Cheriff Sy : « La liberté de la presse est le seul moyen d’assurer la démocratie ! »

JournalduMali.com : Quel bilan tirez-vous de cette 3è rencontre du TAEF à  BAMAKO ? Chériff Sy : Ce fut un succès à  tous points de vue. vous savez, dans notre corporation, pouvoir réunir autant de monde n’est pas chose aisée d’autant plus quand il s’agit de la crème de la profession. Le fait que les gens soient venus de 38 pays pour être ensemble quelques jours, discuter, s’échanger des expériences, des cartes de visite est déjà  positif. Chacun a donné et reçu et les contacts évolueront dans le respect des intérêts des uns et des autres. Par rapport à  la conférence, nous avons pris un certain nombre de résolutions sur « Les Médias et le défi de la paix en Afrique » et comment les médias africains couvrent les efforts d’établissement et de maintien de la paix de l’Union Africaine, sur la Sécurité des journalistes en temps de paix et en temps de guerre, et sur la qualité et normes du journalisme en Afrique. Ce sera le challenge du bureau entrant. Comme vous le savez, cette conférence qui s’est tenue au bord du Djoliba était aussi élective. Et les participant ont décidé à  l’unanimité de laver ma modeste personne avec « Moghoya-Dji » en me confiant la présidence de l’organisation. Permettez moi aussi de rendre salut à  Hameye Cissé, président du Comité d’orgnisation et à  toute son équipe particulièrement mes frères, Sadou Yattara, Sambi touré, Makan Koné, Alexis kalambry. Ces gens là  ce sont des Messieurs, des « Horons » comme on le dit chez nous. Ensuite, il y’a le Président sortant du TAEF, mon camarade Mathatha Tsedu et notre trésorière Elizabeth Barrat, qui ont mis toute leur intelligence en oeuvre pour mobiliser les fonds nécessaires à  la tenue d’une manifestation de cette envergure. Enfin, je ne saurais passer sous silence l’implication du gouvernement malien qui au sortir des festivités du cinquantenaire à  fait l’effort de nous aider à  réaliser le voyage des conférenciers à  Tombouctou en démontrant ce qu’est que le « Djatiguiya » malien. Au-delà  du Gouvernement, le Chef de l’Etat, son excellence le Président ATT, s’est personnellement impliqué par de sages conseils et des facilités de tout ordre. Du reste vous avez vu que malgré son agenda chargé, contournant des pseudo-conseillers au discours folklorique et autres occupants de stapontins à  l’esprit nécrosé, le Président à  pris la mesure de l’evenement et à  honoré de sa présence la cérémonie d’ouverture. Je ne reviendrais pas ici sur l’allocution magistrale qu’il a prononcée tant c’est no comment! JournalduMali.com : Ere journaliste en Afrique, est-ce facile aujourd’hui ? Cheriff Sy : Est-il facile d’être africain en en Afrique? Les conditions d’existence matérielle et psychologique de nos populations laissent à  désirer. Le journaliste ne vit pas en dehors de la société donc il subit les mêmes choses. Mais plus que les autres composantes de la société, son métier étant d’informer, je parle de vrais journalistes, il se trouve souvent en face de forces organisées qui n’ont pas intérêt à  la mission de service public qu’il exerce. D’o๠la pression, la répression, le bâillonnement et l’exécution. Cependant, il y’a des facteurs d’espoir qui prennent en compte l’amélioration de la gouvernance dans nombre de pays, l’adoption de lois plus favorables à  l’exercice du métier, à  la professionnalisation croissante des acteurs du secteur. JournalduMali.com : Journalisme et politique vont souvent de pair en Afrique, pourquoi ? Cheriff Sy : Vous savez, dans les pays dépendants comme le sont la plupart des pays africains, le bon journaliste est en vérité un altruiste qui pense avec sa plume, son micro ou sa caméra pour apporter sa pierre dans la construction d’une nation libre et prospère. Sans être un politicien, sa mission de service publique en tant qu’oeuvre citoyenne est politique d’ou l’antagonisme récurrent avec les acteurs politiques. Mais regardez l’évolution de nos pays depuis les années 90 et imaginez un seul instant qu’il n’y ait pas eu la presse! Vous voyez ? En vérité qu’il soit scientifique, économique, politique, culturel, tout progrès suppose la liberté d’extérioriser la pensée génitrice de ce progrès, parce qu’autrement elle resterait indéfiniment au stade de l’abstrait, et la seule façon d’en mesurer la vérité théorique est de la confronter aux autres pensées, également et tout aussi librement publiées. La liberté de la presse est le seul moyen incontournable d’assurer la démocratie en ce sens que : Le multipartisme, trait caractéristique de la société démocratique, ne peut fonctionner que si chaque courant d’idées dispose de moyens pour exposer ses vues et requérir le plébiscite du peuple. Ensuite, elle a pour fonction d’alerter directement le peuple lorsque le pouvoir menace ses intérêts fondamentaux. l’une des tâches essentielles de la presse est d’empêcher l’existence d’un monolithisme trompeur. Et dans la mesure o๠elle est essentielle à  la liberté politique des citoyens, la presse libre assure du même coup la liberté d’entreprise et, par voie de conséquence, le développement économique, scientifique et social. JournalduMali.com : Quelles sont les perspectives du TAEF, les prochaines rencontres ? } Cheriff Sy : La conférence de Bamako a permis dans la déclaration finale de porter le nouveau bureau de missions spécifiques qui viennent s’ajouter aux missions traditionnelles. Nous travaillerons à  les mener à  bien. Avant notre prochaine conférence qui aura lieu en 2012, nous auront d’autres occasions de rencontre notamment en Novembre 2011 à  Ouagadougou ou en Marge du festival international de la Liberté d’expression et de la Presse. JournalduMali.com : A quand un prix du TAEF ? Cheriff Sy : Cela dépend de ce que vous entendez par prix. A Bamako, le 14 octobre nous avons organisé une soirée de remises d’Awards au cours de laquelle nous avons honoré des personnalités africaines amies des médias ( Nelson Mandela, John Kuffor, Alpha Oumar Konaré, thabo Mbeki, Ellen Johnson Sirleaf etc…) et certains de nos confrères disparus (Norbert zongo, Deyda hydara, Chief Maneh, Pius Njawé, Jean Rugambage etc.). Cette approche nous sied pour le moment.

