant les mêmes types de structures que l’AMO, mais ils travaillent plutôt avec des cliniques privées. Ces assureurs offrent des garanties avec ou sans ticket modérateur (pourcentage restant à la charge de l’assuré) et peuvent étendre la couverture à l’étranger avec possibilité d’évacuation sanitaire. Chez Allianz Mali, qui propose le service Mondial Assistance, des solutions complètes d’assistance voyage et d’évacuation permettant de vous envoyer dans les formations sanitaires à l’étranger en cas de nécessité. Idem chez NSIA, qui propose deux systèmes de couverture : le préfinancement des soins par l’assuré et son remboursement en 15 jours, et le système du tiers payant qui prend en charge tous les frais exposés pour le souscripteur dans les centres conventionnés à hauteur du taux de couverture. Chez Sunu Assurances, en plus des produits dédiés aux entreprises privées et publiques, un produit familial est également proposé à l’intention des particuliers.

 

 

L’AMO, solidarité et équité pour les soins de santé

 

L’Assurance maladie obligatoire (AMO) instituée au Mali depuis 2009, a été fondée sur les principes de la solidarité, de la contribution, de la mutualisation des risques et du tiers payant. Les personnes qui en bénéficient sont couvertes sans discrimination liée à l’âge, au sexe, à la nature de l’activité, à leurs revenus, ou à leurs zones de résidence.

À ses débuts, le programme d’Assurance maladie obligatoire n’a pas été un franc succès, du fait d’un déficit de communication. La réalisation de campagnes de sensibilisation et d’information et des mobilisations sociales autour de la question dans plusieurs secteurs professionnels et sociaux, ont permis de relancer les immatriculations et c’est aujourd’hui quelques centaines de milliers d’adhérents qui sont inscrits à ce régime.

Les fonctionnaires de l’État et des collectivités territoriales, les militaires et les députés, les travailleurs, les titulaires de pension des secteurs publics et privé, les employeurs de ces secteurs, sont assujettis à l’Assurance maladie obligatoire. Les membres de leurs familles peuvent aussi bénéficier de l’AMO.

Elle permet la prise en charge directe des frais de soins curatifs, préventifs et de réhabilitation. Ainsi que les consultations générales ou spécialisées, les médicaments, les analyses de laboratoire et imagerie médicale, soins médicaux, soins dentaires, les hospitalisations simples ou avec intervention chirurgicale sur le territoire national. Une partie des frais de soins de santé est prise en charge directement par l’AMO via la Caisse nationale d’Assurance maladie (CANAM), organisme de gestion, l’autre partie étant à la charge de l’assuré ce qui représente 20 % et 30 % respectivement pour l’hospitalisation et l’ambulatoire.

Le service des prestations est suspendu lorsque le paiement mensuel des cotisations n’a pas eu lieu. Le taux de cotisation représente pour un fonctionnaire 3,06%, et 3,50% pour un employé du privé. Par ces cotisations, l’AMO contribue à l’accès aux soins des populations couvertes et l’accessibilité géographique aux soins de qualité.

 

3 questions à Marie-Madeleine Togo, ministre de la Santé et de l’Hygiène publique

Comment se porte aujourd’hui le système sanitaire malien ?

Nous avons beaucoup fait dans le domaine des maladies transmissibles, des maladies infectieuses. Les épidémies de rougeole et de méningite emportaient les enfants par centaines. Aujourd’hui, grâce à la vaccination, qui se fait avec le financement de l’État et l’accompagnement des partenaires, nous avons beaucoup gagné. Mais nous avons un taux d’accroissement de la population très élevé, ce qui fait que la demande est très forte. Cela donne l’impression que l’on n’avance pas.

Des efforts restent pourtant à faire…

Il faudra que les conditions de travail s’améliorent. C’est la raison pour laquelle nous sommes sur le terrain pour voir comment le personnel travaille, quelles sont les attentes de la population. Les efforts sont dans cette logique, pour que nous ne soyons plus dépendants en termes de prise en charge de certaines maladies. Déjà, un service de chirurgie cardiovasculaire est en construction, qui va coûter plus de 2 milliards de francs CFA.

Votre département est en charge de l’hygiène et de la santé. Pourquoi lier ces deux notions?

Parce que cela va ensemble. Vous prenez toutes ces maladies transmises par les mains, par les eaux, les aliments, tout cela relève de l’hygiène publique. Personne ne se gêne pour manger ou vendre ce que nous consommons à côté de caniveaux remplis. Ça ne choque personne apparemment. La santé est avant tout une question individuelle avant d’être communautaire et collective.

