Karim Keïta : La peinture, un don du Ciel

Karim Keita, âgé de 58 ans, est un passionné de peinture. Dès l’âge de sept ans, pendant que les autres enfants s’amusaient, il faisait de petits dessins par terre, qu’il regardait et appréciait.

Après plusieurs tentatives infructueuses au baccalauréat, Karim Keïta s’est orienté vers la peinture, un métier dans lequel il pouvait persévérer. « La peinture, chez moi, c’est quelle chose de naturel. Il me suffit seulement de réfléchir pour faire des créations », déclare-t-il.

Passionné d’art, l’homme a fréquenté des professionnels passés par des écoles des Beaux-arts. En outre, au début, Karim Keïta a effectué des visites dans les ateliers de l’Institut National des Arts (INA) pour s’enquérir des manières de peindre qui y étaient enseignées. Il a beaucoup appris de certains professionnels, comme Outra, Ousmane Traoré, de Dravela, qui évoluait dans la décoration, la peinture, les panneaux publicitaires et les calendriers. C’est auprès de lui qu’il a appris la sérigraphie. Un autre grand de la peinture, du nom de Sam Sinaba, qui habitait à Djicoroni, l’a lui aussi aidé à vivre de ses dix doigts. « J’ai commencé à peindre en 1976 – 1977. Mon premier tableau a été celui du Pape Jean Paul II, réalisé en poils de mouton, lors de sa visite au Mali, en 1990 ».

Avant de venir s’installer au Quartier du fleuve en 1991, Karim Keïta travaillait aux pieds des murs des habitations. « Je ne fais que de la peinture. Tableaux, panneaux publicitaires, T-shirts, tout ce qui concerne le dessin sur les tissus, les supports papier ou plastique ou encore sur les murs, même sur les voitures », déclare-t-il. C’est pourquoi il invite les autorités maliennes à le laisser exercer son métier là où il est, car il y rencontre la majeure partie de ses clients, ceux qui passent par cette voie et qu’il ne travaille pas sur commande. En 2010, ayant réalisé un portrait d’ATT qu’il avait exposé au bord de la route, il a été reçu à Koulouba par le Président et son épouse.

En collaboration avec plusieurs structures de la place, comme Air liquide Mali, Jumbo et des propriétaires de stations service et d’écoles, Karim Keita a pu voyager à travers les régions du Mali, entre autres Sikasso, Koulikoro et Mopti, ainsi que le District de Bamako. Il a également formé plus d’une trentaine de jeunes, diplômés et non diplômés. Et c’est une activité qu’il aimerait continuer à mener. « Ce que moi j’ai dans la tête aujourd’hui, c’est un acquis, un espoir dont j’aimerais faire profiter d’autres personnes », conclut-il.

Mamary Diallo : Né pour être artiste

Mamary Diallo, est un jeune malien, artiste plasticien, peintre et membre de plusieurs associations artistiques. Il est titulaire d’un Master en Arts plastiques du Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté depuis 2010. En plus d’être artiste, Mamary Diallo enseigne au lycée de Bougouni et fait la navette entre son atelier, situé à Quinzambougou, à Bamako, et cette ville.

Lorsqu’il était étudiant au Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté, cet artiste organisait chaque année des évènements. À partir de 2008, il a bénéficié d’un financement de l’Union Européenne pour la réalisation d’une exposition sur la mosquée Djingareyber de Tombouctou. Cette mosquée du style architectural soudano-sahélien a été une grande source de motivation pour le jeune peintre et c’est là que sa carrière a pris son envol. « Chaque artiste est obligé de choisir son style et sa technique de travail, c’est ce qui fait sa fierté », explique Mamary Diallo. « Moi, j’ai essayé de trouver la solution pour réutiliser cette pratique du style soudano-sahélien dans la peinture, avec des matériaux comme la paille associée au banco, l’argile, la feuille blanche et la gomme arabique ».