Visite des Membres du Forum des Editeurs Africains (TAEF) à Tombouctou

Ils étaient nombreux, plus d’une cinquantenaire à  fouler le sol de Tombouctou, la cité des 333 saints, au Nord du Mali. Une visite symbolique pour les membres du forum des éditeurs Africains après le sérieux de Bamako. Le forum des éditeurs Africain, TAEF, tenait à  Bamako sa 3è réunion annuelle. The African Editor’s Forum » (TAEF) regroupe des éditeurs de presse, directeurs de publications et formateurs dans le domaine de la presse en Afrique. Notre confrère et journaliste reporter, Noel Kokou Tadegnon! Pour lui, Tombouctou est une étape phare, un plaisir des yeux : « n s’y est bien amusé », avoue notre reporter émérite, qui couvre régulièrement de grands évènements sur le continent Africain. Alors venir au Mali pour le TAEF, était une joie ! Noel est aussi le correspondant de la chaà®ne panafricaine Vox Africa, basée à  Londres. Tombouctou a cette particularité d’attirer les visiteurs au Mali. Très souvent, la cité des 333 saints est plus connue des étrangers que le Mali lui même. A croire que Tombouctou pourrait être un état à  lui tout seul. Au programme de la visite parmi les dunes de sable, l’accueil par les autorités locales et chefs coutumiers, la visite des manuscrits anciens de Tombouctou au Centre Ahmed Baba, la mosquée Sankoré et les dunes de sable… Le sud Africain, Mathata Tsedu, président en exercice du TAEF, reçoit un titre foncier d’un terrain, cadeau du président de la République ATT. « l’Afrique doit désormais avoir une autre image que celle des conflits et des enfants aux ventres ballonnés dans les camps de réfugiés », a t-il déclaré à  l’ouverture du Forum à  Bamako. Rendez-vous en 2011 !