SANTÉ AU MALI : ENTRE PROGRÈS ET LACUNES

Se soigner au Mali est loin d’être une sinécure. De la difficulté d’accès aux structures sanitaires, surtout en zone rurale, à l’insuffisance de moyens des établissements existants, en passant par les problèmes de déontologie du corps médical, le malade malien doit souvent son salut à la prière ! Il faut cependant reconnaître un sursaut, tant des pouvoirs publics que des acteurs que sont le corps médical et les patients, qui se traduit par quelques progrès dans la prise en charge. Regards croisés sur le système de santé du Mali qui a encore de nombreux défis à relever.

« C’est simple, la meilleure illustration des défaillances de notre système de santé, c’est que tous ceux qui en ont les moyens, et en premier les décideurs, vont tous se faire soigner à l’étranger ». Cet étudiant en médecine qui veut garder l’anonymat est un peu démotivé. « Dans l’hôpital universitaire où je suis en internat, la situation est difficile. Manque de lits, manque de produits, manque d’équipements, manque de personnel… La seule chose qui ne manque pas, ce sont les malades », affirme-t-il, ajoutant que chaque journée est un combat contre la mort à laquelle « nous arrachons les patients avec les moyens du bord ». Les images des services de santé dans un état lamentable avaient fait, il y a quelques mois, le tour des réseaux sociaux, soulevant une vague d’indignation. Derrière ces « dénonciations », le mouvement Balai sanitaire international. Balla Mariko, président et membre fondateur explique que le collectif est constitué de citoyens lambda mais aussi de médecins, dont certains évoluent dans les établissements ciblés. « Nous avons décidé d’agir. Cette démarche a été très mal vue des autorités qui ont demandé que les images ne soient plus diffusées. La ministre qui venait de prendre fonction a demandé de la laisser agir. On peut dire que les choses ont plutôt bougé depuis, et cela est imputable à notre action », se réjouit-il. Prenant l’exemple de l’Hôpital Gabriel Touré, il estime qu’« aujourd’hui, les problèmes d’hygiène ont largement été pris en charge, 100% des sanitaires sont utilisables et la gestion du nettoyage de l’hôpital a été améliorée, avec des résultats sont visibles ».

Amélioration des conditions d’accueil On s’en réjouit bien évidemment du côté du département de tutelle. Le ministre Marie Madeleine Togo, elle-même ancienne directrice générale de l’Hôpital Gabriel Touré, salue les efforts qui ont été faits, mais reconnait que les défis sont nombreux. Autre aspect des griefs contre les structures sanitaires publiques, c’est l’accueil. « Ce n’est pas l’apanage du public, déplore Aminata. Même dans le privé, il y a du boulot. Ces personnels soignants n’ont pas compris que le moral joue beaucoup dans la rémission et que la façon dont ils traitent les malades avec dédain leur est préjudiciable ». Elle se souvient de brancardiers malmenant un parent admis aux urgences parce que ce dernier « avait osé se plaindre de leur rudesse ». La formation, répond le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Le Dr Togo estime en effet que le personnel doit être renforcé et son rôle rappelé afin que chacun fasse face à ses responsabilités. Les conditions seront également améliorées, et particulièrement le plateau technique, dont l’insuffisance criarde a maintes fois été signalée. De nouveaux établissements spécialisés (pédiatrie, chirurgie, prise en charge oncologique) viendront compléter sous peu l’offre existante, afin d’assurer une meilleure prise en charge des patients et diminuer les évacuations coûteuses vers l’étranger.

Public vs privé? Le nombre de cliniques privées a explosé ces dernières années. Elles se comptent par centaines dans la capitale, mais aussi à l’intérieur du pays, où les médecins du public consacrent quelques heures par jour à ceux qui ont les moyens de payer leurs services. Les consultations y sont facturées entre 5 000 et 15 000 francs CFA (pour les spécialistes) et pourtant elles ne désemplissent pas. « L’offre publique est largement insuffisante pour satisfaire la demande, explique-t-on au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Aujourd’hui, il existe 1 200 centres de santé communautaires, répartis sur toute l’étendue du territoire. Ceux-ci offrent la prise en charge de base et en réfèrent aux 65 centres de santé de référence, qui à leur tour doivent adresser les complications aux 12 hôpitaux et centres hospitaliers du pays ».