Dès l’enfance, Mamary Diallo, alors en classe de 3ème année, était sollicité par les enseignants de la 6ème année pour faire des croquis, comme l’appareil circulatoire. « Moi, je suis né pour être un artiste. C’est un don naturel, depuis tout petit je dessine. Je reproduisais les petits dessins des livres et je parvenais à faire mon propre portrait », nous a appris le plasticien. À l’adolescence, les parents de Mamary lui ont conseillé d’arrêter, et ont même cherché à l’empêcher de dessiner, pour qu’il se consacre à ses études. Mais, grâce à son talent, il a par la suite pris part à plusieurs activités artistiques, comme la Biennale co-organisée par le Brésil et l’Argentine, en 2008, où il était le seul artiste de l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’à la 14ème édition de l’exposition « La Documata » en Grèce, en 2017, avec autres artistes représentant tout le continent.

Pour cet homme de culture, dans la vie chacun suit son destin. « Depuis que j’ai su en moi ce désir qui me pousse à m’exprimer, je ne me suis jamais découragé. Les gens qui réussissent dans la vie ne sont pas les plus riches ou intelligents, ce sont ceux qui n’abandonnent jamais ». Ses tableaux sont aujourd’hui achetés ou commandés par les ministères, les services, les ambassades et des particuliers.

Mamary Diallo vient de recevoir une médaille de bronze, Art, Sciences, Lettres remise par la Société Académique d’Éducation et d’Encouragement, le 2 juin 2018.

Collectionneurs d’art : La passion de la culture

Chaque domaine à ses professionnels et ses passionnés. L’art a les siens : les collectionneurs. Repérer des œuvres et les réunir est un travail de l’esprit et des sens. Dans les ateliers ou galeries des collectionneurs, on trouve des tableaux, sculptures et autres créations de l’imagination qui plaisent à la vue et interpellent sur le monde.

« Moi je collectionne des tableaux de deux genres, figuratif et surréaliste », annonce Me Mamadou Kanda Keita, collectionneur d’art à Bamako. Au pied  de l’escalier qui mène à son bureau, à Hamadallaye ACI, la sculpture d’un homme, légèrement incliné, main sous le menton, « troublé », interpelle les visiteurs.

Dans son étude une large collection des toiles vous accueille. Certaines accrochées, d’autres posées dans un coin ou un autre. Ce dada, Me Kanda l’a depuis une vingtaine d’années, pour son plus grand bonheur. « J’ai fait ce choix pour la beauté des tableaux et l’imaginaire qu’ils dégagent », explique-t-il. Venus d’Europe, d’Asie, d’Afrique et du Mali, ces objets, acquis chèrement, sont tous pleins d’enseignement. Chacun de ces trésors est issu d’un  courant artistique donné. « Les figuratifs, ce sont des images où l’on peut discerner des gens, des sites. Quant aux surréalistes, ce sont des tableaux où l’imagination fait voir ce qui est derrière, ce qu’ils représentent et signifient », détaille-t-il. Assouvir sa passion pour l’art, posséder de beaux objets, développer ses connaissances dans ce domaine apparait au-delà tout comme le motif principal d’un collectionneur. « Je n’ai jamais vendu d’œuvres, c’est un plaisir pour moi d’avoir ces toiles, peut être que mes enfants en vendront », affirme le sexagénaire. « Ces trois facettes de la dame que vous voyez, c’est un Coréen qui les a faites à Sidney. Chacune d’elles exprime des choses, selon qu’elle soit de dos, de face ou de côté. En les regardant, elles peuvent même être érotiques pour certains. Mais moi, c’est la mélancolie qui s’en dégage que je vois. Un tableau va au-delà de sa beauté », affirme Me Kéita. «Ça, c’est une toile naïve figurative qui vient de Hong Kong. Beaucoup de gens, quand ils viennent la voir, l’adorent », ajoute-t-il, comblé par ces trouvailles.

Pour Abdoulaye Konaté, l’un des plus grands peintres du Mali, l’art est relatif et est une passion aussi bien pour les artistes que pour les collectionneurs. « Ce sont des gens qui ont une certaine condition sociale qui collectionnent, qui achètent pour leur patrimoine. Certains revendent des œuvres pour en racheter d’autres », explique celui dont le prestige a depuis longtemps franchi les frontières du Mali.