ATT: « Je suis fatigué de me taire! »

La gestion du pouvoir à  la malienne Le président de la République a présidé ce jeudi à  la Maison de la presse la cérémonie d’ouverture de la 3ème réunion biannuelle du Forum des Editeurs Africains. Le thème de cette rencontre : « Médias et le Défi de la paix en Afrique » a semple-t-il beaucoup inspiré ATT. Ainsi, pendant près de 50mn, il a donné son point de vue sur la gestion politique du Mali, puis de la rébellion au Nord et enfin la question du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Des propos à  l’endroit des journalistes étrangers présents ou mise au point pour la presse malienne ? On peut dire que les germes des conflits sur le continent résident dans le mauvais partage du pouvoir. Et C’’est ce à  quoi le Mali a échappé grâce à  son système inédit de partage du pouvoir. C’’est ainsi qu’on peut résumer le propos du président de la République. «La philosophie essentielle de l’expérience proposée aux politiques maliens après mon élection se résume en cette formule. Gouverner ensemble dans le respect de nos différences. Et je ne le regrette pas du tout. La singularité de cette expérience résidait dans le fait qu’elle ne découlait d’aucune crise post-électorale. Nous n’en connaissons pas ! Je souhaitais que le pouvoir soit un facteur de cohésion et non de division. […]Seul, personne ne peut gérer le Mali ». Je suis soldat, je sais ce qu’est la guerre Evoquant la mutinerie de mai 2006 au nord du Mali et l’attaque de Kidal, ATT dira ceci qu’en ce moment-là , seul l’intérêt majeur du pays a guidé ses choix. « Ils étaient nombreux à  se demander quelle serait ma conduite face à  une telle crise après avoir prôné la modération et la retenue sur les autres théâtres d’opération. […] La plupart n’était pas d’accord avec ma vision. On disait on ne sait pas ce que Amadou veut, ou bien il est trop trop bon…Ce qui est certain, C’’est que je ne suis pas bête, ça je vous le garantis!». Et d’ajouter « lorsqu’on doit résoudre un problème de sécurité intérieure aussi important, on ne peut pas le faire sur la place du marché de Dabanani. On n’est pas obligé d’informer tout le monde». Il conclura sur ce sujet en disant qu’étant soldat, il sait comment la guerre peut détruire un pays et que l’enjeu pour lui était de protéger les maliens des passions qui pouvaient transformer un conflit minoritaire en guerre nationale. Tous les touaregs ne sont pas des rebelles En ce qui concerne l’insurrection du 23 Mai 2006, ATT dira que C’’est une petite minorité de touareg qui s’est mise à  l’écart de la communauté et pris les armes. « Il ne faut pas faire d’amalgame. Ce n’est pas tous les Touaregs. Ce n’était pas généralisé et il fallait garder les proportions dans cette crise parce que sinon ça aurait favorisé la petite rébellion, parce que avec les effets collatéraux et la mauvaise interprétation, tous ceux qui se sentiront exclus iront grandir les rangs de la rébellion ». «Le dessin caché de ceux qui ont décidé de prendre les armes est de provoquer la fracture entre le nord et le sud. […] Dans mon adresse à  la nation, J’ai mis en exergue la diversité du Mali. Au Mali, les blancs ne sont pas au nord et les noirs au sud. Au Mali, nous sommes au nord et au sud ; le peuple malien est à  la fois noir et blanc. Mais à  l’époque, vous avez tellement parlé, tellement interprété. Si on avait fait un référendum J’aurai échoué, parce que les gens ne comprenaient pas ou J’allais. […] Il fallait éviter à  tout prix un conflit dont le peuple malien serait sorti seul perdant. » Le Mali n’est pas le maillon faible ! En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, ATT a mis les points sur les i. Pour lui, le point le plus négatif dans la gestion de cette zone « C’’est le déficit de coopération sous régionale. Chacun parle, certains essaient de faire quelque chose mais nous ne faisons absolument rien ensemble. » Les terroristes ne sont pas maliens, « mais nous ne refuserons pas nos responsabilités. Mais qu’on ne vienne pas me dire que dans tous les cas, le Mali est le maillon faible de la lutte. Je crois qu’après notre défilé les gens se sont rendu compte que nous sommes loin d’être le maillon faible. Le problème, C’’est qu’il n’y a pas de chaà®ne, o๠voulez-vous qu’il y ait maillon ? ». « Dans cette lutte, nous avons essayé pendant deux ans, mais nous étions seuls. Je ne peux pas vous dire le nombre d’hommes que nous avons perdu…Alors que si nous avions pris ensemble, on aurait coupé les apports humains, bouché les flux de logistiques et nous tenions le nord… Le Mali a la mauvaise part dans cette histoire. Nous sommes au milieu du dispositif. Nous avons 650 milles de km2 de désert, des de 80km montagnes, des millions de kilomètres carrés de dunes, [..] et les terroristes y sont parce que nous n’y sommes pas ! ». Et ATT de refuser le classique « les terroristes sont au nord du Mali ». « C’’est une position confortable mais ce n’est pas vrai. Ces gens-là  bougent beaucoup. Et puis le nord du Mali, C’’est le sud d’un autre et l’est d’un autre pays ![…] Ces gens-là  ne sont pas des maliens, aucune de ces menaces ne vient du Mali ! ». « Il faut obligatoirement qu’on se mette ensemble, pour planifier, programmer et mettre en œuvre, le Mali est prêt ! » dira-t-il pour finir.