Vaincre la maladie. « C’est pour cela qu’on investit et les résultats sont là » se réjouit le ministre de la Santé. La lutte contre les maladies s’est intensifiée au cours des dernières décennies et a abouti à l’éradication certaine ou prochaine de maladies comme la rougeole, la poliomyélite, l’onchocercose ou encore le cas du ver de Guinée, dont le Mali comptait plus de 15 000 cas en 1992 et plus que 5 en 2015. Le paludisme, la tuberculose et le VIH Sida ont fait l’objet d’une attention toute particulière au cours de la décennie 2000. Les subsides investis dans la lutte ont permis d’engranger des avancées positives, comme la recherche sur un vaccin contre le paludisme, le recul des cas de tuberculose et de VIH. Mais environ deux millions de personnes contractent toujours le paludisme, première cause (40% du total) de consultations au Mali. Un coup de fouet devra d’ailleurs être donné à la lutte contre cette maladie et celles dites « tropicales négligées », à travers un programme sous-régional lancé ce 19 juillet à Bamako. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso bénéficieront ainsi chacun de près de 40 millions de dollars américains pour éradiquer ces maladies d’ici 2030.

L’accès au médicament est l’un des gros défis de la lutte contre la maladie. La problématique des médicaments de la rue reste entière, malgré des actions « coup de poings » et la sensibilisation. L’avènement des médicaments génériques n’a pas vraiment changé la donne, alors qu’ils sont censés amoindrir le montant de l’ordonnance tout en garantissant le soin au malade. « Les gens n’ont pas confiance, ils ont l’impression que comme ils sont moins chers, ils sont moins efficaces, ce qui n’est pas vrai », confie le Dr Marcel Massé, pharmacien.

Le système sanitaire s’est également doté de nouveaux moyens d’action, grâce à Internet et au téléphone portable. À travers l’Agence nationale de télémédécine et d’informatique médicale (ANTIM), les consultations par téléconférence et la formation des personnels isolés dans les zones enclavées, par exemple, sont devenues réalité.

Vaincre la mortalité maternelle et infantile, rendre l’accès aux soins universel, notamment à travers la mise en place de l’Assurance maladie obligatoire, promouvoir la santé de la reproduction, continuer à améliorer le plateau technique pour une meilleure prise en charge des pathologies sévères, renforcer la formation du personnel soignant… Autant de chantiers qui bénéficient de moyens colossaux. Reste maintenant une prise de conscience collective et individuelle, pour un changement de mentalité en termes d’hygiène et d’assainissement, car éviter la maladie demeure encore la meilleure option.

3 questions au Dr Mamadou Adama Kané, directeur général de l’Hôpital du Mali

 

Présentez-nous l’Hôpital du Mali.

L’Hôpital du Mali est une structure de troisième référence avec une capacité d’accueil de 132 lits d’hospitalisation, don de la République populaire de Chine au Mali. Il a été inauguré le 23 septembre 2010 et a été équipé en grande partie par le partenaire chinois. Il comprend trois blocs. Un bloc administratif composé des bureaux de la direction, du service des urgences et de la réanimation, et des bureaux des entrées. Un bloc technique et d’exploration fonctionnelle composé du laboratoire et du service d’imagerie médicale. Et le bloc d’hospitalisation composé de la chirurgie, de la pédiatrie et de la médecine générale. Il y a aussi une cantine, une mosquée et le service de radiothérapie, un nouveau service qui vient d’être  rattaché à l’hôpital, fruit de la coopération entre le Mali et l’Autriche.

Comment se porte l’Hôpital du Mali, après six ans d’activité ?

À la fin 2015, nous étions à 60 000 consultations externes, près de 6 000 hospitalisations, et un taux d’occupation des lits de 80% pour une durée moyenne de séjour de 7 jours. Des malades qui étaient évacués à l’extérieur peuvent maintenant être pris en charge ici. Grâce aux services de neurochirurgie où on peut opérer au niveau du cerveau, de chirurgie thoracique où il y a des interventions sur le thorax et celui d’endocrinologie, pour les maladies métaboliques. À cela, s’ajoute le centre de radiothérapie pour le traitement des cancers.

Quels sont vos défis?

Nous devons faire en sorte de consolider les acquis. Des démarches ont été entreprises pour résoudre les problèmes d’insuffisance des ressources financières et humaines qualifiées. Un hôpital n’est pas une entreprise ordinaire. Il y a souvent des urgences auxquelles il faut faire face, et si on doit se conformer à la procédure des marchés publics qui est complexe, cela pose des problèmes surtout avec les équipements de hautes technologies. Des actions sont menées pour créer un bloc d’hospitalisation de 250 lits supplémentaires afin d’atteindre les 400 lits prévus pour un hôpital de troisième référence. Aujourd’hui, l’Hôpital du Mali a seulement 8 lits au niveau des urgences et trois lits pour la réanimation.