Le Forum des Editeurs africains(TAEF) à Bamako, le maintien de la paix au menu

Bamako, capitale de la presse africaine « Les Médias et le défi de la paix en Afrique », C’’est le thème de la rencontre de 2 jours qui réunit depuis ce matin près de 200 responsables de médias venus de tout le continent et d’ailleurs. Il s’agit de la 3ème réunion biannuelle du « The African Editor’s Forum » (TAEF), en français Forum des Editeurs Africains, qui regroupe des éditeurs de presse, directeurs de publications et formateurs dans le domaine de la presse en Afrique. Le choix du thème de la rencontre de Bamako n’est pas fortuit. Selon Mathatha Tsedu, président en exercice du TAEF, « l’Afrique doit désormais avoir une autre image que celle des conflits et des enfants aux ventres ballonnés dans les camps de réfugiés ». Il s’agit pour les éditeurs de presse de se faire les relais de cette image positive du continent et de faire en sorte, à  travers leurs publications, que les africains cultivent un idéal de paix. l’Union africaine (UA) a déclaré 2010, année de la paix et de la sécurité en Afrique. Les responsables du TAEF ont donc voulu mettre à  profit cette conjoncture politique présentée comme favorable au débat pour évoquer le rôle des médias dans l’établissement et le maintien de la paix et voir comment l’absence de paix impacte le fonctionnement des médias. Les participants auront au cours des deux jours de travaux à  plancher sur les questions comme la sécurité des journalistes en temps de paix comme en temps de guerre ; la sécurité alimentaire en Afrique, entre autres. Le Président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré a, dans son discours d’ouverture, salué le rôle de la presse dans le développement et la sécurité sur le continent. ATT a tenu à  rappeler sa longue expérience de médiateur de la paix et comment selon lui, les médias ont contribué dans la résolution ou l’aggravation des conflits .Il a ainsi cité l’exemple de l’Allemagne nazie o๠la propagande par voie de presse avait permis au régime d’Hitler d’asseoir son hégémonie. Toujours pour illustrer son propos, le chef de l’Etat a parlé du cas malien. En 2006, « la mutinerie » au nord du pays avait failli dégénérer en guerre et la presse, selon lui, n’avait pas à  l’époque pleinement joué son rôle d’explication et de conciliation. Il a également profit de l’occasion pour instruire les invités du Mali sur le consensus politique « à  la malienne », nouveau modèle de gouvernance initié par lui car « seul, on peut pas gérer un pays. Les puissances démocratiques l’ont compris et aujourd’hui bon nombre d’entre elles suivent notre exemple avec des coalitions pour diriger, ce qui était inimaginable, il n’y a pas si longtemps ». Des personnalités récompensées Le Forum qui est actuellement présidé par Mathatha Tsedu (Afrique du Sud) et Cheriff Sy (Burkina Faso) compte bien saisir l’opportunité offerte par ce rendez-vous, qui focalisera l’attention de tout le continent, pour dresser un état de la presse africaine. Il sera également question d’honorer les dirigeants du continent qui ont contribué à  améliorer le fonctionnement des médias, à  l’instar de Nelson Mandela, Alpha Konaré, Thabo Mbeki, John Kufuor et Ellen Johnson Sirleaf. Tous les cinq ont été déclarés «Amis de la Presse en Afrique». Un hommage sera aussi rendu à  des confrères assassinés dans l’exercice de leur fonction, tels Jean-Léonard Rugambage du Rwanda et Norbert Zongo du Burkina Faso, Pius Njaweh du Cameroun, Deidra Haidara et Chief Manneh de la Gambie. Un diner de gala est prévu ce soir pour remettre ces différentes distinctions aux représentants et aux familles qui ont fait le déplacement de Bamako. La conférence se terminera par une visite à  Tombouctou, un site d’héritage mondial o๠des manuscrits antérieurs à  la colonisation sont restaurés et gardés au Centre Ahmed Baba, Institut de hautes études et de recherche islamique.